Bolle : quelle prise en charge pour les enfants des détenues ?

Sur les 204 détenues du centre de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles de Bollé, il y a 26 femmes avec leur enfant en bas âge.  Ce n’est qu’après leur 3ième anniversaire que les enfants sont récupérés en attendant la libération de leur mère. « La loi dit que lorsque l’enfant n’a pas 36 mois donc 3 ans, il peut rester avec sa mère détenue, c’est pour cela que nous avons une crèche à l’intérieur où on peut s’occuper des enfants. Quand l’enfant atteint 3 ans, il est confié à un parent à l’extérieur, s’il n’a pas de répondant, les structures appropriées existent pour y palier » explique le Lt-Colonel Boubacar Z Camara, directeur général adjoint de la prison de Bollé. Créé en avril 2015, c’est généralement à l’orphelinat Nelson Mandela où sont placés les enfants en attendant la libération de la mère. Mais, cette procédure n’est enclenchée que lorsqu’il n’y a pas de proches pour s’occuper de l’enfant. « Les enfants viennent sous l’ordonnance du juge des enfants. A partir de 6 ans, ils vont tous à l’école, le franco-arabe pour certains et d’autres suivent les cours à l’école fondamentale classique de Bolle ». L’orphelinat accueille aujourd’hui sept enfants de détenues qui attendent impatiemment la libération de leur mère.

Exposition : « Echos de la crise malienne en prison »

«Â Echos de la crise malienne en prison, expression des femmes détenues à  travers la photo, la vidéo, la peinture et le bogolan », tel est le thème de l’exposition qui se tient du 28 au 30 mars au centre Anw – Ko Art de Niamakoro à  Bamako. Les tableaux exposés sont les œuvres des femmes détenues de la prison de Bollé. Ces réalisations ont été possibles grâce à  la structure BE KA FILMS qui est aux côtés des femmes du milieu carcéral depuis trois ans. Pour cette édition, la parole est donnée à  ces femmes de s’exprimer sur la crise que traverse le Mali. Depuis leur lieu de détention, elles suivent quotidiennement l’actualité par le biais de la télé ou de la radio. Sur certaines photos ou bogolan, elles prônent la paix et l’union de tous les Maliens. Sur d’autres, C’’est plutôt les couleurs qui parlent, on peut ainsi voir, les drapeaux du Mali et de la France, une sorte de reconnaissance envers de l’Hexagone pour sa prompte intervention militaire. Par ailleurs, dans un film de cinq minutes, les détenues ont dénoncé la politique de deux poids deux mesures des autorités. Elles pensent que les vraies coupables ne sont pas arrêtées, et que celles qui n’ont pas les moyens pour se défendre restent longtemps en prison avant d’être jugées. La promotrice de cette initiative, Awa Traoré, s’est réjouie du travail de ces femmes car C’’était une occasion pour elles de révéler leur talent. Ce vernissage a été bien accueilli par les visiteurs, en témoigne les ovations après la présentation de chaque catégorie d’œuvres par les encadrants. Certains visiteurs interrogés sur leur appréciation des œuvres ont répondu que C’’est une réalisation formidable qu’il faudra soutenir. Pour leur venir en aide, une vente des œuvres aura lieu le 13 avril 2013 à  l’occasion d’une journée de plaidoyer pour les droits des détenus au palais de la culture de Bamako.

