G5 Sahel : l’impasse

Selon la règle de la présidence tournante, après le Tchad, le Mali devait prendre la tête du G5 Sahel en février dernier, à l’issue de la 8ème Conférence des chefs d’État. Mais le Colonel Assimi Goïta n’est toujours pas en poste. Les relations avec la France et de l’Union européenne, premiers partenaires de l’organisation sahélienne, ne sont plus au beau fixe. Le pays n’est plus non plus aligné avec les autres de la CEDEAO, et, au sein même du G5 Sahel, des brouilles sont perceptibles, notamment avec le Niger, avec lequel il y a eu des passes d’armes. En attendant, le Président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno joue les prolongations. L’avenir de la Force conjointe demeure flou au regard de l’évolution sociopolitique et géopolitique au Sahel.

En février dernier, les Présidents du Niger, du Tchad et de la Mauritanie ont participé à un mini-sommet du G5 Sahel à l’Élysée, à l’invitation du Président français nouvellement réélu Emanuel Macron. L’avenir de la Force Barkhane, ainsi que les problèmes sécuritaires au Sahel y ont été discuté, sans les deux autres membres du G5 Sahel, le Mali et le Burkina Faso, suspendus des instances de l’Union africaine à la suite de coups d’État. Cela annonçait déjà l’impasse que traverse cette organisation sahélienne, célébrée en grande pompe en 2014, qui devait assurer la sécurité et le développement à la région mais qui, au final, est toujours une Arlésienne.

Aujourd’hui, le G5 Sahel traverse une crise institutionnelle sans précédent et aux implications multiples. Pour la première fois, il ne tiendra pas sa Conférence des chefs d’État. Initialement prévue pour février dernier, elle devait porter le Colonel Assimi Goïta à la tête du G5 Sahel, en remplacement du Général tchadien Mahamat Idriss Déby Itno. Pas évident au regard de la relation du Mali avec ses voisins et avec une partie de la communauté internationale.

Relations compliquées

« Cela semble évident : personne ne va accepter que le Mali prenne la présidence du G5 Sahel », déclare le Dr. Marc-André Boisvert, chercheur postdoctoral au Centre Franco Paix de l’Université de Québec à Montréal. Au regard des relations internationales « compliquées » du pays, il estime qu’il sera très difficile pour le Mali de rassembler au sein du G5 Sahel.

Les relations entre le Mali et certains de ses voisins, et également certains partenaires financiers, sont aujourd’hui très tendues. Ces fractures découlent entre autres de plusieurs déclarations très peu diplomatiques entre le Mali et son voisin nigérien, et ce n’est toujours pas la désescalade. La Mauritanie a aussi fortement réagi après la disparition de certains de ses ressortissants sur le sol malien. Pour apaiser la situation, et alors que le Mali essaye de se tourner vers le port de Nouakchott pour contourner les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, un cadre a été créé pour faire la lumière sur ces disparitions. Bamako a également eu plusieurs passes d’armes avec Paris, dont le paroxysme a été le renvoi de l’ambassadeur français et le retrait de la Force Barkhane. La Banque mondiale a suspendu ses décaissement au profit du pays et l’Union européenne ses missions d’entrainement et de formation en raison de la présence présumée de mercenaires russes de la société de sécurité privée Wagner.

Le point qui dérange le plus est celui de la relation exécrable du Mali avec la France, tête de proue de l’Alliance Sahel, une coalition internationale de 25 partenaires qui finance des projets de développement dans les pays membres du G5 Sahel. Sur les « 22 milliards d’euros d’engagements financiers pris » par l’Alliance Sahel et « plusieurs milliers de projets », le trio en tête de la répartition des fonds est la Banque Mondiale, la France et l’Union européenne. « Si l’on considère que le refus de passer la présidence du G5 Sahel s’explique par le fait que le Mali soit dirigé par un régime militaro-civil suite à un coup d’État militaire, il est difficile de comprendre la présidence tchadienne, vu que ce pays vit sous un régime militaro-militaire suite au décès du Maréchal Idriss Déby Itno. Le G5 Sahel dépend fondamentalement de certaines puissances internationales, de telle sorte qu’il ne peut se permettre d’emprunter un chemin qui déplairait à celles-ci, même si pour cela il faut tordre le cou aux règles de fonctionnement interne de l’organisation », explique Moussa Djombana, analyste géopolitique et sécuritaire.

Dans sa radioscopie du G5 Sahel cinq ans après sa création, publiée en 2019, le spécialiste du Sahel Nicolas Desgrais explique que « lors de la Conférence des chefs d’État de février 2017, le Président tchadien Idriss Déby aurait reconnu lui-même les difficultés rencontrées par son pays pour assumer ses responsabilités » dans un contexte de tensions provoquées par l’élection présidentielle de 2016 et « aurait proposé de passer la main à son homologue malien avant la fin du mandat de deux ans qui était alors en vigueur. Par la même occasion, les chefs d’État décidèrent de limiter la durée de la présidence en exercice à une seule année ».

Il poursuit n’avoir trouvé « aucune disposition dans les textes du G5 Sahel prévoyant l’absence provisoire ou la suspension d’un des États membres. Les décisions devant être prises par consensus, il est dès lors difficile d’imaginer comment les instances du G5 Sahel pourraient fonctionner dans le cas précis d’une absence de participation d’un des États membres ». Pour Nicolas Desgrais, « ce sont les relations interpersonnelles entre les chefs d’États qui emportent bien souvent la décision et témoignent des rapports de force au sein de l’organisation ». Ce qui semble être le cas au sein du G5 Sahel aujourd’hui.

À la croisée des chemins

Créé en 2014, le G5 Sahel devait faire une réalité du Nexus sécurité – développement de ses cinq pays membres. Et cela demeure toujours un mirage. Si un certain impact des projets de développement, à travers l’Alliance Sahel, est visible, la capacité de l’organisation à ramener la sécurité dans le Sahel se fait toujours attendre. Sa Force conjointe (FC – G5 Sahel), créée en 2017 à cet effet, n’a toujours pas atteint sa plénitude opérationnelle, faute de moyens financiers.

C’est pourquoi le G5 Sahel demande depuis sa création de passer sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU. « Cette demande a deux effets principaux. D’abord, elle autorise de recourir à la force armée, normalement interdite en droit international. Dans le cas présent, cela n’a aucune importance, car les membres du G5 Sahel sont libres de recourir à la force sur leur territoire. Ensuite, elle entrainera la mise en œuvre d’un budget dédié à l’ONU. C’est ce que cherchent les États membres du G5 Sahel. Ils disposent déjà de financements bilatéraux et de contributions volontaires d’États étrangers, mais un mandat de l’ONU, accompagné de la création d’un Bureau d’appui permettrait de disposer d’un budget régulier », explique un doctorant en droit international requérant l’anonymat.

Mais plusieurs États membres du Conseil de sécurité, notamment les Etats-Unis et le Royaume Uni, refusent toujours de voir passer le mandat du G5 Sahel sous le chapitre VII de l’ONU. « Ils préfèrent conserver un financement par contributions bilatérales, avec la possibilité de les réduire ou de les augmenter selon l’évolution de la situation politique. La Force conjointe du G5 Sahel a été accusée d’exactions sur des civils et des doutes existent quant à la possibilité qu’elle mette en œuvre le cadre de conduite relatif aux droits de l’Homme et au droit humanitaire imposé par l’ONU. Tous ces éléments remontent globalement à l’année 2021. Avec le déploiement de Wagner, selon les États occidentaux, il y a peu de chances qu’une telle décision ait lieu en 2022 », poursuit le doctorant.

Au regard de l’évolution sociopolitique et géopolitique de la région, l’avenir du G5 Sahel demeure incertain. Pour Moussa Djombana, afin de survivre, l’organisation sahélienne doit être plus ouverte au changement, en vue de mieux s’adapter aux réalités multiformes de l’espace sécuritaire de la région. « Les pays composant cette organisation mutent rapidement et le G5 Sahel, au niveau politique, ne parvient pas à s’adapter, faisant laisser peser des craintes pour sa survie. Aujourd’hui, c’est le Mali qui s’oriente vers la Russie en ce qui concerne la coopération bilatérale militaire. Demain, cela pourrait être le Burkina Faso ou la Mauritanie. Soit le G5 Sahel s’adaptera aux contingences actuelles de la région, soit il mourra de sa belle mort.»

Pour le Dr. Marc-André Boisvert, il est plus qu’urgent d’avoir un leadership fort à la tête du G5 Sahel. « Il faudrait que le G5 Sahel devienne l’outil de cinq pays qui se seront entendus sur comment prendre le volant et comment diriger cette organisation ». En attendant que ce jour soit, le G5 Sahel est aujourd’hui le G3 Sahel, avec le Niger, le Tchad et la Mauritanie. Le Mali et le Burkina sont pour le moment sur le banc de touche.

Burkina Faso : ouverture du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara

Le procès sur l’assassinat du président Thomas Sankara et douze de ses compagnons s’est ouvert ce lundi 11 octobre 2021 à Ouagadougou, trente quatre ans après les faits. Quatorze personnes dont l’ancien président Blaise Compaoré doivent être jugées pour « attentat à la sûreté de l’État », « complicité d’assassinats » et « complicité de recel de cadavres ». Principal accusé, M.Compaoré est absent. Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, ses avocats ont dénoncé une « carence » de la juridiction d’instruction qui « ne l’a jamais convoqué pour un interrogatoire et ne lui a jamais notifié un acte sinon sa convocation finale devant la juridiction de jugement ».

Blaise Compaoré, en exil à Abidjan depuis sa chute du pouvoir le 31 octobre 2014, sera jugé par contumace, ce sera aussi le cas le fugitif Hyacinthe Kafando, chef présumé du commando à l’origine du massacre du 15 octobre 1987.

Son ancien homme de main, le général Gilbert Diendéré aussi à la barre purge déjà une peine de 20 ans de prison dans le procès du putsch de septembre 2015.

Attaques au Burkina faso : 48h de deuil national décrété

Le deuil national de deux jours a débuté ce mardi (10/03/20) prendra fin mercredi a annoncé le président Christian Kaboré sur son compte twitter. Cette annonce intervient après l’attaque meurtrière dans le nord du pays qui a coûté la vie à 43 personnes.

Dimanche, un groupe armé non identifiés a fait irruption dans les villages de Dinguila et Barga de la province de Yatenga pillant et tuant des civiles.

 

Transformer l’Afrique de l’Ouest à travers « l’or blanc »

Au fil des années, les économies d’Afrique de l’ouest sont devenues une force incontournable sur tout le continent. Une grande partie de la tendance ascendante de ces économies a été alimentée par des facteurs clés tels que la liberté de circulation dans la région et le commerce transfrontalier. L’impact a été considérable ; des pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, par exemple, devraient connaître une croissance de 7% et d’autres comme le Ghana, de 9%.

Dans certains pays, l’industrie cotonnière est déjà en plein essor et il est significatif de noter que sur les 12 principaux pays africains producteurs de coton, 8 sont situés en Afrique de l’Ouest. En novembre 2017, les 4 principaux pays producteurs de coton de la région, co-auteurs de l’initiative sectorielle en faveur du coton également appelés « C4 » (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad), ont demandé à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) d’accroître son aide pour améliorer la production de coton. Le C4 a spécifiquement demandé un soutien pour augmenter sa capacité de transformation locale et développer les chaînes de valeur (du coton au textile) dans la région.

