Biennale spéciale : retour aux sources ?

Prévue du 24 au 31 décembre 2017, l’édition spéciale de la Biennale artistique et culturelle du Mali se tient 7 ans après celle de Sikasso, en 2010. Reportée à plusieurs reprises en raison de la crise politico-sécuritaire qui a secoué le pays depuis 2012, cette édition spéciale marquera non seulement la volonté de « continuer à vivre », mais contribuera également à la paix et à la réconciliation, à travers rencontres entre tous les jeunes et expressions des valeurs culturelles, socle du vivre ensemble.

« Le retour de la Biennale est une exigence de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale et constitue l’un des engagements de son annexe 3 », explique Yacouba Kébé, chargé de communication au ministère de la Culture. Pour organiser le renouveau de ces retrouvailles entre jeunes du Mali, les autorités misent sur une mobilisation générale, même si les conditions font de cette édition une « Spéciale ». D’abord, parce qu’en principe, après l’édition de Sikasso en 2010, la Biennale devait se tenir à Mopti en 2012. Une année marquée par le début d’une crise dont le Mali subit toujours les conséquences. Pour la première fois depuis sa création, cette « manifestation majeure, expression de toutes les facettes de la culture malienne », va regrouper, en plus de toutes les régions du Mali, y compris celles nouvellement créées, une troupe venue de la diaspora et une autre représentant les personnes vivant avec un handicap, pour marquer le caractère inclusif de la Biennale, car il faut que « les Maliens retiennent qu’ils peuvent vivre ensemble », ajoute M. Kébé. Les jeunes doivent retrouver des repères, « se rencontrer, échanger sur leurs difficultés peut dissiper les malentendus », soutient Makan Doucouré, Directeur général par intérim de l’Institut National des Arts (INA).

La culture comme repère

L’une des causes de cette crise qui perdure serait l’absence de brassage continu entre les différentes couches de la société, selon cet acteur. L’objectif initial de la Biennale, appelée Semaine nationale de la jeunesse par les autorités de la Première République, était en effet de rassembler la jeunesse, « de lui donner une orientation, une vision et de lui permettre de revisiter sa culture », selon M. Doucouré. Si elle n’existait pas, il aurait fallu inventer la Biennale en cette période. Le Mali vit une situation délicate et il « n’y a pas un moment plus propice pour organiser la Biennale. Nous cherchons à recoudre le tissu social. Ceci est un moyen idéal pour y parvenir », note Mahamane Assalia Maïga, Directeur régional de la culture de Ménaka. En préparation avec sa troupe dans cette localité, il précise « ceux qui vont jouer ont été choisis parmi les enfants de chaque ethnie. La Biennale est la bienvenue et va contribuer à la cohésion entre les jeunes », avant d’ajouter que certains jeunes vont découvrir pour la première fois le sud et « se rendre compte que le Mali est un grand pays et qu’il n’y a pas d’exclusion ». M. Maïga espère en tout cas que cette manifestation contribuera à la paix, tant recherchée par tous. « Dès que vous parlez du Nord, pour certains c’est la mort. Il y a des bandits, mais ce n’est pas tout ».

Enthousiastes et prêts à braver les difficultés liées à la situation sécuritaire, ce sont les sentiments qui prévalent au sein de la délégation de Tombouctou, coachée par Boubacar Diallo, Directeur régional de la culture dans la Cité des 333 saints. « Les conditions de sécurité sont difficiles, mais nous tenons à les braver. Tombouctou a toujours été sur le podium et tient à y figurer encore en 2017 ». Cet esprit de compétition s’ajoute à celui que doit incarner la Biennale, aux yeux de M. Diallo. « C’est une Biennale qui doit contribuer à la réconciliation entre tous les Maliens. Cela crée un brassage et constitue un cadre idéal.  Elle permettra aussi de découvrir de nouveaux talents, qui vont rehausser l’image du Mali ».

Même si l’ambiance paraît moins enthousiaste, elle n’en est pas moins sereine du côté de la troupe de Kidal, basée à Gao. « Nous sommes sereins. Les artistes sont heureux de participer, ils sont en famille », affirme Alimane Ag Al Kamadass, Directeur régional de la jeunesse de Kidal. Si la situation l’oblige à se préparer avec sa troupe loin de leur base, cet ancien acteur de la Semaine locale, qui garde un bon souvenir de la Biennale, espère qu’elle servira à remettre tous les Maliens ensemble. « Nous sommes en période de crise. Le fait pour les gens d’être ensemble est très important. Les jeunes de Kidal, de Mopti, à Bamako, c’est une bonne chose. Cela fait un certain temps qu’ils ne se sont pas retrouvés », affirme-t-il, ajoutant qu’il faut que les gens se rappellent que la culture demeure malgré tout.

À l’internat, pour régler les détails techniques, la troupe de Sikasso est « en train de mettre les bouchées doubles, puisqu’il s’agit d’une édition spéciale », note Adama Niang, Directeur régional de la culture. Même s’ils n’ont pas obtenu tous les moyens sollicités, M. Niang et ses acteurs se réjouissent de l’accompagnement des autorités et estiment que cette Biennale, qui vient « à son heure », peut contribuer à apaiser les tensions. « Les régions ont l’occasion d’exprimer leurs attentes par rapport à la crise que nous vivons », affirme le Directeur, assurant que sa région apportera « sa contribution à l’édifice national. » 

Relever le défi de l’organisation

Spéciale, cette Biennale l’est à maints égards. Habituellement constituées d’une centaine de personnes, les délégations attendues compteront cette fois 70 participants au maximum. En outre, les conditions d’hébergement des troupes, qui seront pour la plupart dans des écoles, ne sont pas « forcément idoines », reconnaissent les responsables du ministère de la Culture. Même si le budget alloué est moins conséquent que lors des éditions précédentes, le département se réjouit de l’engouement suscité.  « Les écoles, les élus locaux, le Gouvernorat du District de Bamako, le ministère de l’Administration territoriale, se sont investis pour que les lieux d’hébergement qui ne sont pas encore au point le soient au moment voulu », souligne Yacouba Kébé. Loin d’occulter la question, les organisateurs disent avoir « pris en compte à un niveau élevé la question de la sécurité », afin de garantir les déplacements des troupes et le bon déroulement de la manifestation. Le budget a aussi amené les organisateurs à faires des « arbitrages dont ont souffert certaines disciplines », comme la danse, qui a été enlevée de la compétition. Une décision que regrette le Directeur de l’INA, car « nos pas et danses traditionnels nous apprennent des choses sur nous et que la Biennale est une éducation de masse. » Acteur majeur de la Biennale depuis ses premières heures, au cœur de l’organisation des cérémonies d’ouverture et de clôture entre 1980 et 1990, Kardigué Laïco Traoré juge cependant inopportun le moment de la tenue de cette édition. Se définissant lui-même comme un enfant de la Biennale et dirigeant actuellement les répétitions de la troupe de Bamako (en chœur), il pense que la Biennale devrait plutôt célébrer l’unité à laquelle nous aspirons aujourd’hui. La tenir maintenant, c’est comme faire fi de la situation que nous vivons. « Si le processus de réconciliation est en marche, faisons en sorte qu’il aboutisse », dit-il, invitant tous nos concitoyens à avoir un « élan de solidarité envers nos compatriotes qui souffrent ».  Mais, pour les organisateurs, ce serait plutôt donner raison à ceux qui nous combattent. « Le Mali a fait le pari de sortir de la crise et de reprendre tous les aspects de la vie que nous avions avant. La culture en fait partie », soutient M. Kébé.

Regrettant que les autorités ne « réfléchissent pas assez la Culture », M. Doucouré estime pour sa part que « la culture est comme un terreau. Il faut l’entretenir, la faire vivre ». Si nous pouvons prendre des choses chez les autres, il nous faut les adapter, car nous « avons des valeurs qui nous déterminent et un développement qui ne repose pas sur des substrats culturels est voué à l’échec ».

Dominique Dreuil, Directeur de l’ASAM: « Notre service va avantager les compagnies »

L’assistance aéroportuaire du Mali (ASAM) vient d’obtenir une certification qui lui permet, désormais, d’assurer la maintenance des avions de type Boeing 737 et Airbus A320 en Afrique de l’Ouest.  L’agence pourra, désormais, mettre ses services aux profits de compagnies aussi bien africaines, qu’européennes. Le Directeur Général de ASAM, Dominique Dreuil, revient pour le Journal du Mali sur les retombées et avantages que représente cette certification.

Journal du Mali : Vous venez d’obtenir une certification qui vous permet de fournir des services de maintenance en ligne pour les Boeing 737 et Airbus A320, qui desservent Bamako, concrètement qu’est que cela représente ?

Dominique Dreuil : Alors, concrètement, cela représente une solution à Bamako pour les compagnies aériennes qui desservent le Mali. Quand un avion arrive, il reste au sol pendant une heure ou deux, le temps de débarquer les passagers qui arrivent et d’embarquer les passagers qui partent. Il peut arriver que le pilote, en l’air, ait détecté une anomalie, dans ce cas dès que l’avion se pose, il faut qu’il soit inspecté pour voir s’il n’a pas subi de dommages ou de problèmes particuliers, c’est ce que l’on appelle la maintenance en ligne. Pour ce faire, il faut qu’il y ait une structure habilitée au sol, avec des techniciens qualifiés, et nous c’est ce que nous venons de faire sous le label Asam Technics. C’est-à-dire que nous avons été désigné organisme de maintenance agrée, l’aviation civile nous a donc autorisés à proposer ce service dans le respect de la règlementation internationale. Ce qui a de fantastique, c’est ce que nous avons aussi la certification européenne. C’est une des plus contraignantes à avoir.

Cela fait dix ans qu’ASAM existe, avez-vous procéder à des changements particuliers ces derniers temps pour obtenir ces certifications ?

Absolument. C’est beaucoup d’investissements, d’abord humain, pour former et qualifier nos personnels, et ensuite dans l’équipement et les installations. Ce sont des investissements auxquels nous avons dû procéder pour avoir ces certifications.

L’aspect économique pour les compagnies n’est pas à négliger ?

Tout à fait. Jusqu’à maintenant, il y avait trois solutions pour une compagnie aérienne. La première, c’est d’expatrier un technicien à Bamako, et cela coûte cher. La seconde, c’est mettre un technicien à bord de l’avion, arrivé à Bamako, il descend de l’avion et regarde si tout va bien, en cas de problème il intervient, ensuite, il remonte dans l’avion et il part à Dakar. La troisième solution consiste à prendre le risque de faire partir l’avion et d’espérer qu’il n’y ait pas de problème à l’arrivée.  Nous sommes l’un des rares aéroports en Afrique de l’Ouest en tout cas à proposer ce type de solution au sol pour les avions de type Boeing 737 et Airbus A320 et c’est extrêmement intéressant pour les compagnies. D’une part, elles n’ont plus besoin de technicien au sol expatrié qui coûte très cher et d’autre part elles n’auront plus recours à des techniciens payés pour voler. Notre service va avantager grandement les compagnies et donc, contribuer à abaisser les coûts d’exploitations, c’est un réel avantage et une sécurité pour ces compagnies-là qui savent désormais qu’à Bamako, elles vont trouver un support.

Abaisser le coût d’exploitation, cela veut-il dire meilleure tarif sur les billets pour les passagers ?

Cela jouera sur les tarifs à la fin. Ce n’est pas uniquement cela qui fera baisser le prix du billet d’avion, mais cela va y contribuer.

Des compagnies ont-elles déjà bénéficié de vos services ?

Nous avons un client depuis très longtemps qui est Royal Air Maroc, il y a aussi Aigle Azur. Ensuite, nous intervenons ponctuellement pour certaines compagnies qui ont des problèmes. Nous avons déjà des demandes, Rwandair a signé un contrat avec nous, ils ne sont pas encore là mais ils ont déjà signé. Plusieurs compagnies nous approchent également pour nous faire part de leur intérêt.

Quelles sont les prochaines étapes pour ASAM ?

Déjà d’élargir nos services à plus d’avions. Pour l’heure ce sont les Boeing 737 et les Airbus A320 qui sont concernés par nos certifications.  Ces deux avions représentent déjà 60 % des avions qui se posent à Bamako. Mais, à l’avenir nous aimerions traiter beaucoup d’autres appareils (Boeing 757, 777) et aller sur d’autres secteurs avions.  À l’avenir, proposer d’autres services aéronautiques.

Infections respiratoires : risque maximum

En cette saison fraîche, les températures, combinées à la pollution atmosphérique, augmentent le risque d’infections respiratoires. En milieu urbain, comme c’est le cas à Bamako, nos faits et gestes influent directement sur l’air que nous respirons. Les engins à deux roues, les tacots qui persistent et signent malgré leur âge avancé, sont des facteurs de risque quant à la qualité de l’air que nous respirons. Et cela n’est pas sans conséquences sur notre santé.

