OGM : le Mali a cédé. Et demain?

Pendant que l’attention de l’opinion était fixée sur le départ du ministre de la santé Oumar Ibrahim Touré ou encore le bras de fer Gbagbo-Ouattara en Côte d’Ivoire, le Conseil des ministres, lors de sa session du 02 décembre a pris une décision très lourde de conséquences pour notre pays. Il s’agit de l’adoption d’un projet de décret déterminant les modalités d’expérimentation des Organismes Génétiquement Modifiés(OGM). Le Mali est t-il sacrifié aux multinationales ? Cette décision, selon le communiqué du Secrétariat général du Gouvernement, vise à  permettre aux instituts de recherche et aux laboratoires de notre pays de disposer du cadre réglementaire nécessaire pour le démarrage des expérimentations. Ces essais, précise le communiqué officiel, peuvent être menés en milieu confiné et en milieu réel. Les procédures et modalités de ces expérimentations sont définies en vue d’assurer la sécurité des opérations. On peut se dire comme notre confrère du bihebdomadaire le Challenger qu’« au lieu d’encourager les chercheurs à  mieux revaloriser les variétés locales, le gouvernement cède à  la pression des lobbies semenciers comme Mosanto , Syngenta et autres ». En effet, l’adoption de ce décret est le fait d’une certaine élite, plus encline à  recourir à  l’expertise aux solutions importées, à  écouter et à  suivre les multinationales qu’à  défendre les intérêts fondamentaux de son peuple. Cette attitude des dirigeants de notre pays est révélatrice de la difficulté pour eux d’agir conformément aux aspirations profondes des populations. Elle est ni plus ni moins qu’une fuite en avant à  travers de solutions qui peuvent s’avérées désastreuses pour l’avenir de leur concitoyens. En adoptant ce texte, les députés ont pris le risque de lier notre droit de semer à  des sociétés Privées occidentales. La Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétiquement Africain a tiré la sonnette d’alarme en novembre 2008 avant l’adoption d’un projet de loi sur la biosécurité par l’Assemblée Nationale. Les paysans ne seront plus propriétaires des semences l’un des dangers liés à  l’introduction des OGM est que les paysans, déjà  fort pauvres, ne soient obligés d’acheter les semences auprès des multinationales. Ce qui veut dire qu’ils ne seront plus propriétaires de leurs semences. Il suffirait donc que les grandes multinationales refusent de livrer leur semence pour qu’ils ne cultivent pas. Dans ce monde en crise, le fait de contrôler et posséder nos semences constitue une force de résistance face aux pays industrialisés. Les OGM, C’’est assurément un piège mais aussi une technologie qui accroit la dépendance de notre pays. La privatisation des graines est inconcevable pour tout vrai patriote soucieux du devenir de ce pays. La contamination de nos variétés végétales, la destruction de l’environnement et de la biodiversité nationale sont les menaces des OGM. Il y a également des risques non connues sur la santé humaine et animale car la plupart des OGM, ce sont des plantes qui produisent des insecticides ou digèrent des herbicides. Les paysans de Fana et Yorosso et Kita ne s’attendent pas à  ce que leurs gouvernants les conduisent sur l’échaffaud des grandes multinationales.