Trésor Public, une quasi faillite inavouée…

Depuis un moment, le Trésor Public se trouve dans de beaux draps. Et pour cause, la structure n’arrive plus à  faire face à  ses créances et à  payer les fonctionnaires. l’Etat malien tendrait-il vers la banqueroute financière ? Selon le professeur Tidiane Kanouté, expert en économie, le pays risque gros pour cause de cessation de paiements. Malgré tout, les autorités continuent de nous faire croire que le budget de l’état est équilibré… Je me rends donc au Trésor Public, pour enquêter ! Blackout sur les difficultés financières de l’Etat ! Au niveau de la Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité publique (DNTCP), le silence est d’or. Un mur épais de silence m’accueille, moi le journaliste trop curieux…Le Directeur du service centralisateur de la situation financière du pays est tout simplement introuvable ! Les secrétaires font barrage et trouvent milles excuses : « Il est sorti, en voyage, en réunion etC’… » Une autre secrétaire (Assistante du Directeur) me dira d’un ton méprisant : « Monsieur le journaliste, allez donc voir Mr Bah du service informatique à  la comptabilité générale ». Sur place, on m’informe qu’il n’a pas de temps pour la presse, encore moins pour informer de la situation financière du Mali. Il s’occuperait uniquement du volet informatique… Qu’à  cela ne tienne, le premier fondé du Trésor (à  la paye) se montre plus accueillant, hélas, rien en à  tirer : « s’il faut s’entretenir avec la presse des difficultés du Trésor, ce sont mes supérieurs qui doivent le faire…ou sinon, je le ferai si on m’en donne l’autorisation… » C’’est ainsi que le premier fondé, me renvoie vers son Directeur à  la DNTCP. On se renvoie gaiement la balle. Or, certaines sources affirment que les caisses de l’Etat seraient désespérément vides ! Selon un agent de la Paierie Générale, et proche des milieux syndicaux, « la situation financière du pays est critique ! Et les difficultés à  rémunérer les fonctionnaires dans les mois à  venir, vont empirer… ». Un agent témoigne qu’à  longueur de journée, les créanciers de l’Etat et des collectivités décentralisées, font le pied de grue devant les guichets des paieries, pour entrer en possession de leurs deniers. En vain ! Une dette intérieure colossale ! Lors de notre périple entre la DNTCP et la paierie, le constat est saisissant. Le secrétariat (salle d’attente) du premier Fondé (ou se règlent les questions de paiement) est souvent plein de représentants d’entreprises privées ou de structures auxquelles l’Etat est redevable à  hauteur de millions de francs : « Ce n’est pas sérieux ! l’Etat nous doit 22 millions depuis près d’un an et chaque fois qu’on vient ici, on nous demande de revenir… », proteste l’agent comptable d’une société de prestations de service bamakoise. Pour cet autre préposé d’une entreprise de décoration, « l’Etat malien ne mérite plus le respect de ses créanciers…Il est quasiment insolvable ! » Des chiffres récents estiment la dette intérieure du Mali à  environ 70 milliards F CFA en 2009, contre environ 49,5 milliards en 2007. Cela s’explique par le fait que l’Etat renonce régulièrement à  des recettes colossales liées aux importations et autres taxes sur les denrées alimentaires ou les produits pétroliers, ce qui a fortement déséquilibré la balance budgétaire. En même temps, les dépenses publiques ont augmenté de façon considérable, entrainant le déficit total. Face à  la gravité de la situation, le gouvernement devrait prendre des mesures drastiques, à  travers la réduction des dépenses, pour sortir le pays de cette impasse, ce qui pourrait impliquer des conséquences néfastes sur le bien-être des populations. Et ce sont les fonctionnaires qui, les premiers, subiront ces conséquences, à  cause des retards excessifs dans le paiement de leurs dus.