Boubacar Baba Diarra : « J’ai compris que le problème, c’était le Président »

Sous sa présidence, le Mali a remporté la première Coupe d’Afrique de son histoire, s’est fait suspendre par la FIFA et une crise de plus de deux ans a paralysé son football. A deux semaines de la fin de son mandat, le Président de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), Boubacar Baba Diarra, se livre sans concession à Journal du Mali et revient sur ses quatre années à la tête de la Fédération.

Quel bilan tirez-vous de vos quatre années à la tête de la FEMAFOOT?

Lorsque nous sommes arrivés, nous avons constaté qu’au niveau du fonctionnement et de l’organisation, il y avait quelques insuffisances. Il fallait commencer par les combler. A l’époque, il n’y avait pas d’organigramme fonctionnel formel et les opérations financières n’étaient pas circonscrites dans le cadre d’un manuel de procédures. A partir du moment où l’entité réalisait un chiffre d’affaires annuel de plus d’un milliard de francs CFA, il fallait sortir d’une gestion artisanale. Nous nous y sommes attelés. Nous avons également organisé pour la première fois au Mali, avec l’appui de la FIFA et de la CAF, une formation pour l’obtention de la Licence A,  le diplôme suprême pour les entraineurs. 19 en ont bénéficié. Nous avons modernisé les infrastructures des clubs et obtenu d’Orange-Mali qu’elle augmente sa subvention annuelle de 16 à 20 millions de francs CFA. Tout ceci nous a permis de produire de meilleurs résultats. Les Cadets ont été Champions d’Afrique et Vice-champions du monde en 2015. Les Juniors ont été quatrièmes d’Afrique et troisièmes de la Coupe du monde 2015. La sélection locale a été Vice-championne d’Afrique au Rwanda en 2016. Les Aigles se sont qualifiés pour les différentes Coupes d’Afrique. Nous avons obtenu de nos partenaires un financement de 1,2 milliard pour doter les terrains du Nord (Kidal, Gao, Tombouctou) de gazon synthétique de dernière génération. A Gao et Tombouctou, c’est déjà fait. Pour Kidal, les travaux débuteront dès que la situation sécuritaire le permettra.

Avez-vous été empêché de travailler dans la quiétude ?

Tous les résultats que nous avons obtenus l’ont été dans la douleur, parce qu’on ne nous a pas laissés travailler. Je suis convaincu que si nous avions œuvré dans la sérénité et la quiétude le Mali serait déjà détenteur de la Coupe d’Afrique des Nations. Les contingences liées à des rivalités personnelles inutiles, à des problèmes entre camarades d’âge, nous ont empêchés de travailler.

Vous avez décidé de ne pas vous représenter. Pourquoi ?

Nous avons eu un problème qui est devenu national. Tous les pans de la Nation ont été impliqués dans sa gestion. J’ai compris à un moment que le problème, c’était le Président. Il y avait une Nation face à un individu et un individu n’est rien devant une Nation. J’ai donc décidé de m’effacer. Si c’est moi qui pose problème à la Nation malienne dans le secteur du football, je me retire, pour apporter l’accalmie et la paix.

Durant votre mandat, le Mali a été suspendu et une crise a paralysé le football. Regrettez-vous les décisions qui ont conduit à ces évènements ?

J’avoue que, si c’était à refaire, je prendrai les mêmes décisions. J’étais en phase avec les règlements de la Fédération. Je n’ai ni dévié, ni inventé quoi que ce soit. Peut-être avions-nous perdu l’habitude de nous normer. Quand je suis arrivé, j’avais pour credo le respect scrupuleux des textes. Je ne regrette rien.

Avez-vous profité de votre poste pour percevoir de l’argent indûment ?

Nous sommes dans un pays où on se permet d’accuser à tort les honnêtes gens. La FEMAFOOT fait partie des institutions les mieux gérées au Mali. Chaque année, la CAF et la FIFA nous auditent sur les sommes allouées. Que peut-on détourner dans cette situation ? L’argent que l’Etat donne pour le football, je n’en vois pas la couleur. Il est géré par la Direction des finances et du matériel du département des Sports.

Quelles étaient vos relations avec le ministre des Sports, qui a dissous votre comité, et l’ancien sélectionneur Alain Giresse ?

Avec le ministre, j’avais les meilleures relations. Lorsque j’étais le 2ème Vice-président du Comité exécutif dirigé par Salif Keita, il en était le 3ème.  On évoluait en symbiose jusqu’à l’avènement de la crise. Je n’ai pas compris certaines prises de position, mais, dans les affaires publiques, il y a souvent des frictions.

Giresse, au début, n’était pas mon choix, honnêtement. Mais dès que nous avons décidé de travailler avec lui, je n’ai jamais interféré dans ses décisions. J’ai contribué à des prises de contact avec certains joueurs, mais le dernier mot lui revenait toujours. Lorsque j’ai compris qu’il avait des difficultés à faire évoluer l’équipe, surtout après la CAN 2017 au Gabon, je n’étais pas du tout satisfait. C’est normal en tant qu’employeur.

On vous accuse de faire pression sur la Commission électorale pour faire gagner votre candidat lors de la prochaine élection ?

Je suis surpris. Comment pourrais-je torpiller un processus électoral ? Il faut que les personnes sachent raison garder. Vous comprenez pourquoi je veux sortir de cette spirale.

FEMAFOOT : Une crise sans fin ?

