Assurance islamique : Une opportunité d’investissement

Actuellement, à peine 1,5% des investissements mondiaux dans le domaine de la finance islamique sont orientés vers l’Afrique. Au Mali, avec une population à plus de 90% musulmane, le secteur représente une opportunité de croissance, surtout pour les assurances, dont le taux de pénétration reste faible. L’assurance islamique ou « Takaful » est désormais un nouvel outil.

L’assurance islamique, en arabe, « takaful », « se garantir mutuellement », repose sur trois interdits fondamentaux, conformément à la charia (loi islamique) : le hasard, les intérêts et la spéculation. Pour exclure toute notion de hasard ou d’incertitude dans leurs contrats, les compagnies recourent donc au « tabarru » : un contrat « à titre gratuit ». Les souscripteurs versent une « donation », et non une prime, à l’opérateur. Et, pour respecter la notion d’absence d’intérêt, le montant de ce « don » ne couvre que les frais de gestion du contrat, les éventuels bénéfices devant être partagés entre les assurés et l’opérateur.

Une interdiction formelle est faite concernant l’investissement des fonds. Elle porte sur des secteurs bien définis : l’alcool, les drogues, le jeu, la pornographie, l’alimentation non halal, le tabac, les banques et les assurances non takaful, comme l’industrie de l’armement, sauf s’il s’agit de celle des États.

Il existe deux modèles de gestion, avec un point commun : l’existence de deux entités juridiques distinctes, celle où sont logés les cotisations des clients, qui sont chargées de régler les sinistres, et la société de gestion chargée de faire fonctionner le fonds.

Dans le modèle Moudaraba, les participants contribuent au fonds dont ils sont propriétaires et l’opérateur le gère. Les bénéfices du fonds sont partagés suivant un ratio prédéfini.

Selon le modèle « wakalah », l’opérateur est un  mandataire gérant les fonds pour le compte des souscripteurs. Il ne participe pas directement au risque supporté par le fonds mais est rémunéré pour sa gestion, sous la forme d’une « wakalah fee ».

Adapter les lois

À travers son règlement N°003 / CIMA / PCMA / PCE / 2019 du 10 Octobre 2019 portant réglementation des opérations d’assurance Takaful dans les États membres, la CIMA conditionne l’exercice dans ce marché par la création d’une entreprise d’assurance exclusivement agréée pour le Takaful ou, pour les autres, par une extension d’agrément.

Le  texte précise également les mentions des contrats d’assurances Takaful et les branches possibles : Takaful général et Takaful famille.

Fatoumata Maguiraga

Assurance retraite : Épargner pour ses vieux jours

Parmi les produits les plus demandés aux assureurs, figure la prévoyance retraite. Il s’agit d’une épargne à cotisations définies, qui permet de faire face à la cessation d’activité, la plupart comprenant une « garantie décès » optionnelle.

Nombreux sont les chefs de famille qui se retrouvent, après avoir ou non cotisé à la sécurité sociale, avec une retraite largement insuffisante pour faire face à leurs charges. L’assurance retraite permet au souscripteur de mettre de coté un montant défini lors de la signature de son contrat, en général d’une valeur minimale allant de 5 000 à 10 000 francs CFA par mois. L’assurance collecte cette épargne qui est créditée chaque année d’un taux d’intérêt moyen de 3,5%. À chaque fin d’exercice, à compter de la troisième année d’assurance, le souscripteur reçoit un état du compte retraite sur lequel sont inscrits tous les mouvements y afférents. Le contrat peut être souscrit à titre individuel ou collectif (une entreprise pour ses employés). Il existe également différents niveaux de cotisation, qui varient selon les compagnies.

