Pierre « Karmatt » : L’espion qui venait du Nord

Identité d’un espion recherché Nous ne sommes pas en pleine guerre froide, mais l’affaire Pierre Camatte pourrait donner matière à  un chapitre de roman d’espionnage. Agé de 61 ans, humanitaire, habitant de Ménaka au Nord Mali, citoyen ordinaire d’une bourgade sablonneuse, invisible pour les uns, sous le feu des projecteurs le lendemain, après s’être fait kidnapper un soir de Novembre par des hommes armés de la branche armée d’ Al Qaeda au Maghreb Islamique. Progressivement l’intrigue se met en place. l’on réclame la libération de 4 islamistes détenus par le Mali contre la vie de cet humanitaire d’apparence innocente. Les photos de l’ex otage dispatchées sur la toile donnent à  Pierre Camatte un air de Ghandi aux mains de barbus sans pitié. Bataille de principes et d’honneur, le président Malien veut rester ferme. Pas pour longtemps. La pression s’accentue, l’otage Camatte prend une dimension internationale, devient presque un martyr, n’est plus très loin de l’Américain Daniel Pearl sauvagement assassiné dans les geôles d’un Pakistan violent. Il faut sauver le soldat Camatte ! La diplomatie française se met en branle. Paris téléphone à  Bamako. Kouchner est dépêché deux fois sur Bamako. Survient alors un simulacre de procès, un relâchement côté malien et le suspense n’y est plus. Le dénouement est survenu trop vite, il n’y aura plus qu’à  se consoler avec le scénario bien ficelé de l’espion qui venait du Nord…pardon du froid. Ensuite, le site internet Backchich.info révélait que Pierre Camatte n’est autre qu’un un espion français travaillant au compte de la DGSE, la direction générale de la sécurité extérieure. Karmatt, l’espion qui venait du Nord Camatte, Karmat, comme on le surnomme est aujourd’hui un ex otage qui n’a pas eu les mêmes conditions de libération que d’autres ex détenus d’AQMI. Libération qui a fait la une de la presse nationale et internationale, et permis de relâcher 4 islamistes de la banche Al Qaeda au Maghreb Islamique. ATT le président Malien, artisan de cette issue heureuse pour la France, est maintenant la cible de toutes les citriques. Pour Backchich.info, Pierre Camatte travaillait bien « sous couverture ». Il était présenté dans les médias comme le président d’une association, nommée Icare, impliquée dans la culture d’une plante thérapeutique contre le paludisme. Ce Vosgien de 61 ans exerçait au Mali depuis 1995 et y vivait depuis un an. Une couverture idéale pour une activité de renseignements ; renseignements qui visaient la zone sahélo- saharienne, stratégique pour la France et permettaient de récolter des informations de toutes sortes. Avec l’Algérie au Nord, les mouvements salafistes, AQMI, le pétrole, l’or, l’uranium, il y a de quoi tenir l’intérêt de la DGSE et qui mieux qu’un gentil humanitaire, pouvait jouer le jeu en trompant la vigilance des autorités locales? Accusations et démentis Les propos de l’ex otage français Pierre Camatte, libéré depuis une semaine maintenant en irritent plus d’un ou suscitent la méfiance au Mali : « Je n’ai jamais commis d’imprudence, cela fait quinze ans que j’opère dans cette région du Mali », déclarait-il à  sa descente d’avion après sa libération. Des propos pour le moins ambigus. Alors Camatte, espion de la Dgse ou ami du Mali, comme s »est plus à  le rappeler ATT : « Il est clair que C’’est un espion, regardez comment il se comporte, ce qu’il dit, voilà  un ex otage bien volubile et visiblement peu marqué par sa détention », affirme un journaliste malien. « Vous croyez que s’il s’agissait d’un simple citoyen, Sarkozy aurait fait un détour par Bamako, alors qu’il avait à  faire à  Kigali. l’homme se défend lui d’être une cible : « Je ne pensais pas être une cible, ils sont venus me chercher peut-être avec des complicités locales. » Ses geôliers, a-t-il raconté, ont « tenté à  plusieurs reprises de me convertir, car ils veulent islamiser le monde à  leur manière ». A 61 ans, Pierre Camatte, d’apparence tranquille dans son hôtel du Nord Mali pouvait-il susciter le doute dans l’esprit de quelques citoyens nordistes ; On l’imagine volontiers sillonner Tombouctou comme un bon humanitaire, venu remplir sa mission, ou parcourir le désert au volant de sa 4X4. C’’était sans compter avec le réseau d’Al Qaeda au Maghreb Islamique, informé et friand des mouvements de touristes européens dans la zone. Toujours est-il que Pierre Camatte a servi de monnaie d’échange, à  la libération de 4 terroristes, poseurs de bombes, en cela, sa valeur pour les autorités françaises, dépassait le simple argument de la rançon, sur lequel ATT brandissait une fermeté de façade. Ici, il n’y avait plus lieu de déclarations péremptoires, mais d’une affaire hautement géopolitique, qui a nécessité, deux fois la visite de Bernard Kouchner au Mali et une escale de Sarkozy à  Bamako. Une libération sous haute surveillance La vie de Pierre Camatte ou le scénario d’un Daniel Pearl bis, mais au Nord Mali cette fois ? ATT a choisi. Ce n’est pas tant la libération de Camatte qui émeut ou qui fâche mais l’aveu d ‘impuissance du président Malien, sous des propos se voulant fermes, qui irritent les Maliens. Finalement, dans cette affaire, Sarkozy apparait comme le héros, face à  un ATT mis à  mal par une gestion approximative de l’affaire. « Le Mali est clairement humilié dans cette affaire et en plus, l’on se retrouve avec une espion », fulmine un observateur politique de passage à  Bamako. « Ce déploiement de la diplomatie française, prouve bien que Camatte ou Karmatt, inconnu jusqu’il y a trois mois, et rapidement libéré est véritable un espion de la DGSE »,ajoute ce dernier. Camatte a lui décrit ses ravisseurs comme des « fanatiques », persuadés de détenir « la vérité suprême » et recrutant surtout des jeunes. On pense à  ces personnages de romans qui côtoient les méchants, et qui finissent par s’en sortir, mais quel genre d’informations ledit Karmatt a-t-il pu compiler au Nord au risque d’y perdre la vie ou se savait-il protégé: « Je ne me suis pas laissé faire » déclarait-il juste après sa libération. Propos que l’on ne peut tenir dans les geôles d’islamistes qui ont le couteau facile. Certains journalistes ont décrit Camatte bien portant, souriant, aux cotés de Nicolas Sarkozy, et de Bernard Kouchner, dans les salons feutrés de Koulouba à  quelques heures d’un départ en avion spécialement affrété pour la circonstance et en compagnie d’Alain Joyandet, Secrétaire d’état français à  la coopération . Mission accomplie pour la France ! Quoi qu’il en soit, cette affaire est loin d’être finie et peut être Pierre Camatte rédigera lui-même, dans quelques années…

Procès bâclé des islamistes libérés : La justice malienne bafouée

Les colonisés toujours sous domination des colonisateurs « La libération des terroristes à  la suite d’un procès bâclé par la justice malienne sous l’injonction du pouvoir exécutif (en mission commandée) de la France, décidée à  faire libérer un coopérant français, M. Pierre Camatte, prouve à  suffisance que les colonisés resteront toujours sous domination des colonisateurs. » C’’est du moins l’avis du Cercle de réflexion et d’action des jeunes (CRAJ). C’’est en somme ce que pense le Cercle de réflexion et d’action des jeunes (CRAJ) des autorités judiciaires maliennes à  propos de l’élargissement de quatre islamistes en échange de la libération du désormais ex-otage d’Aqmi, Pierre Camatte. Nous sommes au meeting organisé par CRAJ, au centre Djoliba, dans l’après-midi du samedi dernier. Au menu, tous les dossiers brûlants de l’heure. Ils sont venus de partout : jeunes gens pour la plupart ; compressés de Huicoma ; sympathisants du maire déchu en commune IV, Moussa