Interview d’ATT au PArisien / Otages français au Mali : «Les ravisseurs les ont dispersés»

Le Parisien : Savez-vous o๠sont les otages enlevés au Niger le 16 septembre? AMADOU TOUMANI TOURà‰ : Malgré un minutieux travail de renseignement, nous ne sommes jamais parvenu à  savoir exactement o๠se trouvent les otages. Evidemment, ce serait confortable de dire que les otages se trouvent à  un point précis. Une opération militaire pour les libérer est-elle possible? Non, car les conditions ne sont pas réunies. Une opération militaire classique et bien organisée exige des renseignements vraiment pointus — qui sont très difficiles à  obtenir — et une maà®trise de la zone, ce qui est pratiquement impossible. Il est certain que les ravisseurs ont dispersé leurs otages en plusieurs groupes. Ils ne dà®nent jamais là  o๠ils ont déjeuné et ils se déplacent rapidement. Une intervention des forces spéciales risquerait donc de mettre en danger la vie des otages. Il y a un proverbe africain qui dit : « Lorsque tu as ton doigt dans la bouche de quelqu’un, il ne faut pas le gifler. » Il ne reste donc que la négociation… Le Mali apporte toute son aide, mais les contacts sont quasiment impossibles avec cette bande. On doit passer par des intermédiaires et il y en a tellement qu’on ne sait pas toujours lequel est le bon. Il faut être très patient. Personne ne peut dire combien de temps les otages d’Areva et de Satom seront retenus. Pour mener à  bien cette négociation, il faut une conjugaison d’efforts et d’initiatives de plusieurs pays. Et de la discrétion. Connaissez-vous les exigences des preneurs d’otages? ] Malheureusement non. Depuis le début de cette prise d’otages, les ravisseurs, contrairement à  leur habitude, ont moins parlé. {b Des médicaments sont parvenus à  Françoise Larribe, est-ce un signe encourageant? J’ai appris cela, mais je n’étais pas au courant. Si cette nouvelle est vérifiée, C’’est un petit pas et une très bonne chose. Même dans les plus longs voyages, les petits pas comptent beaucoup. Quelle force représente aujourd’hui Aqmi? C’’est un péril de plus en plus grand : l’islam que propage Aqmi n’est pas l’islam, C’’est du terrorisme pur et simple. Sur le plan militaire, la réputation d’Aqmi est surfaite. Ses effectifs ne sont pas aussi importants qu’on le dit. Cependant, un ennemi invisible et très mobile qui traverse les frontières et bénéficie de complicités peut s’avérer plus dangereux qu’on ne croit. Mais la menace n’est pas seulement militaire, elle est aussi idéologique. Et là , personne n’en connaà®t les limites. Une opération militaire vient d’être menée ces jours-ci par les armées mauritanienne et malienne. Quel était son but? Il s’agissait d’une opération ponctuelle. Chaque fois qu’il y a une pression des terroristes sur la Mauritanie, ce pays réagit et nous ne manquerons jamais de lui prêter main-forte. Mais je suis convaincu qu’il faut faire plus. Le problème fondamental de la bande sahélo-sahélienne, C’’est le déficit de coopération entre les Etats concernés. l’Algérie a engagé une initiative très importante à  laquelle nous adhérons : l’installation d’un état-major commun à  Tamanrasset. Il nous reste à  organiser et à  planifier nos actions militaires.

Le deal d’Al-Qaida au Sahel avec les cartels colombiens

Contrebande et rançons C’’est une jolie petite à®le de l’archipel des Bijagos, au large de a Guinée-Bissau. A peine un confetti, certes. Mais muni d’une piste d’aviation privée. l’endroit idéal pour un «sommet» top secret. Barons de la drogue colombiens, grands distributeurs africains, contrebandiers du «corridor sahélien» s’y sont entretenus fin octobre avec un certain Abdelkrim le Touareg, émir d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). C’’est du moins ce que la CIA aurait affirmé aux autorités, selon le quotidien France-Soir. Objectif: sécuriser le trafic de la cocaà¯ne colombienne ou vénézuélienne, qui est débarquée sur la côte ouest-africaine, stockée dans le nord du Mali, puis convoyée à  travers le désert du Sahara pour ensuite traverser la Méditerranée et envahir le marché européen. Car la «Sahel Connection» a subi un sérieux revers récemment, avec le coup de filet marocain contre des trafiquants qui avaient déjà  transporté 600 kg de coke. «Un pacte entre les narcos colombiens et l’Aqmi est plus que plausible», affirme à  Genève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam). «D’un côté, les cartels de la drogue cherchent la protection de l’Aqmi, qui contrôle de vastes territoires du Sahara, connaà®t le terrain comme sa poche et dispose de complicités dans les polices, les armées et les douanes des pays que traversent les contrebandiers. De l’autre côté, les djihadistes diversifient autant que possible leurs sources de financement. Depuis longtemps, ils sont mêlés aux trafics d’armes mais aussi de sucre entre l’Algérie et le Sahel. Prises d’otages et demandes de rançons sont également devenues un business juteux depuis que l’Allemagne, la Suisse ou l’Espagne ont accepté de passer à  la caisse.» Une arme stupéfiante Mais C’’est bien le trafic de la drogue qui offre les meilleures perspectives. l’Aqmi aurait ainsi déjà  réussi à  engranger des millions et des millions de francs, qui serviront bien sûr à  financer leurs opérations terroristes. Car les liens entre narcotrafiquants et djihadistes ne datent pas d’hier. On se souvient par exemple de l’affaire «Air Cocaà¯ne»: en novembre 2009 un Boeing 727 atterrissait en catastrophe dans un champ de mines du nord malien. Avec à  son bord, paraà®t-il, dix tonnes de coke. Mais la marchandise aurait rapidement été déchargée par un commando de l’Aqmi. Puis l’avion, volontairement incendié. Reste une question: comment des islamistes peuvent-ils mouiller dans le trafic de stupéfiants, alors que pour les musulmans, la drogue est totalement «haram» (illicite)? «Toutes les grandes mosquées ont beau condamner à  la fois la consommation et le trafic, les djihadistes se réfèrent à  la fatwa du mollah Omar», explique Hasni Abidi. «Le chef taliban juge légitime tout ce qui sert à  affaiblir «l’ennemi lointain». La fin justifie les moyens.»

Hama Ag Sid’Ahmed du Mouvement Touareg-Mali : « la présence d’Aqmi profite aux barons de la drogue, à certains officiers et politiques »

Corruption, trafic de drogue, banditisme, terrorisme… La région du Nord Mali est en proie à  l’insécurité. Quelles y sont les responsabilités des Touareg ? Si les autorités maliennes les ont fréquemment pointés du doigt, ces derniers refusent d’endosser le rôle de boucs-émissaires. Pour Hama Ag Sid’Ahmed, le porte-parole et chargé des Relations extérieures du Mouvement touareg-Mali, Bamako a de lourdes responsabilités dans cette situation et l’expansion, en particulier, d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) sur le territoire national. Le ras-le-bol des anciens rebelles maliens est perceptible. Beaucoup se plaignent de plus en plus de l’inertie des autorités du pays face à  l’Aqmi. Afin de pacifier la région du Sahel, les anciens combattants et les cadres politiques du Mouvement touareg du Nord du Mali ont décidé de mener une grande campagne de sensibilisation. Leur but : récupérer les jeunes touareg déviants et lutter contre la présence des terroristes et des trafiquants qui sévissent dans le Nord o๠les médias du monde entier ont focalisé leur attention après l’enlèvement de plusieurs occidentaux. Hama Ag Sid’Ahmed, le porte-parole et chargé des Relations extérieures du Mouvement touareg-Mali, dirigé par le leader de la rébellion Ibrahim Ag Bahanga, revient pour Afrik.com sur les enjeux politiques de l’implantation d’Aqmi dans la région. Afrik.com : Pourquoi l’Aqmi a-t-il choisi le Sahel pour s’implanter ? Hama Ag Sid’Ahmed : Il faut revenir en arrière pour mieux comprendre comment l’Aqmi s’est implanté dans la région du Sahel. En 2003, les barons de la drogue qui gravitaient autour des autorités de Bamako prennent contact avec ce groupe terroriste lors de la prise d’otage d’Européens dans le sud algérien, à  Illizi. Ils les invitent à  s’installer au Mali et à  négocier la libération des otages contre de fortes sommes d’argent. Après la libération des Européens, un deal est passé entre les terroristes et les officiels maliens : l’Aqmi peut circuler discrètement en territoire malien ou le quitter à  condition qu’il ne s’en prenne pas aux intérêts du Mali. Le groupe djihadiste conduit par Ben Moctar s’installe à  Tombouctou et crée des liens familiaux. Les barons de la drogue les aident à  blanchir les sommes versées contre la libération des otages, sous l’œil bienveillant des autorités maliennes. En 2005, la rébellion touarègue éclate dans l’Adrar des Iforas et, en 2006, un accord de paix est signé à  Alger. Les rebelles demandent notamment la mise en place d’unités spéciales pour assurer la sécurité dans les zones nomades. Finalement, tout est rejeté en bloc et les terroristes prennent racine. Afrik.com : Pourquoi l’accord de paix n’a-t-il pas normalisé la situation ? Hama Ag Sid’Ahmed :Il s’agit juste d’un marché de dupes. Les Touareg qui souhaitent une paix définitive dans la région ont fini par se replier sur eux-mêmes. Désormais la stratégie de Bamako se précise : contrer les revendications touarègues par la présence des terroristes, et réussir ainsi à  remettre en cause l’accord de paix. Pendant ce temps là , l’Aqmi a le champ libre et peut créer des antennes locales de recrutement, de renseignement et blanchiment d’argent, provenant des rançons. La cohabitation entre l’Aqmi avec les casernes maliennes est ordinaire. Certains officiels politiques et militaires maliens y trouvent leur compte. Des patrouilles militaires sortent pour des missions bidons afin de vendre uniquement des munitions à  l’Aqmi. Les politiques se transforment en négociateur lors de la libération des otages pour acquérir la reconnaissance de l’Etat malien, celle des ravisseurs, mais surtout bénéficier de certaines largesses financières de l’Aqmi. Ce groupe terroriste est devenu en une année très important et puissamment armé. Cette « ascension » n’aurait pas été possible dans le sud algérien. l’armée n’aurait pas permis à  l’Aqmi de faire de la promotion. Pour ce groupe terroriste, le Sahel est la terre promise, le territoire le plus fertile car les Etats sont fragiles, la corruption est extrême. Afrik.com : Quelle est la position des Touareg face à  ce groupe terroriste ? Hama Ag Sid’Ahmed : La position des Touareg est claire par rapport à  l’Aqmi. Ils avaient demandé la mise en place d’unités spéciales dans l’esprit de l’accord, une insertion des Touareg dans la vie civile et politique. Bamako n’a pas réagi. En janvier 2010, l’ensemble des sensibilités du Mouvement touareg se sont réunies à  Alger. Elles avaient demandé aux autorités maliennes de revenir sur les engagements. Bamako a tout simplement ignoré cet appel. Plus récemment encore, du 31 au 1er novembre 2010, les membres d’une douzaine d’associations touarègues dont les membres fondateurs sont tous des jeunes cadres touarègues ont tenu une grande rencontre dans la ville de Tombouctou. Ils avaient dénoncé le chaos créé par Bamako et la responsabilité historique et l’Etat malien dans les régions Nord du Mali. Malheureusement, cette rencontre s’est terminée par une conclusion alarmante : l’arrestation des deux jeunes cadres touarègues à  Tombouctou, emprisonnés à  la prison de Bamako. Pour le moment, les Touareg font le constat de la situation. Ils tentent de se faire entendre de la communauté internationale pour prendre en charge le devenir de ce territoire qui n’est plus vivable dans la situation présente. Afrik.com : Existe-t-il des liens entre l’Aqmi et les Touareg ? Hama Ag Sid’Ahmed : Je ne dis pas qu’il n’y a pas un lien entre des Touareg et le groupe djihadiste. Certains sont tentés par les facilités offertes par l’Aqmi, la seule entreprise au nord qui fonctionne et gagne tous les marchés sans faire de l’investissement. Mais cela reste très infime. Nous savons que les autorités maliennes ont fait en sorte que les jeunes soient tentés par toutes ces activités illicites. Les jeunes, abandonnés par l’Etat et aussi souvent par leurs responsables politiques et militaires touareg, ne savent plus vers qui se tourner. Alors, certains ne se posent plus la question. Ils constatent que certains responsables politiques et militaires, y compris les autorités centrales maliennes, rencontrent l’Aqmi et font des affaires avec ce groupe. Si des solutions ne sont pas trouvées, la situation pourrait s’aggraver. l’exemple doit d’abord venir des responsables politiques et militaires maliens. Récemment, le Mouvement Touareg sur le terrain a mené une grande sensibilisation auprès des jeunes pour les récupérer. Il a bien avancé. On pourrait encore aller plus loin si les Touareg avaient les moyens nécessaires Il suffit de s’y mettre, de leur en offrir l’opportunité et qu’ils profitent aussi de cette opportunité. On ne peut pas se passer des Touareg si on veut réellement mener une lutte efficace contre les groupes terroristes dans la région sahélo-saharienne. Afrik.com : Pourquoi les autorités maliennes sont-elles réticentes à  une aide des Touaregs pour lutter contre le terrorisme ? Hama Ag Sid’Ahmed : Les autorités maliennes ne donneront pas les moyens nécessaires aux Touareg pour lutter contre les groupes armés de l’Aqmi. Pour Bamako, les Touareg bien équipés pourraient retourner leurs armes contre l’armée malienne. Les autorités militaires et politiques maliennes ont trop peur de les équiper ou de leur donner des moyens militaires nécessaires pour chasser les terroristes de la région. N’oublions pas aussi que la présence de l’Aqmi profite aux barons de la drogue, à  certains officiers et politiques. Par ailleurs, il y a cette culture de la méfiance que cultive Bamako depuis l’indépendance à  l’égard des communautés du Nord malien. Une méfiance permanente. Un rejet de l’autre qui est d’ailleurs à  l’origine de tous les conflits armés et politiques entre les Touareg et le pouvoir en place.

