Dialogue avec le MNLA et Ançardine : cacophonie au sommet de l’Etat

Dans la capitale burkinabé, la délégation malienne et les groupes islamistes et les rebelles touaregs ont été reçus par le médiateur de la crise malienne Blaise Comparé accompagné de son ministre des affaires étrangères Djibril Bassolé. Ce dialogue entre le Mali et les groupes islamistes divise non seulement au sein du pouvoir mais aussi les Maliens qui n’y sont pas favorables, dans leur grande majorité. La Primature à  travers son directeur de cabinet Oumar Kanouté affirmait ce mardi dans un journal que le ministre des affaires étrangères Tieman Coulibaly n’a pas reçu mandat du gouvernement pour aller parler en son nom avec les groupes touaregs et Ançardine. Et le directeur de cabinet du Dr Cheick Modibo Diarra d’ajouter que C’’est une mission envoyée « par Bamako et non le gouvernement ». Volte-face de la primature ? Le Premier Ministre malien est lui-même actuellement à  Ndiamena(Tchad) dans le cadre de la résolution de la crise. Il s’était auparavant rendu à  Paris à  l’invitation du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, dont le pays appuie fortement l’option de la négociation avec les rebelles touaregs. A titre de rappel, M. Diarra avait fait une déclaration à  Ouagadougou à  la veille de sa visite à  Paris pour annoncer que le dialogue était inévitable avec le MNLA et Ançardine pour la résolution de la crise du Nord. Une déclaration qui a provoqué l’ire de la population, avec des manifestants qui sont descendus dans la rue pour demander son départ de la tête du gouvernement. La question que beaucoup se pose est de savoir pourquoi prôner la négociation et se désolidariser de l’émissaire malien qui s’y rend au nom du gouvernement ? Ce qui se passe à  Ouagadougou depuis hier, n’entre-t-il pas en droite ligne de la volonté affichée par le Premier Ministre et les « amis » du Mali, pour sortir le pays de la crise sans forcément recourir aux armes ? Diplomatie parallèle ? On pourrait répondre par l’affirmative, tant les signaux envoyés par la Primature créent la confusion. Le chef du gouvernement qui se déplace sans son ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale à  la table de négociations, apparemment sans l’aval du premier. A la mise en place du gouvernement d’union nationale, et après la nomination de Tiéman Coulibaly à  la diplomatie, le Premier ministre s’était démarqué de ce choix en maintenant ses anciens ministres des affaires étrangères et de la communication au sein du gouvernement comme des conseillers spéciaux. Des conseillers spéciaux qui l’accompagnent partout dans ses différentes missions en lieu et place de Tieman Coulibaly. Bruits de chaises et murmures en coulisses, l’exécutif malien ne montre décidément pas un front commun face aux maux de l’heure…