Prix du pain : les boulangers négocient avec le gouvernement

Face à une augmentation du prix des matières premières notamment la farine, les boulangers projetaient une cessation de leur activité ce lundi et demain mardi. Une décision finalement ajournée alors que des négociations sont enclenchées avec les autorités pour trouver un compromis.

C’est à l’issu de leur assemblé général tenus les 28 et 29 juillet derniers que les boulangers avaient annoncé un arrêt de travail allant du 01 au 02 aout 2022. Une décision qu’ils ont ensuite annulée pour mener des négociations avec le gouvernement.  Une rencontre est prévue demain mardi entre les différentes parties. Les boulangers déplorent une hausse du prix de la farine, qui a subi des augmentations successives causées d’après eux par la guerre en Ukraine. D’avril dernier à maintenant, la farine est passé de 18.000 à 26 000 FCFA selon Mohamed Lamine Haidara, président de la filière pain au Mali.  Ces derniers qui souhaitent augmenter le prix du pain dont la miche est aujourd’hui à 300FCFA rejettent le terme de grève. Ils parlent eux d’une cessation des activités « car ils ne peuvent plus continuer » à produire à perte. Après les négociations avec les gouvernement, une décision sera prise annonce la responsable.

 

Commerce : le business du pain béni

Le pain est le produit le plus consommé dans le monde. Au Mali, le business qui y est lié a connu un essor fulgurant ces dernières années, avec la création de centaines de  boulangeries, dans les centres urbains et en zone rurale.

C’est aux premières lueurs de l’aube que Bara Ag Haissa commence sa journée. Distributeur de pain, il charge près de 200 miches sur sa moto chaque matin. « J’achète environ 180 pains par jour au prix total de 36 000 francs CFA, que je revends avec un petit bénéfice ». À la fin de sa tournée, et après avoir approvisionné une vingtaine de boutiques, son « petit » bénéfice s’élève à 4 500 francs CFA. « Le circuit est assez simple. Nous cédons le pain à 200 francs CFA aux distributeurs à moto, qui y ajoutent 25 francs CFA pour le revendre au boutiquier, qui le met à disposition des consommateurs à 250 francs CFA », explique le promoteur d’une boulangerie. Dans sa structure, 38 personnes sont à pied d’œuvre chaque jour pour un coût de production quotidien estimé à 40 000 francs CFA. « Avec nos ventes, on rentabilise assez bien et j’arrive à contenter tout le monde, aussi bien l’État que mes employés », se réjouit il.

Près de 10 000 personnes travailleraient dans le secteur de la boulangerie, selon Mamadou Lamine Haïdara, président de la Fédération des boulangeries du Mali, qui précise que le secteur génère des profits non négligeables. « Ce qui est dommage, c’est que plusieurs personnes se lancent dans le secteur sans en connaitre la teneur. Il y en a beaucoup qui ne sont pas enregistrés chez nous et qui finissent par disparaitre aussi vite qu’ils sont apparus », regrette-t- il.

Nouvelles enseignes Depuis quelques années déjà, de nouvelles boulangeries, dites « modernes », se sont implantées au Mali. Que ce soit Diamou, Mouye ou plus récemment L’Artisan boulanger et la Brioche dorée, ces nouvelles marques tenues par des Maliens de la diaspora offrent un service très apprécié des consommateurs, avec de nouveaux types de pains alliant savoir-faire boulanger et matières premières locales, telles que le maïs ou le mil, sans oublier le respect de l’hygiène même lors du service au client. Selon Gaoussou Coulibaly, l’un des gérants de la boulangerie Mouye, il écoulerait environ 2 000 miches de pain par jour. Avec six points de ventes dans la capitale, ils génèrent quotidiennement 600 000 francs CFA de recette, rien que pour la vente de baguettes.

 

 

Lutte contre la déforestation : Une boulangerie solaire à Bougoula

Partenariat Mali Folk Center… Cette boulangerie est le fruit d’un partenariat entre Mali Folkcenter, le Rotary club international et l’Ong finlandaise Dodo. Ces organisations se sont donnés la main pour appuyer les femmes de la coopérative Sinsinbere qui œuvre pour la préservation de l’environnement. Sinsinbere lutte contre la déforestation par des activités génératrices de revenus. La coopérative forme les femmes dans la fabrique de beurre de karité, de savon. Cela évite qu’elles coupent du bois pour se procurer des revenus. Lors de la cérémonie d’inauguration de la commune, Zan Coulibaly a assuré que dans sa commune la coupe de bois pour produire du charbon destiné à  la vente est formellement interdite. Cette boulangerie s’inscrit donc dans cette logique en évitant d’utiliser le bois pour fabriquer le pain et les gâteaux. Réduire la déforestation Le président de l’ONG Mali Folkcenter Bourama Togola a expliqué que l’exemple de la boulangerie solaire de Bougoula doit être suivi par les grandes fabriques de pain de la capitale qui fonctionnent pour la plupart avec du bois. Pour lui, cette initiative fait partie des actions locales qui peuvent avoir des impacts globaux. Bourama Togola a rappelé que son Ong a noué des relations avec cette communauté depuis 2000 quand elle a constaté que les gens d’ici sont attachés à  la sauvegarde de l’environnement. Abordant la question de la lutte en faveur de l’environnement au plan mondial, le président de Mali Folkcenter a indiqué que l’environnement est global. Selon lui, les pays riches ne doivent paspenser qu’ils se débarrasseront de leurs déchets en nous vendant leurs vieilles voitures et leurs vieux appareils électroménagers. La présidente des femmes de la coopérative Sinsinbere n’a pas tari d’éloges pour l’Ong Mali Folkcenter qui leur a permis d’apprendre des activités génératrices de revenus. Préserver l’environnement Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Pr Tiémoko Sangaré a expliqué le lien entre la boulangerie et l’environnement. La fabrication de pain étant grosse consommatrice de bois, elle contribue à  la déforestation. «Beaucoup de boulangeries fonctionnent avec du bois prélevé sur nos forêts», a constaté le ministre Sangaré tout en louant l’exemple du four solaire de Bougoula. Le ministre Sangaré a rappelé ensuite que le monde entier suit les préparatifs de la conférence mondiale de Copenhague sur le changement climatique. «Tout le monde est d’accord aujourd’hui que l’action de l’homme contribue au réchauffement climatique», a-t-il assuré. Pr Tiémoko Sangaré a promis ensuite que son département accompagnera toutes les initiatives de ce genre. «Vous exportez du beurre de karité au Japon. Je souhaite que dans l’avenir vous fassiez des investissements sans avoir besoin de l’appui des partenaires extérieurs», a souhaité le ministre Sangaré. Le four solaire a coûté environ 11 millions de Fcfa. En plus du pain, il peut fabriquer des gâteaux de diverses formes. Le temps de cuisson n’atteint pas 1 heure. La boulangerie peut transformer plus de 50 kg de farine par jour. De quoi approvisionner les populations de la commune rurale de Bougoula en pain et petites friandises. Source : Ministère de l’Environnement et de l’assainissement