Boko Haram : « la guerre n’est pas finie »

Pour la énième fois, Boko Haram à travers son chef Abubacar Shekau réagit à l’annonce d’une défaite. Le groupe islamiste assure qu’il est encore capable de nuire à « ses ennemis » et menace les pays voisins du Nigeria.

L’armée nigériane avait pourtant affirmé quelques jours plus tôt avoir reconquis la forêt de Sambisa, bastion de Boko Haram dans le nord-est du pays. A la veille de Noël, le président nigérian Muhammadu Buhari avait annoncé triomphalement « l‘écrasement final des terroristes de Boko Haram dans leur dernière enclave » de Sambisa, forêt de quelque 1.300 km2 où s’étaient rassemblés de nombreux combattants après des revers militaires.  Cette victoire aurait représenté une victoire majeure pour l’état qui lutte contre cette milice ultra-violente depuis maintenant sept ans.

L’insaisissable chef du mouvement a donc douché les espoirs des populations en démentant dans une nouvelle vidéo les informations officielles. Publiée le jeudi 29 décembre, l’élément long de 25 minutes montre le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, annoncé mort à de nombreuses reprises, déclarant être « en sécurité, nous n’avons été chassés de nulle part. Et les tactiques et les stratégies ne peuvent pas révéler notre position, sauf si Allah le veut (…) ». Shekau, qui apparaît en bonne santé physique, ne précise pas où il se trouve, mais affirme que ces images ont été tournées le 25 décembre, jour de Noël. S’exprimant tour à tour en arabe et en haoussa, il profère de nouvelles menaces contre l’armée et les Nigérians, assurant que « la guerre n’est pas terminée ».

 

Nigeria: Badluck pour Jonathan

Depuis le samedi dernier, le Nigeria et l’Afrique avec lui, retenait son souffle. Après deux jours à  compulser les résultats, la commission en charge des élections vient de donner sont verdict: Goodluck Jonathan ne sera plus président du Nigeria. Muhammadu Buhari, l’éternel candidat, tient désormais sa revanche, avec une victoire sans appel sur celui qui dirigeait le pays. C’est la première fois que l’opposition bat n pouvoir en place au Nigeria. La majorité des presque 70 millions d’électeurs nigérians ont donc décidé de faire confiance à  Monsieur « anti-corruption ». C’est en effet sur ce terrain que le candidat Buhari a mené sa campagne, fustigeant l’état dans lequel se trouvait son pays, également en proie à  une insurrection armée qui a fait des milliers de morts. Muhammadu Buhari, 72 ans, aurait obtenu près de 3 millions de voix de plus que son adversaire, ce qui en fait le vainqueur incontestable du scrutin. Il a largement devancé Goodluck Jonathan dans ses fiefs, de 1,7 million de voix dans l’Etat de Kano, le plus peuplé du nord, et de 650 000 voix dans celui de Kaduna. Quant à  Jonathan, il a été plébiscité dans la région pétrolifère du delta du Niger, au sud, remportant plus de 98% des suffrages dans son fief de Bayelsa et près de 95% dans l’Etat voisin de Rivers. Selon les résultats provisoires proclamés ce mardi après-midi par la commission électorale, le candidat de l’opposition est en tête avec 15,4 millions de voix face au sortant qui obtient 13,3 millions de suffrages et concède sa défaite. Les résultats définitifs de l’élection devaient être officiellement proclamés par la commission électorale à  partir de 20h GMT Selon Lai Mohammed, porte-parole du Congrès progressiste (APC), le mouvement de M. Buhari, le président sortant Goodluck Jonathan aurait téléphoné à  son adversaire pour le féliciter. Une information qui, si elle est confirmée, marquerait un important tournant dans la jeune démocratie nigériane. Les contestations des résultats électoraux ont provoqué par le passé des violences, causant la mort de milliers de personnes.

Nigéria, le duel!

