AQMI reconnaît la mort d’Abou Zeid

C’est l’agence rivée mauritanienne en ligne ANI qui a publié le communiqué d’AQMI. Pour la première fois, Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) y confirme qu’un de ses chefs, l’Algérien Abdelhamid Abou Zeà¯d, a été tué lors de combats dans le nord du Mali. Est également cité dans le texte mis en ligne ce dimanche, un autre chef d’unité combattante, le Mauritanien Mohamed Lemine Ould El-Hassen dit Abdallah Ac-Chinguitty. Ils sont « morts sur le champ de bataille en défendant la Oumma et la charia islamiques  » dans le nord du Mali, selon le communiqué à  l’Agence Nouakchott Information (ANI), qui a toujours publié des textes d’Aqmi sans jamais être démentie. Aucune date n’a été précisée par l’organisation islamiste dans ce communiqué intitulé « Condoléances et félicitations ». Selon le Tchad et la France, dont des militaires ont pourchassé des jihadistes dans le nord du Mali depuis janvier, Abou Zeà¯d a été tué fin février dans l’Adrar des Ifoghas (extrême nord-est malien). AQMI a perdu deux « hauts cadres » Abou Zeà¯d était considéré comme l’un des chefs les plus radicaux d’Aqmi. Quant à  Mohamed Lemine Ould El-Hassen animait des conférences et sermons dans les camps d’Aqmi, et était considéré comme « l’idéologue religieux » de l’organisation jihadiste. Il en avait été porte-parole avant d’être nommé en novembre 2012 à  la tête de la katiba (unité combattante) Al-Fourghan en remplacement de l’Algérien Yahya Abou El Hamame. Ce dernier avait été désigné en octobre 2012 comme successeur d’un autre Algérien, Nabil Makhloufi dit Nabil Abou Alqama pour coiffer toutes les unités combattantes d’Aqmi au Sahel et au Sahara. Toujours dans le même communiqué, Aqmi met en garde la France contre la poursuite de « ses réjouissances pour la mort » de responsables jihadistes et la menace de « conséquences sans tarder ».

Des récompenses pour les chefs de Boko Haram, AQMI et du Mujao

Washington offre depuis lundi jusqu’à  23 millions de dollars de récompense pour toute information conduisant notamment à  la capture de djihadistes et de terroristes basés au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Le département d’Etat américain offre une récompense allant jusqu’à  7 millions de dollars (5,35 millions d’euros) pour toute information qui permettrait de localiser Abubakar Shekau, le chef de la guérilla islamiste Boko Haram, installée au Nigeria. Une récompense de 5 millions de dollars est promise pour des informations sur Mokhtar Belmokhtar, dissident d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et considéré comme le cerveau de l’attaque contre le site gazier algérien de Tiguentourine en janvier. Donné pour mort par le Tchad en avril, il a menacé il y a dix jours de lancer de nouvelles attaques au Niger après les attentats-suicides de la fin mai. Yahia Abou El-Hammam, le chef d’AQMI, notamment impliqué dans la mort de l’otage français Michel Germaneau au Niger en 2010, est également l’objet d’une récompense de 5 millions de dollars. Ces récompenses, qui visent également Malik Abou Abdelkarim (3 millions de dollars), commandant d’AQMI, et Oumar Ould Hamahathe (3 millions de dollars), porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), s’inscrivent dans le programme « Récompenses pour la justice » (« Rewards for justice »). Ce programme du département d’Etat offre depuis 1984 des sommes d’argent à  tout informateur permettant l’arrestation ou l’élimination d’individus qui menacent les intérêts des Etats-Unis. AFFICHES PLACARDà‰ES NOTAMMENT AU MALI ET AU NIGERIA Les Etats-Unis s’alarment depuis des mois de la puissance des groupes islamistes armés dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, et Washington a applaudi et appuyé l’opération militaire française au Mali. « AQMI est de plus en plus actif dans le nord et l’ouest de l’Afrique. Ils font partie des tout premiers groupes qui kidnappent contre rançons dans la nébuleuse terroriste mondiale, indique un responsable du département d’Etat. Ils représentent pour nous une grande source d’inquiétudes. Tout ce que nous pouvons faire pour réduire les capacités d’AQMI, pour obtenir des informations sur ces individus et les traduire en justice, c’est notre objectif. » La campagne du département d’Etat se fera notamment par des affiches placardées au Mali, au Nigeria et dans les pays voisins, plaçant sur le même poster des photos de dirigeants d’AQMI et de Boko Haram. « Ils entretiennent des relations depuis un moment », notamment avec des entraà®nements et des caches d’armes communes, selon le responsable du ministère.

Mali. Abou Zeid est bien mort dans les combats au nord du Mali

Le 1er mars, le président tchadien Idriss Déby affirmait déjà  que ce chef d’Aqmi (Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) était tombé dans le nord Mali o๠soldats français, tchadiens et maliens combattent les insurgés. Qui des Tchadiens ou des Français ont tué Abou Zeà¯d ? Abdelhamid Abou Zeid serait donc tombé «lors des combats menés par l’armée française dans l’Adrar des Ifoghas au nord du Mali, à  la fin du mois de février.» L’à‰lysée affirme que «cette disparition de l’un des principaux chefs d’Aqmi marque une étape importante dans la lutte contre le terrorisme au Sahel». Début mars, un jihadiste d’Aqmi, cité sous couvert d’anonymat par une agence mauritanienne d’informations en ligne, confirmait l’annonce du Tchad de la mort d’Abou Zeà¯d. Cependant, le jihadiste expliquait qu’Abou Zeid aurait été tué «par un bombardement aérien français dans les montagnes» des Ifoghas «et non par les Tchadiens» qui étaient «à  plus de 80 kilomètres» au moment du bombardement. Depuis l’annonce par le président tchadien de la mort d’Abou Zeid, la France était restée très prudente. Au moins cinq ressortissants français sont toujours otages d’Aqmi. Le 10 mars, Aqmi affirmait avoir tué un sixième otage, Philippe Verdon, enlevé au Mali en novembre 2 011. Sa mort n’a toujours pas été confirmée par Paris. Il s’agirait du premier otage français exécuté depuis le début de l’intervention française au Mali. Un chef radical d’Aqmi Abou Zeid est issu des groupes islamistes qui ont terrorisé l’Algérie dans les années 1990. Lui et Mokhtar Belmokhtar, chef fondateur du groupe des «signataires du sang» dont le Tchad revendique la mort depuis le 2 mars, ont été les maà®tres d’œuvre de l’implantation d’Aqmi au Mali, au Niger et en Mauritanie. Ils y ont commis de nombreux enlèvements et exécutions d’Occidentaux, attentats ou tentatives d’attentats, et s’y sont livrés à  divers trafics, dont celui de la drogue. En juin 2009, son groupe avait kidnappé le touriste anglais Edwin Dyer. Selon plusieurs témoins, c’est Abou Zeid en personne qui aurait égorgé l’otage. Chef islamiste aux multiples enlèvements Abdelhamid Abou Zeid, un Algérien de 46 ans, de son vrai nom Mohamed Ghdiri, était l’auteur de l’enlèvement des sept employés d’Areva et de Satom, dont cinq Français, sur le site d’Arlit au Niger, en septembre 2010.

Mali : Aqmi annonce l’exécution de l’otage Philippe Verdon

Philippe Verdon, un Français enlevé en novembre 2011 dans le nord du Mali, a été exécuté «en réponse» à  la guerre menée par la France au Mali, a affirmé un homme présenté comme un porte-parole d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) à  l’Agence Nouakchott Information (ANI). Cette agence privée mauritanienne a cité mardi soir un dénommé «Al-Qairawani», présenté comme un porte-parole d’Aqmi, qui a affirmé que Philippe Verdon, qualifié d’«espion», a été exécuté «le 10 mars en réponse à  l’intervention de la France dans le nord du Mali». «Le président français (François) Hollande est responsable de la vie des autres otages français», a-t-il menacé. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a déclaré à  l’AFP : «Nous vérifions, nous n’en savons pas plus pour le moment.» Interrogé par l’AFP, l’Elysée n’a pas confirmé la mort de l’otage. Même prudence du côté du comité de soutien à  Philippe Verdon, qui a fait savoir mercredi matin que le Quai d’Orsay les a incités à  prendre l’information de l’agence mauritanienne avec «réserves». Le président du comité, Pascal Lupart, souligne donc que «rien n’est confirmé» et que le Quai d’Orsay avait appelé les proches de Serge Lazarevic, enlevé en même temps que Philippe Verdon, pour les «rassurer» et leur dire que celui-ci «n’était pas concerné» par cette information. Le père de Philippe Verdon, pour sa part, a simplement déclaré ne se faire «aucune illusion» sur le sort de son fils, tout en disant «attendre confirmation». l’interlocuteur de l’agence ANI s’est par ailleurs refusé à  confirmer ou infirmer la mort, annoncée début mars par le Tchad, d’un des principaux chefs d’Aqmi, l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid – mort jugée «probable» par Paris -, et d’un autre responsable islamiste, Mokthar Belmokhtar. Ces deux décès n’ont pas été confirmés jusque-là . Dans la nuit du 24 novembre 2011, Philippe Verdon et Serge Lazarevic avaient été enlevés dans leur hôtel à  Hombori (nord-est du Mali). Ils étaient en voyage d’affaires pour un projet de cimenterie, selon leurs proches, qui ont démenti tout lien avec des mercenaires ou des services secrets. Aqmi avait rapidement revendiqué l’enlèvement et publié leurs photos. Le 10 août 2012, Philippe Verdon parlait de ses «conditions de vie difficiles» dans une vidéo diffusée par le site mauritanien Sahara Medias. l’armée française est engagée depuis le 11 janvier dans une opération militaire, en appui à  l’armée malienne, contre les groupes islamistes armés, dont Aqmi, qui occupaient le Nord malien depuis l’an dernier. Les troupes franco-africaines ont rapidement repris les grandes villes de la zone et les combats se concentrent désormais dans l’extrême Nord-Est, dans le massif des Ifoghas, entre soldats français et tchadiens d’un côté, jihadistes de l’autre. Cette guerre a reposé avec une nouvelle acuité la question du sort des otages français au Sahel, et les familles ont de plus en plus exprimé leur inquiétude ces dernières semaines. Selon l’épouse d’un otage français citée par le quotidien Le Monde, la présidence française refuse désormais de verser des rançons à  des organisations contre lesquelles elle est «en guerre». Quinze Français, y compris Philippe Verdon dont le décès reste à  confirmer, sont otages dans le monde, tous en Afrique, ce qui fait de la France le pays au plus grand nombre de ressortissants enlevés, devant les Etats-Unis. Philippe Verdon fait partie des six Français dont les rapts ont été revendiqués par Aqmi.