Depuis plusieurs semaines, la capitale malienne est ensevelie sous une brume grisâtre, qui réduit la visibilité. Ce phénomène, que l’on appelle « smog » ailleurs et « chasse-poussière » ici, n’est pas propre à Bamako. De nombreuses villes dans le monde le connaissent et il n’est qu’une des conséquences de la pollution atmosphérique. Et notre santé en prend un coup, avec notamment en pole position les infections respiratoires. Selon Check Africa, première organisation indépendante de fact-checking en Afrique, les maladies qui engendrent le plus de décès sont liées à notre mode de vie.

Mauvaise qualité de l’air 

Plus dangereuse que le Sida, la tuberculose et la malaria, la pollution tue trois fois plus de personnes à l’échelle mondiale. À en croire un article de la revue scientifique britannique The Lancet, la pollution de l’air est responsable de 6,5 millions de décès par an. Les pays en voie de développement sont les plus concernés par ce drame.

Au service de Pneumologie de l’hôpital Point G, le chef de service, le Docteur Yacouba Toloba, nous reçoit. Il nous confirme que les consultations sont en hausse depuis l’apparition du smog. « Dès le premier jour nous nous attendions à une hausse des consultations. Nous avons même renforcé l’équipe et pratiquement doublé les plages de consultations pour recevoir tous les malades. Chaque jour, environ une cinquantaine viennent nous voir. Et je vous parle seulement des malades qui reconnaissent les symptômes d’une infection respiratoire. La moitié des patients ne sont parvient pas », précise-t-il.

Parmi la moitié des patients qui ne sont pas pris en charge par les professionnels de la santé, certains peu savent ce qu’est une infection respiratoire. Afin d’y voir plus clair, Dr Toloba explique qu’il s’agit « d’une pathologie de l’arbre respiratoire, surtout le bas appareil respiratoire, liée à un microbe. Ce microbe peut être une bactérie, un parasite ou un champignon, un micro-organisme en tout cas ». Quant aux symptômes : « le malade va tousser et la toux peut être sèche ou productive. Le malade peut aussi avoir une douleur thoracique diffuse, une gêne respiratoire et une fièvre. Cette dernière peut aller au-delà de 37,5°C et atteindre jusqu’à 40°C, avec des frissons », détaille le chef de service.

De nombreux risques 

Comme cela a été dit plus haut, la moitié des personnes ayant contracté une infection respiratoire ne consultent pas de médecin. Le facteur économique est une des raisons qui expliquent ce fait. Mais que risquent les victimes de cette pathologie ? « Nous vivons avec des bactéries et, en cas de déséquilibre, survient cette infection respiratoire. Ce déséquilibre peut être lié à nous-mêmes, à une défaillance de notre système immunitaire et l’infection respiratoire peut alors se réveiller. Mais cela peut aussi être lié à l’environnement. L’exemple typique est la pollution atmosphérique », détaille le professionnel de santé.

Le tabagisme, qu’il soit actif ou passif est également un facteur de risque. Nous savons qu’il peut provoquer un cancer des poumons, tout comme la pollution de l’air, qui est un facteur de risque pour le développement de cancers pulmonaires en cas d’exposition chronique.

 Tous les ans, 1 million d’enfants dans le monde meurt de pneumonie. Cette maladie devance le paludisme, les maladies diarrhéiques et la rougeole chez les enfants de moins de 5 ans. Les plus vulnérables sont ceux de moins de 2 ans, qui représentent 80 % des cas mortels. Ces données proviennent du dernier rapport de « Fighting for breath » (se battre pour le souffle) de l’association humanitaire Save The Children, rendu public quelques jours avant la journée mondiale de la pneumonie. Ces chiffres sont alarmants, d’où les propos de Yacouba Toloba à l’encontre de certaines mères de famille. « J’en profite pour interpeller nos mamans. En cette période, il n’est pas bon de porter son enfant dans le dos et de se promener dans tout Bamako », avertit le médecin. Face à ce problème de santé publique, outre les enfants, d’autres personnes sont très sujettes aux infections respiratoires. « Toutes les personnes ne sont pas égales devant la maladie. Il y a ceux qui ont une plus grande susceptibilité génétique. On peut être exposés de façon égale à un facteur de risque, mais tout le monde n’aura pas une infection respiratoire. Il y a aussi l’état d’immunité de la personne. Par exemple, un drépanocytaire, un diabétique, un hypertendu ou une personne ayant une insuffisance respiratoire ou dialysée sont plus susceptibles de faire une infection. La susceptibilité peut aussi être liée à l’âge. À l’instar des personnes de plus de 65 ans, qui sont plus fragiles ».

D’après l’UNICEF, les enfants vivant dans des espaces pollués ont une capacité pulmonaire qui serait réduite de 20 % ? Cela engendre les mêmes conséquences que s’ils vivaient dans un foyer où ils subiraient un tabagisme passif.

Prévention individuelle et collective

Yacouba Toloba tient à préciser que la prévention est à la fois individuelle, collective et médicale. « Du point de vue individuel par exemple, si l’infection est liée à l’environnement, pour les motocyclistes il est préférable de porter des casques ou des bavettes pour diminuer l’inhalation des impuretés ». Les mauvaises habitudes et les moyens de transport modernes produisent des effets néfastes pour toute la population. « Il faut éviter l’utilisation d’engins trop polluants et les particules de diesel », ce qui est assez compliqué dans une ville comme Bamako, où les voitures d’occasion constituent la plupart des véhicules en circulation. Sans oublier les « déchets que beaucoup brûlent dans les rues ».  Pour ce qui relève des compétences du corps médical, le vaccin contre la grippe, pour les personnes ayant une fragilité de l’appareil respiratoire, est une mesure de prévention qui va « contrer un certain nombre de microbes, tels les pneumocoques », conclut Dr Toloba.

En 2016, « le Mali s’est doté d’un nouveau matériel afin de mesurer la qualité de l’air, dans le cadre du Projet sectoriel des transports », explique Balla Sissoko, Chef de la Division suivi environnemental et Point focal de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques pour le Mali. Ce camion laboratoire ultramoderne, le premier utilisé au Mali, est un équipement mobile qui a la capacité de couvrir les besoins de la ville de Bamako et ses environs. Il mesure et analyse 6 polluants : le dioxyde de soufre, le dioxyde de carbone, le dioxyde d’azote, l’ozone au niveau du sol et dans l’air et le monoxyde de carbone. Il traite des particules de diamètre inférieur à 10 microns et celles d’un diamètre inférieur à 2,5 microns.

Un an après cette acquisition, des données précises ne sont toujours pas disponibles. En cause : les dysfonctionnements constatés sur l’appareil. « Pour l’instant, nous disposons d’analyseurs de gaz, mais si nous voulons faire une vraie étude de la qualité de l’air, il nous faut des outils plus performants ». Au plan continental, la pollution de l’air gagne du terrain. Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) de 2016, le nombre de décès lié à la pollution de l’air extérieur a connu une hausse de 36 % entre 1990 et 2013, ce qui correspond à 250 000 décès. Ce chiffre ne prend pas en compte les pollutions domestiques. Pourtant, à défaut d’électricité ou de gaz butane dans beaucoup de foyers, le charbon de bois est utilisé pour la cuisine, ce qui constitue une source supplémentaire d’intoxication.

Le marché rose de Bamako encore ravagé par le feu

Très tôt ce 11 décembre 2017, un incendie s’est déclenché au niveau du « marché rose » au grand marché de Bamako. Rapidement arrivés sur les lieux les agents de la protection civile ont pu circonscrire le feu qui n’a pas fait de victimes, mais a causé de nombreux dégâts. Cet énième incendie pose la récurrente question du manque de respect des règles de sécurité, pointé du doigt par plusieurs acteurs.

Pas de pertes en vie humaine, mais des dégâts très importants non encore estimés, c’est le bilan de l’incendie survenu ce matin au marché rose de Bamako. Alertés par la Direction générale de la police à « 4 heures 22 », selon le Commandant Bakari Dao, Directeur régional de la protection civile du District de Bamako, les agents de la protection civile arrivent très vite sur les lieux du sinistre. Les premiers secours arrivés de Dravéla sont vite rejoints par d’autres renforts et se font même aider par l’Agence pour la Sécurité de l’Aviation Civile (ASECNA), selon le commandant Dao. Et après deux heures d’intervention, ils arrivent à bout de « trois foyers violents ». Le feu est maîtrisé mais la fumée se dégage encore des lieux, quatre heures après le début du sinistre. Si les causes de l’incendie qui seront déterminées par l’enquête de la police, ne sont pas encore connues, les conditions de sécurité au sein du marché sont déplorées. « Les dispositions sécuritaires prises au niveau du marché ne sont pas respectées. D’autant plus qu’il était difficile pour nous de cheminer pour aller à la base de l’incendie. Ensuite les poteaux d’incendie au niveau du marché ne sont pas alimentés », note le commandant Dao qui déplore que l’une des difficultés constitue l’impossibilité pour les sapeurs-pompiers d’accéder au site et aussi l’obligation d’aller chercher de l’eau à 2 ou 3 km alors des bouches d’incendie sont au marché mais inaccessibles.

Des mesures de sécurité non respectées

Des voies d’accès inaccessibles, c’est aussi ce que déplore Monsieur Lassana Sacko commerçant au grand marché, arrivé sur les lieux aux environs de 5 heures 40. Touché par la gravité des dégâts (une de ses boutiques situées sur le lieu de l’incendie ayant brûlé), il regrette cette situation récurrente due au non-respect des règles en la matière. « La gravité ce cet incendie est due aux difficultés d’accès à ce marché. Les pompiers viennent de partir chercher de l’eau, alors qu’il y a des bouches d’incendie ici. Mais des places ont été attribuées là-dessus à des commerçants qui l’occupent. Ce n’est pas facile. Nous [commerçants : NDLR] sollicitons les places, et les autorités l’accordent. Je pense qu’il faut mener des réflexions. Nous devons d’abord penser à notre propre sécurité en libérant les voies et en évitant de nous passer l’électricité n’importe comment, au vu des autorités qui ne disent rien », conclut Monsieur Sacko.

Arrivé sur les lieux en compagnie du Maire du District de Bamako, le ministre de la Décentralisation et de la fiscalité locale Monsieur Alhassane Ag Hamad Moussa, déplore les dégâts. « Nous venons de faire le constat amer d’importants dégâts matériels. Heureusement il n y a pas eu de perte en vie humaine », relève le ministre qui ajoute que des mesures doivent être rapidement envisagées pour éviter la répétition de tels sinistres. Il faut « accélérer l’aménagement des sites de recasement pour que les opérateurs économiques soient recasés conformément à ce qui a été convenu. Afin que les travaux puissent démarrer », conclut le ministre.

Samuel Sidibé : « La photographie n’est plus seulement un portrait »

La biennale de la photographie se tient, actuellement, à Bamako du 2 décembre au 31 janvier 2018. Le délégué général de cette manifestation, depuis 2009, Samuel Sidibé, s’est livré au Journal du Mali sur l’organisation technique de ces rencontres. 

Journal du Mali : Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette rencontre ? 

Samuel Sidibé : Les rencontres sont une plateforme qui permettent aux photographes africains du continent et de la diaspora de montrer leur travail. Vous savez, la photographie s’est développée vers une approche artistique. On est aujourd’hui dans une approche différente. Elle est une démarche artistique pour les photographes qui cherchent ainsi par la photographie exprimer leur vision du monde, leurs préoccupations. Depuis plusieurs années, en Afrique, on essaie de faire de la photographie un moyen d’expression artistique. La biennale, c’est offrir l’opportunité aux artistes africains, qu’on appelle plus simplement photographes, de montrer ce qu’ils savent faire. Je pense en ce sens que la biennale est aujourd’hui devenu quelque chose de vraiment important pour les photographes africains en terme de visibilité internationale.

Pourquoi organiser cette biennale au Mali ?

La biennale existe depuis 1994 et a toujours eu lieu au Mali. C’est un concours de circonstances. En 1992, l’idée de faire cette biennale a émergé en marge de l’exposition de Françoise Huguier à Bamako. Par un jeu de circonstances, le milieu international de la photographie re-découvrait à cette époque les illustres photographes maliens : Seydou Keita et Malick Sidibé. L’idée de faire cette grande rencontre de la photographie en Afrique est apparue à ce moment et Bamako était considéré comme l’espace naturel pour initier ces rencontres. 

Pouvez-vous nous parler de ce que cela représente ?

Les rencontres constituent un plan majeur pour le Mali, à l’international. Et le fait qu’il soit organisé au musée contribue à donner une plus grande visibilité au musée national tout d’abord. Traditionnellement, les musées s’intéressent au passé. Le fait de s’investir dans la création contemporaine et artistique permet au musée d’élargir son offre culturelle. En élargissant l’offre culturelle au public, on attire d’avantage de personnes, notamment les jeunes.

