AMO : Un système à parfaire

 70%, c’est la part des frais remboursés par l’Assurance Maladie Obligatoire à ses assurés. Si le système reste globalement apprécié par les bénéficiaires et les prestataires, des difficultés persistent.

« Lorsque nous achetons les médicaments aux fournisseurs, nous avons une semaine pour payer. Quand nous donnons les médicaments aux assurés de l’AMO, nous attendons souvent 2 à 3 mois pour être payés », déplore le Docteur Aboubacar Diallo, pharmacien.

Suite aux retards récurrents constatés dans les remboursements aux prestataires, il avait été convenu entre la CANAM, l’organisme gestionnaire de l’AMO, et le syndicat des prestataires, un paiement sous quinzaine. Accord malheureusement jamais appliqué, selon le praticien. Dr Diallo, qui envoie ses factures tous les 15 jours, enregistre souvent de 4 à 5 factures impayées pour 2 à 4 millions de francs CFA.

Évoquant aussi un « léger retard », le Docteur Sékou Keïta affirme que pour chaque mois échu, la facture déposée entre le 1er et le 5 du mois suivant est payée à la fin de ce mois. Ce qui fait que tous les deux mois l’un est payé et l’autre en retard.

Selon les responsables de la CANAM « le dispositif de l’AMO est tel que les cotisations remontent à la CANAM, qui les redistribue comme dotations techniques aux organismes gestionnaires délégués : l’INPS pour les salariés et la CMSS pour les fonctionnaires ». Invitant ces organismes à plus de diligence, ils reconnaissent que la santé ne saurait admettre de retard et qu’un jour de retard sur le plan administratif entraine des centaines, voire des milliers, de feuilles de soins à traiter.

Un problème de lisibilité

Autre difficulté évoquée par les pharmaciens prestataires, « les fiches manuscrites, pas toujours lisibles. En plus, nous n’avons pas l’original », explique le Dr Diallo, qui souhaite l’abandon de ce « système archaïque ». Certains assurés se présentent aussi en pharmacie alors qu’ils n’ont plus droit aux prestations. Une situation qui devrait être vérifiée au niveau des guichets des structures sanitaires avant la délivrance des fiches de soin, « ce qui n’est pas toujours le cas », soutient Awa Samaké, vendeuse en pharmacie.

S’ils apprécient les prestations, certains assurés dénoncent « les va et viens » ou même « les tracasseries » qu’il leur faut souvent subir pour en bénéficier. En outre, souvent « vos droits sont fermés alors même que vous êtes toujours cotisant », explique Tiémoko Konaté, assuré depuis 2013. Et, dans ce cas, il faut obligatoirement se rendre à la CANAM pour résoudre le problème.

Ces difficultés devraient s’aplanir avec le nouveau système de carte biométrique, qui est censé aboutir à la dématérialisation des feuilles de soin et assurer une plus grande célérité

Couverture maladie universelle : tous égaux enfin ?

En 2018, le Mali s’apprête à faire un grand pas en matière de santé, avec la mise en place de la Couverture Maladie Universelle (CMU). Ce dispositif permettra aux personnes non assurées par les différentes assurances qui existent déjà de pouvoir bénéficier d’une aide leur permettant un accès aux soins. Objectif : faire en sorte que les Maliens soient tous logés à la même enseigne et bénéficient des mêmes privilèges.

Depuis juin 2009, au Mali, il existe l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), qui assure la couverture des frais de soins de santé pour les travailleurs du secteur formel, les députés et les retraités, ainsi qu’à leurs familles, au sens nucléaire du terme. Pour les personnes considérées comme étant démunies, le Régime d’Assistance Médicale (RAMED) a été instauré en même temps que l’AMO. Quant aux personnes qui ne correspondaient à aucune des catégories pouvant prétendre à l’un de ces deux régimes, elles se retrouvaient marginalisées dans l’accès aux soins. C’est pour rétablir l’équilibre et l’équité que la Couverture Maladie Universelle (CMU) va entrer en vigueur d’ici 2018, dans le cadre du Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU). Ankoundio Luc Togo est à la tête du Comité de réflexion de la CMU. Il n’est autre que le Directeur général de la CANAM, l’organisme gestionnaire, qui délègue par la force de la loi certaines de ses prérogatives à d’autres structures étatiques impliquées dans les questions de sécurité sociale.