Aqmi, un business à désert ouvert

Les prises d’otages occidentaux menées par ou pour Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahara, C’’est aussi du business. Un business rentable. Les renseignements maliens estiment à  50 millions d’euros les montants versés dans le Nord-Mali entre 2003 et 2010, au rythme moyen de deux prises d’otages par an – un tempo qui s’accélère depuis deux ans. Selon un responsable de la police malienne, «des voyous sont en train de se spécialiser dans le rapt d’étrangers pour les revendre à  Aqmi». Chaque Européen enlevé par des complices d’Al-Qaeda serait «revendu» aux terroristes pour des tarifs allant de 15 000 à  300 000 euros. Les ressortissants américains et britanniques ne sont pas visés, puisque leurs gouvernements refusent de payer des rançons. Les sommes versées par certains pays européens, en revanche, se comptent en millions d’euros. Elles sont livrées en billets de banque dont l’authenticité est minutieusement vérifiée par Aqmi. Pluie d’argent. Le 23 août, deux otages espagnols ont été libérés en échange d’une forte rançon et de la libération «d’Omar le Sahraoui», un homme d’Aqmi de nationalité malienne, détenu en Mauritanie. Le quotidien espagnol El Mundo, citant un conseiller du gouvernement algérien, a évoqué un montant de 7 millions d’euros. Autrement dit, une pluie d’argent dans le désert et des zones de grande pauvreté o๠seules deux activités légales sont possibles : l’élevage ou le tourisme. Le magot, une fois reçu, serait caché très loin des lieux de libération effective des otages. Il servirait à  enrôler de nouvelles recrues, à  payer les intermédiaires qui négocient la libération des otages, et à  acheter des armes, au Tchad ou auprès de marchands qui font le déplacement jusqu’aux hommes d’Aqmi. A Bamako, l’organisation est soupçonnée d’investir dans le foncier, en achetant terrains et villas. Ses chefs ont d’abord été des bandits. l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, 38 ans, était contrebandier avant de devenir l’émir d’un mouvement terroriste algérien, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Marié à  une femme touarègue, il est connu au Mali sous le nom de «Laouer» («le Borgne») et pour son profil de caà¯d. «Il est d’abord et avant tout intéressé par l’argent, même s’il se radicalise de plus en plus», affirme un diplomate européen. Quant à  Abou Zeid – l’homme qui détient depuis le 16 septembre les sept employés d’Areva et Satom enlevés à  Arlit -, C’’est lui aussi un ex-trafiquant du Sud algérien ayant versé dans le terrorisme. A la tête d’une autre katiba (phalange) d’Aqmi, il affiche une ambition plus clairement politique que celles de Belmokhtar. Deux otages sont morts entre ses mains : le Britannique Edwin Dyer, en juin 2009, et le Français Michel Germaneau, en juillet dernier. Selon un diplomate, les rivalités internes d’Aqmi rendent la gestion des prises d’otages de plus en plus difficile. Les katibas du mouvement, qui se réclame d’Al-Qaeda depuis le 11 septembre 2006 et a revendiqué plusieurs attentats sanglants à  Alger, opèrent sous l’égide plus ou moins lâche d’Abdelmalek Droukdel, 40 ans, chef de l’ancien GSPC. Au départ, ils étaient une centaine de membres, avec un noyau central issu du maquis algérien, dont quelques-uns ont été formés en Afghanistan et beaucoup recrutés en Mauritanie. Désormais, les chefs ne sont plus seulement algériens et le mouvement a pris racine au Mali. Le quatrième émir d’Aqmi, Abdelkrim, est notamment un imam touareg de nationalité malienne. l’organisation, qui compte entre 450 et 500 hommes – au tiers des Mauritaniens -, recrute partout : dans le désert, parmi les migrants africains qui tentent le passage vers l’Europe, mais aussi dans les mosquées de la sous-région, en repérant les fidèles les plus assidus et en leur proposant de l’argent. «On rejoint Aqmi pour trois grandes raisons, note un connaisseur du dossier : par nécessité le plus souvent, par conviction parfois, ou pour jouer les Rambo.» Age moyen de 25 ans. Les combattants, dont l’âge moyen tourne autour de 25 ans, communiquent entre eux en arabe et en anglais. Plusieurs nationalités africaines cohabitent donc au sein d’Aqmi : Algériens, Mauritaniens, mais aussi Marocains, Maliens, Nigérians, Ivoiriens, Burkinabés et Camerounais. «C’’est un Sénégalais formé en Arabie Saoudite qui traduit en arabe les bulletins de Radio France Internationale», affirme Serge Daniel, le correspondant de la radio française et de l’AFP à  Bamako. Selon des sources diplomatiques, Aqmi ne compte aucun élément non africain – ce que conteste un journaliste malien, qui affirme avoir vu dans les environs de Kidal (est du Mali) un Pakistanais et un Indonésien liés à  Aqmi. Dans l’espace propice à  l’illégalité que représente le désert, des formes diverses de criminalité se superposent. Migrants, cigarettes, armes, drogue… Même les denrées alimentaires font l’objet d’une contrebande entre l’Algérie et le Mali. Aqmi ne se mêlerait pas du trafic de cocaà¯ne, mais pourrait prélever un droit de passage. Selon Yvan Guichaoua, chercheur d’Oxford, spécialiste des groupes armés de la région, l’habillage islamiste d’Aqmi cache aussi des trafics lucratifs. «Ces hommes sont perçus à  Tamanrasset comme les plus grands fraudeurs, disposant des meilleurs 4 x 4», explique-t-il. Si toute la communauté touareg du Mali ne peut pas être considérée en bloc comme complice, l’argent des rançons est largement redistribué dans le désert. A Kidal, dernière ville du pays avant la frontière algérienne, réputée être le fief d’Aqmi, des villas aux allures de palace ont été construites ces dernières années, et des 4 x 4 rutilants circulent dans les rues sablonneuses. «Aqmi est en immersion dans la population, explique le patron d’un journal malien. Ces gens sont devenus malgré nous nos parents, et il n’est pas possible de les dénoncer. Si je donne ma fille à  un combattant d’Aqmi qui me met dans un confort relatif, je n’irai pas le livrer à  un Etat qui n’a jamais rien fait pour moi.» l’absence de perspectives pour les jeunes et la faiblesse des programmes de développement jouent en faveur du mouvement. Pas «clean». Les intermédiaires qui servent à  négocier la libération des otages sont officiellement des notables et des élus touaregs, mais ils ne sont pas «clean», selon un haut responsable de la police : «On ne connaà®t pas la nature de leur contact avec Aqmi, ni en amont ni en aval des prises d’otages.» Iyad Ag Ghali, l’intermédiaire actuel entre les autorités maliennes et l’émir Abou Zeid, est un homme qui montre plusieurs visages : chef rebelle dans les années 90, il est toujours donné comme «marchand d’armes» par les renseignements d’un pays voisin du Mali. Il a œuvré à  la libération de plusieurs otages, de 2003 à  2007, avant d’être nommé premier conseiller au consulat du Mali à  Djedda, en Arabie Saoudite, d’o๠il est revenu il y a seulement quelques mois. Iyad Ag Ghali est aussi prêcheur, au sein d’une dawa (mission prosélyte) pakistanaise installée depuis les années 90 au Mali. Rien à  voir avec une quelconque radicalisation de l’islam touareg : «Cette dawa est pacifiste, non politisée, adepte d’un islam introspectif et non jihadiste», explique une spécialiste de l’islam malien. La présence d’Al-Qaeda au Maghreb change surtout la donne en pays touareg sur le plan financier. «Les jeunes ne sont plus seulement les obligés de leur chef militaire touareg de l’ex-rébellion, note un officier de l’armée de l’air malienne. Il y a des opportunités d’affaires, et ça rajoute à  la pagaille. On tombe sur des situations absurdes, comme un simple berger qui possède un téléphone Thuraya.» Cet appareil satellitaire permet de communiquer partout, sans être repéré. Le même berger, quand il voit une colonne de véhicules passer, peut aussi bien prévenir des bandits touaregs que des trafiquants algériens, des membres d’Aqmi, l’armée mauritanienne, les services algériens ou une combinaison fluctuante de ces différents interlocuteurs…

ATT au sommet de Montreux : La position du Mali sur la question terroriste

Le président de la République, Amadou Toumani Touré était fortement sollicité par les médias européens lors du XIIIè sommet de la Francophonie qui s’est déroulé le week-end dernier à  Montreux en Suisse. l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne avec son corollaire de prises d’otages, de trafics de drogue et d’êtres humains n’est certainement pas étrangère à  ce grand intérêt pour notre pays. Le chef de l’à‰tat a donné des interviews à  plusieurs chaà®nes de télévision et de radio dont TV5, France24 et RFI. Ses éclairages étaient très attendus. Le Mali est-il laxiste dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne voire le maillon faible de la chaà®ne ? Le contact a-t-il été établi avec les ravisseurs des sept otages retenus actuellement par Al Qaà¯da au Maghreb islamique ? Quelles sont leurs revendications ? A-t-on des preuves de vie de ces otages ? Quel est le rôle de la France dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne ? Voilà  autant de questions auxquelles le président Touré a apporté des réponses précises. Il a expliqué l’approche du Mali sur la paix et la sécurité dans la bande sahélo-saharienne. Une approche qui ne repose pas que sur le « tout sécuritaire ». Elle se fonde aussi et surtout sur le développement local. l’approche du Mali est malheureusement mal interprétée par certains médias étrangers dont les articles prêtent à  confusion. « Je pense que les terroristes n’ont pas une adresse postale indiquée.Je pense aussi que malgré tous les efforts que nous avons fournis, nous ne savons pas pour le moment o๠se trouvent exactement les otages (5 Français, un Togolais et un Malgache, Ndlr). Par contre, je peux confirmer que les otages sont dans la bande sahélo-saharienne ». Le chef de l’à‰tat a précisé que le Mali ne connaà®t pas non plus les revendications des ravisseurs des sept otages. « Nous avons réaffirmé notre volonté, notre engagement au président Nicolas Sarkozy, d’abord au plan humanitaire et ensuite au plan de l’amitié qui nous unit à  la France. Nous ne pouvons pas être indifférents au sort des personnes qui ont été enlevées dont une femme », a-t-il indiqué. Mauvais procès Le président Touré pense qu’on fait un mauvais procès au Mali lorsqu’on l’accuse d’être le maillon faible dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace sahélo-saharien. « Il n’y a pas de chaà®ne. Comment voulez vous donc qu’il y ait un maillon ? Je pense que C’’est trop facile d’accuser. Pendant deux ans, nous nous sommes battus seuls contre les terroristes et avec tout que cela implique au plan de l’effort de guerre et au plan des pertes en vies humaines. Mais nous avons tiré les conclusions depuis 2006 qu’il existe une somme de menaces, dont le terrorisme, qui sont en train d’envahir la bande sahélo-saharienne. Au Mali, la bande s’étend sur plus de 650 000 kilomètres carrés. C’’est pourquoi nous avons proposé aux autres pays concernés d’organiser une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la zone », a-t-il précisé. Répondant à  une question relative à  l’intervention des forces mauritaniennes dans la région de Tombouctou, il a déclaré que le Mali et les autres pays se sont entendus pour éviter une sanctuarisation de ces groupes terroristes. « Nous nous sommes dits : accordons nous le droit de poursuite. La Mauritanie a fait usage de ce droit de poursuite qui a ses règles militaires. La dernière mission que la Mauritanie a effectuée au Mali a été largement accompagnée par l’armée malienne et je pense qu’elle a été un succès », a dit le chef de l’à‰tat. Sur la question quant à  la capacité d’intervention de l’armée malienne, le président Touré a été clair : « Notre armée est prête et celui qui vous parle est un Général d’armée. Je connais sa valeur et les moyens dont elle dispose ». Amadou Toumani Touré a réaffirmé que la lutte contre le terrorisme nécessite une coopération franche et sincère des à‰tats de la bande sahélo-saharienne. »Je pense que le maillon faible de l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, est le déficit de coopération sous-régionale. Heureusement cette coopération commence à  se concrétiser », a ajouté le président Touré. Il a tenu à  lever les suspicions sur les relations entre notre pays et le voisin algérien, en assurant qu’il n’existe aucun malentendu entre les deux pays. Il a indiqué que d’ailleurs, des militaires maliens se trouvent en poste à  l’état-major de coordination entre les armées (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) établi à  Tamanrasset en Algérie. Le président de la République estime que la France joue son rôle dans la lutte contre les terroristes dans l’espace sahélo-saharien.  » La France nous aide dans la formation de nos militaires, et dans leur équipement. Cette coopération s’est renforcée depuis plus d’une année », a révélé le chef de l’Etat.