Mali: début en avril du retrait français, combats violents près de Gao

Des groupes islamistes qui font preuve d’une vive résistance et causent de nouvelles pertes à  la France. Un 4e soldat français a ainsi été tué mercredi dans des combats avec les combattants islamistes près de Gao, dans le nord du pays. En visite à  Varsovie, François Hollande a déclaré que la « phase ultime » de l’intervention « allait durer encore tout le mois de mars ». « Et, à  partir du mois d’avril, il y aura une diminution du nombre de soldats français au Mali dès lors que les forces africaines seront en relais, appuyées par des Européens », a ajouté M. Hollande. Début février, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait affirmé que le nombre de soldats français au Mali -environ 4.000 hommes- devrait commencer à  diminuer « à  partir de mars, si tout se passe comme prévu ». Le chef de l’Etat a par ailleurs affirmé que des « chefs terroristes » avaient été « anéantis » dans le massif des Ifoghas dans l’extrême Nord du Mali o๠sont déployées des forces françaises. C’est dans cette région que les militaires tchadiens affirment avoir tué la semaine dernière les jihadistes Abou Zeid, haut responsable d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Mokhtar Belmokhtar, chef d’une branche dissidente d’Aqmi. Une deuxième « offensive » a été lancée autour de Gao, dans le nord, « o๠nous sommes convaincus qu’il y a un certain nombre de combattants terroristes », a également indiqué M. Hollande. Le terme « terroriste » désigne pour l’armée et l’exécutif français les groupes armés islamistes, notamment Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), présents dans le nord du Mali. Interrogé sur les déclarations de son prédécesseur à  l’Elysée, Nicolas Sarkozy, qui critique l’intervention militaire française au Mali, François Hollande a assuré de manière générale que « l’histoire retiendrait que cette opération qui a été faite par la France, au nom de la communauté internationale et avec l’Europe en soutien, a été une étape très importante dans la lutte contre le terrorisme ». Sur le terrain, alors que de violents combats opposent les soldats français et tchadiens aux jihadistes dans le massif des Ifoghas, de petits groupes harcèlent les troupes maliennes et françaises plusieurs centaines de km plus au sud, autour de Gao. Une dizaine de combattants islamistes et un soldat français ont ainsi été tués mercredi lors de combats près de Tin Keraten, selon l’armée française. Quatre militaires maliens ont également été blessés dans cet « accrochage ». Selon le ministère français de la Défense, une dizaine de « terroristes » ont été tués par de frappes de Mirage 2000 et d’hélicoptères appuyant 200 soldats maliens. C’est au cours de ces combats qu’un soldat français a été « mortellement touché ». Le militaire participait à  une mission de reconnaissance avec un détachement de l’armée malienne, quand son unité a été prise à  partie par un groupe de combattants islamistes. « Une demi-dizaine » de combattants islamistes se sont rendus aux soldats français dans les Ifoghas, a précisé le ministère. Un total de 24 hommes interpellés dans le nord du Mali depuis le début de l’opération militaire française ont été présentés ces derniers jours à  des juges à  Bamako pour « détention d’armes », « terrorisme », « rébellion », a indiqué à  l’AFP le procureur chargé du dossier. La mort du soldat français porte à  quatre le nombre de militaires français tués depuis le début le 11 janvier de l’opération Serval, l’offensive visant à  chasser les groupes islamistes armés du nord du Mali. AFP

La photo qui fait dire au Tchad que Belmokhtar est mort

Madjiasra Nako y a été emmené dimanche 3 mars par l’armée tchadienne. Les militaires tchadiens revenant du front lui ont alors montré des photos prises sur leur téléphone portable, en affirmant que ce cadavre est bien celui de Mokhtar Belmokhtar, qui aurait été tué samedi dans la vallée d’Ametetai. Sur le cliché, l’homme présenté comme celui qui était surnommé «le borgne», est en treillis. Son visage est maculé de sang. Pour l’heure, aucune confirmation n’est venue certifier cette mort annoncée samedi soir par l’état-major à  Ndjamena. Ce lundi, le président tchadien Idriss Déby a une nouvelle fois affirmé que ses troupes avaient abattu Mokhtar Belmokhtar et que sa dépouille, ainsi que celle d’Abou Zeid, n’ont pas été exposées par respect des principes de l’Islam. Par ailleurs, lors de son voyage à  Tessalit, l’envoyé spécial de RFI a pu voir huit prisonniers faits par les soldats tchadiens. Parmi eux, il y aurait des Maliens, un Tunisien, un Marocain, des Nigériens et des Burkinabè. Des documents en arabe et des armes lourdes ont également été récupérées. Plus surprenant : une pelleteuse fait partie des prises de guerre. Celle-ci permettait aux jihadistes de creuser des tranchées pour se dissimuler. Madjiasra Nako a pu voir une photo du passeport de Michel Germaneau, l’otage français mort en 2010 après l’échec de sa tentative de libération dans le nord du Mali. Sur place, l’envoyé spécial de RFI a pu constater que les armées tchadienne et française travaillent ensemble avec quelques éléments fidèles au colonel malien El Hadj Ag Gamou. Enfin, les militaires affirment que les katibas jihadistes ont été décapitées, mais admettent que la guerre n’est pas finie, car des combattants se sont éparpillés en petits groupes.

Mokhtar Belmokhtar, le renard du désert

De l’armée rouge à  l’armée française. Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Aboul Abbas, a successivement combattu en Afghanistan, en Algérie puis dans le Sahel. Pour les services de renseignements occidentaux, cet Algérien est un brigand de grand chemin, un voyou islamisé partagé entre la défense de ses intérêts et un fanatisme débridé. Né en 1972, il part à  l’âge de dix-sept ans pour l’Arabie saoudite, le pays de transit des candidats au djihad en Afghanistan, o๠il passe par des camps d’entraà®nement et participe à  des combats. Touché par un éclat d’obus, il perd un œil et gagne un surnom: «le borgne». Dans une rare interview accordée en 2007 à  un forum salafiste, l’Algérien affirme avoir été captivé dès l’adolescence par le récit des exploits des moudjahidines afghans et d’avoir trouvé sa vocation dans la rudesse des maquis. Mokhtar Belmokhtar est de retour chez lui au début des années quatre-vingt dix. L’Algérie vient de basculer dans la guerre civile. à€ Ghardaà¯a, il créé la katibat Echahada, la «brigade du martyre». En 1993, il tue 13 policiers. C’est d’après les comptes rendus de ses procès par contumace, son principal fait d’armes de la guerre civile. Sa katibat est proche des GIA, les Groupes islamiques armés accusés de massacres à  grande échelle à  partir de 1996. Elle rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) à  sa création deux ans plus tard. L’expérience acquise par Mokhtar Belmokhtar lui permet d’accéder au statut d’émir. Il est le chef de zone 9, le sud algérien. Le territoire est immense. Le djihadiste a pris l’habitude d’effectuer des séjours au Mali pour se procurer des armes et des munitions provenant des stocks de l’armée de Bamako et de se livrer à  la contrebande. «Mister Marlboro» Son rôle dans le trafic de cigarettes, une spécialité locale, lui vaut le surnom de «Mister Marlboro». On le dit présent sur le marché des clandestins subsahariens qui traversent en camion le Sahara dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Belmokhtar tisse peu à  peu des liens avec des commerçants arabes de la région de Tombouctou. Il épouse une fille de notable, prend ses aises. En 2003, il est mêlé avec le groupe d’El Para à  la prise d’otage de 17 motards allemands et autrichiens en virée dans le sud du Sahara. Les touristes sont libérés contre le versement de cinq millions d’euros selon la télévision publique allemande. Belmokhtar s’installe alors au Mali pour développer le business des otages. Il est mêlé à  l’enlèvement de deux jeunes français à  Niamey. L’affaire finit mal. Les forces spéciales interviennent contre un de ses commandos mais ne parviennent pas à  sauver Antoine de Léocour et Vincent Delory Sa katibat compte de 200 à  300 combattants. Durant les neuf mois d’occupation par les islamistes du nord du Mali, il s’est rapproché du Mujao et se montre plus souvent à  Gao qu’à  Tombouctou, son ancien fief dont il s’est fait éjecter par Abou Zeid, lui aussi prétendument tué. Rupture avec AQMI Il annonce en décembre sa rupture avec AQMI et la formation de sa nouvelle katibat baptisée «Les signataires par le sang». Il en profite pour mettre en garde la «France mécréante» contre toute intervention dans la région et qualifie les élites algériennes politiques, militaires, économiques et culturelles de «fils de France». Cinq jours après le déclenchement de l’opération française au Mali, c’est le coup de tonnerre. Des terroristes attaquent le site algérien gazier d’In Amenas. Ils lancent en pénétrant sur le site gazier: «nous sommes d’al-Qaida et notre chef est Mokhtar Belmokthar». L’émir apparaà®t tête nue et en veste kaki dans une vidéo pour célébrer son 11-Septembre qui se solde par 38 otages tués. Quelle mouche a piqué Belmokthar? Que viennnent faire ses hommes si loin des combines maliennes et ses caravanes du Sahara? S’il est bien mort comme l’annonce l’armée tchadienne, le renard du désert emporte avec lui ses secrets.

Abou Zeid, mort ou vif?

C’’est dabord la chaà®ne de télévision algérienne Ennahar qui l’a évoqué hier dans la matinée. La nouvelle se répand rapidement sur les médias, en l’occurrence français. Abou Zeid aurait été tué dans un raid de l’armée française il y a déjà  plusieurs jours. Mais pour l’heure, rien ne permet d’affirmer avec certitude que le chef d’AQMI au Sahel n’est plus de ce monde. l’information n’est « ni confirmée ni démentie » à  ce stade par le ministère de la Défense à  Paris. Les autorités françaises affirment qu’elles « ne savent tout simplement pas » si l’information est exacte, qu’elles « cherchent » à  la vérifier et mettent en garde contre toute possibilité d’erreur ou de manipulation. Du côté des autorités algériennes, on ne fait également fait aucun commentaire. Alors qu’en est-il vraiment ? Des médias occidentaux annonçaient ce jeudi avoir eu confirmation de l’information auprès de sources au sein du MNLA (Mouvement de Libération Nationale de l’Azawad) qui contrôle la zone de Kidal au nord de laquelle cette organisation « collabore » avec les forces françaises et tchadiennes. Mais le mouvement a démenti il y a quelques heures avoir confirmé cette nouvelle. C’’est donc le flou total qui persiste. D’o๠est partie l’info ? Le journal français Le Figaro cite un jeune combattant d’AQMI, rescapé du raid qui aurait tué Abou Zeid. Sedene Ag Hita aurait alors cherché la protection du MNLA et témoigné de la mort du chef d’Aqmi. Selon lui, Abou Zeid et plus de 43 terroristes (de diverses nationalités) auraient été tués le 23 février dernier dans la zone d’Insensa et d’Etagh, devenue le refuge depuis le 20 janvier du gros des troupes de terroristes. Avant de rejoindre Aqmi, Sedene Ag Hita aurait appartenu à  la garde nationale malienne. Une chose est donc quasi sûre, la source de l’information est au sein du MNLA. Alors si elle se révèle fausse, il s’agirait d’une énième manipulation du mouvement indépendantiste touareg pour jouer de son rapport de forces vis-à -vis des forces françaises et tchadiennes. La rumeur pourrait également avoir été lancée dans le but de protéger Abou Zeid et de couvrir sa fuite hors du territoire malien. Mais si l’information est exacte, comment interpréter le silence des français. Selon le journal français le Monde, Paris pourrait vouloir garder une marge de manœuvre sur le terrain pour amplifier leurs gains suite à  la désorganisation de l’adversaire que la mort d’Abou Zeid déclencherait inévitablement ainsi que pour accentuer leur recherche des otages français. La mort d’Abou Zeid changerait effectivement la donne dans le camp des djihadistes.