Un long chemin parcouru 

La Couverture Maladie Universelle est le fruit d’un travail qui a débuté en 2015 et dont le but était la mise en place du RAMU. « Nous allons bientôt introduire l’avant-projet de loi dans le circuit d’approbation du gouvernement. Donc c’est imminent. Courant 2018 nous devrions commencer l’opérationnalisation », dit le modérateur du groupe d’expert de la CMU. Confiant, M. Togo revient sur les dispositifs déjà existants, mais reconnaît un manque de cohésion entre eux. « Au Mali, nous avons l’AMO depuis 2009, pour couvrir les fonctionnaires, députés et retraités aussi que tous leurs ayant-droits. En même temps, nous avons mis en place le RAMED, destiné aux plus vulnérables. Le gouvernement a institué quelques gratuités, par exemple pour les enfants de moins de 5 ans. Il y a donc des systèmes qui se juxtaposent sans forcément avoir de liens entre eux, ce qui fait qu’il y a des disparités ». Idem du côté des mutuelles, où chacune décide de prendre en charge ce qu’elle souhaite sans aucune coordination entre elles, ce qui entraîne « des insuffisances ». Les soins assurés seront les mêmes que pour l’AMO, c’est-à-dire les consultations, les médicaments, les analyses et l’imagerie médicales, les soins médicaux et dentaires, notamment. Avec la Couverture Maladie Universelle, il s’agira d’instaurer une cohérence entre tous les acquis dans le domaine de l’assurance maladie.

Booster les statistiques 

En dépit de cette avancée importante, surtout pour un pays en voie de développement comme le nôtre, les statistiques restent très insuffisantes. Pour une population de plus de 17 millions d’habitants, on ne compte qu’un million d’assurés via l’Assurance Maladie Obligatoire. Les bénéficiaires du Régime d’Assistance Médicale ne représentent qu’à peine 5% du total et il en va de même pour les assurés ayant une mutuelle. A contrario, et c’est une exception, la population rwandaise est couverte à 98 %, depuis 2006. Un exemple à suivre pour le Mali, qui prévoit « que dans un délai de dix ans au maximum cette couverture soit effective pour chaque Malien », espère Ankoundio Luc Togo.

Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) datant de décembre 2013, « 42 % de la population malienne n’a pas accès à une structure de santé dans un rayon de 5 km ». Déplorant l’état des infrastructures, le modérateur du groupe expert de la CMU reste optimiste malgré tout. « Tant qu’il n’y a pas de bon service de santé, et on le souhaite de qualité, pour un système d’assurance, c’est toujours inconfortable. Tant qu’il existe [le système d’assurance, NDLR], nous pensons contribuer à petite échelle à améliorer cette situation », dit M. Togo. Des infrastructures fragiles, donc, et même inactives dans certaines localités du nord, en raison de l’insécurité qui y règne. « La région de Kidal, compte tenu de sa situation particulière, a été contrainte de suspendre les prises en charge par la force des choses. Sinon, en 2010 – 2011, les assurés étaient pris en charge. Aussitôt que la situation se stabilisera, cela reprendra son cours. Par contre, les habitants de Kidal peuvent se faire soigner dans une autre localité ». Toujours selon cette étude de l’OMS, « la situation est particulièrement critique à Kidal, Gao et Tombouctou où respectivement 70 %, 48 % et 45 % des structures ont été soit partiellement soit totalement endommagées ».