Mauritanie : un forum National sur le terrorisme à Nouakchott

Les réunions et discussions sur le terrorisme se multiplient un peu partout dans la sous-région. Après la rencontre des experts du G8 à  Bamako, au tour de la Mauritanie d’organiser un forum, o๠le président Ould Abdel Aziz a réaffirmé sa détermination à  intensifier la lutte contre al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). L’appel d’Amadou Toumani Touré, semble avoir été entendu par ses voisins et homologues, qui reconnaissent là  sa sagesse d’esprit en la matière. Mot d’ordre, la concertation. Ouvert dimanche 24 octobre, le forum sur le terrorisme, va durer cinq jours et réunira des personnalités religieuses, des partis politiques, des membres de la société civile et du monde de la culture. Plusieurs partis de la Coalition de l’opposition démocratique (COD) ont décidé de le boycotter, mais son chef, Ahmed Ould Daddah, était présent à  l’ouverture du forum aux côtés d’autres opposants, rapporte RFI. Toutefois, selon RFI, la Mauritanie a toujours été engagée dans la lutte, mais de la manière forte. On se rappelle les derniers raids orchestrés contre AQMI, l’un en juillet et l’autre en septembre 2010, des opérations censées protéger l’intégrité du territoire national contre l’infiltration de terroristes armés, aux portes du désert saharien. Cependant, le raid de Juillet, en collaboration avec la France a tourné au drame, entraà®né la mort de soldats mauritaniens et conduit à  la mort de l’otage Michel Germaneau, tandis qu’Ould Abdel Aziz, affirme désormais : « Mais la confrontation armée ne peut être l’unique réponse au terrorisme ». Mot d’ordre: la prévention armée Mieux, le président mauritanien, joue désormais la carte de la prévention, lui connu pour ses positions plutôt radicales, mais aujourd’hui, il semble avoir mis de l’eau dans son vin. Et de déclarer :  » « J’exhorte tous nos citoyens à  considérer cette situation dangereuse, a déclaré le président Abdel Aziz, et à  savoir qu’ils sont visés dans leur croyance islamique tolérante, leur sécurité, leur vie et celle des générations à  venir ». Un appel lancé à  la jeunesse mauritanienne, première cible des recruteurs salafistes, un phénomène qui touche également les Touaregs du Nord Mali. AQMI n’a pas fini de faire parler, mais aujourd’hui, la stratégie des pays de la bande sahélo-saharienne, concernés par le phénomène du terrorisme, est différente et penche plutôt vers la diplomatie, la concertation que l’attaque armée. Pour quels résultats ?

« Aqmi est le premier employeur au nord du Mali »

Dans votre livre, vous décrivez la montée en puissance d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique. Depuis plusieurs années, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), qui est né en Algérie, a tenté de recruter en Tunisie, au Maroc ou en Libye. Des salafistes venus de différents pays maghrébins ont rejoint le GSPC au début des années 2000. Ces recrues n’étaient pas nombreuses et le GSPC a voulu passer à  une autre dimension pour augmenter ses effectifs. Le groupe a donc choisi de se donner une image plus régionale, en intégrant dans sa stratégie l’idéologie d’Al-Qaà¯da. à€ propos des deux chefs d’Aqmi, Droukdel et Belmokhtar, vous allez à  l’encontre de l’idée selon laquelle, le premier serait un « pur » islamiste et l’autre un chef de bande. Je m’étonne de la facilité avec laquelle les médias ont intégré dans leurs analyses la propagande des à‰tats du Maghreb et du Sahel, qui ont intérêt à  vider de toute substance idéologique ou religieuse les groupes d’Aqmi, afin de les réduire à  de simples groupes de bandits. Ce sont des terroristes et des intégristes. l’autre soir, lors de l’émission Complément d’enquête, l’ancien otage français Pierre Camatte a confirmé que ses ravisseurs étaient bel et bien des islamistes, une espèce de moines guerriers, pour utiliser une terminologie occidentale. En France comme à  l’étranger Selon vous, la prise d’otages au Niger et la menace d’attentats qui pèse sur la France a déjà  eu un précédent : l’affaire de l’Airbus d’Air France et la vague d’attentats de 1995. J’ai observé, depuis le 24 juillet dernier sur les forums djihadistes, un discours qui ressemble étrangement à  celui que l’on pouvait lire ou entendre après l’intervention du GIGN sur l’aéroport de Marignane, pour libérer les otages de l’Airbus détourné à  Alger en décembre 1994. Cette affaire a été suivie en 1995 par la vague d’attentats qui a touché Paris. Certains spécialistes opérationnels français ont, eux aussi, fait ce rapprochement. Aqmi veut s’attaquer ainsi aux intérêts français, à  l’étranger comme en France. Votre livre confirme que le Mali est bel et bien le chaà®non faible dans la lutte contre Aqmi au Sahel. La situation économique ou politique, la faiblesse de l’armée malienne peuvent l’expliquer. Il y aussi une absence de volonté politique de s’attaquer au problème. Le pouvoir malien ne se sent pas concerné par Aqmi et ses pratiques. On remarque que, depuis 2003, tous les otages, quel que soit l’endroit o๠ils ont été capturés, ont été retenus prisonniers dans le nord du Mali, véritablement sanctuarisé par les terroristes. Les négociations se déroulent sur le territoire malien. C’’est aussi dû aux liens noués entre les salafistes et les tribus locales. Abou Zeid ou Belmokhtar ont épousé des femmes de cette région. Aqmi opère aussi une redistribution des richesses engrangées grâce aux rançons et à  différentes activités. Aqmi est devenu le premier employeur au nord du pays, ce qui explique qu’il a pu ainsi obtenir de nombreuses complicités. Avoir une ligne ferme Que peut faire la France ? Payer des rançons n’est pas une solution. Je ne veux pas dire que la vie humaine ne vaut rien, mais en donnant de l’argent, on ouvre la voie à  tous les chantages. On valide un fond de commerce et dans six mois, les preneurs d’otages recommenceront. Je pense qu’un à‰tat doit avoir une ligne ferme et envoyer un message clair aux ravisseurs en fixant les limites qu’il ne peut franchir. Existe-t-il un « front intérieur » d’Aqmi en France ? Il y a des sympathisants dont le nombre est estimé, selon les services spécialisés, entre 250 et 300 personnes. Mais combien sont-ils capables de passer à  l’action ? Ceux qui représentent un danger sont entre 30 et 40, et ils sont connus et surveillés. Le danger pourrait plutôt venir de membres d’Al-Qaà¯da recrutés en Afghanistan ou au Pakistan ou au Sahel, aguerris au combat et au maniement des explosifs. Ils pourraient s’infiltrer en France et recevoir un soutien logistique de sympathisants. Il y a un autre danger : que les membres d’Aqmi agissent dans des pays voisins, comme l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne ou les Pays-Bas, o๠des réseaux passeraient à  l’action. Propos recueillis par Raymond Couraud LIRE Al-Qaà¯da Maghreb islamique par Mohamed Sifaoui. à‰ditions Encre d’Orient : 21€

Otages au Sahel : Inquiétudes sur leur sort

Dernières nouvelles « Ce qu’on peut savoir c’est qu’ils sont en bonne santé », a annoncé le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, depuis la Suisse, o๠il participe au sommet de la Francophonie. Il était interrogé par la chaà®ne de télévision TV5Monde au sujet de nouvelles éventuelles des otages et de leurs ravisseurs. Depuis, le quai d’orsay déplore un manque de contact avec les ravisseurs, ce qui crée l’inquiétude. C’est le 21 septembre dernier qu’Aqmi a revendiqué l’enlèvement (nord du Niger) de cinq Français, d’un Togolais et d’un Malgache, pour la plupart des collaborateurs du groupe nucléaire Areva. Ensuite, une information a circulé sur le fait que les ravisseurs auraient demandé 1 millions d’euros par otage ? Ce que dément l’Elysée. Et la France aurait t-elle répondu favorablement à  cette demande, après la méthode musclée, qu’elle privilégiait jusque là  ? Questionné sur les contacts avec les ravisseurs, M. Kouchner a indiqué: « tout notre dispositif est prêt, nous sommes à  l’écoute, mais pour le moment on ne peut pas dire qu’il y ait de contacts ». rapporte l’AFP. Et pourtant, les autorités françaises ont fait savoir qu’elles étaient prête à  négocier avec Aqmi pour obtenir la libération de ces otages. Mode opératoire habituel AQMI opère toujours de la même manière. Elle kidnappe dans une zone et ramène ses victimes dans le vaste désert malien. Les rapts se font généralement en Mauritanie et au Niger et les cibles potentielles sont la plupart du temps, des occidentaux. Parfois, AQMI rachète les otages aux mains de petits groupes armés (touaregs, arabes…). C’’est un commerce juteux qui leur permet de se renforcer au fur et à  mesure et chacun y gagne. Les rançons qui ne sont bien évidemment pas de petites sommes, permettent aux islamistes de s’armer lourdement et garnir leur stock à  chaque opération. C’’est probablement ce qui incite les voisins algériens à  décrier le dialogue avec « ces terroristes » et prioriser la manière forte, notamment les interventions armées. C’’est justement sur ce point que l’Algérie et le Mali n’arrivent pas s’accorder. l’on sait que le président malien a toujours prôné le dialogue au lieu de la lutte armée. En témoigne la récente rébellion de 2008 au nord du Mali avec le chef rebelle touareg Mohamed Ag Bahanga. La méthode, si elle a donné des résultats conséquents ayant aboutis à  la baisse de tension au nord Mali, a eu cependant des effets désastreux. La solution la plus durable et la plus efficace reste l’union des pays ayant le désert du Sahara en partage : Mauritanie, Algérie, Niger et Mali. Aucun de ces pays à  lui seul, ne pourra arrêter les actions des islamistes armées. C’’est justement dans le but d’harmoniser leurs forces qu’une rencontre s’est tenue il y a quelques jours à  Bamako avec les experts du G8. L’aide du Mali Selon des sources maliennes et françaises, les otages sont détenus dans des collines désertiques du Timétrine, dans le nord-est du Mali, à  une centaine de kilomètres de l’Algérie, indique l’AFP encore. Oui, le Mali reste la zone de détention par excellence des otages d’Aqmi, qui n’en est pas à  sa première prise d’otages. Le président malien avait appelé à  la clémence des ravisseurs récemment, sur une chaà®ne de télévision étrangère suite à  l’état de santé dégradé de l’un des otages. Son message a t-il été entendu par les ravisseurs ? Pour la France, l’équation est plus dure : garder le cap sur les négotiations qui tardent à  se faire ou envisager une riposte armée, une solution qui s’était révélée inefficace en entraà®nant la mort de l’otage Michel Germaneau. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’AQMI aime à  fixe les règles du jeu, se dévoiler ou brouiller les pistes dans ce jeu de kidnapping. En gardant le silence, l’organisation terroriste au Maghreb islamique veut montrer qu’elle mène le jeu. Reste à  prier pour la vie et le sort des otages.

Quand AQMI met les projets de développement en souffrance

Menace prise au sérieux La mesure dite sécuritaire prise par Razel et Satom est consécutive à  la décision du Quai d’Orsay de rapatrier tous les ressortissants français après les menaces proférées par AQMI suivies de l’enlèvement de cinq Français, travaillant au compte de la société Areva au Niger. La menace est prise très au sérieux à  Paris. Ce qui expliquerait le rapatriement définitif de la trentaine d’expatriés des entreprises Razel et Satom courant semaine dernière à  Alatona, localité située à  environ 400 km de Bamako, dans la région de Ségou. Les deux sociétés françaises procédaient à  l’aménagement de plaines agricoles dans le cadre du projet Millenium Challenge. Le départ des expatriés français a d’ores et déjà  eu pour conséquences immédiates un arrêt provisoire des chantiers. A l’heure actuelle, en effet, les activités sont suspendues, le temps de revoir l’organigramme. Les directions respectives des deux sociétés ont en effet décidé de suppléer les Français par des nationaux maliens. Les activités reprendront dans les jours à  venir, confie-t-on. Incompréhension des populations A Alatona, l’on s’interroge sur l’opportunité de la décision du Quai d’Orsay. Après tout, dit-on, le site en question est très loin du théâtre des opérations. Les enlèvements sont, jusqu’à  ce jour, survenus dans le Septentrion, voire dans les limites frontalières de la Mauritanie et de l’Algérie. Aussi, la zone de Diabaly est parmi les plus sécurisées de la région puisque abritant un camp militaire. Une opération de kidnapping serait suicidaire pour les auteurs, pense-t-on ici. Ceci n’est évidemment pas l’avis du Quai d’Orsay au regard de l’enlèvement des Français survenu jusque dans la capitale nigérienne, Niamey. A Bamako, la communauté française montre des signes d’énervement. Consulat, ambassade et aussi les particuliers ont entrepris de renforcer la sécurité sur leurs sites respectifs. Rappelons qu’à  l’heure actuelle, les cinq otages français restent détenus au Mali au moment o๠s’ouvrent les négociations conduites par Bamako.

Sécurité au Sahara : L’union fait la force

Le Mali, le Niger, la Mauritanie et l’Algérie restent impuissants face aux menaces terroristes dont ils font continuellement l’objet. Depuis deux ans, des occidentaux sont sujets à  des enlèvements revendiqués par l’organisation islamiste Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Les otages quelque soit leur lieu d’enlèvement, sont toujours amenés au nord du Mali, parce que n’étant pas sous le contrôle de l’Etat. La raison de ce désintérêt de l’Etat malien réside dans les accords d’Alger signés en 2006. Un accord ayant mis fin à  la rebellion armée entre Touaregs et armée loyaliste. Ils ont convenu que la gestion du nord du Mali qui est le fief des touaregs, reviendra à  ceux-ci. Ainsi, l’Etat commencera à  se retirer petit à  petit de la zone. Un retrait qui entrainera l’implantation de certains réseaux terroristes dont AQMI, l’implantation du commerce de la drogue, des personnes et autres marchandages illicites. Le désert malien deviendra alors le champ de prédilection des bandes armées. Début des enlèvements En 2008, le Mali connait son premier kidnapping. Des touristes européens sont enlevés cette année là  par l’organisation islamiste. A la suite de cela, plusieurs autres enlèvements de touristes, humanitaires, hommes d’affaires… étrangers pour la plupart (européens en particulier) se multiplient. Ils deviennent ainsi les cibles potentielles des islamistes. Et depuis quelques mois, le Mali est devenu un sens interdit pour les français en particulier et les ressortissants de l’union européenne en général. Cette décision fait suite à  la menace proférée par AQMI, de s’attaquer à  tous les ressortissants français de la zone à  cause du raid franco-mauritanien visant à  libérer le défunt Michel Germaneau. AQMI y perdra sept de ses hommes sur le terrain. L’Union fait la force Le 16 septembre dernier, cinq employés français et deux africains du géant nucléaire français Areva ont été enlevés à  Arlit (Niger), le site concentrant la majorité des interventions d’Areva. Ils seraient présentement au nord Mali. A ce que l’on sache, les négociations n’ont pas encore commencé. Cela dit, C’’est fort probable qu’elles aient débuté avec l’implication personnelle de l’Etat français. Le meilleur moyen pour lutter contre AQMI reste incontestablement, l’union entre les pays du Sahara. Il faudrait que les forces de sécurité des différents Etats unissent leur forces pour lutter efficacement contre Al Qaeda. Pour l’instant, les pays peinent à  se comprendre sur les techniques de défense et de lutte contre AQMI. Par ailleurs, il est probable que l’ancien ministre malien de la défense Soumeylou Boubèye Maiga, fin connaisseur du sahel, soit bientôt en charge du dossier. Une réunion doit se tenir à  Bamako à  la mi-octobre.

