MSA : Un deuxième congrès pour de nouvelles orientations

Le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) tiendra son congrès les 14 et 15 mars 2020 dans la région de Ménaka. Créé en novembre 2016, le mouvement n’en sera qu’à son deuxième congrès. Le renouvellement des instances du groupe armé dirigé par Moussa Ag Acharatoumane ou encore l’orientation politique du mouvement seront débattues lors de la rencontre. En plus, de nouvelles perspectives qui seront dégagées. Plusieurs invités sont attendus pour participer aux assises du MSA. Dont la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), avec laquelle le MSA, affilié à la Plateforme, a eu plusieurs accrochages. Le 12 janvier 2020, les deux groupes, signataires de l’Accord pour la paix, ont ratifié une entente portant sur les arrangements sécuritaires dans la région de Ménaka. Depuis, un calme relatif règne dans la zone, même si elle reste sous la menace de l’État islamique au grand Sahara (EIGS). Ce congrès pourrait également être l’occasion d’aborder la gestion de la sécurité autour des élections législatives du 29 mars prochain. Dans un communiqué daté du 22 janvier 2020, la Coordination des mouvements de la Plateforme attirait déjà « l’attention du gouvernement sur le besoin de redéploiement rapide des forces de défense et de sécurité, ainsi que de l’administration, dans les régions du nord et du centre pour un bon déroulement de ces élections ».

Boubacar Sidiki Haidara

Mohamed Ould Mahmoud : « Nous n’accepterons plus qu’un membre de la CMA soit arrêté comme ça… »

Ces derniers jours, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) secoue l’actualité. Après l’assassinat de son commandant au MOC de Tombouctou, le 9 septembre, deux de ses combattants ont été enlevés le 11 à Tinzawaten, et le 15,  un de ses officiers a été arrêté par la gendarmerie à Bamako. Le porte-parole de la Coordination, Mohamed Ould Mahmoud sur ces différents épisodes.

Comment avez-vous vécu l’arrestation de votre officier ?

Tout d’abord nous avons été surpris par le fait qu’on arrête cet officier, parce qu’il est membre du sous-comité Défense et sécurité du Comité de Suivi de l’Accord (CSA). Il était venu pour cette réunion mensuelle à laquelle il a l’habitude de participer. Pour nous, s’il faut opérer des arrestations dans nos rangs, il serait bon de le faire conjointement avec nous. Nous sommes dans un partenariat. On ne peut pas arrêter un officier d’un si haut rang dans un style qui n’est pas respectable. Dans le style comme dans la forme nous n’avons pas été du tout contents. On a voulu jouer sur notre fibre émotionnelle, mais nous avons gardé notre sang froid.

Qu’est ce qui a motivé cette arrestation ?

Notre officier MOC à Tombouctou, assassiné il y a quelques jours, travaillait sous les ordres d’Ibrahim Ould Handa, qui a été arrêté. Ils ont retrouvé un appel de lui remarqué dans les échanges téléphoniques, ce qui est  tout à fait normal. Après les interrogatoires, il a été libéré, mais ce genre de situation ne devrait pas arriver.

Des rumeurs annonçaient que vous alliez boycotter le CSA du mardi ?

Nous, nous sommes une structure qui mesure l’envergure de sa responsabilité.  Nous voudrions plutôt comprendre pourquoi on a arrêté notre officier. Ceci pose aussi le problème de la sécurité de tous les membres de la CMA qui sont en mission à Bamako pour la mise en œuvre de l’Accord. Nous n’accepterons plus qu’un membre de la CMA soit arrêté comme ça par les structures du gouvernement malien. Nous avons fait notre communiqué mais nous avons participé aux travaux du CSA, pour être dans les fondamentaux et non à la périphérie de l’Accord.

Deux autres combattants ont été enlevés à Tinzawaten. Qu’est ce qui explique cet acharnement contre la Coordination ?

La CMA est la seule qui a une présence géographique dans tout l’Azawad, même  dans les coins les plus reculés. Nous imposons la sécurité. Les intégristes ont dénoncé le MOC et les patrouilles mixtes parce qu’ils savent que ce mécanisme pourrait les mettre en difficulté. Mais, malheureusement, le Mali aussi traine les pieds depuis trois ans. Les ennemis de la paix, aussi longtemps qu’ils pourront frapper, le feront. Il faut que l’armée nationale reconstituée soit déployée rapidement. C’est la priorité des priorités si le Mali veut conserver sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Présidentielle 2018 : Après 5 ans, IBK de retour à Kidal

Le président IBK est actuellement à Kidal jusqu’à demain matin dans le cadre de sa tournée électorale. Sur place, il a rencontré les responsables de la CMA, les autorités traditionnelles et échangé avec la population, sur des questions cruciales comme la mise en oeuvre de l’accord de paix, le statut de l’Azawad et la sécurisation du processus électoral.

Cela faisait 5 ans que le président IBK n’avait pas foulé du pied le sable de Kidal, où il a atterri ce jeudi 19 juillet aux environs de treize heures dans un avion affrété de Gao par la Minusma. Sa venue dans ce bastion du Nord, fief des ex-rebelles de la CMA, s’est faite dans une relative discrétion. Cette étape, fortement symbolique dans la tournée électorale du candidat, avait d’abord été annoncée pour le 9 juillet dernier avant d’être à nouveau décalé au 19 juillet.

Sur le Tarmac de l’aérodrome de la Minusma, le président-candidat a été accueilli par Bilal Ag Chérif, président en exercice de la CMA, Mohamed Ag Intalla, l’Aménokal des Ifoghas ainsi que par les autorités traditionnelles de la ville.

Le cortège composé de plusieurs véhicules 4×4 s’est ensuite dirigé vers le siège du DDR, un ancien hôtel, ou le président a pris ses quartiers et a déjeuné avec ses hôtes avant de gagner le siège de l’autorité intérimaire, en fin d’après-midi, pour un meeting. C’est en présence des différents cadres et responsables de la CMA, de la société civile, des femmes et des jeunes, que le président candidat a fait un discours où il s’est engagé à construire sur place un aérodrome international, ainsi qu’un hôpital régional. Le président-candidat a ensuite pris part à des échanges directs avec l’assistance, notamment sur le retard dans la mise en œuvre de l’Accord et la question de la reconnaissance de l’Azawad.

Le président et ses collaborateurs passeront la nuit dans la ville où un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé. Dans les airs d’abord, où les chasseurs de la force française Barkhane ont patrouillé le ciel lors du déplacement du président, et sur terre où sa sécurité est assurée à 100 % par les forces de la CMA et de la CSMAK, la police locale. Pour l’occasion, la ville a été bouclée à l’intérieur comme à l’extérieur, jusqu’à quelques kilomètres autour de Kidal. Les Famas, récemment intégrés dans le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), n’ont pas été convié à sortir de leur camp pour venir renforcer le dispositif de protection du président-candidat.

Si il y a 5 ans, l’ambiance était un peu tendue avec notamment des manifestations contre la venue du candidat, il n’en a rien été pour sa seconde visite dans la cité des Ifoghas, même si les « vives IBK » n’ont pas ponctué l’arrivée du président-candidat comme on a pu l’entendre sur d’autres étapes de sa tournée. On pouvait tout de même lire sur des banderolles, des messages de bienvenue à l’adresse d’Elhadj Ibrahim Boubacar Keita. « Pour nous, c’est comme la visite de n’importe quel candidat à l’élection présidentielle. Ce qui nous importe, c’est leur potentiel à mettre en œuvre l’accord de paix d’Alger. Nous avons déjà expérimenté IBK ces 3 dernières années. Nous nous baserons sur ce qu’il va dire et les propositions concrètes qu’il va faire, sachant que parfois les déclarations faites ne sont pas forcément suivis d’effet », affirme Mohamed Ould Mahmoud, actuel porte-parole de la CMA, qui réfute toute inclinaison particulière pour le président candidat. « Il y a des cadres de la CMA qui le connaissent, depuis même avant le temps de l’Accord, mais nous savons aussi que pour ce qui est de l’Accord, il n’a pas fait grand-chose. En fait, on ne sait pas si ça a évolué avec lui. Ça a plutôt évolué avec le premier ministre actuel, Soumeylou Boubeye Maiga. On a quand même eu à faire à 4 premiers ministres ! Donc, nous ne sommes pas forcément très proches d’IBK, mais nous restons quand même très liés à la mise en œuvre de cet accord, car c’est la seule chose qui nous lie avec le Mali et c’est le candidat qui nous satisfera le plus à ce niveau qui aura notre faveur » poursuit Mohamed Ould Mahmoud.

Pour Nasser, habitant de Kidal, qui déclare sans ambage, « je ne voterai pas ! », ce ne sont pas les quelque 30 000 potentiels votants que vise le gouvernement malien à travers cette venue à Kidal, mais plus la garantie que, « les élections se tiendront bien à Kidal le 29 juillet de 8 h à 19 h et sans incident. Ça démontrerait que Kidal est devenue une ville malienne comme les autres », explique-t-il.

Le bon déroulement du processus électoral, c’est justement l’un des enjeux des discussions que le président-candidat aura avec les responsables de la CMA avec qui il devrait s’entretenir dans la soirée. « La CMA a posé des conditions pour être impliquée dans le processus électoral : la prise en charge des militaires, la sécurisation des élections, les autorités intérimaires au niveau des cercles. Ce sont autant de questions auxquelles nous attendons des réponses, car nous voulons dans les zones que nous contrôlons, assurer la sécurité du processus électoral à 100 %. Nous sommes un mouvement politico-militaire et nous entendons jouer un rôle important et prépondérant dans la sécurisation de ce processus », avertit le porte-parole de la CMA.