Mara. Cible choisie, la justice malienne assujettie au pouvoir exécutif. Le menu était pour le moins copieux. Au cours de ce meeting, Mahamane Mariko, président du CRAJ, a interpellé les autorités politiques maliennes face aux mauvais traitements réservés aux dossiers brûlants de l’heure. Il s’agit de la libération « honteuse » de Pierre Camatte contre les quatre terroristes d’Aqmi, le folklore de la fête du cinquantenaire, l’annulation de la victoire de Moussa Mara, la descente aux enfers des agents de Huicoma et enfin la violence inter-ethnique entre les éleveurs et les agriculteurs dans le Wassoulou. l’heure n’est pas à  la fête Le 22 septembre 2010, le Mali aura ses 50 ans d’indépendance et presque deux décennies de démocratie. Pour fêter cela avec faste, le Mali a mis en place une commission d’organisation pilotée par Oumar Hammadoun Dicko. Aux yeux du CRAJ, l’heure n’est pas à  la fête mais au bilan pour parfaire les insuffisances. « Je suis désolé… il ne s’agit pas de donner des tee-shirts aux jeunes à  l’effigie du cinquantenaire mais plutôt d’organiser un forum pour faire le bilan des 50 ans d’indépendance », croit savoir Mahamane Mariko. Le pouvoir judiciaire sous le joug de l’exécutif Selon le CRAJ, la séparation des pouvoirs est loin d’être une réalité au Mali. « Les récents événements illustrent la fragilité de notre indépendance vis-à -vis de la France, mais aussi celle de notre justice qui doit pourtant représenter le dernier rempart de notre démocratie, chèrement acquise, même au prix de sacrifices humains », affirme le CRAJ. à€ titre d’exemple, le numéro un du Craj, cite la libération des terroristes à  la suite de ce qu’il appelle un « procès bâclé » par la justice malienne sous l’injonction du pouvoir exécutif. Selon les responsables du CRAJ, un tel procès pour la libération des terroristes prouve à  suffisance que le pourvoir judiciaire est à  la merci du pourvoir exécutif. Et ce n’est pas sans conséquence, puisque ce procès « peut ternir l’image de notre démocratie », dénonce-t-il. Et Mahamane Mariko de déplorer le laxisme de nos hautes autorités, qui fait du Mali un « no man’s land », avec ses corollaires d’insécurité frontalière et urbaine (les émeutes du 22 février 2010 à  Bamako). Complot politico-judiciaire ourdi contre Moussa Mara « Cette annulation est synonyme de complot politico-judiciaire ourdi contre le jeune Moussa Mara, qui avait donné de l’espoir aux populations de ladite commune par une pratique politique innovante de déclaration de ses biens, mais aussi une gestion participative et concertée des populations aux affaires publiques », déclare le président du CRAJ. Sur un tout autre registre, le leader du Craj dénonce « l’indifférence inqualifiable des plus hautes autorités face au sort désespérant des travailleurs de HUICOMA, victimes d’une gestion mafieuse et d’un capitalisme sauvage, dit-il. » Au demeurant, selon Mariko, le CRAJ affirme avec rigueur toute son indignation et son inquiétude quant à  l’avenir de la démocratie, de l’indépendance du Mali et particulièrement celle de sa justice. à€ sa suite, Bakary Berthé, représentant des compressés de Huicoma, a tenu le public en haleine en expliquant les conditions d’infortune de ses camarades suite à  la privatisation de Huicoma. Sory Ibrahim Camara du camp de Moussa Mara a saisi cette occasion pour lancer un appel à  la jeunesse afin qu’elle reste derrière Moussa Mara, pour ses idéaux de transparence dans la gestion des affaires communales. La violence interethnique au Wassoulou a attiré l’attention de CRAJ qui rappelle à  l’autorité d’assumer sa responsabilité. Enfin, le Craj rappelle qu’il reste fidèle à  ses idéaux démocratiques et de bonne gouvernance des affaires publiques et réitère toute sa disponibilité et son engagement dans le combat pour un Mali émancipé dans une Afrique unie et prospère.