 

Cela a suscité un regain d’intérêt de la part d’acteurs internationaux tels que la Société internationale islamique pour le financement du commerce (ITFC), notamment pour développer des interventions clés visant à améliorer la productivité du coton et à valoriser la production cotonnière par le renforcement des capacités, le transfert des connaissances et le commerce des collaborations.

Depuis une décennie, ITFC intervient activement pour soutenir la transformation et la fabrication du coton sur ces marchés en finançant la fourniture des intrants agricoles nécessaires et en achetant le coton graine (ou « coton brut ») directement auprès des agriculteurs et des coopératives pour le transformer en fibre avant l’exportation. Ce faisant, les producteurs de coton sont en mesure de réduire plus rapidement leurs bénéfices. À ce jour, l’ITFC a approuvé 21 opérations de financement d’une valeur de 1,4 milliard de dollars US dans le secteur du coton en Afrique de l’Ouest. Il a également mis en place des programmes visant à développer des liens commerciaux directs entre les pays exportateurs de coton, en particulier entre les pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest et les pays importateurs de coton du Sud-Est.

Reconnaissant que la chaîne de valeur du coton offre d’énormes possibilités pour l’émergence d’un secteur des PME jeune et innovant, l’ITFC a récemment lancé le Programme de développement des PME en Afrique de l’Ouest, destiné à assurer un meilleur accès au financement. Le programme, qui ciblera les pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) – à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo – sera complété par le renforcement des capacités et la formation de PME et banques partenaires pour améliorer la bancabilité de leurs projets. Les implications pour les PME du secteur du coton et de sa chaîne de valeur en particulier devraient être énormes, en raison notamment de la sophistication croissante de l’écosystème cotonnier en Afrique de l’Ouest.

Les investissements dans des secteurs tels que le commerce du coton sont essentiels au développement économique des économies ouest-africaines. Il s’agit d’une industrie gigantesque dont les exportations sont en croissance et qui, en tant que telle, offre d’énormes possibilités dans la chaîne de valeur du coton pour la croissance des PME, la création d’emplois, la source de devises et une économie durable axée sur les exportations dans la région.

Aujourd’hui, la plupart des pays du C4 – le Bénin, le Burkina Faso et le Mali – ont réalisé de réels progrès et représentent l’avenir de la production de coton sur le continent. Bien que le secteur continue à faire face à des défis au niveau des réformes institutionnelles et politiques, on ne peut nier que de grands progrès ont été réalisés grâce à des interventions stratégiques d’entités telles que ITFC.

 

Sikasso : la Zone économique spéciale lancée

La Zone économique spéciale (ZES) constituée par les localités de Sikasso au Mali, Korhogo en Côte D’Ivoire et Bobo-Dioulasso au Burkina Faso a été officiellement lancée ce lundi 14 mai 2018 à Sikasso par les Premiers ministres du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Ce projet devrait impulser une nouvelle dynamique économique entre les trois pays.

Trois pays mais un destin commun selon le Premier ministre burkinabé, Paul Kaba Thiéba, qui s’est dit heureux de travailler avec ses « frères » du Mali et de la Côte d’Ivoire à renforcer leur coopération transfrontalière. « Aujourd’hui l’enjeu pour nous est de construire sur la base de cet environnement géographique partagé et de cette homogénéité culturelle un espace de croissance partagé de développement inclusif et d’une résilience plus grande face aux vulnérabilités de l’environnement régional » a-t-il souligné. Ce projet qui se fonde sur l’adoption par l’UEOMA d’un schéma d’aménagement transfrontalier intégré (SATI) devrait donner une nouvelle impulsion aux échanges économiques entre les trois pays. Mais, la délimitation de la zone reste encore à définir, ce qui devrait être le cas très bientôt, d’après le ministre de l’Économie et des Finances du Mali Dr Boubou Cissé.

L’objectif visé par le projet de la ZES est de créer des opportunités d’investissements et un environnement juridique et commercial favorable notamment dans les domaines de l’agro-business, des technologies de l’information et de la communication, de la culture, du tourisme, des services médicaux, des industries manufacturières et des services financiers. « Nous voulons créer un environnement propice à l’expansion économique de la zone mais nous faisons aussi un pari sur l’avenir parce que notre démarche vise à terme à favoriser l’émergence économique de nos périphéries nationales contribuant ainsi à accélérer l’intégration sous régionale et régionale grâce à la coopération de proximité. » a souligné le chef du gouvernement malien Soumeylou Boubeye Maiga.

De manière spécifique, il s’agira de bâtir une infrastructure résiliente, de développer les chaines de valeurs agricoles prioritaires de la production, de la conservation, du transport, de la transformation et de l’accès aux marchés afin de favoriser le développement économique. « La Côte D’ivoire entend s’investir davantage dans la coopération régionale et plus particulièrement dans une coopération avec ses voisins immédiats. A cet égard le Mali et le Burkina constituent des partenaires privilégiés et de premier plan » assure le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibalay. Le document officiel portant déclaration de l’engagement des trois États a été solennellement signé par les trois Premiers ministres, lançant ainsi le point de départ de la mise en œuvre du projet  dont les différents contours techniques et fiscales seront déterminés très prochainement par une commission tripartite constituée des ministres de l’Économie et des Finances des trois pays.

G5 Sahel : réunion pour accélérer son opérationnalisation

Dirigeants européens et africains se sont retrouvés mercredi en France pour accélérer la mise en œuvre de la force régionale du G5 Sahel face aux djihadistes qui gagnent du terrain.

Le président français Emmanuel Macron, qui ne cessait ces derniers temps de pointer du doigt la lenteur dans la mise en place du G5 Sahel, a invité les cinq pays qui composent la force et des partenaires afin « d’avancer plus vite sur le financement  et de structurer le volet militaire », selon les mots de la ministre française des armées, Florence Parly. « La guerre contre le terrorisme n’est pas encore gagnée, c’est pourquoi nous lançons cette coalition, assurer la victoire militaire au Sahel, c’est aussi se prévenir d’attentats sur notre sol » a affirmé le président français Emmanuel Macron, après la rencontre avec ses homologues. Il s’est fixé comme objectif d’accentuer la mobilisation autour de la force afin qu’elle puisse enregistrer des victoires militaires dès le premier semestre 2018. L’Arabie Saoudite qui avait annoncé fin novembre apporter 100 millions de dollars au G5 Sahel, a réitéré cette promesse. Egalement présent au sommet, les Emirats Arabe Unis se sont eux engagés à apporter 30 millions de dollars à la force. « Nos amis des pays du Golfe nous apportent un soutien conséquent, nous sommes  conscient au G5 Sahel que le temps nous ait compté, nous savons qu’avec ce qui s’est passé au Moyen-Orient, la fin de la guerre en Syrie, il y aura un reflue vers le Sahel, et nous ne voulons pas que ce qui n’a pu se faire là-bas, puisse se produire chez nous » s’est exprimé le chef de l’Etat malien et président en exercice du G5 Sahel, Ibrahim Boubacar Keita.

Le président Macron, a annoncé qu’une nouvelle réunion de soutien financier à la force est prévue le 23 février 2018 à Bruxelles, et cette fois-ci elle sera ouverte à tous pays qui souhaitent participer.

Wahabou Zoromé : « Il faut beaucoup de compétitions d’escrime pour rehausser le niveau »

Le Mali va abriter ce 17 décembre la première édition du tournoi de la Fraternité d’escrime, entre le pays hôte et le Burkina Faso. Le Président de la Fédération malienne d’escrime, Wahabou Zoromé, revient pour le Journal du Mali sur l’organisation de cet évènement.

Journal du Mali : Qu’est-ce qui a motivé la tenue de ce tournoi ?

Wahabou Zoromé : Nous avons compris qu’il y avait un besoin urgent de développement de l’escrime au niveau des pays de la sous-région. Il faut que nous arrivions à créer des postes en faisant des tournois inter-États. Il faut le dire, l’escrime est un sport assez nouveau en Afrique subsaharienne. Donc il faut qu’il y ait beaucoup de compétitions pour rehausser le niveau. C’est pourquoi nous avons pensé et mis en place le tournoi de la Fraternité entre le Mali et le Burkina Faso.

Pourquoi n’avoir choisi que ces deux pays ?

C’est une question d’opportunité. Récemment, à l’occasion du Congrès de la Fédération internationale d’escrime à Dubaï, j’étais avec le Président de la Fédération du Burkina. Nous avons échangé et voulions au départ le faire avec le Niger. Mais le Nigérien n’a pas obtenu son visa. Nous nous sommes dit qu’il fallait organiser le tournoi avant la fin de l’année, à deux pays. Après, d’autres pays pourront se joindre à nous.

Ne pensez-vous pas que ce tournoi risque à terme de se substituer à celui de la CEDEAO ?

Nous avons contacté la section CEDEAO chargée du sport pour une organisation commune de la compétition, sauf que les financements n’ont pas suivi. On nous a donc demandé de remettre cela à 2018. Nous souhaitions faire quelque chose en 2017 et c’est ainsi qu’est né le tournoi de la Fraternité. Mais, en 2018, celui de la CEDEAO, qui regroupera tous les pays de la communauté, aura bien lieu.

Certains de nos escrimeurs s’entrainent à l’étranger, feront-ils le déplacement pour le tournoi ?

Nous avons deux athlètes qui sont en France, mais ils ne seront pas là. Tout simplement parce que ce n’est pas leur spécialité (c’est un tournoi de sabre). Eux font plutôt de l’épée. De même, tous les tireurs de Bamako ne participeront pas au tournoi de la Fraternité, qui ne concerne que les sabreurs.

« Bory bana » pour François Compaoré?

Cette phrase attribuée à celui qu’on l’accuse d’avoir fait tuer doit sonner comme un glas pour François Compaoré. En cette fin d’octobre 2017, le frère du président Blaise a été arrêté en France. Même s’il a été remis en liberté ce lundi 30 octobre,  nombreux sont les Burkinabè qui espèrent que l’heure de la justice ait enfin sonné.

Il était le second homme fort du régime Compaoré. Le frère de Blaise, François, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis en mai dernier par les autorités de son pays, a été arrêté à sa descente d’avion hier dimanche, à Paris. Son avocat a annoncé sa remise en liberté sans préciser si la justice française avait ou non l’intention de donner suite au mandat d’arrêt burkinabè et l’extrader vers son pays où il est suspecté, depuis 1998, de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo. Ce dernier avait été retrouvé calciné dans son véhicule le 13 décembre, il y a 19 ans. Du côté de la justice de son pays, on confirme la demande d’extradition qui devrait être formulée officiellement. » »Le Burkina doit encore faire valoir en bonne et due forme une demande d’extradition.[…]  La justice a estimé qu’il n’y avait pas lieu de donner à ce mandat l’aspect coercitif qu’il réclamait« , a déclaré Me Sur, son avocat. Citoyen ivoirien résidant en France avec sa famille, il a été laisse libre sous contrôle judiciaire, a-t-il précisé. « Il doit prévenir en cas de voyage à l’étranger« , a-t-il ajouté, en présence de son client à leur sortie du palais de justice de Paris à la mi-journée.

François Compaoré, 63 ans est poursuivi pour « incitation à assassinats« , selon un avocat de la famille Zongo, Me Bénéwendé Sankara. Norbert Zongo, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant la mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, travaillait au moment de son assassinat sur la mort du chauffeur de François Compaoré, alors conseiller économique de son frère. François Compaoré a un temps été inculpé de « meurtre et recel de cadavre » après la mort de son chauffeur, mais n’avait jamais été poursuivi dans le dossier Zongo avant l’émission de ce mandat d’arrêt.