Ces audiences avec des personnalités de la CMA, pourraient achever de convaincre ceux qui doutent encore, à 5 jours de la visite de son principal concurrent Soumaila Cissé, même si, comme le concède ce cadre de la CMA sous anonymat, « plusieurs responsables de la CMA soutiennent IBK, car ils estiment qu’il y a eu un début d’exécution de certains points de l’accord sous son mandat. Pour eux, il vaut mieux le soutenir pour parachever ce qu’il a commencé ».

Le candidat IBK devrait quitter Kidal demain matin pour s’envoler  pour Tombouctou.

Ilad Ag Mohamed : « Dès lors que les gens respectaient l’intégrité territoriale du Mali, rien n’interdisait de brandir un drapeau »

Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga, a effectué une visite le 23 mars  à Kidal. Une première pour un chef du gouvernement depuis 4 ans. Elle est apparue comme annonciatrice d’une nouvelle ère, basée sur la confiance. Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), livre à Journal du Mali ses impressions sur ce déplacement.

Sur quoi ont porté vos échanges avec le Premier ministre ?

Ils ont porté essentiellement sur une nouvelle façon de faire. Il veut asseoir la confiance entre les acteurs et écouter les populations pour savoir directement ce qu’elles veulent. Nous pensons que c’est une bonne chose. Nous sommes  longtemps  restés dans l’immobilisme. Maintenant, on s’est dit qu’il faut anticiper pour qu’il n’y ait plus de prétextes. Il s’agissait de briser la  glace entre les différents acteurs en termes de mesures de confiance.

Pensez-vous que cette visite va accélérer le chronogramme pour le retour effectif de l’administration à Kidal ?

Oui. Nous avons un chronogramme qui  été  signé il y a quelques jours.  Avec cette nouvelle feuille de route, nous pensons que la  mise en œuvre de l’Accord sera facilitée. Aujourd’hui, ce qui est sûr, c’est que les messages du genre « aucun Premier ministre n’a été admis à Kidal » sont désormais derrière nous. On verra. Tout dépendra une fois de plus de la volonté et de l’engagement du gouvernement. Nous ne cessons de le dire.

Lors de cette visite, des couacs ont été relevés, comme l’exhibition du drapeau de l’Azawad et des chants indépendantistes de femmes. Était-ce délibéré ?

Ce sont des gens qui croient profondément en l’Azawad  et en son drapeau. Ils s’expriment librement. Qu’est-ce qu’on attend de nous ? De les empêcher de scander ? Ou de leur interdire de faire flotter leur drapeau ? Les gens ont dit ce qu’ils pensaient et je crois que c’était aussi l’un des intérêts de cette visite. Le Premier ministre doit écouter. En tout cas, il n’est jamais revenu vers nous  pour nous demander de quoi il s’agissait. Les gens ont le droit de s’exprimer démocratiquement et rien n’interdit d’exhiber un drapeau. Dès lors que les gens respectaient l’intégrité territoriale du pays et les autres aspects, rien n’interdisait de brandir un drapeau.

Il a été aussi question de l’élection présidentielle. Pensez-vous  que les conditions seront réunies d’ici là pour sa tenue ?

On verra. C’est le Premier ministre qui a tous les moyens entre les mains pour organiser les élections. Pour nous, de notre côté, rien ne peut empêcher l’organisation des scrutins.

La XXème Session du Comité de Suivi de l’Accord : Sous un climat de progrès

 

 

La XXeme Session du Comité de Suivi de l’Accord s’est tenue le lundi 11 septembre  2017 à l’ex CRES de Badalabougou à 15 heures. Dirigée par son Président Ahmed Boutache, la session a enregistré la participation des représentants de la plateforme, de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), des membres de la médiation internationale et  de plusieurs membres du gouvernement dont ceux de la réconciliation et de la défense.

A l’ordre du projet d’ordre du jour de cette 20ème session, l’adoption du projet d’ordre du jour, l’adoption du relevé de conclusions de la 18ème et 19ème session, la présentation par le gouvernement des progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord et débats, la présentation et discussion du rapport du sous-comité Défense et Sécurité et enfin l’organisation et fonctionnement du CSA suivis des divers. Au terme de la session, le Président Ahemd Boutache,  le ministre de la défense et des anciens combattants Tiena  Coulibaly et le  représentant spécial adjoint de la MINUSMA Koen Davidse ont animé un point de presse. Dans son intervention préliminaire  le président du CSA  a exprimé sa satisfaction à l’issue des travaux. Cette 20ème session « s’est tenue globalement sous des bonnes auspices  dans un climat tout à fait positif » a indique le président. Un climat favorisé selon lui par le développement d’un certains nombres des conditions, notamment  la signature d’un accord de trêve entre la CMA et la Plateforme dans un premier temps, de 15 jours puis prolongé pour 30 jours. Ahmed Boutache, fonde un grand espoir sur la pérennité de cette nouvelle trêve  et  a appelé cette fois-ci de tous ses vœux qu’elle puisse «  ouvrir la voie à un accord global et définitif a fin de faire en sorte qu’a l’avenir les deux parties puissent vivre dans un climat de totale confiance et qu’il n’y ait plus d’hostilités ». L’autre élément qui  a servi de tremplin à cette session est le mécanisme de concertation tripartite regroupant le gouvernement, la  CMA et  la Plateforme. Un mécanisme qui permet de discuter de l’ensemble des questions relatives à la mise en œuvre de l’Accord, d’aplanir les difficultés et d’avancer efficacement dans le processus. « Cette fois ci, les parties maliennes ont longuement discuté des moyens de consolider la trêve  et de la conduire vers un accord global et définitif, du retour de l’Etat et de ses symboles à Kidal » a affirmé le Président du CSA. Toutes choses qui, globalement concourent  à la paix qui cristallise tout les efforts ; «  il ne faut pas du tout être surpris si dans les tout prochains jours, des événements heureux se produisent  en ce qui concerne la consolidation de la coopération, de la réconciliation  entre les frères maliens et chose très importante : le retour de l’Etat malien et de ses symboles à Kidal  »  a fait savoir le diplomate algérien.

Sur la question du budget, qui   posait  des difficultés, « le CSA a décidé de mettre en place un groupe restreint  qui sera chargé d’approfondir les discussions sur la question du budget et de trouver les solutions appropriées à la question », a laissé entendre Ahmed Boutache. De même, le CSA a entériné le choix des parties maliennes qui  ont décidé de retenir la fondation Carter comme observateur indépendant.  «  Il s’agira maintenant de passer aux modalités d’ordre techniques pour que ce candidat devienne effectivement  observateur indépendant  et assume ses missions » a souligné le président du comité.  Par rapport au Mécanisme Opérationnel de Coordination,  le ministre de la défense et des anciens combattants Tiena Coulibaly, a fait savoir qu’il y a déjà un MOC opérationnel à Gao. « Le MOC dont  on a le plus parlé est celui de Kidal, nous espérons  profiter des trente jours de trêve non seulement pour nous entendre sur un chronogramme pour la mise en place du MOC mais aussi mettre en place le MOC » a révélé le ministre.  Avec la bonne volonté constatée de toutes les parties engagées dans le processus, 200 soldats de l’armée malienne plus 200 combattants de la CMA et 200 combattants de la Plateforme vont se retrouver à Kidal, dans les prochains jours, un préalable pour le retour de l’administration dans la région.  De l’avis de  Koen Davidse, représentant spécial adjoint de la MINUSMA, c’est très positif qu’il y ait eu des trêves, «  maintenant il faut avancer rapidement avec la mise en œuvre, les patrouilles mixtes, les autorités intérimaires, les intégrations, avec les cantonnements, on a souligné cela aujourd’hui » souhaite Koen Davidse. Pour lui il n’y a pas une autre alternative que de continuer avec la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Des fâchés  de la CMA et de la Plateforme

Simultanément à cette session, les mouvements signataires de l’Entente du 25 janvier 2017  ont tenu un point de presse non loin du lieu ou se tenait le CSA.  L’objectif de cette rencontre selon le coordinateur des mouvements de l’Entente et non moins secrétaire général de la Coalition pour le peuple de l’Azawad Mohamed Ousmane Ag Mohamedine, est d’informer l’opinion nationale et internationale de l’agrandissement de la famille des mouvements signataires de l’Entente du 25 janvier 2017, qui accueille deux mouvements  issus de la plateforme : le Mouvement Populaire pour le Salut de l’Azawad (MPSA) et le Front Populaire de l’Azawad (FPA). Ces deux mouvements ont acté leur adhésion  aux mouvements de l’Entente composés initialement de la Coalition du Peuple pour l’Azawad (CPA), de  la Coordination des Mouvements et Forces Patriotiques de Resistance2 (CMFPR 2), le Congres pour la Justice dans l’Azawad (CJA) et le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA). Pour le coordinateur des mouvements de  l’Entente, «  il y avait une violation flagrante du principe d’inclusivité qui était partie de la tentation d’exclure des mouvements signataires de l’Accord ». Par cette intégration, l’Entente se dit « plus que  jamais déterminé à  continuer le combat pour l’inclusivité et la mise en œuvre de l’Accord », car selon Mohamed Ousmane Ag Mohamedine «  nous sommes dans une régionalisation et la régionalisation suppose que nous devons avoir la possibilité de pouvoir gérer nos régions  et nos administrations de proximité et là on ne peut le prendre quand on est  exclus dans processus dont nous sommes nous mêmes acteurs » se plaint le coordinateur des mouvements.  «Nous faisons notre entrée pour renforcer la position de nos frères de la CMA pour qu’ensemble nous puissions conjuguer nos efforts  et amener les autres parties à l’application de cet Accord qui est aujourd’hui notre seul espoir car notre seule attache est la République du Mali et le salut de ce pays » a déclaré Boubacar Sadick Ould Taleb, tout exprimant  leur joie d’avoir rejoint l’Entente. C’est à cause de la prise d’otage de l’Accord que certains de ces  mouvements ont été créés  pour défendre les droits de leurs populations a estimé le Président du MPSA.

