Dr. Modibo Soumaré : « la transition avance à pas de tortue »

Dr. Modibo Soumaré a pris le 2 novembre la présidence tournante du cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, qui a changé d’appellation et adopté de nouveaux textes.

Sous quel signe placez-vous ce mandat?

D’abord, il faut dire que le Cadre s’est doté de nouveaux textes. Un certain nombre de choses ont changé. Je place ce mandat sous le signe de la redynamisation du Cadre mais aussi du réalisme politique pour trouver les solutions idoines pour la sortie de crise. Que nous soyons une vraie force de propositions. Cela ne nous empêchera pas de nous adresser au peuple, avec lequel nous allons beaucoup échanger dans les communes.

Quelles sont les prochaines activités prévues ?

Nous avons établi un plan d’action sur 6 mois. Pour les 3 premiers, nous avons convenu d’y aller mois par mois. Pour novembre, nous avons des rencontres en vue. Nous allons rencontrer le maximum d’acteurs, chefs traditionnels et coutumiers, ordres religieux, ambassadeurs et acteurs politiques pour expliquer notre lecture de l’état de la Nation et la nécessité impérieuse de conjuguer nos efforts pour sortir de la situation actuelle. Nous projetons d’organiser très rapidement un séminaire sur l’avant-projet de Constitution et sur le chronogramme de la Transition pour dégager publiquement notre position sur ces deux questions majeures.

De cadre d’échanges pour une « transition réussie », vous êtes maintenant pour un « retour à l’ordre constitutionnel ». Pourquoi ce changement?

Nous avons remarqué que certains faisaient la confusion sur le nom. Être pour la réussite de la Transition ne veut pas dire être un club de soutien aux autorités. La transition est une période pendant laquelle la vie de la Nation ne doit pas s’arrêter. Notre rôle est de mener toutes les réflexions qui permettront que cette période soit une réussite. Aujourd’hui, nous pensons que pour aller vers la normalisation institutionnelle et avec nos partenaires il va falloir finir cette transition. Elle ne peut pas durer plus de 4 ans, ce serait intenable. Il faut aller aux élections dans les délais prévus et installer des autorités légitimes et légales qui vont permettre la levée de toutes les sanctions liées au fait que nous soyons dans une situation exceptionnelle.

Quel regard portez-vous sur la mise en œuvre du chronogramme de la transition ?

Nous pensons que la Transition avance à pas de tortue. Il va falloir des correctifs. Vous voyez par exemple l’installation de l’AIGE, qui sème le trouble dans tout esprit éclairé vue la façon dont les membres ont été désignés. Il y a aussi la marche vers un projet de Constitution sur laquelle nous allons incessamment délibérer.

Dr. Laya Amadou Guindo : « Nous ne sommes pas dans un acharnement contre le Premier ministre »

Le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie est de nouveau monté au créneau en fin de semaine dernière pour se prononcer sur la situation sociopolitique du pays. Dr. Laya Amadou Guindo, Président de l’ADRP, membre du Cadre, apporte des précisions.

Vous proposez la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Pour vous, le gouvernement actuel a-t-il montré ses limites ?

Cette demande n’est pas nouvelle. La Charte révisée du 25 février 2022 prévoit l’élargissement du gouvernement et du CNT. Au-delà, le gouvernement actuel n’a pas pu empêcher l’embargo sur le Mali. Il n’a pas pu rassembler les Maliens autour d’un idéal commun, encore moins empêcher la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité. Sur le plan sécuritaire, la situation laisse à désirer. À notre entendement, un gouvernement est là pour régler des problèmes, répondre aux aspirations du peuple. S’il n’arrive pas à faire cela, nous pensons qu’il a montré ces limites et qu’il faut en changer.

Vous demandez également la nomination d’un Premier ministre neutre. D’aucuns pensent que vous êtes dans un acharnement contre le Chef du gouvernement actuel…

Nous ne sommes pas du tout  dans un acharnement contre le Premier ministre actuel. En 2012-2013, il y a eu Premier ministre neutre et non partisan, Diango Cissoko. À équidistance, les hommes politiques avaient participé à la compétition et le meilleur avait gagné. Aujourd’hui, ayant un Premier ministre partisan, qui de surcroît fait des déclarations tendancieuses, nous sommes en droit de nous poser des questions et de douter de son impartialité.

L’éventuel prochain Premier ministre doit-il provenir du Cadre ?

Je dois préciser que le Cadre n’est pas formé que de partis politiques. Il y a aussi des regroupements de la société civile. Cette personne peut venir de tous les bords mais ne doit pas être un homme politique qui a des ambitions politiques. Nous pensons que nous, hommes politiques, devons nous battre, convaincre les populations, afin de prendre le pouvoir par les urnes.

Le Cadre se transformera-t-il en plateforme électorale lors des prochaines échéances ?

Notre objectif, c’est comment mobiliser et nous mettre ensemble pour une transition la plus courte possible. Une transition qui fonctionne avec toutes les forces significatives de la République afin qu’à son issue il n’y ait plus d’autres tensions dans le pays. Une fois cette mission accomplie, nous sommes tous des acteurs politiques, l’avenir nous dira sur quel pied danser.

Peut-on s’attendre à un rapprochement entre le Cadre et le M5-RFP Malikura, qui tend aujourd’hui la main à toutes les forces vives du pays ?

Nous restons ouverts et nous prenons la main tendue de toutes les bonnes volontés, tant que l’objectif commun est le Mali, la cohésion, l’impartialité et le respect du nouveau délai de la transition.