Nigeria : Le Président Buhari est de retour

Un an seulement après son élection, le président Nigérian Muhammadu Buhari afficha des soucis de santé. Il s’était rendu plusieurs fois au Royaume-Uni pour se soigner ; Samedi 19 août 2017, il est enfin rentré au pays. Plus de cent jours ont passé sans qu’il ne se soit adressé à ses compatriotes, il l’a fait ce lundi 21 août 2017 à Abuja.

Agé de 74 ans, le Président Nigérian est rentré à Abuja, la capitale Nigériane, samedi 19 août 2017 aux environs de 15 heures 30 minutes, après une convalescence de 100 jours dû à des problèmes de santé apparu juste un an après sa prise du pouvoir. Des voix s’étaient élevées pendant son séjour pour demander son retour ou sa démission. Il a été accueilli par son vice-président et plusieurs personnalités à sa descente d’avion.

Après un premier séjour médical à Londres, au Royaume-Uni, en juin 2016, le président avait de nouveau été hospitalisé entre janvier et mars de l’année 2017. Dès son retour, il avait délaissé les responsabilités officielles, confiées à son vice-président Yemi Osinbajo. Ce lundi 21 août, l’ancien général de l’armée, s’est adressé à ses compatriotes à la télévision nationale. Dans ce discours à la nation, Buhari n’a pas manqué de les remercier pour les prières qu’ils ont formulé pour lui. Dans une allocution courte, il s’est dit « très heureux d’être de retour à la maison. » Visiblement fragile, le président n’a pas évoqué son état de santé, dont la nature reste secrète.

Buhari a aussi, lors de son discours, réaffirmé sa détermination à combattre Boko Haram et le crime organisé. Sur les prétentions d’indépendance qu’ont certains États au sein de la fédération, il a assuré que l’unité de la fédération n’est pas « négociable ». Il a regretté que certaines personnes sur les réseaux sociaux aient mis « en cause l’existence même » de la fédération. « Notre consensus national est qu’il est préférable de vivre ensemble, plutôt que de vivre séparer » a souligné le président Buhari.

Le chef de l’État nigérian, reprend donc les rênes du pays, avec de nombreux défis à relever. Mais sa longue convalescence inquiète encore, et certains se demandent s’il pourra continuer au vu sa santé précaire.

Nigeria: plus de 50 morts dans l’attaque de Boko Haram contre une mission pétrolière

Plus de 50 personnes ont été tuées lors de l’attaque menée mardi par Boko Haram contre une mission pétrolière dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué jeudi des sources médicales et humanitaires à l’AFP.

« Le bilan ne cesse de s’aggraver », a déclaré une source impliquée dans les suites de l’embuscade menée près Magumeri, ajoutant: « Nous en avons maintenant plus de 50 et de nouveaux corps arrivent ».

Les circonstances de l’embuscade tendue par le groupe jihadiste contre les gardes et une équipe de la Nigerian National Petroleum Company (NNPC), accompagnés de géologues de l’Université de Maiduguri, de retour d’une mission d’exploration, ne sont pas encore éclaircies, en raison du strict contrôle de l’armée sur les accès à l’Etat de Borno, épicentre des violences de Boko Haram.

De premiers éléments avaient fait croire initialement à une tentative d’enlèvement.

Mais un secouriste à Magumeri, situé à 50 km au nord-ouest de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, a déclaré qu' »à 19H00 (18H00 GMT) hier (mercredi), 47 corps ont été retrouvés dans la brousse autour de Magumeri ».

« Onze d’entre eux ont été grièvement brûlés lors de l’attaque. Ils ont été brûlés vifs dans leur véhicule, échoué dans un fossé. On les a enterrés là-bas parce qu’on ne pouvait pas les emmener à Maiduguri ».

« Ce soir (jeudi), on a retrouvé six nouveaux corps, dont celui d’un soldat, et il se pourrait qu’on en retrouve beaucoup plus parce que les équipes de secours fouillent partout aux alentours », a-t-il ajouté.

A l’Hôpital universitaire de Maiduguri (UMTH), un membre du personnel médical a déclaré de son côté: « Nous avons en ce moment 19 dépouilles de civils. Quinze d’entre eux étaient des vigiles (milice civile, ndlr) et quatre faisaient partie du personnel de l’hôpital ».

Un syndicaliste enseignant de l’Université de Maiduguri, Dani Mamman, a confirmé à l’AFP la présence des quatre corps et précisé que deux d’entre eux étaient des enseignants.