Il « a été entendu trois fois par la commission d’enquête internationale et trois autres fois par une juridiction d’instruction au Burkina, or chacune de ces deux procédures l’a disculpé » dans ce dossier, objecte son avocat. A Ouagadougou et parmi les proches de Norbert Zongo, ce déclenchement de la justice française n’est que le début d’une procédure souhaitée, réclamée depuis des années. François Compaoré qui fait valoir sa nationalité ivoirienne, obtenue en même temps que son frère, s’est enfui du pays lors de l’insurrection populaire d’octobre 2014. En décembre 2015, trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne du président Compaoré – dissoute après sa tentative de coup d’Etat mi-septembre 2015 – ont été inculpés par la justice burkinabè dans cette affaire.

Yves Trotignon : « L’ennemi reste insaisissable »

La force Barkhane est mobilisée à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso pour traquer les groupes djihadistes qui ont fait de cette zone une base de repli. La lutte contre le terrorisme menée par la France a permis en quatre ans de neutraliser des centaines de terroristes et de mettre la main sur d’importants stocks d’armes. Pourtant, la menace ne cesse de s’intensifier. Yves Trotignon, analyste et spécialiste du terrorisme, décrypte pour le Journal du Mali les causes de ce phénomène en progression.

La force Barkhane a neutralisé des dizaines de djihadistes suite aux opérations Bayard et Panga. Peut-on dire que la force française se révèle efficace dans sa lutte contre le terrorisme au Sahel ?

Il y a une vraie excellence tactique des forces françaises, une vraie capacité de la force au Sahel et en particulier au Mali à prendre le dessus contre les djihadistes en combat direct, dans une embuscade ou dans des opérations ciblées que ce soit des frappes aériennes ou un raid de commando, ça c’est très clair. Effectivement, il y a des saisies d’armes assez conséquentes, mais attention, il faut regarder ce qui est saisie, ce sont très souvent des explosifs, improvisés pour la plupart, il n’y a pas tant d’armes de poing ou de fusil d’assault que ça, donc attention un petit peu au bilan que l’armée française diffuse. Les forces françaises travaillent, il n’y a aucun doute là-dessus, mais il y a tout de même assez peu d’affrontement direct, je crois qu’en 2015-2016, il y a eu une dizaine de combat direct seulement entre la force française et les djihadistes. L’opération Bayard est le premier affrontement d’importance depuis début 2017. C’est un succès tactique, mais l’ennemi reste insaisissable. D’autre part, l’ensemble de la situation sécuritaire au Mali ne s’améliore pas. Depuis 2012, on n’a jamais eu autant d’attentats au Centre et au Nord du Mali. L’opération Serval qui a été efficace en 2013, ne produit donc plus d’effet sur la sécurité générale du pays.

Que faudrait-il pour que cette lutte contre le terrorisme soit efficace ? 

Le djihadisme au Mali comme en Somalie, en Irak ou au Yémen, est à la fois un phénomène en soi et aussi le symptôme de quelque chose de plus profond, dû à une crise générale de gouvernance au Mali, les conséquences éventuelles de la crise Libyenne, des différentes crises touaregs au Nord du Mali et au Niger depuis une trentaine d’année, des difficultés d’intégration, de relation entre les communautés. On le voit bien avec l’émergence de mouvement autonomiste peul, la mise en avant par les djihadistes des origines ethniques ou communautaires, qui montre bien qu’ils sont issus d’une communauté dont quelques membres sont séduit par l’idéologie djihadiste, ce qui ne se faisait pas tellement avant. Les crises se mélangent, les groupes aux origines et aux motivations différentes s’associent pour le djihad régional ou mondial. On se rend compte aussi que derrière ces djihadistes, il y a d’autres crises, du narcotrafic, des problèmes de redistribution des richesses, d’infrastructures, de relations entre les différentes communautés, de corruption. Les français combattent les éléments djihadistes, les Nations-unies essaient de faire leur métier, de la stabilisation, de la pacification, du state building, mais vous pouvez venir régler un problème, faire du mieux que vous pouvez, mais si vous ne régler pas de façon générale l’ensemble des crises, vous n’arriverez pas à grand-chose rapidement.

Pourquoi cette concentration des groupes djihadistes vers le Sahel ? Quel caractère stratégique revêt-il pour ces groupes ?

La présence des djihadistes algériens au Sahel comme AQMI existe depuis plus de 20 ans. À l’origine, ils n’étaient pas là pour faire des choses contre le Mali ou le Niger, c’était plus une base arrière. Il y a eu progressivement une convergence d’intérêts entre certains irrédentistes du Nord Niger ou du Nord Mali qui se sont trouvés des intérêts communs, des convergences idéologiques. Le Sahel n’est pas stratégique pour ces groupes, il abrite les djihadistes. L’idée principale chez ces groupes, c’est de provoquer du chaos sur place pour s’emparer du pouvoir, attirer les forces de sécurité pour les affronter et les vaincre, pas militairement mais politiquement, les discréditer, provoquer un enlisement, provoquer le départ des forces étrangères qui auront essayé de gagner alors que la crise s’est aggravée.

Selon vous, faut-il négocier avec certains chefs djihadistes comme Iyad Ag Ghaly ou Amadou Kouffa ? 

Certains responsables maliens reprochent plus ou moins publiquement aux Français d’avoir épargné Iyad Ag Ghaly en 2013. Un leader comme lui peut avoir des contacts parallèles très utiles. Il a été épargné pour ne pas fermer les portes politiques après la guerre. Mais en même temps, pour les autorités maliennes, Iyad Ag Ghaly est l’un des grands criminels de 2013. Il faut savoir où est-ce que vous mettez votre curseur. Mais si vous le faites, il faut avoir aussi les idées claires sur les personnes à qui vous parlez, que vous intégrez dans les négociations, l’idée étant toujours de fractionner votre adversaire en petits groupes qui vont éventuellement s’affronter entre eux et que vous allez progressivement attirer vers vous, soit par leur propre violence, soit par des accords politiques. Donc effectivement, négocier avec des djihadistes ça va être une occasion de les fractionner. Ce qui veut dire qu’ à un moment certains djihadistes qui pensaient arriver au pouvoir ou avoir des postes importants dans la vie politique vont se retrouver un peu marginalisé ou vont se considérer comme des perdants des négociations et vont avoir tendance à éventuellement être de nouveau violent, donc il faudra renégocier. Ce genre de division peut durer longtemps. Dans tous les cas, il va être difficile de vendre aux autorités maliennes le fait qu’il faut négocier avec Iyad Ag Ghaly qui a par ailleurs tué des Maliens et des Français, alors que les Français sont contre le fait que Iyad Ag Ghaly soit remplacé par quelqu’un d’autre.

Les forces françaises ont neutralisé une vingtaine de djihadistes au Mali

Du 27 mars au 10 avril, la Force française Barkhane mena une importante opération – appelée Panga – dans le secteur de la forêt de Foulsaré, qui, situé à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, est connu pour être une zone de repli pour le groupe jihadiste burkinabè Ansarul Islam, fondé par le prédicateur radical Ibrahim « Malam » Dicko.

« Il ne doit pas y avoir un endroit dans la région où les GAT puissent être tranquilles », avait alors assuré le général Xavier de Woillemont, le chef de la Force Barkhane.

Pour les besoins de l’opération Panga, 1.300 soldats, 200 véhicules, des drones MALE MQ-9 Reaper, des Mirage 2000 et une dizaine d’hélicoptères avaient été mobilisés pour effectuer des missions de reconnaissance et de contrôle de zone. L’objectif était alors d’approfondir les connaissances de ce secteur difficile de de 2.500 km² et de collecter du renseignement. En outre, 2 jihadistes avaient été neutralisés et 8 autres faits prisonniers.

Les informations recueillies lors de l’opération Panga ont permis d’identifier des dépôts logistiques utilisés par les jihadistes dans la forêt de Foulsaré. D’où la planification de l’opération Bayard pour les démanteler.

Ainsi, le 29 avril, des Mirage 2000 du plot « chasse » de Niamey ont effectué plusieurs frappes aériennes contre des positions identifiées comme jihadistes. Puis, deux hélicoptères d’attaque Tigre sont intervenus pour sécuriser la zone d’intervention.

Suite à cela, des hélicoptères NH-90 Caïman ont déposé des groupes de commandos de montagne à proximité des positions jihadistes. Ces derniers ont été rejoints à l’aube du 30 avril par des commandos parachutistes et des équipes de déminage. La fouille du secteur ainsi bouclé a permis de mettre la main, sur de l’armement, des munitions, des lance-roquettes et des composants d’engins explosifs improvisés en « quantité importante ». Et, selon l’État-major des armées (EMA), « près d’une vingtaine de terroristes ont été neutralisés », c’est à dire mis hors de combat.

« Cette opération conduite dans la forêt de Foulsaré, considérée depuis quelques temps comme une zone refuge et d’influence des terroristes, vient concrétiser les efforts conduits avec les forces maliennes et burkinabées pour lutter contre les réseaux des groupes armés terroristes qui agissent dans ce secteur », a encore fait valoir l’EMA.

Les commandos de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne (BIM) sont particulièrement sollicités ces derniers jours. Le 18 avril, ils ont en « neutralisé » une dizaine de jihadistes qui venaient d’attaquer une base des Forces armées maliennes (FAMa) à Gourma Rharous, à environ 120 km à l’est de Tombouctou.

 

Burkina Faso : Blaise Compaoré jugé ce 27 avril

En exil depuis près de trois ans en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, évincé du pouvoir par une insurrection populaire en octobre 2014, sera jugé par contumace, à Ouagadougou dans une semaine. En même temps que 32 ministres de son dernier gouvernement.

« Assassinat, complicité d’assassinat, coups et blessures », ce sont là les chefs d’accusation qui pèsent sur Blaise Compaoré, ancien président de la République du Burkina Faso, et les ministres de son dernier gouvernement. Les faits qui leur sont reprochés entrent dans le cadre de la répression de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Mais en exil en Côte d’Ivoire depuis près de trois ans, Blaise Compaoré, qui a obtenu la nationalité ivoirienne, n’a pas de quoi s’inquiéter. « En lui donnant la nationalité ivoirienne, la Côte d’Ivoire s’est donnée les moyens juridiques de ne pas l’extrader », explique Aboubacar Ouattara, journaliste ivoirien, spécialiste des questions politiques.

La justice burkinabè n’entend cependant pas renoncer à juger l’ancien homme fort de Ziniaré. La Haute Cour de justice du Burkina Faso a ainsi annoncé le 10 avril dernier la tenue du procès le 27 avril prochain dans la salle d’audience du Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Sur les appelés à la barre, au nombre desquels figure également le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, de nombreux absents. Blaise Compaoré qui est couvert par l’immunité dont jouissent les anciens chefs d’État, sera jugé par contumace en tant que ministre de la Défense, une fonction qu’il occupait également.

