Mamie Diané : Une passion sans faille pour la mode

Auteure d’un blog dénommé « O’ Tour D’elles », généralement dédié à la mode, et d’une plateforme multi réseaux présente sur Facebook, Snapchat et  Instagram, Diahara Diané, ou Mamie, comme on l’appelle affectueusement, est une jeune femme battante et engagée pour la cause féminine au Mali. Sur son blog, elle parle de mode, d’entreprenariat féminin, de vie quotidienne, de vie en société et de leadership.

Passionnée de mode depuis l’enfance, Mamie Diané est aussi communicatrice d’entreprise de formation et actuellement assistante de direction dans un établissement financier. Elle voyage très souvent sur Abidjan. Et, en réalité sa motivation pour se lancer dans la blogosphère vient de là. « En Côte d’Ivoire, il y a beaucoup de bloggeuses. Au Mali, il y a beaucoup d’activistes mais le domaine du blogging mode, lifestyle, leadership n’était pas très exploité ». Mamie prend alors sur elle de « montrer un autre visage de la femme malienne, celle qui entreprend, qui fait de belles choses ».

La créatrice d’ « O’ Tour D’elles » a aussi une chaine Youtube, sur laquelle elle a publié quelques vidéos à l’endroit des jeunes femmes, notamment comment attacher un foulard. Mais elle est actuellement en pause. « Je suis assez perfectionniste et la qualité des vidéos ne me plaisait pas. J’ai donc décidé de me concentrer sur le blog. Mais c’est toujours dans mes projets » explique-t-elle.

La bloggeuse accorde beaucoup d’importance au rayonnement de la femme malienne. En plus de vouloir un jour créer une ligne de vêtements, Mamie Diané chérit le rêve de lancer une chaine de télévision avec une émission sur des femmes leaders, qui se battent chaque jour et qui arrivent à concilier vie professionnelle et de foyer. « Je veux montrer au monde que ce n’est pas sorcier, que ce n’est pas réservée à une élite ». Car, pour Mamie, l’indépendance financière de la femme est cruciale. Elle appelle les Maliennes à se battre pour cela car, « quand on est indépendante financièrement, il est plus facile de quitter une situation qui ne convient pas ».

 

Dou Niangado, animateur du blog généraliste « Le polémiste »

Pourquoi avoir choisi de vous exprimer à travers un blog ?

Parce que je le faisais à travers les réseaux sociaux, notamment Facebook. J’ai remarqué que certaines réactions étaient désobligeantes et j’ai donc décidé de créer un blog. Ceux qui veulent réagir à mes analyses me choisissent vraiment et se rendent sur le blog. On peut trier. Sur Facebook, les gens réagissent à tout va.

Le blog est-il juste un loisir ou peut-il être un gagne- pain ?

Je sais qu’à long terme, certains blogs finissent par être rentables. Il y a moyen de capitaliser, par exemple à travers les droits publicitaires. Mais, pour le moment, j’en suis à mes débuts et je n’ai pas acheté de nom de domaine. C’est encore un pur plaisir pour moi. Pour créer un blog, il existe des plateformes dédiées. Elles permettent de le faire gratuitement et de se familiariser avec le fonctionnement. Mais pour les options avancées, afin de rendre le blog attractif et le rentabiliser, avec des noms de domaine par exemple, il faut payer.

Est-ce que la « rentabilité » n’entrave pas la liberté de ton du blog ?

Je pense que c’est le même dilemme avec les journaux classiques. Quand cela devient trop commercial, l’objectivité du blogueur peut être remise en cause. Mais cela dépend. Si les gens vous sollicitent en raison de votre objectivité, vous pouvez gagner en droits publicitaires et la garder. Mais si vous vous faites payer pour écrire tel ou tel article, surtout sur des sujets sensibles, cela devient difficile.