Les jours à venir seront décisifs pour les parties signataires dans la mise en œuvre de l’Accord. Avec la trêve de 30 jours et des discussions pour peaufiner les détails, il est permis de croire des lendemains heureux.

 

Irganda, nouveau mouvement communautaire

Un énième mouvement est né le 21 mai dernier : Irganda, signifie « notre terre » ou « terroir » en songhaï. Il entend représenter les groupes sociaux et les communautés de culture songhoy, sédentaires, majoritaires dans le septentrion malien (environ 80%), contre la domination des mouvements arabo-touaregs, et œuvrer pour le développement du nord du Mali. Si les motivations générales du mouvement fédèrent, certains redoutent que s’y dissimulent des objectifs plus politiques.

Créé à Gao sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, Irganda a suscité une forte adhésion des communautés songhoy et a réussi a fédéré, rien que pour la cité des Askia, plus de 7 000 membres. « Le mouvement Irganda est composé par les sédentaires. Nous voulons montrer à l’opinion internationale que nous sommes majoritaires au nord et qu’une minorité tente de devenir majoritaire grâce à sa communication et surtout parce qu’ils ont pris les armes », explique Aboubacrine Abdoulaye Maïga, chargé des relations extérieures du mouvement. Visée, sans la mentionner, la main-mise des mouvements arabo-touaregs comme la CMA, qui cherche toujours, depuis la signature de l’accord de paix, à faire reconnaître l’Azawad comme une entité administrative et politique.

Le mouvement peut compter sur le soutien de la communauté songhoy, influente au sein de l’appareil d’État, de cadres et de chefs d’entreprises. Mais même si pour la plupart, les motivations générales du mouvement séduisent, certains s’interrogent sur la création de ce mouvement aujourd’hui et pas avant la signature de l’accord. « On avait compris que l’accord c’était pour nous tous, mais on a vu que dans son application, ce n’est pas le cas. Une communauté est favorisée par rapport à une autre, alors que nous vivons dans le même terroir », justifie Aboubacrine Maïga, qui souhaite que le mouvement soit pris en compte dans l’accord de paix.

Des motivations politiques ? Néanmoins, certains hésitent encore à intégrer Irganda, « ce mouvement parle aussi du développement et de la sécurité dans le Nord, mais ils n’ont rien fait en 2012-2013 pour les réfugiés, alors qu’ils ont des millions en banque. Ces gens-là se cachaient à l’époque. À quelle fin veulent-ils créer le mouvement Irganda ? s’exclame ce commerçant de Gao. D’autres redoutent une récupération à des fins politiques du mouvement en vue des élections. « On se pose la question, parce qu’Ousmane Issoufi Maïga est en train de faire campagne pour Soumaïla Cissé. Il pourrait profiter de ce nouveau mouvement pour avoir un poids considérable lors des élections de 2018. C’est arrivé dans le passé avec Malick Alhousseini Maïga, qui nous avait rassemblé en 2012 pour créer la Coordination des Ressortissants du Nord (COREN), mais à la fin il cherchait tout simplement un poste politique et quand il l’a obtenu, tout le monde a été écarté. Nous connaissions trop nos politiciens et on se méfie. », objecte Oumar Alassane Touré, du réseau des patriotes du Nord.

Une collusion avec le politique fermement battue en brèche par Aboubacrine Maïga. « Irganda est apolitique. Nous ne sommes pas en train de faire campagne pour Soumaïla Cissé, ni pour IBK. Pour créer Irganda, nous avons mis la main à la poche. On n’a rien demandé au gouvernement, ni à un parti politique. On est toujours resté derrière l’État qui n’a jamais joué son rôle. Nous, nous défendons le territoire d’abord », soutient-il. Une affirmation qui ne manquera pas d’être vérifiée par les sceptiques et les détracteurs de ce nouveau mouvement, dans le futur. « Si le mouvement Irganda, fort de son chef et de ses soutiens, veut faire bouger les choses, ils pourra y parvenir s’il n’a pas d’autre agenda », conclut Oumar Alassane Touré.

 

 

 

3 questions à Pierre Boilley, Historien

L’Azawad, est-ce un espace théorique ou réel ?

C’est une région qui est un peu au nord d’Araouane dans la région de Tombouctou. L’Azawad représentait la région de Kidal dans l’esprit de beaucoup de rebelles mais ça pouvait être extensif jusqu’à toute la partie saharienne. Le MNA et ensuite le MNLA ont repris cette appellation d’Azawad et en ont fait la base d’un territoire dont ils ont fini par réclamer l’indépendance.

 Est-ce que le concept de l’Azawad est compatible avec un Mali unitaire ?

C’est compatible à partir du moment où il n’y a pas de revendication d’indépendance. Ça l’est moins évidemment s’il y a une partition du pays. On pourrait imaginer un État malien qui accepterait une forme de multinationalisme et donnerait à chacun une sorte d’autonomie. Dans sa version centralisée, on voit que ça ne marche pas très bien. Je pense que s’il y avait plus de possibilités de décisions locales, les choses pourraient être plus faciles pour l’État.

 N’est-ce pas avant tout une revendication chère aux mouvements armés plus qu’aux populations du Nord ?

Actuellement, oui, on peut le dire. En 2012 quand il y a eu la déclaration d’indépendance de l’Azawad, on voyait bien que cela concernait surtout les mouvements rebelles et c’était avant tout des Touaregs de Kidal. Mais il y a aussi, dû au passé, une certaine frayeur de l’État malien et de l’armée malienne. Cette revendication d’indépendance n’est pas sortie ex nihilo. Il y a quand même quelque chose envers cet État centralisateur, unitaire qui n’accepte pas trop clairement le multiculturalisme. Il y a un fossé culturel et mental.

AZAWAD : La pomme de discorde

« L’Azawad », est depuis sa « création », en quête d’une reconnaissance juridique et politique. La Conférence d’entente nationale, qui s’est tenue du 27 mars au 2 avril à Bamako, a, autour de la table des discussions, permis de débattre sur ce terme. Mais le rapport final de la conférence a conclu qu’il ne pouvait faire l’objet d’aucune revendication politique. Un échec pour la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dont le but est de parvenir à la gestion autonome de ce territoire qui engloberait les 5 régions du Nord. Et ce malgré le fait que les populations se montrent globalement réfractaires à ce projet.

La reconnaissance de l’appellation « Azawad », un concept jugé sensible, cher à certains et rejeté par d’autres, était au cœur des débats parfois houleux, fin mars début avril, lors de la Conférence d’entente nationale à Bamako, sans parvenir à un consensus, entre ceux qui défendent la reconnaissance d’un statut politique et juridique pour ce territoire, et ceux qui ne veulent pas en entendre parler. Cette volonté d’une reconnaissance politique de l’Azawad, portée par la CMA, s’est heurté, aux conclusions de cette rencontre nationale tant attendue : l’Azawad en tant qu’entité mémorielle, humaine et culturelle ne doit renvoyer à aucun projet politique et ne peut englober toutes les régions dites du Nord. Pour autant, la question n’est pas réglée, et ses défenseurs s’activent à faire de ce projet une réalité, sur le long terme, la reconnaissance du nom n’étant qu’une première étape vers une autonomie désirée, pour ce territoire qu’ils veulent voir se distinguer d’un Mali unitaire.

Un projet nommé « Azawad » « Les gens ici utilisent le terme « projet » pour parler de l’Azawad. Ça remonte aux années 90 quand les Touaregs de l’armée de Kadhafi, dont Iyad Ag Ghaly, sont revenus au pays et ont lancé une rébellion, qui s’est rapidement dissoute en plusieurs mouvements et ces mouvements accollaient tous le mot Azawad à leurs noms. C’est à partir de ce moment que l’Azawad est devenu politique, une sorte de produit commercial ou marketing. Le Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) de Iyad, fut le premier mouvement a porté le «L» de libération. Il fallait libérer le territoire nommé Azawad du Mali, bien avant le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) », explique cet habitant de Kidal.

Pour certains, c’est dans les années 70, juste après la grande sécheresse de 1973 qui fit de nombreuses victimes dans la population touarègue, que le mot « Azawad » apparu, un territoire nécessaire pour une rébellion en préparation. « À l’époque, j’avais 20 ans. J’étais stagiaire dans une banque en Algérie. J’ai été approché par des membres actifs de la rébellion de 1963, qui avaient pour mission de créer une rébellion, une résistance. C’était en juin 76. Pour la première fois, j’entendais parler de l’Azawad », se remémore Ibrahim, un cadre de la CMA. « Le terme même m’a paru convaincant. Ils m’ont dit qu’il fallait un nom qui puisse rassembler le maximum dans la partie septentrionale du Mali, un nom fédérateur. J’ai prêté serment pour cet Azawad », ajoute-t-il. À l’époque, le nom de l’Azawad ne souffrait pas de discussion, il était acquis, comme était acquise l’idée d’aller se battre au Mali.

