Insécurité dans le Nord : Le calvaire des populations

La situation sécuritaire dans le Nord du Mali est la plus grande préoccupation des populations. Dormir au clair de lune est devenu un rêve. Aussi bien en ville qu’à la campagne, les habitants sont à la merci des bandits armés, qui n’hésitent pas, dans les pires des cas, à commettre des crimes abjects.  

Braquages, viols, engins explosifs improvisés, assassinats… tout le quotidien est rythmé de peurs pour les populations au Nord du Mali. Les quelques espoirs suscités par la signature de l’Accord pour la paix se sont dissipés. La présence des mouvements signataires, de l’armée malienne et des forces internationales ne parvienne pas à circonscrire un phénomène de plus en plus glaçant. « Depuis 2012, on est dans l’attente. On a l’impression d’être abandonnés, comme si on ne faisait plus partie du Mali ! », s’emporte Oumarou Maiga, jeune chômeur habitant Ménaka. Il y a seulement deux semaines, un véhicule du gouvernorat de la région a été enlevé au centre de la ville, en plein jour. Pourtant, ce n’est pas faute de forces qui légitiment leur présence par les besoins sécuritaires de ces populations. « Hier seulement, 30 passagers ont été dépouillés de leurs biens entre Tombouctou et Bambara-Maoudé. C’est notre lot quotidien », témoigne Mohamed Touré de Tombouctou, sortant de l’ex-FLASH. « Il y a deux semaines, des hommes armés ont assassiné un gendarme, ici, à Tombouctou ville, seul Dieu nous protège ! », confie-t-il, résigné. Selon lui, les forces armées dans la région « ne font que de la figuration ». « Plus rien ne va, une opération ville morte est prévue pour protester contre l’insécurité ». La région de Gao n’est pas exempte de problèmes. Dans les endroits reculés, un triste sort est réservé aux imprudents.

L’Accord ou la chienlit ?

« C’est le chaos partout au Nord », poursuit Mohamed Touré, qui erre depuis 2013 à la recherche d’un emploi.  L’Accord pour la paix et la réconciliation, présenté comme l’antidote à tous ces maux, se met en œuvre à pas de tortue. « Tantôt la ville est occupée par le Gatia, tantôt par la CMA. L’Accord était censé rétablir la sécurité, mais c’est peine perdue », déplore Issouf Ag Agaly, enseignant à Ménaka. Le cantonnement des groupes armés et la réinsertion des personnes inactives sont à son avis la solution. « Le chômage pousse les gens désœuvrés qui détiennent des armes à braquer les populations et les ONG et à commettre toutes sortes de bêtises », affirme Mohamed Maiga, commerçant à Gao.

Un car malien braqué au Togo

Un autocar immatriculé HG 8006 MD transportant des passagers en provenance de Bamako et un véhicule personnel ont été braqués par 5 individus non identifiés, le dimanche 20 avril 2014. Cagoulés et armés de fusils d’assaut automatiques, les braqueurs s’exprimaient en langues Dioula, Mossi et Peulh d’après un communiqué publié hier lundi par le ministère togolais de la sécurité. l’incident s’est produit dans la faune de Nablougou au lieu dit PK 35 au nord de la ville de Kanté o๠les malfrats ont ouvert, au moyen de leurs armes, le feu sur les deux véhicules pour les immobiliser. Ils ont ainsi dépouillé les passagers desdits véhicules de leurs biens et emporté des sommes d’argent évaluées à  3 127 000 Fcfa et 100 dollars, des téléphones portables, de divers documents d’identité, etc. avant de prendre la fuite. « Des étuis de munitions de guerre ont été découverts » « Alertés, les éléments des forces de défense et de sécurité de la région se sont transportés sur les lieux o๠ils ont procédé à  l’évacuation des morts et des blessés vers Kara. Ils y ont organisé une opération de ratissage qui a permis pour le moment de découvrir des cartouches et étuis de munitions de guerre et de retrouver 3 passeports et une carte d’identité malienne abandonnés par les braqueurs dans leur fuite » lit-on dans le communiqué. Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur « ce grave évènement et les recherches se poursuivent pour découvrir et appréhender les auteurs ». Par ailleurs, le ministre de la sécurité et de la protection civile, le colonel Yark Damehane a présenté « ses sincères condoléances aux pays amis dont les citoyens ont trouvé la mort dans ce crime crapuleux » et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Insécurité à Gao : l’Etat responsable