Affaire Camatte : les quatre erreurs d’ATT

l’affaire Pierre Camatte a connu son dénouement mercredi 24 février, avec la libération de cet otage français détenu depuis novembre 2009. Obtenue après de longues tractations, qui ont abouti à  la libération de quatre islamistes algérien, mauritaniens et burkinabé emprisonnés au Mali, elle a eu pour conséquence le rappel de leur Ambassadeur par Alger et Nouakchott. Cette crise diplomatique avec deux voisins dont nous avons besoin dans la lutte contre le terrorisme révèle les carences du pouvoir malien, le président ATT ayant enchaà®né les erreurs de communication et de posture. Une « affaire personnelle » Avoir dit publiquement, dans une interview réalisée par nos confrères du quotidien français Le Monde en décembre 2009, qu’il faisait de la libération de Pierre Camatte « une affaire personnelle », a été la première erreur du président ATT. Cette phrase malheureuse relayée par tous les médias du monde a renforcé les ravisseurs car elle a fait de facto du président leur interlocuteur privilégié. Certes, il est le chef et C’’est lui qui devra assumer au bout du compte, mais pourquoi s’exposer en première ligne aussi tôt, sous la pression de toute la communauté internationale, alors même que l’issue était très incertaine ? Une volte-face préjudiciable Sans doute pour complaire le voisin algérien et les Etats-Unis, les autorités maliennes ont affirmé haut et fort, et à  plusieurs reprises, qu’elles ne céderaient pas aux exigences des ravisseurs, car libérer les quatre islamistes emprisonnés allait à  l’encontre des principes de la lutte antiterroriste. Mais à  quoi bon bomber le torse et affirmer sa bravoure, si quelques semaines après, on finit par céder et se transformer en avaleur professionnel de boas ? La aussi C’’est le crédit d’ATT qui est atteint, auprès des pays voisins, mais aussi face aux islamistes, qui désormais ne le prendront plus au sérieux. Parodie de justice Plus grave encore, la manière dont les islamistes prisonniers ont été libérés en dit long sur l’idée que l’on se fait de la justice au Mali. l’objectif était sans doute de montrer qu’on ne cède pas face aux islamistes, et que C’’est la justice qui décide. Mais organiser une parodie de procès à  l’aube et à  l’insu de tous, pour condamner les islamistes à  neuf mois d’emprisonnement, soit comme par hasard la durée exacte de leur bail déjà  effectué en prison, a eu justement l’effet contraire. C’’est un crime contre la justice du pays, dont personne n’a jamais cru qu’elle était indépendante, mais qui subit cette fois ci le coup de grâce : une humiliation et un discrédit devant le monde entier, par ceux là  mêmes qui sont censés en être les garants. Comment ATT a-t-il pu s’y résoudre ? Pourquoi n’a-t-il tout simplement pas fait libérer les otages en catimini, comme le font la plupart des autres Etats ? Un hôte embarrassant On comprend l’empressement du Président Sarkozy à  venir récupérer Piere Camatte au Mali. Elle lui assurait un « coup de com » appréciable, au moment ou son impopularité bat des records. Pour ATT l’effet est inverse. Car pour l’opinion publique malienne, se montrer devant les caméras aux côtés de son hôte Elyséen, de passage quelques heures dans la nuit du 24 février, renforce l’idée que C’’est la France qui mène la danse, et que le Mali lui a effectivement cédé. Au lieu de renforcer ATT, ce passage éclair de Sarkozy l’affaiblit. Dans ce cas, ne fallait-il pas oser demander au président français de passer sa route ? En cette année du Cinquantenaire, on se s’interroge sur le moment o๠notre pays deviendra vraiment indépendant… Les quatre erreurs d’ATT révèlent une gestion improvisée et approximative de cette affaire. Certes, nous ne connaissons pas le dessous des cartes, et le contenu exact des négociations. Mais on est tout de même en droit de se demander ce qui pousse le président de la République à  s’exposer autant. Quid du Premier Ministre, des ministres des Affaires étrangères, et de la sécurité intérieure ? Comme pour l’affaire du code de la famille, ATT doit se sentir bien seul… Bien sûr, il fallait tout faire pour éviter qu’un nouvel otage soit tué sur le sol malien. Mais cette mauvaise gestion a pour conséquence d’affaiblir davantage le Président, alors que cinq autres otages européens sont encore détenus dans le Nord. Et ses justifications maladroites au moment de la conférence de presse avec Sarkozy, puis le lendemain chez nos confrères de RFI n’ont rien fait pour arranger les choses. Au contraire, elles montrent l’embarras et le désarroi de Koulouba, le grand perdant de l’affaire Camatte.

