Attentats à Mogadiscio: un bilan effroyable (mise à jour)

Le double attentat à la bombe dans la capitale somalienne a fait officiellement plus de 400 morts et des centaines de blessés dont plus de cent dans un  état grave. « Une attaque horrible », a déclaré le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed qui a décrété trois jours de deuil national.

Samedi, deux explosions ont frappé Mogadiscio. Selon le porte-parole du maire de la ville qui a publié un communiqué ce dimanche, ces attentats ont fait « plus de 500 morts et 300 blessés ». « C’est une attaque horrible menée par les shebab sur des civils innocents, qui ne visait pas des responsables gouvernementaux somaliens spécifiques. Cela montre combien ces éléments violents sont sans pitié, pour viser sans distinction des gens innocents », a déclaré dans la même journée le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed.

C’est l’explosion d’un camion garé devant un hôtel dans un quartier fréquenté de la capitale – au carrefour PK5 du quartier Hodan – qui abrite bâtiments officiels, hôtels et restaurants, qui a fait des dizaines de morts. La déflagration a endommagé plusieurs édifices et mis le feu à des dizaines de véhicules. Deux heures plus tard environ, un second véhicule a explosé dans le quartier de Medina.Les attentats n’ont pas été revendiqués mais portent la marque des islamistes du groupe al-Chebab, qui multiplient ce genre d’attaques depuis des mois à Mogadiscio. Les djihadistes, liés à Al-Qaïda, cherchent depuis dix ans à renverser le gouvernement soutenu par les pays occidentaux et à imposer en Somalie une version stricte de l’islam.

IBK à TOMBOUCTOU trois jours après l’attaque terroriste

Revenu de Ouagadougou où il s’était rendu le mardi passé, dans l’optique de présenter ses condoléances à ce pays frère, endeuillé par l’attentat le dimanche passé ; IBK est aujourd’hui jeudi 17 août à Tombouctou où également le deuil est encore vif. Soucieux de maintenir des relations amicales et diplomatiques avec l’extérieur sans pour autant être absent à l’intérieur du pays : un pari incompris.

Apres la visite du premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, Mohamed Saleh Annadif le 15 août à Tombouctou ; c’est le tour du président de la république de s’y rendre 72 heures après l’attaque. Atterri à l’aéroport de Tombouctou aux environs de 12 heures, IBK s’était rendu au quartier général de la MIINUSMA mais aussi à la légion de gendarmerie qui lui est contiguë. Il s’agissait de témoigner et réaffirmer le soutien et la solidarité du gouvernement et du peuple malien à l’endroit des familles de victimes, des forces armées maliennes et la mission onusienne. IBK et sa délégation dont les ministres de la Défense et des anciens combattants Tienan Coulibaly, de l’Administration territoriale Tieman Hubert Coulibaly, le secrétaire général de la présidence Soumeilou Boubeye Maiga, le médiateur de la république Baba Akhib Haidara, ainsi que l’ancien premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, s’étaient rendues au camp des Forces Armées Maliennes pour les encourager et réaffirmer sa détermination à lutter contre le terrorisme. Une journée chargée, car le chef de l’État s’estt aussi rendu au domicile de l’imam de la grande mosquée Djingareyber. Des personnalités et notabilités de la ville l’attendaient déjà chez Abdarahmane Ben Essayouti imam de ladite grande mosquée. Selon Yehia Tandina, journaliste à Tombouctou, Le président très marqué par la perte brutale de ces compatriotes a affirmé que « quand un père perd ses enfants, il ne peut que s’en remettre à Dieu. C’est lui qui donne et c’est lui qui retire ». IBK avait au préalable expliqué les raisons qui l’ont poussé à se rendre à Ouagadougou au Burkina, bien que Douentza et Tombouctou aient été ciblées. « Je suis le président du G5 Sahel, un pays frère, ami et membre de cette organisation. C’est pourquoi j’ai dépêché le premier ministre et des membres du gouvernement à Tombouctou en attendant mon retour » avait justifié l’hôte de la cité de 333 saints. La délégation s’était ensuite rendue dans la famille du gendarme mort dans l’attaque, ainsi que dans les familles des six autres victimes de la barbarie. IBK n’a pas manqué d’opérer des gestes à l’endroit des notables et des parents des familles attristées.