Terrorisme au sahel : Les otages français vont bien

Incompréhension AREVA/Gouvernement nigérien Enlevés il y a 11 jours à  Arlyte, principale zone d’intervention du groupe nucléaire français AREVA, les sept employés de ladite société seraient vivant. Rappelons que les otages ont été enlevés à  leurs domiciles dans le nuit du 16 septembre dernier. Les vigiles chargés d’assurer la sécurité des employés auraient été maitrisés et contraints de conduire les assaillants aux otages. Cette opération selon certains septiques, n’auraient pu se faire sans une complicité interne. Par ailleurs, l’on a apprend que le gouvernement nigérien avait proposé de fournir des hommes afin d’assurer le sécurité dans la zone, mais des dissensions s’en sont suivies. Cet avertissement de la junte nigérienne faisait suite à  des menaces d’Al Qaeda au Maghreb Islamique. AREVA a malgré tout préféré prendre des vigiles pour la sécurité de ses employés. Cela dit, ces dispositions n’empêcheront pas les enlèvements de ses employés. Quelques jours après les rapts, AQMI a revendiqué l’acte sur la chaine Aljazira. Mais la France dès les premières heures, avait attribué cela a l’organisation islamiste. Ces rapts sont la suite logique des avertissements d’AQMI contre la France. En effet, après le raid franco-mauritanien mené contre AQMI, dans le but de libérer le défunt otage français Michel Germaneau, celle-ci avait perdu près d’une dizaine de ses combattants. Ayant mal digéré la chose, les islamistes ont alors promis de mener la vie dure à  tous les ressortissants français. Les otages sont en vie Ce lundi matin, une source malienne proche du dossier, affirme que les otages sont tous en vie. Une thèse confirmée hier par la France. Par ailleurs les autorités françaises se disent disposées à  discuter avec les ravisseurs qui de leur côté, n’ont encore rien proposé. Les otages seraient détenus dans le djebel Timétrine (Kidal), au nord-est du Mali. C’’est la zone frontière avec l’Algérie. Cela dit, les spécialistes de la zone appellent à  la prudence car il est difficile de localiser précisément les prisonniers. Ils peuvent être soit en Algérie soit au Mali, vu la mobilité fréquente des ravisseurs. Quatre-vingt soldats français, positionnés à  Niamey au Niger, se relayent pour mener des vols de reconnaissance dans la région afin de localiser plus précisément les otages et leurs ravisseurs. La France est attente d’éventuelles négociations pour la libération de ses otages. Elle attend notamment des preuves palpables de vie de ses ressortissants. Débuteront ensuite les longues tractations. Parmi les sept otages, figurent cinq français, un malgache et un togolais.

Polémique sur la mort de civils durant l’opération mauritanienne contre Aqmi

Après une pause samedi soir, les combats entre l’armée mauritanienne et Aqmi ont repris dimanche dans le Nord du Mali, o๠Nouakchott avait dépêché un avion. « Trois véhicules transportant des terroristes » ont été détruits au cours du raid, a affirmé à  l’AFP un responsable militaire mauritanien, qui a fait état de plusieurs victimes, dont une femme présentée comme « l’épouse d’un terroriste ». Mais au nord-ouest de Tombouctou (nord du Mali), des témoins de l’assaut ont affirmé que deux femmes avaient trouvé la mort. « Je suis actuellement à  l’hôpital de Tombouctou. Deux femmes de notre région sont mortes et quatre hommes sont blessés, après les tirs d’un avion mauritanien ce matin sur leur véhicule », a affirmé Mohamed Lamine Ould Sidate, maire de la localité de Ber (60 km au nord de Tombouctou). Sur RFI, celui-ci témoigne : « l’aviation mauritanienne est passée et a tiré une rafale. Le chauffeur dit que quand il a eu la première rafale, il s’est arrêté et que les gens sont descendus. l’avion a alors fait demi-tour et les a pris pour cible une deuxième fois. Deux femmes sont mortes. La petite a eu les pieds amputés et elle a fini par succomber à  ses blessures à  l’hôpital. Elle avait onze ans. Sa mère aussi est décédée. Une autre femme a été blessée au niveau des cuisses… » Un employé de l’hôpital a, lui aussi, confirmé la mort « par impacts de balles » des deux civiles, dont une mineure. « Guerre sainte contre les terroristes » Pour l’instant, on ne sait pas si les tirs mauritaniens constituent une bavure militaire ou non. Mais ils ont immédiatement fait naà®tre un début de polémique à  Bamako. « Je condamne la mort de civils qui ne doivent en aucun cas être pris pour cible », a déclaré dans la soirée le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale du Mali et député de Gao, Assarid Ag Imbarca-Wane. Selon Nouakchott, l’offensive de ce week-end était destinée à  « anticiper des intentions criminelles » d’Aqmi et n’a aucun rapport avec l’affaire des sept otages enlevés au Niger, qui se trouveraient actuellement dans une zone montagneuse du nord-est du Mali. Le président du parti au pouvoir, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, a appelé dimanche soir tous les Mauritaniens à  soutenir leur armée, engagée dans « une guerre sainte contre les terroristes ». Un groupe différent de celui des otages au Niger à€ Niamey, le porte-parole du gouvernement nigérien, Laouali Dan Dah, a déclaré dimanche soir que le groupe visé dans les combats de l’armée mauritanienne au Mali « n’est pas celui qui avait pris les otages. […] Mais il n’est pas exclu que ce soit un groupe en lien avec le groupe qui a pris les otages », a-t-il ajouté. Plusieurs sources régionales affirment en effet que Yahya Abou Hamame, un lieutenant de l’islamiste algérien radical Abdelamid Abou Zeid, dirigeait, côté Aqmi, les combats contre l’armée mauritanienne. Abou Zeid est considéré comme responsable de l’assassinat en mai 2009 de l’otage britannique Edwin Dyer et de la mort de l’otage français Michel Germaneau en juillet 2010.

Enlèvement : Les otages français seraient au Mali

Le groupe armé qui a enlevé jeudi dans le nord du Niger cinq Français et deux Africains se trouve désormais avec ses otages dans le désert malien, a-t-on appris vendredi de sources sécuritaires nigériennes et algériennes. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a évoqué une responsabilité d’ Al-Qaà¯da au Maghreb islamique. Areva et Vinci confirment Dans un communiqué commun, Vinci et le groupe nucléaire Areva ont précisé que, parmi les personnes enlevées figurent cinq collaborateurs de Satom (filiale de Vinci) et un collaborateur d’Areva ainsi que son épouse. Les deux autres personnes enlevées, travaillant aussi pour la filiale de Vinci, sont un Togolais et un Malgache. Areva, qui emploie 2.500 personnes dans le Niger, dont 50 expatriés, pour l’essentiel des Français, exploite deux mines d’uranium dans le nord du pays, une région particulièrement instable en raison de la porosité de ses frontières avec l’Algérie et le Mali. Le groupe avait déclaré limiter au strict nécessaire les déplacements de son personnel au Niger, o๠avait été enlevé en avril dernier Michel Germaneau, un otage français dont l’organisation Al Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI) a annoncé l’exécution fin juillet. Zone dangereuse Le Niger dispose d’importantes ressources d’uranium, un combustible stratégique pour l’industrie nucléaire. Dans son dernier conseil aux voyageurs actualisé sur son site internet le 31 août dernier, le Quai d’Orsay indiquait que « les menaces d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) contre les ressortissants français doivent être prises très au sérieux. Les risques d’enlèvement dans la bande frontalière avec le Mali, tout particulièrement à  proximité de la région de l’Azaouagh restent élevés », ajoutait-il. La France adapte son plan antiterroriste Vigipirate Le dispositif actuel de sécurité destiné à  prévenir les menaces ou à  réagir aux actions terroristes est au niveau rouge, l’avant-dernier sur l’échelle des risques, depuis les attentats de Londres en 2005. Tout en le maintenant à  ce niveau, le gouvernement a décidé début août de renforcer la vigilance devant les lieux de culte sensibles, les sites touristiques, les espaces accueillant de grands événements, les grands magasins et les centres commerciaux. Des responsables des services de sécurité français ont averti des risques d’actions terroristes après l’annonce de la mort de Michel Germaneau. L’inquiétude s’est accrue avec l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

7 personnes enlevées dans le nord du Niger : les représailles d’Aqmi ?

Ces informations qui ont été relayées sur les antennes de RFI, tourne au grand désarroi de la France qui, encore une fois, voit ses citoyens malmenés. Cependant une question demeure en suspens. Pourquoi c’est la population française qui, apparemment, demeure la proie à  abattre dans ces histoires d’enlèvements. La France doit s’interroger à  plus d’un titre. Les français sont victimes presque de toutes les attaques terroristes perpétrées dans la bande sahélo saharienne. Hier, au cours de son discours à  propos des conseils de défense sur les menaces sahélo-sahariennes, Nicolas Sarkozy s’est engagé à  tout faire pour retrouver ses compatriotes ainsi enlevés au nord du Niger. Mais, comme le dit un éditorialiste malien, « au fond, il ne sait pas exactement o๠il ira chercher ces otages dans l’immense désert que se partagent l’Algérie, le Niger, le Mali, le Tchad, la Libye et la Mauritanie, avec des geôliers extrêmement mobiles de surcroà®t ». En tout cas, pour le moment les assaillants ne se sont pas encore dévoilés. Même si le lourd soupçon pèse sur Aqmi, il n’en demeure pas moins que l’acte soit signé par d’autres groupes terroristes locals à  l’instar des rebelles du MNJ. En effet, ces derniers avaient, eux aussi, déjà  enlevé des citoyens, dans la même zone. Meme si cet enlèvement est fait à  la manière d’Aqmi, il faut signaler que cette organisation terroriste n’est pas encore sorti de son silence. En général, quant elle prend des otages, elle ne parle que si elle est à  l’abri. Ce coup survient juste deux mois après le raid franco-mauritanien contre des bases Aqmi au Nord Mali o๠sept salafistes auraient été tués. Aujourd’hui, la manière dont ces cinq Français se retrouvent entre les mains d’inconnus se révèle bizzare. Est-ce un moyen pour Aqmi de se venger ? La France fera-t-elle à  son armé pour une présence militaire plus soutenue dans la Bande sahélo saharienne ?

Les otages espagnols libérés en échange d’Omar le Sahraoui et d’une forte rançon?

Le prisonnier Malien surnommé « Omar le Sahraoui », condamné à  12 ans de prison ferme pour l’enlèvement de trois humanitaires espagnols, a été extrait de sa prison à  Nouakchott pour une destination inconnue, a affirmé samedi 14 août un responsable de la sécurité. Aucune information officielle n’a été donnée sur les raisons de cette extraction qui a eu lieu vendredi soir, mais l’éventualité de son extradition imminente vers le Mali voisin, en vertu des accords judiciaires liant les deux pays, est évoquée. à‚gé de 52 ans, Omar Sid’Ahmed Ould Hamma est surnommé « Le Sahraoui » pour avoir combattu au sein du Front Polisario pour l’indépendance du Sahara occidental. La Mauritanie l’accusait d’avoir agi comme « mercenaire » pour le compte d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui l’avait payé pour enlever les trois Espagnols sur la route reliant Nouakchott à  Nouadhibou (nord) en novembre 2009. Après la libération de l’une d’entre eux en mars 2010, les deux autres, Albert Vilalta et Roque Pascual, sont depuis retenus au Mali par le groupe de Mokhtar Benmokhtar. Bamako pourrait ainsi accéder dans les prochains jours à  l’une des revendications d’Aqmi, qui réclame l’élargissement d’Omar le Sahraoui contre la libération des deux otages espagnols détenus sur le territoire malien. Chose possible dans la mesure oà¹, pour obtenir la libération de l’otage français Pierre Camatte en février 2010, le Mali avait accepté d’élargir quatre prisonniers présumés terroristes, dont un algérien et un mauritanien. Cette décision prise sous la pression des autorités françaises, le président Sarkozy s’était déplacé en personne, avait suscité l’ire des voisins algérien et mauritanien, qui avaient tous deux rappelé leur Ambassadeur pour consultation, accusant Bamako de laxisme face aux réseaux terroristes. Pourtant, après l’épisode de l’assassinat de Michel Germaneau par Aqmi, qui avait suivi le raid surprise de la Mauritanie et de la France sur le territoire malien le 22 juillet 2010, la position du président malien Amadou Toumani Touré, favorisant la négociation et le paiement de fortes rançons était apparue plus sûre pour obtenir la libération d’otages. Ainsi, le gouvernement espagnol serait prêt à  débourser plusieurs millions d’euros pour que ses deux ressortissants recouvrent la liberté. Selon des sources militaires, la rançon pourrait atteindre 20 millions d’euros. Et cette fois ci, quelques semaines après son raid manqué, la Mauritanie dont l’Ambassadeur n’est toujours pas de retour à  Bamako, ne verrait pas d’inconvénients à  l’élargissement d’un prisonnier islamiste, même Omar le Sahraoui.