Stratégie d’AQMI au Mali : découverte des documents « top secret » d’Abdel Malek Droukdel

C’’est un document confidentiel de 79 pages du numéro un d’Aqmi Abou Moussab Abdelwadoud, alias Abdel Malek Droukdel visant à  s’emparer du grand Sahara qui a été découvert à  Tombouctou. Il s’agit d’une feuille de route relatant les plans de lutte de ce mouvement terroriste. Réparti en six chapitres, Droukdel, dans son introduction, projette de donner naissance au territoire islamique de l’Azawad en associant la population sans attirer l’attention de la communauté internationale sur Aqmi selon RFI. Intitulé « Vision globale du projet jihadiste islamique dans l’Azawad », ce premier chapitre regrette la destruction des sites et les souffrances infligées aux populations. «Â Vous avez commis une grave erreur. La population risque de se retourner contre nous, et nous ne pouvons combattre tout un peuple, vous risquez donc de provoquer la mort de notre expérience, de notre bébé, de notre bel arbre », a-t-il écrit. Instaurer la charia progressivement… Droukdel, compte progressivement établir la charia, qui selon lui, « prévoit le recours au fouet pour punir l’adultère, mais il nous faut d’abord commencer par sensibiliser la communauté et l’éduquer à  l’Islam, alors seulement nous pourrons envisager les punitions ». Par ailleurs, il décrit comment Aqmi compte nouer des alliances avec le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le groupe Ansar Dine, pour diriger la région. Le MNLA détiendra la majorité des portefeuilles ministériels mais devra renoncer à  des postes clésÂ à  savoir les Affaires religieuses, la Justice et l’Education. Quant à  Ansar Dine, Iyad Ag Ghali sera le chef du gouvernement de transition, dont l’objectif est de «Â gérer la transition et rédiger une Constitution pour l’Etat islamique de l’Azawad ». C’’est un chef dont les prérogatives seront limitées. Pour se défendre en cas d’intervention militaire, le numéro un d’Aqmi indique qu’en faisant des alliances, ils ne seront «pas seuls à  assumer la responsabilité d’un éventuel échec.» Vision globale Le dernier chapitre est ainsi consacré à  l’anticipation d’une éventuelle intervention militaire pour les déloger de l’Azawad. Mais d’après une première traduction partielle du document, il n’est pas développé, toujours selon RFI. Malgré cette tentative de déstabiliser toute la région nord Mali Abdel Malek Droukdel, compte avoir une place dans le concert des nations. Il appelle dans le document à  tenir « des propos rassembleurs pour gagner la sympathie des voisins ». Qui veut-on tromper ? Signalons que ces documents ont été trouvés dans les locaux de la radio télévision nationale ORTM à  Tombouctou, o๠Aqmi avait installé sa cellule de presse. C’’est un document datant du 20 juillet 2012 dont l’agence américaine Associated Press avait déjà  retrouvé une partie à  la mi-février et dont RFI et Libération viennent de découvrir la suite.

Les liens troubles entre Boko Haram et AQMI au Nigeria

Après les années d’obscurité, celles de la violence. Boko Haram, secte qui revendique à  présent des liens avec le voisin d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), est engagé dans une insurrection qui frappe, au jour le jour, une partie du nord du Nigeria. Un exemple ? Pour le seul lundi 5 mars 2012, jour ordinaire, trois militants de Boko Haram étaient tués par les forces de sécurité alors qu’ils tentaient d’incendier une école de la ville de Maiduguri (dans le nord-est), et trois policiers étaient tués dans le mitraillage du domicile d’un commissaire de Kano (dans le nord). Encore était-ce un lundi sans batailles rangées ni attentats, ni comme le 20 février, lorsque les combattants de Boko Haram avaient ouvert le feu sur le marché de Maiduguri et tué une trentaine de personnes. Un mois plus tôt, il y avait eu 185 morts à  Kano dans des attaques de la secte. A la mi-janvier, Human Rights Watch avait calculé que Boko Haram avait tué 935 personnes au Nigeria depuis la reprise de ses actions militaires, à  la mi-2009. On ne dispose pas de chiffres sur le nombre de personnes tuées par les forces de sécurité. Boko Haram, qui signifie « l’éducation occidentale est un péché », n’est qu’un surnom, donné au Jama’atu Ahlis-Sunnah Lidda’awati Wal Jihad (« disciples du Prophète pour la propagation de l’islam et de la guerre sainte »), qui a fait allégeance à  AQMI en octobre 2010. Boko Haram est-il en train d’ouvrir à  Al-Qaida une voie royale en Afrique de l’Ouest ? Le mouvement nigérian est beaucoup de choses à  la fois. Ses membres sont en rupture avec l’islam des confréries soufies du nord-est du Nigeria, mais exigent le strict respect de la charia dans cette région. Ils essayent aussi de venger la mort de leur chef charismatique, Mohamed Yusuf, en juillet 2009. Après ce décès, le mouvement donnera l’impression d’être éteint. Les survivants sont simplement entrés dans la clandestinité, notamment à  la campagne. Certains militants – plusieurs centaines selon certaines sources – se réfugient dans les pays voisins : au Tchad, et surtout au Niger, o๠on les trouve à  Zinder, Maradi et Diffa. Dans cette dernière ville, l’un des responsables actuels de Boko Haram est installé à  demeure. Des liens se sont tissés entre Boko Haram et AQMI. L’opération d’enlèvement par AQMI de deux jeunes Français à  Niamey, au Niger, qui s’est terminée dans le sang, avait été organisée grâce à  des renseignements collectés par un membre de Boko Haram présent dans la capitale nigérienne. D’autres indices font état de liens plus profonds. Des militants de Boko Haram arrêtés au Niger étaient en possession « de cartes SIM avec les numéros de téléphone satellitaire des chefs de plusieurs katiba (phalanges) », note une source de l’antiterrorisme. Ce qui ne signifie pas qu’Al-Qaida soit présent, à  travers Boko Haram, dans le nord du Nigeria. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur au Ceped (Centre population et développement), spécialiste du Nigeria, relève que la secte s’apparente avant tout à  un « mouvement de protestation sous l’égide d’un leader spirituel ». Il précise : « Sur le plan idéologique, Boko Haram ne répond sûrement pas aux canons du wahhabisme car ses militants croient aux forces de l’invisible et utilisent des amulettes pour se protéger des attaques de la police ou de l’armée. Quant au chef spirituel du mouvement, Mohamed Yusuf, il professait des idées syncrétiques et était réputé pour avoir recours à  la sorcellerie pour envoûter ses fidèles en droguant leur thé. On voit mal ses successeurs se fondre dans un vaste réseau destiné à  entretenir et promouvoir l’héritage politique de Ben Laden. » Plus préoccupant est le « saut technique » opéré par les membres de Boko Haram dans l’organisation d’attentats-suicides. Un spécialiste de ce secteur, qui a travaillé sur la montée de la vague d’attentats organisés par le groupe d’Abou Moussab Al-Zarkaoui, en Irak, a été surpris de découvrir des similitudes dans les techniques opératoires. Ce qui suppose un apprentissage et une transmission qui « ne peuvent se faire que sur Internet », selon la même source. Certains éléments de Boko Haram se seraient rendus chez les Chabab, en Somalie. Certains d’entre eux sont présents dans les katiba d’AQMI. En attestent les témoignages d’otages libérés et de négociateurs, qui les ont rencontrés. Mais on est loin de l' »allégeance » complète. Comme le note James Forest, professeur à  l’université du Massachusetts et spécialiste des questions de terrorisme : « Al-Qaida a longtemps cherché un groupe affilié en Afrique de l’Ouest, et de préférence au Nigeria. Bien qu’on distingue des tentatives avec Boko Haram, rien n’indique que cela ait eu du succès. Mais il y a quelques relations personnelles entre AQMI et Boko Haram qui ont facilité des échanges d’armes et de renseignements ; ceux-ci ont été accompagnés de quelques déclarations publiques de coopération au niveau de leurs organisations. »