Cette visite a été saluée par la population de Tombouctou, qui y voient un signe de considération du président à leur égard et à l’égard des victimes. Des voies s’étaient levées pour s’indigner de son déplacement à Ouaga alors que la même tragédie endeuillait son pays. Dans les régions du Nord qui ont souffert des affres de l’occupation, les populations ne cachent plus leur malaise face au pouvoir central. Certains pensent que le gouvernement ne se soucie pas de leur sort, les laissant livrer à l’insécurité chronique et au terrorisme.

Saint-Etienne-du-Rouvray, Ansbach, Munich, Nice, les loups sont lâchés

Mardi 26 juillet, deux assaillants prenaient en otage et égorgeaient un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, petite ville française près de Rouen. Cette attaque, survient après celles de Munich et d’Ansbach en Allemagne et moins de deux semaines après celle de Nice, qui a fait 84 morts. Hormis l’augmentation notable de ces attaques, elles ont en commun l’action de « loups solitaires », indétectables et qui peuvent frapper n’importe quand.

C’est aux environs de 9h25, que les deux terroristes ont pénétré, par l’arrière, dans l’église où se déroulait l’office matinale. Armés de couteaux, ils ont retenu en otage le prêtre, Jacques Hamel, 86 ans, ainsi que deux sœurs et deux paroissiens, avant d’égorger froidement le prêtre et de blesser grièvement l’un des fidèles, actuellement entre la vie et la mort. La police et le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) se sont rapidement déployés sur les lieux. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) a lancé l’assaut, et peu après 10 h les deux preneurs d’otages étaient abattus.

Daech revendiquera l’attaque, quelques heures plus tard, via son organe de propagande, l’agence Amaq.

« Tuer un prêtre, c’est profaner la République, qui garantit la liberté de conscience. C’est semer l’effroi, car ce que veulent les terroristes, c’est nous diviser, nous séparer, nous déchirer, a déclaré, lors d’une allocution depuis le palais de l’Elysée, le président François Hollande, avant d’ajouter « « La menace terroriste n’a jamais été aussi grande en France comme en Europe, les lois seront appliquées avec la plus extrême fermeté ».

L’enquête, menée par la section antiterroriste est actuellement en cours, le procureur de la république de Paris, François Molins, récurent spécialiste des conférences de presse d’après attentats, mardi 26 juillet, a donné de plus amples détails sur l’attaque et l’un des auteurs : Adel Kermiche, 19 ans, qui était en libération conditionnel et placé sous bracelet électronique depuis le 22 mars dernier, au moment des faits. Il était « connu des services antiterroristes », et fiché « S » par les services intérieur français pour radicalisation, il avait tenté par deux fois de se rendre en Syrie pour participer au djihad. Quant au second terroriste, abattu par les forces d’intervention, « son identification formelle est toujours en cours », a indiqué François Molins.

Loup solitaire

Cette attaque qui survient peu de temps après celle Ansbach et Munich en Allemagne et celle de Nice, pose la question de ces attaques imprévisibles perpétrées par ceux que l’on appelle communément des « loups solitaires ». Ces personnes isolées, qui planifient leurs attaques seules ou en nombre restreint, et qui considèrent leurs objectifs comme des actions légitimes, saintes ou sacrées, et se radicalisent principalement sur le net et les réseaux sociaux, utilisé de manière intensive par les terroristes pour la formation et l’endoctrinement de leurs recrues.

Le web mondial, qu’aucun pays ne peut vraiment contrôler constitue un espace idéal d’échange, sur les tchats, messageries, forums, pour des gens dispersés sur toute la planète, leur permettant d’échapper à la police ou à la censure et de rester connecter aux flux mondiaux d’informations. Dans la revue islamiste Dar al Islam, diffusé sur Internet en mars 2016, les islamistes recommandaient de : « Toujours viser les endroits fréquentés, tel que les lieux touristiques, les grandes surfaces, les synagogues, les églises, les loges maçonniques, les permanences des partis politiques, les lieux de prêches des apostats ». C’est exactement ce qu’on fait les terroristes qui ont frappé à Munich, Ansbach, Nice et hier à Saint-Etienne-du-Rouvray.

