Nomination de Sanogo : la pilule passe mal…

Hamadou Tidiane Sy, journaliste, Directeur de l’Ejicom « Au vu des grosses réactions indignées au Mali et en dehors, le tout nouveau « Général » Sanogo, sera peut-être le général le plus amer du monde : devoir penser à  tous ces millions de gens et à  ces centaines, voire milliers de soldats maliens, qui pensent que vous ne méritez pas vos étoiles, doit être aussi lourd à  porter, sinon plus, que d’avoir plongé un pays dans le chaos. Lui a réussi la prouesse de réunir les deux. Dites, un président peut-il révoquer ou rétrograder un général et l’envoyer en cour martiale pour haute trahison? » Sanoussi Diabaté : « Un putschiste ne mérite pas ca ! » « C’est difficile de comprendre que le capitaine Sanogo puisse être récompensé du fait qu’il ait fait le coup d’Etat ». Qu’on respecte le peuple malien. Ceux qui ont plongé ce pays dans une crise interminable ne peuvent pas être promus Généraux d’un seul coup. C’’est vraiment décevant de voir de telles choses au Mali. C’est comme une malédiction qui nous frappe. Adama Ouologuem :  » C’’est un acte qui encourage d’autres coups d’Etat »  » Cette nomination est une manière d’encourager le coup d’Etat au Mali et même en Afrique. Il s’agit de récompenser les auteurs de coup d’Etat. Alors, peut-on reprocher aux rebelles Touaregs d’être bombardés de grades officiers pour les pousser à  laisser les armes ? ». Assan Ballo, enseignante : « Cette nomination est une insulte » Avec le capitaine Sanogo, le Mali a connu le pire coup d’Etat sans parler de l’occupation du Mali par les jihadistes, la disparition de bérets rouges, les tortures de personnalités et séquestration de journalistes. Cette nomination du capitaine est une insulte aux Maliens et les victimes de cette crise se voient déjà  oubliées par les autorités de Transition. Bahissa Diarra : « Un abri pour Capitaine Sanogo » Pour ce caporal de l’armée malienne, la nomination du capitaine est une couverture. Dans notre corps, si tu n’es pas gradé, tu restes toujours un subalterne alors que C’’est lui l’homme de l’armée malienne actuellement. Il lui faut donc un haut grade pour être respecté dans l’armée ». « J’apprécie l’acte de Dioncounda, autrement, le capitaine Sanogo allait finir comme Dadis en Guinée »  » Amadou Haya Sanogo n’avait pas le choix o๠il finissait comme le capitaine Moussa Dadis Camara, mais je comprends Dioncounda. Qui n’aurait pas pu accéder à  Koulouba sans l’intervention du Capitaine. La corruption a encore des beaux jours dans ce pays o๠la médiocrité est érigée en valeur », fustige Mahamane Traoré, gestionnaire. « Gamou mérite aussi d’être général » « Qui ne connait pas ce colonel touareg qui a donné l’exemple dans la crise du nord Mali. Il a été au front avec ses éléments et es devenu l’ennemi juré des rebelles toaregs à  cause de son appartenance ethnique. Je pense qu’on doit récompenser El Hadji Gamou plutôt que de nommer des putschistes qui sont restés dans le luxe à  Kati», estime Djibril Togola informaticien.

Boukary Daou est en prison!

Il n’aura même pas été entendu par le Procureur. Accusé d’incitation au crime et au délit (article 35 de la loi sur la presse), de publication de fausse nouvelle (article 37), notre confrère Boukary Daou a été transféré de la BIJ à  la prison centrale de Bamako. Son procès est prévu pour le 16 avril 2013 mais d’ores et déjà , des avocats vont demander la mise en liberté provisoire. Le Directeur de publication du journal le Républicain avait été interpellé au siège du journal le 9 mars dernier après la publication d’une lettre ouverte adressée au Président de la République par intérim par un officier de l’armée malienne. La missive indexait le traitement jugé de faveur accordé au Capitaine Sanogo, qui dirige désormais le Comité de réforme de l’armée. Il est reproché à  Daou d’avoir publié ce document qui, selon les autorités maliennes, est de nature à  provoquer des soulèvements au sein de l’armée. Consternation A l’heure qu’il est, ses avocats se battent pour obtenir sa liberté provisoire en attendant sa comparution devant le juge prévue le 16 avril prochain. Me Lamissa Coulibaly, un de ses défenseurs s’est dit surpris de la décision prise ce lundi. « On s’attendait à  ce qu’il soit libéré aujourd’hui » a-t-il déclaré à  RFI quelques minutes après avoir appris la décision de la justice. Plusieurs personnes présentes hier pour soutenir le journaliste ont témoigné que ses confrères «Boukary Daou est le premier surpris de ce qui lui arrive» ajoutera-t-il. La presse malienne se réunit ce matin pour décider de la conduite à  tenir face à  ce qu’elle qualifie d’atteinte à  la liberté de la presse. Un conseil de crise a été mis en place qui avait réussi à  mobiliser la quasi-totalité des organes de presse pour les journées presse morte des 12 et 13 mars derniers. Un comité qui a l’intention de continuer à  se battre dans cette affaire. « 16 avril, quand les débats de fonds vont commencer, nous allons pouvoir faire les observations utiles pour mettre en vue les failles de l’accusation » a fait valoir Mahamane Hamèye Cissé, directeur du journal Le Scorpion, et président du comité. C’’est un Boukary Daou fatigué, mais convaincu de son innoncence, qui a passé sa première nuit à  la prison centrale de Bamako.