Qu’est ce que c’est que d’organiser cette rencontre internationale à Bamako ? 

Le point de départ, c’est d’abord pour nous de choisir un commissaire, capable de prendre la responsabilité scientifique et artistique du projet. Cette personne en la personne de Marie-Ann Yemsi pour cette édition nous a proposé une thématique qui est « Afrotopia » qui sera une sorte de réflexion sur les utopies africaines et sur comment l’Afrique peut à partir de ces propres valeurs, et de son potentiel s’interroger sur son avenir. A partir de cela, les photographes ont développé leur propre approche artistique. Nous avons reçu tout un ensemble de travaux de différentes natures qui montraient la façon dont les photographes réagissaient aux phénomènes divers dans la société tels que l’urbanisation, les questions politique et sociale, ou plus prosaïquement la relation entre les hommes.Après avoir rassemblé tout ce travail, on a mis en place un comité qui a sélectionné les propositions des photographes. Cette dernière sélection a permis de choisir 40 photographes qui seront à Bamako.

À quoi aura droit le public du 2 décembre au 31 janvier 2018 ?

Au musée national, il y aura une exposition panafricaine qui sera inaugurée dès le 2 décembre. Cette exposition fera l’objet d’une évaluation par un jury et des prix seront attribués à certains artistes dont le prix Seydou Keita financé à hauteur de 5000 euros par le ministère malien de la culture. Pour développer un nouveau public autour de la création artistique et permettre aux jeunes de développer une sensibilité artistique. 
Aussi du 2 au 5 décembre, a eu lieu la semaine professionnelle. Les rencontres sont certes une occasion parfaite pour rencontrer un lot important d’artistes. Toutefois, nous souhaitons que le travail artistique et celui intellectuel se rejoignent. Ainsi des intellectuels, des commissaires, des directeurs de musée, de galerie et tout un ensemble de gens des mondes de la culture de l’Afrique, de la France, de Brésil, de l’Espagne, de l’Angleterre seront présents pour organiser des débats, des masters class, des discussions autour de la photographie afin d’enrichir la biennale d’un débat intellectuel. Car, je le rappelle, la photographie est perçue, pour les photographes, comme un moyen d’expression. Les photographes réfléchissent sur les problèmes sociaux, et leur art est une forme d’écriture. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un clic de l’appareil. C’est toute une réflexion. La plupart des photographes tiennent un discours et veulent à travers leur photographie dire leur façon de penser le monde. On s’est demandé comment les photographes et les intellectuels peuvent se rencontrer pour partager leur vision sur la relation de la photographie avec le discours politique par exemple, ou la relation de la photographie avec les questions d’identité. 
Au musée du district, il y aura un regard de la photographie africaine des indépendances, particulièrement la joie de vivre illustrée par James Barnor. Il y aura ensuite une exposition à la galerie medina sur l’afro-futurisme, une réflexion sur l’Afrique future, et à l’institut français sur « La part de l’autre ». En marge, des montages-vidéos de la biennale seront projetés dans les espaces publics afin de toujours élargir le public. 

Biennale de la Photographie : clics sur Bamako

Le monde et l’Afrique de la Photographie se donnent rendez-vous dès ce 2 décembre à Bamako pour une rencontre devenue incontournable dans le calendrier artistique du continent. La Biennale de Photographie s’ouvre avec sa semaine professionnelle et elle promet pour les deux mois à venir.

« Afrotopia », c’est le thème des Rencontres de Bamako édition 2017, qui se tiendront du 2 décembre au 31 janvier prochains. « Ces Rencontres de Bamako sont une escapade heureuse de la situation que notre pays a connue », se réjouit N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture du Mali. « Leur tenue est, à chaque fois, un défi organisationnel et surtout une jauge unique de la confiance des partenaires en notre pays. Ce partenariat est en premier lieu celui que nous avons avec nos illustres artistes invités », poursuit-elle.

Pour le Délégué général de la Biennale, non moins Directeur du Musée national du Mali, Samuel Sidibé, cet évènement est « une plateforme qui permet aux photographes africains du continent et de la diaspora de montrer leur travail. La photographie s’est développée vers une approche artistique, une approche différente. La photographie n’est plus seulement le portrait. Elle est une démarche artistique pour les photographes qui cherchent ainsi à exprimer leur vision du monde, leurs préoccupations ». « La photographie au centre des catalyseurs possibles de notre développement endogène. Par la culture, et ceci est une autre forte conviction des autorités du Mali, le développement économique est possible. Par la culture, le développement social s’impose », estime pour sa part la ministre de la Culture.

Les utopies africaines

Sous la direction de Marie-Ann Yemsi, Commissaire de cette 11ème édition, « Afrotopia » se veut une réflexion sur les utopies africaines et sur comment l’Afrique peut, à partir de ces propres valeurs et de son potentiel, s’interroger sur son avenir. De cette réflexion sont sorties les œuvres de la quarantaine de photographes, qui ont développé leur propre approche artistique, qui exposeront à Bamako. Elles portent sur des phénomènes divers dans la société tels que l’urbanisation, les questions politique et sociale, ou plus prosaïquement la relation entre les hommes. .

La Biennale existe depuis 1994 et a toujours eu lieu au Mali. La semaine professionnelle qui s’ouvre le 2 décembre est un espace permettant « que le travail artistique et le débat intellectuel se rejoignent », comme l’explique le Délégué général. Des intellectuels, des commissaires, des directeurs de musée, de galeries, tout un ensemble de gens des mondes de la culture d’Afrique, de France, du Brésil, d’Espagne, d’Angleterre, seront présents pour organiser des débats, des master classes, des discussions autour de la photographie, afin d’enrichir la Biennale d’un débat intellectuel.

Ras Bath acquitté

Mohamed Youssouf Bathily dénommé Ras Bath, animateur et chroniqueur accusé « d’incitation des troupes à la désobéissance »  a été libéré, le 27 novembre. La porte de la Cour d’Appel de la commune VI de Bamako a été prise d’assaut par une foule dénombrable.

Depuis six heures du matin, les fans de Mohamed Youssouf  Bathily dit « Ras Bath » ont entouré la porte de la Cour d’Appel de Bamako. Vers dix heures du matin, un bain de foule se trouvait devant la Cour d’Appel. Les manifestants ont perturbé la circulation  jusqu’à la fin du procès de Ras Bath. La foule dénombrable répétait à chaque fois « nous sommes mobiliser pour soutenir Ras parce que il dit la vérité, non pas pour l’argent ou autre chose. Ras Bath c’est un homme intellectuel et  un homme de droit il ne parle pas à tue-tête. » Parmi ses nombreux soutiens, Ras Cousa nous explique que « si l’Etat a besoin de quelqu’un, il doit répondre, c’est pourquoi nous sommes là soutenir notre frère ». « Nous ne quitterons pas d’ici jusqu’à ce que Ras Bath soit libérer devant nous », a déclaré Mariam Wallet.

À l’instar de cette foule dénombrable, Koko Dembélé  était aussi au rendez-vous. « Je  suis content, car si tu suis la vérité, tu seras toujours avec Dieu et la vérité appartient à Dieu », a-t-il déclaré. « Il est libre il n y a pas de problème », a-t-il ajouté.

L’affaire est désormais close

Après la fin du procès, Mohamed Youssouf Bathily a été libéré devant ses fans. Une fois à la porte de la Cour d’Appel, la foule déclarait « Ras Bath, vive la victoire ».  En plus la foule scandait « bravo aux juges, bravo à l’esprit patriotique des juges. Nous sommes à la quête de la vérité, du respect et surtout  et de la bonne gouvernance. » Pour conclure, Ras Bath s’est enthousiasmé à dire que « c’est un sentiment de  victoire, de joie, de fraternité. C’est une décision qui m’encourage davantage dans ce que je fais  tous les jours  à savoir de mettre l’Etat à sa place. »

Un master à Bamako pour la paix en Afrique

L’école de maintien de la paix met en place, en partenariat avec l’IEP de Grenoble et l’ENAP du Québec, un nouveau master « Maintien de la paix et reconstruction de l’Etat post-conflit » afin de former des cadres de la CEDEAO, capables autant de prévenir les conflits dans la sous-région que d’y faire face. 

« La guerre est aujourd’hui asymétrique et pour cette raison, elle relève d’un caractère multidimensionnel qui nécessite une pluralité des profils », affirme Dr. Abdrahmane Oumar Coulibaly, professeur de droit privé FSJP et chargé de la coordination d’un nouveau master de l’Ecole de maintien de la paix (EMP) « Maintien de la paix et reconstruction de l’Etat post-conflit » qui débutera dès janvier 2018. L’intitulé fait écho au contexte malien qui tente depuis 2012 de se relever, de se reconstruire tout en maintenant une stabilité institutionnelle. L’EMP souhaite ainsi « donner une nouvelle orientation aux formations de maintien de la paix » assure Dr. Coulibaly.

Pour une meilleure efficacité de l’Union Africaine, trois centres travaillent pour le renforcement de la Force en Attente de l’Union Africaine (UA). La Koffi Anan International Peace Training Center à Accra (KAIPTC) chargée de la tactique, la National Défense College à Abuja (NDC) chargée de la stratégie et l’École de maintien de la paix (EMP) qui, en tant que seul centre francophone, doit renforcer la Force en Attente de la CEDEAO. L’EMP est reconnue dans la sous-région pour les formations de courte ou de longue durée, sanctionnées par une attestation, qu’elle assure à l’intention des stagiaires militaires, paramilitaires et des civils. « On répond d’abord à une demande de nos auditeurs qui souhaitent avoir des formations sur le maintien de la paix en Afrique au plus près des réalités locales » plaide Dr. Coulibaly. Ce master, en partenariat avec l’École Nationale d’Administration Public du Québec, l’Institut d’Études Politiques de Grenoble (IEP Grenoble) permettra aux étudiants d’être diplômé de deux masters : celui en maintien de la paix de l’EMP et d’un executive master de l’IEP de Grenoble.

Validé par le Ministère malien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le programme du master permettra aux auditeurs du programme de suivre des unités de cours sur le DDR, la réforme du secteur de la sécurité ou encore la coopération civili-militaire (CIMIC) données par autant des universitaires que des professionnels afin de répondre au mieux aux besoins. Les candidats ont jusqu’au 30 novembre pour finaliser leur demande d’inscription.

Alors que l’enseignement supérieur malien est considéré comme « un fourre-tout » pas adapté aux besoins locaux, la création de ce master dès janvier 2018 apporte une valeur ajoutée en terme de lutte contre le chômage en raison des débouchés qu’elle crée, notamment la spécialisation en développement et reconstruction de l’Etat post-conflit ou l’expertise des questions de conflit.

Avec une inscription à hauteur de 4 800 000 francs CFA « pour l’instant », des offres de bourses d’excellence sont proposées pour ce programme par la BNDA, entre autres.

Coupe d’Afrique de Vovinam Viet Vo Dao au Mali

Le Mali abritera la 4e édition de la coupe d’Afrique de Vovinam Viet Vo Dao, ce jeudi 16 novembre et prendra fin ce vendredi 17 novembre 2017. Durant ces deux jours, dix équipes s’affronteront au Palais des sports de Bamako.  

Pour ce tournoi qui débutera, ce jeudi 16 novembre, dix équipes dont le Mali, le Maroc et le Sénégal, entre autres, s’affronteront. Le Vovinam Viet Vo Dao est un art martial vietnamien, il est surtout connu par le jeu des ciseaux volants. « Les pays participants auront droit à choisir 4 étapes dont la première pour les enfants moins de 16 ans, la seconde est la ceinture bleu et il y a aussi les ceintures jaunes et les ceintures », a clarifié Aboubacar Haïdara. La France est le pays invité de cette 4e édition au Mali. 

Depuis 2007, le Mali a commencé à pratiquer cette discipline sportive, qui a été créée, en 1938, par Nguyên Lôc. Le Mali a été choisi pour abriter cette 4eme édition  dans le but de faire la promotion de ce sport. Les Maliens ont remporté plusieurs trophées. Lors de sa première participation à la 2e édition de la coupe d’Afrique de Vovinam Viet Vo Dao au Sénégal, en 2009, le Mali a remporté une médaille de bronze. Par la suite, en 2013, au Maroc au cours du tournoi international, les Maliens ont remporté dix médailles dont trois en or, deux en argents et cinq bronzes. Et en 2015, lors de la coupe d’Afrique au Maroc, ils ont gagné aussi 7 médailles. C’est à l’issue de cela que le Mali a été à été désigner organiser la coupe d’Afrique édition 2017. « Le Mali a eu l’honneur d’organiser ce championnat grâce aux efforts de Oumar N’Doye et qui est à l’origine de ce sport au Mali », a confié au JDM, Aboubacar Haidara, Secrétaire général de la fédération du Vovinam Viet Dao au Mali.

