Lutte contre la faim: Agir maintenant et différemment !

Cette année, 10 millions de personnes ont été frappées par la crise alimentaire au Sahel et les populations pastorales ont une fois encore été extrêmement affectées. Mais chaque année, en moyenne, 18,3% de la population du Niger, du Mali, du Tchad et du Burkina Faso est sous-alimentée . Ce chiffre monte à  37% pour le Tchad. Dans ce contexte, « il ne faut pas attendre une autre crise alimentaire d’envergure pour agir » avertissent Bilital Maroobe et l’ONG internationale Oxfam. l’amplitude, la fréquence rapprochée des crises ainsi que les réponses tardives et parfois inappropriées des décideurs et de la communauté internationale nécessitent de repenser les stratégies de réponse face à  ces catastrophes à  répétition au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Selon Dodo Boureima le Secrétaire Technique Permanent du Réseau Billital Maroobé, « Il faut être prêt a agir à  long terme en tirant les conséquences de précédentes crises et en adaptant notamment les réponses aux besoins tout en tenant compte du savoir faire des populations locales, pastorales notamment». « Puisque les causes de ces crises sont avant tout structurelles, C’’est avant, pendant et après les crises que se joue la lutte contre la faim et la malnutrition au Sahel » déclare Etienne du Vachat, l’auteur d’une note d’analyse sur cette question (Faim au Sahel : Une urgence permanente ?) et coordinateur Humanitaire d’Oxfam au Niger. Pour les deux organisations la prévention des crises reste un défi majeur en Afrique de l’Ouest ». Pour éviter que d’autres sécheresses ne se transforment en catastrophes humanitaires, elles interpellent les décideurs politiques nationaux et la communauté internationale pour qu’ils fassent de l’agriculture, du pastoralisme et de la sécurité alimentaire une véritable priorité budgétaire soutenu par une assistance prévisible et stable. Il importe que les politiques et programmes de développement, à  commencer par les politiques agricoles et alimentaires intègrent la contingence en prévision des mauvaises années. Il est impératif pour ces pays d’appliquer la politique régionale agricole de la CEDEAO, l’ECOWAP, mais aussi de traduire dans les faits les engagements de Maputo en consacrant 10% des budgets nationaux aux investissements agricoles et pastoraux. Oxfam et Billital Maroobé exigent donc des institutions et des Etats des informations de qualité, désagrégées, disponibles en temps voulu, c’est-à -dire avant la crise, pour répondre de façon ciblée, adaptée et coordonnée lors des crises. Mais la reconnaissance de la crise par les autorités des pays o๠elle sévit, est tout aussi capitale. Elle doit se faire sur la base d’une bonne interprétation en amont des informations relayées par les Systèmes d’Alerte Précoce disséminés à  l’intérieur des pays. Au Sahel, 80% des familles consacrent 80% de leur budget à  l’alimentation. Or selon le PAM, au Niger, 38,6% des ménages étaient endettés en avril 2010. Il est donc prioritaire de renforcer les capacités locales et communautaires d’analyse, de prévention, de préparation et de réponse, notamment pour réduire la dépendance des communautés sahéliennes à  l’aide extérieure, trop souvent tardive et inadéquate. Mamadou Biteye, le Responsable Humanitaire d’Oxfam en Afrique de l’ouest souligne « que les femmes ont un rôle important à  jouer dans la prévention des crises au Sahel, et que les transferts monétaires aux ménages les plus pauvres et les coupons alimentaires seraient de bonnes solutions face à  la vulnérabilité et à  la malnutrition ».