Bousso, l’indignée de Dakar

Retenons bien son nom, Bousso Dramé. Elle risque fort de devenir dans les mois et les années à  venir, la figure de la jeunesse africaine qui ose, qui est fière et qui refuse de se laisser marcher dessus. Alors que chez nous, des figures de la scène socio-politique se lamentent de s’être vues refuser l’entrée sur le territoire « schengen » (Union Européenne, ndlr), voici ce bout de femme qui refuse un visa qu’elle a obtenu après moult péripéties. Et pourtant, les choses devaient être plus facile pour elle, qui avait été dûment invitée en France. En effet, notre jeune dame est lauréate du concours d’orthographe organisé par l’Institut français de Dakar dans le cadre de la semaine de la Francophonie.. Elle y a gagné le premier prix et un voyage en France pour suivre une formation. C’était en avril dernier. Le 27 juin, la lauréate devait donc se rendre en France pour y suivre une formation en réalisation de films documentaires. Mais au lendemain de l’obtention de son visa, la jeune consultante a décidé de renoncer à  séjour en signe de protestation. Elle ne s’est pas fendu de messages au vitriol sur facebook ou autre réseau social, non! Elle n’a pas écrit d’essai non plus! Elle s’est directement adressé à  ceux qui l’ont mise en colère. Une lettre ouverte adressée au consul général de France et au directeur de l’Institut français, écrite dans les termes les plus courtois mais les plus explicites aussi, qu’elle vient de publier sur Internet. «Durant mes nombreuses interactions avec, d’une part, certains membres du personnel de l’Institut Français, et, d’autre part, des agents du Consulat de France, J’ai eu à  faire face à  des attitudes et propos condescendants, insidieux, sournois et vexatoires», s’indigne-t-elle. Selon Jeune Afrique, Le consul général de France à  Dakar, Alain Jouret, s’est dit « désolé » d’apprendre la mésaventure de Bousso Dramé, non sans préciser qu’il lui eût semblé préférable de prendre contact avec ses services afin de tirer la situation au clair avant de prendre sa décision. Les raisons de la colère de Bousso « On nous a expliqué comment allaient se dérouler le séjour et la formation. Ce qui m’a frappée, c’est que notre interlocutrice formulait avec insistance des recommandations infantilisantes » raconte Bousso Dramé ppur qui ces « conseils » étaient assurément de trop. « Je n’ai pas apprécié cette attitude paternaliste » ajoute-telle en précisant que les propos allaient même jusqu’à  être insultants. Du genre  » gardez-vous de tout dépenser et de laisser une note impayée à  l’auberge de jeunesse sinon vous empêcheriez les futurs candidats de bénéficier de cette opportunité », à  propos des perdiem. Et ainsi de suite… La goutte d’eau qui a fait débordé un vase qui déjà  menaçait d’exploser, l’accueil d’une « guichetière extrêmement désagréable », selon les termes de Bousso. « Quand J’ai fini par lui faire remarquer qu’elle ne respectait pas la plus élémentaire courtoisie, elle m’a répondu qu’elle n’était pas payée pour être courtoise ni pour distribuer des sourires ». « En quittant l’ambassade, j’ai décidé, le C’œur lourd, de renoncer à  ce voyage » affirme-t-elle. Un visa refusé alors que tous les documents sont conformes et authentifiés, un refus d’autoriser un conjoint non français à  rejoindre son époux(se), autant de situations déplorables et déplorés par les demandeurs de titres de voyages. Un internaute sénégalais fait remarqué que près de mille demande de visa sont traitées par mois par le consulat de France qui n’en accorde que 10%. Les frais de 40000FCFA ne sont pas pour autant remboursés. Une vraie manne, selon l’internaute qui a chiffré les bénéfices à  prés de 2 milliards par an. « Si le prix à  payer pour bénéficier de cette formation est d’être traitée comme une moins que rien, je préfère renoncer à  ce privilège dans sa totalité. Subir une telle attitude dans mon propre pays est quelque chose que je ne peux accepter sans réagir ». Combien auront le courage de suivre son exemple? Pas si évident…Mais pour bon nombre de sénégalais, d’africains, Bousso Dramé sera longtemps celle qui a osé dire ce que tous pensaient et qui a osé dire NON. Au nom de sa fierté.