La durée d’un contrat d’assurance retraite varie mais ne peut être en dessous d’un certain seuil d’années de cotisations, défini dans le contrat. L’âge limite de souscription étant de 60 ans au plus, afin d’avoir au moins cinq années pleines d’épargne. L’assurance retraite permet à l’assuré de disposer à sa retraite d’une somme plus ou moins importante, dépendamment de la somme cotisée, qui lui est reversée soit en une fois, soit sous forme de rente. Il peut s’agir d’une retraite complémentaire, s’il a cotisé à la sécurité sociale, ou d’une retraite unique, si comme dans le cas des commerçants, il s’agit de l’unique épargne du souscripteur.

Les compagnies proposent une « garantie décès » optionnelle qui permet aux ayants-droits du souscripteur de bénéficier du montant de son épargne si ce dernier décède avant le terme de son contrat. Le souscripteur peut également solliciter un rachat total ou partiel de son épargne, ou demander une avance de versement. Dans le premier cas, la compagnie prélève des pénalités de rachat, et dans le second, le souscripteur rembourse l’avance avec des intérêts.

 

 

3 questions à Mohamed J.I. Compaoré, directeur général d’Allianz Mali

 

Depuis quand êtes-vous implantés au Mali et quels sont les produits que vous commercialisez ?

Présent au Mali depuis 16 ans, nous commercialisons des produits d’assurance dommage classiques : automobile, incendie, risques divers et transports. Nous avons bien sûr des produits spécifiques à Allianz, qui ont la touche de notre marque, comme le produit « Multirisques professionnels », le produit « Assistance voyage » et l’assurance « Top moto ».

Allianz est la seule compagnie au Mali et dans l’espace CIMA à avoir obtenu la certification ISO 9001/15 en septembre dernier. À quoi la devez-vous ?

Cette consécration est l’issue d’un long processus de démarche qualité. Depuis longtemps, nous avons fait en sorte que notre entreprise soit apte à fournir des produits et des services conformes, non seulement aux exigences de la loi, mais aussi aux exigences de nos clients. La certification est le produit de plusieurs mois de dur labeur. C’est aussi le fruit d’un engagement sans faille de l’ensemble du personnel d’Allianz Mali.

Quelles sont vos perspectives ?

Le groupe Allianz, leader mondial en assurance de biens et de responsabilités, investit en Afrique. Il y a un investissement important qui vient d’être effectué au Maroc. Un autre est en cours dans un pays africain francophone. De sorte que les années à venir vont permettre au groupe Allianz de jouer le premier rôle en terme assuranciel sur le continent. Pour ce faire, nous allons renforcer une communication ciblée afin qu’elle parvienne aux clients potentiels.

Assurance maladie : des produits en développement

Les produits d’assurance progressent dans la conquête de leur clientèle. L’assurance maladie, totale ou partielle, est l’un des produits qui séduit de plus en plus tant les particuliers que les entreprises, ONG et organisations gouvernementales.

En général, l’assurance maladie couvre les cas d’accident, de maladie, d’hospitalisation, de chirurgie, les dépenses médicales et pharmaceutiques. Aujourd’hui, malgré l’entrée en vigueur du régime d’Assurance maladie obligatoire (AMO) prévoyant de garantir la couverture santé des Maliens jusqu’à 80% et qui, selon le directeur de la CANAM Luc Togo, compte à ce jour quelques 1,2 millions d’affiliés, les compagnies d’assurance se maintiennent sur ce créneau en diversifiant leur offre. Chez Nallias, Daniel Dena, responsable communication, explique que l’assurance maladie 100% ou 80% est proposée uniquement aux PME/PMI. L’évacuation sanitaire est une option qui intéresse de plus en plus les assurés, le plateau technique au Mali étant insuffisant pour prendre en charge de nombreuses pathologies, en particulier en cas d’opération chirurgicale lourde. La compagnie NSIA propose pour sa part une assurance maladie complémentaire ou complémentaire santé, à laquelle ont recours des affiliés à l’AMO pour avoir accès à certains produits qui ne sont pas couverts par ce régime. C’est le cas de prestation telles que l’optique avec la fourniture de lunettes, mais aussi les prothèses dentaires que l’on peut obtenir grâce à la complémentaire santé proposée par les assureurs privés.