« Nous avons encore d’autres personnels manquants », a-t-il ajouté.

La production de pétrole au Nigeria est concentrée dans le delta du Niger (sud) depuis sa découverte en quantités commerciales en 1956.

Mais les attaques et sabotages répétés de rebelles locaux revendiquant un meilleur partage des ressources ont poussé le gouvernement à prospecter ailleurs.

Des explorations ont été lancées sur un territoire allant de l?État de Benue (centre) au nord-est où sévit Boko Haram.

Nigéria : frappe accidentelle sur un camp de déplacés, 50 morts

Au moins 50 personnes, dont six humanitaires de la Croix-Rouge locale, ont été tuées lorsqu’un avion de l’armée de l’air nigériane a bombardé par erreur un camp de déplacés dans le nord-est du Nigeria. Les frappes aériennes ont eu lieu vers 9 heures, heure locale (8 heures GMT), à Rann, dans le nord de l’État de Borno, épicentre de l’insurrection des islamistes du groupe Boko Haram, alors que les humanitaires distribuaient de la nourriture aux déplacés forcés de fuir les violences.

Selon un dernier bilan de l’organisation Médecins sans frontières, ses équipes sur place ont recensé 52 morts et 120 blessés. « Cette attaque à grande échelle contre des personnes vulnérables qui ont déjà fui des violences extrêmes est choquante et inacceptable », a déclaré le Dr Jean-Clément Cabrol, directeur des opérations de MSF. Aucun bilan officiel n’était disponible mardi soir, mais un officier supérieur nigérian a confirmé qu’il y avait « énormément » de victimes.

« Un avion militaire a bombardé par erreur Rann, au lieu de Kala », une localité voisine, a affirmé par téléphone à l’Agence France-Presse un habitant, Abba Abiso. « Ces dernières semaines, Boko Haram a déplacé sa base de la forêt de Sambisa vers Kala et un avion militaire a visiblement confondu Rann avec Kala », a-t-il ajouté. « Au moins 25 personnes ont été tuées et beaucoup plus blessées », avait estimé cet habitant.

Mauvaise cible

Un officier supérieur nigérian a confirmé sous le couvert de l’anonymat qu’il y avait « énormément » de victimes. « Il y a eu un malheur aujourd’hui à Rann, un avion de chasse a frappé la mauvaise cible », a-t-il précisé. Des employés locaux de MSF et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et deux soldats ont également été blessés, a-t-il ajouté.

MSF a affirmé que ses équipes « tentent de fournir de premiers secours d’urgence » aux blessés, demandant aux autorités « de mettre en place toutes les mesures possibles » afin de faciliter les évacuations d’urgence. « Nos équipes médicales et chirurgicales au Cameroun et au Tchad sont prêtes à traiter les blessés. Nous sommes en contact étroit avec nos équipes sur place, qui sont en état de choc. »

Le « brouillard de la guerre »

Six employés de la Croix-Rouge nigériane ont été tués dans le bombardement, a annoncé de son côté le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a également des équipes déployées dans la zone. « Parmi les victimes des frappes aériennes d’aujourd’hui à Rann, six membres de la Croix-Rouge nigériane ont été tués et treize, blessés », a déclaré un porte-parole du CICR. Le président nigérianMuhammadu Buhari a déclaré dans un communiqué qu’il avait appris avec « une profonde tristesse » ce bombardement qu’il qualifie de « regrettable erreur opérationnelle », tout en appelant les populations au calme.

Le major général Lucky Irabor, qui commande les opérations militaires contre le groupe djihadiste Boko Haram, a affirmé que l’aviation avait reçu des informations faisant état de regroupements de « terroristes de Boko Haram » dans la région de Kala-Balge. « J’ai ordonné à l’aviation d’intervenir pour résoudre le problème. La frappe a été menée, mais malheureusement il s’est avéré que des habitants ont été touchés », a-t-il ajouté lors d’un point de presse à Maiduguri, la capitale du Borno. Le major général n’était pas en mesure de fournir un bilan des victimes, précisant toutefois que des civils avaient été tués, et des employés locaux de MSF et du CICR blessés. « C’est le résultat du brouillard de la guerre », a-t-il ajouté. « C’est malheureux, c’est la raison pour laquelle cette guerre doit prendre fin. »

Ce bombardement survient alors que l’armée nigériane a revendiqué de nouvelles victoires contre la filiale du groupe État islamique en Afrique de l’Ouest, dont les combattants sont peu à peu chassés des territoires qu’ils avaient conquis dans l’État du Borno. Le mois dernier, l’armée a déclaré que le conflit entrait dans sa phase finale après presque huit années de violence qui ont fait au moins 20 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.

