El Bilal Touré : « Se surpasser et être performant»

À 17 ans, il a déjà tout d’un grand. Son nom, El Bilal Touré, est celui qui était sur toutes les lèvres après la finale victorieuse du Mali à la CAN U20. Athlétique, technique, à l’aise des deux pieds, le jeune Malien a fait étalage de tout son bagage durant la compétition. Plébiscité par la CAF, qui l’a placé dans l’équipe type du tournoi, c’est un champion tout juste auréolé qui a répondu aux questions de Journal du Mali.

Vous êtes Champion d’Afrique junior. Comment avez-vous vécu la compétition ?

Il y a de la fatigue, ce n’était pas facile. De la première rencontre à la finale, ce n’était pas simple. La défaite lors du premier match nous a compliqué la tâche. Nous avions plus de pression. Dieu merci, nous avons réussi à nous rattraper durant les rencontres qui ont suivi. Mais là, ça va, nous sommes soulagés, l’objectif est atteint.

Vous perdez votre premier match et aussi votre capitaine lors de cette rencontre. Vous est-il arrivé à ce moment-là de douter ?

Douter je ne dirai pas, plutôt une pression. Tu rentres mal dans la compétition. Perdre 2 – 0, c’est beaucoup trop, cela fait mal. C’était à nous de mettre la pression du bon côté, nous remotiver et aller de l’avant. Nous savions déjà que si nous perdions le deuxième match, c’était fini. Nous devions donc forcément gagner. C’est avec cet état d’esprit que nous avons abordé les matchs qui ont suivi, et il y a eu la victoire au bout.

Vous jouez dans le club Africa Football Élite (AFE), qui prône un jeu léché et porté vers l’offensive. A-t-il été compliqué de vous adapter au schéma de jeu du Mali ?

C’était un peu compliqué, mais chaque entraineur à sa vision du football. Il est demandé à un joueur de pouvoir s’adapter. Quand tu joues pour la Nation, c’est la victoire qui compte. Tu peux bien jouer et perdre, ce que les gens retiendront au final, c’est le résultat. Pour notre premier match, nous avons essayé le beau jeu et dominé le Sénégal, mais à la fin nous avons perdu. Après, nous avons été plus pragmatiques. En tant que joueur, je ne me focalise pas que sur une seule manière de jouer. Chaque entraineur fait ses choix, au joueur maintenant de se surpasser afin de donner le meilleur de lui-même et d’être performant pour l’équipe.

Vos prestations durant la compétition sont un merveilleux tremplin. Des pistes déjà pour la suite de votre carrière ?

Je ne gère pas cela, c’est Seran Diabaté (son manager) qui s’en occupe. Il sait ce qui est bien pour moi, il décidera.

Un club dans lequel vous rêveriez de jouer ?

Pas de club en particulier, mais le championnat que j’aime est la Premier League.

Vous êtes déjà présenté par beaucoup comme le futur grand attaquant de l’équipe du Mali. C’est une pression supplémentaire ?

À moi de le prendre comme une source de motivation. Je ne dois pas me reposer sur mes lauriers parce que les gens me font des éloges. Il me faut au contraire continuer à travailler. Néanmoins, je suis content que certains aient ces avis sur ma personne. À moi maintenant de rehausser le niveau et de montrer que je mérite ces dithyrambes.

Vous avez fait vos gammes dans des centres en Côte d’Ivoire avant de suivre votre entraineur à l’AFE. Pourquoi ?

J’avais confiance en mon coach (Alain Tiémélé Kouadio « Charlton »). Je l’ai donc suivi au Mali. J’ai beaucoup appris auprès de lui et je me suis dit qu’il pouvait encore m’apporter énormément. Le E de AFE veut dire Élite, cela parle. Nous ne sommes pas les meilleurs, mais nous essayons d’être à un excellent niveau. Il y a un peu plus d’un an, nous étions en troisième division. L’année suivante en deuxième division et nous jouons la demi-finale de la Coupe du Mali. Nous remercions le Seigneur pour ce parcours et nous espérons faire encore mieux à l’avenir.

Une polémique a vu le jour sur votre nationalité, certains affirmant que vous n’étiez pas Malien. Cela vous a-t-il touché ?