Exclusif: Au Mali, dans la maison du djihadiste Mokhtar Belmokhtar

C’est une villa jaune, quelconque, entourée d’un muret, dans le quartier de Bourgoundjé, à  Gao, dans l’est du Mali. Mokhtar Belmokhtar et ses hommes y ont passé leurs dernières heures avant de quitter précipitamment les lieux, le 19 ou le 20 janvier, lors des premiers bombardements français sur la ville. Depuis le début du conflit, selon les habitants de Gao, la présence d’un des fondateurs du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) n’a jamais été mise en doute, mais elle s’apparente à  celle d’un fantôme. Une des dépendances de la petite villa est remplie de grenades, de boà®tes de munitions, et d’engins explosifs artisanaux. Dans le bâtiment principal, pillé par la population, il reste seulement quelques documents sur le sol. Parmi eux, les pages du Coran, des manuels de propagande djihadiste, un dossier complet sur la conduite à  tenir pour communiquer secrètement par Internet. Sur des cahiers d’écolier, écrites à  la main et en arabe, des listes de noms auxquels sont liées d’importantes sommes d’argent. Ce dernier refuge mis à  part, l’Algérien a passé ces derniers mois à  Gao dans au moins deux autres demeures. Dans la première, o๠il a vécu un mois entre avril et juin 2012, il était accompagné de son épouse malienne. Selon des témoins anonymes, des membres du Mujao ont pris sa suite dans la villa, o๠ils fumaient cigarettes et marijuana – deux plaisirs interdits à  la population locale. Une ex-clinique de la Croix Rouge a été la seconde maison de Mokhtar Belmokhtar, entre juin 2012 et janvier 2013. Il ne sortait que la nuit Pendant ces mois passés à  Gao, Mokhtar Belmokhtar s’est très peu montré. « Il semblait toujours fâché », raconte Ibrahim, jeune habitant voisin de la clinique. « Les rares fois o๠je l’ai aperçu, il était entouré de 30 ou 40 hommes costauds, enturbannés et bien armés. » Des témoins ont vu son enfant, âgé de 10 ans, tenir tête aux représentants du Mouvement Indépendantiste Touareg (MNLA), en avril dernier, Kalachnikov à  la main, lors des affrontements entre factions rivales. Le visage entouré d’un turban beige, Belaghouar (« Le Borgne »), sortait uniquement la nuit. Seuls ses amis proches, au demeurant, pouvaient le surnommer de la sorte, car l’agressivité que l’homme a pu manifester lors de ses rares échanges avec la population semble constituer une de ses caractéristiques.  » Il disait seulement :  »Salam alekoum ». Il était très intimidant « , raconte Mohamed, qui, pour 2000 francs CFA par jour (2,90 euros), lavait son linge. Ibrahim, comme d’autres jeunes du quartier, passait régulièrement à  son domicile, afin d’y récupérer du carburant pour les motos, des puces de téléphones, des cartes mémoires. Il prépare sa revanche La vie de Mokhtar bel Mokhtar à  Gao, selon les témoins, semblait réglée comme une horloge. Chaque soir, il partait à  20 heures dormir dans le désert, et revenait le lendemain au lever du soleil. S’il quittait la ville pour une de ses missions « extérieures », à  bord d’un Land Cruiser blanc, sans plaque d’immatriculation, il revenait toujours à  Gao pour la grande prière du vendredi. Dans les jours qui suivent les bombardements, on perd sa trace. La dernière vidéo de lui, au cours de laquelle il a revendiqué la prise d’otages d’In Amenas, montre un homme qui s’est défait de son éternel turban – le symbole, chez les djihadistes, qu’il est désormais prêt au martyr. Selon des sources sécuritaires, il pourrait se trouver à  80 kilomètres de Gao, dans la brousse, à  proximité du village de Téméra. L' »émir du Sahel » préparerait sa revanche. L’attaque suicide à  Gao, le vendredi 8 février au matin revendiquée par le Mujao, les missiles envoyés en direction de Gao ces derniers jours, et les mines antichars qui ont explosé sur les routes menant à  la ville, constitueraient les premières preuves de cette promesse.

Au Mali, « les terroristes sont toujours là »

Il s’est beaucoup dit que la France intervenait au Mali parce qu’elle n’avait pas envoyé de troupes au sol en Libye, ce qui aurait empêché les groupes terroristes de trouver des armes. Vous étiez à  l’époque de l’intervention au Libye le ministre des Affaires étrangères: avez-vous le même avis? C’’est stupide. Il n’a jamais été question d’envoyer des hommes au sol en Libye, la résolution votée à  l’époque ne le permettait pas, contrairement à  celle adoptée pour le Mali. C’’est une simplification historique un peu superficielle de dire que C’’est la Libye qui a tout provoqué. Cela fait trente ans que les Touaregs se révoltent. Il ya eu des accords de paix à  Alger, et aujourd’hui au nord du Mali il y a à  la fois les salafistes et des djihadistes, mais aussi les Touaregs. C’’est vrai que la Libye n’a pas arrangé les choses, des armes ont reflué vers le Sahel mais ce n’est pas cela qui explique la situation. Pour l’un de mes derniers voyages en tant que ministres des Affaires étrangères, je suis allé à  Bamako rencontrer le président Touré à  l’époque. Je lui avais dit de négocier avec les Touaregs, lui était parti dans l’idée qu’Aqmi allait lui ficher la paix, rester dans le nord et ne pas aller jusqu’à  Bamako: on a vu la suite… J’ai approuvé l’intervention mais rien n’est réglé. Nous n’avons pas détruit les terroristes: ils se sont enfuis. Ils sont toujours là , soit dans les villes, mêlés à  la population, soit dans le nord. Si l’armée française se retire, comme on nous l’annonce, encore que ce soit un petit peu ambigu, la chose est loin d’être réglée. Est-ce une erreur selon vous que l’armée française commence à  quitter dès mars le Mali? Il y a une communication extrêmement maà®trisée sur ce qui se passe, C’’est le moins que l’on puisse dire. On nous dit qu’il y a eu des centaines de morts du côté des terroristes, mais les rares journalistes qui ont pu aller sur le terrain n’en ont pas vu. On nous dit qu’il y a eu des blessés côté français sans nous dire combien. C’’est quand même très curieux. On ne sait pas très bien quel est le rapport de force sur le terrain: début mars C’’est dans quinze jours. Je ne suis pas sûr que les soldats africains soient en mesure de prendre le relais. Et si les mêmes causes produisent les mêmes effets, avec des colonnes terroristes qui foncent vers le sud, on serait dans une sacrée difficulté. Il y a aussi des difficultés à  Bamako, o๠le problème n’est pas réglé. Les militaires qui ont fait le coup d’Etat ne sont pas véritablement rentrés dans leur caserne, l’ordre constitutionnel n’est pas vraiment rétabli. Qui maà®trise l’armée malienne, qui évite les exactions? Comment traite-t-on les Touaregs qui veulent bien se dissocier des terroristes? Il y a toute une série de questions. La France est partie seule au Mali, sans aide financière de l’Europe, et on entend maintenant que C’’est parce que la France paie seule, qu’il y aurait eu un dépassement du budget autorisé de 3%… On a déjà  essayé de faire ce coup-là  il y a quelques années, on avait dit qu’il faudrait mettre le budget de la Défense en dehors des critères maastrichtiens… Je crois que ce n’est pas sérieux. En revanche il n’en reste pas moins que l’Europe a été nulle. Et C’’est profond, car il n’y a pas simplement l’aspect financier, mais aussi l’aspect idéologique: l’idée que l’on puisse parfois utiliser la force pour régler certains conflits, lorsque la négociation ne suffit pas, est étrangère à  un certain nombre de nos partenaires, et y compris à  nos partenaires allemands. Cela pose la question de pouvoir réanimer, un jour, une véritable politique de sécurité de défense commune. J’ai essayé d’y travailler quand J’étais au Quai d’Orsay, J’ai eu beaucoup de mal avec les Britanniques, qui ne veulent pas faire cela avec les Européens, et avec les Allemands qui n’ont pas envie de s’engager. A ce propos, la Suède a expliqué il y a peu que, si elle était attaquée, elle ne pourrait même plus se défendre. Cela vous inquiète? Oui… Parmi les géants européens, Il n’y a plus que deux pays qui ont une véritable capacité militaire à  se défendre, C’’est la France et la Grande-Bretagne. J’espère donc que l’on ne va pas rogner les crédits de la défense française. Ce que l’on a fait au Mali, C’’est la démonstration que toutes les réformes engagées depuis dix ou quinze ans ont conduit à  une armée opérationnelle, capable de projeter 4.000 hommes dans des délais extrêmement brefs. Or, le monde est dangereux, la menace terroriste existe. Propos recueillis par David Blanchard, Elsa Provenzano et Mickaà«l Bosredon

Soldats français et tchadiens à Aguelhok

C’est le dernier fief des groupes islamistes armés. Des soldats français et tchadiens sont arrivés jeudi soir à  Aguelhok, à  160 km au nord de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, ont indiqué des sources concordantes maliennes. L’information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal : « Les soldats français et tchadiens sont partis en nombre par la route. Ils sont arrivés à  Aguelhok et vont ensuite se diriger vers Tessalit », a précisé cette source. Les régions d’Aguelhok et de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, tout près de l’Algérie, sont la cible depuis plusieurs jours d’intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nements des groupes islamistes, selon le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Aguelhok et Tessalit se situent dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes o๠selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaà®t parfaitement la région. C’est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l’aéroport de Kidal, à  1.500 km de Bamako, ancien bastion islamiste, o๠quelque 1.800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville. Près de trois Français sur quatre favorable à  l’intervention Plus les troupes avancent, plus les Français semblent favorables à  cette guerre. Près de trois d’entre eux sur quatre (73%) sont favorables à  l’intervention militaire au Mali, quatre semaines après son lancement, un chiffre en constante augmentation depuis le début des opérations (63% alors), selon un sondage de l’Ifop à  paraà®tre vendredi dans Midi Libre. Selon l’étude statistique, 27% des personnes interrogées sont « tout à  fait favorables » et 46% « plutôt favorables » à  l’engagement de l’armée française au Mali, soit un total de 73% de Français approuvant l’opération. A la mi-janvier, ils étaient 63% à  l’approuver, selon un sondage Ifop réalisé les 12 et 13 janvier, puis 65% quelques jours plus tard d’après une étude du même institut réalisée les 17 et 18 janvier. « Jamais, depuis le début de l’intervention militaire en Somalie en décembre 1992, une opération extérieure n’avait bénéficié d’un tel soutien », note l’Ifop.

Opération Serval : Une guerre sans merci au Nord

Près d’un mois après le déclenchement de l’opération Serval, l’étau se resserre autour des djihadistes. Les frappes françaises continuent pour anéantir la capacité opérationnelle des fous de Dieu. Cette dynamique est boostée maintenant par les Etats-Unis qui ont déjà  commencé à  prêter main-forte aux efforts français. La confirmation de cet appui a été donnée hier par le vice-président américain, Joe Biden en visite en France. «Â Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité mettre en place au plus vite une mission internationale africaine au Mali et de la placer aussi rapidement que possible sous l’autorité des Nations unies », déclaré Joe Biden à  l’issue de sa rencontre avec le président français François Hollande. Appui américain En effet sur le terrain, l’appui américain est perceptible. Ainsi selon des sources américaines, l’armée de l’air des USA a effectué, à  la date du 3 février, 30 vols pour soutenir les Français. Ces frappes intensives visent les caches d’armes, les centres d’entrainement… Ces derniers temps, elles visent particulièrement les montagnes de l’Adrar des Iforas de Kidal, seul repaire des djihadistes après leur débâcle dans les autres villes qu’ils occupaient. Et oà¹, selon toute vraisemblance, sont détenus les otages français. Pour François Hollande, la France va continuer sa mission qui consiste, selon lui, à  recouvrer l’intégrité territoriale du Mali avant de passer le relais aux troupes africaines et plus tard à  une mission de la paix. Cette position française traduit la perspective de l’arrivée prochaine du reste des troupes maliennes et africaines pour assurer le contrôle et la sécurité des zones débarrassées des islamistes. Les africains s’y préparent activement comme l’attestent les propos du président ivoirien et président en exercice de la Cédéao, Alassane Dramane Ouattara, selon lesquels toutes troupes africaines doivent être au Mali dans un très bref délai. Il s’agira donc de renforcer les troupes nigérianes, togolaises, nigériennes, tchadiennes, sénégalaises etc. qui évoluent sur le terrain. Au regard de tous ces derniers développements, l’on est en droit de se poser la question de savoir sur l’avenir des islamistes. En tout cas ça sent le roussi !