Boko Haram : « la guerre n’est pas finie »

Pour la énième fois, Boko Haram à travers son chef Abubacar Shekau réagit à l’annonce d’une défaite. Le groupe islamiste assure qu’il est encore capable de nuire à « ses ennemis » et menace les pays voisins du Nigeria.

L’armée nigériane avait pourtant affirmé quelques jours plus tôt avoir reconquis la forêt de Sambisa, bastion de Boko Haram dans le nord-est du pays. A la veille de Noël, le président nigérian Muhammadu Buhari avait annoncé triomphalement « l‘écrasement final des terroristes de Boko Haram dans leur dernière enclave » de Sambisa, forêt de quelque 1.300 km2 où s’étaient rassemblés de nombreux combattants après des revers militaires.  Cette victoire aurait représenté une victoire majeure pour l’état qui lutte contre cette milice ultra-violente depuis maintenant sept ans.

L’insaisissable chef du mouvement a donc douché les espoirs des populations en démentant dans une nouvelle vidéo les informations officielles. Publiée le jeudi 29 décembre, l’élément long de 25 minutes montre le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, annoncé mort à de nombreuses reprises, déclarant être « en sécurité, nous n’avons été chassés de nulle part. Et les tactiques et les stratégies ne peuvent pas révéler notre position, sauf si Allah le veut (…) ». Shekau, qui apparaît en bonne santé physique, ne précise pas où il se trouve, mais affirme que ces images ont été tournées le 25 décembre, jour de Noël. S’exprimant tour à tour en arabe et en haoussa, il profère de nouvelles menaces contre l’armée et les Nigérians, assurant que « la guerre n’est pas terminée ».

 

Nigéria : 179 lycéennes de Chibok toujours aux mains de Boko Haram

Enlevées en avril 2014 par Boko Haram, 21 lycéennes de Chibok ont été libérées hier jeudi. Alors que 179 autres restent aux mains des ravisseurs. Le Président Buhari a promis de les faire libérer.

C’était l’une des promesses de campagne de Mahamadou Buhari en 2015 : retrouver les lycéennes de Chibok enlevées. Ces derniers mois, au Nigeria, les critiques s’abattaient sur Buhari pour son incapacité à tenir sa promesse. Jeudi 13 octobre, 21 lycéennes de Chibok, enlevées par Boko Haram en 2014, ont été libérées à l’issue des négociations entre le gouvernement nigérian et le groupe terroriste, avec l’entremise du Comité international de la croix- rouge (CICR) et le gouvernement suisse.

Les jeunes femmes auraient été libérées contre quatre combattants de Boko Haram, au cours d’un échange dans le nord du Nigéria. « Ce n’était pas un échange », a démenti le gouvernement nigérian. Une fois libérée, elles ont d’abord subi un contrôle médical et psychologique. Selon le ministre nigérian de l’Information, Lai Mohamed, « Ce n’est qu’une première étape, et nous pensons que cela nous conduira à libération de toutes les filles. (…)Cela ne veut pas dire que nous mettons fin aux opérations militaires mais cela pourrait être une autre manière de conduire les contre-offensives dans cette guerre contre la terreur ». En effet, 179 filles restent toujours aux mains des djihadistes de Boko Haram. En avril 2014, ce sont 274 filles qui avaient été enlevées, 57 d’entre elles se sont enfuies.

Il reste que la secte islamiste Boko Haram reste active dans la région. Comme l’a prouvé, mercredi 12 octobre, l’explosion d’une bombe à la gare de Maïduguri. Et cela, malgré l’intervention militaire des pays tels que le Tchad, le Cameroun, le Niger ainsi que le Nigeria. De 2009 à nos jours, l’insurrection armée de Boko Haram a fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés. En 2014, le rapt de ces jeunes filles avait suscité des débats sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter avec la création du hashtag #Brinbackourgirls (« Ramenez-nous nos filles »). En visite en Allemagne, le président Buhari a promis de faire libérer les autres lycéennes. Jeudi, les chefs d’Etat-major des pays du lac Tchad ont décidé de donner un assaut final contre Boko Haram qui, de l’avis de nombre d’observateurs, est en position de faiblesse.

