ONU : une 77ème session de l’assemblée générale mouvementée

En prélude à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui se tiendra du 12 au 27 septembre 2022 à New-York. Un sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le Mali, la Guinée et le Burkina Faso sera organisé au siège de l’ONU entre les chefs d’Etat de l’organisation sous régionale. Au même moment, la prochaine bataille de la guerre diplomatique qui oppose Français et Maliens se jouera-t-elle à New York ?

Les dirigeants de la Cédéao vont se réunir une fois encore, lors de la 77e session de l’ONU à New York, lors d’un sommet extraordinaire. Ils doivent débattre de la situation des trois pays membres de la CEDEAO, qui traversent une période transition dirigée par des militaires. Selon une source proche de la représentation de la CEDEAO au Mali, ce sera aussi l’occasion de se pencher sur la saisine du Mali du Conseil des sécurité de l’ONU en date du 16 août 2022, afin de réclamer une réunion d’urgence sur la situation au Mali. En effet, un bras de fer entre le Mali et la France se poursuit à New York, au siège des Nations unies. Bamako a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, affirmant détenir des preuves d’un soutien de Paris aux groupes terroristes. Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a écrit le 15 août au Conseil de sécurité des Nations unies afin de réclamer une réunion d’urgence sur la situation dans son pays. Dans sa lettre, le chef de la diplomatie multiplie les accusations envers la France et ses soldats – dont les derniers ont officiellement quitté le territoire malien le 15 août, date du départ du dernier soldat français au Mali après neuf ans d’engagement contre les djihadistes.

Le Mali a officiellement demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une réunion d’urgence pour faire cesser ce qu’il présente comme « les actes d’agression » de la France sous forme de violations de sa souveraineté, de soutien apporté selon lui aux groupes djihadistes et d’espionnage. De graves accusations qui interviennent après de longs mois d’escalades des tensions entre les deux anciens pays alliés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le Mali n’a toujours pas reçu de réponse à cette demande et depuis le 1er septembre, la France assure la présidence tournante du Conseil de sécurité. La Russie, un des soutiens du Mali s’est inquiétée dans une lettre en date du 5 septembre au secrétaire général de l’ONU de n’avoir pour l’instant reçu aucun visa des États-Unis pour l’Assemblée générale de l’ONU de sa délégation menée par le ministre des Affaires étrangères, selon l’AFP. En plus de la saisine du Conseil de sécurité par le Mali, la crise en Ukraine risque une fois encore de faire monter la tension entre la Russie et les pays Occidentaux soutenant l’Ukraine, dans cette guerre déclenchée le 24 février 2022.

 

 

