Coupe abusive du bois : le ras-le-bol de Djéguila

Situé dans le cercle de Kati, à  20 kilomètres de la commune rurale de Sébékoro, le village de Djéguila souffre d’un phénomène commun à  tout le monde rural : la coupe et l‘exploitation abusives du bois sur son terroir. Mais ici, ce ne sont pas les populations, conscientes de la nécessité de sauvegarder son patrimoine ligneux qui sont les coupables. Le village pointe un doigt accusateur vers son voisin, le village de N’Ganou qui s’adonne à  cette pratique aux conséquences fâcheuses sur le cadre environnemental, et cela depuis quatre ans. Argument avancé : les habitants de Djéguila sont des étrangers à  qui ils offert l’hospitalité, le village de N’Ganou se réserve le droit de couper du bois sur le terroir de son voisin. Malgré la médiation de certains villages voisins et la sollicitation des autorités politiques locales, la situation n’évolue pas d’un iota. « Nous avons fait intervenir des villages voisins notamment Guénikoro, Glada et Sounty pour trouver une solution à  l’amiable, mais le problème perdure. Nous savons que nous sommes les premiers concernés pour la gestion et la préservation de notre environnement. En aucun cas, nous ne pouvons nous opposer à  la liberté de circulation et du choix d’installation du citoyen pour sa survie. Cependant nous ne pouvons accepter que notre flore disparaisse d’une manière spectaculaire », dénonce une lettre que le village de Djéguila entend envoyer aux autorités nationales compétentes. l’exaspération est le sentiment le plus partagé actuellement à  Djéguila qui en appelle à  l’implication diligente et active des autorités locales, voire nationale pour éviter un hypothétique affrontement qui empoisonnerait le vivre ensemble entre les deux villages. Ils sont d’autant plus exaspérés que ce qu’ils appellent les exploitants(les villageois de N’Ganou) disent avoir possédé de permis leur permettant d’exploiter jusqu’aux abords des concessions. Selon un ressortissant de Djéguila à  Bamako, l’antenne locale des eaux et forêts et la sous-préfecture font preuve de complaisance, voire de mauvaise foi dans la résolution du problème pour des raisons inavouées. Faux, rétorque le sous-préfet de Sébékoro, Youssouf Morba, joint par nos soins. Il estime que le problème est réglé depuis entre 2009 et 2010 suite à  une concertation entre les différentes parties. Les ressortissants de Djéguila à  Bamako balaient cet argument d’un revers de la main en brandissant une lettre datée de 2012 adressée au sous-préfet pour en vue d’une solution au problème. Un agent forestier contacté à  l’antenne locale des eaux et forêts, s’est contenté de reconnaitre la complexité du problème tout en dégageant la responsabilité de sa structure qui, selon lui, est incompétente à  intervenir dans un problème aux relents fonciers selon lui. En tout cas, les villageois de Djéguila et ses ressortissants à  Bamako ne cachent pas leur inquiétude et ne comptent pas lâcher prise. En décidant de saisir les autorités nationales compétentes, ils entendent préserver la paix sociale en évitant des accrochages susceptibles de dégénérer.

Environnement : STOP à la Coupe abusive du Bois !

La Quizaine de l’environnement a donné l’occasion à  la Direction nationale de la conservation de la nature (Dncn) de vulgariser la nouvelle loi forestière. Adoptée le 12 juillet 2010, cette loi a posé beaucoup de problème dans son application. Ce qui a conduit le ministre de l’environnement à  observer un moratoire de 3 ans avant l’entrée en vigueur. En effet, on se rappelle que la nouvelle loi a été à  la base de la série de grèves déclenchées par les exploitants de bois, il y a de cela 2 mois. Il y a eu au préalable des séries de rencontres avec les exploitants de bois. Malgré, ces activités, le problème de communication et de vulgarisation du texte de loi s’est posé. Pour le Colonel Sékou Kanté, de la Dncn, la Quinzaine de l’environnement est une opportunité pour vulgariser la loi. Une loi qui, dit-il, permettra la bonne gestion de l’ «Â or vert ». Selon lui, c’est conscient des problèmes forestiers nationaux que la nouvelle loi a été initiée. La nouvelle loi met fin au laisser aller dans la coupe du bois. Avec la nouvelle loi, «Â tous les auteurs de la coupe qui le font sans permis sont condamnés à  payer », a-t-il dit. Loi dissuasive Au niveau des populations rurales, la nouvelle loi a eu un accueil mitigé. Certains se félicitent de l’adoption, tandis que d’autres émettent des réserves car disent-ils les nouvelles dispositions privent les villageois de beaucoup de prérogatives. En effet, tout exploitant forestier est désormais obligé de s’acquitter d’une autorisation ou encore d’un permis dûment délivré par les services techniques de la conservation de la nature. Les avantages de la nouvelle loi, selon le Directeur de la Dncn Alboncana Maà¯ga, les avantages de la nouvelle loi sont énormes. Ils permettent une meilleure gestion des ressources forestières, et contribuent pleinement dans le développement des communautés rurales. les nouvelles dispositions prévoient l’exploitation commerciale de la circulation, du stockage et du commerce international des produits forestiers. Notons que, de 1960 à  nos jours, divers textes législatifs et réglementaires relatifs à  la gestion des ressources naturelles ont été adoptés par le Mali. De façon générale, ces textes juridiques s’inspirent du -droit coutumier foncier et des principes du droit international de l’environnement.