 

LaTaska, la cuisine du monde

Un  restaurant où l’on peut déguster les recettes des quatre coins du monde, avec des produits frais et de qualité, c’est l’assurance que donne le Chef Diouf, de LaTaska à Badalabougou. Une adresse qui promet.

Après avoir fait ses classes dans les restaurants chics de Dakar, Kaba Diouf débarque à Bamako pour servir à l’Hôtel Azalaï Salam. Une expérience suivie d’un bref passage à l’Hôtel Onomo pour son ouverture. De quoi permettre au quadragénaire de se rendre compte que « Bamako est un terrain d’opportunités ». Plus question de repartir. Une fois l’aventure hôtelière terminée, c’est tout naturellement qu’il se met à la recherche d’un local pour accueillir ceux qui lui réclament des plats. « LaTaska, c’est un concept en trois volets. LaTaska Food, l’ancien restaurant que nous avions ouvert à l’ACI, était un snack amélioré. Celui-ci, LaTaska Cuisines du monde, est plutôt un restaurant gastronomique, même si c’est difficile avec l’approvisionnement en produits frais qui n’est pas évident. C’est de la cuisine haut de gamme. C’est en tout cas ce que disent nos clients. Et, enfin, il y a le service traiteur », explique le Chef.

Avec un personnel de 17 personnes, le nouveau restaurant, ouvert depuis tout juste un mois, se veut une adresse de référence. « Nous servons de la gastronomie européenne, asiatique, mais aussi africaine modernisée. L’un des plats les plus demandés est le « dibi » à la sénégalaise », poursuit Kaba Diouf, qui a embauché un grilladin du cru.  Sur la carte, en plus des nombreux plats, une flopée de cocktails, avec ou sans alcool, est proposée aux clients.

Un investissement de plus de 35 millions pour la mise en branle d’un projet qui « va évoluer. Nous voulons proposer du nouveau. La plupart des restaurants se concentrent sur le midi avec la formule buffet. Nous voulons tenter le challenge de proposer aussi le soir une offre de qualité ». Une ambiance cosy, un chef aux petits soins et une carte riche, voilà LaTaska Cuisines du monde.

 

Joss Stone, la parenthèse enchantée…

Il y a de ces moments de grâce qui marquent l’esprit d’un mélomane. Ceux qui ont fait le déplacement de l’Institut français de Bamako pour le concert de l’artiste britannique ne risquent pas de l’oublier de sitôt.

Une voix et une guitare.

C’est en tout en pour tout l’armada déployée par la chanteuse. Une voix chaude et pleine, une guitare acoustique grattée avec complicité par un instrumentiste partie prenante du show. Car, malgré la frugalité du dispositif, c’est à un véritable spectacle qu’ont eu droit les quelques 300 spectateurs qui ont partagé « ce moment hors du temps ». « C’est incroyable, une voix pareille! » s’enthousiaste l’un  d’entre eux qui tient à peine assis. Joss Stone, c’est 10 ans de carrière, 7 albums et 14 millions d’albums vendus. Considérée comme l’une des artistes britanniques les plus prolifiques de sa génération, elle a partagé la scène avec les plus grands et court les plus scènes prestigieuses.

C’est une ambiance intimiste que recrée à chaque spectacle la chanteuse qui s’est lancée depuis 2013 dans un tour du monde. Son « Total World Tour » lui permet ainsi depuis quatre ans de se produire dans tous les pays de la liste des Nations Unies. Elle en a déjà visité plus de la moitié et y a offert des spectacles pour « montrer aux gens l’immense quantité de bon travail et de créativité qui se passe partout dans le monde et encourage les autres à assumer la responsabilité d’aider à résoudre les nombreux problèmes sociaux et environnementaux ».

Pour le public qui la (re) découvre, c’est un véritable moment de partage et de communion que lui sert celle qui raconte des anecdotes, baragouine quelques mots de français et de bambara et laisse, à la fin de l’heure de concert, une envie d’aller rapidement chercher ces chansons. Avec en tête aussi, le mot qu’elle dit préférer de la langue française: « Génial! ».

 

 

Changements Climatiques : Quels risques pour le Mali ?

Sierra Leone, Niger, Guinée, États Unis, France. Les catastrophes naturelles s’enchaînent et touchent indifféremment les pays, grands comme petits pollueurs. Les changements climatiques se manifestent violemment et font des milliers de victimes. Qu’il s’agisse de pluies diluviennes, de vents violents ou de fortes chaleurs, le Mali n’est pas à l’abri.

Pluies diluviennes entraînant un glissement de terrain suivi de coulées de boue meurtrières à Freetown. La capitale sierra léonaise vit depuis le 14 août 2017 l’une des pires catastrophes naturelles de ces dernières années. Le bilan est d’environ 500 morts, plus de 800 disparus, des dizaines de sans-abris et des dégâts matériels importants. Quelques semaines après, des pluies torrentielles feront une dizaine de morts au Niger. Auparavant, en Guinée, l’effondrement de tonnes d’ordures avait détruit tout un quartier et fait de nombreuses victimes.

Ces phénomènes, qui semblent imprévisibles, sont pourtant, selon les spécialistes, des conséquences des changements climatiques. Changements dont l’activité humaine est responsable. La sonnette d’alarme est tirée.

Pour Dr Modibo Sacko, Point Focal National chargé de la mise en œuvre des questions climatiques au Mali, il n’y a plus d’illusions à se faire. « Nous sommes en plein dans les changements climatiques. C’est pourquoi il était impératif de trouver un accord lors de la COP 21 de 2015 à Paris, pour maintenir le réchauffement climatique dans une fourchette de 2 degrés à l’horizon 2100 ».

Bien que nous n’ayons pas atteint la barre d’un degré, les effets sont déjà effrayants. « De la montée des océans, suite à la fonte des glaces, avec des inondations dans les pays insulaires, à l’érosion des sols observée dans des pays côtiers proches du Mali comme la Côte d’Ivoire, en nous subissons les conséquences ».

Des vents violents et des pluies torrentielles entraînent un « lessivage du sol dont l’une des conséquences est l’effondrement des maisons et des coulées de boue, qui vont détruire les récoltes ou encombrer les cours d’eau. Ceux-ci vont déborder et provoquer des inondations ». Autant de dégâts qui n’épargneront aucun pays, ajoute le Dr Sacko.

Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, « il n’est pas du tout exclu que le Mali subisse des pluies diluviennes », selon le Dr Sacko, « entraînant des éboulements et l’effondrement des maisons situées à flanc de colline, comme c’est le cas dans certains quartiers de Bamako ».

Autre phénomène inquiétant : le drainage des ordures entassées anarchiquement vers les cours d’eau, qui seront pollués, et l’obstruction des collecteurs, provoquant des inondations. Des vents violents, pouvant provoquer la destruction des forêts et le déplacement de tonnes de sable du désert, ne sont également pas à exclure.

Les fortes chaleurs, outre leurs effets directs sur la santé, pourront aussi causer des dégâts collatéraux, comme des feux de brousse ou la combustion des décharges anarchiques par la libération dans l’air des tonnes de méthane qu’elles contiennent.

 

Quarante pays africains pour un pacte mondial des migrations

Quarante pays africains se sont retrouvés les 28 et 29 août 2017 à Bamako dans le cadre des consultations africaines sur le pacte mondial des migrations. L’objectif était d’aboutir à une position commune du continent sur la question des migrations.

Environ 50 organisations de la société civile du continent ont participé à ces consultations. Les thèmes abordés étaient relatifs aux causes profondes des migrations, aux facteurs de la mobilité en Afrique (la pauvreté, les conflits ou les changements climatiques…), les questions de droit de l’Homme, d’inclusion sociale, d’intégration et aussi les questions relatives à la xénophobie et au racisme entre autres. Il faut rappeler que 80% de la migration en Afrique se fait entre pays africains. Raison de plus pour le ministre malien des Affaires étrangères, Mr Abdoulaye DIOP, « (…) pour que l’Afrique puisse parler d’une seule voix et voir comment faciliter la migration au sein du continent (…) et aussi que la migration ne soit pas seulement perçue comme un problème mais surtout aussi comme une opportunité ».

Le Pacte Mondial sur les Migrations Sûres Ordonnées et Régulières (PMM) est né du sommet de haut niveau sur les Réfugiés qui s’est tenu le 19 septembre 2016 à New York. Pour la première fois les chefs d’État et de gouvernement du monde se sont réunis à l’ONU pour améliorer la coopération et la gouvernance autour des questions de migration et des réfugiés. A l’issue de ce sommet, 193 États se sont engagés à négocier un pacte mondial sur la question migratoire

Parmi ces engagements figurent la protection de la sécurité et de la dignité de tous les migrants quel que soit leur statut migratoire et à tout moment.

Un pacte qui doit être élaboré à travers un processus inclusif impliquant, la société civile, les institutions comme l’OIM (Organisation Internationale Des Migrations). La résolution invite notamment les commissions économiques régionales (CER) en collaboration avec l’OIM notamment d’engager les discussions avec les États et les parties prenantes afin de contribuer aux processus préparatoires et d’inventaire du Pacte Mondial.

Pour ce qui concerne le Continent, la Commission Économique et Sociale pour l’Afrique (CEA), se réunira du 18 au 20 octobre 2017 à Addis Abeba avec les experts de toutes les sous-régions.

Les Sotrama : Un pis-aller pour les Bamakois

Les « Sotrama », comme on appelle ces minibus verts de transport en commun, sont l’un des symboles de la capitale malienne. Une activité qui fait vivre des milliers de personnes, mais qui reste sujette à de nombreuses controverses. L’état des véhicules, le non-respect des règles du Code de la route et le manque de courtoisie envers les passagers et autres usagers sont les reproches régulièrement faits aux conducteurs et autres « apprentis », ces assistants qui font la pluie et le beau temps à l’arrière du véhicule. A cela s’ajoutent de récurrentes poussées de fièvre, qui donnent une image plutôt négative de ce moyen de transport, cependant indispensable pour la vie dans la Cité des 3 caïmans.

Ils sont partout. Dès les premières lueurs du jour, ils prennent d’assaut les rues de la capitale et de sa périphérie pour transporter les Bamakois vers leurs activités quotidiennes. Ils ont fait leur apparition dans les années 80, après les fameux « dourou-dourouni ». Depuis, les minibus ont damé le pion aux bâchées qui sont cantonnées sur quelques trajets. Leur grande capacité (entre 19 et 22 passagers) et leur robustesse leur permettent de résister au temps et à la concurrence des bus de transport en commun, qui tentent régulièrement, et en vain, une percée dans le secteur. On considère que plus de la moitié des déplacements motorisés dans la capitale est assurée par les « Sotrama », du nom de la Société des transports du Mali disparue depuis des lustres, mais dont le nom est resté pour désigner les véhicules de transport en commun urbains, reconnaissables à leur couleur verte.  La grande majorité des passagers de ces véhicules les emprunte par « manque de moyens ou de choix. Il y a des quartiers de la banlieue où les taxis ne vont pas et ce n’est que le Sotrama qui peut transporter les habitants vers la ville. C’est le cas de Niamacoro Courani, où presque tout le monde se déplace grâce aux Sotrama, quitte à prendre le taxi une fois en ville », témoigne Bakary Sanogo, habitant dudit quartier, situé dans la banlieue nord de Bamako. C’est donc un « pis-aller » pour les usagers des transports que d’emprunter les fameux Sotrama. Mauvais état des véhicules, dont certains ne tiennent que par des rafistolages ingénieux, comportements indélicats des chauffeurs et apprentis… pour ne citer que ceux-là, tels sont les griefs des usagers. « Mais il faut aussi parler de leur violence. Quand ils sont mécontents, quand ils ne barrent pas la circulation, nous obligeant à marcher des kilomètres, ils se tapent dessus et il y a même des morts, souvent », poursuit M. Sanogo.

Selon les statistiques de la Direction régionale des transports du district (2016), 2 690 Sotrama sont en activité dans le district de Bamako. Ils sont regroupés au sein de syndicats qui couvrent chacun une zone géographique de la capitale. Entre la coordination des syndicats de Sotrama et celui de « l’anneau Sotrama » (centre-ville commercial), le torchon brûle depuis quelques mois. En l’espace de deux ans, des violences internes ont causé une mort d’homme (1 chauffeur en 2015) et plus de 80 blessés graves, la plupart par armes blanches. Le dernier évènement en date s’est produit le samedi 27 mai 2017. Pourquoi ?