Aujourd’hui, après la crise qu’a traversé le pays, le terme ne semble plus aussi fédérateur, sa défense n’étant soutenue que par certains mouvements armés et des radicaux. « Il y a ceux qui veulent l’indépendance, qui défendent leur territoire. Ceux-là, ils sont là-bas au nord. On ne les retrouve pas sous les climatiseurs à Bamako. Quand vous allez dans les brousses, il y a des gens qui n’ont jamais vu le moindre petit apport de l’État malien. Pour eux, ça n’existe pas. Ils n’ont jamais été soigné, ils n’ont jamais eu l’eau à boire, il n’y a rien qui les poussent à vouloir devenir malien. C’est un raisonnement radical. Ils sont nombreux et ils le pensent vraiment », témoigne cet employé humanitaire de la région de Kidal.

« La question de l’Azawad est à mon avis plus une question à débattre mais davantage un leadership que le gouvernement doit imprimer dans la mise en œuvre de l’Accord : la mise en place du MOC, du DDR, le développement notamment routier, si on arrive à régler ce problème là, les 90 % du problème sera réglé », résume le socio-anthropologue Naffet Keita.

Être ou ne pas être azawadien Pendant les consultations pour la Conférence d’entente nationale dans les régions du Nord, beaucoup se sont interrogés sur la nécessité de faire partie de l’Azawad. À Tombouctou, Taoudéni, Gao et même Kidal, l’identification des terroirs surpasse l’appartenance à cette entité symbolique. « L’Azawad c’est une importation récente pour nous. Je ne me retrouve pas dans ce terme-là. C’est un truc de Tombouctou. Je suis de Kidal et je suis plus fier d’être de là-bas. C’est, en réalité, un terme pour dominer la majorité », affirme Abda Kazina, vice président de l’Assemblée régionale de Kidal. Selon lui, cet avis semble partagé par un grand nombre qui ne se considère pas comme azawadien, mais l’affirmer serait plus compliqué. « La CMA sait que les gens ici sont totalement contre ça et parfois plus que les sudistes. Mais comme c’est la CMA qui contrôle la ville, les gens sont muselés, ils ne peuvent exprimer leur opinion. Pour la CMA qui n’a pas pu atteindre son objectif, la reconnaissance du nom Azawad c’est le minimum qu’ils veulent donner aux radicaux qui les ont soutenus, les femmes, les jeunes gens qui se sont battus, les parents des combattants morts sur le champ de bataille. C’est le minimum qu’ils peuvent donner comme satisfaction aux familles des victimes », explique cet habitant de Kidal sous anonymat. À Tombouctou, beaucoup ne veulent plus entendre parler de ce nom. « Ça crée des problèmes, des divisions. Ça voudrait dire que les accords, la conférence, tout ça n’a abouti à rien », objecte Mohamed Alher, un journaliste de Tombouctou. « Refuser de reconnaître un statut politique et juridique de l’Azawad, va plus galvanisé les gens. Moi je vous assure qu’ils ne déposeront pas les armes pour le DDR. On vous enlève votre Azawad, on vous désarme, où sont les mesures de confiance ? Il n’y a aucune mesure de confiance ! » s’exclame ce combattant de la CMA.

Pour Moussa Ag Acharatoumane, un ancien du MNLA qui a âprement milité pour l’indépendance de ce territoire, le caractère républicain et laïque de l’État malien, n’est plus à remettre en question. « L’appelation « Azawad » ne doit pas cacher la création d’un État. Il y a des pour, des contre, ceux qui voient une sécession derrière ça. Mais il faudra que l’ensemble des Maliens s’assoient pour vraiment discuter par rapport à cette appellation et que son caractère diabolique soit mis de côté pour essayer de trouver des solutions qui soient en harmonie avec les engagements nationaux et internationaux », explique-t-il.

Vers un référendum ? Ce qu’a montré la Conférence d’entente nationale sur le sujet Azawad c’est qu’au delà de la cacophonie des débats entre partisans et détracteurs, la question de l’Azawad est loin d’être tranchée. Pour certains, des concertations voire un référendum dans les régions du Nord doivent avoir lieu pour clore la question. « Il faut faire des concertations locales, au niveau de Kidal, Ménaka et Taoudéni, demander à l’ensemble de ces populations si elles sont d’accord avec le nom Azawad », déclare Oumar Alassane Touré, président de la Coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord pour la paix et le développement.

En attendant d’éventuelles concertations, le concept d’Azawad reste vivace dans l’esprit de nombreuses personnes dans le Nord du Mali, qui espèrent que tout ce qui s’est passé de 2012 à maintenant n’a pas été vain. Pour eux, la reconnaissance du nom Azawad est un début satisfaisant, un premier pas qui, s’il est finalisé, mènera à d’autres qui pourront apporter à une forme d’autonomie ou d’autogestion. « Il y a toujours cette idée profonde des gens de ne plus être commandés par Bamako. Ça c’est le fond. Ils ont dit oui à un Azawad mémoriel, culturel mais pas politique. Le gouvernement a raison de se battre sur ce point, comme les Azawadiens ont raison de pousser les choses pour y parvenir. Nous sommes d’accord pour un référendum dans les 5 régions du Nord, mais vous pouvez être sûr que nous n’irons certainement pas au référendum juste pour un Azawad mémoriel », conclut Ibrahim.

 

 

 

 

 

 

Antoine Glaser : « Derrière l’Azawad, il y a des revendications d’autonomie totale »

Parmi les sujets débattus à la Conférence d’entente nationale close le 2 avril, la question centrale de l’Azawad a suscité de vifs débats. Antoine Glaser, ancien rédacteur en chef de La Lettre du Continent, auteur de l’essai polémique « Arrogant comme un Français en Afrique », a répondu aux questions du Journal du Mali sur ce territoire pour le moment reconnu comme une réalité sociétale et mémorielle, mais non politique qui commémore son indépendance ce 6 avril.

Y a-t-il une connotation politique derrière les revendications sur le terme Azawad ?

Derrière le terme Azawad, il y a des revendications d’autonomie totale ou globale en disant « laissez-nous gérer ». Ce qui est vraiment revendiqué, c’est un mode de vie sans frontières. Ce sont des populations transhumantes, commerçantes. Ce qui compte ce n’est absolument pas les frontières mais plutôt l’identité ethnique ou tribale. C’est cela qui prime au-delà même de tout ce qui est identité dans un cadre national. Ce sont vraiment des revendications d’autonomie. Maintenant, la question est de savoir s’il est possible de créer une large autonomie, une décentralisation tant qu’il n’y a pas un État fort avec une armée reconstituée.

Pourquoi de tels enjeux de pouvoir dans cette partie du territoire malien ?

C’est comme tous les lieux de transit et de grand commerce, des lieux où il y a énormément d’intérêts économiques. Toutes proportions gardées, c’est comme au nord de la Centrafrique où il y avait des revendications aussi, parce que c’est là qu’il y avait toute la transhumance avec les éleveurs et tous les trafics avec le Soudan du Sud. Ces zones sont abandonnées par les pouvoirs centraux, en déshérence, des zones de non-droit où il n’y a pas d’impôts et où pullulent les trafics en tout genre. On parle très peu dans cette problématique de l’Azawad du grand frère algérien qui exerce sa tutelle sur l’Accord de paix. La vraie question est de savoir si l’Algérie a vraiment intérêt à travailler pour la paix. Car s’il y a une véritable autonomie ou autogestion de cette région par les Touaregs, cela risque de réveiller des velléités autonomistes dans le Sahara algérien, où se trouvent les réserves pétrolières.

La France a été partisane d’une autonomie renforcée de l’Azawad, quels sont ses intérêts dans cette région ?

On est là dans une très ancienne tradition de soutien au mouvement touareg de la région. Les militaires français et en particulier les services secrets français ont besoin des Touaregs pour la libération des otages et parce que ça leur permet d’avoir des informations qu’ils ne peuvent avoir des Algériens. La France a ainsi des réseaux d’information et de diplomatie secrète dans toute cette région. Cette relation privilégiée avec les Touaregs est une réalité, même si, compte tenu des relations très proches entre François Hollande et le président IBK, on a l’impression que cela a un peu changé. Ce n’est qu’une période politique.

Quel regard portez-vous sur la conférence d’entente nationale qui s’est achevée récemment ?

À partir du moment où il y a des acteurs masqués, en particulier l’Algérie, qui doit savoir exactement ce qu’elle veut et s’engager réellement dans cette région, ce ne peut-être une réussite. Il manque aussi un certains nombre d’engagements d’acteurs majeurs de la région. Il faut une entente entre un certains nombre de mouvements, là aussi il y a des double-jeu, des milices, des groupes armés. On sent qu’il y a eu une précipitation pour la tenue de cette conférence, aussi ici à Paris en vu des élections pour boucler la boucle, qu’on pensait pouvoir boucler au moment du sommet Afrique-France et puis finalement avec l’attentat du camp MOC de Gao, ça a douché la grande image de la France au Mali. Et puis il y a le Front de libération du Macina, il y a la trouille d’un mouvement de djihadiste peul, ça inquiète un certain nombre de militaires français, qui commencent à se dire s’il ne faudrait pas intégrer ce problème dans tous les accords de paix et pas seulement l’Azawad.

 

 

 

Moussa Boureima Yoro : « Avec ces autorités intérimaires, l’Azawad est effectif »

Les autorités intérimaires qui auront la charge d’administrer les régions, cercles et communes du Nord devraient être effectives entre le 1er et le 10 novembre. À Gao, cette mesure passe mal, les populations s’estimant flouées par le gouvernement qui s’était engagé à les consulter. Moussa Boureima Yoro, coordinateur des mouvements de résistance civile de Gao qui compte des milliers de membres, s’en est expliqué au Journal du Mali.

 Que reprochez-vous aux autorités intérimaires ?