11 Premières dames à New York contre le mariage avant 18 ans

Elles étaient dix Premières dames, et non des moindres, à être venues soutenir à New York, le 26 septembre, Lalla Malika Issoufou dans son effort de renversement des tendances démographiques de son pays, le Niger. « Non au mariage des enfants » : c’est le message simple et fort que les épouses des présidents de grands pays tels que l’Afrique du Sud et le Nigeria, mais aussi du Cabo Verde, Mali, Burkina, Rwanda, Zimbabwe et Comores ont délivré en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, dans un évènement co-organisé par le NIger et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).
« La forte pression des pesanteurs socio-culturelles donne un tableau peu reluisant au Niger », a reconnu en parlant de son propre pays Lalla Malika Issoufou, Première dame du Niger. Le mariage avant 18 ans, une pratique qui touche tout le Sahel, concerne plus de 76 % des jeunes filles au Niger, et jusqu’à 28 % des moins de 15 ans. En plus de la déscolarisation des jeunes filles et de leur situation de dépendance à l’égard de leur mari, la conséquence est bien connue. Elle a pour nom « fistule obstétricale », ce dramatique déchirement d’organes qui survient lors de grossesses précoces et handicape les jeunes filles à vie si elles ne se font pas opérer. Ce problème de santé publique touche 750 filles par an selon le ministre de la Santé du Niger. Et sur 2 millions de cas dans le monde, la moitié se trouvent au Nigeria, précise Mabingué Ngom, directeur du bureau régional du UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.
Toujours très discrète en Afrique du Sud, Tshepo Motsepe Ramaphosa s’est levée pour rappeler qu’en tant que médecin, comme Lalla Malika Issoufou, elle ne peut pas rester insensible au sort des « filles, soeurs et mères » du continent.  Elle a encouragé toutes les femmes à se battre pour leur autonomisation et les droits des plus jeunes. D’autres intervenants sont revenus sur les « bonnes pratiques » engagées au Niger, qui ont permis de voir le taux de fécondité passer de 7, 6 à 6 enfants par femme entre 2013 et 2017, selon les Enquêtes démographiques de santé (EDS) nationales. Parmi ces expériences innovantes figurent des « espaces sûrs » qui ont déjà bénéficié à 132 000 jeunes filles, l’information plus accessible sur les méthodes de contraception, ainsi que les « écoles des maris » lancées avec le soutien du UNFPA, pour encourager les hommes à prendre les bonnes décisions concernant la santé de leur femme, en leur permettant un bon suivi médical.
L’ancien ministre éthiopien de la Santé, le Dr Tedros, directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est venu donner son appui, de même que Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie. Mais ce sont plutôt deux hommes remarquables venus du Niger qui se sont distingués. Le premier, l’honorable Mansour Maiguizo, a pris la parole au nom de l’Association des chefs traditionnels du Niger, témoignant de leur rôle dans le changement des mentalités : « Surtout en milieu rural, a-t-il dit, pour lutter contre la pauvreté, la non scolarisation, la mendicité, la prostitution, la migration et la violence ».  Des ateliers de formation des chefs traditionnels sont organisés depuis 2015 au Niger, pour que tout le monde comprenne l’enjeu du « dividende démographique » – ce moment où la jeunesse se traduira par un essor économique, à condition de voir baisser le taux de fécondité et donc le nombre de personnes à la charge de chaque actif.
Second homme remarquable à New York, le chef religieux Cheikh Ben Salah a rappelé le rôle central de la femme dans le Coran comme dans l’islam, nombreux exemples à l’appui. « La sourate qui représente le centre du Coran porte le nom d’une femme, Mariam », a-t-il souligné, tout comme le fait que « la première personne à avoir embrassé l’islam est une femme », et que « le seul et unique exemplaire du Coran a été confié aux bons soins d’une femme ». Il a souligné le rôle que les imams peuvent jouer en encourageant la planification familiale volontaire, c’est-à-dire le nombre d’enfants qu’un couple décide d’avoir et l’espacement des naissances, pour le bien-être de tous. « Les oulémas ont été invités à jouer leur partition par les plus hautes autorités, a-t-il rappelé. Le Centre islamique national a soutenu des voyages d’étude en Egypte, au Bangladesh et en Indonésie, organisés par l’UNFPA, pour que nous puissions intégrer dans nos prêches les droits des femmes et des filles, ainsi que les sujets démographiques ». Rappelant l’importance pour tout croyant masculin de la « qualité de ses relations avec son épouse », il a encore plus ému la salle avec une citation oecuménique de Martin Luther King : « J’ai cherché mon Dieu, je ne l’ai pas vu. J’ai cherché mon âme, je ne l’ai pas saisie. J’ai cherché mon frère, et je les ai trouvés tous les trois »

IBK à la tribune de l’ONU ce mardi

 

Présent à New York depuis samedi dernier, le président de la République prendra la parole devant l’Assemblée générale des Nations Unies ce 19 septembre. Avec comme sujet principal, la mobilisation autour du G5 Sahel.

Ibrahim Boubacar Kéita, président du G5 Sahel, après avoir obtenu la présence de ses pairs de l’organisation sous-régionale à New York,  sera leur porte-parole à la tribune des Nations Unies où il prononcera un discours ce mardi aux environs de 15heures. « Je suis venu ici pour porter le message du G5 Sahel. […], nous sommes en train de mener le combat contre le terrorisme. […] Il ne s’agit pas seulement de l’Afrique, de la sous-région Sahel, du Mali mais du monde entier », a déclaré à la presse le chef de l’Etat malien, peu après son arrivée dans la grande métropole.

Au programme du séjour nord-américain du président de la République, plusieurs entretiens bilatéraux, notamment avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres et le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires politiques des Etats-Unis d’Amérique, Thomas Shannon. Il participera également à plusieurs évènements, dont une réunion sur le FCFA à l’initiative de son homologue ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, mais aussi à une rencontre sur les enjeux et défis pour le développement économique du Mali. Il est également invité au « Bloomberg global business forum », organisé par l’homme d’affaires Michael Bloomberg, ancien maire de New York. Une réunion de haut niveau de l’Union africaine sur la « Feuille de route du thème de l’année de l’UA sur le dividende démographique : de l’engagement à l’action » est également au programme. Elle sera présidée par le président guinéen Alpha Condé, président en exercice de l’Union africaine. Autre évènement d’envergure concernant directement le Mali, la réunion ministérielle sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, dont l’ouverture  sera coprésidée par le président Kéita et le secrétaire général des Nations Unies.