Coupe du monde: La Boîte à souvenirs

Qu’il s’agisse d’un geste de fair-play, d’un match d’anthologie ou d’un but de légende, en 20 éditions, la Coupe du monde a toujours offert des moments de fortes émotions. De la précocité, avec un Pelé champion du monde à 17 ans, des drames, avec les tragédies brésiliennes, du débat, avec le but « fantôme » de l’Angleterre, de la bravoure, avec Beckenbauer continuant à jouer bras en écharpe avec une épaule luxée, du génie, avec le One Maradona Show de 1986 ou encore les coups de boule (bons ou mauvais) de Zidane, nous avons tous une histoire de Coupe du monde à raconter. Parce que le football est universel et que sa passion franchit toutes les frontières, nous avons choisi de donner la parole à des Maliens d’horizons divers, connus ou pas, afin qu’ils partagent avec vous et avec nous leurs souvenirs de Coupe du monde de football.

Salif Keita Domingo : « Le Brésil de 1970 »

N’ayant jamais participé à une Coupe du monde, mon souvenir ne peut être que celui d’un supporteur. J’ai des bons comme des mauvais souvenirs, mais, si je ne devais en retenir qu’un seul, ce serait la victoire du Brésil à la Coupe du monde en 1970. C’était une très grande équipe, elle est même considérée comme l’une des meilleures de l’histoire. Elle était très équilibrée et complète, et de grands joueurs comme Pelé, Jairzinho, Rivelino la composaient. Elle jouait bien collectivement et les individualités faisaient la décision. J’étais encore joueur professionnel en 1970. Ce n‘était pas facile de concilier les matchs avec mon emploi du temps de l’époque, la compétition se disputant sur le continent américain, au Mexique. Les matchs se déroulaient à des heures tardives, vers 1 ou 2h du matin. Mais je me suis quand même débrouillé pour suivre tous les matchs du Brésil. Je ne dirai pas que je suis un vrai fan de la Seleçao, mais il est difficile de ne pas aimer cette équipe, pour tout ce qu’elle a apporté au football, les grands noms, la philosophie de jeu, les gestes de classe. J’ai eu la chance par la suite de jouer contre certains de ses joueurs. Une fois, avec Saint-Étienne, j’ai affronté le Santos de Pelé, et, une autre fois nous avons joué l’un contre l’autre, lors du jubilé de Franz Beckenbaueur. J’ai aussi joué contre Jairzinho .Ils étaient alors tous les deux, comme moi, en fin de carrière.

Moussa Mara : « L’équipe de France de 1998 à 2006 »

J’ai commencé à m’éveiller à la Coupe du monde en 1982, à l’âge de 7 ans, grâce à mon oncle, joueur de foot, qui suivait les matches. À cette époque, ils n’étaient pas retransmis à la télé, on les regardait en différé sur des cassettes vidéo, quelques semaines après la compétition. L’information n’était pas aussi instantanée qu’aujourd’hui.

Entre 1982 à 2014, j’ai particulièrement été intéressé par les prestations de l’équipe de France, surtout de 1998 à 2006. Cette génération qui a tout gagné et dont l’aventure s’est achevée par une séance de tirs aux buts perdue, et, surtout, par l’expulsion de Zidane suite à son coup de « boule » pendant les prolongations en finale. Cette équipe était véritablement « mondiale », avec des joueurs issus d’horizons, de cultures et de continents divers qui se retrouvaient sous le même maillot, avec succès. Ils ont fait preuve, ensemble, de talent, d’abnégation, de courage et d’enthousiasme, à l’exemple des buts de Thuram en demi-finale, pour venir à bout de grandes équipes en 1998 : Costa Rica, Italie, Croatie et le grand Brésil de Ronaldo, à ce moment-là le meilleur joueur du monde. Ils ont remporté la Coupe d’Europe en 2000 et, malgré la déception de 2002, ils ont mené ce qui me semble encore aujourd’hui la plus belle campagne de Coupe de monde d’une équipe française en 2006, en contredisant tous les pronostics et en se hissant en finale après avoir battu l’Espagne, considérée comme favorite, et surtout le Brésil. Zidane a éclaboussé ce Mondial de son talent, malgré ses 34 ans à l’époque. Son équipe a été, sinon la meilleure, celle qui en voulait le plus, où chacun se sacrifiait pour les autres. Un exemple à méditer encore aujourd’hui. Cette génération 1998 – 2006 a magnifié la diversité et la complémentarité. C’est le signe que l’humanité est colorée et variée et qu’unie elle peut faire des miracles !

