Saint-Etienne-du-Rouvray, Ansbach, Munich, Nice, les loups sont lâchés

Mardi 26 juillet, deux assaillants prenaient en otage et égorgeaient un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, petite ville française près de Rouen. Cette attaque, survient après celles de Munich et d’Ansbach en Allemagne et moins de deux semaines après celle de Nice, qui a fait 84 morts. Hormis l’augmentation notable de ces attaques, elles ont en commun l’action de « loups solitaires », indétectables et qui peuvent frapper n’importe quand.

C’est aux environs de 9h25, que les deux terroristes ont pénétré, par l’arrière, dans l’église où se déroulait l’office matinale. Armés de couteaux, ils ont retenu en otage le prêtre, Jacques Hamel, 86 ans, ainsi que deux sœurs et deux paroissiens, avant d’égorger froidement le prêtre et de blesser grièvement l’un des fidèles, actuellement entre la vie et la mort. La police et le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) se sont rapidement déployés sur les lieux. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) a lancé l’assaut, et peu après 10 h les deux preneurs d’otages étaient abattus.

Daech revendiquera l’attaque, quelques heures plus tard, via son organe de propagande, l’agence Amaq.

« Tuer un prêtre, c’est profaner la République, qui garantit la liberté de conscience. C’est semer l’effroi, car ce que veulent les terroristes, c’est nous diviser, nous séparer, nous déchirer, a déclaré, lors d’une allocution depuis le palais de l’Elysée, le président François Hollande, avant d’ajouter « « La menace terroriste n’a jamais été aussi grande en France comme en Europe, les lois seront appliquées avec la plus extrême fermeté ».

L’enquête, menée par la section antiterroriste est actuellement en cours, le procureur de la république de Paris, François Molins, récurent spécialiste des conférences de presse d’après attentats, mardi 26 juillet, a donné de plus amples détails sur l’attaque et l’un des auteurs : Adel Kermiche, 19 ans, qui était en libération conditionnel et placé sous bracelet électronique depuis le 22 mars dernier, au moment des faits. Il était « connu des services antiterroristes », et fiché « S » par les services intérieur français pour radicalisation, il avait tenté par deux fois de se rendre en Syrie pour participer au djihad. Quant au second terroriste, abattu par les forces d’intervention, « son identification formelle est toujours en cours », a indiqué François Molins.

Loup solitaire

Cette attaque qui survient peu de temps après celle Ansbach et Munich en Allemagne et celle de Nice, pose la question de ces attaques imprévisibles perpétrées par ceux que l’on appelle communément des « loups solitaires ». Ces personnes isolées, qui planifient leurs attaques seules ou en nombre restreint, et qui considèrent leurs objectifs comme des actions légitimes, saintes ou sacrées, et se radicalisent principalement sur le net et les réseaux sociaux, utilisé de manière intensive par les terroristes pour la formation et l’endoctrinement de leurs recrues.

Le web mondial, qu’aucun pays ne peut vraiment contrôler constitue un espace idéal d’échange, sur les tchats, messageries, forums, pour des gens dispersés sur toute la planète, leur permettant d’échapper à la police ou à la censure et de rester connecter aux flux mondiaux d’informations. Dans la revue islamiste Dar al Islam, diffusé sur Internet en mars 2016, les islamistes recommandaient de : « Toujours viser les endroits fréquentés, tel que les lieux touristiques, les grandes surfaces, les synagogues, les églises, les loges maçonniques, les permanences des partis politiques, les lieux de prêches des apostats ». C’est exactement ce qu’on fait les terroristes qui ont frappé à Munich, Ansbach, Nice et hier à Saint-Etienne-du-Rouvray.

La spontanéité et la violence des attaques de ces terroristes, visant à créer un effet psychologique, qui n’ont pas de liens directs avec des groupes radicaux et qui agissent en dehors de toutes structures de commandement, est difficilement prévisible et traçable pour les services de sécurité. Une lutte efficace contre cette forme de terrorisme nécessiterait un renforcement drastique des moyens de contrôle des communications parmi lesquels l’Internet, cet immense réseau de partage et d’échange, où ce mal se répand. Mais un tel contrôle induirait aussi une grave atteinte à la liberté de tout un chacun. Un dilemme complexe que les États et les populations de ces pays confrontés à ce mode de terrorisme devront de façon cruciale, trancher.