Nouveau rebondissement dans le dossier de la crise du football, la FIFA vient de signifier son intention de non-participation à la mise en place du comité de normalisation, qu’elle devait pourtant superviser. Une position qui suscite plein de remous et qui pourrait relancer la crise.

« Nous sommes au sortir du tunnel, nous n’en sommes pas totalement sortis » estimait le chef du collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM) lors d’une interview exclusive accordée au Journal du Mali. Ses craintes semblent se justifier désormais. Le protocole d’accord signé le 27 avril 2017, prévoyait la mise en place au bout de 45 jours d’un comité de normalisation sous la supervision de la FIFA. Sauf que l’instance dirigeante du football a un tout autre regard sur le protocole d’accord. « A ce sujet, nous devons cependant vous informer de ce qu’il suit, la FIFA n’étant pas partie prenante du protocole d’accord, elle ne se sent en aucune manière liée aux résolutions prises » a soutenu la secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura.

Avant d’ajouter : « Conformément à l’article 8 al.2 des status de la FIFA, remplacer un comité exécutif élu par une commission de normalisation est une mesure exceptionnelle qui relève du pouvoir exclusif de la FIFA. Une telle décision ne peut être prise sans que la FIFA ait au préalable constaté que les conditions de son application sont réunis. Or, il apparaît que dans le cas présent, les circonstances particulières ne sont telles qu’elles justifient le remplacement du comité exécutif par un comité de normalisation, à 6 mois de la fin de son mandat ».

Ce qui en clair, veut dire que le président de la FEMAFOOT, en place pour 45 jours selon les dispositions du protocole d’accord, irait au bout de son mandant, qui court jusqu’en novembre.

« C’est le Mali qui s’est fait avoir, l’Etat aurait dû l’amener (Baba Diarra) à démissionner. Il y a beaucoup de dessous dans cette affaire, certains veulent voir le ministre partir, mais nous, nous ne sommes pas dans ces considérations, c’est le sportif qui intéresse » analyse Mamadou Dipa Fané, chef du CLCM. La crise ne semble donc pas derrière nous. « Nous avons toujours la sentence (celui du TAS rendu le 4 octobre 2016), mais nous allons attendre jusqu’à vendredi (26 mai), et la réunion avec le comité de suivi du protocole d’accord pour décider » a-t-il conclu.

 

Boubacar Baba Diarra – Mamadou Dipa Fané : Le face à face

Après plus de trois ans d’une crise qui s’est soldée par une suspension du Mali par la FIFA, les deux principaux protagonistes de cet épineux problème ont signé le 27 avril 2017, un accord censé y mettre fin. Dans la foulée, Boubacar Baba Diarra, président de la FEMAFOOT, et Mamadou Dipa Fané, président de Collectif des clubs et ligues majoritaires (CCLM), ont bien voulu nous accorder des interviews exclusives, respectivement le vendredi 5 et le jeudi 4 mai, dans lesquelles ils nous livrent leurs appréciations de l’accord et de la crise dont les multiples rebondissements n’ont que trop longtemps parasité le football malien.

Général Boubacar Baba Diarra

Le 27 avril au soir vous avez serré la main de Mamadou Dipa Fané. Doit-on comprendre que la crise qui a longtemps paralysé le football malien est derrière nous ?

Je pense que l’accord est un bon compromis parce qu’il nous permet de sortir définitivement de la crise, s’il est exécuté dans son entièreté. De notre côté, nous sommes disposés à tout faire pour que l’accord soit appliqué. Encore une fois, il va permettre de mettre un terme à la crise, c’est le plus important.

Les termes de l’accord vous satisfont-ils vraiment, quand on sait que votre secrétaire général et son adjoint ne font plus partie de l’équipe ?

Quand on part dans une négociation, il faut faire des sacrifices. Le départ des deux secrétaires généraux a été très mal ressenti au niveau de la fédération parce que ce sont des personnes qui maîtrisent le football malien. Pour qui connait le SG, Yaco uba Traoré, c’est l’un des meilleurs administrateurs du football au Mali aujourd’hui. Lorsqu’on doit se séparer d’une personnalité comme ça, on ne peut que ressentir de l’amertume. Mais, nous avons décidé de mettre le pays au devant pour qu’ensemble nous avancions. C’est ce que l’on a fait.

En même temps, l’ancien secrétaire général ne répond pas à certains critères essentiels, tels que la catégorie A, pour occuper ce poste. La revendication du CLCM est donc légitime…

Oui, mais lorsque nous arrivions au football, il n’y avait pas ce critère de catégorie pour les administrateurs. Ce n’est pas comme au niveau de la CAF ou de la FIFA où on parle de catégorie. C’est récent. Quand on est mis devant une telle situation, on n’a pas de recul car ce sont les textes qui l’exigent. Il faut donc l’appliquer.

Pour certains observateurs cette paix est plus une accalmie qu’une fin de crise définitive. Que pensez-vous de cet avis ?

Au niveau de la fédération, nous ne savons pas ruser ni utiliser la malice pour faire avancer les choses. Personnellement, je ne pense pas que ce soit une accalmie. Peut-être que nos camarades d’en face sont pessimistes, mais pas nous.

Avez-vous respecté vos engagements prévus par l’accord ?