Libération des 4 islamistes : le très mauvais calcul d’ ATT

La politique ce n’est pas de la mathématique. Cela est connu. Avoir affaire avec des personnes qui, contre les lois de la république, transportent et détiennent des armes de guerre, allant d’un pays à  un autre, ne peut alors être géré en méconnaissance de paramètres qui impliquent la souveraineté d’états tiers concernés. Au lieu d’avoirs des sarments comme une liane, ATT s’est laissé plaire en roseau face aux pressions françaises, se prêtant aux critiques et acrimonies de l’intérieur comme de l’extérieur. La libération lundi des quatre islamistes membres d’Aqmi (deux Algériens, un Burkinabè et un Mauritanien), détenus depuis avril 2009 et présumés terroristes par les autorités maliennes, mauritaniennes et algériennes semble causer plus de tort à  Bamako qu’il n’en résoudrait réellement. La Mauritanie en premier dès l’annonce de la libération des islamistes, puis l’Algérie après que Aqmi ait libéré à  son tour l’otage français ont rappelé leur ambassadeur pour dénoncer et protester vigoureusement contre l’attitude de Koulouba dont la faiblesse montrée face aux pressions exercées par Paris discrédite un homme et son gouvernement et fait de son peuple un enjeu négligeable face aux intérêts d’un pays qui posaient au demeurant sur la tête d’un de ses citoyens. Nous n’irons pas jusqu’à  dire que la vie de Pierre Camatte a valu, aux yeux de ATT, plus que celle de tout une population de plusieurs millions d’habitants puisque l’insécurité causée dans la bande sahélo-sahélienne et qui en l’occurrence concerne le Mali, la Mauritanie et l’Algérie au premier plan, fait peser la menace de mort sur leur tête – on se rappelle le meurtre d’un colonel de l’armée en plein jour à  Tombouctou, l’attentat terroriste du 8 août 2009 à  Nouakchott dans le quartier huppé de Tevragh Zeina là  o๠est située l’ambassade de France, les dizaines de morts en Algérie etc. On espère que l’otage français sur qui deux ultimatum de mise à  mort avaient été lancés par Aqmi si leurs éléments détenus à  Bamako n’étaient pas libérés, s’en sortira sain et sauf maintenant que Bamako à  plié comme roseau après ses rodomontades. Mais voilà  que, en se référant aux déclarations du chef de l’état malien lors de la vingt-neuvième semaine de l’Afrique organisée par l’Unesco au mois de mai 2009 à  Paris, on s’avise de la roublardise de ses « partenaires salafistes. » Devant l’assemblée de personnalités et des médias, le président malien affirmait qu’il était déçu du comportement des hommes en armes qui menaçaient la sécurité intérieure du Mali, le mettait en mal face à  ses voisins en ne respectant pas leur engagement de rester calmes dans le désert malien, pour citer de mémoire l’aveu de celui qui était justement invité pour partager sa méthode de gestion d’une crise qu’il a lui-même qualifié de « basse intensité ». Il s’est avisé aujourd’hui qu’il a eu tort de concéder à  ses bandits essaimant dans d’autres pays la peur et l’insécurité une partie du territoire nationale contre sa « tranquillité ». Les militants de l’ex-groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) devenu depuis Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) n’étaient, n’ont jamais été des persécutés d’Alger dont le pouvoir et la presse se sont moqués des niaiseries de Bamako. Comment Bamako pourra expliquer son geste à  ses voisins algérien et mauritanien après avoir tambouriné, au lendemain de la première visite du ministre français des affaires étrangères, qu’elle veut consolider l’embellie revenue dans ses relations avec Alger suite à  sa déclaration comme quoi les présumés terroristes d’Aqmi ne seront pas libérés et que de voix autorisées, on affirme même qu’Alger a fourni de la documentation juridique ? Mais voilà  Bernard Kouchner est repassé à  l’offensive appuyé par Claude Guéant, premier collaborateur du chef de l’état français dont certains prêtent un poids immense dans les prises de décisions de l’Elysée. A en croire certains informations sur la place de Place, Guéant aurait apporté une solution juridique compréhensive renforcée par des propositions alléchantes qui font craquer Bamako faisant alors fi de « ses engagements internationaux » supposés, doublant Alger et Nouakchott, qui réclamaient