Laissés pour compte 

« Aujourd’hui, beaucoup de gens rechignent à aller dans un centre de santé, parce que le coût est trop important pour eux », reconnaît M. Togo. Ces personnes sont souvent des travailleurs du secteur agricole ou informel. Les systèmes d’assurances et de mutuelles de santé, tels que nous les connaissons, actuellement, ne prennent pas en charge ces actifs. La CMU compte remédier à ce manque dans un souci d’équité et de solidarité. « Ils ne sont pas couverts par un système d’assurance, sauf ceux qui vont délibérément adhérer à une mutuelle, mais ils sont peu nombreux », avoue le Directeur général de la CANAM. La CMU leur permettra d’adhérer à une mutuelle qui sera elle-même intégrée au nouveau dispositif. « C’est pour cela que dans toutes les localités les paysans et les travailleurs du secteur informel pourront adhérer à la CMU. Ils passeront par le canal des mutuelles. Il y aura bien sûr le circuit du secteur formel pour s’affilier à la CMU, par l’inscription à l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS) ou à la Caisse Malienne de Sécurité Sociale (CMSS) », détaille M. Togo.

Système D 

Au bord du goudron, non loin du commissariat du 15ème arrondissement, à Baco-Djicoroni ACI, nous avons rencontré Gabriel, vendeur d’hydrocarbures, assis devant ses bidons d’essence et ses entonnoirs, attendant l’arrivée de clients. Pour cet ancien étudiant, faute de mieux, son cousin lui a confié son échoppe afin qu’il puisse gagner sa croûte. Il se retrouve à travailler contre son gré dans un secteur qui ne correspond pas à sa formation et qui de surcroît le prive d’un privilège de soins, mais plus pour très longtemps. « Pour me soigner, je me débrouille par mes propres moyens. Ce n’est pas évident, car cela creuse mon budget », confesse le jeune homme. Il se réjouit de l’arrivée de la Couverture Maladie Universelle. « C’est une bonne nouvelle, parce que cela viendra nous soulager dans notre accès aux soins et pour les dépenses qui y sont liées. Lorsque des initiatives de ce genre sont prises, on ne peut qu’être satisfait », s’exclame-t-il. Se soigner sans être diagnostiqué est un rituel pour Gabriel quand il a besoin de médicaments pour calmer une maladie sans gravité. « Si c’est mineur, j’essaie de me soigner avec les médicaments traditionnels, mais si cela ne fonctionne pas, alors j’ai recours à des centres de santé. Même si je sais que cela va me coûter très cher, je n’ai pas le choix ». Dans sa débrouille, le vendeur parvient néanmoins à se soigner convenablement quand il n’a pas d’autre alternative.

Cette absence d’aide vis-à-vis d’un pan de la population laisse le champ libre à des phénomènes pervers, comme celui des « pharmacies par terre ». Problème de santé publique dans plusieurs pays africains, les pharmacies à la sauvette ont de nombreux adeptes en raison de l’inaccessibilité des médicaments pour de nombreuses personnes sur le continent. Une citation, « la santé est le premier bien de l’homme », sonne le glas des propos de Gabriel, qui retourne aussitôt à ses occupations.

Assurance maladie : des produits en développement

Les produits d’assurance progressent dans la conquête de leur clientèle. L’assurance maladie, totale ou partielle, est l’un des produits qui séduit de plus en plus tant les particuliers que les entreprises, ONG et organisations gouvernementales.

En général, l’assurance maladie couvre les cas d’accident, de maladie, d’hospitalisation, de chirurgie, les dépenses médicales et pharmaceutiques. Aujourd’hui, malgré l’entrée en vigueur du régime d’Assurance maladie obligatoire (AMO) prévoyant de garantir la couverture santé des Maliens jusqu’à 80% et qui, selon le directeur de la CANAM Luc Togo, compte à ce jour quelques 1,2 millions d’affiliés, les compagnies d’assurance se maintiennent sur ce créneau en diversifiant leur offre. Chez Nallias, Daniel Dena, responsable communication, explique que l’assurance maladie 100% ou 80% est proposée uniquement aux PME/PMI. L’évacuation sanitaire est une option qui intéresse de plus en plus les assurés, le plateau technique au Mali étant insuffisant pour prendre en charge de nombreuses pathologies, en particulier en cas d’opération chirurgicale lourde. La compagnie NSIA propose pour sa part une assurance maladie complémentaire ou complémentaire santé, à laquelle ont recours des affiliés à l’AMO pour avoir accès à certains produits qui ne sont pas couverts par ce régime. C’est le cas de prestation telles que l’optique avec la fourniture de lunettes, mais aussi les prothèses dentaires que l’on peut obtenir grâce à la complémentaire santé proposée par les assureurs privés.