Au cœur des tensions, la gestion de l’anneau Sotrama. Cette ligne spéciale, exclusivement réservée à la circulation des Sotrama depuis octobre 2011, est gérée par le syndicat de la zone, dirigé par le jeune Souleymane Diallo. Une mainmise qu’il espère bien garder, n’en déplaise à la Coordination générale et à son premier responsable, le Secrétaire général Marafa Touré. Ce dernier, dont le deuxième mandat de cinq ans a pris fin en septembre 2016, continue à son poste, qu’il n’entend pas non plus lâcher. Il n’en fallait pas plus pour que les partisans de l’un et de l’autre s’affrontent régulièrement. L’ancien commerçant, choisi par les chauffeurs de Sotrama pour diriger leur syndicat du fait de sa proximité avec leur milieu, brandit son bilan et dit attendre que l’UNTM lui signifie la fin de son mandat. A son actif, le regroupement de tous les chauffeurs conducteurs de Bamako, mais aussi dans les régions, en collectif, pour les sensibiliser et leur faire connaitre leurs devoirs envers les usagers et les autorités routières. « Des formations, avec le FAFPA, l’ANPE, l’APEJ, l’ANASER, ont été organisées pour les chauffeurs conducteurs, mais, malheureusement, leur nombre est encore insuffisant par rapport aux besoins », affirme le Secrétaire général. A l’en croire, la souscription à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) est en cours de négociation et une convention collective devrait être signée bientôt avec les autorités pour permettre aux chauffeurs d’être mieux protégés.

Quid des 30 millions de francs CFA du fond Microcred pour le financement de l’achat de véhicules ? Marafa Touré renvoie la balle à celui que l’on peut appeler son adversaire dans cette guerre de leadership. « C’est Souleymane Diallo qui était responsable de ce projet. Comment puis-je avoir touché cet argent ? » interroge-t-il.  « Son mandat est fini, les chauffeurs ont voulu qu’il organise une élection, il n’a pas accepté. C’est la guerre entre chauffeurs », reprend Diallo, qui veut désormais succéder à Touré à son poste. Pour changer quoi ? « Tout », répond le jeune responsable, plein d’ambitions. « Nous sommes conscients de l’image que les gens ont de notre métier et de notre corporation. Il nous faut une réorganisation complète de notre secteur », poursuit-il. « Nous allons également aménager la gare des Sotrama sise derrière l’Assemblée Nationale. Ce lieu n’est pas digne de nous aujourd’hui. Nous allons travailler avec la mairie pour en faire un lieu propre et agencé. Des coopératives seront aussi créées pour aider les chauffeurs dans leurs projets. Il y en a plusieurs qui veulent passer aux taxis mais n’en ont pas les moyens. Plusieurs autres actions sont en cours, notamment des formations et sensibilisations pour aider les jeunes apprentis en ce qui concerne leur comportement envers les passagers et les autorités routières ». Les relations avec ces dernières, en particulier la Compagnie de circulation routière (CCR), étant souvent tendues.

Autre chantier, la mise en place de contrats de travail avec les propriétaires de Sotrama, les véhicules n’appartenant pas pour la plupart aux chauffeurs. « Il faut comprendre que les gens courent derrière la recette. Plus tu fais de rotations, plus tu rapportes de l’argent. L’augmentation des tarifs des transports et des Sotrama en particulier n’a pas suivi celle des prix des carburants. Il nous faut donc faire plus pour gagner comme avant. Or les patrons ne l’entendent pas de cette oreille et veulent récupérer l’argent investi dans le véhicule », explique Boubacar, chauffeur. « C’est pourquoi on est obligé de conduire toute la journée. On tient en prenant notre café renforcé, que certains qualifient d’excitant », poursuit-il. « C’est aussi nécessaire pour gagner un peu d’argent au-delà de la recette. C’est cela qui nous permet de joindre les deux bouts, le salaire mensuel étant largement insuffisant ». Il faut souligner que le montant de la recette et la rémunération d’un chauffeur font généralement l’objet d’une convention signée avec le propriétaire. « La recette peut être versée de manière quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle. Les salaires tournent autour de 50 à 75 000 francs CFA par mois ».

Quant aux usagers, qui suivent en victimes impuissantes et résignées les péripéties de la corporation, ils espèrent qu’à défaut d’une alternative durable aux Sotrama, ces derniers apprennent surtout le respect du client. « J’emprunte les Sotrama depuis que leur tarif était de 25 francs. A l’époque, on nous traitait comme des rois » se souvient, nostalgique, Binké Koné. Mariam Koné vendeuse au centre-ville, exprime tout haut ce que pensent souvent les passagers. « Je sors de chez moi pour venir vendre. Je n’insulte aucun client. Je respecte mes ainés. Je ne supporte pas qu’on insulte quelqu’un qui a le même âge que mon père ou ma mère ». Elle espère que des mouvements en cours sorte une direction des chauffeurs qui travaille « dans la cohésion et par le consensus au lieu des machettes », pour que les choses changent. Dans le bon sens.

 

Bamako tendance bistrot

La tendance bistrot s’affirme peu à peu à Bamako. Dans la capitale malienne, on trouve de plus en plus des restos branchés, cozy, voir un brin chics, avec terrasse ou jardin, où l’on peut se retrouver et partager, dans une ambiance relax, autour d’un verre ou d’un repas, tiré d’une cuisine inventive et simple, fusionnant mets traditionnels et gastronomie internationale. Le restaurant le Bla bla, adresse qu’on ne présente plus, est de cela. Depuis qu’il a fait peau neuve, il peut se hisser comme l’un des grands bar-bistro branché bamakois. Ce lieu alternatif à l’atmosphère chaleureuse, vaste, meublé avec style, de mobilier récup, ou l’industriel côtoie le wax africain et le style colonial, dans un espace aux allures de loft new-yorkais dont certains murs semblent toujours en cours de finition, attire le public par cette alliance décalée qui fait mouche et donne un côté unique à l’endroit. Une autre adresse a retenu notre attention, un petit nouveau qui a ouvert en mai dernier, moins décalé, mais tout aussi cozy : la résidence Casa Blanca. L’établissement porte bien son nom, situé dans le quartier Cité du Niger, passé ses portes, vous vous retrouvez dans une ambiance élégante et immaculé. Service discret et attentionné, cadre apaisant et épuré, menu à l’ardoise proposant une cuisine variées et maîtrisées aux influences africaines ou provençales, notamment. Ce lieu paisible et feutré, qui sent bon les vacances, et une parfaite adresse pour un brunch, le dimanche matin, en couple ou en famille, dans le jardin de la résidence.

Les lodges : le bon choix pour le repos

Badalodge, le Campement Kangaba ou encore le Domaine Kanou… Voici des lieux prisés des Bamakois en cette période de vacances. De plus en plus, on converge vers ces sites de repos et de détente. Peu importe le luxe dans lequel on vit au quotidien, on a souvent « envie de changer d’air », explique un habitué. Bamako compte pour ce faire un grand nombre de lodges, une dizaine, selon ce community manager qui gère les pages Facebook de deux d’entre eux.

Depuis vendredi, Boubou Sidibé a pris ses quartiers dans un lodge de Koulikoro. Accompagné de ses deux enfants et de son épouse, ce jeune chef d’entreprise entend y passer tout le week-end. « Ici on est loin des bruits de Bamako. Les enfants s’amusent bien et moi je m’occupe de ma femme », dit-il, taquin. Plusieurs types de chambres sont proposés et les prix varient en fonction des goûts. Selon le gérant, ils peuvent aller jusqu’à 80 000 francs CFA lanuitée.

Si certains lodges sont dotés d’installations pour accueillir des événements comme les cérémonies de mariage, la majorité a la réputation d’être un espace de repos. « C’est beaucoup mieux comme ça, sinon il y a trop de monde », témoigne un autre résident. Pour Binta, il existe des détails à ne pas négliger quand on veut choisir le meilleur bungalow, à Bamako comme à l’intérieur du pays. « Il faut toujours choisir d’aller là où les expatriés vont peu », déclare-t-elle. Et d’ajouter, « c’est la seule façon d’éviter d’être victime d’une attaque terroriste ». Car la sécurité, dans ces lieux de villégiature, est très souvent l’aspect qui fait défaut. Mais nombreux sont les sites qui l’ont renforcé récemment. Un soin qui contribuera à augmenter le nombre de leurs visiteurs.

 

 

Deux nouvelles adresses gourmandes à Bamako

Si les nouvelles de l’intérieur ne sont pas trop réjouissantes cet été, éteignez la télé, coupez la radio et laissez-vous aller, pour un moment, au délicieux péché de gourmandise dans l’une des deux nouvelles adresses que nous avons dénichées pour vous sur Bamako. C’est nouveau, c’est beau et surtout c’est bon, alors pourquoi s’en priver ?

On a tous eu une envie soudaine de gâteaux, une envie de pâtisserie à assouvir. Alors que faire quand on est un peu flemmard ou allergique aux fourneaux et qu’on est à Bamako ? « Laye’s cup & Cakes » a la solution. Dans cet atelier de pâtisserie un peu confidentiel, situé à Badalabougou, officie Ramatoulaye Diakité. Cette pâtissière diplômée de la South African Chefs Academy confectionne avec amour et gourmandise des desserts à destination des particuliers. Elle vous régalera de recettes de cakes et pâtisseries revisitées avec créativité. Parmi les spécialités gourmandes qu’elle propose, les cupcakes trônent en rois. Ces petits gâteaux moelleux, aussi beaux que bons, nature, à la vanille, au chocolat ou même aux carottes, fourrés d’une ganache ou d’un coulis de fruits et surmontés d’un topping crémeux et savoureux, n’attendent que les amateurs de délices. Des plaisirs individuels que l’on vous invite à partager.

En parlant de partage, le restaurant Le Grin, ouvert début juillet 2017, en propose à ses tables, dans un cadre décontracté, autour d’une cuisine tex mex, qui va de pizzas pouvant régaler jusqu’à 10 convives, aux hamburgers. Si ces classiques bien connus de la cuisine américaine sont proposés, on vous conseille de tester les spécialités mexicaines, comme les nachos, ces tortillas de maïs frites agrémentées de viande, de légumes et de fromage fondu.

On peut y venir entre amis et se prélasser sous les cocotiers dans la cour extérieure, confortablement installés, pour siroter un milk-shake « maison » dont la tenancière, Koro Sidibé, qui a séjourné aux Etats-Unis, a le secret. Cet été, que vous soyez salé ou sucré, voici deux adresses gourmandes à essayer.

 

Sirakoro, la petite Kidal de Bamako

Situé à la périphérie sud du District de Bamako, ce nouveau quartier en construction est depuis 2013 le centre d’attraction de la communauté touarègue.

La guerre au nord du Mali a occasionné un déplacement massif des populations touarègues, notamment de Kidal, vers la capitale malienne. Tous ceux qui y atterrissent préfèrent construire ou habiter à Sirakoro, un site de brousse autrefois, qui offre désormais le visage d’un quartier où la vie serait belle.

Dès l’entrée, en dépassant la cité BMS, au sud-est de la Tour d’Afrique, des villas, des maisons à étages, d’autres en construction s’offrent déjà aux regards. Par endroit, la verdure rappelle la période hivernale tant appréciée au nord, où l’eau c’est la vie. Dans les rues, on aperçoit des enfants, souvent en petits groupes, l’air joyeux.

Havre de paix Des femmes touarègues, arborant leurs voiles et d’autres accessoires culturels, sont aussi remarquables. Souvent, en fin d’après-midi, on les trouve assises devant leurs maisons, sur des chaises, des nattes ou à même le sable, faisant leur traditionnel thé des braises. Il en est de même pour les hommes, toujours enturbannés et habillés richement, satisfaits de l’air et de l’espace dont ils profitent.

« Ici, nous nous sentons bien. Les gens ont quitté leur région parce qu’il n’y avait plus de paix. Ici, il y a la paix », témoigne une jeune fille assise sous un arbre. Une autre confirme la présence significative des Touaregs dans le quartier : « les habitants d’ici appellent Sirakoro, « Sourakabougou », en faisant référence à nous » (terme générique faisant référence aux Maures, les Touaregs étant appelés en bambara « Bourdamé, ndlr). Les ressortissants du Nord, surtout de Kidal, et des habitants issus du Sud ou du Centre du pays cohabitent en symbiose à Sirakoro.

« Petit Kidal » est l’autre surnom de «Sourakabougou » où les Touaregs sont clairement plus nombreux qu’ailleurs à Bamako. « On ne peut pas faire trois rues sans rencontrer un Tamasheq ici. Nous-mêmes quittons souvent Faladié ou d’autres quartiers de Bamako pour venir ici », affirme un jeune touareg. Pendant les fêtes et autres cérémonies, comme les mariages et baptêmes, on se croirait presqu’à Kidal. Les festivités artistiques avec guitares et tendé sont célébrées comme dans le terroir natal. Une atmosphère qui témoigne d’une réelle nostalgie d’un retour chez soi. Un jeune Kidalois explique ce sentiment: « Ici ne peut pas être Kidal. Tu le sais, chez toi, ce n’est pas comme ailleurs. C’est là que tu es né. Tu as la nostalgie de certains oueds, de certains marigots. On a tous la nostalgie de chez nous ».