 

Nigeria, nouvelle vidéo de Boko haram montrant les « lycéennes de Chibok »

Dans cette nouvelle vidéo du groupe terroriste diffusé le dimanche 14 août, apparaissent des jeunes dont on dit qu’elles sont celles enlevées à Chibok en 2014. Tout cela intervient dans un contexte marqué par la division au sein du groupe terroriste.

C’est une vidéo de onze minutes qui circule sur les réseaux sociaux, et dans laquelle on peut voire un homme habillé en tenue militaire, masqué, est au milieu de plusieurs jeunes filles portant des voiles, qui seraient les « lycéennes de Chibok », disparues dans la nuit du 14 au 15 avril 2014 dans la ville de Chibok au nord-est du Nigéria. Diffusée le dimanche 14 août par l’organisation terroriste Boko Haram, la vidéo montre aussi une jeune fille s’exprimant, selon Reuters, dans « le dialecte local de Chibok ». À l’époque, elles étaient au nombre de 276, 57 sont parvenus à s’enfuir, plus de 200 restent disparues. Il est à noter que ce énième enregistrement ne porte pas de date.

Dans son message, le combattant islamiste, visible sur le vidéo, déclare : « Nous voulons envoyer ce message d’abord aux parents de ces filles pour qu’ils sachent qu’elles sont toujours avec nous, certaines d’entre elles, et deuxièmement, pour qu’ils disent au gouvernement fédéral du Nigeria, de libérer immédiatement nos frères emprisonnés (…) Certaines des filles, une quarantaine, ont été mariées avec la permission de Dieu, certaines sont mortes en conséquence des bombardements des infidèles » Selon l’Agence France-Presse, un père a déjà reconnu sa fille au cours d’un point de presse du mouvement militant pour le retour des jeunes filles, « Bring Back Our Girls ».

Il reste que du côté du gouvernement nigérian, la prudence est de mise, surtout avec la division à la tête de Boko Haram, qui n’arrange rien. Il y a quelques semaines, Abubakar Shekau avait été contesté par l’Etat islamique auquel Boko Haram s’était allié devenant ainsi l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire officiel de l’EI, Al Nabaa, Abou Mosab al Barnaoui avait été présenté comme le nouveau chef du califat de l’Afrique de l’Ouest. En réponse, Shekau avait, dans un enregistrement diffusé sur Youtube, dit qu’il « est toujours présent » et qu’il « n’acceptera aucun émissaire de l’EI ».

 

 

Le Niger menacé… Issoufou à Paris

Du 13 au 16 juin, le président nigérien est en visite officielle en France dans un contexte marqué par les récentes incursions de Boko Haram sur son territoire.

Pourquoi cette visite du Président nigérien, Mahamadou Issoufou, en France ? À Paris depuis lundi, il a rencontré, mardi, le Président François Hollande et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Demain Jeudi, il aura un tête-tête avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le président Issoufou s’est entretenu avec François Hollande, de la menace terroriste avec en toile de fond les dernières attaques de Boko Haram, il y a plus d’une semaine, qui ont visé la localité de Bosso, dans le sud-est du Niger, tuant 26 soldats. Un véritable électrochoc. L’attaque la plus meurtrière depuis que le Niger est entré en guerre, en 2015, contre la secte islamiste nigériane.

Maillon faible

Dans le Sahel, Issoufou est l’un des alliés de la France dans la guerre sans merci, qu’elle fait aux terroristes qui écument la région. Il reste que le Niger, aux yeux de beaucoup d’observateurs, fait figure de « maillon faible » dans cette lutte, certains experts allant jusqu’à rappeler que les forces armées nigériennes, manque de matériels et d’hommes, outre le fait qu’elles sont en permanence la cible d’attentats perpétrés par la secte islamiste.
Ce voyage du président nigérien, intervient un mois après le sommet d’Abuja consacré à la lutte contre Boko Haram qu’on disait aux abois depuis le début de l’année,  mais qui continue de semer la terreur.