Suite aux événements tragiques survenus à Gao en juillet dernier, une délégation s’est rendue à Bamako pour des pourparlers. Il y avait des points sur lesquels les gens n’étaient pas d’accord, comme les autorités intérimaires. Ce terme n’existe pas dans l’Accord. Le texte parle de « période intérimaire » mais nous n’avons pas vu dans le texte d’autorités intérimaires. Il y a eu un début de discussion là-dessus avec le gouvernement, puis une pause dans les débats. À notre grande surprise, le 14 octobre dernier, une liste est sortie et elle désigne les autorités intérimaires en collaboration avec l’État. Nous ne comprenons rien. Nos régions étaient gouvernées par les populations pendant l’absence de l’État. Les hommes et les femmes de cette région ne comprennent pas comment des hommes armés qui étaient venus occuper la ville et qui n’ont pas pu l’avoir avec les armes, utilisent des lois et règlements du pays pour obtenir le pouvoir. Ils ont les armes, ils ont les moyens et ont leur donne encore le pouvoir, cela fait peur.

Donc vous souhaitez annuler ces listes pour pouvoir y mettre des gens issus de la société civile de Gao ?

Nous voulons exclure ces listes. Nous en avions déjà parlé avec le gouvernement, c’était très avancé. Puisque l’on parle de la paix, nous voulions qu’il y ait au moins une consultation sur le choix des hommes et des femmes qui vont diriger la ville. C’est pourquoi nous rejetons cette liste-là. L’État s’était engagé et il n’a pas tenu parole. Nous ne voyons pas comment les autres engagements qu’il avait pris seront respectés.

Quels autres engagements ?

La démission du gouverneur de Gao par exemple. Il est toujours là. Les autorités maliennes imposent ce qu’elles veulent. Le jour où les gens se lèveront pour faire sortir l’État, l’État sortira, il n’aura pas le choix. C’est le peuple qui donne la légitimité. Si le peuple leur enlève cette légitimité, ils devront partir. Nous ne sommes pas une communauté que l’on peut larguer comme on veut.

Beaucoup disent que la mise en place des autorités intérimaires va impacter la cohésion sociale et acter la partition du pays. Partagez-vous cet avis ?

Avec ces autorités intérimaires, la partition du pays sera effective. On ne peut pas avoir le même pays et deux constitutions différentes, ça n’a aucune logique. Désormais, que nous le voulions ou pas, l’Azawad est effectif. Cela ne s’appellera pas Azawad mais ce sera effectif. Permettre qu’aujourd’hui des étrangers, des aventuriers viennent pour imposer une idéologie, une façon de vivre, et que les autorités l’acceptent tacitement à travers les lois et les règlements, alors que ces mouvements ne reconnaissent même pas l’État, et qu’on nous livre à eux… Cela dépasse l’entendement. Il faut que les autorités maliennes comprennent ce qui est réellement, ce que Gao ne veut pas, ce que Gao n’accepte pas.

La mise en place des ces autorités intérimaires devrait avoir lieu entre le 1er et le 10 novembre prochain. Accepterez-vous cette nouvelle administration ?

Dans ce pays, ceux qui ne prennent pas les armes n’ont aucune valeur, aucune parole. Nous, nous restons toujours républicains. Nous ne prenons pas les armes mais nous réclamons nos droits. Nous ne craignons rien car nous sommes chez nous. Ces autorités-là vont durer le temps que ça va durer. Le Mali est en train de faire une très grosse erreur. Ils se foutent de ce que le Nord deviendra. Si jamais le Nord est sacrifié, dites-vous que toutes les autres communautés vont elles aussi réclamer ce qui leur revient de droit. Cette route vers le chaos, ce sont les autorités qui l’ont choisi.

 

 

CMA, le temps de la fragmentation

Depuis la création de nouveaux groupes armés issus de la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA), l’ancienne rébellion touarègue est en perte de vitesse. La fragmentation en son sein augure de la tendance de chaque communauté touarègue à vouloir sa place dans le processus de paix.

Au Nord, le Mali reste plus que jamais immergé dans la crise qui se prolonge avec les affrontements entre la Plateforme, dont le fer de lance est le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), et la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA), réunissant les ex-mouvements rebelles. Aujourd’hui, les acteurs de la mise en œuvre de l’accord de paix signé il y a plus d’un an, sont paralysés par ce conflit qui empêche pour le moment d’envisager une sortie du tunnel. De fait, les affrontements GATIA/CMA, sur fond de guerre tribale, ont créé une nouvelle donne qui a entraîné ces deux derniers mois des défections au sein du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), figure de proue de la CMA, débouchant à la création de nouveaux groupes armés.

MSA et CJA Début septembre, Moussa Ag Acharatoumane, chef de la tribu touarègue des Daoussahak, pourtant cofondateur du MNLA, en est parti pour créer le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Il dénonçait les « déséquilibres à l’intérieur de la CMA, où la gestion est trop unilatérale », « la recrudescence de l’insécurité et des conflits fratricides ». Un grand nombre d’observateurs ont décelé dans cette scission le signe d’un affaiblissement du MNLA ou de la CMA, critiqué par certains militants, soit pour l’abandon de l’objectif de l’indépendance, ce fut le cas du porte parole en France, Moussa Ag Assarid, soit pour la main mise de trop importante de certaines tribus sur le mouvement, notamment celle des Ifoghas. Le climat est donc visiblement à la fragmentation. Comme l’a également prouvé la création, rendue publique par un communiqué daté du lundi 10 octobre, du Congrès pour la justice de l’Azawad (CJA), issu de la tribu Kel Ansar de Tombouctou. L’un des chefs provisoire du mouvement est bien connu, il s’agit de l’ancien ministre Hama Ag Mahmoud, qui faisait partie des fondateurs du MNLA. La création d’autres groupes armés n’est pas à exclure, d’autant que chaque tribu ou communauté cherche à tirer son épingle du jeu, dans le cadre des futures autorités intérimaires. Sauf que cette fragmentation retarde d’autant le processus.

 

Nouveau groupe politico-armé : le Congrès pour la justice dans l’Azawad

Le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), est le dernier né des mouvements politico-armés. Il est dirigé par Hama Ag Mahmoud, l’ancien ministre de la fonction publique de la tribu Kel Ansar. Son objectif serait de garantir la viabilité et la fiabilité de l’application de l’Accord d’Alger particulièrement dans les régions de Tombouctou et de Taoudeni.

Dans leur appel au peuple malien, les acteurs de ce groupe politico-militaire ont tenu à préciser que le mouvement n’est pas uniquement un mouvement d’auto-défense. Son but principale est de parvenir à la paix, une véritable paix qui ne peut être crédible et effective qu’avec les vrais partenaires. Il s’agit de ceux qui souffrent réellement de l’insécurité et pour lesquels la paix ne peut être que bénéfique.

La communauté Kel Ansar, ses alliés et leurs forces armées prennent acte de leur exclusion dans le processus dapplication de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Tout en réaffirmant son adhésion au processus d’Alger, la communauté Kel Ansar et ses alliés décident de la création d’un mouvement politico-armé dénommé congrès pour la justice dans l’Azawad », explique le communiqué du mouvement. Selon ses initiateurs le CJA œuvrera pour la justice, le progrès et l’équité en faveur de tous. « Le mouvement mettra en place ses instances statutaires à l’issue d’un congrès qu’il tiendra dans les plus brefs délais dans l’Azawad. Enfin, nous réitérons notre disponibilité, auprès de la médiation et de communauté internationale, pour une application efficace et diligente de l’Accord d’Alger », conclut le communiqué.

Pour l’instant, le bureau provisoire du CJA est dirigé par l’ancien ministre de la fonction publique Hama Ag Mahmoud. L’État-major militaire est assuré par le colonel Abass Ag Mohamed Ahmad, déserteur de l’armée malienne qui a rejoint un moment le HCUA et le MNLA, avant d’intégrer le Congrès pour la justice dans l’Azawad.

La multiplication des mouvements armés s’explique, selon certains observateurs, par l’insécurité et l’absence de l’État dans ces régions. Selon eux, l’émergence de ces regroupements s’explique aussi par la perspective des cantonnements et de la réinsertion des ex-combattants. Elle s’explique aussi par le fait que la CMA qui était le principal mouvement politico-armé est en pleine fragmentation. Selon Brehima Chiaka Traoré, sociologue, enseignant chercheur à l’université de Bamako, « la multiplication des mouvements répond aux besoins de se protéger contre les agressions extérieures, vue l’absence de l’État sur l’ensemble du territoire, chacun essaie de s’appuyer sur sa communauté pour essayer de se sécuriser »explique-t-il.

Fête de l’indépendance anti-Mali à Kidal

Une fois de plus, les mouvements armés, du moins certains d’entre eux,  à Kidal,  font parler d’eux. Au vu des manifestations qui ont eu lieu dans la ville de Kidal, le 22 septembre dernier, date l’anniversaire de l’indépendance du Mali, au cours desquels, le drapeau du mali a été brûlé. Des actes suffisamment graves qui relance le débat sur la volonté des groupes armés à réellement œuvrer pour le retour de la paix.

La date anniversaire de l’accession de notre pays  à la souveraineté internationale n’a pas été célébrée à Kidal comme partout sur le territoire national. La population a plutôt marché pour montrer son mécontentement dans le retard acquis dans la mise en oeuvre de l’Accord pour la  paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger.  Au cours cette marche qui a mobilisé une majorité de femmes et d’enfants, certains actes posés avaient de quoi heurter l’opinion publique malienne. Le drapeau national a été brûlé devant une foule rassemblée scandant des slogans anti-Mali ou des « Allahou Akbar », ou des messages du genre « rendez-nous notre pays ».