 

Fatou Ndiaye, bloggeuse nappy

Cette jeune femme suscite depuis quelques temps un grand intérêt de la part de nombreux professionnels de la beauté et de la mode. Elle vient d’être désignée égérie de la marque Kooka௠pour la sortie de leur collection Printemps – été et Automne- hiver 2014, elle collabore entre autre depuis quelques mois en tant que consultante pour le groupe l’Oréal Paris. Cette passionnée de mode et de beauté, au caractère bien trempé et à  l’emploi du temps très chargé a bien voulu nous consacrer le temps d’une interview ! Qui se cache derrière la bloggeuse ? J’ai 36 ans et je suis née à  Paris, d’un père Sénégalo-malien et d’une mère Nigériane. Je suis maman d’un adorable garçon de 12 ans. Je suis aussi une très grande passionnée de mode et de beauté. Aujourd’hui J’ai la chance de vivre cette passion au quotidien à  travers mon propre blog. Qu’est ce qui vous a poussé à  créer votre blog ? J’ai créé mon blog en juillet 2007 sur la plateforme Skyblog. à€ l’époque il s’appelait MyMakeUpBag, et C’’est en basculant vers Blogspot que J’ai changé de nom pour le rebaptiser BlackBeautyBag. J’ai choisi cette appellation histoire d’élargir mon blog à  un lectorat à  la fois anglophone et francophone, et d’axer volontairement mes sujets vers les thématiques de la beauté noire. à€ l’époque de Skyblog, mon blog avait plusieurs fois été primé parmi le top 3, ce qui m’a encouragé à  continuer dans cette voie. Ce blog, C’’est avant tout le seuil de la porte de ma maison beauté, et avant d’y entrer, la lectrice sait pertinemment qu’elle met les pieds dans l’univers beauté de Fatou N’diaye, une femme noire qui s’assume jusqu’au bout. Car je suis de ceux qui pensent que s’affirmer et aimer ce que l’on est, est une grande richesse et surtout l’un des points forts de l’estime que l’on peut avoir de soi. Quels sont les sujets que vos lectrices affectionnent plus particulièrement ? Qu’il s’agisse du maquillage, des soins de la peau, des cheveux ou du bien – être … mes lectrices s’intéressent aux sujets beauté qui font partie de leur quotidien et ce quelque soit leur âge. En écrivant pour elles, C’’est aussi une façon de renouer avec une tradition importante chez les femmes noires qui accordent beaucoup de place à  la transmission des rituels beauté. Et comme je le dis souvent, une femme qui se sent belle se sent invincible. Cette confiance que l’on a ou que l’on gagne est un booster pour aller de l’avant et croire en l’impossible. Comment expliquez vous un tel succès? Mes lecteurs affectionnent particulièrement mes points de vues et prises de position. Grâce aux remarques et interventions sur mon blog, je sus devenue en quelque sorte leur porte parole. Je n’hésite pas à  dire aux marques et fabricants cosmétiques, ce qui me déplait concernant leur stratégie commerciale. Hélas certains acteurs du marché de la beauté sont encore très peu informés sur les spécificités et les besoins des consommatrices noires. Certains même avant l’avènement des blogs afros ne percevaient même pas cette absence de représentativité des femmes noires dans l’univers de la beauté, C’’est le cas notamment ici en France. Mais depuis l’essor de la blogosphère, les choses s’améliorent et C’’est tant mieux ! C’’est quoi la journée type d’une hyper bloggeuse ? La plupart du temps ma journée commence par la lecture de mes mails et des différents communiqués de presse ou actualités beauté. Je fais le tri entre ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas. Ensuite je rédige mes articles, C’’est toujours au feeling, ils ne sont jamais prévus à  l’avance, je privilégie la spontanéité, sauf quand il s’agit de billets sponsorisés, o๠J’ai des deadlines à  respecter. Mes journées se passent très souvent à  l’extérieur, dans les locaux des marques o๠J’apporte mon expertise en réunion, il m’arrive aussi de me déplacer à  l’étranger pour animer des workshops. Sinon J’adore écrire mes billets à  la maison, tard le soir quand tout le monde dort, ou alors dans un salon de thé que m’a d’ailleurs fait découvrir une amie bloggeuse. En ce moment, je participe beaucoup à  l’élaboration de nouveaux produits pour les femmes noires et J’ai hâte de les voir commercialiser sur le marché français. Bloguer et en vivre C’’est aussi faire beaucoup de paperasse, des factures et des dossiers , C’’est la partie moins glamour de mon quotidien ! Quels conseils donneriez vous à  celles qui veulent s’aventurer dans la blogosphère ? Il faut être honnête, quand J’ai commencé à  bloguer, être bloggeuse n’avait rien de trendy. On avait jamais pensé ou imaginé que les marques s’intéresseraient aux blogs d’ailleurs. à€ cette époque il était plus facile de bloguer tranquillement dans son coin. à€ présent C’’est différent, les blogs sont très mis en avant, nous sommes invités , sollicités et chouchoutés par les marques, donc il est normal que cela attire des émules. Bloguer C’’est avant tout partager sa passion pour un domaine quel qu’il soit avec des anonymes… Je compare très souvent mon blog à  un journal intime que J’ouvre à  des inconnus. Si on crée un blog dans un but qui est à  l’opposé du partage, il suscitera très peu d’intérêt. C’’est ce qui explique que très peu de personnes bloguent dans la durée. àŠtre suivi par des millions d’ internautes ou de followers sur les réseaux sociaux ne font pas la notoriété d’une bloggeuse. C’’est la personnalité, le ton ou les idées qu’elle véhicule qui feront la différence. Je dis souvent à  celles et ceux qui veulent bloguer à  plein temps : ne cherchez pas à  être quelqu’un d’autre ou reproduire ce qui marche, car que C’’est en adoptant ces schémas que vous risquerez de passer à  côté de vraies opportunités. le plus important C’’est de rester soi-même ! Vous pouvez suivre Fatou N’diaye sur @blagbeautybag et sur sa page FB : Blackbeautybag