Les répercussions sociales de la crise qui a commencé en 2012 ont contraint certains Touaregs à quitter la capitale. Mais, après l’orage, c’est maintenant la petite Kidal leur lieu de prédilection. « Depuis que nous sommes revenues, nous nous sentons à l’aise ici, Dieu merci! Nous aurions préféré être chez nous. Mais, en vérité, chez nous tout est détruit » regrette cette Touarègue.

 

Moussa Mara : « Quand vous êtes critiqué des deux côtés, c’est la preuve de votre neutralité »

Ancien Premier ministre et Président du parti Yelema, Moussa Mara, qui a annoncé dimanche 9 juillet la suspension de la participation de son parti aux activités de la majorité présidentielle, revient sur les raisons qui ont motivé ce choix. Il aborde également les sujets de la révision constitutionnelle et de l’élection présidentielle de 2018.

Yelema vient de quitter la majorité présidentielle. Quelles en sont les raisons et pourquoi maintenant? 

Par lettre envoyée à la direction de la majorité présidentielle, j’ai signifié que Yelema suspendait sa participation aux activités de la CMP. Une seule raison a motivé cette décision. A la suite du report de la date du référendum, une réunion de la majorité a demandé aux partis membres de proposer les corrections qu’ils entendaient apporter au projet de révision de la Constitution. Nous avons envoyé nos propositions, qui correspondent d’ailleurs à la plupart des propositions des opposants à ce projet. Nous avons été surpris de constater que le Gouvernement, en principe issu de la majorité, n’entendait pas apporter de modifications au texte, selon les dires du ministre en charge de la question. Nous avons donc saisi la CMP pour nous édifier sur cette incohérence entre sa position et celle du Gouvernement. Nous n’avons pas reçu de réponse. Le parti en a tiré ses conclusions et profité de l’occasion pour insister encore une fois sur la nécessité de conduire le processus de révision de manière consensuelle.

Votre parti se réclame-t-il désormais de l’opposition ou du centre? 

C’est aller vite en besogne que de classer Yelema dans un camp. Nous n’en sommes qu’à la suspension de notre participation à la majorité. Si nous devions quitter cette dernière, il est clair que nous n’irions pas à l’opposition ou dans un quelconque autre camp, car nous estimons que l’essentiel pour le Mali ne réside pas dans ce type de démarche. La classe politique malienne a besoin d’une profonde restructuration. C’est cela l’enjeu pour Yelema.

Concernant la révision constitutionnelle, vous ne partagiez pas les mêmes avis que la majorité présidentielle. Pour beaucoup, c’est une politique « opportuniste » que vous pratiquez. Que répondez-vous à cela? 

Votre question est opportune. Si vous suivez l’actualité, vous verrez que nous sommes aussi très vertement critiqués par ceux qui s’opposent à la révision actuelle de la Constitution. Quand vous êtes critiqué des deux côtés, c’est la preuve de votre neutralité et de votre indépendance vis-à-vis des deux camps. C’est ce que nous défendons aujourd’hui. Nous voulons que le changement de notre Constitution ne soit pas un enjeu politique ou une occasion de confrontation, mais un exercice consensuel qui réunisse l’ensemble des Maliens. C’est pourquoi nous demandons plus de concertations et de discussions afin d’aboutir à une solution consensuelle. Dans un climat de passion, la modération n’a généralement pas bonne presse, mais, à moyen terme, c’est elle qui mène sur la voie de la construction.

L’opposition, à travers la plateforme « An tè A bana » continue sa mobilisation contre la révision constitutionnelle. Une nouvelle marche est prévue ce samedi. Allez-vous y participer? 

Non, Yelema ne participera pas à cette marche, comme aux marches précédentes. Si vous lisez nos communiqués, vous verrez que nous appelons au dialogue, même si l’initiative doit d’abord venir du Gouvernement. Les opposants au projet sont parfaitement dans leur droit de manifester, et ce droit n’est pas négociable, mais nous n’y prendrons pas part.

Le fait que votre parti quitte la majorité présidentielle vous libère de tout engagement politique envers elle. Êtes-vous déjà dans la perspective de l’élection présidentielle de 2018 ?

Je vous signale d’abord que nous n’avions aucun engagement politique qui contraignait notre liberté d’action et de mouvement. Nous avons présenté des candidats, lors des élections passées, contre des candidats de partis de la majorité et nous pourrons le faire de nouveau en 2018 à la présidentielle sans quitter la majorité. Nous avons régulièrement communiqué sur ces aspects. La décision de la suspension, comme nos positions relatives à la révision constitutionnelle, n’ont rien à voir avec les prochains scrutins.

Quid de votre candidature au poste de Maire du District de Bamako? 

Avec le énième report de cette élection, le sujet est de moins en moins d’actualité.

Quels sont les projets à court et long terme de Yelema?

Comme tout parti politique, se renforcer, améliorer l’implantation sur le territoire et à l’extérieur, réfléchir aux idées permettant de donner à notre pays une nouvelle route vers l’avenir et travailler à conquérir le pouvoir pour le faire. Yelema est un parti de construction. Avec d’autres acteurs politiques, mais aussi de la société civile, il partage de nombreuses analyses pour restructurer, renouveler et rajeunir le leadership public et politique dans notre pays. Il travaillera avec ceux-ci dans cette optique.

 

 

 

Forsat : « Nous ne reculons pas »

Le commandant C. de la Forsat – police (Force spéciale antiterroriste) a le palmarès d’un chef de guerre. Après avoir été garde du corps, passé des années dans la police puis au GIPN (Groupe d’intervention de la police nationale), l’homme ne manque pas de bravoure. Cinq jours après l’assaut qu’il a mené avec la Forsat au campement Kangaba pour libérer des dizaines d’otages et neutraliser 4 terroristes, ce membre du groupe d’intervention aussi discret qu’efficace, dont la devise est « Conserver et maintenir la loi », a exposé, sans gilet pare-balles, au Journal du Mali, le fonctionnement de cette force spéciale qui lutte contre la menace terroriste, et a livré des précisions sur la récente intervention de la force, lors de l’attaque du campement Kangaba, revendiquée par Nusrat al-Islam et qui a fait 5 victimes. Interview exclusive.

 Qu’est-ce qui a motivé la création de la Forsat et quelles sont les missions et les spécificités de cette force ?

La Forsat existe depuis bientôt 1 an. Notre mission spécifique est l’antiterrorisme. Toutes les formations, tous les entraînements que nous faisons aujourd’hui se concentrent sur le terrorisme. Il y a la BAC (Brigade anti criminalité – ndlr), le GIPN, le PIGN (Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale – ndlr) et le GIGN (Groupe d’intervention de la garde nationale – ndlr), des forces anti-gang contre le banditisme mais il n’y avait pas de force spécialisée dans la lutte antiterroriste. La Forsat est la première unité entièrement consacrée à cela. L’attaque du Radisson Blu a été une première pour tous ces corps d’intervention, car c’était la première fois que nous étions confrontés à une attaque terroriste en plein cœur de Bamako. Cela a été en quelque sorte une épreuve du feu.

 Cette force a-t-elle aussi comme mission de frapper les terroristes en profondeur, éliminer les racines, à savoir la contrebande, le trafic humain et les trafics d’armes et de drogue ?

Bien sûr. Ce qui est perceptible par la population ce sont les coups de feu, mais derrière, il y a toute une structure qui est là pour détecter comme le CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), avec qui nous travaillons. Si une information au niveau financier tombe, nous sommes alertés pour que nous puissions faire des investigations. Ce sont des processus d’enquête que nous sommes en train de développer au niveau des Forsat et que nous allons améliorer. Mais oui, cela fait partie de nos missions.

 Le périmètre d’action de cette force est-il cantonné à Bamako et ses alentours ?

La Forsat a vocation à intervenir partout sur le territoire malien. Dernièrement nous étions dans la région de Mopti, lors de l’attaque de l’hôtel de Sévaré. Là-bas, nos unités sont intervenues avec la gendarmerie. Notre périmètre d’action est élargi à l’ensemble du territoire malien.

Quels sont les critères et épreuves pour intégrer cette force ?

Les recrues sont testées physiquement, psychologiquement et techniquement. Nous sommes épaulés dans cette sélection par nos partenaires comme Eucap Sahel, l’ambassade de France et les Américains, qui nous ont aidé à établir des programmes de test efficaces pour filtrer ceux qui veulent intégrer la Forsat et ne retenir que les meilleurs. Mais être recruté ne garantit pas de rester à la Forsat. Vous êtes sélectionnés et au cours des formations que nous imposons aux nouvelles recrues, si elles se montrent défaillantes, on les écarte. De même, si une recrue a toutes les capacités physiques demandées mais qu’elle a peur des coups de feu ou a un mauvais comportement sous une fusillade adverse, nous l’écartons, car nous faisons souvent face aux tirs nourris de l’ennemi et il faut pouvoir riposter. Les membres de la Forsat sont régulièrement testés pour être au top.

Donc les unités de la Forsat qui partent au feu ne connaissent pas la peur ?

Non, nous faisons face et nous ne reculons pas.

Les Forsat s’entraîne quotidiennement pour être au top. Photo: DGPN

Qui assure la formation des Forsat ?

Le RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion – ndlr), l’unité d’élite française de la police, est en collaboration avec l’unité Forsat-police et nos forces suivent le programme SPEAR (Accroissement de la capacité de réponse – ndlr) de lutte antiterroriste, initié par le gouvernement des États-Unis. Ce qui nous amène à travailler en symbiose pour que chacun bénéficie de l’expérience de l’autre, donc au niveau des Forsat tout le monde a le même niveau de connaissance.

Comment est composée une unité Forsat ?

Une unité de la Forsat se compose généralement de 3 à 10 personnes. On y trouve des snipers, des tireurs d’élite formés uniquement pour les tirs de précision, des agents d’infiltration qui sont chargés de s’infiltrer pour la collecte de renseignement. Au campement Kangaba, quand nous sommes arrivés, nous n’étions que peu informés de la situation et il a fallu gérer. C’est le renseignement qui nous a permis de savoir s’il n’y avait pas d’obstacle entre l’entrée principale et la colline où les assaillants se trouvaient. Ces renseignements nous ont permis de monter sur la colline et d’en occuper les flancs, d’évoluer sur le terrain et de nous réorganiser pour faire face à l’ennemi. Nous avons des opérateurs, des communicateurs et aussi des techniciens qui facilitent notre progression tactique. Une unité Forsat, c’est un groupe de spécialistes dans leur domaine qui évoluent ensemble.

Photo : Emmanuel Daou Bakary/JDM

Quand la Forsat est amenée à intervenir, est-elle là pour arrêter ou tuer les terroristes ?

La mission primordiale pour nous c’est de tuer. Quand nous nous déplaçons, l’objectif est de neutraliser la menace, neutraliser voulant dire tuer. Le fait qu’on nous appelle veut dire que l’ennemi à déjà commencé à faire des victimes. C’est clair dans notre tête avant notre arrivée. Maintenant dans certains cas, comme un forcené qui prend par exemple sa famille en otage ou un terroriste qui a des revendications comme la libération de camarades et qui n’est pas là pour mourir au combat, nous pouvons entamer des négociations avec ces personnes via nos négociateurs. Nous avons un officier de renseignement en civil, généralement le premier sur zone, qui collecte et recoupe toutes les informations. Il nous informe si les preneurs d’otages sont en mesure de rentrer en contact avec nous. Mais une fois ce contact établi, ce même officier de renseignement nous permet de mettre en place nos snipers car ses renseignements sont précieux pour les positionner efficacement. Après nous constituons une équipe d’approche pendant la négociation pour pouvoir apprécier ce que fait l’ennemi . Comme dit le proverbe, « la confiance n’exclut pas le contrôle ». Mais si le terroriste tue un otage pendant la négociation, là nous cessons tout contact et nous intervenons pour le neutraliser.

Dans le cas de l’attaque du campement Kangaba, y a-t-il eu négociation avec les assaillants ?

Nous avons été accueilli par des coups de feu, donc il n’y avait pas lieu de discuter ou de négocier.

Comment avez-vous été alerté de l’attaque du campement Kangaba et en combien de temps êtes-vous arrivés sur zone ?

Nous avons été alertés sur nos talkies qu’il y avait tout d’abord une attaque de bandits au niveau du campement Kangaba. Nous avons donc demandé à nos équipes de se tenir prêtes et nous sommes restés sur le qui-vive. Dix minutes plus tard, on nous a confirmé que les coups de feu ne s’arrêtaient pas. Nous avons considéré que cela dépassait le seuil du grand banditisme et nous avons mis en branle les équipes. Malgré les difficultés de circulation nous sommes arrivés environ trente minutes plus tard, juste un peu après la Forsat-gendarmerie, car nous sommes en centre-ville. En moins de 40 minutes, les 3 corps de la Forsat étaient en débriefing face à la situation.