Les soldats au front révoltés par les avantages accordés au Capitaine Sanogo

Dans un document déposé à  la rédaction du Républicain, le message est clair : la décision a créé une révolte dans les rangs des combattants. Un ultimatum de deux semaines est lancé par ces soldats au front qui demandent « des explications claires et nettes » au Président de la République. « Monsieur le Président, nous avons appris, pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, que le Capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions. Et les autres de son groupe, C’’est-à -dire son clan, qui refusent de venir combattre, bénéficient également des mêmes traitements », peut-on lire dans la lettre ouverte au Président de la République et signée par le Capitaine Touré (dont nous taisons le prénom). Ces soldats de l’armée malienne déclarent leur incompréhension et exigent du Président du République « des explications claires et nettes ». Ils veulent savoir s’il faut faire un coup d’Etat pour être récompensé et reconnu comme bon soldat, chose qu’ils affirment ne jamais accepter. Et « si cette décision n’était pas annulée avant dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, C’’est-à -dire moi et mes éléments, de combattre et nous sommes prêts à  en subir toutes les conséquences », soutiennent les auteurs de la lettre ouverte. Le Décret n 2013-043 /P-Rm du 22 janvier 2013 fixe les avantages accordés aux membres et au Secrétaire général du Comité militaire de suivi de la Réforme des forces de défenses et de sécurité. Son président, le Capitaine Amadou Aya Sanogo, bénéficie d’un traitement de 2 500 000 Fcfa et d’autres avantages comme l’indemnité de responsabilité et la prime de sujétion pour risque qui sont de 300 000 et 250 000 Fcfa, une indemnité de logement de 500 000 Fcfa, une indemnité forfaitaire d’entretien au titre de la consommation d’eau, d’électricité et de téléphone de 400 000 Fcfa, une Prime d’installation de 2 500 000 Fcfa, un véhicule de fonction, la gratuité des soins et examens médicaux, une Assurance couvrant les accidents de transport par voie aérienne ou de surface. La lettre ouverte au Président de la République Monsieur le Président, Nous avons appris, pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, que le Capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions. Et les autres de son groupe, C’’est-à -dire son clan, qui refusent de venir combattre, bénéficient également des mêmes traitements. Nous ne comprenons pas cela et nous exigeons de vous, nous autres soldats de l’armée malienne des explications claires et nettes. Nous voulons savoir s’il faire un coup d’Etat pour être récompensé et reconnu comme bon soldat ? Nous n’accepterons jamais cela. Si cette décisions n’était pas annulée avant dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, C’’est-à -dire moi et mes éléments, de combattre et nous sommes prêts à  en subir toutes les conséquences. Fait à  Gao, le 1er mars 2013 Le Capitaine TOURE

Le scandaleux salaire du capitaine !