3 questions à Tidiane Hady Kane Diallo, président d’honneur de la Fédération interafricaine des assureurs conseils (FIAC)

 

Quel est la différence entre un assureur-conseil et une compagnie d’assurance ?

Comme son nom l’indique, c’est un assureur qui conseille. Il est plus du coté du souscripteur que de celui des compagnies. C’est un intermédiaire entre le consommateur et les compagnies. Ceci dit, ce sont les compagnies qui sont propriétaires des produits d’assurance qu’il commercialise et ce sont elles qui en sont les initiatrices.

La FIAC souffle ses 10 bougies. Quel bilan dressez-vous et comment s’annonce l’avenir ?

Il y avait trois objectifs au départ, à savoir regrouper tous les assureurs conseils de la zone CIMA, être leur porte parole en assurant la défense de leurs intérêts, mais aussi aboutir à leur adhésion dans les structures de décision. Les deux  premiers objectifs ont été remplis. Le dernier point reste le seuil à franchir, et nous sommes en bonne position pour le faire. Pour l’avenir, je suis optimiste, nous avons une vision pour donner à la profession un contenu notable. C’est ce que nous sommes venus voir entre nous, et nous projeter sur les cinq à dix ans à venir.

Quels sont les défis auxquels vous restez confrontés ?

En matière d’association, l’unanimité n’est toujours pas acquise. Il y a toujours des gens à convaincre. Nous travaillons aussi à la pérennisation de l’association. Il nous faut être imaginatifs pour trouver des sources de financement afin de continuer nos activités. La rencontre de Bamako avait entres autres objectifs de nous y aider.

10ème Assemblée Générale pour commémorer les 10 ans de la FIAC

Créée en 2005 à Bamako, la Fédération Inter-africaine des Assureurs Conseils (FIAC) fête en 2016 ses 10 ans. Elle tient par la même occasion sa 10ème Assemblée Générale du 10 au 12 octobre dans la capitale malienne.

Du 10 au 12 octobre prochain, la Fédération Inter-africaine des Assureurs Conseils (FIAC) tient à Bamako sa 10ème Assemblée Générale. Créée il y 10 ans, à l’initiative des courtiers maliens, la FIAC est aujourd’hui, la structure qui représente de façon légitime la profession de courtier dans les instances de décision du secteur des assurances.

Placé sous le thème : « le renforcement des capacités des courtiers d’assurances», cette 10ème Assemblée Générale s’articule autour de deux sous-thèmes qui seront présentés les deux premiers jours. Il s’agit des enjeux, perspectives et défis technologiques dans le courtage d’assurance et démarche qualité dans la gestion d’un cabinet de courtage d’assurances. Pour Jean Claude Jeanson, président de la FIAC, ces sous-thèmes permettront de faire le bilan des dix années d’existence, « nous en profiterons pour honorer nos pionniers, et fixer nos objectifs pour l’échéance 2020 », affirme-t-il. Le véritable défi actuel de la FIAC est, selon Jeanson, d’intégrer le comité d’expert de la CIMA qui est le noyau des grandes décisions du secteur d’assurance.

La troisième journée des assises sera essentiellement consacrée à la célébration du 10ème anniversaire de la FIAC. Ce sera donc l’occasion pour les représentant des pays membres (14 pays de la zone CIMA et la Guinée Conakry) présents à Bamako de prendre part à la fête.

Selon Tidiane Hady Kane Diallo, président du comité d’organisation, l’état des assurances au Mali n’est pas reluisant. C’est pourquoi, continue-t-il, « cette 10ème Assemblée Générale permettra de statuer sur de nouveaux textes et règlements ». Les recommandations permettront ainsi au Mali d’améliorer sa position, dans la sous-région, dans le secteur de l’assurance.