« Bienvenue au Réfugistan »

La journaliste et réalisatrice Anne Poiret s’est plongée dans la réalité des camps de réfugiés, véritable villes d’apatrides, et nous ouvre les portes d’un univers déroutant.

Les images de réfugiés, en nombre, sur les routes, ou parqués dans les camps , nous connaissons. Mais quand est-il de leur vie dans ces camps de tente où ils résident pendant une période indéterminée. C’est cet aspect méconnu de la vie des réfugiés que dépeint « Bienvenue au Réfugistan », le documentaire de la journaliste-réalisatrice Anne Poiret, qui sera diffusé à partir du 21 juin sur la chaîne de télévison ARTE ainsi que sur son site internet. En 52 minutes, le film nous immerge dans ces camps «  pays virtuel de la taille des Pays-Bas ». le film mène l’enquête sur ce gigantesque dispositif, où des ONG comme le HCR ont mis en place un système à la fois efficace et absurde.

Le « Réfugistan », c’est un pays qui n’existe pas, un camp aux allures de bidonvilles avec ces tentes de toile, ces bâches en plastique. Là-bas, le temps passe, dans la chaleur, la saleté et la promiscuité, on ne peut ni sortir ni travailler. Pourtant, chose absurde, on y trouve un supermarché, où l’on touche les produits du regard, car la population du camp n’a pas les moyens de payer ces produits vendus chers.

Le film, invite le spectateur à se placer dans la peau d’un réfugié, fraîchement débarqué dans un camp surpeuplé et qui découvre au bout du compte, qu’enfin sortie du pays qu’il fuyait, la vie qu’il mène n’y est guère plus enviable.

Dans ces « nations d’exilés », où vivent ces apatrides miséreux, le temps est une angoisse partagée : combien de mois, d’années, vais-je rester ici ? En moyenne, la durée d’un séjour dans un camp est de 17 ans. 17 ans d’une vie dépensée dans un univers fait de misère, de trafic et de privations, de quoi laisser des traces indélébiles.
La tentation du retour peut être grande, et certains au bout de quelques mois s’en retournent, quels que soient les danger qu’ils connaîtront. Quand à ceux qui restent dans l’espoir d’obtenir le statut de réfugié ou un droit d’asile, les élus sont peu nombreux, environ mille par année pour des centaines de milliers qui restent à espèrer.

On ressort du documentaire d’Anne Poiret un peu groggy, face à la difficile gestion de ces gens qui ont fuit pour un avenir meilleur, au casse-tête de l’organisation de ces ces camps au quotidien en terme de nourriture, d’hygiène ou de sécurité. Le film nous emmène du camp de Dadaab au Kenya, le plus grand du monde, à celui d’Azraq en Jordanie, en Tanzanie jusqu’à la frontière Grèce/Macédoine, ainsi qu’au siège du HCR à Genève et en Norvège. Il donne la parole aux réfugiés comme aux humanitaires du HCR et d’autres ONG. Alors que le 20 juin est la journée mondiale des réfugiés, ce documentaire vient nous éclairer sur la situation et la vie réelle de ces déplacés, fuyant les crises et les guerres, pour terminer dans ces camps, sorte de « prisons à ciel ouvert ».