Est-ce à dire que ce fut un sommet pour rien ? ce n’est pas l’avis du Malien Soumeïlou Boubèye Maïga, ancien ministre de la Défense, ayant également dirigé les services de renseignement, et aujourd’hui expert à l’Union africaine sur les questions de terrorisme et extrémisme :

« Nous sommes dans une situation asymétrique qui fait que les armées conventionnelles -la preuve en est faite tous les jours- ont beaucoup de difficultés à cerner durablement les activités des groupes terroristes (…) Le Sommet a certainement contribué à mieux définir les axes de coopération, c’est-à-dire que plus d’efforts doivent être portés sur la conception, la planification, la logistique et l’organisation du commandement et du renseignement. Et surtout ce qu’on voit bien, c’est que c’est un conflit qui ne se mène pas à une échelle nationale. Donc cela doit conduire nos pays à nous engager dans une offensive permanente, générale. Il faut que ce soit une vraie guerre jusqu’à atteindre le niveau d’éradication [de Boko Haram] afin que cela ne pose plus problème au fonctionnement normal des États. », confiait-il à R.F.I il y a quelques jours.
Lors de leur déclaration conjointe, le Président français a souligné que la France apportera un appui au Niger dans la lutte contre Boko Haram. Il s’agira surtout d’un travail de coopération, de formation, d’équipement, de renseignement. Il a aussi été question de la participation de la France pour appuyer la Force multilatérale et « ainsi porter les coups nécessaires à Boko Haram ». Le déploiement dans la région du Sahel des forces françaises a aussi été évoqué, à cause de la «tentative toujours répétée des groupes terroristes de faire en sorte que le nord du Mali puisse être déstabilisé ».

Nigeria, ce qu’il faut pour détruire Boko Haram

À Abuja, les pays ayant pris part au sommet sur la sécurité et Boko Haram, ont fait clairement savoir l’urgence qu’il y a à venir à bout de la secte islamiste qui est loin d’être vaincue.

«C’est le combat d’une génération contre un démon qui nous détruira tous si nous ne le détruisons pas.» Ainsi s’exprimait le chef de la diplomatie anglaise, Philip Hammond, au cours du sommet régional consacré à la lutte contre Boko Haram, tenu à Abuja et qui a réuni, outre les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Nigeria, Cameroun, Niger, Tchad), les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Ces propos de Philip Hammond rappellent ceux d’un diplomate nigérian qui, en 2014, quelques heures après la libération de la famille Moulin-Fournier enlevée dans le nord du Cameroun par Boko Haram avait déclaré : « Si nous ne détruisons pas Boko Haram rapidement, c’est Boko Haram qui nous détruira. »

Aujourd’hui, de l’avis de beaucoup d’observateurs, le mouvement terroriste qui donnait l’impression d’être bâti sur du roc, perd du terrain mais n’a toujours pas été détruit et les pays du bassin du lac Tchad sont déterminés à enfoncer le dernier clou dans son cercueil.

Le sommet du samedi 14 mai 2016 s’est conclu sur le constat que l’influence de Boko Haram a considérablement faibli, mais les participants ont appelé la communauté internationale à soutenir davantage financièrement, militairement les pays de la région. C’est l’avis du Président français, François Hollande, qui estime que Boko Haram a été « amoindri, obligé de reculer », mais qu’il « reste encore une menace ». Pour arriver à bout de la secte, le communiqué final du sommet souligne que «la défaite de la secte ne repose pas seulement sur une solution militaire mais également sur une action gouvernementale de développement en vue d’en éradiquer les causes ». « Il faut gagner les cœurs et les âmes de ceux qui sont terrorisés par Boko Haram », a ajouté M. Hammond. De 2009 à nos jours, la secte a fait plus de 20 000 morts dans cette région du lac Tchad et plus de 2 millions de déplacés, rendant ainsi critique la situation humanitaire. Depuis juillet 2015, une force multinationale mixte (FMM) de 8.500 hommes, originaires du Nigeria et des pays voisins, a été déployée mais reste confrontée à un problème de coordination. M. Hollande a notamment fait savoir que la France allait poursuivre son soutien à cette force d’intervention en termes d’assistance et de renseignement. Aussi, n’a-t-il pas exclut la possibilité que les forces de Barkhane, présentes dans le Sahel, interviennent. Outre qu’une lettre d’intention pour un accord de défense entre la France et le Nigeria a été signée.

Des liens avec l’Etat islamique

Vendredi, à la veille du sommet, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une déclaration dans laquelle il s’est dit inquiet de l’existence de « liens entre Boko Haram et l’Etat islamique ». On se rappelle qu’il y a un an de cela, la secte islamiste a pris le nom de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest après qu’elle eut prêtée allégeance à Daesh. De fait, en Libye, l’EI est en train de renforcer sa position, surtout qu’il a étendu son contrôle à l’ouest de Syrte, ville qu’il contrôle depuis juin 2015.