La spontanéité et la violence des attaques de ces terroristes, visant à créer un effet psychologique, qui n’ont pas de liens directs avec des groupes radicaux et qui agissent en dehors de toutes structures de commandement, est difficilement prévisible et traçable pour les services de sécurité. Une lutte efficace contre cette forme de terrorisme nécessiterait un renforcement drastique des moyens de contrôle des communications parmi lesquels l’Internet, cet immense réseau de partage et d’échange, où ce mal se répand. Mais un tel contrôle induirait aussi une grave atteinte à la liberté de tout un chacun. Un dilemme complexe que les États et les populations de ces pays confrontés à ce mode de terrorisme devront de façon cruciale, trancher.

Kidal : Un véhicule de la Minusma explose sur un IED, aucune victime.

Un véhicule de la Minusma a explosé sur une bombe improvisée ce matin à Kidal. Les passagers ont réchappé à la forte explosion grâce au blindage du véhicule.

Un véhicule de la Minusma blindé escorté par deux gros véhicules eux aussi blindés a explosé ce matin à l’entrée de l’oued d’Aliyou à Kidal. Le véhicule ciblé a subi l’explosion au niveau des roues avant creusant un petit cratère.

Auparavant , au même endroit deux véhicules de la Minusma avaient subi le même type d’attaque. « Le procédé est le même, ils entèrent l’explosif improvisé (IED) qui est relié à un fil, quelqu’un suit le fil, quand il voit le véhicule ciblé, il appuie sur une batterie qui déclenche l’explosion », explique un habitant du quartier, joint au téléphone. Les passagers ont réchappé à l’explosion grâce au blindage du véhicule. « Ce type de véhicule est blindé car généralement à l’intérieur, il y a du personnel civil, les chefs, escortés par deux gros véhicules blindés et armés, conçus pour résister aux mines », explique une source locale.

Cette attaque a eu lieu sur une des voies très fréquentée de Kidal, qui relie le quartier Aliyou, non loin du camp de la Minusma et de la maison de Iyad Ag Ghali, au reste de la ville. Un hélico de la force Barkhane patrouillait le ciel de Kidal, après l’attaque, pour surveiller la zone. L’attaque n’a pas été revendiquée , mais à la réunion de Niamey, qui tente actuellement d’apaiser les tensions entre le GATIA  et le HCUA, le GATIA a accusé le HCUA d’être responsable de l’attaque.

La violence de l’explosion a été entendue dans toute la ville, faisant vibrer les fenêtres et les portes. « C’était une très forte explosion ! Hier (mercredi) il y a eu un véhicule des soldats guinéens de la Minusma qui a sauté sur une mine, mais ça n’a pas fait autant de bruit qu’aujourd’hui », indique cette même source. « Les gens ont eu peur car ils sont déjà inquiets avec ce qui se passe entre les mouvements, en ajoutant cette explosion, ça fait beaucoup, conclut-il.

Attentats d’Istanbul : 44 morts et 239 blessés

3 kamikazes se sont fait exploser après avoir ouvert le feu sur la foule, à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, mardi soir vers 22 heures (19 heures au Mali). Le bilan des victimes s’élevait à 44 morts et 239 blessés selon les dernières informations.

Mardi 28 juin, vers 22 heures, Trois kamikazes ont ouvert le feu sur la foule ainsi que sur les forces de police avant d’activer leurs détonateurs et se faire exploser, occasionnant de nombreux morts et blessés. La nationalité des assaillants n’est pour le moment pas déterminée. Selon un dernier bilan, 44 personnes ont été tuées et 239 blessées dont 130 sont toujours traitées dans les hôpitaux de la ville, suite à cet attentat. L’identification de la nationalité des victimes décédées a commencé et selon un responsable turc, parmi les morts figurent 13 ressortissants étrangers : 5 saoudiens, 2 Irakiens, 1 Tunisien, 1 Ouzbek, 1 Chinois, 1 Iranien, 1 Ukrainien et 1 Jordanien.

Le Premier ministre Turc, Binali Yildirim, a réfuté toute défaillance en matière de sécurité dans l’aéroport, il a ajouté que le fait que les terroristes soient armés a compliqué les choses. Les kamikazes sont arrivés à l’aéroport en taxi. Vers 22 heures (heures locales), ils ont ouvert le feu, avec des fusils-mitrailleurs, sur les passagers et les policiers qui se trouvaient dans l’un des terminaux de l’aéroport, avant de se faire exploser.