Photo : Emmanuel Daou Bakary/JDM
Quelle était la situation sur place ?

Quand nous sommes arrivés, on entendait tirer d’un peu partout. La difficulté était de localiser les tireurs, ce que nous sommes parvenus à faire. Les renseignements issus du terrain nous disaient qu’ils étaient très nombreux. Ensuite ça s’est réduit à 5, puis à 6, les versions divergeaient. Nos collègues de la BAC ont retrouvé le fusil d’un des assaillants. C’est lorsque nous avons établi la stratégie opérationnelle pour localiser les tireurs, qu’on a compris qu’il y avait deux points de départ des tirs, puis il y en a eu trois et enfin un quatrième, caché. Deux tireurs se trouvaient sur la colline au niveau de la piscine et deux autres étaient dans les ravins un peu derrière, en attente de notre passage.

Comment s’est déroulé l’assaut ?

Nos renseignements nous disaient que les assaillants étaient montés sur la colline, donc nous avons envoyé des équipes qui sont parvenues à exfiltrer pas mal de clients de l’établissement. Pendant qu’une équipe les exfiltrait, une autre équipe progressait pour tenter de localiser le danger. Notre objectif était d’exfiltrer le plus de personnes possible pour qu’il y ait le moins de victimes, alors qu’eux, au niveau de la piscine, voulaient faire un maximum de victime, et tiraient sur les gens qui couraient pour fuir. Il fallait arrêter cette hémorragie et ensuite parvenir à les neutraliser. Nous avons demandé à notre point focal au ministère de la Sécurité qui coordonne les opérations et qui est informé en temps réel, d’intervenir immédiatement, parce que les coups de feu ne s’arrêtaient pas et la vie des gens étaient en danger. Sous son autorité, qui émane directement de celle du ministre, nous avons donné l’assaut. Le premier assaut a été donné vers 18h pour les bousculer et estimer le nombre de tireurs car nous avons des gens qui pendant l’assaut sont chargés de localiser leur position. L’un avait perdu son fusil que la BAC a récupéré. Il restait à savoir s’il avait une autre arme et localiser les autres.

Le sommet de la colline du campement qui abritait une terrasse et un bar a été considérablement dévasté. Que s’est-il passé ? Les terroristes ou vos forces ont-elles  fait usage d’explosifs ?

Les assaillants nous ont imposés un combat de nuit. Il y a eu un premier feu vers le crépuscule déclenché par les assaillants pour faire de la fumée et s’échapper. Ils ne voulaient pas mourir avant d’engager le combat avec nous. La nuit tombant, le combat était tellement engagé, de manière si difficile, qu’il nous fallait « allumer », pour éclairer la zone et pouvoir opérer, donc faire flamber des choses. Nous avons les moyens de mettre le feu et on en a fait assez pour pouvoir se faire de la lumière et permettre à nos équipes de progresser. Ça été un facteur décisif pour les mettre hors d’état de nuire, surtout pour la dernière personne qui était très mobile. Elle a voulu fuir vers les collines mais s’est accrochée avec une de nos équipes en attente de l’autre côté de la colline, qui a pu le neutraliser. Au terme des combats, nous avons abattus 4 assaillants et nous avons appris dans la foulée qu’un suspect avait été appréhendé dans un village un peu plus loin par la population, qui l’a conduit à la gendarmerie. Nous ne savons pas s’il faisait partie du groupe. À 3h du matin, tout était fini. À 3h moins le quart, on a fait entrer les autorités, le juge antiterroriste pour lui montrer un premier corps, les autres dans les rochers étaient difficilement accessibles.

Une partie de la terrasse au sommet de la colline au campement Kangaba, au lendemain des combats. Photo :Olivier Dubois/JDM

Quelles difficultés particulières présentait une intervention sur le site du campement Kangaba ?

Nous sommes entraînés à évoluer sur différents types de terrains. La difficulté pour le campement Kangaba c’est que c’était la première fois que nous combattions dans la nuit noire. On avait de la lumière mais on ne pouvait pas se permettre de se faire repérer. Le terrain là-bas est difficile, mais nous sommes formés pour ça. De plus, il y a des cases qui sont un peu cachées dans la forêt. Nous sommes parvenus à toutes les fouiller avant le crépuscule et à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’infiltration. Pour opérer, il fallait que le terrain soit clair. Nous ne connaissions que peu les lieux. Une personne du campement nous a fait la description des deux piscines sur la colline et du bar en haut et de l’état du terrain, ce qui nous a donné une idée de ce qui nous attendait.

À quoi tient l’efficacité de l’approche antiterroriste malienne ? 

Toute bonne unité est à l’image de son chef et nous sommes à l’image de notre ministre. C’est quelqu’un qui a la capacité d’écouter ses hommes. Nous sommes à son service et au service de l’État mais lui est à notre service aussi. Son comportement avec les équipes c’est comme quelqu’un qui donne des petites claques à un autre qui veut somnoler. Nous sommes à l’image du ministre.

Photo : DGPN

Plus d’un an et demi après l’attentat du Radisson Blu qui a déclenché la création de la Forsat, est-ce qu’un nouvel attentat de grande ampleur est toujours redouté, envisagé à Bamako ?

C’est possible, car dans le pays où il y a cette guerre qu’on nous impose contre le terrorisme, aucune partie du pays n’est épargnée et nous nous attendons à tout moment à une attaque d’ampleur. Nous nous préparons à ça. Voilà pourquoi la pérennisation d’une équipe comme la Forsat est obligatoire.

Comment analysez-vous les évènements terroristes au Mali ?

C’est un jeu d’intérêt. Un terroriste n’est certainement pas Dieu. Dans le Nord du Mali, il y a beaucoup de passages et de trafics pour la drogue. Je n’ai jamais entendu un groupe terroriste s’opposer à ces trafics. Les vrais musulmans ne sont pas pour la guerre. Un vrai musulman contribue à vivre en harmonie avec les autres, avec son prochain, et prie Dieu pour qu’il puisse amener la paix dans le pays. Mais ceux-là veulent nous imposer leur guerre, ne disent pas non à la drogue, donc ce sont des jeux d’intérêt.

En dehors des interventions, qu’est-ce qui est fait pour lutter contre le terrorisme au Mali ?

La sensibilisation contre le terrorisme est régulière. Cette sensibilisation doit aller de pair avec le développement socio-culturel et économique du pays. Aujourd’hui l’État est en train de tout mettre en œuvre pour développer des secteurs qui peuvent être des facteurs de développement. Pour ce que je sais, c’est la couche vulnérable qui est touchée. Je ne connais pas un leader terroriste, un leader-bandit comme je le dis, qui a son fils, sa femme, engagé dans les guerres pour aller se faire exploser publiquement. C’est la couche vulnérable qui est exploitée, le développement pourrait amoindrir ce nouveau fléau qu’on nous impose et qu’on impose aujourd’hui à tous les pays.

 

 

Le campement Kangaba frappé par une attaque terroriste

Dimanche après-midi, le camp Kangaba, centre de villégiature situé à la périphérie de Bamako, a été attaqué par des hommes armés « présumés terroristes ». Les forces de l’ordre ont lancé une intervention et le site serait en passe d’être sous contrôle.

C’est aux alentours de 16h30 que des détonations et des coups de feu se sont fait entendre au niveau du campement Kangaba, un centre de villégiature bien connu de la capitale et fréquenté par une clientèle étrangère. 4 à 5 assaillants armés de «AK-47», « présumés terroristes », selon le ministère malien de la Sécurité, ont fait irruption dans le campement Kangaba et ont ouvert le feu en criant « Allah akbar ! » (Dieu est grand), d’après plusieurs témoins secourues, semant la panique parmi les clients dont certains ont fuit en direction de la colline attenante au camp. Un premier bilan fait état de deux morts.

La force Barkhane et les forces de sécurité maliennes ont lancé une intervention et auraient, au moment où ces lignes sont écrites, la situation sous contrôle. « Les clients qui s’étaient réfugiés dans la colline proche du camp commencent à redescendre peu à peu vers le camp », témoigne cette source sécuritaire jointe au téléphone.

Selon le ministère de la sécurité, 20 personnes ont déjà pu être évacuées du site et les évacuations se poursuivent.

C’est la troisième attaque qui frappe Bamako après celle contre l’hôtel Nord-Sud, abritant la mission de l’Union européenne, en mars 2016 et l’attentat contre l’hôtel Radisson Blu qui avait fait 20 morts, le 20 novembre 2015.

Cette attaque survient environ une semaine après le communiqué de l’ambassade américaine, le 9 juin dernier, prévenant de la possibilité d’une attaque terroriste visant les ambassades occidentales, les missions diplomatiques occidentales et d’autres endroit fréquentés par les occidentaux.

Urbanisation : des enjeux cruciaux

Bamako, avec plus de deux millions d’habitants, fait partie des grandes villes d’Afrique subsaharienne. Elle fait face, à l’instar des autres mégalopoles du continent, à de nombreux défis qui questionnent sa viabilité et le bien-être socio-économique de ses habitants.

Dar es Salam, la capitale de Tanzanie, accueille du 31 mai au 2 juin une conférence sur la résilience urbaine. La rencontre se tient dans la continuité d’un rapport sur les villes africaines. Si le Mali connait un taux d’urbanisation assez faible, environ 5,1% selon les chiffres de la Banque mondiale, l’explosion démographique dans les agglomérations urbaines est un véritable défi à relever. « En raison de leur essor démographique, les villes africaines sont vouées à jouer un rôle capital dans la croissance de leur pays », souligne un nouveau rapport de la Banque mondiale paru en février dernier, et que les décideurs africains et leurs partenaires s’approprient à travers des rencontres dans les différents pays. Améliorer la vie des citadins et des entreprises en investissant vigoureusement dans les infrastructures et en réformant les marchés fonciers, mais aussi en tenant compte des impératifs de développement durable sont des enjeux communs à toutes les villes du monde.

Bamako compte aujourd’hui plus de 2 millions d’habitants selon les estimations officielles, environ 3 millions d’après les données d’ONG. L’essor démographique de la capitale malienne (environ 50% de croissance tous les dix ans, l’un des plus élevés de la région) ne rime cependant pas, à l’instar de la plupart des villes africaines, avec croissance économique. Pour la Banque mondiale, il urge d’investir autant dans les infrastructures (accès à l’eau et l’énergie, évacuation des eaux usées et des ordures, transport, télécommunications) que dans la construction de villes « ouvertes au monde ». Pour Somik Lall, économiste principal à la Banque mondiale spécialisé dans le développement urbain, « les dirigeants et responsables publics africains doivent s’attacher en priorité à investir tôt et de manière coordonnée dans les infrastructures ». Et cela, afin d’en faire des cités ouvertes aux échanges commerciaux et humains avec les autres villes du pays, de la région et du monde. Pour y parvenir, les responsables municipaux doivent de toute urgence se doter d’une approche nouvelle et solide pour le développement urbain en Afrique. »

Outre la prise en compte de cet aspect économique, il convient d’investir dans la résilience afin d’avoir des « villes durables ». Les trois priorités pour ce faire sont l’identification des risques, la mise en œuvre de stratégies de réduction de ceux-ci et une meilleure préparation à la prise en charge des catastrophes (naturelles ou non) ou d’urgences d’autres types. « L’urbanisation verte », est également un défi pour les villes comme Bamako qui croissent et s’étendent en investissant massivement (public ou privé) dans l’immobilier. « Il faut également repenser le foncier urbain afin que sa valeur soit réévaluée et que les ressources qu’il génère soient utilisées pour le financement du développement », poursuit M. Lall. C’est à ce prix que Bamako pourra relever le défi d’une urbanisation à visage humain tout en étant économiquement viable, de manière durable.

 

Exercice antiterroriste à Bamako

Les forces françaises et maliennes ont été mobilisées lors d’un exercice de simulation, hier mardi 16 mai,  visant à contrer un attentat terroriste, sur 3 sites : dans les rues d’Hamdallaye ACI 2000, sur les allées de  l’école nationale de la police et dans le secteur de la place.

Un exercice de simulation organisé par le programme « Plan  d’action contre la radicalisation et le terrorisme» (PART)  en vue de protéger les populations et de leurs biens, s’est déroulé hier mardi à l’ACI 2000. L’objectif visé par cette simulation était de prévenir d’éventuelles attaques terroristes dans la capitale. Les forces de sécurité notamment la police, la gendarmerie, la garde nationale ont été mobilisées pour y prendre part. Par ailleurs les mêmes manœuvres antiterroristes étaient organisées, au même moment dans plusieurs pays de la sous- région : au Burkina Faso, en Mauritanie, au Sénégal, en Cote d’Ivoire, au Niger et en Guinée Conakry. Cet exercice permettra d’éprouver l’interministérialité de la lutte contre le terrorisme dans chacun des pays cités et d’évaluer la coopération entre ces États en vue de faire face à la menace terroriste.