Ouest Afrika Blog : la vie par les radios communautaires ouest-africaines

Tout à  commencé en 2010 avec deux pays pour ce projet destiné à  l’Afrique de l’Ouest. Le Mali et le Sénégal. Des journalistes radios ont été sélectionnés par concours avec le soutien et l’appui des réseaux des radios communautaires du Mali et du Sénégal, appuyés par les ambassades de France à  Dakar et Bamako. Le tout piloté par l’ESJ. 5 jeunes étaient donc à  Bamako du 21 au 25 juin 2010 pour se former. Pour le Mali, Dieneba Deme Diallo (Radio Kledu, Bamako), Mamoudou Barry (Radio Yeelen, Sikasso), Diarra Bouille (Radio Jamana, Kayes) et pour le compte du Sénégal Rosalie NDiaye (Radio Afia, Dakar) et Alexandre Lette (Radio Jokkoo, Dakar). Ces journalistes apprennent à  bloguer. Ils racontent des histoires simples, ordinaires mais parfois étonnantes de leurs cités. Ceux-là  même qui sont (parmi les médias classiques) les plus proches de la population. En 2011 le projet a connu une extension. 8 nouveaux ouestfrikablogueurs ont été ajoutés au groupe. Il viennent du Mali, du Togo et du Burkina Faso. Leur sélection a été rendue possible grâce à  l’appui… et au soutien des ambassades de France à  Lomé, à  Ouagadougou et à  Bamako. Le programme des sessions de formation reste le même: écriture web, prise de vue et redimensionnement des photos, ainsi que la prise de son et le traitement des podcasts. Après une formation dense de 5 jours, ils sont « lachés dans la nature », mais bénéficient pendant toute la durée du projet d’un encadrement éditorial par l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille. Chaque blogueur a reçu un appareil photo numérique et un enregistreur. Un matériel adéquat qui devrait leur permettre de mener à  bien leur mission. C’’est à  eux que revient la tâche d’alimenter cette plateforme et de donner l’occasion à  des populations d’être entendues via Ouest Afrika Blog. Vous pourrez lire chaque semaine, de petites histoires locales, accompagnées de photos et quelques fois de podcast.

Tribune : Douentza est-elle tombée ?