Oui, j’ai été touché. Qu’il y ait des personnes qui spéculent sur ma nationalité, c’est étonnant. Je pense qu’en tant que joueur nous sommes libres de jouer où nous voulons. Mais, dans toutes les histoires, il y a de bonnes et de mauvaises personnes. Certains ont essayé de me créer des problèmes, d’autres, comme mon manager, m’ont soutenu, ce qui a permis de dénouer la situation. Je les remercie pour cela.

Le Mali remporte la CAN-U20

Une nouvelle fois sur le toit de l’Afrique. Après deux trophées de champion d’Afrique U-17 (2015,2017), le Mali s’est offert le premier de son histoire en junior. Les Aiglons sont venus à bout du Sénégal au terme d’une rencontre qui s’est décidée aux tirs aux buts.

Face à une équipe qui les avait battus en match de poule, les joueurs de Mamoutou Kané ‘’Mourlé sont bien entrés dans le match. En pressant bien et en mettant beaucoup d’impact, le Mali a longtemps empêché les Lionceaux du Sénégal de développer leur jeu. Très appliqué à la récupération, et porté offensivement par le talent d’El Bilal Touré et d’Hadj Dramé, les Aiglons vont ouvrir le score juste après le premier quart d’heure. A la 16ème minute, à la suite d’un centre, Boubacar Traoré contrôle bien le ballon, crochète tout en lucidité avant de marquer. Les Sénégalais, pourtant si brillants jusque-là dans la compétition ont eu toutes les peines du monde à se créer des occasions durant la première mi-temps.

En seconde période, les U20 Maliens, toujours plus entreprenants auraient pu marquer un deuxième but, et tuer les rares velléités de révolte sénégalaise. Il n’en a rien été. Les Aiglons ont vendangé. L’excellent El Bilal Touré butant sur le gardien sénégalais, bien sorti dans ses pieds, ou encore Boubacar Traoré voyant sa belle frappe tendue passée près des buts sénégalais. A force, le Mali a fini par se faire punir. Boosté par leurs nouveaux entrants, le Sénégal est revenu dans la partie. D’un retourné Amadou Dia Ndiaye a remis les deux équipes à égalité, après une frappe d’un de ses coéquipiers détourné par le gardien malien.

Mis en confiance par ce but et face à une équipe malienne lessivée par la débauche d’énergie, le Sénégal pousse pour passer devant au score. Mais les incursions sénégalaises sont repoussées par une belle défense malienne, qui résiste en dépit de la fatigue et qui tient bon jusqu’aux tirs aux buts. Trois des cinq tireurs sénégalais manquent leur tentative, envoyant le Mali sur trôner sur l’Afrique. Une belle victoire et une belle revanche pour le Mali et son entraineur. Critiqué pour avoir laissé sur le quai Abdoul Salam Ag Jiddou, un des plus grands talents, et pour son jeu, Mourlé est tout de même allé au bout de ses idées. Préférant pragmatisme et efficacité à un jeu léché et spectaculaire. En chiffres, le Mali a encaissé quatre buts et en marqué autant dans cette compétition. A « l’italienne ».

CAN U20 : La finale en ligne de mire

En quête du Graal. Ce 3 février, le Mali jouera son premier match de CAN U20 face au Sénégal. Un premier test grandeur nature pour les Aiglons, dont l’objectif affiché est d’atteindre au moins la finale.

L’équipe reste sur une bonne dynamique, grâce notamment à une énième victoire juste avant de s’envoler vers le Niger. Sur le terrain synthétique du stade Mamadou Konaté, les Juniors sont venus à bout du Club Olympique de Bamako (2 – 1). Une belle préparation pour le Mali, qui disputera son match face au Sénégal sur le terrain de Maradi, lui-même synthétique. Avec une formation qui ne manque pas de talents sûrs, les Aiglons auront néanmoins la tâche très ardue. Logés dans le groupe B, en compagnie du Sénégal, double finaliste (2015, 2017), du Burkina Faso et du Ghana, trois fois vainqueurs de la compétition, les joueurs de Mamoutou Kané « Mourlé » devront s’appuyer sur les acquis des matchs de préparation. « Comme l’ont indiqué bon nombre d’observateurs, nous sommes dans une poule très relevée, que l’on qualifie d’ailleurs de groupe de la mort. On est conscient du bon niveau des adversaires, mais qu’à cela ne tienne, on a un objectif : jouer cinq matchs, dont la finale », assurait le sélectionneur au micro de Footmali.

