Me Moctar Mariko : « Nous demandons à ce que le procès aille à son terme »

La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a décidé le mardi 28 janvier de la mise en liberté provisoire du général Amadou Haya Sanogo et de ses co-accusés, après plus de 6 ans de détention dans l’affaire dite des « 21 bérets rouges » disparus en 2012. Maître Moctar Mariko, Président de l’AMDH et avocat des familles des victimes, parties civiles, répond à nos questions sur cette décision de justice.

Comment avez-vu accueilli cette décision ?

Quand on regarde les circonstances de la détention, et surtout le temps que les parents des victimes ont passé à attendre ce procès, je suis plutôt animé d’un sentiment mitigé. Ce sur quoi je voudrais insister, c’est qu’il ne faudrait pas que les intérêts des proches des victimes soient mis à la marge de ce processus.

Justement, est-ce que ces proches des victimes ont bénéficié de compensations financières ?

Aujourd’hui, je ne suis pas en mesure de vous dire que ces proches ont obtenu telle ou telle chose. Fort heureusement, il y a un processus aux fins de leur indemnisation en cours. Je peux quand même vous dire que je suis un peu rassuré, compte tenu de la qualité des personnes qui ont intervenu dans ce processus  d’indemnisation, et que je pense que ces personnes vont tenir leurs promesses. Cela permettra d’alléger les souffrances des parties civiles, qui, jusqu’à présent, n’ont pas pu faire le deuil de leurs proches disparus.

Cette décision met-elle fin à l’action judiciaire ?

Ce n’est pas la fin. Ce n’est qu’une libération provisoire et les conditions de libération vont être invoquées dans l’arrêt qui a ordonné la mise en liberté provisoire. Donc ce n’est que partie remise, parce qu’il s’agit d’une liberté provisoire, en attendant la tenue  du procès. Nous demandons à ce que le procès aille à son terme et ce n’est qu’à ce moment que tout le monde sera fixé. Les accusés sauront enfin s’ils vont être condamnés ou acquittés. Il est d’ailleurs dans l’intérêt même des accusés que le procès aille jusqu’à son terme.

D’aucuns parlent de l’application de la Loi d’entente nationale…

À ce stade, on ne peut pas invoquer la Loi d’entente nationale, parce que si elle doit être invoquée, ce sera sur le fond du procès, c’est-à-dire au cours d’une nouvelle audience où il s’agira de trancher le dossier au fond. Jusque-là, il s’est agi uniquement de trancher cette affaire sur la forme et d’analyser les conditions de représentativité et de disponibilité des accusés à déférer aux convocations de la justice, mais également de voir si la mise en liberté provisoire ne troublerait pas l’ordre public.

Propos recueillis par Germain KENOUVI