Bien que je ne sois pas toujours d’accord avec les orientations de ce journal et certaines approximations (Douentza, ville du sud du Mali !!!) mais on y trouve quand même pas mal d’informations. Ce matin, j’appelle un ami tamashek, résident à  Douentza, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler plusieurs fois en 91 et en 2006 et que je rencontre régulièrement dès que dépasse Mopti pour me rendre dans le nord du pays. Sitôt le téléphone décroché il me demande de mes nouvelles, de la famille, alors que je m’attendais à  peine à  pouvoir le joindre. Il me rassure tout de suite. Effectivement le Mujao est venu hier pour désarmer les milices de jeunes, milices d’auto-défense de la ville mises en place depuis quelques temps. En fait, me dit-il, le Mujao et Ansar Dine viennent très régulièrement à  Douentza et c’est même un des rares cercles du Nord qu’ils ne contrôlent pas vraiment. Des discussions ont eu lieu hier entre les responsables de la ville et les islamistes et tout le monde est tombé d’accord (mais la ville de Douentza avait-elle le choix ?). Aucun coup de feu n’a été tiré. La situation est calme et ne correspond pas à  celle d’une ville prise d’assaut. Pourtant, la situation n’est pas aussi simple que ce qu’il me laisse entendre au premier abord. Le Mujao et Ansar Dine comptent bien imposer une certaine « rigueur » religieuse. IIs ont de l’argent, beaucoup d’argent, et c’est ce qui manque le plus aujourd’hui à  Douentza alors que les projets et programmes ce sont retirés, que la rentrée scolaire est proche (aura-t-elle lieu?) et que les fonctionnaires ont déserté la ville. Il n’y a plus d’électricité et le service public de l’eau est assuré par une association. Comment ne pas se laisser tenter, pour de l’argent, en dénonçant quelqu’un ? Il y a des « espions » dans la place et les jeunes ont intérêt à  se tenir tranquille me dit-il, le danger est là . Si la « prise » de la ville de Douentza n’en est pas vraiment une puisque, de fait, il semble bien que les islamistes y allaient et venaient comme chez eux, c’est un pas de plus dans le contrôle du nord et, bientôt, du centre du pays. Comme me le rappelle mon ami avec un peu d’ironie, nous attendons la fin des discussions à  Bamako… En tout cas, c’est pas facile. Rédigé le 02 septembre 2012 à  12:03

Yerim Seck à Dadis : « Vous n’êtes pas qu’un prostitué et un mendiant. Vous êtes un menteur! »