Les vols n’ont pu reprendre que vers 3 heures du matin (heure d’Istanbul), après une interruption de 6 heures. Néanmoins un tiers des vols étaient annulés et de nombreux autres retardés. Bien que cet attentat n’est, pour l’heure, pas encore été revendiqué, les autorités turques soupçonnent l’organisation État Islamique (EI) d’être responsable de ces attaquesC’est la troisième fois, suite à des attentats terroristes survenus à Istanbul, que les autorités turques attribuent les attaques à cette organisation terroriste.

Pour rappel, la Turquie fait face à deux ennemis distincts, d’une part les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre Ankara depuis 1984 et d’autre part l’État Islamique, implanté sur le territoire turc et qui assure le passage des combattants vers le territoire irakien et syrien.

La violence de l’attaque de l’aéroport d’Istanbul, onzième aéroport le plus fréquenté au niveau mondial, et son mode opératoire, rappelle celle survenue le 22 mars à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles et revendiquée par l’EI.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a vivement condamné cet attentat qui avait, selon lui, pour but de« déstabiliser la Turquie en faisant couler le sang des innocents ». Washington, a dénoncé ces attaques et promis son soutien à Ankara . Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a réclamé une coopération internationale en espérant que « que les auteurs de ce crime seront identifiés et poursuivis en justice ». La France, par la voix de son président, François Hollande, a « condamné fermement » cet « acte abominable », lors d’une conférence de presse au sommet européen de Bruxelles.

 

Terrorisme sans frontière

Les attentats de Bamako et de Bruxelles nous rappellent, s’il en était besoin, qu’aujourd’hui la menace terroriste peut frapper à tout moment, et surtout qu’elle s’intensifie. Dans ce contexte de sensibilité sécuritaire mondiale, réadapter les moyens de prévention devient plus que nécessaire

Lundi 21 et 22 mars, le terrorisme frappait à nouveau : deux symboles européens, le quartier géné- ral de l’EUTM (Mission de Formation de l’Union Européenne au Mali) situé dans l’hôtel Azalai Nord Sud de Bamako, n’occasionnant heureusement aucune victime, puis le 22 mars, l’aéroport Zaventem de Bruxelles, qui relie la capitale européenne au reste du monde et la station de métro Maelbeek proche de ces institutions. On déplorait hier dans la capitale belge plus d’une trentaine de victimes et 200 blessés.

Il ne fait aucun doute que la cible des terroristes était l’Europe : sa présence et son action pour l’EUTM, en charge de l’entraînement des forces armées maliennes, le centre névralgique de sa politique et ses valeurs à Bruxelles. Bien que les modes opératoires des deux attentats, revendiqué par Daech pour Bruxelles est possiblement AQMI pour Bamako, soient différents. Quatre hommes armés de fusil et grenade ont pris d’assaut le quartier général de l’EUTM, rappelant les modes opératoires exécutés au Radisson Blu de Bamako, à l’hôtel Splendid de Ouagadougou, ou plus récemment à Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Quant aux attaques suicides planifiées et coordonnées à Bruxelles, elles rappellent le drame de l’attentat de Paris du 13 novembre 2015.

Au-delà de l’effroi que l’on peut ressentir, vu la barbarie des assaillants et le nombre de victimes, ces attaques démontrent, encore, la capacité de ces groupes terroristes à frapper efficacement et n’importe où pour semer la terreur. Elles prouvent aussi que pour mener cette « guerre mondiale » contre le terrorisme, il faut non seulement réadapter les capacités analytiques des services de renseignements, mais aussi former suffisamment leurs personnels à ces nouvelles menaces en perpétuelle mutation. Dans le cas de Bruxelles, il y a eu une prise de conscience tardive de la montée de l’islam radical et du radicalisme djihadiste, comme à Molenbeek. À Bamako, les services sont en sous-effectif et devraient enfin se doter d’un département capable de collecter, d’exploiter et de comprendre les enjeux de ces mouvances terroristes pour mieux prévenir les attaques.

Il est aujourd’hui crucial de connecter les événements, d’investiguer et de mettre en perspective toutes ces attaques. Mais aussi d’avoir une réponse commune face au terrorisme, que ce soit entre pays européens ou ici au Mali avec tous les pays de la sous-région, pour mieux contrôler les frontières et renforcer l’échange d’informations et la coopération policière. Car, en face, l’ennemi communique entre mouvements, disposent de capacités militaires, de moyens financiers et d’une idéologie suffisamment ancrée pour leur permettre de braver la mort.