Statues de colonisateurs : Qu’en est-il du Mali ?

Dans le sillage de Black Lives Matter, des manifestants s’en prennent à des statues héritées d’un passé esclavagiste et colonial. Une de Christophe Colomb décapitée aux Etats-Unis, une autre de Léopold II déboulonnée en Belgique, ou encore une de Charles de Gaulle vandalisée en France, la vague a gagné l’Europe, mais également l’Afrique, où, au Sénégal et au Congo, le débat sur ces statues a été relancé. Qu’en est-il au Mali ?

La passion qui entoure cet héritage colonial n’a pas encore submergé le Mali. La raison est peut-être que, des statues de l’époque coloniale, il n’en subsiste plus beaucoup. Parce que plusieurs d’entre elles ont été déboulonnées aux premières heures de l’indépendance, suite à la politique de dé-baptisation entreprise par les autorités de la 1ère République. Sous la 3ème République, à l’instigation du Président Alpha Oumar Konaré, certaines ont été réhabilitées. En septembre 2000 a été inauguré sur la route de Palais de Koulouba un « Parc des explorateurs » où se trouve une grande statue en bronze de Gustave Borgnis-Desbordes, ancien commandant militaire de Bamako et gouverneur français. 6 bustes sont également visibles. Ils représentent des explorateurs, dont René Caillié, décrit comme le premier Français revenu en vie d’un voyage à Tombouctou et un autre dont l’érosion a effacé le nom, présenté par la Direction nationale du patrimoine culturel comme étant l’Écossais Alexandre Gordon Laing, autre illustre Européen à avoir atteint Tombouctou, ou Paul Soleillet. Plus tard, en 2008, a été rajouté le buste d’Ibn Battuta, célèbre comme premier explorateur étranger ayant visité le Mali et pour ses récits de voyage à Tombouctou également. À côté des explorateurs, même si dans leurs biographies ils sont également dépeints comme tels, figurent Eugène Abdon Mage, officier de marine qui atteignit Ségou en 1864, et le missionnaire Augustin Prosper Hacquard, qui arrivera à Ségou en 1898.

« Une part de notre histoire »

En dehors de la capitale, à Ségou, un buste du colon Louis Archinard fait face au fleuve Niger. Même si, comme susmentionné, la question du sort des statues représentant des personnages coloniaux ne se pose pas encore au Mali, des échos sont tout de même parvenus. À la Direction nationale du patrimoine culturel, on assure que les déboulonner ne serait pas une solution, puisqu’elles font « partie de notre histoire et que cet acte ne la changera pas ». Même si l’on estime que « l’État sera obligé de se pencher sur la question » si la population manifestait.

Boubacar Sidiki Haidara

Martin Luther King : 50 ans après son assassinat, son combat toujours d’actualité

50 ans après sa mort, l’Amérique rend hommage à Martin Luther King assassiné le 4 avril 1968. Le pasteur afro-américain prônait une lutte pacifiste contre la ségrégation raciale. S’il n’a pas vu son « rêve » se concrétiser, son combat reste plus que jamais d’actualité.

« En 50 ans, nous n’avons pas réussi à combattre les derniers vestiges du racisme, comme nous l’avait demandé papa », a déclaré Bernice King, fille du pasteur. L’esclavage avait certes été aboli en 1865, mais « la ségrégation, la privation des droits civiques et les lynchages l’avaient remplacé », analyse l’historien spécialiste des Etats Unis Pap N’Diaye. Cinquante ans après, si la condition des Afro-américains a connu des changements positifs importants, notamment grâce à des politiques volontaristes de « discrimination positive », l’écart entre les communautés demeure important.

En 1972, le taux de chômage était estimé à 11% chez la population noire et à 6,8 en 2017, mais toujours au-dessus de la moyenne nationale estimée à 4%.
Un chemin parcouru, des inégalités persistantes.
Alors que seulement 38% des jeunes noirs allaient au collège en 1972, ils étaient 86% en 2016. Si la loi n’autorise pas les quotas aux Etats Unis, c’est grâce à des actions volontaristes de certains politiques et de certains « activistes », qui encouragent la formation et l’employabilité des Noirs que leur situation change. À travers notamment des mouvements comme « Buy Black »(Acheter Noir), destiné à encourager la communauté Afro-américaine à « boycotter l’économie blanche » et à consommer au sein de leur communauté. Malgré un poids économique estimé à 1000 milliard de dollars, les Afro-américains ne « pèsent » qu’un vingtième du PIB aux Etats Unis.
Si les injustices contre lesquelles, le pasteur à mener une lutte religieuse et sociale, demeurent, son message en forme de prémonition prononcé la veille de son assassinat, garde encore tout son sens, pour ceux qui comme lui, prônent une lutte sans merci mais non-violente pour plus de justice. Ils veulent garder de lui cet espoir et cette promesse qu’il leur a laissé comme un testament :
« J’ai regardé autour de moi et j’ai vu la terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, que notre peuple atteindra la terre promise », avait t-il dit lors du dernier sermon qu’il a prononcé le 3 avril 1968.