M. le président autoproclamé. J’avais pris sur moi, la première fois o๠vous m’aviez consacré un violent épisode du « Dadis Show », de ne pas répondre à  vos insultes. Par égard pour les millions de Guinéens que vous incarnez aujourd’hui – malheureusement de la plus piètre des manières –, je m’étais résolu à  laisser passer. Mais vous avez récidivé, sans doute parce que vous avez senti l’inefficacité de vos premières accusations. Le 1er octobre, jour du 51ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, vous m’avez fait l’honneur, dès que vous avez fini de déposer la gerbe de fleurs sur la Place des martyrs, de passer 15 minutes à  parler de moi, en guise d’adresse aux Guinéens. Je vous remercie, M. le président autoproclamé, d’accorder autant d’importance à  ma modeste personne et de me faire une aussi grande publicité. Je ne puis toutefois pas, cette fois-ci, passer sous silence vos accusations et vos attaques ô combien violentes. Vous prétendez que je vous ai proposé de vendre les mines de Guinée à  des Iraniens, en contrepartie d’une commission que vous et moi allions nous partager. Ce mensonge est d’une désarmante grossièreté. Je n’ai jamais connu un Iranien de ma vie. Je ne me suis jamais rendu en Iran – ce qui, dans le contexte du monde actuel, se vérifie aisément. Je me suis retrouvé une seule fois en présence d’une personne de nationalité iranienne : C’’était à  l’occasion d’une réunion de rédaction à  Jeune Afrique à  laquelle était convié un réfugié politique qui venait nous parler de son pays. Pour donner du crédit à  vos élucubrations, vous avez ajouté : « Je connais bien Yérim Seck. Il a étudié à  l’université de Conakry. » Vous ne me connaissez pas, M. le président autoproclamé. Pour votre information, je suis arrivé en Guinée pour la première fois en septembre 1995. Expert-juriste de la représentation guinéenne du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), J’ai participé à  la conception et à  la rédaction de nombre de textes relatifs aux questions de démocratie et de droits de l’homme. En 1998, par exemple, en qualité de conseiller juridique pour le compte du PNUD, J’ai rédigé le premier draft du texte régissant le Haut conseil aux affaires électorales (HCE), la structure qui a supervisé et conduit le processus menant à  l’élection présidentielle de décembre 1998. En 2000, pour combler un vide qui était durement ressenti par les chercheurs et les praticiens du droit, mais également par les bailleurs de fonds et par tous ceux qui s’intéressent aux questions relatives aux droits de l’homme et à  la démocratie dans votre pays, J’ai coécrit, avec le très compétent magistrat Yaya Boiro, La justice en Guinée, une œuvre de doctrine juridique qui fait jusqu’aujourd’hui office de référence sur la question. Presque toutes les universités américaines et européennes comptent au moins un exemplaire de cet ouvrage dans leur rayon « Droit comparé ». Parallèlement à  ces activités scientifiques, je collaborais avec un avocat d’affaires réputé de Conakry et dispensais des cours de Libertés publiques au Centre de formation des magistrats et de Droit administratif à  l’université Gamal Abdel Nasser. Je suis très fier d’avoir participé à  la formation de milliers de jeunes Guinéens que je croise aujourd’hui un peu partout dans le monde. Certains d’entre eux sont aujourd’hui à  des positions importantes. Il y a quelques jours, J’en ai rencontré un, qui est devenu conseiller juridique dans une grande banque française. M. le président autoproclamé, pendant que vous trafiquiez avec le carburant de l’armée guinéenne (je reviendrai dans ce blog sur toutes vos magouilles à  l’intendance militaire, preuves à  l’appui), J’essayais de contribuer à  faire avancer le droit dans votre pays. Au cours de mon séjour en Guinée, J’ai rencontré Fanta Konaté, issue d’une grande famille de Siguiri, que J’ai épousée en 1997. Elle m’a donné une fille et un garçon qui ont la double nationalité guinéenne et sénégalaise. Je porte la Guinée dans ma chair et dans mon sang. Voila pourquoi je ne peux, pour ne pas faire honte à  ma descendance, agir comme les plumes et les voix que vous avez achetées. J’ai honte pour toute la lignée de ces personnages qui, au soir du jour o๠vous avez fait tuer des centaines de Guinéens, ont pris la parole dans des médias étrangers pour faire leur beurre sur le sang de leurs compatriotes. M. le président autoproclamé, Les graves erreurs factuelles dont regorgent vos attaques haineuses contre moi ôtent toute crédibilité à  celles-ci. Je peux vous raconter jusque dans le détail ce qui s’est passé dans cette réunion au cours de laquelle un de vos conseillers a dit : « A la guerre comme à  la guerre. Yérim Seck vous a sali, il faut le salir. Je vais dire