Boulangeries : Vers l’arrêt de l’utilisation du bois

La réunion qui s’est tenue dans les locaux de son département lundi après-midi, a eu lieu en présence du conseiller technique Souleymane Cissé, du directeur national des eaux et forêts Alassane Boncana Maà¯ga. Ainsi qu’un représentant de la direction nationale des industries. En souhaitant la bienvenue à  ses invités, le ministre Sangaré a insisté sur l’impérieuse nécessité d’abandonner l’utilisation du bois dans la fabrication du pain. Il a expliqué que son département a le souci de préserver le couvert végétal sans pénaliser les activités économiques. «Â Faisons en sorte de ne pas atteindre le point de non retour dans la dégradation de notre couvert végétal », a-t-il exhorté. Il a proposé ensuite qu’à  défaut d’un abandon immédiat de l’utilisation du bois par les boulangeries, son département exigera que les boulangers s’impliquent dans le reboisement pour remplacer les arbres coupés. Reboisement et environnement A sa suite, le directeur national des eaux et forêts a révélé que dans le district de Bamako, selon une étude datant de 2008, 220 boulangeries existent dans notre capitale. 80% de ces boulangeries fonctionnent avec du bois et consomment 60% de ce combustible utilisé dans le district de Bamako. «Â La majorité de cette quantité de bois rentre dans la ville de façon frauduleuse », a précisé Alassane Boncana Maà¯ga qui a attiré l’attention sur le fait que les forêts ne peuvent plus supporter le rythme d’exploitation actuel. Il a plaidé pour la pratique consistant à  amener les boulangers à  produire eux-mêmes le bois dont ils ont besoin. Le porte-parole des boulangers M. Thiam, a indiqué que sa corporation est de C’œur avec le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement pour la protection du couvert végétal. «Â Même si on n’est pas spécialiste du domaine, on sait que le problème est réel. Nous consommons beaucoup de bois. Nous sommes prêts à  collaborer pour trouver une solution alternative à  l’utilisation du bois dans les boulangeries », a-t-il assuré en reconnaissant que beaucoup de boulangers utilisent le bois parce que cela amoindrit les coûts de fabrication du pain. Problèmes techniques Il a expliqué que l’utilisation du bois crée des problèmes techniques dans les boulangeries. Pour lui, la solution réside dans la concertation entre les services techniques et les boulangers pour trouver des solutions alternatives. « Si on veut vraiment arrêter l’utilisation du bois, on peut le faire. l’Etat peut nous aider en subventionnant l’adaptation des machines aux normes internationales et en détaxant le DDO », a-t-il proposé en faisant remarquer que les boulangeries emploient plus de 50.000 personnes. Prenant la parole pour conclure, le ministre Tiémoko Sangaré a constaté qu’il y a une unanimité sur l’urgence de faire quelque chose pour stopper la dégradation du couvert végétal. « Il ne vient à  l’esprit de personne de prendre des mesures pour mettre en péril les activités du secteur de la boulangerie », a-t-il rassuré en annonçant que les discussions se poursuivront avec les services techniques de l’Etat pour trouver une solution idoine. Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement a insisté sur l’implication des boulangers dans le reboisement en évoquant les clauses de responsabilité sociale des entreprises. « Nous allons faire appel aux clauses de responsabilité sociale des entreprises pour la systématisation de l’inscription du reboisement dans leurs activités », a annoncé le ministre Sangaré.

