Campement Kangaba : « On a croisé deux individus à moto qui tiraient et criaient « Allah Akbar »

Deux employés du campement présents au moment de l’attaque nous livrent leur récit de cet après midi de dimanche ordinaire qui s’est transformé en cauchemar. Croyant naïvement au bruit provoqué par un court circuit, les deux employés se rendent vite compte qu’il s’agit de quelque chose de bien plus grave.

« Il était environ 15 h 10 lorsque nous avons entendu un bruit provenant de la piscine. Nous avons dans un premier temps cru à un court circuit comme cela arrive souvent. Mais très vite, nous nous sommes rendu compte qu’il ne s’agissait pas de cela. » Moussa SAMAKE, tailleur au campement se trouvait dans son atelier ce dimanche après midi, lorsque les premiers coups de feu ont été entendus au campement «  Kangaba ». Ses doutes seront vite dissipés, lorsqu’une des serveuses au campement, qui avait vu les assaillants tirer sur les clients, leur confirme par talkie walkie ce dont elle est témoin. « Des hommes en arme tirent sur les clients dont un est touché et par terre », explique la serveuse. Dans un réflexe de survie, Moussa SAMAKE tente de se diriger vers la sortie. Mais très vite, il doit rebrousser chemin, car il croise deux individus à moto, qui tirent et crient « Allah Akbar », selon son récit.

Après s’être caché un moment, connaissant les lieux, il sort à l’arrivée des premiers policiers. Ces derniers sont vite rejoints par d’autres forces, vu l’ampleur de la situation. Moussa SAMAKE ajoute, qu’ils sont ensuite restés (les membres du personnel) pour prendre les nouvelles des uns et des autres. Il dit avoir eu peur un moment mais sans vraiment paniquer, parce que, dit-il avec tout ce qui se passe actuellement il redoutait une action de ce genre. Il conclut, qu’il est rentré chez lui vers 19h mais que l’opération se poursuivait.

Aussi présent sur les lieux au moment de cette attaque dont il ne mesurait pas encore la gravité, son collègue Mohamed KOUMARE, sérigraphe se trouvait avec un autre de ses collègues qu’il aidait à faire des activités avec des enfants comme c’est le cas le week end. Alerté au même moment par les coups de feu et le mouvement de certains clients qui quittaient la piscine pour échapper aux assaillants qui tiraient dans tous les sens. Il avoue qu’à ce moment là c’était un peu la panique et sauve qui peut. Il réussit à s’échapper et rentre chez lui tout près du campement. Il met à l’abri sa famille et retourne au campement pour avoir des nouvelles. « Nous sommes restés dehors. Quand je suis retourné au campement, les échanges de tir continuaient ». J’ai quitté les lieux vers 23 heures pour aller chez mon frère en ville. Nous avons eu peur bien sûr, poursuit Monsieur KOUMARE, mais nous avons été rassurés par la réaction des forces de sécurité.

 

Attentat au Campement Kangaba: Nouveau point de situation

Le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile a donné une conférence de presse ce lundi après midi pour dresser la situation actualisée, un peu moins de 24h après l’attaque terroriste au Campement Kangaba, en périphérie de Bamako .Le général Salif Traoré était entouré de ses homologues de la Santé et de l’Hygiène publique, du commerce-porte parole du gouvernement, de l’économie numérique et de la communication, ainsi que des commandants des forces qui ont opérés dur le terrain de l’attentat.

Après avoir rappelé le scénario de l’attaque contre cet établissement le dimanche après-midi, il a salué la contribution de la population qui a, après avoir alerté les autorités dès les premiers coups de feu, réussi également à interpeller un suspect qui est actuellement, ainsi que deux autres individus, en train d’être interrogés pour situer leur responsabilité ou non, dans cette enquête. Les quatre assaillants ont été « neutralisés » , quatre clients ont perdu la vie et sept autres sont blessés, dans un état plus ou moins grave,  mais « leur pronostic vital n’est pas engagé », a tenu à préciser le Pr Samba Sow, ministre de la Santé et l’hygiène publique.

Les quatre clients tués dans l’attentat sont une franco-malienne, une franco-gabonaise, un chinois et un portugais. Un membre des forces de sécurité malienne est également mort dans les combats. Une quarantaine de personnes de plus de dix nationalités différentes ont été exfiltrées par les Forces de sécurité et prises en charge psychologiquement à l’Hôpital du Mali où toutes les victimes ont été conduites.

« Il n’y a pas encore de revendication formelle », a souligné le général Traoré qui assure cependant qu’il n’y a pas de doute sur le caractère terroriste de cet incident majeur. « La veille, une patrouille avait sillonné la zone en question. .Pour vous dire qu’il n’y a pas de dispositif infaillible et que la vigilance doit être de mise » a poursuivit le ministre avant d’appeler les promoteurs privés d’établissements à faire face à leur « responsabilité absolue de prendre des dispositions conservatoires pour sécuriser leurs installations ».