le transfert de leurs ressortissants, du jour au lendemain. Bamako a surpris Aler et Nouakchott si fort que leur souffle a été coupé comme seul le fait ce terrible vent du sahara dont profite si allègrement Aqmi dans les grottes du désert malien. A ce jeu, rien ne certifie qu’ATT ne se fasse prendre de vitesse par tous les autres « pays amis » dont l’Espagne et l’Italie qui eux aussi ont des ressortissants détenus dans le nord de notre pays après avoir été nargué par Aqmi. Et le fait de « vivre dans un environnement international o๠il y a des règles en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme, règle qu’il faut respecter » ne signifiera alors rien du tout, à  Nouakchott comme à  Alger, à  Rome comme à  Madrid, à  Washington comme à  Guantanamo. Bamako trompettera qu’elle était dans une très mauvaise posture en tout cas directement vis-à -vis de ses voisins frontaliers et « son ami » la France. Qu’elle était assise sur un tabouret fendu, crissant, coinçant et brinquebalant qui pinçait les fesses à  chaque petit mouvement. Qu’il lui a manqué du courage et de la témérité pour tenir comme tous ces maliens durant leurs années de classe sur les tables-bancs fendus, crissant, coinçant et brinquebalant de Kayes à  Tombouctou. Mais difficilement l’état malien pour faire accepter à  son opinion nationale qu’il a oublié cette valeur qui a fait que nombre d’élèves de Mopti, ayant passé des années durant dans cette position très désagréable, il est vrai, ont préféré avoir les fesses rouges dans des culottes en loques pour porter plus tard des boubous en basin richement brodé. En somme comment à  l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale, le gouvernement pourra parler de Soundiata Kéita, Tiéba Traoré et autre Modibo Kéita pour mettre en avant les valeurs de dignité, de fierté, de droiture et de don de soi. C’’est tout simplement dommage.

Affaire Pierre Camatte : Nicolas Sarkozy remercie le Mali

La France satisfaite, le Mali questionné C’’est très tard, vers minuit hier soir, que l’avion du président français Nicolas Sarkozy s’est posé à  Bamako, en provenance de Libreville. Objectif, saluer les autorités maliennes pour l’issue heureuse de la libération de l’otage français Pierre Camatte. Accompagné de Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères et d’Alain Joyandet, Sarkozy, a fait une déclaration brève à  la presse : « Nous nous sommes dits avec Bernard Kouchner qu’il fallait faire un détour par le Mali, pour saluer les autorités du Mali ». l’otage lui est arrivé hier à  Bamako et est en bonne santé, affirme, un journaliste dans la salle et qui l’aurait vu dans la matinée. D’ailleurs, avant la déclaration, le président Sarkozy s’est entretenu avec ATT, et aurait vu l’otage, dans une salle annexe. Ce dernier devrait repartir dans la matinée avec Alain Joyandet, Secrétaire d’état à  la coopération vers la France, tandis que Kouchner et Sarkozy s’envoleront vers le Rwanda. « Nous remercions le Mali pour tout ce qu’il a fait pour la libération de Pierre Camatte, ce geste, la France en sera reconnaissante au peuple Malien. Le France dans la lutte contre Al Qaeda, sera à  vos côtés. Et à  côté de tous ces états qui luttent contre le terrorisme. Sans le président ATT, l’issue aurait était fatale, pour Pierre Camatte, on l’a vu avec l’otage anglais exécuté et les otages espagnols, italiens qui sont encore détenus. La France tenait à  remercier le Mali pour ce geste et C’’est pour cela que nous sommes venus au Mali ce soir, et nous l’aiderons dans sa lutte pour la sécurité… », a déclaré Nicolas Sarkozy en substance. Mise au point d’ATT En réponse, ATT s’est dit satisfait de cette visite. Mais face à  la kabbale médiatique contre sa personne, il a tenu faire le point face aux journalistes qui l’ont accusé de faiblesse ou pointé du doigt la mainmise de la France sur le Mali : « Le Mali est aussi victime de cette situation. Certains aiment à  simplifier des situations qui sont complexes. Le Nord d’un pays et le sud d’un autre, l’ouest d’un troisième. Alors qu’auraient dit certains si l’otage avait été exécuté ? Qu’ ATT a laissé faire ? Qu’il est dur ? Je ne pouvais en aucun cas, laisser Pierre Camatte, cet homme qui a choisi de venir vivre au Mali, mourir », a répété la président