La guerre au Mali : phase 2

A l’occasion de la visite du président français au Mali, trois semaines après le début de l’opération militaire Serval qui a permis de reconquérir avec l’armée malienne les grandes villes occupées, le président François Hollande a déclaré que « le terrorisme a été repoussé, il a été chassé mais il n’a pas encore été vaincu ». Les forces terroristes restantes semblent s’être repliées dans le nord du pays. En effet, à  part quelques ilots de résistance, les forces terroristes restantes se sont repliées dans le nord du pays, dans le massif de l’Adrar des Iforas. Une région saharienne et montagneuse o๠se joue dorénavant, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, une nouvelle séquence de cette guerre. Les combattants de l’Adrar des Iforas Juste après le siège de Gao, dans la journée du 26 janvier 2013, entre deux cents et trois cents véhicules des forces rebelles auraient quitté précipitamment la boucle du fleuve pour monter se réfugier dans le nord montagneux et désertique du pays, dans l’Adrar des Iforas. Un massif rocheux creusé de grottes qui sont autant de citadelles et de caches naturelles que connaissent parfaitement les populations touareg de la région. Ces montagnes, o๠se trouveraient probablement les otages, ont abrité de 2010 à  2011 le sanctuaire d’Aqmi,(Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) une organisation salafiste extrémiste dirigée par Abdelmalek Droukdel, un ancien du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), une organisation qui avait semé la terreur en Algérie dans les années 90 et qui constitue avec Ansar Dine (les défenseurs de la religion) et le Mujao (le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) les forces rebelles de ce conflit. Aujourd’hui l’Adrar est aussi le refuge du très charismatique chef touareg d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali. Un ancien chef de la rébellion touareg qui a su rassembler autour de lui toutes les forces rebelles pour partir à  la conquête du sud et qui se retrouve maintenant dans une situation quelque peu désespérée, reclus dans les montagnes fortifiées, avec les derniers combattants restants, qui comptent certainement parmi les plus durs et les plus déterminés, et se préparent probablement à  un assaut final. Une autre composante des forces politique touareg qui circulent dans cet espace est le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), une organisation armée qui dit se battre contre les rebelles, et qui aurait annoncé la libération de plusieurs ville de l’Adrar dont la grande ville de Kidal. Elle aurait livré à  la France des chefs rebelles qu’ils auraient fait prisonnier à  la frontière algérienne. Le MNLA joue sa crédibilité sur ces actions contre les rebelles. l’organisation serait coupée de l’autorité de Bamako et s’inquiéterait pour ses populations des risques d’exactions et de dérapages ethniques dont elles pourraient être victimes (un positionnement partagé par le MIA le mouvement islamiste de l’Azawad nouvellement crée). Les opérations françaises dans l’Adrar des Iforas De toute évidence, d’après de nombreux observateurs, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, nous sommes passés à  une autre étape de cette guerre. Les objectifs et les intervenants ne paraissent plus être tout à  fait les mêmes. Il ne s’agit plus de reconquête et de normalisation comme avec l’opération «Serval» mais il semblerait que nous soyons en présence de forces spéciales avec des objectifs différents. Une opération plus secrète qui n’est pas sans rappeler l’opération Sabre, qui serait, dit-on, dirigée par le Commandement des opérations spéciales, la Direction des Renseignements Militaires et la Brigade des Forces Spéciales Terre, depuis l’été 2012. Le COS, le Commandement des Opération Spéciale, comme l’explique Jean-Henri Gontard (un consultant qui cherche à  favoriser les contacts entre les rebelles du MNLA et la France), « est basé à  Ouagadougou au Burkina Faso, et travaillerait depuis longtemps sur cette zone. Il dépendrait directement de l’Etat Major des Armées et regrouperait un ensemble de forces spécialisés : 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1er RPIMa), les Commandos Marine (Jaubert, Trepel, de Penfentenyo, de Montfort, Hubert) et le GCMC, le Commando Parachutiste de l’Air n°10 (CPA 10), le Détachement ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) des Opérations Spéciales (DAOS) une escadrille d’hélicoptères basés à  Pau, ainsi que le Détachement des Opérations Spéciales (DOS) des avions de transport Hercules C130 et C160 dotés d’équipements spécialisés qui ressembleraient beaucoup à  ceux que l’on a vus atterrir à  Kidal. » D’autre part, les troupes spéciales françaises auraient formé et entrainé des GSI (groupes spéciaux d’intervention) en Mauritanie (400 hommes), au Mali (200 hommes) et au Niger (200 hommes). « Les GSI, sont des unités très mobiles, équipées de puissants pick-up Toyota armés de mitrailleuses lourdes. Les soldats ne dépendent d’aucune base, ils vivent en permanence dans le désert en se déplaçant au gré des renseignements glanés par les services de renseignement et de la reconnaissance aérienne. » (France 24). Ces groupes de soldats locaux avaient été formé pour combattre AQMI et organiser des opérations longue distance avec droit de poursuite. Ils sont déjà  intervenus en septembre 2010 depuis la Mauritanie pour détruire une unité AQMI, la Seryat El Voughrane, à  Tombouctou. Les trafics Les combattants rebelles ont besoin d’autre part de rétablir les routes et les réseaux des trafics qu’ils contrôlaient et qui ont certainement joué un rôle très important dans cette guerre. Car de tout temps, il y a toujours eu de nombreux trafics dans cette région. Trafics d’êtres humains, avec principalement le phénomène de migration d’Afrique vers l’Europe et trafics de marchandises de toutes sortes, essence, voitures, ou cigarettes. Mais le plus gros de ce trafic, dont l’activité jouerait un rôle très important est d’une part le trafic d’armes (on estime qu’il y aurait près d’un million de kalachnikovs actuellement dans le nord du Mali), et surtout le trafic de cocaà¯ne pour remonter la drogue des ports d’Afrique de l’ouest vers les rives méditerranéennes. Une activité aujourd’hui très désorganisée à  cause de la guerre, et qui tente de se restructurer pour gérer les importantes quantités en transit dans le nord du pays, estimées actuellement par les experts à  près de 50 tonnes de cocaà¯ne. Les options sur le terrain Face à  cette situation, deux options s’imposent aux observateurs : soit les rebelles déjà  affaiblis restent dans leur montagnes et attendent qu’on les y déloge, soit ils tentent de partir mais leurs options paraissent limitées. Car il semblerait que les différentes routes de sortie soient déjà  fermées ou sérieusement surveillées par tous les pays de la région. En tout état de cause, nous entrons dans une autre séquence de cette guerre qui sera probablement réalisé dans la plus grande discrétion par les services de renseignement et les forces spéciales à  l’abri de tous les regards.

André Bourgeot:  » L’opération Serval risque de se transformer en guérilla »

SlateAfrique – l’intervention des troupes françaises au Mali est-elle de nature à  rétablir rapidement la paix dans le pays? André Bourgeot – Rapidement? Certes pas! L’intervention militaire française a d’une part stoppé l’avancée des groupes armés djihadistes qui ont tenté de prendre Sévaré, o๠il y a un aéroport international, et d’autre part libéré Diabaly et Konna avec, en réalité, l’appui l’armée malienne. L’objectif est bien de rétablir la paix qui ne sera effective que lors de la reconquête totale de l’intégrité du territoire national: cela demandera du temps d’autant que, pour l’heure, se sont essentiellement les militaires français qui sont en première ligne, avec une armée malienne affaiblie et dont la chaà®ne de commandement demeure floue. SlateAfrique – Est-ce que l’enthousiasme des populations que vous avez observé au Mali, par rapport à  cette intervention, va durer? A.B. – Globalement, les réactions sont favorables, en effet. Les populations du nord libérées du joug et de la terreur djihadiste reprennent vie et expriment leur soulagement. A Bamako, des vendeurs de petits drapeaux tricolores s’activent sur les trottoirs de la capitale et reprennent le commerce informel, tricolore cette fois: les petits drapeaux qui flottent sont même achetés. Pour autant, est-ce que cela va durer? Dans le nord, l’ensemble des populations (Songhai, Peuls, Touaregs, Bozos, Maures et Arabes) manifeste son soulagement et sa joie. Ce qui ne veut pas dire que les groupes armés djihadistes ne disposeront pas, le cas échéant, de relais locaux qui existent déjà . SlateAfrique – Le MNLA a-t-il véritablement une stratégie? A.B. – Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), indépendantiste et laà¯c, connaà®t un sérieux déclin, depuis quelques semaines. Il s’est fait d’abord bouté hors de Gao par le Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest), puis de Ménaka toujours par ce même groupe efficace dans le trafic, entre autres, de cocaà¯ne, et plus récemment d’El Khali, dans les environs de Tin Zawaten. Il tente de rebondir en proposant ses services à  l’armée française, arguant du fait suivant: être des combattants aguerris et de bons connaisseurs de la région, tout en précisant qu’il rejette toute collaboration avec l’armée malienne interdite «d’Azawad». Cette dernière appellation relève d’une construction politique des rebelles qui ne renvoie à  aucun fondement géographique et encore moins historique. L’Azawad géographique concerne l’espace situé entre Tombouctou et Arraounae sillonné par les pasteurs nomades maures. Berabich représente une superficie de 380 kilomètres carrés environ. Il souffre d’un important déficit de légitimité sociale, politique et militaire difficile à  remonter… Lire la suite sur Slate Afrique : http://www.slateafrique.com/102239ord-mali-operation-serval-consequences-itv-andre-bourgeot

Quand le MNLA veut piéger la France…

Depuis quelques semaines, le Mouvement National pour la Libération de l’AZAWAD est en train de faire le tour des medias occidentaux et magrébins pour parler de sa volonté de combattre aux côtés de l’opération Serval de la France au Mali contre les islamistes. Il y a un an de cela, ce même mouvement allié aux mêmes groupes islamistes avait déclaré une guerre sans merci à  l’armée malienne au nord. La suite est connue de tous, un tiers du territoire malien occupé, des populations brimées et victimes des pires exactions, le patrimoine culturel détruit et maintenant la guerre… MNLA, le cheval de Troie des islamistes Pourtant, le duo MNLA et Ancardine a fait long feu. N’ayant pas les mêmes aspirations politiques mais revendiquant plutôt l’instauration de la charia, les groupes islamistes ont tôt fait de se débarrasser d’alliés devenus encombrants. Les indépendantistes du MNLA sont chassés de leur « Assawad » fictif par les islamistes suite à  une répression sanglante à  Gao. Evaporés dans la nature, avec ses leaders réfugiés au pays du médiateur de la crise, le Burkina Faso, les « azawadiens » sont retournés à  leur première tribune, les plateaux télé internationaux. Ils veulent à  tout prix revenir dans le jeu d’o๠ils ont été éjectés, surtout depuis le début de l’offensive militaire. Le MNLA souhaite maintenant « prêter main forte à  la France » dans les combats qu’elle livre avec l’armée malienne aux djihadistes. Cette nouvelle position des indépendantistes Touareg est perçue au Mali comme une manœuvre dilatoire et un piège par les Maliens qui les considèrent comme la cause de tous les maux que connaà®t le pays. « La France doit être vigilante » l’opinion malienne a depuis le début de la rébellion touareg en 2012, trouvé que la France accordait trop de crédit et de visibilité à  ses leaders. Yaya Diakité professeur de lycée à  Bamako rappelle que le MNLA a ouvert la porte du nord aux islamistes. Il met en garde les autorités françaises sur la non-représentativité de ce groupe. « Ces rebelles touareg n’ont rien derrière eux si ce n’est leur nuque ». «La France doit être vigilante de ne pas accepter la proposition de ces rebelles touareg au risque de voir la joie malienne pour l’intervention française à  la haine » menace un autre intervenant. Rokiatou Dramé, administratrice sociale affirme qu’ « aucun malien n’acceptera ces rebelles touareg qui ont divisé le Mali. Si la France veut que les maliens continuent à  l’applaudir, elle ne doit pas prêter oreilles aux ragots de ces apatrides et traitres. Pas question d’accepter le MNLA sur la table de négociation. Sinon les maliens nous allons nous lever comme un seul homme pour combattre nos ennemis ».