Nord Mali : Aqmi exécute un guide douanier

Le mardi 10 Août dernier, la branche islamique d’Al Qaeda au Maghreb avait procédé à  l’enlèvement d’un agent de la garde nationale et un collaborateur de la douane malienne. l’opération s’est déroulée dans la région de Kidal, au nord-est du Mali.Selon une source proche des services de sécurité du Mali, AQMI avait ciblé les deux hommes depuis quelques mois. Ainsi, à  peine deux jours suivant le rapt, Al Qaeda exécute le guide douanier surnommé Merzuk. Les raisons probables de l’exécution Une attaque a été lancée contre AQMI il y a quelques années dans la zone séparant le Mali de l’Algérie. Au cours de cette attaque, à  laquelle avait participé le guide douanier Merzuk, l’homme de main d’un des chefs de l’organisation islamique avait trouvé la mort. l’exécution de Merzuk semble visiblement être une revanche des islamistes qui n’ont pas du tout accepté la perte d’un des leurs. Selon des sources proches du dossier, un document portant la mention d’une ambassade occidentale aurait été retrouvé sur le corps de Merzuk. Cette situation n’a pas du arrangé les choses pour lui car, ses ravisseurs en ont probablement déduit qu’il s’agissait d’un traà®tre au service d’autrui. Quand le passé refait surface Il faut dire que Merzuk était un touareg de la tribu des Tegermet. Dans les années 1990, il avait participé à  l’armée révolutionnaire de l’Azawad, l’un des mouvements rebelles touaregs du Mali à  l’époque. Après le retour à  la paix, il était plutôt redouté et connu pour être proche de certains élus de la région de Kidal. Tout porte à  croire que son passé a refait surface et a contribué à  le précipiter dans le gouffre. Par ailleurs, on est toujours sans nouvelle du second otage, notamment l’agent de la garde nationale.

Opération anti-Aqmi : polémique sur l’enlèvement présumé de deux Maliens

Mais ce n’est pas ce qu’affirment des représentants de la communauté arabe de Tombouctou qui ont porté plainte devant la justice malienne contre les armées française et mauritanienne. La réponse du Quai d’Orsay est catégorique : personne n’a été détenu à  l’issue de l’opération franco-mauritanienne menée le 22 juillet contre un camp d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali. Cette affirmation du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, au cours d’un point de presse, le 30 juillet, faisait suite à  une plainte pour enlèvement déposée à  Tombouctou par une communauté arabe contre les armées mauritanienne et française pour « enlèvement de deux civils maliens ». Affaire potentiellement explosive « Quand les militaires français et mauritaniens sont arrivés dans le campement, après avoir tué ceux qu’ils cherchaient, ils sont allés dans un petit campement pour arrêter, séquestrer et enlever deux civils qui sont Ckeikna Ould Bolla et Rabah Ould Bammoshi », a déclaré Sidy Mohamed Ould Mohamed, élu municipal de Tombouctou et membre de la communauté arabe de cette région. « Ce sont des civils innocents qui ont été enlevés. C’est arbitraire. On exige leur libération », a-t-il ajouté. l’affaire est potentiellement explosive. Car si les faits étaient avérés, cela pourrait conduire certains membres de la communauté arabe à  apporter un soutien direct à  Aqmi (qui jouit déjà  de nombreux soutiens logistiques dans la région), voire à  prendre le maquis. L’armée mauritanienne a mené le 22 juillet avec l’appui de la France un raid contre un camp d’Aqmi en territoire malien, qui a fait sept morts dans les rangs des combattants islamistes, selon les autorités mauritaniennes. Selon la France, l’opération visait à  libérer l’otage français Michel Germaneau, détenu depuis avril par Aqmi qui a annoncé, samedi dernier, avoir exécuté le Français pour venger ses membres tués lors de ce raid. Le gouvernement mauritanien affirme que cette opération avait pour seul objectif de prévenir une attaque d’Aqmi sur son territoire, programmée le 28 juillet. (Avec AFP)

Paris toujours sans nouvelles de l’otage au Mali

Le raid mauritanien mené jeudi contre une unité d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) avec le soutien de la France visait à  libérer Michel Germaneau, a indiqué samedi une source au ministère français de la Défense affirmant n’avoir « aucune preuve de vie » de l’otage. Vingt à  trente militaires français étaient impliqués dans ce raid mauritanien, selon cette même source. D’autre part, l’armée mauritanienne a mené une nouvelle opération visant l’organisation Aqmi, après celle de jeudi, cette fois sans le concours de la France, a précisé cette source. Le flou persistait toutefois sur le fait de savoir si elle était terminée ou non. Cette deuxième opération s’est poursuivie sur la journée de samedi mais elle est désormais terminée et « là  ils sont en train de revenir », a-t-on encore indiqué au ministère français de la Défense. Une source militaire mauritanienne a indiqué de son côté à  l’AFP à  Nouakchott que cette opération menée en territoire malien se poursuivait samedi. « Les opérations de traque et de ratissage se poursuivent contre les camps des terroristes d’Al-Qaà¯da et nous avons pu saisir un nouvel arsenal d’armes, d’explosifs et de munitions », a-t-elle précisé Six membres de la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da ont été tués lors d’un raid mauritanien mené jeudi avec le « soutien technique » de la France. Jusqu’alors, des informations contradictoires circulaient sur l’objectif de ce raid, prévenir une attaque d’Aqmi contre la Mauritanie ou libérer M. Germaneau. Aqmi a menacé d’exécuter l’otage français à  compter de lundi si des militants de cette organisation prisonniers dans la région n’étaient pas libérés. L’inquiétude grandit sur son sort. La dernière preuve de vie date de la mi-mai.

Nord Mali : Le couple d’italiens enfin libre après 4 mois de captivité

Le dimanche 20 décembre 2009, un couple d’italiens en partance pour le Burkina Faso, en passant par la Mauritanie et le Mali, se sont fait kidnapper dans le nord-est de la Mauritanie. Quelques semaines plus tard, la branche maghrébine d’AQMI revendiquera l’attaque après celles du français Pierre Camatte (libéré le 24 février dernier) et des trois humanitaires espagnols (dont une à  été libéré le 10 mars 2010). La fille de l’italien précise que son père connait bien les routes africaines et en particulier ce tronçon qu’il avait l’habitude de parcourir en véhicule. Elle explique que le couple partait au village de la femme Philomène qui est d’origine burkinabé, dans le but de rencontrer la mère et le fils de cette dernière. Le nord du Mali est la zone o๠AQMI amène toujours ses otages après ses forfaits. Et pour cause, l’immensité du désert et son difficile contrôle par les forces de sécurité permet la chose. Les otages en vie après l’ultimatum d’AQMI Deux mois après leur enlèvement, AQMI a lancé un ultimatum d’un mois aux autorités mauritaniennes et italiennes en vue de la libération du couple. Les islamistes demandaient la libération de certains de leurs membres détenus dans les prisons mauritaniennes, en échange de Sergio et Philomène. Cependant, ni l’Italie, ni la Mauritanie ne se sentaient prêts à  céder aux menaces des ravisseurs. Le gouvernement italien a déclaré avant la fin de l’ultimatum, ne pas être en mesure de se plier aux volontés des islamistes à  l’image de la Mauritanie. Le message vidéo de l’italien demandant aux autorités de son pays de faire des concessions afin qu’ils soient libérés sa femme et lui, n’y changera rien. Après l’expiration de l’ultimatum le 1er mars dernier, les otages étaient encore en vie et les négociateurs ont annoncé que leur vie n’est pas en danger malgré une santé fragile. Les otages vont bien Notons que Philomène Kaboré devait être libérée au même moment que l’otage espagnol, mais elle a refusé de partir sans son mari. Elle est donc restée à  ses côtés jusqu’à  leur libération commune dans l’après midi d’hier au nord du Mali. Les autorités maliennes indiquent qu’il n’y a eu aucune rançon versée en échange de ces libérations. Les notabilités locales de la zone auraient joué un grand rôle dans les négociations avec AQMI. Par ailleurs, les islamistes détiennent encore deux humanitaires espagnols kidnappés dans le désert mauritanien depuis le 29 novembre 2009.

Otages au Nord Mali : Philomène Kaboré refuse de partir sans son mari

Au mois de novembre dernier, des humanitaires espagnoles ont été victimes de kidnapping par Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), en plein désert mauritanien. Quelques jours plus tard, suivra le rapt du couple italo-burkinabé Sergio Cicala et Philomène Kaboré. Les otages seront comme dans la majeure partie des cas, entraà®nés au Nord Mali, servant de base aux islamistes. Après moult tractations, les libérations de deux des cinq otages détenus par AQMI ont été obtenues et prévues pour ce mercredi. Mais, à  la surprise générale, il n’y un seul otage sera libéré, notamment, l’humanitaire espagnole Alicia Gamez. La burkinabé Philomène Kaboré n’a pas été libérée. Ce mercredi 10 mars, l’espagnole a recouvré la liberté. On saura plus tard que la burkinabé de nationalité italienne, Philomène Kaboré, a refusé de partir sans son mari. Elle a opposé un refus catégorique face à  la liberté qui s’offrait enfin à  elle depuis plus de trois mois de captivité. Implication Mali/Burkina Faso Une source diplomatique à  Bamako, a indiqué que le président Malien a été sollicité pour la libération des deux otages italiens détenus au nord du pays. Ajoutant qu’ATT serait prêt à  jouer à  la médiation avec en faveur des islamistes. Le Mali a par la suite, usé d’humanisme en contribuant à  la libération de l’espagnole. Mais l’acteur principal de cette libération demeure le burkinabé Blaise Compaoré. Rappelons que Compaoré était en avril 2009, intervenu en faveur de la libération de deux canadiens enlevés au Niger et transférés au nord Mali. C’’est certainement pour ses qualités de médiateur né, que le premier ministre espagnol José Luis Rodrigez Zapatéro a sollicité l’aide du président burkinabé. Procédé burkinabé Le Burkina a procédé par diplomatie. Des émissaires de Mr Compaoré seraient en contact direct avec les différentes branches d’AQMI implantées dans le désert malien. Après avoir calmé le jeu avec les islamistes, ils sont parvenus à  obtenir la libération des otages. Précisons que les opérations actuelles se déroulent avec la participation du gouvernement du Mali. Par ailleurs, des discussions sont en cours pour la libération des quatre autres otages encore détenus par AQMI. l’issue parait prometteuse avec la mobilisation du Mali, du Burkina Faso, de l’Espagne et de l’Italie.

Otages espagnols d’AQMI : deux femmes en cours de libération

La libération prochaine, et c’est imminent, s’accordent les sources, de deux otages détenus par AQMI au Maghreb Islamique, augure t-elle d’une avancée dans la lutte contre AQMI. Philomène Kaboré, 39 ans et l’espagnole, Alicia Gamez seraient même en route pour Ouagadougou o๠elles sont attendues. Le Burkina Faso, principal Négotiateur C’est le Burkina Faso qui s’occupe de cette libération, indique une source au négotiateur Malien. Philomène Kaboré, l’épouse de l’italien Sergio Cicala avait d’abord dans un premier temps refusé d’être libérée, et serait à  présent en voie de retourner dans son pays. Rappelons qu’elle est détenue avec son mari et l’espagnole Alicia Gamez, depuis fin novembre au Nord Mali. Cette dernière serait « entrain d’être conduite en lieu sûr », indique une autre source aux autorités de Madrid.  » Si c’est effectivement le cas, cela serait une bonne nouvelle après Pierre Camatte », exprime Eulalia, journaliste à  Radio Catalunya et au Mali depuis une dizaine de jours, dans l’attente de la libération de sa compatriote. Une information qu’avait plus ou moins relayé la RNE(la radio Nationale Espagnole). Alors que le gouvernement espagnol avait appelé à   » La prudence » et assuré que  » les choses allaient dans le bon sens ». Contrepartie Les terroristes d’ AQMI ont demandé la libération de certains de leurs compagnons de même qu’une forte rançon. Le gouvernement espagnol, a t-il cédé à  la contrepartie pécuniaire et aux requêtes des ismlamistes ? Toujours est-il que l’affaire de ces deux otages est mieux gérée que l’Affaire Camatte qui a occasionné des critiques envers ATT et un refroidissement des relations diplomatiques entre le Mali et l’Algérie et la Mauritanie, après le rappel de leurs ambassadeurs respectifs et un simulacre de procès pour les 4 terroristes libérés en échange de la vie de Pierre Camatte. Sur cette affaire, ATT en a moins dit et évité les déclarations de principes qui l’ont discrédité dans l’affaire Camatte. Son implication semble avoir été tout autre puisque les otages se trouvaient sur le sol Malien et d’autant qu’on avait sollicité son aide. Et cette fois, Madrid semble avoir mené les négotiations avec tact et discrétion. Vers la tenue d’une rencontre à  Alger Cette libération survient au moment o๠l’on évoque une rencontre à  Alger entre 4 Pays, que sont le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger et touchés par les agissements d’AQMI. A t-il fallu cette crise diplomatique et cette libération pour que les voisins du Mali se décident à  un conciliabule, qui dit-on est prévu pour le 16 Mars prochain à  Alger ? Discussions à  suivre…