Bollé : atelier de création pour les femmes en milieu carcéral

Il est dix heures ce vendredi matin au Centre de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles de Bollé à  Bamako. Elles sont quatorze détenues, sous un hangar, à  préparer le matériel pour débuter des travaux en atelier. Réparties en quatre groupe, elles s’essayent à  la prise de vue, à  la manipulation de la camera, à  la peinture et au bogolan. Cette initiative est l’œuvre de la réalisatrice de film documentaire Awa Traoré. C’’est la troisième année qu’elle essaie, avec sa structure BEKA Film, de partager un instant de bonheur avec les femmes du milieu carcéral. Malgré un début difficile, cette jeune réalisatrice n’a pas démérité. Pour elle, «Â les deux premières années n’étaient pas évidentes puisque la prison est un lieu sensible surtout quand il s’agit des femmes. Il fallait trouver les moyens de rentrer petit à  petit, d’installer une certaine confiance avant de pouvoir aller très loin dans les activités. » Awa Traoré a gagné cette confiance en célébrant avec les détenues, la journée internationale de la femme avec des projections de films sur les conditions des femmes, la relations mère-enfant, les femmes battantes, etc. Parole aux détenues Pour cette troisième édition, la parole est donnée aux femmes détenues de s’exprimer sur la crise malienne, de savoir si elles sont au courant de l’actualité hors de leur lieu de détention et ce qu’elles en pensent. Un pari osé mais qui vaut la peine d’être salué car tous les Maliens ont droit à  l’information. Awa se réjouit aujourd’hui parce que ces femmes participent pleinement aux activités, apprennent et oublient pour un moment leur quotidien. «Â Pour moi C’’est le plus important » indique-t-elle. l’autre objectif de cet atelier est non seulement de permettre à  ces femmes de découvrir leur talent caché par le biais de ces activités culturelles, ce qu’elles peuvent en faire si elles sont libérées plus tard, mais aussi de les faire participer à  la journée de la femme célébrée chaque 8 mars. «Â Cet atelier nous fait du bien, C’’est un moment de vie inoubliable. à‡a nous réconforte de voir des gens de l’extérieur penser à  nous. Cette formation est très bénéfique, en plus elle est gratuite. Après la sortie, J’essayerai de mettre en pratique ce que J’ai appris ». nous confie une détenue. Par ailleurs, le Directeur Adjoint du centre de détention, Sidibé Dramane, trouve que cet atelier participe à  la réinsertion des détenues et contribue à  diminuer la récidive. 8 Mars: Bollé a aussi droit à  la lumière Pour le moment C’’est la prison de Bollé qui bénéficie des activités de BEKA Film. Cependant, Awa Traoré regrette le fait que les prisons au Mali manquent énormément d’activités culturelles. Elle pense que la culture est faite pour des gens qui ont des histoires et de surcroà®t les personnes détenues. « Il faut mettre en place un dispositif pour qu’il y ait plus d’activités culturelles dans les prisons. à‡a leur permet de s’exprimer, de se découvrir et de reconstruire une personnalité. » Son ambition est d’être accompagnée tout au long de l’année par des partenaires techniques et financiers. Débutée ce 28 février, la phase pratique de l’atelier prend fin le 4 mars. Des expositions sont prévues du 8 au 10 mars au centre de détention de Bollé, du 14 au 16 mars au centre Awa Keita, du 22 au 24 mars au centre Soleil à  Hamdallaye et du 29 au 31 mars au centre Anko art.

Témoignage : Un 8 Mars avec les femmes de la prison de Bollé

Comme toutes les femmes elles ont aussi des droits : droit à  l’épanouissement, droit à  l’instruction et à  l’éducation pour une vie future meilleure. C’’est ainsi que grâce au soutien indéfectible du CNCM (centre national de la cinématographie du Mali) la société BE KA FILMS, une structure pour la diffusion, la distribution et la production de films a projeté deux films documentaires pour les femmes détenues, rien que pour elles. Cette activité a pour but de non seulement de faire participer pleinement les femmes détenues du centre Bollé à  la célébration du 8 mars, à  contribuer à  leur éducation mais aussi à  la promotion des films documentaires africains qui sont jusque là  très peu vus par les africains. Les deux films documentaires ‘’Collier et la perle » de Mamadou Sellou Diallo‘’ et ‘’Bilim Bi jam » de Bell Simon Pierre sont des films très instructifs, avec les sujets touchant directement les femmes. Il faut entendre par documentaire, la réalité filmée. Le premier film ‘’ le Collier et la perle » de 52minutes aborde la thèse de la construction sociale de l’identité féminine à  travers la relation mère-enfant. Le réalisateur filme sa femme enceinte qui par la suite accouche d’une fille. Il montre dans son film, comment le corps de la mère après l’accouchement se reconstruit. Cette femme ‘’ déchue de sa grâce, victime de l’amour et du sexe » comme le souligne le réalisateur prend soin de sa fille en lui transmettant les codes et valeurs de la féminité par des petits gestes du quotidien. Ce film est donc une lettre d’un père à  sa fille qui apprend à  être femme auprès de sa mère et sa grand-mère. Un film très poétique et intimiste réalisé avec pudeur et respect. Le second » Bilim Bi jam » de 26 minutes à  monter le portrait d’une brave femme hors pair du Cameroun profond, une jeune dame d’une trentaine d’année qui se bat pour gagner sa vie dans les métiers habituellement réservés aux hommes( le transport en motos, le sillage de bois, l’exploitation de terre, la production d’huile de palme) rien que pour vivre dignement et subvenir au besoin de sa famille. Une fille étrange comme le titre du film l’évoque amène le spectateur dans ses aventures et nous montre une fois de plus que seul le travail libère l’Homme. Moi, en tant qu’organisatrice de cette activité, je suis plus que contente. C’’est un bonheur de voir le bonheur de ces femmes devant l’écran, de partager leur joie de découvrir et de se découvrir à  travers les films projetés. Mais pour la pérennisation d’une telle activité qui pour la première fois projection était non payante il faudra des soutiens pour une remontée d’un minimum de recette pour les réalisateurs des films pour qu’ils puissent continuer à  produire.