Association « Bois Sacré » : A la croisée de l’Afrique et de l’Europe

l’association « le bois sacré » créée en juin 2003 en France, est une initiative de Catherine Deligne. Elle explique que l’association a été créée afin de promouvoir la diversité culturelle des écoles d’arts d’Afrique et d’Europe. l’objectif principal selon elle, C’’est de créer une plate-forme d’échange entre enseignants et étudiants, puis des programmes de formation entre les écoles d’ici et d’ailleurs. Gage à  son avis, d’un développement de créativité artistique et de promotion des diversités culturelles. Sans compter que tout cet ensemble permettra aux jeunes artistes d’être partie prenante du développement socio-économique de leurs différents pays. Mme Deligne confesse que l’association a été créée non seulement pour mettre en réseau les écoles de France, mais aussi et surtout, d’organiser des échanges avec le conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté (CAMM-BFK) de Bamako (Mali). Bamako, capitale de la culture mondiale C’’est certainement ce qui amènera les membres de l’association le bois sacré à  tenir sa 5e assemblée générale au CAMM. Elle est composée de 11 écoles françaises et des écoles d’Espagne, du Danemark, de Côte d’Ivoire, du Bénin, du Burkina Faso et du Niger. Le directeur général du conservatoire, Abdoulaye Konaté explique que la CAMM est une jeune école qu’on peut considérer comme un laboratoire culturel. « Nous nous sommes fixés l’objectif de former de former des jeunes maliens qui amèneront la culture malienne à  travers le monde entier. Signalons que le conservatoire du Mali est un établissement d’enseignement supérieur qui assure la formation artistique et professionnelle des créateurs. Les domaines sont entre autres, le théâtre, la musique, la danse et les multimédias. Elargir les activités à  d’autres horizons Afin d’élargir les activités de l’association, sa présidente explique que les membres envisagent d’ajouter à  leur corde, l’Amérique et l’Asie. Et cela, dans le souci de renforcer le partenariat avec les écoles de formation d’art et de culture. Mr Konaté du conservatoire précise que dans ce rendez-vous du donner et du recevoir, notre pays pourra être d’un apport inestimable à  travers la mise à  contribution des traditionalistes qui disposent d’une énorme banque de données de connaissances. Le chef de la délégation de la commission de l’union européenne au Mali, Giacomo Durrazo salue cette initiative offrant l’opportunité selon lui, d’établir des échanges et dialogues entre différentes cultures et de partager les sensibilités artistiques et créative dans sa diversité. Le secrétaire général du ministère de la culture du Mali, Al Hadi Goà¯ta indique qu’en marge de la réflexion des actions de consolidation des acquis du bois sacré, les participants auront l’opportunité d’assister à  trois à  trois soirées culturelles. Elles se feront notamment au Centre culturel français de Bamako et au Grand hôtel. La clôture se fera demain jeudi 8 juillet au CCF avec les prestations de toutes les troupes de la dizaine d’écoles d’arts présentes à  Bamako.

Lutte contre la désertification : une bataille sur tous les fronts

Célébré le 17 juin de chaque année, la journée de lutte contre la désertification est un évènement reconnu sur le plan international. Instituée par le sommet de Rio en 1992, cette journée est mise à  profit pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les conséquences liées à  la désertification et à  la sécheresse. Au mali, elle a toujours eu une place de choix dans les activités de la Quinzaine de l’environnement. Cette année, la commémoration de la journée est placée sous le thème « Préserver terre et eau : protéger notre avenir à  nous ». Pour marquer le coup,la commission en charge de l’organisation de la quinzaine, a procédé mercredi au lancement d’un camp bio suivi d’une opération de reboisement dans la foret classée des monts mandingues (situés sur les berges du Diafarana ko et à  Kodabougou). (b Reboisement et aménagement forestier : des alternatives contre la désertification ] Selon Souleymane Diarré, Ingénieur forestier, la plantation d’arbres et l’aménagement des forets sont des alternatives pour lutter efficacement contre la désertification. Parlant du cas du Mali,selon l’inventaire des ressources ligneuses de la période 1965-1991, le domaine forestier couvrait 100 millions d’hectares sur lesquels uniquement 32,4 millions ont une réelle production forestière, soit 26% de la superficie du pays. A cela, il faut ajouter les formations végétales agricoles ou anthropiques (culture et jachère) estimée à  15,5 millions d’hectares. L’empreinte du climat et l’exode rurale Ces formations naturelles ont subi de profondes modifications, dues essentiellement à  l’aridité du climat, aux sécheresses successives et surtout aux activités anthropiques (défrichements agricoles, coupe abusive du bois, surpâturage, feux de brousse, surexploitation du bois d’énergie…). Pis, les services forestiers ont constaté que la couverture végétale au Mali diminue en moyenne d’environ 100 000 Hectares par an. Signalons la dégradation des formations forestières accentuée par l’accroissement de la population urbaine. Ce qui a engendré une très forte demande des villes en bois d’énergie. Dans son discours de lancement de la journée, le ministre de l’environnement a signifié que la gestion efficiente des ressources humaines est le gage d’un développement durable. « En un quart de siècle, d’importantes superficies de culture ont été compromises ou sont entrain de l’être. C’’est le cas de Tombouctou ou le système hydraulique du lac Fagibine s’est asséché. Cet assèchement tend à  aliéner la régénération des ressources liées à  l’élevage et à  la sécurité alimentaire, et hypothèque du coup, le développement économique de la zone ». Pour M. Diarré, la réponse aux pressions exercées sur les ressources forestières « réside dans la mise en œuvre de plans d’aménagement conçus à  cet effet, notamment le classement et la protection des surfaces forestières ». En définitive, le défi à  relever est énorme. Les agents en charge des domainees forestiers, sont confrontés aux difficultés d’aménagement et de protection des végétaux. Citons bien sur l’insuffisance des moyens mis à  disposition et la fragilité d’un écosystème.