Jusqu’ici, j’ai exécuté à la lettre tout ce qui était prévu. Je devais procéder au changement des secrétaires généraux avant le vendredi 5 mai, je l’ai fait. J’ai écrit à la Cour suprême pour retirer la plainte que j’avais déposée contre la décision du ministre des Sports portant dissolution du comité directeur de la FEMAFOOT. Nous avons écrit aux différents clubs et ligues pour leur signifier la décision de la levée des sanctions prises à l’encontre des dirigeants de football dans le cadre de la crise. J’ai écrit à la FIFA qui a levé les sanctions qui pesaient sur le Mali. Je l’ai invité dans une autre lettre à assister à l’Assemblée générale du 12 juin, dans le but de mettre en place un comité de normalisation. Ce vendredi 5 mai 2017, j’ai écrit aux ligues de Ségou et Bamako pour leur dire de préparer la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire élective pour le 26 mai.

Votre gestion financière de la fédération est mise constamment en doute.

Dans ce pays, quand on veut accuser quelqu’un, on dit qu’il a volé de l’argent. C’est courant et c’est facile. Chaque année la FEMAFOOT est auditée au moins deux fois par la FIFA et la CAF. Lorsque la FIFA vous donne de l’argent et que vous l’utilisez, il est exigé de justifier les fonds à la suite d’un audit. Si on avait volé de l’argent, comme certains le prétendent, vous croyez que la FIFA nous aurait accordé d’autres financements ? Soyons sérieux.

Vous avez tenu tête au ministre Guindo et vous voilà de nouveau rétabli dans vos fonctions. Est-ce une victoire pour vous ?

Je n’ai pas tenu tête au ministre Guindo. J’ai passé 38 ans au service de la puissance publique, je connais l’État dans ses profondeurs, dans toutes ces dimensions et une personne qui a ce passé, cet état de service ne peut avoir que du respect pour l’État. Je ne peux vouloir humilier l’État encore moins son serviteur qu’est le ministre des Sports. Mais j’ai défendu une position de principe. Quand je crois à la justesse des actes que je pose, je les pose et je reste derrière ces actes-là. Je suis fondamentalement ancré dans la tradition malienne, et je ne pourrai jamais chercher à humilier un cadet, même s’il n’était pas ministre. Je ne considère pas ça comme une victoire. C’est un pan de l’histoire maintenant.

Vous êtes en place pour 45 jours ? Que comptez- vous faire ensuite ? Pensez-vous à vous représenter ?

J’avoue que je préfère ne pas répondre à cette question. On attend de voir les choses venir.

Vous avez chaleureusement serré la main de Mamadou Dipa Fané, qui était votre ami. La hache de guerre est-elle enterrée ?

Il n’y a pas d’anciens amis dans la vie. Dire ancien ami c’est un échec pour nous, pour Dipa Fané et pour moi. On a eu des divergences de points de vue à un moment donné et dès que c’est réglé on met ça sur le compte du passé, on continue. On peut s’empoigner sur le football, mais on ne se tuera pas. Il y a des limites qu’on ne dépassera jamais. Ils demeurent (Mamadou Fané et Moussa Konaté, ndlr) pour moi des amis.

La FIFA est accusée de partialité dans la gestion de la crise malienne. Qu’en pensez-vous ?

Vous pensez que la FIFA soit capable de partialité ?

Vous auriez même payé pour influencer la décision et l’agent incriminé, Primo Corcavo, aurait même été sanctionné par la FIFA ?

(Rire) Malheureusement, dans notre société, on a érigé le mensonge en mode de fonctionnement. Je ne sais pas si Primo a été sanctionné par la FIFA. Je sais que lorsqu’une nouvelle administration s’installe, elle est obligée de se défaire d’un certain nombre d’agents, ça arrive. Vous pensez que je peux avoir l’argent pour corrompre quelqu’un de la FIFA ? C’est mal connaître cette institution. Il faut qu’on sorte de la question d’argent. Nous sommes dans le domaine du football, mais j’ai constaté que ces trois dernières années, la question financière était l’épicentre de la crise.

Votre gestion financière est donc à l’origine de la crise ?

Non ce n’est pas vrai. C’est parti de la non application des dispositions d’un règlement spécial du championnat. Dans ces dispositions, il est dit qu’une équipe qui observe forfait est reléguée. Ces personnes n’ont pas voulu nous laisser travailler. Ce sont des mauvais perdants. À un mois des élections, ils ont lancé les hostilités. Quelle gestion ? Je n’aime pas jeter la pierre aux gens mais pourquoi cette importance de la gestion financière dans une discipline comme le football ? On dirait que la FEMAFOOT est une succursale de la Banque centrale. On n’a jamais autant parlé d’argent à la fédération que maintenant. Pourquoi ? Peut-être parce que quelqu’un est trop intéressé par les moyens de la fédération. Et personne ne peut apporter de preuve sur un détournement d’argent. Chaque année, je convoque une assemblée générale à laquelle je soumets un rapport financier, et ce rapport est envoyé à tous les membres de la fédération y participant, y compris le ministère des Sports. Pendant trois ans, on n’est jamais venu à l’assemblée pour dire « votre rapport n’est pas bon », mais c’est dans la rue qu’on apprend que l’argent a été détourné.

Vous avez reproché à la presse d’envenimer la crise…

Je l’ai dit frontalement à certains journalistes. Il y a des journalistes qui sont venus me voir pour me dire qu’il était temps d’arrêter cette crise. Je leur ai rétorqué que si la crise avait pris de l’ampleur, pour atteindre un certain niveau, il y allait de leur faute parce qu’à un moment donné, il y a des journalistes qui ont pris position pour l’un des deux camps. Si les journalistes s’étaient mis ensemble pour aller dire au protagoniste qui a tort, vous avez tort, il faut revenir en arrière, la crise n’aurait pas atteint ce niveau. Chacun a prêché pour sa chapelle et s’est abrité derrière la version de son camp. Cela a fait empirer les choses.