Malien. Face au sort des islamistes, ATT a insisté sur les efforts du Mali à  tout faire pour arrêter ces terroristes. « Mais pour Pierre Camatte, nous étions obligés de tout faire pour le faire libérer, ils allaient le tuer. Ils allaient le faire », a-t-il répété comme pour justifier la libération des 4 islamistes et qu’on lui reproche depuis quelques jours. « Quant à  ceux qui disent que le Mali ne fait rien, je vous rappelle que les affrontements entre l’armée et les islamistes nous ont coûté 44 hommes », a rappelé le président Malien, qui se veut ferme dans le combat. l’appel du président à  ses voisins Le président Malien se dit peu aidé des autres chefs d’états dont les pays sont concernés par la menace terroriste. « Le 22 septembre 2009, J’ai fait appel à  mes voisins pour la tenue d’un sommet sur la bande sahélo-saharienne, mais certains n’ont pas répondu, or aujourd’hui, cela est nécessaire. Au lieu de se rejeter la responsabilité, il faut qu’on se rencontre et qu’on dégage des réflexions, des solutions, on l’avait déjà  entamé à  Tamanrasset…. Pour le reste, J’assume ! Mon pays sera le dernier o๠l’on tuera un otage ! ». « Il y a un déficit de coopération sous régionale, tout le monde parle, chacun reste chez soi et ne fait rien ! Alors, je lance un appel, car personne n’a réussi à  résoudre seul ce genre de crises… ». « Le Mali est prêt. Nous sommes déterminés et je suis sûr que la France va nous aider encore plus qu’elle ne le fait déjà Â… », a martelé le président. A quand la coopération sous régionale ? Elle semble difficile, vu la brouille diplomatique observée ces deux derniers jours avec le rappel de deux ambassadeurs, algérien et mauritanien, après les relaxe des quatres islamistes au Mali, en échange de la vie de l’otage français. ATT pourtant veut rester optimiste : « Nous en avons encore pris 4 l’autre jour !, nous en avons en réserve ». « Vous savez combien d’hommes nous avons perdu dans ces opérations anti terroristes ? Alors, je le répète, J’assume cette libération, ils allaient exécuter Pierre Camatte, je le sais, ils allaient le faire » bis répétita. Le président Malien a dit ce qu’il avait à  dire à  la presse et cette visite éclair de Nicolas Sarkozy vient sans doute le conforter dans sa solitude de chef d’état confronté à  la menace terroriste au Nord Mali. Mais qu’en sera-t-il du sort d’un prochain otage ? Aqmi va-t-il s’arrêter en si bon chemin ? Le Mali peut-il s’en sortir seul face à  cette branche maghrébine d’Al Qaeda? Et comment rester ferme face à  une diplomatie française très persuasive surtout lorsqu’il s’agit de la vie d’un ressortissant français ? La question reste complexe et dans cette affaire, la nébuleuse Al Qaeda a bel et bien gagné du terrain dans notre désert commun.

Le Français Pierre Camatte est libre : AQMI obtient gain de cause

Rappel des faits Le jeudi 26 novembre 2009, le français Pierre Camatte, résident au Nord-est du Mali, plus précisément à  Ménaka dans la région de Gao, se faisait kidnapper. Les faits se sont déroulés aux environs de minuit heure locale. Il faut préciser aussi que C’’est à  cette heure de la nuit, qu’a lieu, la coupure habituelle de l’électricité dans la zone. Selon des voisins de la victime, ce sont trois individus en turban qui l’aurait enlevé au bord d’un véhicule 4×4 noir. Trois semaines plus tard, la branche maghrébine d’Al Qaeda a revendiqué le rapt sur la chaine de télévision Al Jazira. Bras de fer entre le Mali et la France AQMI a demandé à  deux reprises, les libérations de quatre de ses combattants arrêtés par l’armée malienne en avril 2009, contre la vie du français kidnappé. Cette demande il faut le dire, était adressée à  la France et au Mali. La première réaction du Mali, avait été un refus catégorique face à  la requête des islamistes. Pendant ce temps, le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner a effectué deux visites dont la dernière date d’une semaine. Comme bon nombres d’observateurs s’accordent à  le dire, le bras de fer entre les deux pays ne tiendra pas longtemps. En effet, à  la surprise générale, les quatre islamistes seront libérés suite à  un procès sur mesure. La justice malienne les a condamné à  neuf mois de prison, dont l’échéance était le mois janvier dernier. Il semble très