Affaire Camatte : les quatre erreurs d’ATT

l’affaire Pierre Camatte a connu son dénouement mercredi 24 février, avec la libération de cet otage français détenu depuis novembre 2009. Obtenue après de longues tractations, qui ont abouti à  la libération de quatre islamistes algérien, mauritaniens et burkinabé emprisonnés au Mali, elle a eu pour conséquence le rappel de leur Ambassadeur par Alger et Nouakchott. Cette crise diplomatique avec deux voisins dont nous avons besoin dans la lutte contre le terrorisme révèle les carences du pouvoir malien, le président ATT ayant enchaà®né les erreurs de communication et de posture. Une « affaire personnelle » Avoir dit publiquement, dans une interview réalisée par nos confrères du quotidien français Le Monde en décembre 2009, qu’il faisait de la libération de Pierre Camatte « une affaire personnelle », a été la première erreur du président ATT. Cette phrase malheureuse relayée par tous les médias du monde a renforcé les ravisseurs car elle a fait de facto du président leur interlocuteur privilégié. Certes, il est le chef et C’’est lui qui devra assumer au bout du compte, mais pourquoi s’exposer en première ligne aussi tôt, sous la pression de toute la communauté internationale, alors même que l’issue était très incertaine ? Une volte-face préjudiciable Sans doute pour complaire le voisin algérien et les Etats-Unis, les autorités maliennes ont affirmé haut et fort, et à  plusieurs reprises, qu’elles ne céderaient pas aux exigences des ravisseurs, car libérer les quatre islamistes emprisonnés allait à  l’encontre des principes de la lutte antiterroriste. Mais à  quoi bon bomber le torse et affirmer sa bravoure, si quelques semaines après, on finit par céder et se transformer en avaleur professionnel de boas ? La aussi C’’est le crédit d’ATT qui est atteint, auprès des pays voisins, mais aussi face aux islamistes, qui désormais ne le prendront plus au sérieux. Parodie de justice Plus grave encore, la manière dont les islamistes prisonniers ont été libérés en dit long sur l’idée que l’on se fait de la justice au Mali. l’objectif était sans doute de montrer qu’on ne cède pas face aux islamistes, et que C’’est la justice qui décide. Mais organiser une parodie de procès à  l’aube et à  l’insu de tous, pour condamner les islamistes à  neuf mois d’emprisonnement, soit comme par hasard la durée exacte de leur bail déjà  effectué en prison, a eu justement l’effet contraire. C’’est un crime contre la justice du pays, dont personne n’a jamais cru qu’elle était indépendante, mais qui subit cette fois ci le coup de grâce : une humiliation et un discrédit devant le monde entier, par ceux là  mêmes qui sont censés en être les garants. Comment ATT a-t-il pu s’y résoudre ? Pourquoi n’a-t-il tout simplement pas fait libérer les otages en catimini, comme le font la plupart des autres Etats ? Un hôte embarrassant On comprend l’empressement du Président Sarkozy à  venir récupérer Piere Camatte au Mali. Elle lui assurait un « coup de com » appréciable, au moment ou son impopularité bat des records. Pour ATT l’effet est inverse. Car pour l’opinion publique malienne, se montrer devant les caméras aux côtés de son hôte Elyséen, de passage quelques heures dans la nuit du 24 février, renforce l’idée que C’’est la France qui mène la danse, et que le Mali lui a effectivement cédé. Au lieu de renforcer ATT, ce passage éclair de Sarkozy l’affaiblit. Dans ce cas, ne fallait-il pas oser demander au président français de passer sa route ? En cette année du Cinquantenaire, on se s’interroge sur le moment o๠notre pays deviendra vraiment indépendant… Les quatre erreurs d’ATT révèlent une gestion improvisée et approximative de cette affaire. Certes, nous ne connaissons pas le dessous des cartes, et le contenu exact des négociations. Mais on est tout de même en droit de se demander ce qui pousse le président de la République à  s’exposer autant. Quid du Premier Ministre, des ministres des Affaires étrangères, et de la sécurité intérieure ? Comme pour l’affaire du code de la famille, ATT doit se sentir bien seul… Bien sûr, il fallait tout faire pour éviter qu’un nouvel otage soit tué sur le sol malien. Mais cette mauvaise gestion a pour conséquence d’affaiblir davantage le Président, alors que cinq autres otages européens sont encore détenus dans le Nord. Et ses justifications maladroites au moment de la conférence de presse avec Sarkozy, puis le lendemain chez nos confrères de RFI n’ont rien fait pour arranger les choses. Au contraire, elles montrent l’embarras et le désarroi de Koulouba, le grand perdant de l’affaire Camatte.

Libération des quatre islamistes : l’Algérie rappelle aussi son ambassadeur

Visiblement obtenue sous la pression de Paris, la décision de Bamako risque de compliquer encore la coordination des pays de la région contre la nébuleuse terroriste. La libération de quatre islamistes par le Mali n’en fini pas de faire des remous. Après la Mauritanie ce mardi matin, c’est l’Algérie qui a annoncé le rappel de son ambassadeur à  Bamako pour « consultations ». Il s’agit de protester contre la libération par le Mali de quatre islamistes réclamée par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Prétexte fallacieux Alger a agi « suite à  la décision du gouvernement malien de procéder à  la libération de quatre terroristes qu’il détenait », a déclaré le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères. Qui n’a pas hésité à  qualifier de « prétexte fallacieux » la raison avancée par Bamako pour justifier la libération des quatres hommes. Arrêtés en avril 2009 à  Kidal dans le nord du pays pour détention d’arme de guerre, les terroristes – deux Algériens (Mohamed Ben Ali et Tayed Nail), un Burkinabé (Houti Karito) et un Mauritanien (Beib Ould Nafa) – ont été jugés jeudi 18 février et libérés dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 février, car ils avaient déjà  « purgé leur peine de neuf mois » de prison pendant leur détention provisoire. L’algérien Abou Zeid, émir d’AQMI, menaçait d’exécuter le français Pierre Camatte, qui avait été capturé en novembre 2009 dans le nord du Mali. Un ultimatum avait été fixé au samedi 20 février. La menace avait provoqué l’intervention des autorités françaises dans cette affaire : le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s’était rendu deux fois à  Bamako, les 1er et 13 février. Selon certaines sources maliennes, la France réclamait la libération de Pierre Camatte « par tous les moyens ». Colère d’Alger La virulence de la réaction d’Alger est également liée au regain de tension entre la France et l’Algérie ces dernières années. Les relations diplomatiques entre ces deux pays, déjà  minées par plusieurs affaires comme celles des moines de Tibéhirine ou de l’incarcération du diplomate algérien Mohamed Ziane Hassen, se sont une nouvelle fois crispées après la publication d’une interview de Bernard Kouchner dans le Journal du Dimanche (France), le 21 février. Le chef de la diplomatie française y déclare notamment que les relations entre les deux pays seront « peut-être plus simple » après le départ de « la génération de l’indépendance algérienne », actuellement au pouvoir. Le ministre, ainsi que le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, se sont d’ailleurs rendus à  Alger le 21 février pour tenter d’aplanir les différends franco-algériens. Apparemment sans grand résultat. Mais surtout, la mésentente entre Alger et Nouakchott, d’une part, et Bamako de l’autre, risque de rendre difficile la coordination régionale de la lutte contre AQMI, alors que l’organisation semble reprendre des forces et multiplie les coups d’éclat depuis début 2009.

Le Mali dit non à Al Qaeda : une position ferme face à la France et l’Algérie

Le 26 novembre dernier, un résident français Pierre Camatte, était enlevé à  son hôtel de Ménaka dans la région de Gao.Quelques jours après, Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), revendiquait le kidnapping. Les islamistes sont restés pendant de longues semaines dans le silence. Et,juste un mois après le rapt, ils ont fait leur première doléance. Celle-ci consistant à  libérer quatre membres de l’organisation détenus par l’armée malienne, en échange de l’otage français. Ils avaient d’abord donné un premier ultimatum qui s’est achevé le 31 janvier dernier. Constatant qu’il n’y avait aucune réaction de la part ni des maliens, ni des français, ils ont alors donné un second ultimatum dont la date butoire est prévue pour le 20 février prochain. Visite surprise de Kouchner à  Bamako Dans la soirée du lundi 1er février dernier, le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner s’est rendu à  Bamako pour rencontrer le chef de l’Etat malien, S.E Amadou Toumani Touré. Et cela, en toute discrétion. Le Quai d’Orsay a informé que les deux hommes se sont rencontrés pendant à  peine quelques heures avant que le chef de la diplomatie française ne reprenne l’avion le même soir vers 22h. Les discussions portaient principalement sur les conditions de libération de l’otage français Pierre Camatte. D’une part, la France tient uniquement à  ce que son ressortissant soit libéré saint et sauf, quelques soient les conditions. Concernant l’Algérie, elle tient à  ce que deux des prisonniers qui sont algériens, soit extradés vers leur pays, une chose que refuse le Mali. Cependant, Bamako semble ne pas du tout céder aux pressions française et algérienne.Un responsable Malien proche du dossier déclare qu’ « il n’est pas question d’ouvrir les portes de nos prisons pour ces quatre combattants islamistes dont la libération est réclamée par AQMI. » Propagande contre le Mali En effet, depuis les rapts effectués dans les différentes zones du désert du Sahara, la presse algérienne ne cesse de pointer du doigt, le Mali. Elle estime que le pays est le seul responsable de ce kidnapping et est à  l’origine de tous ces problèmes au Nord du pays. Pour sa part, le Mali estime être un Etat libre et souverain et personne n’a donc le droit lui dicter ses actes et agissements. Il est donc hors de question pour le gouvernement malien, de libérer des bandits armés en échange d’un ressortissant français. D’autant plus que la France n’agit nullement en fin diplomate. Affaire à  suivre.

Européens séquestrés: le Mali en position de faiblesse face à Al-Qaeda

Les autorités ne le confirment pas mais c’est bien sur le territoire malien, dans le Sahara, que seraient retenus six Européens: un Français kidnappé dans le nord du Mali le 26 novembre ainsi que trois Espagnols et deux Italiens capturés en Mauritanie les 29 novembre et 17 décembre. Le rapt le plus spectaculaire a été celui des Espagnols: enlevés en fin de journée sur la route Nouadhibou-Nouakchott, ils auraient immédiatement été acheminés jusqu’au nord du Mali, parcourant environ 2000 km en un temps record. Selon des sources sécuritaires concordantes, les six otages sont répartis entre deux groupes d’Aqmi dirigés par deux Algériens, Abdelhamid Abou Zeà¯d et Mokhtar Belmokhtar alias Bellawar. Pour négocier leur libération, différents médiateurs sont «sur le terrain en train de travailler d’arrache pied», assure une source étrangère. L’un d’eux a même pu apporter des médicament à  un Espagnol blessé au moment de l’enlèvement. Mais Bamako joue «la carte de la prudence», assure une source proche du gouvernement malien, qui ajoute: «Nous marchons sur des oeufs. Nous associons tous les pays d’origine des otages, pour qu’on ne dise pas que c’est le Mali qui négocie avec les terroristes. Nous voulons aider à  sauver des vies humaines. Ce n’est pas facile». Anonymement, un autreà‚ officiel malien plaide que le pays de l’ouest-africain est «un peu otage de la situation»: «Quand les ravisseurs viennent dans le désert malien, ce sont les gouvernements des pays d’origine des otages qui nous demandent de ne pas utiliser la méthode forte mais de négocier». «Et pourquoi les pays qui ont des moyens ne commencent-ils pas eux-mêmes à  engager la lutte contre Al-Qaeda?», interroge-t-il, évoquant indirectement l’Algérie dont la presse malienne critique régulièrement la stratégie. «Le Mali a peut-être peur des représailles, s’il s’engage totalement contre Al-Qaeda», juge un diplomate en poste à  Bamako. Début juin, Aqmi avait pour la première fois annoncé qu’un otage britannique au Mali avait été exécuté. Quelques jours plus tard, un officier et agent de renseignement malien avait été tué à  son domicile de Tombouctou (nord). «C’est vrai qu’Al-Qaeda a menacé directement, au téléphone, des responsables maliens. Mais il ne faut pas de compromis, il faut lutter contre ces bandes», ajoute ce diplomate, qui tempère: «Nous n’avons rien contre le Mali. Très peu de salafistes sont maliens. Les Mauritaniens et les Algériens sont les plus nombreux. Mais il faut que le Mali soit plus présent dans la lutte». De son côté, une source militaire étrangère constate que «l’Algérie a donné des armes au Mali, les Américains forment les troupes maliennes et ont donné du matériel militaire au Mali, la France aide aussi le Mali». «Mais sur le terrain, nous ne voyons pas de résultats», dit-elle. «Tout le monde sait désormais o๠sont, dans le désert malien, les terroristes. Ils sont même isolés. Il faut passer à  l’acte et c’est Bamako qui doit donner le signal fort», assure ce militaire étranger. En juillet, le gouvernement malien avait annoncé une «offensive généralisée» contre Al-Qaeda dans le Sahara. Mais, quelques semaines plus tard, le président Amadou Toumani Touré faisait savoir que, notamment du fait de mauvaises conditions climatiques, l’armée avait stoppé ses opérations.

Appui militaire des USA au Mali : éradiquer le terrorisme au Nord une bonne fois pour toutes !