Votre vision pour l’avenir du football malien ?

Vu tout le travail de fond effectué par la Fédération malienne de football, l’amélioration des infrastructures du football et la formation, et surtout l’investissement qu’on a fait sur les jeunes, je peux dire que l’avenir du football malien peut être radieux. Si l’effort que nous avons fait, la vision que nous avons étaient soutenus par ceux qui viendront après nous, le Mali pourra respirer dans les deux ou trois années à venir.

Mamadou Dipa Fané

Le 27 avril au soir, vous avez serré la main de Boubacar Baba Diarra. Doit-on comprendre que la crise qui a longtemps paralysé le football malien est derrière nous ?

Nous sommes au sortir du tunnel, nous n’en sommes pas totalement sortis. Vous vous mettez autour d’une table, vous convenez de quelque chose, vous le mettez sur papier. À partir du moment où c’est écrit, il se pose des questions d’interprétation et c’est là où les avis divergent et ces divergences peuvent faire en sorte qu’au lieu que nous sortions tout de suite de la crise, celle-ci peut trainer un tout petit peu parce que, il faut en toute chose moins de malice et beaucoup de bonne foi. Quand vous prenez un texte, il y a l’esprit, il y a la lettre. Un exemple : il est dit qu’« il sera nommé un secrétaire général » et un secrétaire général adjoint. Les gens vont dire « mais vous n’avez pas tout dit parce que vous auriez dû mettre le mécanisme de nomination qui nomme, quand il doit le faire, la procédure de nomination, etc. ». Les gens qui sont autour de la table sont intelligents, sont des adultes, sont des responsables. Nous avons pris soin de ne pas noter dans le protocole que ce serait quelqu’un du comité de normalisation (CONOR) parce que la FIFA aurait dit « ah bon, ils ont déjà décidé ». Mais autour de la table, il a été précisé que pour des questions d’éthique et de neutralité, le secrétaire général et le secrétaire général adjoint viendraient du CONOR. Donc ce n’est pas encore la sortie du tunnel. L’interprétation fait que cette sortie traîne encore.

Êtes-vous satisfait par les termes de l’accord ?

Nous sommes satisfaits. Notre combat depuis trois ans, c’était de faire en sorte que nous puissions avoir au niveau de la FEMAFOOT une autre forme de gouvernance administrative et financière. L’accord dit dans son troisième point que le même jour (vendredi 28 avril), le président de la Fédération doit s’engager à tenir une assemblée générale au plus tard le 12 juin à l’effet de la mise en place d’un comité de normalisation sous la supervision de la FIFA. Pour nous, l’ancien président devait donc, le 28, faire une lettre à la FIFA pour dire que la situation était devenue saine et qu’il fallait qu’elle vienne pour que nous mettions en place le CONOR. Jusqu’au moment où je vous parle, il ne l’a pas fait. Tout cela fait que l’application de l’accord est un tout petit peu inquiétante pour nous, car chacun avaient des obligations. La nôtre c’était d’arrêter les procédures judiciaires contre la fédération, ce que nous avons fait. Si les obligations ne sont pas actées, à un moment le tout s’arrête. Vous ne pouvez pas vous asseoir devant le président de la République pour dire, nous adhérons à l’accord, c’est un bon compromis, et après vous ne respectez pas les obligations qui vous reviennent. C’est en dessous de tout.

Le protocole d’accord recommande que les parties lèvent leurs recours au niveau national et international. L’avez-vous fait ?

Nous sommes comme un chat échaudé. Au niveau de la médiation que l’Assemblée nationale avait initiée, ils nous avaient dit d’arrêter la procédure judiciaire. Mais n’étant pas mis en confiance, nous avons plutôt suspendu. Les recommandations n’ont pas été respectées. Nous avons donc dit que nous n’allions pas arrêter parce que nous sommes sûrs de gagner cette procédure. À charge pour la partie fédération, d’accomplir ses obligations, dès qu’ils le feront, nous transformerons la suspension en arrêt de la procédure.

Vous avez rencontré le président de la République. Qu’en est-il sorti ?

L’État nous a dit qu’il faut tout faire pour que les jeunes puissent aller défendre leur titre de cadets. Alors ce que l’on a pu faire c’est ce protocole qui, je pense encore une fois, est un très bon compromis pour la sortie de crise et pour l’avenir du football malien, à partir du moment où les deux protagonistes que nous sommes avec la Fédération vont être mis de côté et où un CONOR, censé être neutre, va gérer le football le temps de mettre en place une nouvelle fédération. Je pense cela plus responsable, plus proche d’une gestion saine tant administrativement que financièrement.

Pensez-vous que le délai de 45 jours prévus par le protocole d’accord pour la mise en place du CONOR sera respecté ?

Quand deux parties sont en conflit et que vous vous mettez autour d’une table, en principe, il y a une tierce partie qui doit être là pour intervenir en cas de divergences. L’État a endossé ce protocole, c’est l’État qui doit être arbitre. On a dit autour de la table que l’on doit choisir les secrétaires parmi les membres du CONOR. On ne va plus choisir une personne qui soit du collectif ou de la fédération. C’est ce qui doit être fait. Mais pour l’heure ce n’est pas le cas. La fédération est dans la dynamique de vouloir choisir quelqu’un pour ce poste et l’a déjà désigné. Par honneur, puisque nous avons apposé notre signature et que nous sommes allés devant la plus haute autorité du pays pour dire que nous étions d’accord, la fédération a l’obligation morale de respecter son engagement.