Procès pour l’exemple L’ancien président risque d’être arrêté le jour où il foulera à nouveau le sol burkinabè, assure Idrissa Barry, du collectif Balai citoyen. L’accusation se fonde sur le Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014 qui aurait planifié la répression sanglante le lendemain où des dizaines de milliers de manifestants sont sortis dans la rue pour réclamer la fin du régime. Officiellement, elle a fait 33 morts et 625 blessés, essentiellement par balles. Pour Idrissa Barry, ce procès est une leçon pour les dirigeants récalcitrants qui désormais « sauront que leurs actes peuvent être punis », dit-il. Et pour que les dérives du régime précédent ne surviennent plus, Idrissa Barry explique que « nous avons fait un grand pas. Il existe une veille citoyenne qui influe sur les décisions du gouvernement », conclut-il.

 

Burkina Faso : les réfugiés maliens craignent d’être stigmatisés

Les réfugiés maliens vivant au Burkina Faso reçoivent des menaces de la part de population qui appelle à leur départ du Burkina Faso. En cause, la recrudescence des attaques terroristes dans le nord du pays.

Ces derniers temps au Burkina Faso, des anonymes sur les réseaux sociaux comme facebook et whatsApp, appellent au départ des réfugiés maliens du territoire installant la peur chez ces exilés. Un de ces tracts sur le net lancé par des internautes, appelle les populations de Djibo dans la province du Soum à chasser ces Maliens vu comme la cause des nombreuses attaques qui agitent le pays : « À toute la populations de Djibo, levez-vous comme un seul homme pour chasser les réfugiés touaregs qui sont dans les environs de Djibo. Qu’ils retournent d’où ils viennent. C’est la guerre du Mali qui a fait que les autorités les ont accueilli et pourtant ce sont les mêmes qui sont entrain de faire du mal dans la région du Sahel. Top départ pour déloger les Touaregs ! Le vendredi 10 Mars à 10h rassemblement devant le bureau de la douane à Djibo ».

Les autorités ont été saisies par plusieurs réfugiés pour dénoncer ces publications. Selon nos informations, les autorités auraient affirmé ne pas être au courant et conseillé à ces réfugiés maliens de ne pas s’inquiéter. « Nous avons deux sites de réfugiés officiels ici au Burkina tous situés dans la région du Sahel. Le site de Mentao dans la province du Soum et celui de Goudebou dans la province du Seno. Ces sites totalisent une population de près de 20 000 réfugiés. À côté de ces deux camps nous avons les « hors camps » qui sont près de 10 000 personnes éparpillés au nord du Burkina », explique ce responsable humanitaire chargé des réfugiés maliens vivant au Burkina Faso qui requiert l’anonymat, il ajoute que « depuis le début des frappes terroristes, les réfugiés sont mal vus par tous, qui les prennent pour d’éventuels complices des djihadistes ».

Au nord du Burkina, les mouvements sont limités, les contrôles et les mises en garde se multiplient. Un climat de méfiance s’instaure. Les populations locales doutent de la bonne foi des réfugiés malgré les sensibilisations et du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et du gouvernement à travers les leaders locaux. C’est avec les événements récents de Nassoumbou et la découverte du groupe du prêcheur Malam Ibrahim Dicko, un Burkinabé lié aux membres d’Ansar Eddine que la tension à l’égard des réfugiés a baissé légèrement. Même si ce djihadiste à fait quelques démonstrations de force et des règlements de comptes, il ne manque pas de propagandistes très proches de lui qui font diversion en attirant l’opinion nationale, à travers des communiqués et des vindictes anti-réfugiés. Une attitude que tout le monde n’a pas encore compris. Une dirigeante des femmes réfugiées confie également que  » Les réfugiés des camps sont sécurisés par des unités de police et de gendarmerie qui exerce beaucoup de pression sur les réfugiés. De tel manière qu’elles suscitent plus de crainte que d’assurance » déclare-t-elle.

En 2012, plus deux cent mille réfugiés maliens ont quitté le Nord Mali vers les pays limitrophes comme la Mauritanie, le Burkina Faso et le Niger pour fuir la guerre qui faisait rage dans la partie septentrionale du pays. La situation actuelle au Mali ne permet toujours pas à ces réfugiés maliens à rentrer dans leur pays.

Burkina Faso : de nouvelles mesures pour lutter contre le djihadisme

Face à la recrudescence des attaques terroristes dans le nord du pays, les autorités burkinabés ont pris de nouvelles mesures pour lutter efficacement contre le terrorisme dans la zone.

Les autorités burkinabés ont pris de nouvelles mesures sécuritaires pour lutter contre les attaques terroristes entre la frontière du Mali au nord et la ligne délimitée par les localités burkinabés de Baraboulé, Nassoumbou, Koudougou, Déou, Oursi et Markoye. En proie à une vague d’attaque terroriste, le nord du Burkina Faso est désormais une zone à risque pour les populations qui y vivent. Pour faire face au problème, un arrêté du gouverneur de la région pour réguler la mobilité des véhicules et particulièrement des motos, considérés comme le moyen de déplacement privilégié des djihadistes, à certaines heures, est désormais en vigueur.

Les véhicules automobiles et motocyclettes sont interdits de circulation de 17 h à 6 h du matin. En d’autres termes, la circulation des véhicules à quatre roues, des motos à deux roues, des tricycles et des vélos, est formellement interdite à la bande frontalière aux heures indiquées et dans les localités concernées. L’information a été diffusée sur les médias locaux et dans différentes langues parlées dans la région.

Cet arrêté qui se présente comme une lueur d’espoir pour les populations est une promesse du ministre burkinabè de la Sécurité en visite dans la province du Soum, lundi 6 mars, où un enseignant avait été assassiné vendredi 3 mars par des hommes de Malam Dicko, chef du groupe terroriste Ansarul Islam qui sévit dans la zone. Les djihadistes exigeant des enseignants qu’ils cessent l’enseignement en français.

En attendant de voir les résultats et les effets de ces nouvelles mesures sécuritaires, le Burkina Faso est désormais engagé dans la lutte contre le terrorisme aux côtés du Mali. Une opération de ratissage dénommé « Tomonon » est actuellement menée par l’armée malienne, mauritanienne et la force Barkhane dans la forêt de Wagadu. Son objectif : débusquer les djihadistes jusque dans leur dernier retranchement.

 

Burkina : Des « djihadistes » ont attaqué deux commissariats

Des « djihadistes » ont attaqué deux commissariats dans la province du Soum (Nord du Burkina), près de la frontière malienne, dans la nuit de lundi à mardi, deux mois après l’attaque qui a coûté la vie à 12 soldats dans le même secteur, a appris l’AFP de sources concordantes. « Deux de nos commissariats ont été attaqués cette nuit à Barabulé et Tongomaël (province du Soum) », a affirmé à l’AFP le ministre de la Sécurité Simon Compaoré, sans donner de bilan. Deux sources sécuritaires ont parlé de « jihadistes ». Joint par l’AFP, Mohamed Dah, Haut Commissaire de la province du Soum, dont Djibo est le chef-lieu, a affirmé que « les attaques ont eu lieu quasi simultanément, mais les tirs à Barabulé ont été plus intenses qu’à Tongomaël. Les tirs ont cessé, mais les assaillants ne sont toujours pas partis. Un renfort militaire a été envoyé sur les lieux ».

« On se demande si c’est une diversion, afin de mobiliser des forces de sécurité pour attaquer des cibles plus importantes », a-t-il avoué, sans pouvoir non plus donner de bilan.

Cette attaque est survenue pendant le 25e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui attire des dizaines de milliers de cinéphiles, dont de nombreux étrangers, dans la capitale burkinabè, située à 210 km au sud de Djibo.

Le gouvernement avait assuré avoir pris des mesures spéciales pour protéger ce célèbre festival, qui est l’occasion pour le pays de rayonner positivement à travers le continent et le monde.

Sous couvert de l’anonymat, une autre source sécuritaire a expliqué que l’attaque à Barabulé était l’oeuvre d’une « dizaine de jihadistes arrivés sur six motos ».

Dans un communiqué officiel publié dans la matinée par le ministère de l’État et de la sécurité du Burkina Faso il est mentionné qu’une seule personne a été blessée, il n’y aurait aucune aucune perte en vies humaines  » précise le communiqué. Le Communiqué ajoute également qu’une « opération des ratissage est en cours dans la localité en vue de retrouver les assaillants « . Le ministre invite les populations à garder le calme et la sérénité et à dénoncer tout suspect, aux forces de défense du Burkina Faso. C’est dans cette même région du Sahel qu’opère le jihadiste du Mujao, Malam Ibrahim Dicko.

Le 16 décembre, une attaque de jihadistes sur un détachement de l’armée à Nassoumbou, également dans la province du Soum, près de la frontière malienne, avait fait douze morts, traumatisant le pays. Ce raid jihadiste est le plus meurtrier jamais perpétré contre l’armée dans ce pays. Il s’agissait alors de la seconde attaque visant l’armée depuis le début des attaques jihadistes au premier trimestre 2015 au Burkina Faso, petit Etat sahélien d’Afrique, pauvre et enclavé.

En octobre 2016, la première attaque avait fait six morts -quatre militaires et deux civils-, les deux civils ayant été probablement tués par des « tirs amis ». Frontalier du Mali et du Niger, le nord du Burkina est le théâtre d’attaques jihadistes régulières depuis 2015. Les attaques jihadistes au Burkina Faso sont surtout concentrées dans le nord du pays. Mais le 15 janvier 2016, un commando de trois assaillants a tué 30 personnes et fait 71 blessés en plein coeur de la capitale Ouagadougou. Une attaque revendiquée par le groupe Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Longtemps épargné par ces attaques qui touchent la plupart des pays sahéliens, le Burkina est ainsi entré depuis avril 2015 dans un cycle de violence

Burkina Faso : Roch Marc Christian Kaboré sous le feu des critiques

L’opposition reproche au président de la République d’avoir géré sa première année au pouvoir d’une manière « chaotique » et d’éprouver de « réelles difficultés à incarner la fonction » de chef de l’État. Zéphirin Diabré, le leader de l’UPC, l’Union pour le progrès et le changement et chef de file de l’opposition a tenu une conférence de presse dans laquelle il dénonce le pilotage à vue et une gestion ballottée au gré des événements.

Une filiale de la Katiba Macina au Burkina Faso

Le 16 décembre dernier, la commune de Nassoumbou dans la province du Soum, limitrophe du Mali, au nord-est du Burkina Faso, était victime d’une attaque terroriste sanglante qui a frappé un détachement des forces antiterroristes de l’armée burkinabè. 12 soldats de l’unité anti-terroriste y ont trouvé la mort et du matériel a été emporté par les terroristes. D’abord attribuée à Al-Mourabitoune groupe lié à l’État Islamique, cette attaque serait l’oeuvre d’un nouveau groupe djihadiste, Ansaroul Islam, affilié à la Katiba Macina.

L’attaque subie par les militaires burkinabé à Nassoumbou est la plus meurtrière des attaques jamais infligée à un corps d’armée burkinabé par des djihadistes. Le bilan enregistré sur place faisait état d’une douzaine de morts, de nombreux blessés, des matériels militaires incendiés ou emportés. Aucun des groupes djihadistes actifs dans la région comme la Katiba Al-Mansour, Macina ou Khalid Ibn Walid, n’avaient officiellement revendiqué cette attaque. Dans un premiers temps, les médias burkinabés et certains observateurs l’avaient attribué au groupe terroriste Al-Mourabitoune affilié à l’État Islamique, responsable de deux autres attaques au Burkina, en septembre à Markoye et en octobre à Intagom.