Musique : Lamomali un brassage musicale franco-malien réussi

Le chanteur de pop-rock français -M- vient de sortir un nouvel album au son pop-funk et afro-malien : On y trouve des sonorités réjouissantes agrémentées de guitare et de kora, Toumani et Sidiki Diabaté, entres autres artistes, ont d’ailleurs collaboré à ce nouvel opus.

Après plusieurs mois de silence Mathieu Chedid alias -M-, la star du pop Rock français, opère aujourd’hui un comeback étonnant avec le single « Bal de Bamako », issu de son nouvel album afro-pop , flambant neuf, intitulés Lamomali qui sortira 7 avril 2017.

L’album a été enregistré avec deux artistes maliens, Toumani et Sidiki Diabaté père et fils, ce nouvel opus, baptisé Lamomali croisera l’univers pop déjanté à celui des musiques traditionnelles du Mali

Le guitariste orchestre une fusion des cultures et des personnalités, jette une passerelle entre Paris, Bamako et le monde. Son nouvel album réinvente ainsi une pop universelle, un voyage inspiré par la magie du Mali et d’ailleurs. Sublimé par la voix de la chanteuse Fatoumata Diawara, il est porté par la Kora des musiciens Toumani et Sidiki Diabaté. Un premier extrait de Lamomali est d’ores et déjà disponible : Bal de Bamako, interprété en trio avec deux artistes maliens, la chanteuse Fatoumata Diawara et le rappeur Oxmo Puccino. Ce titre ; fusion électro-africaine, donne un morceau funk et rythmé

Matthieu Chedid est venu présenter à Bamako en avant-première le 26 janvier dernier, son nouvel album conçu avec de célèbres artistes du pays. Une tournée est annoncée pour l’été 2017 notamment en France, concernant l’Afrique une tournée n’est pas normalement prévue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bamako Ink, ou l’art du tatouage

Le tatouage est devenu tendance ces dernières années, et Bamako ne fait pas exception. Si cet art du dessin sur le corps commence à peine à se démocratiser au Mali, Didi Tattoo, un pionnier, y est pour quelque chose. Il officie depuis quelques années et vient d’ouvrir son salon dans le quartier Hippodrome.

Ne prenez pas Didi pour un mauvais garçon avec ses tatouages qui recouvrent ses bras. Cet Ivoirien, à la voix aigüe, presque féminine, est un artiste autodidacte, un passionné de dessin, qui après avoir été coiffeur, a décidé de se lancer dans le tatouage en autodidacte, avec les moyens du bord, de la persévérance et surtout une soif inextinguible d’y arriver. D’abord tatoueur à domicile, il se constitue une clientèle à laquelle il propose ses créations sur mesure, adaptées à la morphologie de chacun.

Clientèle féminine Aujourd’hu à la tête de son studio de tatouage niché au cœur de la  résidence Palermo, rue Bla Bla, Didi Tattoo « pique », dans un cadre contrôlé et hygiénique, les désirs graphiques de ses clients. « Ce qui marche bien pour les filles ce sont les tatouages de papillons, fleurs et étoiles, tandis que les hommes affectionnent les tatouages polynésiens, tribales ou Maori », explique Didi, qui reconnaît que la majorité de sa clientèle est représentée par de femmes. « Le tatouage des sourcils pour les mariages, ça marche fort ! », ajoute-t-il. Comptez 30 000 francs CFA pour vous faire tatouer les sourcils et 15 000 francs CFA pour un petit tatouage corporel stylisé, les prix pouvant aller jusqu’à 300 000 francs CFA pour une grande pièce. « Tout dépend de la complexité du projet et du temps de travail pour le réaliser indique t-il », car chez lui, tout se fait à l’œil, pas de calques, ses talents en dessin lui permettent de saisir le projet du client, sa coordination main-œil, sa touche d’art et son dermographe font le reste.

Autrefois réservé aux matelots, aux prisonniers, aux marginaux, le tatouage est peu à peu sorti de son ghetto et temps à se démocratiser. Pour Didi, son activité ne peut que se développer, la demande est croissante et parfois, ses deux bras, ne suffisent pas à juguler la demande.

 

 

 

Circulation alternée : ce qu’en pensent les Bamakois

À l’occasion du mois de Ramadan, la mairie du district, en collaboration avec les ministères des transports et de la sécurité, a mis en place un plan de circulation alternée sur certains grands axes de Bamako. Mais qu’en pensent les usagers ?

« L’objectif est de faciliter le retour aux domiciles à la fin de la journée de travail », soulignait le communiqué émanant du maire du district de Bamako, quelques jours avant l’entrée en vigueur de ce plan de circulation « spécial ramadan ». Ainsi, de 16h à 19h30 et du lundi au samedi, 3 grands axes de la capitale, à savoir l’avenue Cheick Zayed, la route de Koulikoro et l’avenue Martin Luther King se retrouvent à sens unique. Une dizaine de jours après l’entrée en vigueur de la disposition, les avis sont partagés, même si une grande majorité des usagers en reconnaît la pertinence.

Ce qui semble surtout déranger, c’est « le manque de communication en amont », comme l’explique Hamadoun Niangado, concepteur rédacteur, qui déplore que les usagers n’aient pas eu l’information à temps, surtout concernant les axes alternatifs proposés à ceux qui viennent en sens opposé. Des trajets « en zig-zag », c’est ce que déplore aussi Djeneba Sidibé, commerçante, qui passe  « des heures et des heures pour se retrouver bien souvent dans des quartiers qui n’ont aucun lien avec notre trajet. C’est vraiment difficile ». Hamidou, chauffeur de Sotrama n’est pas content non plus. Il estime cette décision défavorable, dans la mesure où « elle a bouleversé notre fonctionnement. Il nous est difficile de parcourir notre trajet normal et avoir nos clients », se lamente le chauffeur, qui avoue déposer les clients bien avant la fin du nouveau circuit, qui ne l’ « arrange pas du tout ».

Nombreux sont cependant ceux voyant cette mesure comme un véritable soulagement, qui vient fluidifier une « circulation infernale ». Ahmed Auguste, employé de bureau, fait partie de cette catégorie et « soutient cette décision pendant le carême, période durant laquelle l’énervement est rapide ». Mamadou Doucouré, étudiant, est lui aussi « plus que satisfait en partant à la maison sur la route de Koulikoro ». Certains usagers se mettent même à rêver de larges voies à sens unique dans Bamako. « Ce test est concluant et il doit pousser les autorités à investir dans de nouvelles voies bitumées au centre ville », assure Ousmane Diallo, commercial. La ville grandissant et le nombre d’automobiles croissant, le trafic est de plus en plus difficile, en particulier aux heures de pointe. Le principal enseignement est sans doute qu’il urge de repenser la circulation dans la capitale.

Yamadou Tankara : « Les déchets, c’est mon métier »

Bamako, dont la population dépasse les 3 millions d’habitants, produit chaque année des milliers de mètres cubes de déchets ménagers. Immersion dans le quotidien de l’une de ces petites entreprises informelles, qui tentent de débarrasser la capitale de ses déchets.

Il est 4h du matin quand la carriole de Yamadou Tankara se met en branle, tirée par deux ânes poussifs. Pendant les 7 prochaines heures, dans le lent circuit qui la mènera à travers l’ACI 2000 et le quartier de Djenekabougou, elle charriera les ordures d’environ 160 foyers. Six jours par semaine, la saleté et les odeurs pestilentielles sont le quotidien et le gagne-pain de Yamadou. « Quand on est peu instruit, il faut savoir prendre son courage à deux mains pour faire ce genre de travail. C’est mon métier depuis 7 ans », déclare-t-il. Moyennant 2 000 francs CFA par mois, il ramasse les déchets d’environ 160 foyers. À 23 ans, il a épargné de quoi s’acheter une seconde carriole, deux ânes, et a pu embaucher un employé, qui collecte pour lui à Baco Djicoroni. « Celui qui travaille correctement peut gagner 100 000 francs FCFA par mois, et parfois au-delà. Je trie aussi les ordures et si je trouve de l’aluminium, je peux en tirer entre 300 et 500 francs à la revente », confie-t-il. Il a bien eu l’intention de se structurer en Groupement d’intérêt économique (GIE), mais les frais étaient trop élevés pour lui.

Concurrence déloyale ? Même s’il convient que Bamako est très sale et qu’il faudrait plus de personnes pour la rendre plus propre, l’arrivée d’Ozone Mali sur le marché du ramassage des déchets, n’est selon lui pas « La » solution. « Le but était de ramasser les ordures dans les endroits de pré-collecte où nous les déversons, mais Ozone n’a pas été capable de le faire, pareil pour les caniveaux à ciel ouvert, ils ont été incapables de les vider », s’insurge-t-il. Il estime qu’il existe une sorte de concurrence déloyale entre cette société et les ramasseurs comme lui, dont les moyens sont dérisoires. La chaleur est déjà bien installée quand les roues de la carriole franchissent le portail de la grande décharge de Lafiabougou. Son point de destination finale atteint, Yamadou se confie : « je fais ce métier parce qu’il me plaît et je le fais avec amour, car je sais que mon travail est utile pour ma ville ».

De l’indispensable changement des mentalités

On le répète depuis maintenant des années, environnement et santé sont intimement liés. Non seulement un cadre de vie sain permet de vivre dans de bonnes conditions, mais un environnement sale entraîne des risques de maladies. Au Mali, la question de l’assainissement du cadre de vie est l’une des plus cruciales. Les pouvoirs publics qui en ont délégué la gestion aux collectivités reconnaissent aisément que tout est encore à faire. Mais elles ne manquent pas d’insister sur le fait que « le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ». « Quand on voit les gens baisser les vitres de leurs voitures et jeter des sachets par la fenêtre, il y a de quoi perdre espoir », se lamente un agent des services de voirie de Bamako. Selon lui, si Bamako doit être propre, « ce sera parce que les Bamakois l’auront décidé ». « Donnez-nous des poubelles et nous jetterons plus par terre », rétorque Boubacar, étudiant. Il reconnait cependant que nombreux sont ceux que cela ne gêne pas de vivre dans un environnement sale. « Nous devons nous sentir chacun responsable », affirme quant à lui Ornella Tchanque, activiste écologiste, membre de Climates, une organisation qui sensibilise les jeunes sur les « comportements verts ». La Quinzaine de l’environnement qui prend fin ce 17 juin a également pour objectif d’informer et de sensibiliser le public sur l’impact des mauvaises habitudes quotidiennes sur le cadre de vie. « Les mentalités évoluent », se réjouit le directeur de l’Agence pour l’environnement et le développement durable (AEDD). Le gouvernement doit montrer plus de volontarisme sur cette question, poursuit Mlle Tchanque, en particulier en ce qui concerne l’utilisation des sachets plastiques. De la volonté politique, de l’engagement citoyen et un peu de responsabilité individuelle, et Bamako finira par ne plus envier Kigali, la capitale la plus propre d’Afrique.

Eaux usées : pollution hydrique et maladies

La ville de Bamako, à l’image des grandes villes, est confrontée au problème de la gestion de ses eaux usées. Qu’elles soient d’origine domestique, industrielle ou même agricoles, les eaux usées, quand elles ne sont pas évacuées et/ou traitées, dégradent le cadre de vie et provoquent de nombreuses maladies, comme le paludisme et la diarrhée. Encore à ce jour, la grande majorité des eaux des ménages sont déversées dans la rue ou dans les caniveaux, destinés à l’écoulement des eaux de pluies. Quand aux déchets liquides industriels ou liés à l’activité artisanale (tannerie, teinture), ils se retrouvent eux aussi dans les caniveaux, d’où ils rejoignent les collecteurs puis le fleuve. Awa Diarra, teinturière à Banconi, explique que « nous déversons nos eaux dans les caniveaux, parce que les autorités n’ont pas montré un lieu de stockage ». En dehors de la seule station d’épuration située dans la zone industrielle de Sotuba, il n’existe en effet aucune structure de collecte ou de traitement de ces eaux souillés par les polluants persistants qui finissent par s’infiltrer dans le sol et rejoindre la nappe phréatique, quand ils ne vont pas directement sur les légumes arrosés avec les eaux des marigots et autres puits infectés. L’Agence nationale de gestion des stations d’épuration  du Mali (ANGESEM), mise en place en 2009, envisage « la construction des deux stations de traitements des boues de vidanges dans les communes de Mandé et de Mountougala  », explique Siriman Kanouté, chargé de communication. Le traitement des boues de vidange constitue en effet un grand défi : à ce jour, elles sont déversées dans les champs où elles sont sensées servir de fumier ou pire, directement dans le fleuve Niger. Le principe de « pollueur payeur », qui devrait permettre de générer des ressources, est quand à lui appliqué de façon encore trop marginale, ce qui fait que les structures en charge de ces questions n’ont guère les moyens de s’en occuper de manière efficace.