Que feriez-vous si ce n’était pas respecté ?

Je vous ai dit que notre procédure judiciaire au niveau du TAS est simplement suspendue. Vous devez savoir les conséquences qu’il peut y avoir.

Vous gardez donc toujours la carte de la sentence du TAS du 4 octobre 2016 sous le coude ?

Ceux qui ont prononcé la sentence ne sont pas des Maliens, ni des Africains. Cela vient de l’extérieur et d’Europe. Ils ne connaissent pas le collectif, ils connaissent sûrement quelques membres de la fédération, mais sont attachés à dire le droit. La sentence du TAS est au-dessus de tout. Voilà pourquoi notre plainte reste suspendue et nous pensons que le CONOR qui sera mis en place doit s’attacher à faire en sorte que la sentence soit appliquée parce que c’est cela le droit. Cela doit être une sorte de bréviaire pour la bonne marche du football malien.

Pourquoi le protocole a écarté les secrétaires généraux du comité de Baba Diarra ?

Le président de la fédération est élu, mais le secrétaire général et son adjoint sont nommés. Ce sont des salariés. Et pour occuper ces postes, il y a des critères, notamment ceux d’être de nationalité malienne, d’être de bonne vie et mœurs, d’être cadre A et d’avoir une profonde connaissance du football. Malheureusement, dans le cas d’espèce, pour les deux, aucun n’est cadre A et la fédération a fonctionné avec ça. C’est déjà un impair. Voilà pourquoi je dis que la gouvernance administrative doit être restaurée en mettant les hommes qu’il faut où il faut.

Les causes profondes du conflit sont-elles également derrière vous ?

Pour vous faire un peu la genèse, nous sommes d’abord allés voir le Comité olympique, qui nous a lié en huit recommandations, sur lesquelles nous étions d’accord parce que nous avons mis en avant le Mali. Ensuite pour entériner cela, nous sommes allés à l’Assemblée nationale qui a accepté cinq recommandations. L’important pour la fédération était que Baba Diarra reste président. Nous l’avons accepté malgré nous, parce qu’il fallait qu’on s’en sorte. Nous sommes allés dans la salle pour signer. Le président de l’Assemblée nationale (Issaka Sidibé) nous a dit que finalement c’était seulement trois points. Les trois points retenus étaient de lever les sanctions, faire monter les clubs en première division et reconnaitre M. Diarra comme président de la fédération. Une assemblée générale devait se tenir pour rapidement acter ces trois recommandations. Nous sommes partis sur cette base, nous avons fait confiance. Ils ont convoqué l’assemblée, et ils ont juste accepté de faire monter les quatre clubs en première division et les dirigeants qui financent sur leurs propres deniers sont restés suspendus. De ce jour, jusqu’à maintenant, nous avons cherché à rencontrer le président de l’Assemblée nationale, en vain. Donc nous avons pensé que nous avions été grugés. À partir de là, nous nous sommes dit que si nous arrêtions nos procédures, nous allions nous faire avoir. On a vu tout le monde, de Dioncounda, aux religieux et tous nous ont dit « vous avez raison ». Même les familles fondatrices l’ont dit. L’origine de la crise, c’était des questions financières. Les violations des textes étaient là, mais l’important était la question financière.

Quid de la gestion de l’affaire par la FIFA ?

La FIFA vient imposer aux fédérations africaines ce qu’elle n’impose pas aux fédérations européennes. Alors que celles-ci sont différentes. En Afrique, c’est l’État qui paye tout. Les stades appartiennent à l’État. Les équipes lorsqu’elles sont à l’internat, c’est l’État qui met les milliards. En plus, ce qui est juridiquement important de savoir, c’est que c’est le ministre des Sports, au nom de l’État du Mali, qui donne délégation de pouvoir à une fédération pour gérer une discipline. La FIFA impose aux États africains de ne pas mettre le nez dans la gestion des fédérations africaines, sous prétexte d’immixtion. Nous avions proposé que les ministres des Sports africains se mettent ensemble pour demander à la FIFA de revoir ces règles.

Beaucoup pensent que le ministre Housseiny Amion Guindo a été obligé de trouver un accord avec Baba Diarra. Êtes-vous du même avis ? 

Le ministre est resté toujours droit dans ses bottes par rapport à la décision de suspension de la FEMAFOOT. Toutes les autorités que nous avons rencontrées nous ont affirmé que la décision du ministre est avant tout la décision du gouvernement. Le plus important pour le gouvernement et le ministre des Sports était de trouver une solution pour sortir de ce problème. L’annulation de sa décision était certes difficile, mais elle témoigne de la bonne volonté du ministre à aller de l’avant. Le plus important pour le gouvernement et pour tous les Maliens, c’est que le football soit remis sur pieds. On a annulé pour que nous puissions continuer, mais ce n’est pas un désaveu pour le ministre.

Souhaitez-vous rejoindre l’équipe du comité de normalisation ?

Non ! Je suis dans cette histoire pour que les choses s’arrangent, c’est tout. Je ne souhaite occuper aucune fonction dans le domaine du football au Mali

Quelle est votre vision du football pour les cinq années à venir ?