VIDEO: frappes aériennes de l’aviation française (Opération Serval)

Frappe missile GBU sur blindé BM 21 volé par les djihadistes à  l’armée malienne – Frappe Tigre sur 2 Pick up …l’Armée Française a publié des images d’opérations aériennes au Mali.

Otages en Algérie : Riposte impitoyable pour les autorités

Il faut croire que l’Algérie a ses méthodes et ne tergiverse pas dans des discussions stériles quant il s’agit de traiter avec les terroristes. Une quarantaine de morts dans le pilonnage ou faut-il dire, tentative de libération des otages d’In Aménas, le site gazier de British Pétroleum et qui n’a laissé aucun choix aux autorités algériennes face aux jihadistes de Mokhtar Belmokhtar. Si l’un des émirs d’AQMI, destitué récemment par Droukdel, le grand chef, s’était remis en pleine lumière, le prix à  payer aura été lourd. Et pour ses hommes et pour la vie des otages pris dans le feu d’une folie destructrice. D’après les dernières informations de l’agence de presse mauritanienne ANI, il y aurait 34 otages morts dans l’assaut des forces algériennes et 12 ravisseurs tués. Un bilan déséquilibré, injuste et dramatique pour ces pauvres travailleurs d’un site d’exploitation britannique, qui ne s’attendaient sans doute pas à  avoir débarquer les combattants d’AQMI sur leur site. «Trente-quatre otages et quinze des ravisseurs ont été tués dans un raid (aérien) de l’armée algérienne», a déclaré le porte-parole, selon qui le chef du groupe islamiste responsable de la prise d’otage, un certain Abou Al-Baraa, figure parmi les tués. Arrêt des frappes au Mali… Principale revendication des ravisseurs d‘AQMI aujourd‘hui démembrés : obtenir l’arrêt des frappes françaises au Mali. Qui n’ont aucune incidence puisqu‘elles se poursuivent à  Konna et Diabali. Belmokhtar, chef de cette opération a-t-il agi seul ? Ou a-t-il œuvré de mèche avec ses pairs terroristes comme Abou Zeid ? Il est certain que cette prise d’otages est l’une des conséquences indirectes ou directes diront d’autres, de l’intervention militaire française au Mali. On s’était demandé si l’Algérie allait davantage s’impliquer dans la riposte au Mali, mais sa frappe rapide et désordonnée sur son propre sol, montre sa volonté de régler le problème seul. Pour le moment en tout cas.

Edito : « Serval  » au secours du Mali…

Il faut tout d’abord saluer, la main tendue de la France à  notre pays malmené depuis 8 mois par les jihadistes et terroristes de tout bord, infiltrés au Nord et contre toute libertés individuelles et tolérance… Il faut ensuite reconnaà®tre la finesse politique de François Hollande, qui n’a jamais laissé entrevoir à  l’ennemi une implication rapide et soudaine de la France dans la crise malienne. Prudence dans le discours, caution des Nations Unies, furent les maà®tres mots d’un président, qui aujourd’hui dirige la cellule de commandement de l’opération «Â Serval ». Voilà  un homme d’Etat qui s’affirme de jour en jour et la surprise est plutôt agréable. Ceux qui sont franco-maliens doivent aujourd4hui se sentir fiers de leur double nationalité. Ainsi, l’ennemi surpris, en voit des déconfitures depuis trois jours : destructions des bases, entrepôts d’armes et positions, tout est destiné à  réduire la force de riposte des hommes du Mujao, d’Aqmi ou d’Ansar Dine…et à  parer à  toute récupération de territoire. Il reste à  la force de sécurisation d’agir. Deuxième chose, l’Etat d’urgence. La sécurité est au maximum en France tout comme à  Bamako, o๠conscients de l’extrême sensibilité de la situation, les autorités ont déclenché le niveau optimal d’alerte. Vigipirate en France, quand le Mujao menace d’attaquer le C’œur de la France, surveillance au sommet, quand Bamako pourrait être la cible d’attentats, les citoyens sont appelés à  la prudence. Aujourd’hui, les Maliens soufflent grâce à  la France. Les ressortissants du nord respirent face à  une initiative qui a permis d’ébranler nos pairs africains et ceux de la CEDEAO qui n‘attendaient visiblement que cela. Car il fallait une tête de commandement pour mener la croisade Mali. Désormais, le champ de bataille est ouvert pour la force Africaine, MICEMA. Et les soldats de l’Afrique n‘ont plus d‘autre choix que de réagir, en apprenant la leçon de la France et sa puissance de frappe. Surtout, cette guerre devra nous apprendre que les armées ne sont pas que des bataillons d’hommes sans formation, ni engagement patriotique, et recrutés ou nommés dans n’importe quelles conditions… «Â Vive la France ! Vive François Hollande ! » , crient en chœur les habitants de Gao, Léré et Tombouctou, o๠la traque a déjà  commencé… Désormais, le Mali retient son souffle… en attendant la libération totale et complète du Nord…

Des membres d’AQMI chercheraient à renoncer au terrorisme

Abdul Hamid al-Ansari, spécialiste du terrorisme, explique à  Magharebia que la décomposition d’AQMI diffère de celle des autres organisations. « Dans la mesure o๠AQMI a mis très longtemps à  prendre sa forme actuelle, le processus de sa désintégration sera similaire », ajoute-t-il. « Cela dans le cas o๠les choses poursuivront leur cours naturel, c’est-à -dire sans que le groupe ne subisse une attaque de grande envergure contre son noyau. Les membres de cette organisation devraient devenir, dans les années et les mois à  venir, des gens normaux, chassés loin dans le désert ». Abdelkader Rouim, ancien émir du Groupe islamique armé (GIA), a confié le 16 décembre au quotidien El Khabar, qu’une « centaine d’hommes armés au Mali et dans d’autres régions sont prêts à  rendre les armes et à  retourner dans leurs patries s’ils devaient bénéficier d’une amnistie sans être poursuivis, ou s’ils obtenaient des garanties sérieuses en ce sens ». Rouim a été le bras droit de Mokhtar Belmokhtar, alias Laaouar, avant de profiter lui-même des dispositions algériennes contenues dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. « L’acquittement récent par le tribunal algérien d’Ouergla de six membres qui s’étaient repentis après avoir mené des activités dans la passé au sein de la brigade Moulathamin dirigée par le terroriste Laaouar a encouragé de nombreux insurgés présents dans le nord du Mali à  envisager l’option du renoncement à  la violence afin de bénéficier des dispositions de la réconciliation nationale », a ajouté Rouim. Il a par ailleurs expliqué que des dizaines d’hommes armés dans le nord du Mali, au Niger et « dans d’autres zones situées dans les profondeurs du Sahara, dont certains leaders de la brigade Moulathamin, ont le courage nécessaire pour renoncer aux armes de façon permanente, ainsi que pour se repentir, mais ils ont peur des sanctions ». Il a exprimé l’espoir que ce processus puisse continuer. En plus du désarmement volontaire de ses militants, le groupe terroriste est encore davantage affaibli par les morts et les arrestations. « En fait, nous apprenons chaque semaine que des terroristes ont été tués lors d’affrontements avec les troupes algériennes, et nous avons également appris le démantèlement d’une cellule dormante au Maroc et l’arrestation d’autres terroristes en Mauritanie, au Mali et au Niger », a expliqué al-Ansari. Selon El Khabar, le mois dernier, « les forces de sécurité conjointes opérant sur la frontière algéro-malienne sont parvenues à  arrêter six terroristes dans le désert, à  trente kilomètres de la région de Borj Badji Mokhtar. Ces arrestations sont survenues après qu’un avion militaire eut repéré les mouvements de ces hommes lors de leur entrée sur le territoire algérien à  proximité de la Mauritanie, et alors qu’ils se dirigeaient vers le nord du Mali ». L’analyste social Mohamed Salem Ould Sharif a souligné de plus qu’AQMI « est liée à  ses membres plus qu’à  une idée spécifique ». « Une fois que ces individus mourront ou vieilliront, beaucoup de jeunes renonceront à  cette idéologie. Les jeunes ne peuvent vivre une existence d’austérité, en se cachant dans les profondeurs d’un désert aride pendant longtemps », explique-t-il. Il ajoute que la majorité de ces habitants du désert sont jeunes, et que seuls quelques-uns ont atteint la cinquantaine, comme c’est le cas d’Abdelhamid Abu Zeid. Les membres plus âgés auront éventuellement besoin de soins, tandis que les plus jeunes rêveront d’une existence plus normale, ce qui accélérera le retour d’un grand nombre d’entre eux au sein de la communauté. Selon Ould Sharif, « ce phénomène commence déjà  à  apparaà®tre à  la lumière des entretiens concernant les Azaouadis, qui renoncent à  leurs idées sous la pression internationale ». Par Jemal Oumar pour Magharebia à  Nouakchott