Longue préparation

Le noyau dur de la sélection championne d’Afrique U17, qui a émerveillé le monde lors de la Coupe du monde de 2017, a été reconduit à quelques exceptions près, notamment le très technique Abdoul Salam Ag Jiddou. « Mourlé » s’en est justifié, déclarant être « heureux » avec le milieu en sa possession. Outre le virtuose de l’AS Monaco, le virevoltant Djemoussa Traoré et le très serein milieu du RC Lens Cheick Doucouré manquent également à l’appel. Pas de quoi démobiliser le sélectionneur et les joueurs. Avant de rallier le Niger, il nous confiait être impatient de débuter la compétition. « Nous sommes prêts, le moral est au beau fixe, c’est un tournoi qui nous est très cher. Nous nous sommes préparés et nous allons aller le plus loin possible ».

Le Mali a disputé pour sa préparation 18 matchs internationaux pour 12 victoires, 2 nuls et 4 défaites. Un bon bilan et des joueurs phares sur lesquels les Aiglons pourront se reposer pour une belle CAN.

La Zambie atomise le Mali

 

Pour le compte de la deuxième journée de la Can U-20, le Mali a pris l’eau de toute part face à la Zambie. Le pays hôte a été impitoyable avec les Aiglons en les étrillant (6-1).

La pilule est dure à avaler. Les Aiglons du Mali, pourtant donné favori du tournoi ont subi une lourde défaite. Dans un match où ils ont été méconnaissables, les Maliens ont logiquement perdu face à des Zambiens qui en voulaient plus.

Dès le début du match, la Zambie se procure la première occasion du match grâce à son attaquant vedette Patson Daka, lancé dans la profondeur mais devancé par la sortie du gardien malien Samuel Diarra. Malgré cette action, c’est le Mali qui ouvre le score. Le capitaine Abdoul Karim Danté reprend de la tête un corner à la 4ème minute qu’il envoie au fond des filets zambiens. On aurait pu penser que ce but augurait de bonnes choses pour le Mali, au contraire ce fut le début d’une véritable déferlante sur les cages maliennes. Deux minutes après l’ouverture du score, Patson Daka se retrouve seul face au gardien mais sa frappe touche la barre, il poursuit néanmoins son action et arrive à centrer pour son coéquipier Sakala qui égalise de la tête.

A la 25ème, suite à un ballon renvoyé par la défense malienne, le milieu Emmanuel Banda envoie une volée magnifique qui finit sa course dans les buts d’un Samuel Diarra qui n’a pas esquissé le moindre geste. Les 60.000 spectateurs du stade de Lusaka pouvaient exulter. Voyant que son équipe était très mal en point, l’entraîneur Baye Bah effectue un changement dès la 30ème de jeu en faisant rentrer un attaquant. Mais la Zambie continua d’attaquer et finit par marquer un troisième but à la 38ème par Mwepu qui a repris un centre en retrait de son partenaire. Dépassé et dominé physiquement les Aiglons faisaient pale figure en cette première mi-temps.

Le début de la deuxième période a été tout autant catastrophique avec une défense malienne toujours aux abois. Dès la 50ème, le milieu défensif Diakité marquait contre son camp en voulant dévié un ballon de la tête. Cinq minutes plus tard, nouvelle incursion dans la défense malienne pour le cinquième but des Chipolopolo Juniors, marqué par Chilufya.

A la 66ème, Sakala allait de son doublé pour parachever le succès déjà écrasant de la Zambie d’une magnifique frappe dans la lucarne.

Les Aiglons qui n’ont jamais semblé dans le coup dans ce match, ont vécu un véritable cauchemar.

La Zambie, elle se qualifie pour les demi-finales. Le Mali n’est pas encore éliminé mais n’a plus son destin entre les mains. Pour espérer se qualifier, il faudra absolument gagner le dernier match face à la Guinée samedi prochain et espérer que l’Egypte ne s’impose pas devant la Zambie.