Ma vision est un football entre les mains des politiques. Quant à la politique du football, il faut d’abord former les footballeurs, notamment les plus jeunes, et les administrateurs (arbitres, encadreurs, entraîneurs…). Il faut ensuite aller vers la professionnalisation du football en octroyant un salaire aux joueurs locaux et aux administrateurs. Les infrastructures doivent être également aménagées. Enfin, il faut améliorer la rentabilité au niveau des équipes en trouvant des sponsors de taille pour les clubs de première division. Pour les clubs de deuxième division, il faut les confier aux sociétés nationales comme l’a fait le président Alpha Omar Konaré. Si on arrive à faire ça, le football se portera bien.

 

 

 

 

Crise du Football : enfin un accord

Les deux parties protagonistes dans la crise du football, Boubacar Baba Diarra et Mamadou Dipa Fané, ont signé un protocole d’accord hier soir après plusieurs jours de négociation initiées par Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau chef de gouvernement.

L’information est officielle depuis hier soir, Boubacar Baba Diarra et Mamadou Dipa Fané respectivement président de la Fédération malienne de football (Femafoot) et président des ligues et clubs majoritaires (CLCM) ont échangé la poignée de main tant attendue. Un acte qui met donc fin à la plus grande crise du football de l’histoire du Mali. Abdoulaye Idrissa Maïga, nouveau Premier ministre accompagné de quelques membres de son gouvernement notamment Amion Guindo, ministre des Sports et Abdel Karim Konaté, porte-parole du gouvernement ont réussi là où plusieurs personnalités ont échoué. Une nouvelle page s’ouvre donc pour le football malien.

Quid de l’accord ? Le protocole d’accord signé entre les deux hommes prend en compte plusieurs aspects de la crise. Les plus importants sont les suivants : les sanctions liées à la crise et qui pèsent toujours sur certains membres du CLCM sont levées depuis hier soir, soit à partir de la date de signature. Par ailleurs, les deux parties s’engagent à suspendre toutes les actions et recours judiciaires au niveau national et international. Le gouvernement quant à lui s’engage à son tour à annuler la décision de dissolution du comité exécutif de la Femafoot et celle de la mise en place du comité provisoire de normalisation du football (CONOR). Précisons que l’accord prévoit que Boubacar Baba Diarra saisit la FIFA ce vendredi 28 avril pour lui notifier la décision prise par le gouvernement. Une Assemblée Générale sera convoquée par Boubacar Baba Diarra pour la mise en place du comité de normalisation.

Pour finir, il sera procédé à la nomination d’un nouveau Secrétaire Général et de son adjoint au plus tard le 5 mai prochain.

 

Suspension du Mali par la FIFA : effets immédiats et secondaires

Les conséquences de la dissolution de la FEMAFOOT et de la suspension du Mali par la FIFA le 17 mars, commencent à se faire sentir par l’ensemble des acteurs du football malien qui s’apprêtent à les subir de plein fouet.

Les effets immédiats de la suspension du Mali par la FIFA le 17 mars, soit une semaine après le limogeage des dirigeants de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), semblent de plus en plus difficiles à gérer pour les acteurs du football malien. Arbitres, joueurs, entraîneurs et supporteurs semblent être dépassés par la tournure que prend l’événement ces derniers jours. C’est du moins l’avis de Madou K., arbitre en deuxième division. « Il n’y a plus d’entraînement ni de compétition. Nous sommes à la maison. Or, sans le football nous sommes au chômage », explique-t-il. Plusieurs entraîneurs locaux devaient en effet passer les examens de Licence A, (agrément qui permet de prendre en charge une sélection nationale, ndlr) dans la première semaine du mois d’avril. Mais ils ont été annulés par la Confédération africaine de football (CAF) en raison de la suspension. Les supporteurs, eux, passent la journée au grin autour du thé.

Blocages En outre, les nouveaux talents du football malien qui évoluent dans les clubs locaux ne peuvent pas signer de contrats professionnels. C’est du moins l’avis de Boubacar Baba Diarra, ancien président de la FEMAFOOT : « pour qu’un joueur malien puisse s’engager avec un club à l’étranger, il lui faut un Certificat international de transfert (CIT) qui doit être délivré par la fédération », estime-t-il. Une fédération qui n’existe plus que de nom malheureusement. Joint au téléphone, le département des Sports n’a pas souhaité réagir.

Alors même que la 3è journée des éliminatoires pour le mondial Russie 2018 approche à grands pas, les rencontres ayant opposées la sélection nationale à ses adversaires jusque là, seront purement et simplement annulées à la faveur des autres équipes du groupe C (Maroc, Gabon et Côte d’Ivoire).

 

FEMAFOOT : Le ministre des sports ne faiblit pas

La FIFA a lancé un ultimatum au ministère des Sports pour qu’il revienne sur sa décision de dissolution de la fédération malienne de football.

La réaction de la FIFA ne s’est pas fait attendre. Après que le ministre des Sports ait décidé mercredi de dissoudre le comité exécutif de la FEMAFOOT, l’organe suprême du football a publié un communiqué dans le lequel elle s’insurge de la décision de Housseini Amion Guindo. « La décision ministérielle du mercredi 8 mars va à l’encontre de l’indépendance des associations membres. Au cas où la décision ne serait pas annulée à la date du vendredi 10 mars, le cas sera automatiquement soumis au bureau du Conseil de la Fifa pour considération ».