Le 22 décembre la page Facebook d’un obscur mouvement se faisant appelé ‘‘Ansaroul Islam’’ publiait le communiqué suivant : « Le 16 décembre 2016 de l’année grégorienne, un commando de 28 moujahidines du mouvement Ansaroul Islam a attaqué un rassemblement des forces croisées dans le Djelgoodji plus précisement à Nassoumbou ».

Ce nouveau groupe djihadiste disait avoir perdu deux « martyrs » lors de l’assaut et revendiquait la « perte de 20 croisés ». « Au plan matériel, les moujahidines ont perdu 1 véhicule et 9 ont été détruits dans les rangs de croisés. Un de leurs blindés a aussi été emporté par les djihadistes ainsi que beaucoup d’armes et munitions » poursuivait le communiqué qui prévenait que « cette attaque ne sera pas la dernière » et était signé par un certain « Maalam Ibrahim, commandeur des croyants, guide d’Ansaroul Islam ».

Selon nos informations, ce mouvement serait proche de la Katiba Macina d’Amadou Koufa. À l’instar de la Katiba Macina qui souhaite la résurgence de l’empire du Macina de Sékou Amadou, Ansaroul Islam fait référence dans leur communiqué à « Djelgoodji » qui constituait la région historique du royaume peul au Burkina jusque dans la province du Soum. En dehors des affinités communautaires, cette région a des liens historiques avec la région de Mopti. La chef dAnsaroul Islam, de son vrai nom Ibrahim Dicko, affublé du titre de professeur, serait un proche du fameux prédicateur peulh, émir de la brigade Ansar dine au Macina, Amadou Koufa. Ce qui en toute vraisemblance pourrait faire d’Ansaroul Islam, une franchise d’Ansar Dine Macina au Burkina Faso. Ibrahim Dicko, lui-même prêcheur peulh burkinabè serait très connu à Djibo, dans le nord du pays. Son mouvement serait composé de douzaine d’hommes ayant rejoint le maquis entre Mondoro au Mali et Djibo au Burkina.

L’association de ces deux groupes qui visent les même type de cible et qui aspirent chacun à réinstaurer leur royaume historique respectif, pourrait venir renforcer une activité djihadiste déjà très préoccupante dans la zone frontalière entre Mali et Burkina.

Zida, chronique d’une chute annoncée

Alors que son autorisation d’absence a expiré depuis cinq mois, il refuse d’obéir aux injonctions du président Kaboré qui réclame son retour pour répondre de ses actes.

Yacouba Isaac Zida est dans la tourmente. Après avoir vu contrecarrés ses projets d’être nommé ambassadeur du Burkina Faso à Washington en décembre dernier, le général de division est resté à Ottawa auprès de sa famille et ne semble plus vouloir regagner son pays. Depuis le 19 février 2016, date à laquelle sa permission d’absence a échu, le président Roch Marc Christian Kaboré lui demande de rentrer au pays. Dans la nuit du dimanche au lundi 6 juin, de retour du sommet de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le chef de l’État a déclaré : « J’ai toujours rappelé (…) qu’il était indispensable et obligatoire qu’il rentre parce que quand on assume des responsabilités à un certain niveau, on a un devoir de rendre compte, un devoir d’explication». On l’aura compris, le refus du général Isaac Zida d’obéir à la sommation du président, ministre de la Défense qui plus est, tient au fait que son nom est cité dans le rapport officiel de l’Autorité supérieure de contrôle de l’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), qui l’accuse de détournement d’argent public et d’enrichissement illicite. L’ex-numéro deux du Régiment de sécurité présidentielle, arrivé sur la scène politique en novembre 2014 après la chute de Blaise Compaoré, devrait aussi rendre des comptes sur un lot de parcelles à Ouaga 2000, auquel il a d’ailleurs renoncé en avril. À sa demande d’une mise en situation d’évacuation « sanitaire », le président oppose un refus catégorique, et s’avance jusqu’à menacer de le considérer comme un militaire « en désertion ». D’autant que Zida se trouve sans soutien, l’état-major de l’armée considérant qu’il a usurpé son grade de général de division. Il va sans dire qu’au-delà de l’ancien Premier ministre, c’est un pan du voile qui se lève sur une transition pourtant considérée comme exemplaire.

Terrorisme : la difficile mise en place de la coopération interafricaine

Une succession d’attaques terroristes sans précédent secoue le Mali et la région ouest-africaine. Les groupes qui en sont les auteurs se coordonnent et s’aventurent désormais hors des frontières maliennes où ils ont prospéré, comme récemment pour frapper le littoral ivoirien ou la capitale burkinabè. Tandis que Barkhane continue sa mission de « police du désert », une riposte interafricaine tente de se mettre en place.

Depuis le début de l’année 2016, la Mali a connu une trentaine d’attaques terroristes sur son sol, et fait nouveau, le phénomène se répand dans d’autres pays de la sous-région peu inquiétés jusque-là . Le Mali est ciblé, alors qu’il tente de se relever d’une crise sans précédent, en s’appuyant sur un accord de paix obtenu à  l’arrachée. « Cette recrudescence des attaques démontre une volonté délibérée de faire dérayer le processus de paix, c’est très clair ! Ils veulent déstabiliser le pays. Ils ne cantonnent pas leurs attaques au nord, ils s’attaquent au sud, ils s’attaquent même aux mouvements armés signataires et aux forces étrangères », commente une source diplomatique. Pour Ibrahim Maïga, chercheur à  l’Institut des études de sécurité ISS Africa, cette succession d’actes terroristes cache d’autres buts. « Je pense qu’elle répond à  des raisons tactiques pour montrer qu’ils peuvent frapper partout. C’est aussi une guerre de leadership entre Aqmi et l’État islamique (EI). Aqmi a constaté qu’on voit de plus en plus de subsahariens, Maliens, Sénégalais, mais aussi Ivoiriens, parmi les rangs de l’EI en Libye. Cette recrudescence d’acteurs subsahariens est une menace non seulement pour les pays, mais également pour Aqmi, qui se sent concurrencée sur son propre territoire ».

Les terroristes parlent aux terroristes Malgré les rivalités, des groupes comme Aqmi, Al-Mourabitoune, Ançar Dine ou le Front de libération du Macina, ont en commun la volonté « d’atteindre des cibles symboliques où il y a des regroupements d’étrangers » et « d’instaurer un califat ou un État islamique là  où ils sont implantés ». Leur modus operandi : des petits groupes de moins de 5 personnes, mobiles, armés de fusils d’assaut, de grenades, ou de lance-roquettes, qui connaissent très bien le territoire pour y avoir évolué pendant l’occupation du Nord du Mali en 2012. « Il ne fait aucun doute qu’il existe aujourd’hui des passerelles, et le dénominateur commun semble être Iyad Ag Ghali », déclare Ibrahim Maïga. Hamadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali se connaissent, ils se sont côtoyés au temps de la Dawa. Des témoins affirment avoir aperçu Iyad et Kouffa au moment de l’offensive sur Konna et selon des sources sécuritaires, « des individus qui travaillaient pour ces deux leaders, ont été arrêtés dans la région de Mopti ». Pour ce cadre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), le problème de la Katiba Macina, comme ils se nomment eux-même, est sous-estimé par les autorités maliennes. « C’est une semence qui a été jetée il y a trois ans. Elle est en train de sortir de terre et si on y trouve pas de solution maintenant, dans 5 ans on ne parlera plus de Mali ni même d’Azawad. Parce qu’il y aura le Macina entre le Mali et l’Azawad ! ».

Un autre groupe, connecté aux « gens de Kouffa » sévit dans le Sud, la katiba Khalid Ibn Walid ou Ançar Dine Sud. La plupart de ses membres officiaient pour le compte de la police islamique à  Tombouctou, qui comptait une majorité d’élément d’Ançar Dine dans ses rangs. « Cette connexion est un avantage tactique évident pour Iyad Ag Ghali puisqu’elle lui permet d’étendre son combat et d’accroître son influence », résume le chercheur d’ISS Africa. À tel point qu’aujourd’hui, de nombreux observateurs pensent que négocier avec lui pourrait résoudre la crise du Nord et peut-être amener une paix durable dans le pays. Mais le gouvernement oppose un refus catégorique. « On ne peut pas négocier avec les terroristes. Ils n’ont pas d’autre projet politique que de tuer. Il faut travailler pour une réconciliation nationale et garder notre détermination à  combattre ceux qui n’ont que la lâcheté comme méthode de guerre », assène cet officiel proche du dossier.

Une solution en forme de coopération Néanmoins, les régions du Nord du Mali, restent des zones de non-droit, souvent montrées du doigt par les pays voisins, et constituent un sanctuaire pour ces groupes terroristes. « Le fait que l’État et l’armée ne soient pas présents dans cette partie du territoire amplifie le désordre et l’insécurité en l’Afrique de l’Ouest. Ces groupes, qui se déplacent relativement facilement, disposent ainsi d’une base arrière formidable pour pouvoir mener des attaques dans les pays voisins et plus au sud du Mali », souligne Ibrahim Maïga. Pour les contrer, les forces françaises de Barkhane, conjointement aux armées locales, tentent de dresser un filet aux mailles élargies, dans la bande sahélo-saharienne, un territoire vaste de 5 000 km² où les terroristes évoluent cachés. Dans cette « drôle de guerre », les Maliens amènent leur connaissance du terrain et les Français la logistique et la puissance de feu.

Depuis le début de l’opération Barkhane, plus d’une centaine de terroristes ont été mis hors de combat. La Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad ont pris conscience, dès 2014, qu’ils avaient à  lutter ensemble contre un ennemi commun et se sont rassemblés au sein du G5 Sahel, un cadre de coopération sécuritaire. « Le G5 couvre pratiquement toutes nos frontières, hormis la frontière algérienne. Cela nous permettra de nous coordonner et de projeter nos unités sur des théâtres d’opérations régionaux. En dehors du G5, le Mali est aussi intégré au processus de Nouakchott, qui englobe 11 pays africains et sahéliens. Nous discutons actuellement de l’opérationnalisation d’une force africaine d’intervention pour lutter contre le terrorisme », explique un officiel du ministère des Affaires étrangères. La semaine dernière, les ministres de la Sécurité du Mali, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal se sont rencontrés à  Abidjan, afin d’échanger sur les questions de la prévention et de la lutte contre le terrorisme. À l’issue des discussions, ils se sont accordés sur une mutualisation, un renforcement des relations et une meilleure collaboration entre services de sécurité. Pour Ibrahim Maïga, « ce genre d’initiative est positive car ces groupes transnationaux ne peuvent être combattus s’il n’y a pas coopération entre les États. D’autant plus qu’une coopération bilatérale marchera mieux qu’une collaboration multilatérale souvent moins efficace, moins fonctionnelle ».

Reste maintenant à  juger de l’application de ces mesures, alors que des divergences existent entre les États. La Mauritanie et le Mali, par exemple, n’ont pas les même vues sur la qualification des groupes terroristes. Un pays comme le Sénégal pourrait avoir moins tendance à  s’engager, car en s’engageant, on s’expose. La riposte régionale à  venir sera donc, d’abord, une question de volonté politique.