Pour nombre de Maliens, les groupes armés  présents à Kidal font de la surenchère pour se faire entendre à chaque fois que l’occasion se présente  « C’est devenue une habitude, les chefs du HCUA, chaque fois qu’ils sont acculés ont recours aux femmes et aux enfants pour se faire entendre. C’est eux qui avaient poussés les femmes et les enfants à s’attaquer à l’aéroport de Kidal au mois de juin passé, occasionnant des pertes en vie humaines », indique une source locale. Sans confirmer, ni infirmer, ces propos, un responsable de CMA souligne que la dynamique de paix établie depuis la signature de l’Accord est aujourd’hui menacée par le comportement belliqueux  du gouvernement malien et de la communauté internationale dans la gestion de la crise de Kidal. « C’est la réaction d’une population poussée au désespoir. On se sent abandonner par tout le monde y compris l’Etat et la communauté internationale. Aujourd’hui, la population civile est martyrisée par les milices de l’Etat, sans qu’on lève le petit doigt pour dire ça suffit », explique-t-il.  De  nombreux  d’observateurs politiques, rejoignent l’avis des responsables de la CMA:  les manifestations organisées dans la ville de Kidal, le jour de la fête de l’indépendance, ne sont pas une réelle volonté politique de saborder le processus de paix, mais plutôt un moyen de pression sur l’Etat pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord, avec la mise en place des autorités intérimaires et  l’opérationalisation du mécanisme opérationnel de coordination (MOC). « C’est dans  l’air  du temps, je pense sincèrement que les manifestations et propos hostiles ne signifient pas que les mouvements se retirent de l’Accord, au contraire, c’est un moyen pour eux  de faire pression sur  l’Etat et ses partenaires  pour sa mise en œuvre », conclut un élu local.

Velléités indépendantistes d’hier à aujourd’hui

Au Mali, le demi siècle d’indépendance a été marqué par des remous politiques divers, dont les plus récurrents ont été les revendications indépendantistes dans le nord du pays, d’abord calmées par la force, puis par des solutions politiques.

Comme dans bien d’autres pays, l’histoire politique du Mali est jalonnée de révoltes vis-à-vis de l’État central, que sous-tendent des velléités indépendantistes. Selon l’écrivain et chercheur Ismaïla Samba Traoré, parler de velléités indépendantistes dans le contexte malien fait penser aux récurrentes rebellions dans le nord. Même si, poursuit-il, il y a eu à Ouelessebougou en 1968, la révolte d’une communauté contre les représentants du parti unique, l’Union soudanaise – Rassemblement démocratique africain (US-RDA), qui a été réprimée. Et le village de Sakoïba (près de Ségou), a été rayé de la carte quand les « gens y ont pris les armes contre l’État ».

Contre-vérités Pour Naffet Keïta, professeur de sciences sociales, la recrudescence des rebellions dans le septentrion « apparaît indiscutablement comme l’une des constances majeures de la vie politique malienne depuis le milieu des années 50, dans ce qui était alors le Soudan français ». De fait, la question touarègue s’enracine, en 1957, dans la création de l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Les velléités indépendantistes entretenues par la France, et incarnées par Mohamed Mahmoud Ould Cheick, dit le « Cadi », comme l’a rappelé l’universitaire allemand Baz Lecocq à la conférence « Frontières et indépendance en Afrique », ont été mises en échec par le chef de la tribu Touareg des KelAnsar, Mohamed El Mehdi ag Attaher, alors Amenokal de Tombouctou. Ce qui fait dire à beaucoup de cadres Touareg que les travaux de Baz Lecocq sont une contre-analyse à l’idée reçue selon laquelle cette communauté aurait toujours manifesté des velléités indépendantistes.

Recrudescence En 1963, éclatait la première rébellion qui a placé le nord sous tutelle militaire jusqu’en 1990, date à laquelle le conflit reprend. Ce fut également le cas en 2006, puis début 2012, avec la rébellion menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le centre du pays avec la création, fin juin, de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ), et celle, à Bamako, d’une coordination des mouvements peuls dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoum Diallo, qui met en garde contre le fait que les « groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».

Accord de paix d’Alger : l’enjeu « Kidal ».

Si aujourd’hui Kidal revenait de gré ou de force au Mali, cette histoire de rébellion dans le septentrion Malien qui nous mine depuis un moment déjà serait un mauvais souvenir, et nous serons épargnés du cinéma pour le moins inepte et insipide qu’on nous impose au quotidien avec d’un côté la Coordination des Mouvements de l’Azawad, qui malgré la signature de l’accord de paix tient mordicus à l’idée de séparation au-delà des apparences, et travaille d’arrache-pied à cette fin, et de l’autre, le gouvernement Malien, qui, comme un homme groggy ayant reçu un véritable uppercut, s’aplatit, se fait spectateur de sa propre déchéance, et ne jure que par un accord bidon aux conséquences graves pour la nation malienne.

En apparence toutes les parties veulent la paix, je dis bien en apparence. Certes, l’accord de paix a permis de faire taire les armes, mais l’on comprendra aisément qu’à part cela, rien de clair ne se fait dans le sens d’une avancée pour l’intégrité, l’unité du Mali et des Maliens. L’on a comme l’impression que tout est fini. Adieu Kidal, désormais, il faut compter le Mali sans Kidal considérée aujourd’hui comme une enclave autonome aux mains de la CMA

Duperie, hypocrisie, coups bas…

Pour un accord dont la mise en œuvre est plus qu’urgente, avec comme objectif, la récupération de Kidal, la réconciliation des Maliens, la résorption de la menace djihadiste, de l’insécurité rampante, il est clair que le spectacle qu’on nous offre aujourd’hui est lamentable. L’on se dépêche lentement dans l’implémentation, sans compter les multiples crocs en jambe et autres fourberies qui jalonnent le processus. Le temps joue contre le Mali, et plus la situation perdure, difficile sera la sortie de crise et surtout la récupération de Kidal.

Les lignes sont brouillées à tous les niveaux donnant l’impression d’un sur place ou souvent même d’une régression. Un semblant de paix où Kidal est toujours coupée du reste du Mali depuis 2012, avec des occupants qui n’ont aucunement l’intention de s’effacer, et œuvrent « intelligemment » à l’atteinte de leur objectif. Mais c’est surtout le sentiment d’abandon, de défaitisme, de manque de réalisme des dirigeants Maliens qui fait mal et n’augure rien de bon pour la suite. Si ce n’est pas de la haute trahison ça …

Malgré la signature de l’accord de paix, il est clair que les questions de fond demeurent, et pire le constat sur le terrain, la manière dont les choses se déroulent n’incitent pas à l’optimisme. La paix est très fragile et rien ne nous dit que les hostilités ne seront pas ouvertes après, quand on sait que le cas Kidal, contrairement à ceux que beaucoup pensent est loin d’être résolu. Il faut le dire, Kidal est toujours coupée du Mali et c’est la CMA qui l’administre aujourd’hui. C’est cela la vérité. La CMA va-t-elle accepter l’Etat Malien de rependre son dû in fine ?

Des comportements et agissements qui intriguent.

Il est évident que La CMA souffle le froid et le chaud à la fois, pour dire finalement que cette histoire d’Accord de paix ne concerne que ceux qui y croient sinon leur objectif reste et demeure la séparation qu’importe le contenu qu’on lui donnera !

Comment comprendre que pendant que les uns et les autres s’investissent pour la mise en œuvre de l’accord, la CMA en toute arrogance, se permet de célébrer le quatrième anniversaire de son pseudo « indépendance », comme d’ailleurs elle l’a toujours fait depuis 2012 ? Leur drapeau flotte jusqu’à présent à Kidal et tout le monde s’en accommode visiblement, gare à celui qui prendra le risque d’exhiber un quelconque symbole du Mali. On interdit l’Etat du Mali à Kidal sans que personne ne lève le petit doigt et cela perdure malgré la signature de l’accord de paix avec son contenu pour autant clair. On se fend de communiqués alambiqués et provocateurs en brocardant au passage l’Etat du Mali. Aucune protestation ! On s’érige en administrateur autonome de Kidal, et traite avec la MINUSMA pour toutes questions touchant Kidal au vu et su de tout le monde sans qu’on s’en émeuve. On organise gaillardement des rencontres entre groupes armés communautaires à Kidal devenue depuis fief des rebelles. L’Etat du Mali, invité comme les autres sur son propre territoire par la CMA (humiliation suprême), encaisse et se fait tout petit laissant les groupes armés prendre toutes sortes d’initiatives. Pour la CMA, nul doute, Kidal et le Mali font deux. Des gens sont manipulés à Kidal pour s’attaquer à la grande MINUSMA, him self . L’Etat du Mali méconnaissable avec tous les grands discours qu’on nous gave, se tient coït, la Communauté internationale ne bronche pas. Auréolée de tant de « victoires » à elle seule, la CMA se voit pousser des ailes et n’hésitera plus à s’en prendre à quiconque oserait se mettre sur son chemin fut elle communauté internationale. Avec tous ces éléments, dire que Kidal n’est plus pour le Mali ne saurait être un mensonge ! Réveillons-nous, sinon demain, il sera trop tard !

Il ne s’agit point de faire la guerre, d’user de la force pour remettre les choses en l’état, mais de faire en sorte, ce qui n’est pas encore le cas, que l’Etat du Mali soit respecté dans son entièreté, dans sa souveraineté, Kidal incluse dans les meilleurs délais. Ce préalable s’impose absolument et les autorités Maliennes se doivent d’être intransigeantes à ce niveau. Pour se faire respecter par les autres, il faut se respecter déjà. L’Etat du Mali doit faire preuve de responsabilité dans tous les sens du terme. Il ne doit jamais se départir de son honneur, de sa dignité et ne doit jamais faiblir quel que soit la situation. Il y a des limites à ne pas franchir. L’accord de paix a bon dos, on le brandit quand ça arrange, sinon les objectifs des uns et des autres sont très clairs. Le Mali, Etat souverain, même vaincu par la CMA, ne doit pas et ne saurait se rabaisser au même niveau qu’un simple groupe rebelle hors la loi ou pire s’aplatir honteusement. L’arme la plus efficace pour le Mali, reste le Droit à condition que les autorités Maliennes œuvrent intelligemment… le courage aussi, car n’est pas responsable qui veut !

