Maliens, la Suisse nous a bifé !

Bifer le Mali des pays sûrs ? Que veut dire encore ce nouveau terme? D’après le dictionnaire, bifer signifie, rayer, effacer, exclure. En résumé, la confédération helvétique au demeurant l’un de nos partenaires à  la coopération les plus sûrs, a estimé : «Â compte tenu de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Mali après le putsch militaire survenu au printemps, que ce pays africain n’est plus considéré comme sûr » et après avis du Département fédéral de justice et police (DFJP). Donc, si vous décidiez de demander l’asile en Suisse, les procédures en seront plus compliquées et dépendront de votre situation matérielle. La Suisse est réputée être un pays d’asile et connu pour sa neutralité et son cosmopolitanisme. Les rues de Genève, Lausanne, Berne ou Zurich comptent une multitude de ressortissants étrangers qui enrichissent la culture locale et apprécient le chocolat des monts alpins. Réfugiés bifés Faut-il se réjouir de cette décision du Conseil Fédéral hélvétique de nous exclure de la liste des Etats sûrs en ouvrant l‘asile à  nos concitoyens mais sous réserve de la qualité de réfugiés. Ou pleurer de reconnaissance. En fait, on ne pourra plus se rendre en Suisse comme de simples voyageurs maliens sans avoir l’impression d’être de pauvres réfugiés fuyant une terre invivable. Non seulement notre pays est aux deux tiers occupés par des groupes armés, voilà  qu’on nous pointe du doigt à  nouveau. Comme si cela ne suffisait pas, notre économie et notre tourisme sont en berne. Alors Berne viendra-t-il à  notre secours ? Le pays de Guillaume n’a visiblement pas dépassé son quota de réfugiés qui envahissent les bords du lac Léman l’été. Maliens patriotes La Suisse, n’est plus ce qu’elle était. Avec la montée d’une extrême droite radicale qui stigmatise davantage les étrangers, il est utile de signaler qu’un petit groupe de sympathisants et amis du Mali ont organisé une manifestations à  Genève en fin avril, pour dire non à  l’occupation des groupes rebelles au nord du Mali. Ils n’étaient pas nombreux ce jour là , mais ils ont fait savoir à  l’opinion suisse, que de partout dans le monde, leur C’œur était au Mali. Au-delà  de cette déclaration incongrue de nous « bifer » de la liste des pays sûrs, comme si la Suisse avait le monopole de la sécurité mondiale, il est temps de mettre fin à  l’ère de la dépendance, aux diktats verbaux ou économiques de ceux qui nous assistent avec leurs aides et décident qui est fréquentable et qui ne l‘est pas. Il est bien connu que la main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit, mais la Suisse compte dans ses institutions internationales, de nombreux ressortissants maliens, sénégalais, guinéens, ou autres, qui doivent aujourd’hui se sentir bien mal à  l’aise face à  la situation que vit la mère patrie. Bifé ou pas de leur liste de pays sûrs, il s’en trouvera pourtant des Maliens qui resteront jusqu’à  leur dernier souffle sur cette terre du Mandé. Acculés et sous la menace des islamistes fous, il s’en trouvera encore de dignes fils du Mali pour lutter pour leur pays. Et une fois l’affaire terminée, il ne leur viendrait pas à  l’idée d’aller se reposer en Suisse, mais sur les belles dunes de sable de Tombouctou l’éternelle…