Les orphelins de Blaise

Les accointances du MNLA avec les djihadistes d’AQMI, au début de l’occupation du nord du Mali en 2012, sont connues de tous. C’’est sans doute ce qui a valu à  Mossa Ag Attaher, son porte-parole, d’être entendu pendant de longues heures le samedi 16 janvier dans les locaux de la gendarmerie burkinabè, au lendemain de l’attaque terroriste perpétrée à  l’hôtel Splendid et au café-bar Cappuccino de Ouagadougou, dont le bilan est de 30 morts. Il est loin le temps o๠les leaders de l’ancienne rébellion se pavanaient tranquillement dans la capitale du Faso, logés, nourris et blanchis, défiant ainsi l’à‰tat malien sous l’œil protecteur du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en octobre 2014. On se rappelle qu’il y a quelques mois, un autre chef du MNLA, Mahamadou Djeri Maà¯ga, vice-président, avait aussi subi un interrogatoire pour ses liens présumés avec les auteurs du putsch manqué conduit par le général Diendéré. Le nouveau pouvoir burkinabé semble donc avoir d’autres préoccupations que de continuer à  chouchouter les enfants gâtés de la République malienne. l’heure est à  la lutte contre le terrorisme, et aucune piste ne doit rester inexplorée pour retrouver les coupables et prévenir de nouvelles attaques. Au Mali, il serait bon de savoir s’il est vrai que des cadres de la CMA ont précipitamment quitté l’hôtel Radisson Blu de Bamako, o๠ils séjournaient, dans la nuit du 19 au 20 novembre, veille du terrible attentat. Les a-t-on questionnés ? Avaient-ils des informations sur ce qui allait se passer ? Pour montrer leur bonne foi et faciliter la réconciliation nationale, une coopération accrue des anciens rebelles avec les services sécuritaires maliens est plus que nécessaire. Ils se trouveraient ainsi de nouveaux protecteurs.

Burkina Faso: ce qui s’est passé

02h08 : Le hall de l’hôtel Splendid est en feu. Des cris sont entendus à  l’intérieur, annonce un journaliste de l’AFP. 02h29 : Skynews annonce au minimum 20 morts. Ce bilan provient des témoignages recueillis par le directeur du principal hôpital de Ouagadougou. Mais avec l’assaut en cours, ce bilan pourrait malheureusement s’alourdir. 02h44 : Bonsoir @anonyme.Une dizaine d’otages vient d’être libérée de l’hôtel Splendid, indiquent plusieurs journalistes sur Twitter. 03h07 : L’assaut a commencé, les différents composantes des forces armées et de sécurité se sont réparties les missions. 03h18 : Les Etats-Unis condamnent les attaques et présentent leurs condoléances aux familles de victimes. 03h32 : Selon un nouveau communiqué d’Aqmi traduit par SITE et relayé sur Twitter par une journaliste du New York Times, les jihadistes dans l’hôtel affirment qu’ils ont tué 30 personnes et qu’ils ont agi pour se venger « de la France et de l’Occident mécréant ». 03h43 : Les assaillants seraient cinq ou six, selon une source sécuritaire. 03h43 : Des blindés sont déployés aux abords de l’hotel. 04h05 : Le gouvernement burkinabé se mobilise. Un conseil des ministres extraordinaire est prévu demain matin à  9 heures (10 heures, heure de Paris) au palais présidentiel, annonce Burkina info TV sur Facebook. 05h01 : Trente-trois otages, dont un membre du gouvernement burkinabé, ont été libérés au cours de l’assaut. Les forces spéciales continuent leur opération dans l’hôtel de Ouagadougou au sein duquel sont retranchés des islamistes présumés, annonce le ministre burkinabé des Communications. 05h13 : « Libération du ministre (du Service public, du Travail et de la Sécurité sociale) Clément Sawadogo et d’une trentaine d’otages », écrit Remis Dandjinou sur son compte Twitter. 07h35 : « Les forces françaises apportent leur soutien aux forces Burkinabé. » François Hollande dénonce « l’odieuse et lâche attaque qui frappe Ouagadougou ». Le communiqué diffusé par l’Elysée précise que « le président de la République fait part de son total soutien au président Kaboré et au peuple burkinabé ». 07h38 : Toujours sur place. Tirs intenses vers 4h55 et plus rien depuis. Plusieurs personnes libérées. On patiente avec les militaires. 07h39 : #SplendidHotel le jour se lève à  #Ouagadougou et l’assaut est toujours en cours. 07h47 : échanges de tirs ont lieu entre forces de sécurité et jihadistes au café-restaurant Cappuccino de Ouagadougou, constate un journaliste de l’AFP. 07h53 : Ce café-restaurant, lui aussi prisé de la clientèle expatriée, est situé non-loin de l’hôtel Splendid. Il est également visé par le commando. « Sur la terrasse du Cappuccino, les sapeurs-pompiers ont vu une dizaine de cadavres », a déclaré à  l’AFP le ministre de l’Intérieur, Simon Compaoré. 08h03 : Le groupe jihadiste Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l’attaque. Selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes, Aqmi a posté un message sur la messagerie Telegram, attribuant l’attaque au groupe islamiste Al-Mourabitoune qui a récemment rejoint ses rangs. 08h07 : Le dirigeant historique d’Al-Mourabitoune n’est autre que Mokhtar Belmokhtar, un des chefs jihadistes les plus redoutés du Sahel. C’est lui qui avait préparé l’attaque d’In Amenas, en Algérie, en janvier 2013. 08h10 : Romain Caillet, consultant spécialiste des groupes jihadistes, donne des précisions sur la revendication d’AQMI. Le groupe a diffusé un message et un enregistrement qui met en scène l’interview d’un assaillant qui est à  l’intérieur de l’hôtel. La France a été évoquée. 08h36 : Ouagadougou : Les lieux attaqués comptent plus d’africains que d’occidentaux. Les médias parlent bcp des expatriés mais ils ne sont pas les seuls visés.Lycée français, à  500 m de là , est bien entendu fermé ce matin. 08h55 :L’attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaà¯da au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l’a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar. Ce groupe est rallié à  Aqmi, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes. 09h17 : 126 personnes ont été libérées, dont 33 sont blessées. Trois jihadistes ont été tués, annonce le ministre Intérieur burkinabé. 09h21 : Les assauts sont terminés sur l’hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino. Un assaut est en cours dans un autre hôtel, indique le ministre de l’Intérieur burkinabé. 09h25 : Selon une journaliste sur place, les assaillants sont retranchés dans un autre hôtel que le Splendid, dans lequel l’assaut est terminé. 9h44: 126 personnes, dont 33 blessées, ont été libérées et trois jihadistes tués lors de l’intervention des forces de sécurité contre les auteurs des attaques terroristes à  Ouagadougou, qui ont fait au moins vingt morts. Un assaut est encore en cours dans un hôtel voisin. 09h54 : La photographe franco-marocaine Leila Alaoui, blessée durant la prise d’otage, a pu être évacuée, elle devrait être opérée. 10h12 : Une source sécuritaire fait état d' »au moins 22 morts » dans l’attaque jihadiste à  Ouagadougou. 10h20 : Les assaillants retranchés à  l’hôtel Yibi situé à  50m du Splendide Hotel evacué après l’assaut. 10h35 : Le président Kaboré est à  l’hôtel Splendid, principal théâtre de l’attaque jihadiste. « C’est un acte barbare qu’il faut combattre », a t-t-il déclaré, selon le média burkinabé RTB. 10h51 : Sur Twitter, la secrétaire d’Etat chargée du développement et de la francophonie Annick Giradin fait part de sa « solidarité absolue avec le peuple burkinabé ». Dans les commentaires, vous manifestez aussi votre solidarité. 11h08 : L’attaque terroriste à  Ouagadougou a fait au moins 23 morts de 18 nationalités, selon un nouveau bilan transmis par une source sécuritaire à  l’AFP. 11h27 :au moins 23 morts dans l’attaque du Splendid hôtel. Selon une source sécuritaire, 4 assaillants ont été tués et non 3. 11h41 : Selon un officier de la gendarmerie cité par Reuters, un quatrième islamiste a bien été tué à  Ouagadougou dans l’hôtel Yibi. Il s’y était retranché après l’assaut donné par les forces de sécurité contre l’hôtel Splendid. 11h42 : L’officier de gendarmerie a précisé à  l’agence Reuters que deux femmes étaient au nombre des quatre islamistes tués. 11h50 : Attaque jihadiste à  Ouagadougou : les opérations sont terminées, indique une source sécuritaire. 12h13: Les opérations des forces de sécurité burkinabées contre les auteurs des attaques jihadistes à  Ouagadougou sont terminées. Le bilan provisoire s’élève à  au moins 23 morts. Selon Reuters, quatre jihadistes, dont deux femmes, ont été tués. Les opposants à  l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes à  Rennes manifestent aujourd’hui. Une mobilisation à  suivre en direct sur France 3 Bretagne. L’Inspection générale des affaires sociales, saisie par le ministère de la Santé pour enquêter sur l’accident survenu lors de l’essai clinique d’un médicament, a débuté aujourd’hui. Le chef de l’Etat est arrivé à  Tulles pour présenter ses voeux « aux territoires ». Une visite et un discours à  suivre en direct ici sur France 3 Limousin et sur francetv info. 2h24 : Selon France Info, le dernier bilan provisoire des attaques terroristes s’élève à  27 morts et une Française figurerait parmi les blessés. Sur Twitter, l’ambassadeur de France à  Ouagadougou évoque aussi 27 morts. Il dément la présence de femmes parmi les assaillants tués. 13h29 : Un couple d’Autrichiens a été enlevé par des inconnus dans le nord du pays, confirme le ministère Intérieur. 14h16 : « Le centre-ville est absolument désert. On ne voit que quelques militaires, quelques policiers, quelques gendarmes », vient d’expliquer au 13 heures de France Gérard Grizbeck, envoyé spécial, arrivé à  Ouagadougou en milieu de matinée. 14h19 : On en sait un peu plus sur le couple d’Autrichiens enlevé dans le nord du Burkina Faso, selon les autorités burkinabées. Il s’agit d’un médecin et de sa femme, enlevés à  Baraboulé. On ignore en revanche s’ils étaient résidents au Burkina ou touristes de passage. 14h58 : Un nouveau bilan du ministre de la Communication fait état de 26 morts. 15h16 : Un deuil national de 72 heures sera observé à  partir de demain, en hommage aux victimes de l’attaque terroriste qui a fait au moins 26 morts, selon un bilan provisoire. 17h08 : D’après RTL, deux Français ont été tués lors de l’attaque terroriste de Ouagadougou. Le dernier bilan communiqué par le Quai d’Orsay n’en faisait pas état. Nous cherchons à  en savoir plus. 17h12 : Le Quai d’Orsay confirme à  BFMTV la mort de deux Français lors de l’attaque terroriste de Ouagadougou. 17h49 : La section antiterroriste du parquet de Paris ouvre une enquête, après l’attaque terroriste de Ouagadougou. 18h36 : Les deux Australiens enlevés hier soir au Burkina Faso sont aux mains du groupe jihadiste Ansar Dine. Ils seraient en train d’être emmenés au Mali. 19h34 : Le bilan des attaques terroristes à  Ouagadougou grimpe à  au moins 29 morts. « Des corps sont encore à  identifier, nous sommes prudents, le bilan est provisoire », fait savoir le Quai d’Orsay. 19h38 : Parmi les pays qui comptent des victimes de l’attentat de Ouagadougou, des Suisses et des Canadiens, fait savoir le Quai d’Orsay. 20h36 : Dernier bilan du ministère de la Sécurité intérieure burkinabé : 29 morts et une trentaine de blessés. Les corps des trois jihadistes ont été identifiés, tous des hommes, « très jeunes », précise le ministère. 20h52 : Deux Suisses ont été tués lors des attaques terroristes de Ouagadougou, annonce le ministère suisse des Affaires étrangères. 21h00 : L’ambassadeur de France, Gilles Thibault, demande aux Français présents dans le pays de faire « preuve de vigilance ». 22h33 : On en sait un peu plus sur l’identité des Français. Les deux victimes confirmées par le Quai d’Orsay sont originaires de l’Oise, indiquent Le Parisien et le Courrier Picard. Elles travaillaient toutes deux pour une entreprise de transport de la région de Beauvais. 22h35 : D’autres médias indiquent qu’il y a une troisième victime française, un autre salarié de cette société, mais le Quai d’Orsay ne confirme pas.