10ème Assemblée Générale pour commémorer les 10 ans de la FIAC

Créée en 2005 à Bamako, la Fédération Inter-africaine des Assureurs Conseils (FIAC) fête en 2016 ses 10 ans. Elle tient par la même occasion sa 10ème Assemblée Générale du 10 au 12 octobre dans la capitale malienne.

Du 10 au 12 octobre prochain, la Fédération Inter-africaine des Assureurs Conseils (FIAC) tient à Bamako sa 10ème Assemblée Générale. Créée il y 10 ans, à l’initiative des courtiers maliens, la FIAC est aujourd’hui, la structure qui représente de façon légitime la profession de courtier dans les instances de décision du secteur des assurances.

Placé sous le thème : « le renforcement des capacités des courtiers d’assurances», cette 10ème Assemblée Générale s’articule autour de deux sous-thèmes qui seront présentés les deux premiers jours. Il s’agit des enjeux, perspectives et défis technologiques dans le courtage d’assurance et démarche qualité dans la gestion d’un cabinet de courtage d’assurances. Pour Jean Claude Jeanson, président de la FIAC, ces sous-thèmes permettront de faire le bilan des dix années d’existence, « nous en profiterons pour honorer nos pionniers, et fixer nos objectifs pour l’échéance 2020 », affirme-t-il. Le véritable défi actuel de la FIAC est, selon Jeanson, d’intégrer le comité d’expert de la CIMA qui est le noyau des grandes décisions du secteur d’assurance.

La troisième journée des assises sera essentiellement consacrée à la célébration du 10ème anniversaire de la FIAC. Ce sera donc l’occasion pour les représentant des pays membres (14 pays de la zone CIMA et la Guinée Conakry) présents à Bamako de prendre part à la fête.

Selon Tidiane Hady Kane Diallo, président du comité d’organisation, l’état des assurances au Mali n’est pas reluisant. C’est pourquoi, continue-t-il, « cette 10ème Assemblée Générale permettra de statuer sur de nouveaux textes et règlements ». Les recommandations permettront ainsi au Mali d’améliorer sa position, dans la sous-région, dans le secteur de l’assurance.

 

Assurances santé : que couvrent-elles?

Toutes les sociétés d’assurance proposent des produits liés à la santé. La plus courante est la couverture sanitaire qui permet la prise en charge partielle ou totale des dépenses médicales du souscripteur.

Offrant plusieurs types de couvertures d’assurance santé complètes pour les PME/PMI, les ONG, les Organisations gouvernementales et les organismes internationaux, mais aussi les particuliers, les assurances maladies prennent en charge le remboursement, selon un barème prédéfini dans le contrat, les dépenses médicales et pharmaceutiques (hors DCI) en cas de maladie, d’accident, d’hospitalisation ou de chirurgie.

Les assureurs privés ont un réseau de tiers payant comportant les mêmes types de structures que l’AMO, mais ils travaillent plutôt avec des cliniques privées. Ces assureurs offrent des garanties avec ou sans ticket modérateur (pourcentage restant à la charge de l’assuré) et peuvent étendre la couverture à l’étranger avec possibilité d’évacuation sanitaire. Chez Allianz Mali, qui propose le service Mondial Assistance, des solutions complètes d’assistance voyage et d’évacuation permettant de vous envoyer dans les formations sanitaires à l’étranger en cas de nécessité. Idem chez NSIA, qui propose deux systèmes de couverture : le préfinancement des soins par l’assuré et son remboursement en 15 jours, et le système du tiers payant qui prend en charge tous les frais exposés pour le souscripteur dans les centres conventionnés à hauteur du taux de couverture. Chez Sunu Assurances, en plus des produits dédiés aux entreprises privées et publiques, un produit familial est également proposé à l’intention des particuliers.