Près de 3 milliards d’équipements militaires offerts au Mali par les USA Ils ont offert 37 véhicules militaires, 52 postes radios, et des matériels puissants de communication d`une valeur de 2 milliards de FCFA. Dans les semaines a venir, il est prévu l`envoi d`une importante quantité de pièces détachées, uniformes et autres équipements individuels qui porteront selon l’ambassadeur, la valeurs de la contribution américaine ā 2,3 milliards FCFA. Il est clair qu`avec ce matériel, les forces de sécurité maliennes pourront mieux se déplacer, transporter et communiquer plus confortablement dans le vaste désert du nord. Les Américains saluent la dynamique du gouvernement malien, ā œuvrer pour le bien être et le plein épanouissement du pays, afin d`assurer l`ordre. «Les défis auxquels font face l`Etat malien, demandent un appui international. Et cet appui doit se faire sous forme de coopération transfrontaliĕre, de formations militaires, d`envoi d`equipements.», estime Mme Gillian milovanovic. Elle précise que c’est dans cette optique que son pays, effectue depuis l`année dernière, des sessions de formations militaires à  l`endroit de l`armée malienne. Les autorités maliennes satisfaites C’est en ce sens que le ministre Malien de la défense explique «les exercices militaires fournis par les à‰tats Unis au Mali, traduisent la vitalité et l’exemplarité de la coopération militaire bilatérale entre nos deux pays. Ces équipements très modernes, répondent parfaitement aux exigences du terrain difficile» Rappelons que le Nord du Mali est le foyer de nombreux troubles. Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)s’y est implanté depuis quelques années. Avec en plus, une branche de rebelles touaregs demandant plus d`autonomie. Ces derniers sont beaucoup plus ouverts au dialogue ces derniers temps. Ce soutien militaire contribuera certainement à  une lutte plus efficace au Nord. Avec le probable retour du chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga, aux prochaines discussions devant se tenir dans la zone, entre le gouvernement et les rebelles. On sait que Bahanga s`était retranché en Libye durant quelques temps, et qu`il a fait parler de lui il n`y a pas longtemps. Quelle sera l’issue de ces discussions si elles ont lieu.

Libération de l’otage suisse : «Aucune rançon n’a été versée aux ravisseurs», dixit ATT

Profitant à  cette cérémonie le président malien a affirmé qu’aucune rançon n’a été versée aux ravisseurs. M. GREINER a été libéré le 11 juillet dernier et remis aux autorités maliennes dans la Région de Gao. Pour la circonstance la délégation suisse dépêchée à  Bamako était conduite par M. Jean-Luc VIRCHAUX, envoyé spécial du Gouvernement helvétique, et comprenait des membres de la famille GREINER. Deux déclarations ont été faites lors de la cérémonie de remise de l’otage au gouvernement Suisse. l’envoyé spécial de la Suisse dans une brève déclaration, a remercié les autorités maliennes pour la qualité de leur implication dans l’heureux dénouement du dossier des prises d’otages occidentaux. Il a auussi salué les efforts du Président Amadou Toumani TOURE qui ont permis la libération de M. GREINER. Regrettant l’assassinat de l’otage britanique, qui n’a pas eu la même chance que son compatriote, M. VIRCHAUX a eu une pensée très émue. En effet, Al-Qaà¯da au Maghreb Islamique a revendiqué cet assassinat le 31 mai dernier. Pour sa part, le chef de l’Etat, s’est réjoui de la libération de M. GREINER. C’’est ainsi qu’il a rappelé la promesse qu’il avait faite à  l’épouse de celui-ci, retenue elle aussi en otage mais libérée le 22 avril 2009. Le Chef de l’Etat s’est aussi réjoui de voir Mr GREINER renouer avec une existence normale. Profitant de la courte cérémonie, Amadou Toumani TOURE a loué la qualité des relations d’amitié et de coopération qui existent entre le Mali et la Confédération Helvétique. Abordant la question des modalités de libération des otages, le Chef de l’Etat a déclaré devant les journalistes que le Mali n’a ni payé ni transmis de rançon. Il a ajouté que le Mali ne saurait encourager ce genre de pratiques qui sonnent comme des encouragements au banditisme. Le Président Touré a conclu ses propos par des remerciements aux autorités ainsi qu’au peuple helvétiques qui comptent parmi les fermes soutiens au développement de notre pays. Il faut rappeler que M. GREINER avait été enlevé le 22 janvier à  la frontière du Mali-Niger par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI), en même temps que trois autres touristes européens.

Grande interview d’ATT à Jeune Afrique : «J’ai prouvé que je savais quitter le pouvoir»