que vous lui avez donné des milliers de dollars. » Je suis d’autant moins sensible à  ce type d’argument qu’il en est devenu usé à  force d’être galvaudé. J’aurais été multimillionnaire en dollars si J’avais reçu les sommes que ceux que mes articles gênent estiment que J’ai encaissées. Cette rengaine ne me désarçonnera point, et ne m’empêchera jamais de piquer la plume dans la plaie, de révéler ce que l’on cache, de montrer, au-delà  des diatribes enflammées, le Dadis affairiste qui est en train de piller la Guinée avec des proches issus de sa famille et de son ethnie. M. le président autoproclamé, Vous m’avez accusé d’être un mendiant. Vous êtes le plus grand et le plus illustre des mendiants. Vous êtes mendiant jusqu’à  la caricature. Au point d’implorer un ancien Premier ministre guinéen, dès le lendemain de votre coup d’Etat, de vous introduire auprès de Mouammar Kaddafi pour qu’il vous « aide ». Vous tendez la main à  tout le monde, de Mouhamed VI à  Abdoulaye Wade, en passant par les hommes d’affaires guinéens et tous les investisseurs étrangers qui vous rencontrent. Vous m’avez accusé d’être un prostitué. Vous êtes au monde le pire des prostitués. Vous êtes prostitué au point de vous faire payer pour brader les intérêts stratégiques de votre pays. Un exemple : dès votre arrivée aux affaires, vous avez durement critiqué l’attribution du marché du terminal à  conteneurs du port de Conakry à  Getma International et promis d’y revenir. Avant de vous raviser : contre une grasse rétribution, vous avez avalisé ce marché ô combien scandaleux. Je vais revenir dans ce blog sur les détails de cette affaire que je ne veux pas laisser parasiter ce droit de réponse. M. le président autoproclamé, Vous n’êtes pas qu’un prostitué et un mendiant. Vous êtes un menteur. Vous n’avez pas menti que sur mon compte. Vous avez menti à  tous les Guinéens à  qui vous aviez promis de « nettoyer la maison » avant d’organiser une élection transparente à  laquelle vous ne seriez pas candidat. Vous êtes également un voleur. J’ai toutes les preuves pour étayer ce que J’avance. Dans les jours à  venir, je publierai dans ce blog le décompte exact de tout l’argent que vous avez décaissé de la Banque centrale et du trésor public guinéens depuis votre putsch. Je vais également décortiquer, pièces et témoignages à  l’appui, votre gestion du carburant de l’armée. Les Guinéens ne seront pas surpris, qui ont vu la grosse maison que vous possédiez dans le quartier de Lambanyi avant votre accession au pouvoir, et que cent ans de votre salaire de capitaine cumulés n’auraient pas pu vous offrir. Ce que les Guinéens ne savent pas, par contre, C’’est votre passé obscur, votre côté violent, votre personnalité déséquilibrée. Beaucoup de vos compatriotes ignorent, par exemple, qu’étudiant à  l’université de Conakry, vous avez sauvagement battu votre copine qui est tombée dans un coma profond. Recherché, vous avez fui à  Nzérékoré o๠vous êtes entré un bon moment dans la clandestinité. Le traitement que vos affidés ont infligé aux femmes le 28 septembre sont conformes à  vos méthodes. Tous ceux qui sont informés, à  commencer par les chancelleries occidentales en poste à  Conakry, savent que votre épouse a fui pour se réfugier au Maroc. Quelques jours avant son départ, vous l’avez mise au piquet, à  genoux pendant des heures en guise de punition. Vous traà®nez un déséquilibre que trahissent votre gestuelle, vos mimiques, vos colères intempestives… « Allahaa La Guinée rataanga ! » Que Dieu protège la Guinée contre le dangereux dégénéré que vous êtes ! M. le président autoproclamé, Une question m’intrigue : quel dossier vous concernant le général Diarra Camara détient-il ? Sait-il quelque chose qui justifie que vous l’ayez traité avec autant de brutalité dès le lendemain de votre putsch ? Dans l’intérêt de la transparence, ce qu’il sait mérite d’être connu. D’autant que vous avez décidé de briguer la magistrature suprême. Il est essentiel, pour que les Guinéens soient éclairés avant de faire leur choix, que tous ces aspects de votre personnalité et de votre histoire soient connus. Exercer le pouvoir n’est pas une simple sinécure, une manière de se faire plaisir, de se positionner pour s’accaparer de privilèges et d’honneurs. C’’est beaucoup plus sérieux que cela. Il y va de l’avenir de millions d’hommes et de femmes dont l’histoire et la géographie ont fait des Guinéens. M. le président autoproclamé, Pour conférer du crédit à  vos accusations, vous avez l’habitude de débiter que J’ai commencé à  faire des articles d’une tonalité positive sur vous avant de changer de ligne. Vous avez raison de faire ce constat. J’assume totalement le choix que J’avais fait au début de vous accompagner. La raison de mon engagement