Bamako souhaite un engagement plus fort de la Mauritanie

NOUAKCHOTT – Le Mali souhaite que la Mauritanie s’engage encore plus fort pour la résolution de la crise malienne, a affirmé dimanche son Premier ministre Diango Cissoko à  l’issue d’une audience à  Nouakchott avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Je l’ai sollicité (pour) un engagement encore plus fort de la Mauritanie pour la résolution de l’ensemble des problèmes du nord du Mali, occupé par des groupes islamistes armés dont Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), a déclaré à  des journalistes M. Cissoko, arrivé samedi en Mauritanie. Selon lui, c’est un dossier que le président Aziz maà®trise très bien. Il en a une vision lumineuse, nous voudrions en profiter, exploiter cette vision pour nous permettre de sortir rapidement de nos difficultés que le président mauritanien considère comme ses propres difficultés, a affirmé M. Cissoko. Ancien général putschiste élu en 2009, le président mauritanien mène une politique très active contre Aqmi, et a ordonné des raids contre des bases d’Aqmi au Mali en 2010 et 2011. Les préparatifs d’une intervention militaire internationale sont en cours pour déloger les groupes armés du Nord malien. Le 20 décembre, l’ONU a approuvé le déploiement d’une force internationale au Mali, sans préciser de calendrier mais en indiquant qu’il se fera par étapes tout en exhortant au dialogue avec ceux qui rejetteraient le terrorisme et la partition du Mali. Diango Cissoko a aussi indiqué avoir remis dimanche à  M. Aziz un message de fraternité et de remerciement de la part du président intérimaire malien Dioncounda Traoré, en rappelant que la Mauritanie abrite plus de 100.000 Maliens réfugiés depuis l’éclatement de la crise dans le nord du Mali, mi-janvier 2012. Ces réfugiés se sentent comme chez eux, et le gouvernement mauritanien les traite avec une attention particulière, il était important que je vienne le remercier de cette marque d’attention, a-t-il conclu. Samedi soir, il a reçu des représentants de la communauté malienne à  Nouakchott, a indiqué l’un de ses conseillers, Bali Idrissa Sissoko. Il doit quitter la Mauritanie dimanche après-midi. Diango Cissoko n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de journalistes, particulièrement sur les dernières exigences d’Ansar Dine, faisant partie des groupes armés (incluant Aqmi et les rebelles touareg) qui ont pris ensemble le contrôle du nord du Mali entre fin mars et début avril après deux mois et demi d’offensive contre l’armée. Les groupes jihadistes ont ensuite évincé fin juin de leurs zones d’influence leurs ex-alliés rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et ils y multiplient les exactions en prétendant imposer la charia (loi islamique) dont ils ont une interprétation rigoriste. Dans un document remis le 1er janvier au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de l’Afrique de l’Ouest dans la crise au Mali, Ansar Dine réclame l’autonomie et l’application de la charia pour le Nord au sein d’un Etat malien proclamé islamique. Ce texte a été rendu public à  quelques jours de la tenue, le 10 janvier à  Ouagadougou, de discussions entre le gouvernement malien, Ansar Dine et le MNLA autour du président Compaoré. Il s’agira du second rendez-vous après les premières discussions à  Ouagadougou du 4 décembre 2012.

Ansar Eddine durcit le ton avant de nouvelles discussions avec Bamako

Le groupe islamiste armé Ansar Eddine, l’un des maà®tres du nord du Mali, a durci ses positions, réclamant l’autonomie et la loi islamique pour cette région au sein d’un à‰tat malien proclamé « islamique », avant des discussions avec Bamako le 10 janvier autour du médiateur burkinabè. Défense de l’identité touareg et de la charia (loi islamique) : c’est le coeur de la « plateforme politique » remise le 1er janvier par une délégation d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam) au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Dans ce document de 17 pages que s’est procuré vendredi le correspondant de l’AFP à  Ouagadougou, le mouvement du charismatique Iyad Ag Ghaly, surtout composé de Touareg maliens comme lui, se livre à  un réquisitoire contre les régimes maliens successifs qui ont traité, selon lui, les habitants du Nord en « citoyens de seconde zone ». Conscient que la communauté internationale est « hostile » à  toute partition du Mali, il affirme renoncer dans l’immédiat à  une sécession, qui était la revendication initiale du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion touareg laà¯que d’abord alliée puis marginalisée sur le terrain par les islamistes. Il réclame donc une « large autonomie », mais dans le cadre d’un Etat malien qui proclamerait dans sa Constitution son « caractère islamique », au motif que « le peuple malien est musulman à  plus de 95% ». Dans le Nord, l’application « stricte » de la charia est « un impératif non négociable », insiste le groupe. Il justifie les châtiments corporels mais promet de tenir compte de « l’air du temps » dans l’application de certaines dispositions. Nouveau rendez-vous à  Ouagadougou Cette « plateforme » a de quoi hérisser le gouvernement malien, pour lequel le respect de l’intégrité du territoire du Mali et de la laà¯cité de l’Etat sont des pierres angulaires. Si une autonomie du Nord – et non une indépendance – peut a priori ne pas être un casus belli, trouver un terrain d’entente sur la charia paraà®t pour l’heure impossible. Le prochain test sera le 10 janvier: le président Compaoré a invité ce jour-là  les émissaires de Bamako, d’Ansar Eddine et du MNLA à  Ouagadougou pour de nouvelles discussions, a-t-on appris de source proche de la médiation. Il s’agira du second rendez-vous après les premières discussions directes qui s’étaient tenues dans la capitale burkinabè le 4 décembre 2012. Ansar Eddine est l’un des groupes islamistes armés dominant le nord du Mali depuis juin, avec les jihadistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Tous prônent l’application de la charia, au nom de laquelle ils commettent de nombreuses exactions. Intervention militaire Sous la pression du Burkina Faso et de l’Algérie, les deux pays médiateurs, Ansar Eddine avait annoncé fin 2012 renoncer à  appliquer la charia dans tout le Mali, mais seulement dans ses zones d’influence, un périmètre qui s’agrandit peu à  peu. Il avait également pris, au moins verbalement, ses distances avec Aqmi et le Mujao en rejetant le « terrorisme », et s’était dit disposé au dialogue avec Bamako. Iyad Ag Ghaly avait annoncé jeudi que son groupe retirait son offre de cessation des hostilités, en accusant le pouvoir malien de ne pas être prêt au dialogue. Mais sans fermer la porte à  de nouvelles discussions, désormais fixées à  la semaine prochaine. Le 20 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution approuvant le déploiement d’une force armée internationale au Mali pour déloger les islamistes armés, sans préciser de calendrier. L’ONU a toutefois indiqué que ce déploiement était programmé par étapes et a appelé les autorités maliennes au dialogue avec les groupes armés rejetant le terrorisme et la partition du Mali. (AFP)

Diango Cissoko veut une intervention armée « le plus rapidement possible »

« On peut faire confiance en cette intervention », a-t-il déclaré à  la presse au terme d’un entretien avec président ivoirien Alassane Ouattara, également à  la tête de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette opération « aura lieu dès que les conditions seront réunies et nous ferons en sorte que ces conditions soient réunies le plus rapidement possible », a-t-il précisé. Le premier ministre malien s’est dit porteur d’un « message » du président malien, Dioncounda Traoré, à  Alassane Ouattara, demandant le « soutien » de la Cédéao pour aider le Mali à  sortir de la tourmente actuelle. Il a aussi assurer que des élections « crédibles » et « propres » se tiendront dès que les conditions « seront réunies », dans le but de normaliser la situation institutionnelle du pays après le coup d’Etat qui s’est déroulé le 22 mars à  Bamako. Nà‰CESSITà‰ DE DIALOGUER Le chef du gouvernement malien a entamé, mercredi, sa première tournée dans la région par une rencontre à  Ouagadougou avec le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise. Il doit se rendre ensuite au Bénin et au Sénégal. La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le déploiement d’une force armée internationale au Mali, mais par étapes et sans en définir de calendrier précis. L’ONU a insisté par ailleurs sur la nécessité de dialoguer avec les groupes armés du Nord qui rejettent le terrorisme et la partition du pays.

Intervention au Mali : «La France s’enferme dans une logique infernale»

LE FIGARO – Que vous inspire le communiqué d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) accusant Paris de bloquer le dialogue pour la libération des quatre otages enlevés en 2010 au Niger? Mathieu GUIDàˆRE – La nouveauté, c’est qu’Abou Zeid, le chef du groupe qui détient les otages français, s’exprime lui-même pour la première fois. Il répond à  la vidéo mise en ligne le 8 décembre par Clément Legrand, le frère d’un des otages. Il donne aussi un point de vue sur les négociations sensiblement différent de la version fournie par le gouvernement français depuis plusieurs mois. Qui croire? Il est évident qu’il y a un menteur ou un malentendu dans cette affaire. Abou Zeid dit que, depuis la mort de Ben Laden, ce dossier, qui était supervisé par al-Qaida central, l’est désormais par Aqmi et que, depuis un an, il envoie des signaux au gouvernement français, mais que rien ne se passe. Paris, de son côté, affirme agir discrètement pour obtenir la libération des otages. Que faut-il en conclure? Soit le gouvernement français n’a pas les bons intermédiaires pour communiquer avec le groupe d’Abou Zeid, mais ce serait alors un peu étrange puisque Clément Legrand a réussi à  le faire assez aisément, via sa vidéo, en une quinzaine de jours. Soit nous sommes dans un jeu de poker menteur. Qui ment? D’un côté, le gouvernement français prépare une intervention militaire de la force africaine au Mali. De l’autre, il est possible qu’Abou Zeid instrumentalise le dossier des otages français pour imposer son hégémonie au sein d’Aqmi, en proie actuellement à  une guerre des chefs. Un autre dirigeant d’Aqmi, Moktar Belmoktar vient de faire sécession après avoir été démis de ses fonctions. Dans cette compétition pour le leadership d’Aqmi, il y a aussi le groupe Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), qui a réalisé presque tous les enlèvements de l’année 2012. La France a-t-elle infléchi sa politique sur le dossier des otages en refusant de payer des rançons? L’actuel gouvernement essaie, me semble-t-il, de faire comprendre aux groupes terroristes qu’un citoyen français lambda ne représente pas le gouvernement français et, par conséquent, que le rapt d’un ressortissant français n’infléchira pas la politique étrangère de la France. En fait, officiellement, l’à‰tat français a toujours refusé de payer des rançons. Je pense qu’effectivement il ne l’a jamais fait directement et que les paiements sont passés par d’autres canaux. Cependant, je m’étonne que l’employeur des quatre Français détenus depuis trois Noà«ls, à  savoir le groupe Areva et Satom, cité dans la vidéo d’Aqmi, soient si absents. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vient d’annoncer qu’une intervention militaire au Mali pourrait avoir lieu dès le premier semestre 2013. Cette intervention a-t-elle une chance de réussir? Cette intervention militaire ne recueille pas l’approbation de tous les à‰tats de la région. Qui plus est, leurs armées ne sont pas toutes prêtes, les autres pays européens sont réticents. Les Américains y vont eux aussi à  reculons. Ils nous soutiennent diplomatiquement, mais ne veulent pas aller sur le terrain. Dans ce dossier, la France fait preuve d’un volontarisme, voire d’un activisme étonnant, elle semble très va-t-en-guerre et quasiment seule parmi les pays occidentaux. Et cela est en train de changer son image dans la région, alors qu’elle venait d’acquérir grâce au printemps arabe un formidable capital de sympathie. La France s’est enfermée dans une logique infernale. Plus le gouvernement annonce qu’il va intervenir au Mali en soutenant une force africaine, plus il y a d’enlèvements de Francais. Quand on prétend lutter contre le terrorisme, on ne procède pas par des effets d’annonce. La lutte contre Aqmi ne peut s’appuyer que sur un travail de renseignements, de frappes chirurgicales, de drones. Obama a démontré l’efficacité de cette stratégie. Or, depuis neuf mois, c’est-à -dire depuis que le nord du Mali est sous domination de groupes islamistes, nous assistons à  une série d’annonces sur une intervention militaire qui n’interviendrait pas plus tard que septembre prochain. C’est-à -dire que l’on donne quelques mois supplémentaires aux islamistes armés pour se renforcer. De plus, occuper militairement des territoires qui réclament leur autonomie ou leur indépendance est une stratégie vouée à  l’échec. Il existe d’autres moyens d’agir. D’autant qu’Aqmi montre des signes de dissensions internes importantes. L’Algérie, seul pays à  détenir les moyens et l’expérience pour mener une telle intervention, y est hostile et mise sur une solution politique. Les autorités algériennes sont ainsi parvenues à  réunir vendredi dernier les chefs islamistes des Touaregs maliens d’Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam) qui tiennent Tombouctou ainsi que la majeure partie du nord du Mali, et ceux, laà¯ques, du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, NDLR) pour signer un protocole d’accord après que ces deux groupes se sont entre-tués pendant des mois.