clair qu’ils ont été libérés en échange de Mr Camatte. Pierre Camatte libre Le français a été libéré hier mardi au Mali. Cette libération était plus qu’évidente puisque, la veille, les quatre islamistes étaient libres. Signalons que le président français, Nicolas Sarkozy, a chaleureusement remercié son homologue malien Amadou Toumani Touré, pour dit-il, « une gestion remarquable de la crise.» Il semblerait que l’Afrique soit toujours un protectorat français. Aucun pays ne semble totalement libre et indépendant. La main française est à  tout moment derrière pour gérer les problèmes africains. C’’est à  se demander o๠est passée l’autonomie sans cesse clamée par les dirigeants du continent. Coup de froid entre le Mali et ses voisins Les conditions de cette libération ont créé un coup de froid entre le Mali et ses voisins mauritanien et algérien. Notons que parmi les combattants d’AQMI libérés, figuraient deux algériens et un mauritanien. Chacun de ces deux pays avait demandé l’extradition de ses ressortissants. Le Mali n’aurait pas respecté les clauses d’un accord le liant à  ses voisins pour la lutte contre le terrorisme. Après la Mauritanie lundi, l’Algérie a également, rappelé son ambassadeur du Mali.

Libération des quatre islamistes : l’Algérie rappelle aussi son ambassadeur

Visiblement obtenue sous la pression de Paris, la décision de Bamako risque de compliquer encore la coordination des pays de la région contre la nébuleuse terroriste. La libération de quatre islamistes par le Mali n’en fini pas de faire des remous. Après la Mauritanie ce mardi matin, c’est l’Algérie qui a annoncé le rappel de son ambassadeur à  Bamako pour « consultations ». Il s’agit de protester contre la libération par le Mali de quatre islamistes réclamée par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Prétexte fallacieux Alger a agi « suite à  la décision du gouvernement malien de procéder à  la libération de quatre terroristes qu’il détenait », a déclaré le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères. Qui n’a pas hésité à  qualifier de « prétexte fallacieux » la raison avancée par Bamako pour justifier la libération des quatres hommes. Arrêtés en avril 2009 à  Kidal dans le nord du pays pour détention d’arme de guerre, les terroristes – deux Algériens (Mohamed Ben Ali et Tayed Nail), un Burkinabé (Houti Karito) et un Mauritanien (Beib Ould Nafa) – ont été jugés jeudi 18 février et libérés dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 février, car ils avaient déjà  « purgé leur peine de neuf mois » de prison pendant leur détention provisoire. L’algérien Abou Zeid, émir d’AQMI, menaçait d’exécuter le français Pierre Camatte, qui avait été capturé en novembre 2009 dans le nord du Mali. Un ultimatum avait été fixé au samedi 20 février. La menace avait provoqué l’intervention des autorités françaises dans cette affaire : le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s’était rendu deux fois à  Bamako, les 1er et 13 février. Selon certaines sources maliennes, la France réclamait la libération de Pierre Camatte « par tous les moyens ». Colère d’Alger La virulence de la réaction d’Alger est également liée au regain de tension entre la France et l’Algérie ces dernières années. Les relations diplomatiques entre ces deux pays, déjà  minées par plusieurs affaires comme celles des moines de Tibéhirine ou de l’incarcération du diplomate algérien Mohamed Ziane Hassen, se sont une nouvelle fois crispées après la publication d’une interview de Bernard Kouchner dans le Journal du Dimanche (France), le 21 février. Le chef de la diplomatie française y déclare notamment que les relations entre les deux pays seront « peut-être plus simple » après le départ de « la génération de l’indépendance algérienne », actuellement au pouvoir. Le ministre, ainsi que le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, se sont d’ailleurs rendus à  Alger le 21 février pour tenter d’aplanir les différends franco-algériens. Apparemment sans grand résultat. Mais surtout, la mésentente entre Alger et Nouakchott, d’une part, et Bamako de l’autre, risque de rendre difficile la coordination régionale de la lutte contre AQMI, alors que l’organisation semble reprendre des forces et multiplie les coups d’éclat depuis début 2009.