Les presque 69 millions d’électeurs nigérians sont appelés aux urnes ce samedi 28 Mars 2015 pour une élection historique. Le pays en proie à  une insurrection armée et sanguinaire se choisit un président. Les candidats ont jeté leurs dernières forces dans une campagne tendue qui s’est achevée ce jeudi. Reste maintenant à  relever le défi de la sécurité du scrutin et de la gestion pacifique de l’après-élection. Le nord et le sud face à  face dans les urnes Ils sont 14 à  briguer le suffrage universel. Mais, de l’avis de tous les observateurs, l’élection se jouera entre les deux principaux candidats, Goodluck Jonathan, candidat du Parti démocratique populaire (PDP) et chrétien du Sud et Muhammadu Buhari, du Congrès progressiste (ACP) et musulman du Nord. Cette précision de leurs origines est importante quand on sait les clivages politico-régionalistes qu’a toujours connu la politique nigériane. Et qui s’est aggravé avec la grave crise sécuritaire, née de la naissance et de l’expansion du groupe islamiste armé Boko Haram. En proie à  une vive contestation interne sur sa gestion de cette crise et la corruption qui mine le pays, le président sortant, âgé de 57 ans et en poste depuis mai 2010, aura du mal à  s’imposer. Il pourra compter sur son bilan dans le secteur agricole. Goodluck Jonathan a en effet entrepris des investissements importants qui ont généré des emplois. Mais ce sera l’une des seules cordes à  son arc, le bilan économique dans l’ensemble ne résiste pas aux critiques : chômage et pauvreté persistent, et les 173 millions de Nigérians ne ressentent pas les retombées de la richesse de leur pays, le Nigéria étant, il faut le rappeler, pétrole oblige, la première puissance d’Afrique. Face à  lui, un ex-général de l’armée nigériane, Muhammadu Buhari. Aujourd’hui âgé de 72 ans, C’’est la quatrième fois qu’il se présente à  une présidentielle (2003, 2007 et 2011). Il entend bien remporter celle de cette année, en axant son message sur la lutte contre la corruption. Sa réputation d’incorruptible, construite pendant les années 80 o๠il était aux affaires, le rend crédible dans le rôle de celui qui viendra nettoyer la maison Nigéria. « La corruption est devenue une véritable culture au Nigeria. Dès que nous serons investi au gouvernement, qui que ce soit qui abusera de la confiance sera appelé à  rendre des comptes », a confié le candidat du Congrès progressiste à  l’AFP. Il a également promis d’éliminer Boko Haram. « Nos soldats n’ont pas reçu le soutien nécessaire ni les moyens pour résoudre le problème (de l’insurrection islamiste). Je vous assure que, si je suis élu président, je vais changer ça », déclarait-il en février dernier. A noter qu’une seule femme est candidate pour cette présidentielle, Remi Sonaiya.

Nigéria, la peur et l’espoir

C’’est la dernière ligne droite. Les Nigérians, répartis équitablement entre musulmans, majoritaires dans le nord et chrétiens, plus nombreux dans le sud, sont appelés à  élire leur Parlement le 2 avril, leur président le 9 et les gouverneurs des 36 Etats de la fédération ainsi que les assemblées législatives régionales le 16 avril. 50 ans après son indépendance, l’ex-colonie britannique doit montrer avec ces élections si elle est enfin à  la hauteur de son énorme potentiel. La période électorale qui s’ouvre est un test pour la démocratie dans cette nation pétrolière de 150 millions d’habitants abonnée aux votes frauduleux et violents. Alors que les cortèges de certains candidats continuent à  arpenter les 36 Etats du Nigeria, le président sortant Goodluck Jonathan, candidat du PDP, le Parti démocratique du peuple, au pouvoir, a clôturé sa campagne le 27 mars dernier à  Abuja. D’après un récent sondage réalisé par l’institut Ipsos, Goodluck Jonathan est donné vainqueur de la présidentielle et crédité de 60% des suffrages. Cependant, il est mis au défi par l’ex dirigeant militaire Muhammadu Buhari, un musulman du nord qui bénéficie d’un large soutien dans cette région o๠beaucoup estiment que la présidence devrait leur revenir. Le PDP pourrait aussi voir reculer son nombre de sièges dans les deux chambres du Parlement, selon certains analystes. Et perdre des postes de gouverneur dans plusieurs Etats, ce qui pourrait engendrer des violences post-électorales. Crainte de violences Plusieurs attentats à  la bombe ont secoué le pays ces derniers mois, amenant le président Jonathan à  déclarer samedi lors d’un meeting: « Ni mon ambition ni celle de tout autre homme politique ne mérite que le sang d’un Nigérian coule ». Le pays est aussi régulièrement secoué par des flambées de violence à  caractère ethnique et religieux dans le centre. Les cas de violences se sont multipliés la semaine passée. Des affrontements ont eu lieu dans l’Etat du Plateau, du Niger, d’Ekiti, du Delta ou encore dans l’Etat d’Akwa Ibom, o๠des centaines de véhicules ont été incendiés et au moins quatre personnes tuées. « Si ces élections ne sont pas libres et justes, c’est le progrès du Nigeria qui sera en jeu », affirme Thompson Ayodele, directeur de l’Initiative pour l’analyse des politiques publiques. Le Parti démocratique populaire (PDP) du président Goodluck Jonathan, un chrétien issu du sud pétrolifère candidat à  sa succession, a remporté chaque présidentielle depuis le retour au régime civil en 1999. Premier producteur de brut d’Afrique, le Nigeria est gangréné par la corruption et sa population reste majoritairement pauvre. Paradoxalement, le pays ne produit qu’une quantité anecdotique d’électricité et importe son essence, ses raffineries étant en très mauvais état. Des progrès ont cependant été soulignés. Le gouverneur de la Banque centrale s’efforce depuis près de deux ans de faire le ménage dans le secteur bancaire et la croissance du PIB devrait atteindre 7% cette année.