Le cas Iyad Ag Aly.

Ennemi public n°1, recherché par les services secrets des grandes puissances Occidentales, Iyad Ag Aly continue pour autant de faire la pluie et le beau temps au nez et à la barbe des gendarmes du sahel. De qui se moque-t-on ? Veut-on réellement mettre hors d’état de nuire ce personnage, qui constitue à dire d’experts un maillon essentiel dans ce bordel made in Sahel ? La pacification de la bande sahélo saharienne passe par la neutralisation d’Iyad Ag Aly et de son mouvement terroriste ANSAR EDDINE. C’est une donnée intangible connue de la communauté internationale. Barkhane est sur le terrain, la MINUSMA aussi, sans compter les services secrets occidentaux qui pullulent la zone. Avec tout cela Iyad Ag Aly est bien vivant et ne chôme surtout pas. On le signale tantôt en Algérie, tantôt en Mauritanie et à Kidal même. Il revendique des attentats, menace tout le monde et le terroriste n’est nullement inquiété. Toute cette hypocrisie donne à vomir ! C’est là qu’il faut comprendre qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

Il faut le dire, le problème du nord n’est pas un problème touareg. La preuve, il y a des non Touaregs dans la CMA, et mieux ils sont nombreux, les Touaregs qui ne sont pas avec ces gens et aspirent plutôt à la paix et à l’unité dans un Mali pluriel. Il s’agit ni plus ni moins d’une minorité qui a décidé de vivre du business de la rébellion, du terrorisme et visiblement ça leur réussit bien. D’ailleurs, la métastase se répand, le pays s’embrase avec des foyers de tension un peu partout. Le cas du centre du Mali inquiète. La région de Mopti, point névralgique, et stratégique entre le Nord et le Sud du pays n’est pas en reste. Une situation dangereuse, qui fait oublier Kidal désormais tombée dans l’escarcelle de la CMA, à l’abri des « soubresauts », alors que les armes crépitent dans le centre du Mali amenant l’Etat Malien à parer au plus pressé. Et si tout cela était une diversion soigneusement mise en branle pour la cause des séparatistes de la CMA ?

Que Dieu préserve le MALI !

Makan DIALLO

Docteur en Droit Privé

Avocat inscrit aux Barreaux de Paris et du Mali

Vers un fédéralisme qui ne dit pas son nom ?

L’accord de paix, signé en mai et juin derniers, préfigure les bases d’un nouveau système administratif et politique au Mali. Un cadre de la CMA, sous anonymat, a confié à Journal du Mali, son point de vue et sa vision pour l’avenir de la nation.

Au Mali, pays démocratique, certaines populations du nord se sentent éloignées du gouvernement central et de la conception d’État nation. Depuis longtemps, le pays est confronté à des problèmes régionaux. « Le problème du Nord et du Mali de façon générale est très mal cerné par les gens et par les responsables administratifs et politiques. On est dans une telle situation qu’il faut refonder l’État malien. C’est révélé dans l’accord. Il faut que l’on dépasse cette mentalité malienne qui pense que l’État est au cœur de tout, du départ à l’arrivée », explique ce cadre de la CMA. Selon lui, le peuple de l’Azawad (terme non géographique qui désigne l’ensemble des régions du Nord Mali, NDLR), ne pourrait se reconnaître dans un État centralisateur et dirigé par un homme : « il faut partager le pouvoir dans toute sa nature, dans toute sa complexité et dans toute sa projection. Il faut donner aux peuples du nord un intérêt à être Malien », affirme-t-il.

Après des revendications intégratrices, puis indépendantistes, la solution d’un État fédéral avec une certaine autonomie des régions du nord, semble la plus viable à son mouvement. « Nous sommes arrivés à un compromis. Un compromis, c’est renoncer à quelque chose pour pouvoir sauver l’essentiel. Le Mali doit renoncer à des choses pour pouvoir se sauver lui-même. Si ça ne marche pas avec la structure de l’État actuel, c’est que l’État est défaillant. Il faut donc le réformer, le refonder. La seule solution, pour le Mali, c’est le fédéralisme, c’est ce qui va sauver ce pays, sinon il sera divisé en plusieurs morceaux », conclut-il.

L’accord de paix vise à prendre en compte les intérêts des uns et des autres via des dispositions non contraignantes et acceptées par tous. Pour les anciens rebelles, cet accord positif semble, en quelque sorte, être le préambule d’une réflexion plus profonde à mener sur l’organisation politique du Mali et la prise en compte nécessaire des différentes populations qui le peuplent. La question est donc posée: pour garantir l’unité, ou au moins une réelle cohabitation, le fédéralisme est-il la solution ? Si oui, est-ce vraiment la dernière étape ?

 

Sidi Brahim Ould Sidati : « Après l’Accord, nous devons développer un sentiment national plus fort »

Peu connu du public jusqu’au 20 juin 2015, Sidi Brahim Ould Sidati, originaire de Tombouctou, est le Secrétaire général du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA). Ex-maire de la commune rurale de Ber (région de Tombouctou), il a, au nom de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signé l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Cet enseignant de formation revient dans cette interview exclusive réalisée le 10 janvier à Bamako, sur les conditions de mise en œuvre du texte. Audelà des divergences supposées ou réelles au sein de la CMA, le combat d’Ould Sidati, qui participe aux travaux du Comité de suivi de l’accord (CSA), serait avant tout celui de l’unité des populations du Nord, envers qui le Mali n’aurait pas toujours été tendre.

Journal du Mali : Huit mois après la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, quelle appréciation faîtes-vous de la mise en œuvre du texte, vous qui repré- sentez la CMA au sein du Comité de suivi de l’Accord ?

Sidi Brahim Ould Sidati : Il y a eu deux phases après la signature de l’accord. Trois premiers mois tendus avec des affrontements sur le terrain et un doute réel quant à sa mise en application. Cet état de fait a duré jusqu’en octobre 2015. Après la rencontre d’Anéfis, les lignes ont commencé à bouger. Pour moi, il y a clairement un avant et un après Anéfis. Après ces discussions, on a vu les différentes commissions travailler et réaliser des avancées sur les textes législatifs. Ces avancées ne sont certes pas visibles sur le terrain, mais c’est un début de mise en œuvre.

Cette mise en œuvre avance-t-elle au bon rythme ? N’est-elle pas un peu lente et pour quelles raisons ?

Nous n’avons pas encore une action physique, visible sur le terrain qui permet de dire que la mise en œuvre de l’accord avance. Des actions qui impacteraient sur le quotidien des populations. Au début, il n’existait pas de confiance entre parties signataires, ce qui a retardé les choses, et certains avaient même voulu remettre l’accord en cause.

Vous parlez de confiance. Existe-t-elle désormais au sein du comité de suivi après la phase critique ?

Il est difficile de construire une confiance lorsqu’on a peur. Il y a des mesures de confiance telles que la libération des prisonniers rebelles. Il y a bien sûr moins de tiraillement aujourd’hui dans le comité de suivi. Cette confiance, à mon humble avis, s’installe peu à peu. Mais pour l’heure, on ne peut pas dire qu’elle est définitive.

Vous avez eu à suspendre votre participation au comité de suivi de l’accord. Tout cela est-il derrière vous ?

On a voulu suspendre effectivement pour voir s’il y avait vraiment un accord ou pas, et un changement dans les comportements des parties. Il n’était pas possible de poursuivre avec l’avancée des troupes sur Anéfis. Après les discussions, les choses sont revenues au bon point de départ, avec l’arrêt des hostilités sous l’œil de la médiation.

Êtes-vous satisfait quant à la sécurisation des biens et des personnes sur le terrain ?

La majorité des prisonniers a été libérée, même s’il demeure des exceptions que nous traitons. Il faut bien sûr plus d’actions sur le terrain, comme la prise en charge de combattants pour sécuriser le Nord et éviter les troubles. Néanmoins, l’arrêt des hostilités est effectif. La Plateforme et la CMA parlent aujourd’hui de la même voix. Nous faisons même des communiqués conjoints. Ce qui permet de faire avancer le processus. L’accord prévoit en outre des autorités de transition pour permettre cette ré-administration, et le retour des réfugiés. On a tenté d’ouvrir les écoles à Kidal, mais il n’y a pas d’autorité à Kidal. Or, il faut des pouvoirs mixtes pour exécuter tout cela. Beaucoup reste à faire.

Est-il vrai qu’il existe, au sein de la CMA, un antagonisme entre le MNLA et le HCUA ?

Je crois qu’une confusion existe. Pour rappel, le HCUA faisait partie d’Ansar Dine et a rompu avec lui, pour divergences de vues. Et à chaque fois qu’il y a eu un problème entre le MNLA et Ansar Dine, on l’a mis au compte du HCUA, qui est aujourd’hui membre de la CMA. Pour moi, il n’y a pas d’antagonisme entre les deux mouvements.

Que pensez-vous de l’attaque récente sur plusieurs éléments du MNLA, et revendiquée par Ansar Dine ? Cela vous inquiète-t-il ?

C’est justement ce problème récurrent entre le MNLA et Ansar Dine qui persiste. Vous savez, il y a aujourd’hui ceux qui sont contre l’Accord et le mettent en péril. Ils ont un objectif commun, celui de faire échouer le processus de paix.