En clair, cela devrait conduire le Mali vers la suspension comme ce fut le cas de plusieurs pays déjà. Une menace qui a cependant l’air de laisser impassible le ministre qui s’est dit prêt à contester devant le tribunal arbitrale du sport (TAS) quelconque décision de la Fifa. « Le Mali a le devoir de faire respecter le droit dans son pays, nous avons compris que la FIFA ne sera pas la solution du problème. Il n’est plus possible que Boubacar Baba Diarra et son équipe reviennent aux affaires » affirme le ministre des sports. Avant d’ajouter que « si la Fifa s’avisait de suspendre le Mali, nous attaqueront cette décision au TAS, nous avons déjà un avocat prêt à défendre les intérêts du Mali ».

Le TAS peut en effet invalider les décisions de la FIFA comme ce fut le cas dernièrement il a réduit la suspension de Michel à Platini, mais les arguments doivent être solides. Le ministre qui a une intervention prévue ce soir devrait être plus explicite sur ses desseins. Mais nul doute que la journée d’aujourd’hui sera décisive pour l’avenir proche du football malien.

Boubacar Sidiki Haidara

FEMAFOOT : le football malien pris en otage

Cela fait plus de deux ans que le Mali est englué dans la plus grande crise de l’histoire de son football. Deux camps se confrontent depuis 2015. D’un côté, le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM), de l’autre le comité exécutif de la Fédération. Après plusieurs tentatives de négociation qui se sont avérées vaines, et alors que s’est tenue le 29 novembre une nouvelle Assemblée générale extraordinaire de la FEMAFOOT, le scénario de sortie de crise qui semble se profiler pourrait avoir des conséquences irrémédiables pour le football malien.

« Notre football se redressera et se projettera vers l’avenir à partir d’un mouvement de conscience et de volonté de ses dirigeants », déclarait le 10 janvier 2015, à l’ouverture de la 43ème Assemblée générale ordinaire (AGO) de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), le général Boubacar Baba Diarra, son président. Élu à la tête du football malien en octobre 2013 pour un mandat de quatre ans avec un comité exécutif composé de vingt et un membres, celui-ci n’imaginait certainement pas que ce présage contraire serait le point de départ d’une crise aux lendemains mouvementés et interminables. C’est du moins l’avis de ce responsable au sein de la fédération : « il adore le football et ferait tout pour que les choses s’arrangent », estime-t-il. Une opinion que ne partage pas Moussa Konaté, président du Club Olympique de Bamako (COB), qui considère que la crise actuelle tire sa source de la mauvaise gouvernance, la malversation financière et la violation des textes de la fédération par Boubacar Baba Diarra.

Flash back Suspendu à la suite d’une réunion extraordinaire en 2014, après avoir demandé plus de transparence financière dans la gestion de la fédération, Yéli Sissoko, alors président de la Commission centrale des finances de la FEMAFOOT, fut convoqué par la fédération, conformément à ses statuts, pour venir s’expliquer au cours de la 43ème AGO. Selon ses dires, il a répondu à la convocation mais a été empêché d’accéder à la salle où se tenait l’AGO. « C’est après l’expulsion du délégué du Djoliba AC, Bassafilou Sylla, pour avoir réclamé notre présence, que 29 délégués sur les 55 présents ont, par solidarité, décidé de quitter la salle de réunion », explique-t-il. Dès lors, se sont mis en place deux fronts antagonistes : d’un côté le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM) regroupant les clubs contestataires (Djoliba AC, COB, Centre Salif Keïta (CSK) et l’Avenir Club de Tombouctou), piloté par Mamadou Dipa Fané, président de l’Union des anciens footballeurs du Mali. De l’autre, le comité exécutif de la FEMAFOOT.

En août 2015, une assemblée générale dissidente, fut convoquée et décida de la révocation de Boubacar Baba Diarra. En réponse, le 31 octobre de la même année, la fédération tint à son tour une nouvelle assemblée générale au cours de laquelle la suspension des membres « frondeurs » fut décidée. Yéli Sissoko fut suspendu pour 10 ans de toutes activités liées au football, quand Mamadou Dipa Fané se vit signifier une exclusion à vie. Refusant de prendre part au championnat en protestation à ces décisions considérées comme arbitraires, les membres du CLCM furent rétrogradés en 2ème division, une sanction qui suscita une vive polémique et un fort désintérêt pour le championnat malien.

Tentatives de sortie de crise Après plusieurs médiations infructueuses, l’affaire fut finalement menée par Yéli Sissoko et le CLCM devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), instance juridictionnelle de dernier recours. Suite à l’audience du 2 juin 2016, où les protagonistes des deux parties et leurs avocats furent entendus à son siège de Lausanne (Suisse), le TAS a rendu sa sentence le 4 octobre 2016. Dans ses conclusions, il déclare que « l’Assemblée générale organisée le 31 octobre 2015 par la FEMAFOOT est nulle, ainsi que les décisions adoptées ». Et au TAS d’ordonner la convocation d’une autre Assemblée générale avec à l’ordre du jour la révocation de Yéli Sissoko et la suspension de toute autre personne physique au plus tard le 30 novembre 2016. « Cette décision du TAS est illégale. Nous pouvons décider de ne pas la respecter mais nous avons choisi d’organiser une AGE conformément à nos textes et statuts. Nous n’avons rien à perdre », affirmait Boubacar Baba Diarra lors d’une interview en octobre dernier. C’est donc pour répondre à cette injonction, que s’est tenue, le mardi 29 novembre à Sikasso, l’Assemblée générale extraordinaire de la FEMAFOOT à laquelle le CLCM n’a pas cependant pas pris part. « Cette AGE est une fuite en avant qui nous fait perdre plus de temps », estime Moussa Konaté, président du COB.