Burkina Faso: Discours de Michel Kafando

« Mes chers compatriotes, dans le malheur nous avons lutté ensemble, dans la liberté nous triomphons ensemble. A présent, libre de mes mouvements, je reprends du service. Et par là  même, je m’affirme en la légitimité nationale. La transition est ainsi de retour et reprend à  la minute même l’exercice du pouvoir d’Etat. l’a-t-elle d’ailleurs jamais perdu ? Non, vu la clameur nationale contre les usurpateurs, vu la réprobation internationale contre l’imposture, C’’est l’aveu même que le gouvernement de transition que vous avez librement choisi, et en qui vous avez totalement mis votre confiance, est resté le seul à  incarner la volonté du peuple souverain. Au demeurant, le président du Conseil national de la transition, M. Chérif Sy, agissant en intérimaire du président du Faso, a su garder la flamme intacte. Je lui en suis gré. Je vous invite donc à  rester mobilisés autour de la transition, pour qu’ensemble nous continuions ce que nous avons commencé. A savoir, remettre le processus électoral sur les rails, après avoir naturellement pansé les plaies et honoré la mémoire de nos compatriotes injustement tombés pour la défense de la patrie, et dont certains gisent toujours dans les morgues. Je m’incline très respectueusement devant leur mémoire. La nation toute entière leur rend hommage. En attendant d’examiner la façon dont nous solderons les conséquences de cette funeste barbarie, à  toutes les familles éplorées je présente nos sincères condoléances. Nous sommes fiers de la mobilisation et de l’intrépidité du peuple burkinabè, en particulier de sa jeunesse dont la détermination sans faille a permis d’arrêter l’imposture. Tout indique que la conscience aiguà« qui a guidé l’insurrection ne s’est guère émoussée, bien au contraire. Je salue notre armée nationale qui, réalisant elle aussi le défi et l’anathème qui lui ont été lancés par cette horde d’insoumis, dans son amour propre a volé au secours du peuple martyrisé.

Putsch au Burkina Faso: « La CEDEAO pourrait mieux faire »

Le collectif pour la défense de la République sous la houlette de Mohamed Bathily dit Ras Bath en collaboration avec la maison de la presse a animé ce samedi un point de presse sur le coup d’état qui s’est perpétué la semaine dernière au Burkina Faso. D’entrée de jeu, Ras BATH dégagera sa position face cet acte qui a fait couler beaucoup d’encre,  » l’atteinte à  la démocratie au Burkina est une atteinte à  celle du Mali. C’est pourquoi nous condamnons et qualifions comme l’Union Africaine ce putsch d’actes de terreurs effectués par des terroristes ». Tout en faisant le rapport entre les deux pays, Ras Bath affirmera que ce coup d’état a d’énorme conséquences sur l’état socio-économique du Mali. Il argumentera qu’avec ce coup d’état des camions de marchandises maliens ont été bloqués à  la frontière du Faso, « il a fallu l’intervention du président sénégalais Macky Sall pour que les maliens ne souffrent d’avantage des difficultés liées à  l’organisation de la fête de tabaski ». Quand au communiqué de la CDEAO sur ce sujet, Ras Bath accusera cette organisation d’être un peu rester dans ses bottes. En revanche, il félicitera l’Union Africaine pour avoir condamné fermement ce putsch et exiger sans délai le retour à  la normale. Par ailleurs, le maillon fort de exigera la reprise de la transition, la révision des lois électorales afin de permettre à  tous de se présenter, « nous condamnons le coup d’état, exigeons la réhabilitation des autorités de la transition et souhaitons que seule la justice burkinabé qui a le droit d’écarter un candidat face son travail » a t-il précisé avant de conclure que le Mali se doit de tirer des leçons de ce putsch afin de faire une réforme au sein de l’armée malienne.

Sall et Boni à Ouagadougou ce vendredi

Le Président Michel Kafando et certains de ses ministres ont été libérés et sont rentrés chez eux, selon les putschistes qui annoncent que le Président de la Transition a été placé en résidence surveillé. Le Premier Ministre Zida reste quant à  lui en détention. Les tractations sont en cours pour tenter de ramener le pays dans la légalité et les présidents sénégalais et béninois sont attendus dans la capitale burkinabè pour entamer une médiation. « L’objectif à  cela est de parvenir à  un retour à  une vie constitutionnelle normale, à  la libération du président et du Premier ministre qui sont otages, et à  la libération de tous les ministres », a déclaré le ministre béninois des affaires étrangères, Saliou Akadiri, à  la télévision nationale. La garde présidentielle du Burkina Faso avait annoncé jeudi la dissolution du gouvernement de transition et la création d’un nouveau « conseil national pour la démocratie » dirigé par le général Gilbert Diendéré, bras droit de l’ancien président Blaise Compaoré. Un coup d’à‰tat militaire qui intervient alors que le pays s’acheminait vers des élections présidentielle et législatives prévues le 11 octobre, censées clore la transition ouverte après la chute de Blaise Compaoré il y a un an. Le général Gilbert Diendéré a promis d’organiser « rapidement » des élections prévues à  l’origine en octobre. « Mais nous pensons discuter de cela avec les acteurs qui sont concernés notamment les partis politiques et les organisations de la société civile », a-t-il ajouté. Le putsch a été unanimement condamné par la communauté internationale: l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne, la Cédéao.

Coup d’Etat au Burkina Faso: Gilbert Diendéré prend le pouvoir

Le président Michel Kafando et son Premier ministre Isaac Zida ainsi que plusieurs ministres sont retenus depuis hier dans le palais présidentiel de Ouagadougou par des hommes armés, le Régiment de la sécurité présidentielle (RSP). Alors que la situation était confuse depuis hier après-midi, un homme en uniforme, qui serait Abdoulaziz Korogo, est apparu tôt, ce 17 septembre au matin, à  la télévision nationale et a annoncé la dissolution du gouvernement et la « démission » du président. à€ un mois de l’élection présidentielle qui devait permettre au pays de sortir de son régime de transition, voilà  que le Burkina se plonge à  nouveau dans une nouvelle impasse. La réaction de la communauté internationale ne s’est pas fait attendre. l’Union africaine, la Cédéao et les Nations unies condamnent avec la plus grande fermeté cette violation flagrante de la Constitution et de la Charte de Transition. Mieux, elles exigent que les forces de défense et de sécurité se soumettent à  l’autorité politique et, dans le contexte actuel, aux autorités de la transition. Alors même que la situation est encore incertaine au pays des hommes intègres, Kaboré Souleyman, étudiant à  Ouagadougou exprime sa déception, « je suis abattu. Et dire que C’’est le bras droit de Blaise Compaoré qui est derrière ce push, le général Gilbert Diendéré. C’’est décevant » a-t-il dit. A l’heure actuelle le général vient d’être nommé à  la tête du conseil national de la démocratie. Le peuple marchera pour aller manifester son mécontentement au chef traditionel du Burkina Faso, Moro Naba a témoigné notre source.

Burkina Faso: le parti de Compaoré suspendu

Le grand nettoyage continue et le nouveau régime semble vouloir mettre au placard tous les symboles et représentants de l’ancien pouvoir. Le ministère de l’Administration territoriale a ainsi annoncé la suspension du CDP, le parti de Blaise Compaoré. La Fedap-BC, une association de soutien à  l’ancien président, et l’ADF-RDA, formation qui avait pris position en faveur du projet de modification consitutionnelle, sont aussi suspendues. Et ce, après le limogeage de patrons de sociétés publiques, accusés d’être trop proches du clan Compaoré, et la nationalisation d’une entreprise immobilière appartenant à  l’ancienne « belle-mère nationale », Alizéta Ouédraogo. « Trouble à  l’ordre public » L’arrêté pris par le ministre Auguste Denise Barry, bras droit du Premier ministre Yacouba Isacc Zida, reproche au CDP des « activités incompatibles avec la loi portant charte des partis et formations politiques au Burkina Faso ». Selon ce texte, « en cas de violation des lois et règlements de la république par un parti ou une formation politique et en cas d’urgence ou de trouble de l’ordre public », le Ministre chargé des libertés publiques « peut prendre un arrêté de suspension de toutes activités du parti concerné et ordonner la fermeture de son siège ». Il en est de même pour la Fedap-BC, accusée d’avoir mené des « activités incompatibles avec la loi portant liberté d’association au Burkina Faso ». Le leader du CDP, Assimi Kouanda, et celui de la Fedap-BC, Adama Zongo, sont internés depuis le 5 novembre au camp de gendarmerie Paspanga de Ouagadougou. Ils sont accusés d’avoir publiquement tenu des propos pouvant causer des troubles à  l’ordre publique – Kouanda avait appelé ses troupes à  se défendre en cas d’attaque -, et ont été interpellés et « placés en sécurité » par les militaires en charge de la transition. ———————

Blaise Compaoré trouve refuge dans le royaume chérifien

L’ex-président burkinabè était réfugié à  Yamoussoukro depuis le 31 octobre, jour de sa démission. Blaise Compaoré n’est pas le seul dignitaire africain à  avoir trouvé refuge au Maroc. Si pour l’heure on ignore o๠va résider l’ex-président burkinabè, selon une source à  la présidence ivoirienne, Blaise Compaoré séjournera au Maroc, à  l’invitation du roi Mohammed VI. Le souverain marocain a adressé jeudi dernier un message de félicitations au président intérimaire Michel Kafando au lendemain de sa prestation de serment. Ce n’est pas la première fois que le royaume chérifien accueille des dignitaires africains. Dans les années 60, Mohamed Boudiaf s’est installé à  Kenitra dans le nord de Rabat. Le cadre du FLN algérien séjourna au Maroc pendant près de 30 ans avant d’être rappelé en 1992 pour occuper la présidence de l’Algérie jusqu’à  son assassinat six mois plus tard. Le Maroc a aussi été la dernière demeure de Mobutu. En 1997, le lion du Zaà¯re est admis au Maroc pour des raisons humanitaires. Atteint d’un cancer généralisé, il s’est éteint une semaine plus tard. Sa tombe est toujours visible dans le cimetière chrétien de Rabat. Enfin, en 2009, le Maroc accueillait pendant dix jours le président guinéen Moussa Dadis Camara. Il est hospitalisé dans la capitale marocaine après une tentative d’assassinat par balles pour ensuite trouver refuge au Burkina Faso. l’ex-homme fort de Guinée vit d’ailleurs encore aujourd’hui à  Ouagadougou