AQMI : Abou Zeid refait surface

L’un des dirigeants d’AQMI, Abou Zeid s’est exprimé dans un message vidéo, délivré par l’agence de presse mauritanienne Sahara Médias. Il pointe la France du doigt notamment, en accusant Paris de bloquer les négociations concernant la libération des 4 otages français détenus au nord Mali.

Oumou Sall SECK :  » Il est temps que le Mali prenne ses responsabilités ! « 

Elle est une figure politique incontournable, membre du collectif des élus du Nord. Déplacée à  Bamako, depuis les évènements du 22 Mars et la prise des régions nord par les islamistes, Oumou Sall Seck, se bat sans relâche pour porter secours à  ses concitoyens restés au nord. Elle y effectue des allers-retours, même si sa maison y a été pillée et celle fonctionnelle, des femmes, désormais investie par le Mujao. Pour cette femme d’origine peuhle, sonrhaà¯, et touareg, le nord n’est plus qu’une question militaire. Déterminée, elle multiplie les plaidoyers en faveur de la libération urgente et vitale du Nord. A l’heure o๠la communauté internationale repousse l’intervention militaire à  Septembre 2013, la voix d’Oumou Sall Seck sonne juste. En marge du Sommet Africités qui s’est tenu à  Dakar du 4 au 8 décembre 2012, elle a répondu à  nos questions. Journaldumali.com ] : Vous êtes membre du collectif des élus du Nord et déplacée à  Bamako, que faà®tes-vous pour ceux qui sont restés dans la zone occupée ? Oumou Sall Seck : Merci. Nous avons, nous élus du nord, jugé qu’il fallait nous réunir dans un collectif pour pouvoir aider les populations du nord sous occupation. Vous savez que sur place, les services de base sont perturbés. Nous avons donc mis en place des comités de crise avec les religieux, imams et chefs traditionnels, pour faire passer l’information, écouter les doléances de nos concitoyens. Grâce au collectif, nous faisons aussi du plaidoyer pour la sortie de crise et nous en appelons aux partenaires au développement, pour obtenir des aides et assurer certains services comme la santé, l’accès à  l’eau et…Il nous faut également continuer à  sensibiliser, grâce à  l’aide de ces populations qui sont d’ailleurs venus à  Bamako pour témoigner, et nous faire comprendre la réalité qu’ils vivent au nord. Journaldumali.com : Parlez-nous de la situation à  Goundam, votre commune ? Oumou Sall Seck : l’accès aujourd’hui y est difficile. La zone étant enclavée, il y a moins de cars qui feront 850km pour se rendre à  Goundam. De plus, il y a beaucoup de contrôles, de fouilles corporelles. Presque 60% de la population de Goundam est partie. Mais pour ceux qui se sont réfugiés ici à  Bamako, la vie est difficile et beaucoup veulent retourner. La route Niono, Goundam, Tombouctou qui était en chantier a même été arrêtée. Vous voyez. Il n’y a plus de télévision, d’écoles fonctionnelles, de centres de santé, ce qui laisse une impression d’abandon. Sans oublier les maisons qui ont été saccagées. Quant aux femmes, la plupart se voilent pour sortir ou aller au champ de peur d’être bastonnées par les gens du Mujao. J’ai même appris qu’ils démontaient les paraboles sur les toits des maisons pour empêcher les familles de se distraire et les couper du reste du Mali. N’oublions pas le problème d’approvisionnement en eau, l’électricité coupée. Bref, C’’est le chaos. Journaldumali.com : Comment voyez-vous la sortie de crise au Mali ? Oumou Sall Seck : Tant que l’on est pas victime, on refuse de faire la guerre ? Pourquoi ? Mais peut-on négocier avec quelqu’un qui vous a amputé un bras, un pied ? Peut-on l’amnistier ? Je crois que l’on a assez négocié depuis la rébellion de 1963 et le Pacte National. Toute l’administration a été pillée, les archives détruites. Bien entendu la négociation aura toujours le dernier mot. Mais nous n’avons plus le choix et nous devons faire la guerre pour reconquérir notre territoire. Par ailleurs, il faudrait aussi que l’on ne fasse pas d’amalgames, tous les touaregs ne sont pas des rebelles, mais nous serons impitoyables avec ceux qui nous provoquent et nous blessent. Tous les Maliens sont témoins de ce qui a été fait en 91, il est grand temps que le Mali prenne ses responsabilités. Je suis désolée d’entendre dire que C’’est une affaire entre Maliens. La communauté internationale, doit nous aider! Journaldumali.com : Justement, elle semble hésitante sur la guerre ? Oumou Sall Seck : Leurs déclarations sont à  prendre avec prudence. Hélas les pays ne sont pas trop impliqués non plus, alors que C’’est un problème sous régional. Tout cela me désole. La CEDEAO soit aussi se décider. Alors que ceux qui sont prêts nous soutiennent. On doit rester dans cette solidarité internationale. Même les Maliens sont prêts à  intégrer l’armée malienne et si on nous forme, on ire faire la guerre…

Des islamistes détruisent les derniers mausolées de Tombouctou

Annoncé à  l’AFP par un chef islamiste de la villle, l’information a été confirmée par des habitants. « Il ne va pas rester un seul mausolée à  Tombouctou, Allah n’aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers », a déclaré Abou Dardar, un responsable d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), groupe islamiste armé qui occupe Tombouctou avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d’AQMI à  Tombouctou, a de son côté justifié ces destructions en affirmant que tout ce qui ne relève pas de l’islam, « ce n’est pas bien, l’homme doit vénérer seulement Allah ». « Actuellement, les islamistes sont en train de briser tous les mausolées des quartiers avec des pioches », a confirmé un habitant de cette ville historique, surnommée « la ville aux 333 saints ». « J’ai vu les islamistes descendre d’une voiture près de la grande mosquée de Tombouctou. Derrière une maison, ils ont cassé un mausolée en criant Allah est grand, Allah est grand », a affirmé un autre témoin. L’ONU VEUT Dà‰PLOYER D’UNE FORCE INTERNATIONALE Outre les cimetières et les mosquées, plusieurs ruelles et des habitations privées de la ville abritent également des mausolées, vénérés par la population. En juillet et en octobre, les islamistes d’Ansar Eddine et d’AQMI, qui considèrent la vénération des saints comme « de l’idolâtrie », avaient suscité un tollé général en détruisant des mausolées en terre dans l’enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine mondial en péril. Ils avaient récidivé en détruisant d’autres mausolées en octobre, à  la veille d’une réunion internationale à  Bamako sur l’envoi d’une force armée au Mali pour les chasser du nord du pays. Voilà  six mois qu’ils occupent totalement cette zone, avec un autre groupe islamiste, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Cette fois-ci, les destructions ont été commises trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, au mieux à  partir de septembre 2013. Vendredi, les islamistes du Mujao qui occupent Gao, au Nord-Est, y ont amputé la main de deux voleurs présumés, promettant « bientôt » de nouvelles amputations.

Fabius pointe la «menace narcoterroriste»

Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Laurent Fabius n’a pas échappé à  une salve nourrie de question sur les otages du Mali. «Nous agissons mais nous le faisons dans la discrétion», a déclaré le ministre des Affaires étrangères en réfutant les critiques des familles d’otages qui se plaignent de ne pas être tenues au courant par le Quai d’Orsay. Avons-nous des preuves de vie? Savons-nous qui les retient? «Oui», s’est borné à  indiquer le ministre. Celui-ci a surtout mis en exergue le danger d’une «montée du narcoterrorisme». Des mouvements terroristes, forts seulement de «plusieurs centaines de personnes très lourdement armées, sont liés au trafic des otages et de la drogue», a-t-il expliqué. «Si on les laisse faire, c’est l’ensemble de l’Afrique, de l’Ouest comme de l’Est, et l’Europe qui sont menacées», a mis en garde Laurent Fabius. «Si on veut éviter que d’ici quelques mois nos pays soient sous le coup du narcoterrorisme, il faut agir», a répété le chef de la diplomatie en n’écartant pas la menace d’attentats sur le sol européen. Entre l’urgence liée à  ces menaces et le tempo d’une intervention, l’écart semble se creuser. Le ministre n’a pas démenti que le volet militaire de la reconquête du nord du Mali tenu par al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) pourrait ne pas avoir lieu avant septembre 2013, comme l’a concédé l’ONU. En revanche, la reconstruction de l’armée malienne interviendra «d’ici les prochaines semaines», a affirmé le ministre en détaillant les trois types d’action (politique, économique, sécuritaire) qui se préparent au Mali. «C’est aux Africains d’agir, nous serons en soutien», a une nouvelle fois souligné le ministre, comme pour dissiper les multiples hypothèques qui planent sur l’équation malienne. Avec l’Algérie, pays clé avec lequel la France s’apprête à  sceller un «partenariat d’amitié», «nous sommes d’accord pour ne pas admettre tout groupe qui ne souscrirait pas au respect de l’intégrité du Mali et au refus du terrorisme». Sur l’autre crise internationale majeure, la Syrie, Laurent Fabius, s’est dit partagé entre l’«horreur et l’espoir», ce dernier étant motivé par la laborieuse mise sur pied d’une «alternative» politique au pouvoir de Bachar el-Assad. L’horreur a pris la forme, ces derniers jours, des alertes aux armes chimiques. Des informations «pas expressément confirmées mais qui doivent être prises au sérieux», a dit Laurent Fabius. Il a cité l’existence de 31 sites et de «1000 tonnes» de substances létales, tels les gaz sarin ou VX. La question d’une levée de l’embargo sur les armes pour la rébellion «est posée», a indiqué le ministre. à€ qui pourrait-on livrer des armes sans risquer de les voir passer en de mauvaises mains? «C’est parce que nous n’avons pas de réponse à  cette question que nous ne livrons pas d’armes», a répondu Laurent Fabius.