Revenons sur le MNLA, on l’accuse de jouer un jeu solitaire. Notamment sur la nomination de Madame Nina Wallett Intalou au sein de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) et sans consultation des autres mouvements de la CMA ?

Il n’y a pas de crise entre les mouvements de la CMA. Je le répète. Le problème vient d’Ansar Dine, qui est pour l’application de la charia. Je vous l’ai dit, certains membres du HCUA ont quitté ce mouvement. Par ailleurs, le MNLA ne fait pas cavalier seul. Il fait partie d’un ensemble qu’est la CMA. Quant à la nomination de Madame Intalou, elle a été proposée par la commission. Nous, nous n’étions pas d’accord sur le nombre de personnes représentées au sein de la CVJR, qui était de 2, au lieu de 5. Entretemps, trois personnes ont été nommées. Le problème est réglé.

Est-ce que la CVJR a réellement des marges de manœuvre ?

La commission n’est pas un outil de l’accord. Elle s’est faite avant l’accord. Nous avions demandé des modifications, car si elle ne dépend que d’un ministère, cela n’a pas de sens. Il faut lui donner une certaine liberté avec un ancrage qui lui permet de dire sa vérité. Dans sa forme actuelle, ce n’est pas la vision de la CMA.

Que pensez-vous de l’influence négative d’Iyad Ag Ghaly sur le processus de paix ? Est-elle réelle selon vous ?

Pour moi, le problème ne vient pas d’Iyad seul. Il y en a d’autres comme Amadou Koufa, du Front de libération du Macina. Ce sont des personnalités qui ont une autorité certaine sur les populations locales, et qui étaient là bien avant l’accord. Donc, ne peut nier cette équation. Maintenant, tout dépend de la vitesse d’exécution de l’accord. Plus on tarde, plus ils gagnent en influence, mais plus nous accélérons, plus leurs marges de manœuvre sont réduites et ils seront isolés.

Iyad Ag Ghaly continue pourtant de rallier à sa cause autour de Kidal et ailleurs. La paix est-elle possible et durable sans Iyad ?

Encore une fois, tout va dépendre de la mise en œuvre de l’accord. Aujourd’hui, c’est vrai, il est dans une logique de ratisser le plus largement possible. Mais l’accord doit permettre de contenir ces gens, ces velléités. Et si demain, on devait né- gocier, ce serait sur des choses isolées. Il nous faut accélérer le processus.

Parlons du MAA, votre mouvement, qui a deux branches. L’une plus proche du gouvernement, l’autre dissidente proche du MNLA et plus radicale ?

Cet état de fait existe depuis l’accord de Ouagadougou. Nous sommes restés proches du HCUA et aussi du MNLA depuis trois ans, avec les mêmes revendications politiques et organisations militaires sur le terrain. Mais il n’y a plus de différences, puisque nous sommes tous réunis au sein de la CMA et cela dans un seul objectif, appliquer l’accord de paix. Idem entre nous, le gouvernement et la Plateforme.

À propos de la Plateforme, Maître Toureh, son représentant, déplorait une inertie du gouvernement. Les autorités tiennent-elles leurs promesses ?

Je pense qu’il y a une nette amélioration depuis un mois et demi. Une évolution certaine du gouvernement quant à l’application de l’accord et des textes législatifs qui le régissent, comme par exemple le processus de Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR) ou encore, la mise en place des outils de transition. L’accord prévoit ces textes et même la révision de la Constitution, nécessaire pour mettre certaines dispositions en place.

Justement, tout ceci pourrait rallonger davantage la période transitoire…

Tout cela fait partie de l’accord. Ce sont des phases. Cela dit, la prise en charge des combattants est par exemple une chose qui urge. Les textes doivent être accélérés. Il nous faut reconstituer une armée capable de sécuriser les personnes. Ramener les réfugiés, rouvrir les écoles, des urgences qui ne doivent plus attendre, avant toute idée d’élections. Maintenant qu’on a signé cet accord, nous devons développer un nationalisme plus fort et éviter les tiraillements du passé. C’est un changement de comportement, de mentalité. Aussi bien pour la majorité que pour l’opposition. Tout le monde est concerné.

Sur la prise en charge des combattants, la MINUSMA attend la liste des personnes devant être cantonnées. Qu’est-ce qui bloque ?

C’est dû au manque de confiance. Nous n’en sommes pas à notre premier coup d’essai, beaucoup d’accords ont été signés au Mali. Aujourd’hui, les gens ne veulent pas fournir une liste, se livrer, tant qu’ils n’ont pas la garantie que leurs revendications politiques seront prises en compte. Elles concernent évidemment le nord et l’Azawad. Ceci dit, à partir du moment où l’on connaît les sites de cantonnement, nous avons donné un chiffre de 600 hommes par site. En fonction de la prise en charge de ces combattants, nous donnerons les listes et nous pourrons avancer dans le processus. Vous savez, il est difficile de regrouper des gens qui sont dispersés dans un rayon très vaste.

Un délai est prévu pour mi janvier ? Est-ce réalisable ?

Les textes sont déjà faits. On s’entend sur la méthode et les quotas. J’estime qu’autour du 20 janvier, on sera dans la bonne démarche.

Sur un tout autre plan, un remaniement ministériel s’annonce. La Plateforme a un représentant depuis le dernier réaménagement. La CMA espère-t-elle encore faire partie d’un nouveau gouvernement, comme en juin ?

Lorsqu’on a signé cet accord, il y avait des priorités à régler avant de penser à intégrer le gouvernement. Par ordre, la libération de nos prisonniers, la prise en charge de nos combattants, la mise en place d’autorités de transition, etc. Après tout cela, on pourra penser à une éventuelle participation au gouvernement.

Est-ce que la nomination d’une personnalité du Nord au poste de Premier ministre pourrait faire avancer plus vite le processus et donner un signal fort ? Vous aviez auparavant demandé des postes clés…

Nous avons d’abord un timing à exécuter. L’entrée au gouvernement n’est pas notre priorité du moment. L’actuel Premier ministre est d’ailleurs un homme d’une grande sagesse. Il ne s’agit pas d’un problème de personnes ou du président IBK, mais d’une volonté nationale afin que les gens aillent vers cette unité nationale. La fissure était grande et la solution demande un grand effort national.

La MINUSMA est au Mali depuis plus de deux ans. Comment jugez-vous son action ? Que peut-on attendre de l’arrivée de Mahamat Saleh Annadif, nouveau chef de la Mission ?

Faire sans la MINUSMA n’a pas de sens, puisque les Maliens ont accepté sa présence. C’est aussi aux parties maliennes de dégager une feuille de route claire quant à leurs attentes sur le rôle que doit jouer la MINUSMA pour sécuriser. Mais la paix, ce sont d’abord les Maliens qui la feront, avec une vision et une stratégie commune. Monsieur Annadif ? On lui souhaite du succès, évidemment. Il est nouveau, il lui faudra sans doute un temps de compréhension et d’adaptation au contexte et aux Maliens. Son prédécesseur Mongi Hamdi avait déjà intégré beaucoup de choses en un an.

Vous avez déclaré que l’attentat du Radisson visait l’accord de paix. Faut-il craindre d’autres actes ?

Les Maliens doivent apprendre à vivre avec le terrorisme et rester vigilants. Le danger est constant et permanent. On ne doit pas s’arrêter à dix jours de mobilisation pour laisser les choses s’essouffler. L’état d’urgence doit permettre une capacité de réaction plus rapide, des fouilles systématiques, ce qui demande des moyens et des dispositions juridiques efficaces.

L’état d’urgence s’applique-t-il au Nord?

L’état d’urgence s’applique là où il y a un État, ce qui n’est pas le cas au nord du Mali. Quand il n’y a pas d’État, pas d’état d’urgence donc…

Les fonds qui doivent être alloués au Nord, environ 300 milliards, sont-ils un élément fondamental pour enclencher le développement ?

On ne peut faire une paix sans ressources. Mais l’essentiel n’est pas dans l’argent. Plutôt dans le fait de comprendre qu’on doit travailler ensemble pour la paix, avant tout développement. Les différentes agences et les fonds de développement, on le sait, ont plus permis de construire des villas à Bamako que de développer le Nord. Ne tombons pas dans les mêmes erreurs.

Mais à long terme ?

Au Mali, les régions du nord repré- sentent les deux tiers du pays. Pour les politiques nationales de développement, d’éducation ou de santé, on a toujours regardé le facteur démographique. Dans 1/3 du pays (sud et centre) vous avez 90 % de la population qui vit et bénéficie de ces politiques. Imaginez que pour avoir un Centre de santé communautaire (CESCOM) au nord, il faut au minimum 5 000 personnes, ce qui exclut d’office de nombreuses localités dans le nord. L’État, c’est avant tout un contrat social avec les populations, et lorsque ce contrat n’est pas rempli, l’appartenance à l’État est difficile. J’ai été enseignant pendant 12 ans à Bamako. En discutant avec les populations au nord, j’ai compris qu’elles n’avaient aucun attachement à l’État malien. Dans l’accord, il y a la création du Sénat, avec une représentativité liée au territoire et non plus seulement au facteur démographique pour créer un réel partage du pouvoir. Si au sud vous avez 5 régions, pour le Nord qui représente les 2/3 du territoire, il faudrait en créer 15.

Pour finir, que souhaitez-vous pour la nouvelle année 2016 ?

Que les choses aillent plus vite. Que ce texte trouve son application réelle. Évidemment, je souhaite plus de paix pour les Maliens et que l’on puisse se mettre ensemble et au dessus de tous ceux qui sont contre cet accord de paix.