Une situation économique tendue du fait de la crise, des agitations politiques dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, les revendications touarègues et la menace salafiste… L’agenda du chef de l’Etat malien est chargé. Mais, sept ans après son retour au pouvoir, l’ancien putschiste reste fidèle à  sa réputation de démocrate, apaisé et consensuel. Palais de Koulouba, sur les hauteurs de Bamako, fin juin. Perché sur une colline, ce témoignage de l’ambition coloniale française, devenu siège de la présidence du Mali indépendant, surplombe une capitale qui n’en finit plus de se métamorphoser. Troisième pont, Cité Afriqiyah, centre commercial ACI, Palais des sports, hôpital du Mali, échangeur flambant neuf, hôtels de luxe… Les nouveaux projets poussent comme des champignons, financés ou mis en œuvre par les «amis» chinois ou libyens. Bonne nouvelle, la pluie commence enfin à  tomber, elle dont dépend en grande partie la santé – et le moral – du pays. Le dynamisme économique est palpable, porté en grande partie par un secteur privé dopé par une nouvelle génération de chefs d’entreprise, qui se diversifient, nouent des partenariats avec des groupes étrangers, appliquent des méthodes de gestion modernes. Certains secteurs – agriculture, tourisme, prospection pétrolière suscitent les convoitises locales ou internationales. Sans parler des banques qui fleurissent ici et là  pour s’installer sur un marché très (trop ?) disputé. Bamako est industrieuse, poussiéreuse, vivante, ambitieuse mais aussi frondeuse. On râle beaucoup, à  tout propos : les prix qui s’envolent, le gouvernement, les embouteillages, les chantiers qui n’en finissent plus, le méchant patron, les Chinois qui se croient tout permis… Magistrats, enseignants et étudiants, eux, défilent régulièrement dans les rues pour se plaindre de leurs conditions de travail, pour obtenir des augmentations de salaire, pour montrer qu’ils existent et qu’il faut compter avec eux. Quelques jours après la célébration du septième anniversaire de son retour au pouvoir par les urnes (8 juin 2002), le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, nous reçoit à  la présidence. Un palais tranquille, o๠tout semble en ordre. La sécurité se fait discrète. Pas de visiteurs inopportuns incrustés dans les salles d’attente à  attendre une audience, pas de cohortes de fonctionnaires ni de conseillers aux airs supérieurs. Le président arrive, costume gris impeccable, sourire aux lèvres. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, ATT, comme l’appellent ses compatriotes, à  l’aise et visiblement de bonne humeur, revient sur les sept années passées à  la tête du pays. Et évoque, entre autres, la question touarègue, la menace d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, les rumeurs qui le voient modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat, la classe politique malienne, la série de coups d’Etat sur le continent, l’élection ivoirienne, les rapports de son pays avec l’Algérie, le Maroc ou la Libye, le décès d’Omar Bongo Ondimba et, bien sûr, la relation franco-malienne. Entretien avec un démocrate formé à  la dure école des casernes, ancien putschiste qui sut rendre le pouvoir aux civils au terme d’une transition exemplaire. Bref, un oiseau rare, et ces temps troublés… «Putschiste, ce n’est pas un titre de gloire» Jeune Afrique : Vous avez célébré, le 8 juin dernier, le deuxième anniversaire de votre réélection à  la tête de l’Etat dans un contexte particulier, marqué par le décès d’Omar Bongo Ondimba mais aussi par les interrogations sur votre volonté supposée de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat… Amadou Toumani Touré : Effectivement, la nouvelle du décès d’Omar Bongo Ondimba a constitué un grand choc pour moi. J’ai un profond respect pour l’homme et le dirigeant. C’était quelqu’un de généreux, de très ouvert, qui savait mettre à  l’aise son interlocuteur. On pouvait parler de tout avec lui. J’ai perdu un aà®né et un ami. Quant aux supputations des uns et des autres sur ma volonté ou non de m’accrocher au pouvoir, je n’y peux rien… Les révisions constitutionnelles sont en vogue sur le continent. Votre homologue et voisin nigérien Mamadou Tandja semble vouloir passer en force pour se maintenir au pouvoir. Envisagez-vous de réviser la Loi fondamentale malienne ? Je n’ai pas de commentaire à  formuler sur la situation au Niger ou ailleurs en Afrique. J’ai d’excellentes relations avec le président Tandja, et tout ce que je souhaite c’est que nous préservions la paix dans ce pays frère et voisin. Je me contenterai donc de parler du Mali en répétant ce que j’ai déjà  dit : la Constitution est très claire sur la limitation du nombre de mandats présidentiels. Et aucun article de notre Loi fondamentale ne peut être modifié sans référendum. Quelle que soit la méthode pour y parvenir, allez-vous briguer un troisième mandat en 2012 ? Franchement, aujourd’hui, ce débat n’a pas lieu d’être. Je n’ai jamais exprimé ce souhait et ai déjà  prouvé que je savais quitter le pouvoir… Quel bilan faites-vous de ces sept années à  la tête de l’Etat ? Ma plus grande satisfaction, c’est l’apaisement du débat politique. Au plan économique, nous n’avons traversé que des épreuves. Quatre mois à  peine après mon investiture [le 8 juin 2002, NDLR], une grave crise a éclaté en Côte d’Ivoire. Le Mali s’est trouvé subitement coupé d’Abidjan, son principal port d’approvisionnement et d’évacuation de ses produits d’exportation à  hauteur de 70 %. Notre pays a tenu le choc grâce aux efforts du gouvernement et des opérateurs économiques maliens. Le contexte de ma réélection en 2007 est aussi marqué par la crise alimentaire, aggravée plus tard par la flambée du prix du pétrole. Toute l’Afrique a été éprouvée, et les pays enclavés encore plus. Mais dans ces moments difficiles, l’Etat a assumé son rôle et a pu maintenir le rythme de réalisation des projets et programmes contenus dans le Projet pour le développement économique et social [PDES]. Nous avons ainsi investi plus de 358 milliards de F Cfa dans les infrastructures. Le niveau de la dette intérieure du Mali inquiète. Certains avancent le chiffre de 150 milliards de F Cfa. Comment en est-on arrivé là  ? Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Le montant de notre dette intérieure approche en fait les 100 milliards de F Cfa. l’Etat a engagé d’importants chantiers, indispensables faut-il le rappeler, soutient un certain nombre de prix, dont celui des hydrocarbures, et a accepté de se priver d’importantes recettes, sous forme de taxes, notamment dans le secteur agricole. Mais cette situation, conjoncturelle, reste sous contrôle. Les grèves se multiplient, les magistrats, les enseignants ou les étudiants défilent régulièrement dans les rues de Bamako. Comment expliquez-vous l’expression récurrente de ce malaise social ? Dans le contexte économique actuel, ces tensions me semblent normales. Malgré nos efforts pour contenir les prix, pour réduire les effets désastreux engendrés par la crise ou pour réformer des secteurs, comme l’éducation, en déshérence depuis des décennies au Mali, nous n’avons pas surmonté toutes les difficultés. Mais nous concentrons nos actions sur cette demande sociale qui s’exprime. Elle a un coût, mais la paix sociale n’a pas de prix. Vos détracteurs vous reprochent justement une gestion à  court terme. Tout comme ils vous reprochent d’engager l’Etat dans un grand nombre de chantiers d’infrastructures dont il n’aurait pas les moyens… J’accepte les critiques. Nous avons pu commettre des erreurs, même si ce ne sont pas celles que vous venez d’énoncer. Nous sommes en train de les corriger. Mais nous gérons l’urgence comme le long terme, avec les moyens à  notre disposition. Comment voyez-vous la présidentielle de 2012 ? Avez-vous un dauphin ou un favori ? Il faudrait déjà  savoir qui sera candidat… Plus sérieusement, en 1992, j’ai remis le pouvoir à  celui que le peuple malien a désigné lors d’une élection démocratique [Alpha Oumar Konaré, au pouvoir jusqu’en 2002, NDLR]. Je ferai la même chose en 2012. «La demande sociale a un coût, mais la paix sociale n’a pas de prix». Vous avez organisé, en novembre 2008, les Etats généraux contre la délinquance financière et la corruption. L’arrestation du vérificateur général, Sidi Sosso Diarra, qui incarne cette lutte contre la corruption, est devenue une véritable affaire d’Etat. Cela ne ternit-il pas l’image de votre pays ? A travers ces Etats généraux, nous avons surtout voulu reconnaà®tre qu’il s’agissait d’un véritable problème au Mali et que nous avions beaucoup à  faire en la matière. Ce n’est pas si courant sur le continent. Concernant le vérificateur général et pour la compréhension de vos lecteurs, il me semble utile de préciser que l’Etat n’a pas engagé de poursuites contre lui. Il s’agit, et je le regrette profondément, d’un conflit de travail qui a opposé M. Sidi Sosso Diarra à  une partie du personnel du Bureau du vérificateur général, [en l’occurrence deux magistrats qui ont refusé leur mise en disponibilité et à  qui Sidi Sosso Diarra a interdit d’accéder à  leurs bureaux, NDLR]. Ces derniers ont porté plainte avec constitution de partie civile devant un juge d’instruction. C’est un problème entre ses employés et lui, qui n’est donc franchement pas de nature à  remettre en cause la lutte contre ce fléau. Le Bureau du vérificateur général est ma création et il continuera d’exister tant que je serai au pouvoir. «Il ne faut pas confondre la bande d’Ag Bahanga avec la communauté touarègue». Les récents succès de l’armée malienne contre les troupes d’Ag Bahanga et l’exil en Libye de ce dernier signifient-ils la fin de la rébellion touarègue ? Il ne faut pas confondre la bande d’Ag Bahanga avec la communauté touarègue. Je récuse la notion de problème touareg s’agissant des derniers événements dans le nord-est de Kidal. Les acteurs de l’attaque du 23 mai 2006 contre le camp militaire de Kidal [revendiquée plus tard par Ag Bahanga et son Alliance du 23 mai pour le changement, NDLR] n’ignoraient pas les sacrifices consentis en faveur des régions du Nord. J’ai invité les Maliens au calme et à  la sérénité, en insistant sur le caractère minoritaire de cette contestation armée. De la même manière, je me suis engagé à  trouver une solution politique à  la crise, malgré le ressentiment d’une large frange de nos compatriotes qui ont estimé, à  juste titre, que rien ne justifiait le recours aux armes. Sous l’égide du facilitateur algérien, le président Abdelaziz Bouteflika, l’accord d’Alger a été signé le 4 juillet 2006. Depuis, le processus de paix se consolide. Mais je reste convaincu que la paix définitive se gagnera par le développement. Le rôle de la Libye dans cette affaire semble assez trouble… Je n’ai jamais ressenti d’autre volonté chez les Libyens que celle de nous aider. [b Deux épisodes sont venus démontrer récemment qu’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique [AQMI] constituait une menace de plus en plus sérieuse. Un otage britannique, Edwin Dyer, a été exécuté le 31 mai et un officier de l’armée malienne assassiné à  son domicile le 10 juin, à  Tombouctou. Comment comptez-vous y répondre ? ] Cette menace était déjà  largement perceptible avant mais, là , nous avons atteint un point de non-retour. Sur notre territoire, nous avons lancé, cinq jours après l’assassinat du lieutenant-colonel Lamana, des opérations militaires d’envergure contre toutes les bases d’AQMI dont nous avions connaissance. Avec succès. Maintenant, les salafistes d’AQMI bénéficient de complicités : trafiquants de cigarettes ou de drogue en provenance d’Amérique latine, passeurs de clandestins, etc. Et la zone concernée est si vaste et si complexe à  surveiller que nous ne pouvons résoudre ce grave problème sans la coopération des autres pays concernés. Un problème global nécessite des réponses concertées. A ce propos, vous avez proposé, en septembre 2007, l’organisation d’une conférence régionale sur la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Pourquoi tarde-t-elle tant à  voir le jour ? Tous les chefs d’Etat de cette région qui s’étend de la Mauritanie au Soudan sont acquis à  l’idée de la tenue d’un tel sommet. Une réunion des ministres des Affaires étrangères, appuyés par des experts, s’est déjà  tenue à  Bamako. Tous les documents devant être soumis au sommet ont été élaborés. Nous allons fixer dans les prochaines semaines une date pour la rencontre des chefs d’à‰tat en tenant compte des agendas des uns et des autres, ce qui n’est pas une mince affaire, croyez-moi… Nous souhaitons la présence de tous, ce qui explique en grande partie le fait que nous mettions du temps à  l’organiser. Existe-t-il des divergences entre les pays concernés, comme l’Algérie, la Libye, le Niger, le Tchad ou la Mauritanie ? Non, aucune. Nous faisons les mêmes analyses. Qu’il s’agisse du problème lui-même ou des solutions à  apporter. Le Mali est devenu le pays o๠sont libérés les otages kidnappés en Algérie, en Tunisie ou au Niger. Cela vous vaut quelques inimitiés. Que répondez-vous à  ceux qui vous accusent de laxisme ? Mais nous sommes sur le terrain, en train de nous battre ! En quoi est-ce faire preuve de laxisme ? Nous jouons notre rôle pour sauver ces vies, utilisons nos réseaux et nos connaissances. Peut-être cela n’a-t-il pas été bien compris dans certains milieux. Mais je le dis haut et fort : nous n’avons jamais porté de valises ni versé de rançon. Parole d’officier. Quels rapports entre-tenez-vous avec votre prédécesseur Alpha Oumar Konaré depuis son retour au Mali ? Ils sont excellents. Je ne le vois pas assez souvent, parce je ne veux pas le déranger. Je sais qu’il pense la même chose pour avoir exercé la charge de chef d’Etat. Mais à  chaque fois que nous en avons l’occasion, nous restons des heures à  discuter. Comme des chefs d’Etat mais aussi comme un aà®né et son cadet. Parlez-vous politique, de ce qu’il conviendrait de faire sur tel ou tel dossier ? Bien sûr, nous ne nous en privons pas… Quel regard portez-vous sur la classe politique malienne et ses acteurs ? Question piège… Elle a fait de grands progrès. Nous avons aujourd’hui une certaine expérience démocratique. Mais au-delà  des relations politiques, j’entretiens des liens personnels avec de nombreux responsables maliens, au point qu’on ne sait pas o๠commence la majorité présidentielle et o๠s’arrête l’opposition. Je trouve cela plutôt sain. Votre voisin ivoirien semble enfin avoir pris le chemin des élections. Croyez-vous à  la date du 29 novembre fixée pour la présidentielle ? Je ne suis pas un fétichiste des dates. Ce que je constate surtout, c’est qu’il y a désormais de la bonne volonté de part et d’autre. Après sept ans de crise et d’épreuves, c’est une nouvelle qui nous réjouit. Dès le déclenchement du conflit, nous n’avons eu d’autre attitude que d’encourager le dialogue et le retour à  la paix dans ce pays qui nous est cher et o๠vivent de nombreux Maliens. Vos rapports avec Laurent Gbagbo, que l’on disait plutôt froids, se sont-ils réchauffés ? Je ne sais pas d’o๠vient cette histoire. J’entretiens des relations très amicales avec mon grand frère Laurent. Il est tellement détendu que je ne vois pas bien, d’ailleurs, comment il pourrait en être autrement. Selon vous, qui est le mieux placé pour remporter cette présidentielle ? ] Je n’en sais vraiment rien. Les pronostics ne me réussissent pas, sauf peut-être en football… Après avoir destitué Moussa Traoré en 1991, vous avez rendu le pouvoir aux civils à  l’issue d’une période de transition présentée comme exemplaire. Mauritanie, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar… Que pensez-vous de la vague de coups d’Etat à  laquelle nous avons assisté au cours des derniers mois ? [b Je suis un ancien putschiste, et ce n’est pas un titre de gloire à  mes yeux. Je ne vais donc pas faire la leçon aux uns et aux autres. Je constate simplement que, parfois, nous créons nous-mêmes, j’entends par là  les dirigeants politiques africains, les conditions de ces putschs. Une crise politique ou économique devrait se résoudre politiquement. Hélas, la plupart du temps, compte tenu des systèmes dans lesquels nous évoluons, la seule issue reste militaire… Le plus important, à  mes yeux, c’est d’œuvrer à  un retour rapide à  une vie constitutionnelle normale et démocratique. On a l’impression que, pour vous, il existe de bons et de mauvais coups d’Etat… Vous m’avez mal compris : tous les coups d’Etat sont mauvais. Quelles que soient les raisons qui les ont provoqués, ils sont la conséquence d’un échec des politiques. De tous les politiques, dirigeants comme, parfois, opposants. Auriez-vous un conseil à  donner aux actuels putschistes ? Certains, comme les Mauritaniens par exemple, ont déjà  sollicité mon avis. Je me bornerais à  expliquer l’importance d’une transition réussie pour une remise du pouvoir aux civils. Ils peuvent toujours s’inspirer de l’expérience malienne… Par ses déclarations pro-putschistes et sa défiance permanente vis-à -vis des processus électoraux, le président en exercice de l’Union africaine, Mouammar Kaddafi, ne sape-t-il pas les efforts de l’UA ? Ce que certains pensent tout bas, lui le dit tout haut. Nous devons accepter d’entendre tous les points de vue. Chacun peut se forger sa propre opinion. Et il faut lui reconnaà®tre qu’il reste un panafricaniste convaincu. Il assume tout de même la présidence de l’UA, ses déclarations n’engagent pas que lui… Il s’exprime uniquement en son nom. Dans ces conditions, que pensez-vous de l’action de Jean Ping à  la tête de la Commission de l’UA ? Il est un peu tôt pour parler de son bilan, mais il faut reconnaà®tre qu’il a du pain sur la planche. Je trouve qu’il met avec réussite ses talents de diplomate au service de notre organisation commune. Avec modération, ce qui ne gâche rien. La succession d’Omar Bongo Ondimba constitue-t-elle, comme certains le craignent, un motif d’inquiétude à  vos yeux ? Pas du tout. D’ailleurs, je remarque que, jusqu’à  présent, tout se déroule dans le respect des règles constitutionnelles et sans accroc. La plupart des observateurs ont associé son décès à  la fin d’une ère, celle de la Françafrique. Est-ce aussi votre avis ? J’avoue que je ne comprends rien à  cette histoire de Françafrique… Nous avons des relations profondes, historiques et parfois intimes avec la France et ses dirigeants. Nous autres, Africains, sommes spontanés et enclins aux relations humaines, personnelles. Cela n’a rien de suspect. Je tutoie Nicolas Sarkozy, il me déroule le tapis rouge quand je passe à  Paris, sans que je le lui demande, faut-il le préciser, et alors ? Comment pourriez-vous qualifier l’état des relations bilatérales avec la France depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, en mal 2007 ? Je ne sens aucun changement par rapport à  la période Chirac, si c’est ce que vous voulez savoir. Tout se passe bien, dans tous les domaines. Paris vous presse pourtant de signer des accords de réadmission des immigrés clandestins maliens, ce que vous persistez à  refuser… Je ne refuse pas de les signer, je réfléchis… Nous sommes en désaccord sur un ou deux points seulement mais il s’agit d’un sujet qui ne mérite pas que nous nous précipitions. Les malentendus avec l’Algérie sont-ils dissipés ? Mais nos relations politiques sont bonnes ! Certains officiers, des deux côtés, avaient des interprétations et des avis différents sur les questions de sécurité dans l’espace sahélo-saharien par exemple, mais cela est oublié. Pour le symbole, j’ai l’habitude de désigner mon aà®né, le président Boutefilka, comme le plus malien des Algériens parce qu’il connaà®t ce pays mieux que beaucoup d’entre nous. Et je n’oublierai jamais l’aide précieuse qu’il nous a apportée pour la conclusion de l’accord d’Alger, signé avec l’Alliance du 23 mai pour le changement. Et avec le Maroc ? Nous pourrions mieux faire. Les liens politiques et diplomatiques se sont cependant renforcés grâce à  des partenariats dans des secteurs o๠des compagnies marocaines interviennent chez nous, notamment dans les banques. Maliens et Marocains ont aussi Tombouctou en partage [une forte communauté arabe d’origine marocaine réside dans la région de Tombouctou, NDLR). Il est aussi Important de signaler que le Maroc et l’Algérie sont les deux pays qui accueillent le plus grand nombre d’étudiants boursiers maliens dans leurs universités et grandes écoles. C’est un concours inestimable à  la formation de nos jeunes. Comment avez-vous vécu l’élection de Jacob Zuma à  la présidence sud-africaine ? Je ne connais pas très bien l’homme mais j’ai été impressionné par la force du soutien dont il a bénéficié au sein de l’ANC et de la part des électeurs sud-africains, malgré tout ce que l’on a pu dire de lui. Que vous Inspire la procédure intentée en France contre trois chefs d’Etat africains, dans l’affaire dite des «biens mal acquis» ? Je trouve la méthode pour le moins embarrassante. Et je me pose une question : pourquoi seuls des présidents africains sont-ils visés ? Avez-vous des biens en France ? Oui, un compte en banque ouvert lorsque j’étais à  l’Ecole de guerre de Paris. A l’époque, il devait y avoir une poignée de francs. Et comme je n’y ai plus jamais touché depuis, je doute qu’il soit susceptible de me valoir des ennuis (rires)… On connaà®t assez mal vos passe-temps… Je suis un passionné de football mais je m’intéresse de plus en plus au basket-ball depuis les brillants résultats des équipes maliennes dans cette discipline. Je lis autant que mon emploi du temps me le permet. Des autobiographies des grandes figures de l’Histoire, pour l’essentiel, et des essais politiques. J’écoute aussi beaucoup de musique pour me détendre. De la musique malienne mais aussi de la salsa. Et je danse très bien (rires) ! La vie après le pouvoir, vous y pensez ? Rarement. Il faut dire que j’ai déjà  une certaine expérience en la matière… Pendant dix ans, après 1992, je me suis occupé d’humanitaire et de médiations. Ne vous inquiétez pas, je ne pointerai pas au chômage…

Nord : l’Armée malienne affronte Al Qaeda !

Depuis l’assassinat du lieutenant-colonel lamana Ould Bou par les terroristes le 10 juin dernier, l’armée malienne a décidé de traquer les terroristes de Aqmis (la branche magrébine d’ Al Qaeda dans le Nord) dans leurs derniers retranchements. l’assaut a lieu mardi aux environs de Aguel Hoc (cercle de la région de Kidal. Bilan : 2 militaires et 3 arabes tués suite à  une mine posée par les terroristes dans cette localité sableuse. C’’est le groupe Aqmis et ses terroristes qui font régulièrement des prises d »otage dans le Nord et des victimes civiles. Selon une source locale, parmi les hommes tués dans l’assaut de mardi, pourrait se trouver l’un des auteurs de l’assassinat du Lieutenant colonel. Les salafistes qui se sont retirés dans le désert, ont perdu plusieurs hommes ( entre 16 et 26), mais il font en sorte que leurs cadavres ne soient pas accessibles en les enterrant avec des mines. Une stratégie de défense, en vue de contrer toute nouvelle attaque de l’armée malienne. Depuis l’exécution de l’otage britannique, et l’assassinat récent du lieutenant-colonel Lamana Ould Bou, le Mali avait rompu toute négociation avec les bandits armés pour employer la voix des armes. C’’est une véritable chasse à  l’homme qui se déroule aujourd’hui dans le Nord du Mali, La riposte a aussi permis l’arrestation d’un suspect, mais cela suffit-il à  ramener le calme dans la région ? Rien n’est moins sûr.