Insécurité permanente Les autorités maliennes ont beau dire qu’il n’y a pas d’insécurité au nord du Mali, les faits démontrent le contraire. En effet, plus un jour ne passe sans qu’un acte d’insécurité ne s’y passe. A longueur de journée, les paisibles populations qui sont braquées et dépouillées de leurs biens. Au vu et au su de tout le monde. Acculées dans leurs derniers retranchements, les forces de l’ordre et de sécurité se calfeutrent dans leurs locaux, n’osant affronter les bandits qui font régner leur loi. Le dernier cas d’attaque, ou plutôt celui qui reste encore frais dans les mémoires, C’’est l’enlèvement du véhicule du directeur régional des eaux et forêt qui remonte à  quelques semaines. Braqué par des hommes encagoulés, ce dernier s’est vu contraint de leur laisser son véhicule 4×4 en plein jour. Et malheureusement, ce cas n’est que la partie visible de l’iceberg. Quand on choisit de vivre à  Gao, on n’a pas le choix .il faut renoncer à  afficher des signes extérieures d’aisance matérielle. Le simple fait de posséder un véhicule attire vers vous les problèmes. En effet, ceux qui, dans un passé récent, circulaient dans de grosses cylindrées, ont été forcés de les laisser chez eux et d’aller à  moto ou pire à  pied, sous peine d’être déposséder de ses biens. Les populations qui ne dorment plus que d’un œil. A 17 heures déjà  tous les véhicules de la ville, sans exception, sont parqués dans la Cour Gendarmerie. Les contrevenants à  cette mesure courent le risque de se voir agresser. L’Etat doit réagir au plus vite Excédée par le phénomène, la population de Gao s’est vu obligée, il y a quelques semaines, de descendre dans les rues pour demander aux autorités de se ressaisir et de jouer pleinement leur rôle en matière de sécurité. Un jeune commissionnaire en douanes n’a pas hésité à  charger lourdement les forces de l’ordre qui, dit-il, feignent de jouer leur rôle de prévention et de sécurisation des populations mais en réalité abandonnent les populations à  leur sort. Cet autre notable de Gao a déploré l’attitude des plus hautes autorités qui font preuve d’une grande irresponsabilité. « Si l’Etat malien n’est pas capable d’assurer notre sécurité, nous allons nous même l’assurer, quelques soient les voies et moyens ». Craignant les attaques d’hommes armés, les populations vivent dans l’anxiété totale et nourrissent une extrême méfiance envers tout le monde. Selon nos sources, les assaillants ne sont autres que des résidents de Gao. D’autres sources nous ont indiqué que C’’est des bandits, qui, tapis dans les confins du Sahara, font des « descentes » au dépens des paisibles populations. Les Tamasheqs et les Arabes sont également cités dans plusieurs incidents. Par ailleurs, des satellites américains sont braqués sur la ville de Gao est depuis un certain temps. Les téléphones seraient aussi sur écoute. On se demande bien quel est le profit pour les populations de cette haute surveillance technologique. Il est vrai que l’objectif affiché des américains est la lutte contre Al qaà¯da. Il revient donc à  l’armée malienne de jouer son rôle et de protéger les populations. l’argument qui soutient que le pays n’a pas les moyens tient-il face au désarroi de familles entières menacées et victimes d’une situation contre laquelle seules, elles ne peuvent rien ? Si, les populations décident de se s’organiser pour assurer leur propre défense ou pire faire justice elles-mêmes, l’on s’acheminerait vers l’instauration d’un état de non-droit dans une région déjà  peu favorisée par la nature.