Mylmo : « La blessure de Neymar et la défaite de Messi en 2014 »

Je ne joue pas au football, mais j’en suis un grand fan. Je suis même pressé que l’édition de cette année débute. Il y a deux équipes que j’aime bien : le Brésil et l’Argentin, notamment à cause de Messi et de Neymar. J’ai un triste souvenir de l’édition 2014. Tout d’abord, il y a eu la blessure au dos de Neymar (contre la Colombie), qui l’a privé du reste de la compétition. Sans lui, la Selecao a par la suite perdu sa demi-finale 7 à 1 contre l’Allemagne, la plus grande défaite de l’histoire du Brésil. Je me rappelle aussi de la déception de Messi après la finale perdue contre la même équipe d’Allemagne 1 à 0. C’était vraiment triste pour moi, parce que la seule chose qui manque au palmarès de Messi, c’est la Coupe du monde. Je tenais à ce qu’il la remporte, mais malheureusement il ne l’a pas eue. J’étais profondément déçu. On sait tous qu’au Mali les fans de Cristiano Ronaldo et ceux de Lionel Messi se renvoient souvent la balle concernant les différents trophées remportés par leurs idoles. De mon côté, je voulais que mon joueur préféré ait la Coupe du monde, qu’il l’ajouter à son armoire à trophées.

Madame Konaté Diaty N’diaye : « L’équipe de France 1998 »

Je supportais la France et j’ai vraiment suivi cette Coupe du monde de 1998. Avec les Viera, Deschamps, Zidane… et Thierry Henry, qui était mon idole, la France avait réellement une belle équipe. En finale à Paris, face au Brésil, j’ai eu un peu peur, parce que le Brésil est une équipe de renommée. Et, quand la France a finalement gagné 3 buts à 0, j’étais vraiment aux anges!  J’ai suivi le match en famille, où pratiquement tout le monde supportait la France. Donc, en dépit de la pression, on se soutenait mutuellement. Ce jour-là, j’ai même séché l’entraînement. J’avais 13 ans à l’époque et je jouais au football avec les Aigles Dames. Les horaires des entrainements avaient été réorganisés à l’occasion de la Coupe du monde. 

Fatoumata Sow : « Maradona et l’Argentine en 1986 »

Quand on me demande de parler de foot, je suis intarissable, car c’est ma grande passion. Cependant, la Coupe du Monde de 1986 est certainement celle qui restera gravée à jamais dans ma mémoire, pour plusieurs raisons. J’étais à Bordeaux et c’était la toute première fois que je suivais la compétition seule, et pas en famille, comme d’habitude !

Je me souviens encore de ma télé noir et blanc de 36 cm dans ma minuscule chambre de cité universitaire à Talence… J’ai regardé les 52 rencontres, du match d’ouverture entre l’Argentine et l’Italie, le 31 mai, à la grande finale entre l’Allemagne et l’Argentine, le 29 juin à Mexico. Le décalage horaire de 7 heures entre la France et le Mexique était un gros avantage, même si cela voulait dire moins de temps de sommeil pour moi.

Le choix de cette édition 1986 est justifié par le talent exceptionnel de Diego Armando Maradona, « El pibe de oro » (le gamin en or), probablement l’un des 3 meilleurs joueurs de tous les temps. Il était à son apogée et il nous a vraiment régalés, nous les amoureux du beau football offensif. Je me souviens de deux matchs que je dirai d’anthologie, Angleterre – Argentine en quarts de finale, où il a marqué deux buts exceptionnels, dont un de la main que seul l’arbitre n’a pas vu et qu’il a qualifié lui-même de « Main de Dieu ». Le second, probablement l’un des plus beaux de l’histoire de la Coupe du monde, a conclu une chevauchée de plus de 50 mètres, pendant laquelle il a dribblé au moins 6 joueurs anglais !

La finale de ce 13ème Mondial est elle aussi mémorable, à cause du suspense. Une équipe allemande très accrocheuse sera finalement battue par l’Albiceleste 3 buts à 2, le but de la victoire délivrant tout un peuple à la …84ème minute !!!

Thierno Hady Thiam : « La finale de la Coupe du monde 1966 » 

La Coupe du Monde 1966, plus précisément la finale, qui a opposé l’Angleterre à l’Allemagne. Il y a eu un but très litigieux accordé aux Anglais lors de cette finale (victoire 4 à 2 de l’Angleterre). Certes ils avaient de très bons joueurs à l’époque, comme Bobby Moore et Bobby Charlton, mais ce but les a bien aidés. Depuis, j’ai commencé à supporter l’Allemagne, parce que de nature je n’accepte pas l’injustice. Dans le temps, nous n’avions pas de téléviseurs. La Coupe du monde était projetée sur les écrans géants des cinémas. Nous suivions les matchs à l’OCINAM, dans la salle de cinéma de Ségou et au Vox à Bamako. Je devais avoir quatorze ans à l’époque. Mon enfance, je l’ai passée à Ségou. Mais je connaissais déjà de grands noms, tels Pelé ou Garrincha. J’aime le beau football et les bons footballeurs et je supporte les équipes pour leur beau football.