Gaz butane : extinction des feux ?

s’il est vrai que les ruptures de gaz et autres spéculations étaient décriées par les consommateurs, l’annonce de l’augmentation de son prix pour en assurer un bon approvisionnement ne va pas non plus être applaudie. Surtout à  un moment o๠le charbon de bois coûte les yeux de la tête et que bien des familles ont investi dans la fameuse petite bouteille. En effet, les différentes campagnes pour la substitution du charbon de bois par le gaz butane ont commencé à  porté leurs fruits et bien des ménages y étaient encouragé par le prix somme toute modique de la recharge. Il convient d’ailleurs de noter que C’’est la deuxième fois en un an que le prix augmente. Il est passé de 2000F à  2500F il y a quelques mois, avant d’être fixé à  3500F il y a quelques jours. l’augmentation concerne également la bouteille de 12 kg qui est passée de 9000à  11 000FCFA. Vers le retour en force du charbon Pour Kadiatou Doumbia, C’’est une très mauvaise nouvelle. Son mari est au chômage technique depuis deux mois et C’’est tant bien que mal que les fins de mois sont bouclées. Alors, cette augmentation du prix du gaz tombe plutôt mal. « Nous faisions la cuisine exclusivement au gaz. Mais, a présent, les choses vont changer. On est obligés de retourner au charbon et au bois, le gaz sera juste pour les urgences ». Dans cette grande cour à  Lafiabougou, toutes les femmes sont de son avis. « l’argent de popote n’augmente pas, mais les prix de toutes les denrées augmentent. Le sucre, la viande et maintenant le gaz, C’’est difficile » nous confie une quinquagénaire, mère de 12 enfants. Le pire, C’’est que, dès l’annonce sur les antennes des médias publics de cette hausse, les revendeurs l’ont aussitôt appliquée. Pas question de vendre à  l’ancien prix un stock qui était pourtant là  bien avant la décision. « Si tu n’es pas content, C’’est ton problème, ce n’est pas moi qui ai augmenté les prix », nous rétorque vertement un revendeur de Baco-Djicoroni. Selon le ministère de l’Economie et des finances, l’augmentation du prix de la bouteille de gaz butane vise a pallier la rupture de stock de gaz butane et les divers spéculations qui ont lieu en ces périodes là . Mais au regard du comportement des revendeurs, pour qui certes, le bien-être du consommateur est le cadet des soucis, il est important de surveiller de près l’application strictes des décisions prises. A quand la consommation du gaz malien ? l’autre avantage de cette hausse est l’économie réalisée par l’Etat. Ce dernier a lourdement subventionné les années passées les importations de gaz. La crise économique et les difficultés actuelles sont venues compliquer la mise en œuvre de cette subvention. Cela faisait des mois que les distributeurs se plaignaient de ne pas avoir reçu leur subvention et menaçaient de cesser leur activité. Le Trésor public va pouvoir souffler un tant soit peu. Mais, on peut se demander s’il ne valait pas mieux appuyer les efforts des investisseurs dans le secteur pétrolier qui ont commencé à  exploiter du gaz. En effet, pour beaucoup, il est difficile de comprendre qu’un pays qui produit du gaz soit complètement dépendant des importations au point de devoir imposer des augmentations drastiques pour pouvoir continuer à  ravitailler le marché. En attendant, et comme le dit cette mère de famille dans un soupir « à  l’image de l’or du Mali qui ne brille pas pour nous, le gaz du Mali ne brûle pas pour nous ».

Gaz butane : L’Etat lâche-t-il les consommateurs ?

Le Gouvernement malien a finalement décidé de réduire sa subvention sur le gaz butane. Conséquence directe, le prix de la bouteille de gaz butane, la plus répandue, est passé de 2000 à  2500 FCFA. On s’attendait en fait plus ou moins à  cette décision depuis plusieurs mois déjà  avec les différents mouvements d’humeur des distributeurs qui n’arrivaient pas à  rentrer dans leurs fonds. Ces derniers avaient en effet des difficultés avec le Gouvernement qui ne reversait pas « à  temps » les montants correspondant au gap entre le prix réel du gaz et son prix de vente au consommateur. Trop cher, la subvention! Depuis plusieurs années et pour favoriser l’abandon de l’utilisation du bois et du charbon de bois pour la cuisine, l’Etat malien subventionne les importations de gaz butane. Bon an mal an, sauf spéculation illégale de la part des revendeurs, la bouteille de gaz était vendue à  1920 FCFA, même si elle coûte réellement deux fois plus cher. La différence est prise en charge par le gouvernement qui la reverse aux importateurs. Or, la politique de promotion du gaz butane a connu un succès qui a dépassé les espérances. Presque chaque famille bamakoise dispose aujourd’hui de son réchaud à  gaz et de nombreuses entreprises se sont lancés dans ce commerce. De 2001 à  2011, la consommation est ainsi passée de 1 500 à  10 000 tonnes. Le problème est que l’Etat n’a plus « les moyens de sa politique ». Les turbulences dans le monde arabe et en particulier les troubles en Libye, selon certaines sources, ont également contribué à  faire flamber le prix du gaz et donc augmenter la subvention étatique pour continuer à  garantir les prix. Par exemple, pour la seule année 2011, sur une prévision budgétaire annuelle de 3 800 000 000 FCFA pour la subvention du gaz butane, l’Etat malien a déjà  atteint plus de 6 000 000 000 F CFA entre au troisième trimestre. La Commission nationale des prix a donc été appelée à  la rescousse par les autorités qui lui ont demandé d’étudier comment réduire cette charge financière. La décision prise la semaine dernière rentre donc dans ce cadre et devrait permettre de continuer à  faire face à  la demande tout en gardant des couts supportables pour l’Etat. La Directrice générale de l’Office nationale des produits pétroliers (Onap), Mme Tapo Touga Nadio, salue cette décision car selon elle, la subvention de l’Etat risquait d’aller à  9 000 000 000 F CFA dans un futur très proche si aucune mesure n’était prise. D’autres solutions sont d’ailleurs à  l’étude pour qu’à  la longue, l’Etat se retire progressivement du schéma de la subvention. Selon la directrice générale de l’Office nationale des produits pétroliers (Onap), cette mesure est loin d’être dissuasive et ne doit en aucun cas aboutir à  une diminution prochaine de la consommation du gaz dans notre pays. C’’est plutôt selon elle, un moyen de responsabiliser les importateurs qui doivent à  présent jouer tout leur rôle afin que les populations soient satisfaites à  travers un ravitaillement correct. l’autre objectif de la mesure d’augmentation du prix est, selon les autorités, la lutte contre la contrebande. Le gaz malien coutant moins cher que sur certains maliens de la sous-région ouest-africaine, nombreux sont les commerçants qui font sortir illégalement d’importantes quantités de gaz privant ainsi le consommateur malien d’un produit devenu de première nécessité.