Rififi à la FIFA

« Une crise ? Qu’est-ce qu’une crise ? Le foot n’est pas en crise, vous avez vu la finale de la Ligue des champions samedi, avec tout ce fair-play. Il y a seulement des difficultés », a lancé M. Blatter lors d’une interview accordée hier. Le scrutin présidentiel prévu pour ce 1er juin au sein de la FIFA est-elle en train d’avoir raison de la quiétude des dirigeants de l’institution ? Il faut le croire, au vu de tout le ramdan des derniers jours au cours desquels on a entendu parler d’une mise en cause de Blatter dans un scandale de corruption et la mise à  l’écart de quatre personnalités dont le principal challenger Mohammed Bin Hammam. Ce dernier, qui s’était retiré de l’élection présidentielle de la FIFA, a été suspendu le temps de l’enquête de corruption liée au scrutin présidentiel du 1er juin, tandis que le « président sortant Joseph Blatter a été blanchi », a indiqué dimanche l’instance du football mondial. Cette suspension le temps de l’enquête concerne aussi Jack Warner, président de la Concacaf et vice-président de la FIFA, et deux personnalités moins en vue, deux responsables du foot caribéen, Debbie Minguell et Jason Sylvester. Election repoussée ? Non. Le scrutin présidentiel de la FIFA est bien maintenu comme prévu le 1er juin, en dépit de cette affaire de corruption présumée. Son adversaire étant hors course, Blatter, 75 ans, est donc seul candidat à  sa succession mercredi pour un quatrième et dernier mandat. La Fédération anglaise de football a, quant à  elle, demandé le report de l’élection. Dans un communiqué, le président de la FA, David Bernstein, demande « le report de l’élection et un processus plus crédible, afin qu’un autre candidat réformateur puisse avoir l’occasion de se présenter à  la présidence ». Il a aussi réclamé « la nomination d’un groupe indépendant qui pourra faire des recommandations sur la façon d’améliorer la gouvernance » de la FIFA. Les critiques déjà  virulentes en Angleterre contre la FIFA ont redoublé depuis que le pays n’a pas obtenu l’organisation de la Coupe du monde pour 2018. C’est la Russie qui a été choisie pour organiser le Mondial 2018. Par ailleurs, une dizaine de délégués asiatiques, sur les 46 fédérations de la Confédération asiatique (AFC), qui devaient assister au Congrès de la FIFA à  Zurich mardi et mercredi, sont repartis en soutien à  Mohammed Bin Hammam, suspendu. « Neuf ou dix d’entre eux sont repartis après être arrivés ici, c’est un sentiment d’outrage qui règne parmi les délégués à  qui j’ai parlé par rapport à  la décision du comité d’éthique ». Mohammed Bin Hammam, homme d’affaires du Qatar, 62 ans, président de la Confédération asiatique, a retiré sa candidature à  la présidence dans la nuit de samedi à  dimanche, avant d’être suspendu le temps d’une enquête interne du comité d’éthique de la FIFA sur une fraude présumée liée au scrutin. Un autre membre éminent du comité exécutif de l’instance, sorte de gouvernement du football mondial, Jack Warner, originaire de Trinidad et Tobago, président de la Concacaf, purge également une suspension similaire dans la même affaire depuis dimanche. Qatar 2022, acheté? « Possibles violations » du code éthique et « fraudes » liées au scrutin au cours d’une réunion de la Confédération des Caraà¯bes (CFU), conjointement organisée par Bin Hammam et Warner. Voilà  les soupçons qui pèsent sur les personnalités misent en cause dans cette affaire. Selon des médias britanniques, Bin Hammam et Warner auraient offert pour 40 000 dollars (36 000 euros) de cadeaux à  des Fédérations nationales en échange de leurs votes à  l’élection présidentielle, lors d’une réunion à  Trinidad les 10 et 11 mai. Bin Hammam est également accusé par la presse britannique d’avoir monnayé des voix pour que le Qatar obtienne la Coupe du monde en 2022. Le vote s’était passé dans des conditions très contestées par les autres pays candidats et le Qatar avait été accusé d’avoir soudoyé des membres du Comité. Par ailleurs, Blatter a déclaré lundi qu’il n’y avait pas de preuve et donc pas de raison d’ouvrir une enquête sur l’attribution du Mondial 2022 au Qatar, en dépit d’une commission d’enquête parlementaire britannique et de révélations d’un journal anglais. Le 10 mai dernier, le député britannique Damian Collins avait affirmé que des éléments non encore divulgués d’une enquête de l’hebdomadaire Sunday Times prouveraient que le Camerounais Issa Hayatou, vice-président de la FIFA et président de la Confédération africaine (CAF), et un autre membre du comité exécutif, l’Ivoirien Jacques Anouma, avaient monnayé leur vote pour le Qatar.