Burkina Faso: le lieutenant-colonel Isaac Zida nommé Premier ministre

Le Burkina Faso a désormais un nouveau Premier ministre. Le lieutenant-colonel Zida vient tout juste d’être nommé à  ce poste, ce mercredi 19 novembre, par le nouveau président de la transition Michel Kafando. Cette désignation est loin d’être une surprise, elle était même attendue. Cette nouvelle nomination au palais présidentiel de Kossyam est une confirmation des bruits de couloirs entendus dans les arcanes du pouvoir burkinabè depuis 24 heures. Depuis la désignation de Michel Kafando, les deux hommes avancent main dans la main. Ils abordent les mêmes thématiques, utilisent le même langage, parlant par exemple du respect obligatoire de la Constitution, de la volonté d’aller de l’avant ou encore de réconcilier les Burkinabè. Le lieutenant-colonel Zida a su, en quinze jours de gestion du pays, se donner une stature d’homme d’Etat. Sa rigueur, sa volonté d’aller vite, sa capacité à  respecter un calendrier lui ont donné une confiance, notamment de la rue. « On veut Zida, car il sera capable de contrôler les politiques et d’éviter les dérives », nous expliquait par exemple un jeune commerçant la veille de cette nouvelle nomination. Un gouvernement annoncé jeudi Dans la classe politique, cette nomination d’Isaac Zida à  la Primature est visiblement bien perçue : « C’’est l’homme de la situation, il a pris des risques, il est compétent. » « l’armée a lâché des choses durant les négociations : les postes de président du pays, de l’Assemblée… C’’est donc un compromis », ont expliqué à  RFI différents leaders de l’opposition. Un pouvoir civil et militaire se met donc en place u Burkina. A voir comment vont réagir la Communauté internationale et la société civile du pays. Michel Kafando et le lieutenant-colonel Zida sont en tout cas déjà  au travail. Ils ont été aperçus dans les coulisses du palais de Kossyam, visiblement sereins et concentrés. Leur première mission : travailler sur le gouvernement qui doit être annoncé ce jeudi 20 novembre.

Accord a minima à Ouaga

Les burkinabè et la sous-région attendent toujours le nom de la personnalité qui doit diriger la transition née de la chute de Blaise Compaoré le 31 octobre dernier. Les tractations vont bon train depuis presque deux semaines ais les points de vue semblent avoir du mal à  converger. Une lueur d’espoir cependant ce mercredi, l’armée et la société civile se sont mis d’accord sur un certains nombre de points. Un gouvernement de 25 membres Le Conseil National de la Transition mis en place par les militaires et dirigé par el Lieutenant-Colonel Isaac Zida devient un organe «législatif»,alors que l’armée souhaitait qu’il soit simplement «consultatif». Il sera composé de 25 membres de l’opposition, 25 de la société civile, 15 militaires et 10 membres du camp de Blaise Compaoré. l’accord a minima confirme que le président de la transition sera un civil, qui choisira lui-même son Premier ministre, ce dernier nommant les 25 membres du gouvernement. Aucun de ces cadres du futur régime ne pourra participer aux prochaines élections, selon ce texte établi au sein d’une commission à  laquelle participaient la société civile, les autorités religieuses et traditionnelles, l’opposition et l’armée, à  raison de 2 membres chacun (8 au total). L’accord n’a cependant pas encore été validé en assemblée, comme prévu initialement, «les militaires étant partis recueillir les avis et amendements de leur hiérarchie», a déclaré un membre de cette commission. l’assemblée convoquée ce mercredi siègera à  nouveau ce jeudi soir, a-t-il précisé. Ensuite, si cette assemblée valide le texte en présence de militaires, l’armée devrait lever dans de brefs délais la suspension de la Constitution qu’elle avait déclarée à  son arrivée aux affaires. Le Conseil constitutionnel se saisira alors du document. Pour rappel, une charte de la transition, sorte de constitution intérimaire, a été remise par la société civile à  l’armée, qui y avait rédigé ses propres propositions. Un accord avec les militaires est impératif pour que ceux-ci rendent le pouvoir aux civils comme le réclament l’Union africaine et les partenaires occidentaux du Burkina.

Burkina Faso: toujours pas de fumée blanche

De Ouagadougou à  Accra, tout le monde planche sur le dossier burkinabè. Dans la capitale o๠le calme est revenu après plusieurs jours de manifestations, d’intenses tractations ont lieu pour trouver la personnalité civile qui doit diriger les 12 mois de transition. Le « pays des hommes intègres », qui a chassé par la rue son désormais ex-président le 31 octobre dernier est pour l’instant entre les mains des militaires dirigés par le Lieutenant -Colonel Isaac Zida. Une commission réunissant opposition, société civile et chefs religieux et traditionnels planche depuis jeudi sur l’architecture de cette transition qui devra mener à  des élections générales dans un délai d’un an. Elle doit proposer une « charte de la transition » qui devra être validée par toutes les parties lors d’une plénière, avant d’être présentée aux médiateurs le lundi prochain. En attendant, l’armée entend bien se faire entendre et refuse que la communauté internationale « impose un calendrier » aux burkinabè. « L’UA peut dire +dans trois jours+, ça n’engage que l’Union africaine », a déclaré le Lt-Cl Zida. »Si demain nous avons une personnalité consensuelle » pour diriger la transition, « nous n’allons pas attendre l’UA » pour rendre le pouvoir, a-t-il toutefois expliqué. L’Union Africaine a en effet donné deux semaines aux militaires pour remettre le pouvoir à  un civil, menace de sanction à  l’appui. Une démarche réfutée par la CEDEAO qui était réunie en sommet ces dernières heures à  Accra. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, l’organisation régionale ouest-africaine ont plaidé vendredi pour un assouplissement à  l’égard du Burkina et demandé de ne pas lui imposer de sanctions « compte tenu des efforts en cours ». Les acteurs de la crise se sont en effet entendus mercredi sur la durée de la transition – un an – et sur le fait qu’elle sera dirigée par une personnalité civile. En outre, des élections présidentielle et législatives doivent se tenir d’ici novembre 2015. Mais le nom du futur chef de la transition n’est pas encore sorti. Cette question épineuse nécessite davantage de temps, selon tous les protagonistes. Le schéma des militaires Ces derniers ont en effet pleinement réfléchi à  a question et ont leurs propositions pour la transition. Celles-ci se résumeraient en la mise en place d’un « Conseil national de transition », doté de pouvoirs législatifs et composé de 60 membres, à  parts égales entre armée, société civile, opposition et ancienne majorité. Il serait présidé par un militaire. Les portefeuilles d’un « gouvernement de la transition, technocratique et non partisan » seraient répartis également, un tiers chacun, entre l’armée, la société civile et les partis politiques. « L’armée a des propositions mais elles ne sont pas toutes bonnes », a déclaré un responsable associatif burkinabè. « On se retrouve tous ensemble lundi – armée, société civile, partis politiques, religieux – pour sortir un document unique et consensuel », a déclaré de son côté Jonas Hien, un responsable de la société civile, à  l’issue d’une rencontre avec le lieutenant-colonel Zida. L’important, c’est de parvenir à  un consensus pour aller au bout d’une année sans problème et faire des élections dont les résultats seront acceptés par tous », a estimé M. Zida. Les « hommes intègres » attendent donc toujours celui qui empêchera leur pays de se désintégrer.

Burkina Faso : Transition sous pression

Depuis la chute du régime Compaoré, le vendredi dernier, les voix se font entendre, de partout, pour réclamer le retour à  l’ordre constitutionnel. Ce qui équivaudrait, dans le contexte actuel o๠l’Assemblée Nationale n’existe plus, (dissoute et les députés en fuite pour la plupart), à  la prise du pouvoir par un civil. l’armée a effectivement fait main basse sur les rênes du pays, après que la rue ait chassé le désormais ex-Président. Ce dernier souhaitait, grâce à  un vote à  l’Assemblée Nationale, modifier la Constitution du pays afin de pouvoir se représenter à  la présidentielle, au terme de 27 ans de pouvoir. Samedi dernier, après quelques sueurs froides pour les observateurs de la situation qui craignaient un conflit interne à  l’armée, les militaires se sont mis d’accord pour que le Lieutenant Colonel Isaac Zida conduise la transition. Mais C’’était sans compter avec la société civile burkinabè, qui n’entendait pas se laisser spolier sa victoire obtenue dans la rue, avec la perte de 30 manifestants tués par balle par l’armée. La rue n’a donc pas désempli depuis le week-end dernier et la place de la Nation, rebaptisée place de la Révolution continue de manifester, même si la vie a repris dans les écoles, au marché et dans la plupart des administrations. La communauté internationale s’est mêlée du dossier burkinabè, après s’être tue pendant les jours chauds de la révolte, quand on ne savait pas encore si « Blaise » partirait ou pas. C’’est désormais une pression tous azimuts que pèse sur les militaires. Ainsi, le chef de l’Etat ghanéen et président en exercice de la CEDEAO, John Dramani Mahama, ainsi que les présidents nigérian Goodluck Jonathan et sénégalais Macky Sall, étaient ce mercredi 5 novembre à  Ouagadougou pour y rencontrer le patron de la transition burkinabè, alors qu’un sommet de la Cédéao doit se tenir à  Accra ce jeudi et sera en partie consacré à  la crise au Burkina Faso. Ils ont présenté leur plan de sortie de crise et de remise du pouvoir des mains de l’armée aux civils. Les trois présidents ont tour à  tour rencontré l’opposition, de la société civile, les chefs traditionnels et religieux, l’armée, l’ex-majorité et le Conseil constitutionnel. Ils ont demandé à  chaque groupe de proposer chacun, trois noms de civils susceptibles de prendre la tête de la transition. Au terme de plusieurs heures de discussions, aucune personnalité n’a été retenue par les parties. Un accord sur la levée de la suspension de la constitution a été cependant conclu. Rendez-vous à  Accra ce jeudi à  Accra, o๠la situation au Burkina Faso sera de nouveau au menu du sommet de la CEDEAO. Pression populaire et pression économique Mardi déjà , le lieutenant-colonel Isaac Zida, s’est engagé à  «remettre le pouvoir aux civils » auprès du plus influent chef traditionnel du pays, le Mogho Naba. « Ils sont venus nous dire qu’ils vont remettre le pouvoir aux civils. Nous les avons encouragés à  aller dans ce sens. Le pays doit retrouver la quiétude et la paix afin d’envisager son développement », a déclaré Roi des Mossi sur le perron de son palais après l’entretien. L’opposition aussi a souhaité que la direction de la transition revienne à  un civil. l’Union africaine (UA) a donné ultimatum de deux semaines à  la transition pour qu’elle remette le pouvoir aux civils et a brandi la menace de sanctions si le délai n’est pas respecté. Le Canada n’aura pas attendu la décision de l’UA, le pays vient d’annoncer la suspension de son aide au développement au Burkina Faso, en attendant qu’un « gouvernement civil stable et élu démocratiquement » soit en place.Il faut « faire en sorte que des élections puissent avoir lieu », et « pour qu’elles puissent se tenir, il faut que ce soit un pouvoir civil qui puisse le faire, ce qui normalement doit être mené à  bien dans les prochaines heures », a déclaré le président français François Hollande lors d’une visite au Canada. Les principaux alliés du Burkina comme la France et les à‰tats-Unis pourront emboiter le pas si rien n’est fait. l’arrêt de l’aide risque de rendre très rapidement exsangue l’économie burkinabè, rendant le pays ingouvernable. Un scénario que les Hommes Intègres, qu’ils soient militaires ou civils, ne veulent pas voir survenir.