était simple : dans l’intimité de votre bureau, vous m’avez demandé de vous aider à  conduire une transition vers une vraie démocratie en Guinée. Je vous ai donné ma parole, que J’ai retirée par la suite non sans vous en avoir averti. Pourquoi ? Parce que, piqué par le virus du pouvoir, vous avez totalement dévié de votre ligne de départ. Malgré tout, je me suis abstenu, pendant plusieurs mois, d’écrire sur vous ou de parler de la Guinée. Les choses avaient commencé à  tourner au grotesque, et je ne suis pas amateur de cirque. Surtout s’il fait peser de si gros risques sur une chose aussi sérieuse que la nation guinéenne. Mais, les dérives allant en s’amplifiant, la rédaction de Jeune Afrique m’a demandé d’écrire pour alerter. Voila pourquoi vous avez fait rire tout le monde lorsque vous avez appelé au siège de J.A. pour dire que J’ai écrit pour vous faire chanter. Si l’article « l’incroyable capitaine Dadis » n’a pas été mon initiative, mais celle d’un de mes rédacteurs en chef, J’en ai tiré une grande satisfaction. C’’est du journalisme comme J’aime en faire. Une journaliste réputée de France 24 m’a rempli de fierté, en me lançant sur son plateau : « Vous avez vu juste. Une semaine avant le massacre des Guinéens, vous avez écrit pour dire qu’il y avait danger. » Elle n’est pas la seule. Après le carnage du 28 septembre, les plus prestigieux journaux du monde ont cité mon article et reconnu son caractère prémonitoire. Dans un article intitulé « Dadis, le Ubu roi de la Guinée », le renommé hebdomadaire français l’Express a renvoyé à  « l’incroyable capitaine Dadis » et recommandé sa lecture. Je terminais mon texte par ces deux phrases : « [Dadis] avait promis la rupture avec les usages du passé. C’’est l’équilibre de la Guinée qu’il risque de rompre. » l’obscur capitaine aujourd’hui gagné par le vertige du pouvoir a commencé, quelques jours plus tard, à  rompre dans le sang l’équilibre de la Guinée. Monsieur le président autoproclamé, Vous me taxez d’escroc international ? Je ne sais pas ce que ce concept veut exactement dire. Je vous rétorque toutefois que vous êtes un criminel international. Ce que vous avez fait le 28 septembre est l’exemple-type du crime international. Le carnage que vous avez ordonné répond à  la définition exacte du crime contre l’humanité. Tribaliste jusqu’au bout des ongles, vous avez orchestré cette forfaiture avec des membres de votre famille, des jeunes de votre ethnie recrutés de fraiche date, et des ex-rebelles libériens et sierra-léonais dont vous vous sentez proches du fait de la proximité de votre région d’origine avec leurs pays respectifs. Votre procès ne sera pas celui de l’armée guinéenne. Les actes perpétrés contre les femmes par vos mercenaires encagoulés ne sont pas guinéens. Au-delà  des viols, des manifestants ont été égorgés. Des cadavres sans tête ont traumatisé les médecins de l’hôpital de Donka. Dans la nuit du 28 au 29 septembre, les corps ramassés par vos tueurs ont été rassemblés au camp Samory-Touré. Ils ont pu remplir trois gros camions qui ont quitté nuitamment le centre-ville pour une destination inconnue. Voici autant de questions auxquelles devra s’intéresser un grand avocat français qui est en train de préparer une plainte destinée à  la Cour pénale internationale. Tragique destin que celui qui est le vôtre ! Vous auriez pu être un Amadou Toumani Touré guinéen. Vous êtes devenu un paria, vomi par ses compatriotes, rejeté par ses frères d’armes, mis en quarantaine par la communauté internationale… Vous auriez pu entrer dans l’Histoire. Vous allez en sortir par la petite porte. Vous auriez pu devenir une autorité morale importante en Afrique, impliquée dans le règlement des conflits. Vous risquez de finir derrière le prétoire de la Cour pénale internationale, comme Charles Taylor, un criminel de votre acabit dont vous avez recruté les tueurs. Vous n’êtes pas à  la hauteur du défi historique que votre arrivée aux affaires posait à  la Guinée. Les « Dadis Show » que vous me consacrez traduisent votre manque de retenue et de hauteur dont je parlais dans mon article. J’ai eu raison d’écrire que vos « épaules sont très étroites pour le manteau de chef d’Etat. » Mais je ne cracherai pas sur le succès grandissant que vous me construisez en parlant de moi. J’attend avec impatience votre prochaine sortie. Vous aurez d’ailleurs une bonne occasion de refaire un nouvel épisode de « Dadis Show » lundi, quand vous finirez de lire le numéro de Jeune Afrique qui paraà®t ce jour. J’y reconstitue minute par minute le film de cette répression sauvage que vous avez lâchement infligée à  des Guinéens désarmés et sans défense. En attendant de vous entendre à  nouveau, je vous transmets, M. le président autoproclamé, mes salutations.