3 questions à Boukary Sangaré Anthropologue – Membre de Kisal

Que pensez-vous de la création d’un mouvement politico-armé pour défendre les Peuls ?

 Après avoir eu les perceptions de certains leaders communautaires du Centre et lu la déclaration de Tapital Pulaaku sur la création de l’ANSIPRJ, je pense que ce mouvement n’a aucune légitimité en milieu peul. Il est vrai que depuis l’annonce de l’existence du Front de libération du Macina en 2015, les Peuls ont été victimes d’exactions et l’État traîne des pieds pour rendre justice aux victimes, mais cela n’explique en rien la création d’un mouvement armé peul.

Faut-il craindre que les revendications politico-sociales se transforment en une ethnicisation, puis en morcellement du pays ?

 Oui cela est à craindre. Si tous les frustrés doivent créer leurs propres mouvements armés avec des revendications ethnicistes, l’existence du Mali en tant que nation serait mise en cause. Nous sommes un pays de dialogue et je pense que seuls le dialogue et la reconnaissance du tort pourraient mettre fin à ces multiples crises auxquelles nous faisons face.

Quelle gestion doit-on avoir de ce groupe armé pour éviter qu’il fasse des émules ?

 On doit se demander si le mouvement est légitime et représentatif des communautés victimes de la crise dans le Centre. Si oui, on peut décider de réparer le tort causé par le processus de sortie de crise en intégrant le Centre dans l’agenda de paix au Mali. Cela me semble capital pour le retour de la paix dans notre pays.