L’impossible réconciliation Tel un défit au TAS, l’Assemblée générale de Sikasso a confirmé la révocation de Yéli Sissoko, et seulement réduit la suspension de certains membres du CLCM. « C’est un non événement. C’est juste du folklore qui ne nous concerne pas » a commenté Mamadou Dipa Fané le lendemain mercredi 30 novembre. Les lignes ne bougent donc pas à l’issue de cette assemblée, qui ne semble pas faire évoluer cette crise complexe vers la réconciliation des protagonistes. Pour Mansour Lom, journaliste sportif à SFR Sport, Boubacar Baba Diarra a fait son temps : « il faut refonder la fédération, élaborer de nouveaux textes et organiser un nouveau scrutin transparent pour un nouveau départ ». Et à Abba Mahamane, secrétaire général du CLCM d’ajouter qu’il faut « révoquer Baba Diarra ainsi que l’ensemble du comité exécutif de la FEMAFOOT ». Convaincu que cette crise n’est que l’expression d’acteurs égocentriques ne défendant que des intérêts personnels, Moussa Kondo, journaliste sportif à L’Express de Bamako, estime que seule la justice peut et doit trancher.

Vers une suspension du Mali ? Solution extrême mais vers laquelle la fédération et les « frondeurs » semblent amener inexorablement le football national, la suspension du Mali permettrait sans nul doute d’assainir le milieu. Du côté de la FEMAFOOT ce n’est pas une alternative envisageable : « il n’y a aucune raison que le Mali soit suspendu et ça n’arrivera pas », estime un responsable dans les coulisses. De son côté, le CLCM dit avoir déposé une plainte devant la commission de discipline de la FIFA. « si elle se déclare compétente, la seule sanction prévue est la suspension de la FEMAFOOT, et donc du Mali, des compétitions de la FIFA », explique Yéli Sissoko. Dans le cas contraire, « nous retournerons devant le TAS en attaquant aussi l’Assemblée du 29 novembre. Cette fois-ci, nous demanderons la dissolution du comité exécutif, la suspension individuelle de tous ses membres, ainsi que de tous les membres de la fédération ayant participé à ladite assemblée », conclu-t-il.

Au regard des récents évènements qui rendent utopique une éventuelle entente à l’amiable entre les parties, deux cas de figure semblent s’imposer pour une sortie de crise. La première possibilité serait que le ministre des Sports, Housseini Amion Guindo, retire sa délégation de pouvoir au comité exécutif de la fédération, ce qui entrainerait automatiquement des sanctions de la FIFA, selon le sacrosaint principe de non-ingérence d’un tiers dans les affaires d’une fédération. Cela « obligerait la FIFA (…) à trouver une solution à très court terme avec la mise en place d’un comité de normalisation, comme cela a déjà été fait dans d’autres pays », affirme Yéli Sissoko. La seconde option serait celle offerte par le TAS qui, conformément à ses statuts, pourrait sans nul doute prendre une décision radicale de suspension de plus longue durée, et dont les conséquences seraient dramatiques pour le football malien, surtout à un mois du début de la Coupe d’Afrique des nations 2017…

 

Boubacar Baba Diarra : « J’ai espoir que le Mali se qualifie pour le Mondial 2018 »

Après la défaite des Aigles face à la Côte d’Ivoire dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2018, Boubacar Baba Diarra, président de la Fédération malienne de football, revient sur les erreurs et campe les chances du Mali. Il donne également son avis sur le récent verdict du Tribunal arbitral du sport.

Un mot sur la défaite des Aigles face aux Éléphants de la Côte d’Ivoire ?

Nous n’avons pas été aussi réalistes que les Ivoiriens. Nous avons eu dix minutes de flottement qui ont été fatales pour l’équipe. Les Ivoiriens en ont profité pour prendre l’avantage. Nos jeunes ont perdu par immaturité, sinon le match était à notre portée. Le Mali a un gros potentiel. Dans deux ou trois ans, le Mali atteindra son plus haut niveau avec l’arrivée des joueurs de la nouvelle génération. Nous avançons lentement certes, mais sûrement.

Ne pensez-vous pas qu’il faut revoir l’équipe nationale, en faisant justement monter cette jeune génération ?

Les jeunes sont bons mais la catégorie sénior est d’un niveau supérieur. Nous avons déjà quatre jeunes qui ont rejoint l’équipe. Nous les prendrons dans l’équipe quand nous estimerons que c’est le bon moment. Le sélectionneur national suit de près chaque nouveau talent. Pour l’instant, l’équipe est bonne et peut mieux faire.

Le Mali a-t-il une chance de se qualifier pour la phase finale du Mondial 2018 ?

Seul Dieu le sait. Mais nous avons espoir que l’équipe se qualifie pour la Coupe du monde. Ce serait une première dans l’histoire du football malien. Nous ne pourrons y arriver qu’avec l’aide et l’accompagnement de tous. Il faut que les gens croient en cette équipe.

Le verdict rendu par le Tribunal arbitral du sport (TAS) dans la crise au sein du football malien oblige la Femafoot à tenir une nouvelle Assemblée générale et à revoir les décisions prises. Qu’en pensez-vous ?

Ce verdict est injuste. Nous pouvons l’attaquer mais nous n’en ferons rien. Nous allons suivre les recommandations du TAS et tenir une Assemblée générale extraordinaire avant le 30 novembre, pour écouter les personnes qui l’ont saisi. Après, nous prendrons une décision. Du moment que le verdict n’annule pas les décisions que nous avons prises, il n’y a pas de problème.