Alors que les Maliens subissent les aléas de la crise économique, le salaire du capitaine Sanogo, fraà®chement investi à  la tête du comité de réformes de l’armée défraie la chronique dans les médias. Et pour cause, Sanogo déjà  largement servi depuis le coup d’Etat du 22 Mars, se paierait des émoluments atteignant 4 millions de francs CFA sans compter les autres avantages : Finalement, le capitaine Sanogo se retrouve avec près de 4 millions Fcfa par mois, auxquels il faut ajouter plein d’autres avantages. Le salaire se divise ainsi : un traitement mensuel de 2 500 000 Fcfa. Il faudra y ajouter une indemnité de responsabilité de 300 000 Fcfa, une prime de sujétion pour risques de 250 000 Fcfa, une indemnité de logement de 500 000 Fcfa, une indemnité forfaitaire d’entretien, au titre de la consommation d’eau, d’électricité et de téléphone de 400 000 Fcfa. Ce qui équivaut à  près de 4 millions Fcfa par mois (exactement 3 950 000 Fcfa par mois). Sans oublier le véhicule de fonction, la gratuité des soins et examens médiaux, un régime d’assurance couvrant les accidents de transport par voie aérienne ou de surface. En plus, lui comme le vice-président, le secrétaire général, les présidents de commission, les chefs de bureau et de cellule, devront recevoir à  l’avance un mois de traitement net sous forme de prime d’installation. Une rémunération de nature à  créer l’ire au sein de la population. « Si on a voulu tenir le capitaine dans ce poste, le prix à  payer dépasser toutes les injustices », commente ce journaliste en poste à  Bamako. Le salaire de celui qui un moment fut affublé du titre éphèmère d’ex Chef d’Etat par la CEDEAO dépasse toutes les supputations. Finalement, faire un coup d’Etat rapporte beaucoup et pendant que le budget de l’Etat est réduit de moitié et que des élections se préparent, il faut se demander si le capitaine avait vraiment besoin de tous ces avantages. Mais il ne devra pas oublier que malgré l’uniforme et les pluies de CFA, un auteur de coups d’Etat est passible de sanctions et cela à  vie !

Les Béréts Rouges(enfin) libres

Ce mercredi 30 janvier 2013 restera un bon souvenir pour les 29 bérets rouges qui ont pu recouvrer la liberté, ainsi que leurs familles qui se sont battues pour obtenir leur retour à  la maison. Annoncée 18 janvier dernier, la décision de leur mise en liberté provisoire n’a finalement été appliquée qu’il y a quelques heures. C’est avec soulagement que leurs proches ont accueilli cette nouvelle. Cette fois ci ils ont pu les embrasser et les serrer dans leurs bras. Les 53 militaires appartenant pour la plupart au corps délite des parachutistes encore appelés « bérets rouges » ont été arrêtés suite aux évènements du 30 avril 2012 qui se sont soldés par l’affrontement avec les bérets verts, auteurs du putsch du 22 mars 2012. Parmi les militaires libérés on peut citer Amidou Sissoko dit Man, l’ancien chef d’Etat major particulier du président Amadou Toumani Touré, Mohamed Lamine Traoré dit Mala, fils de l’ancien président Alpha Oumar Konaré et Abdoulaye Cissé le commandant de la région militaire de Sikasso. Ils ont été retenus pendant plus de huit mois au camp 1 de Bamako. Leur relaxe aurait été retardée à  cause de l’opposition de l’ex-junte. Sous le coup de l’émotion, l’une des épouses de ces détenus n’a pas pu retenir ses larmes pour exprimer sa joie. « Dieu est grand voici mon mari libéré, que Dieu soit loué », s’est–t- elle écriée. Du côté du « camp para » ou résident les familles des bérets rouges la joie est mélangée à  l’angoisse car certaines familles n’ont pas vu revenir leur membre toujours retenu. « J’ai un grand frère parmi les arrêtés, mais je l’ai pas vu parmi les libérés qu’est ce qu’il lui est arrivé ou bien il reste toujours en prison » s’interroge, un jeune homme très déçu. Cette libération intervient 24 heures après l’interpellation des autorités de la transition par les élus Me Kassim Tapo et Me Hamidou Diabaté de l’Assemblée Nationale lors du débat sur la feuille de route présentée par le Premier ministre. Au cours de ces débats, Me Kassim Tapo et Me Hamidou Diabaté, en qualité d’hommes de droit, ont appelé les autorités de la transition à  mettre un terme définitif à  l’affaire dite des bérets rouges. « Ces bérets rouges n’ont pas leur place dans les prisons mais plutôt au front. » avaient déclaré les députés. l’heure de la réconciliation a-t-elle sonné dans l’armée ? Apparemment la mise en liberté de ces militaires annonce les prémisses de la réconciliation dans l’armée malienne déchirée, dans un climat de manque de confiance. Certaines sources indiquent même que la libération des autres détenus est prévue pour la semaine prochaine. Des sources militaires nous confient que ce jeudi au 33ème régiment des commandos parachutistes à  Djicoroni, les bérets rouges se sont mis en tenue pour le rassemblement, pour montrer à  la Nation et au monde entier leur disponibilité à  participer aux combats aux côtés de leurs frères pour libérer et sécuriser les territoires occupés par les terroristes. « Nous sommes prêts à  aller rejoint nos camarades au front. Nous attendons seulement que les autorités de la transition nous donnent l’ordre et nous mettent dans les conditions de combats » nous confit un béret rouge. Dans cette libération, le courage du procureur général est à  saluer. Car, malgré les menaces et les intimidations il est resté sur sa position à  dire rien que la loi. Cité par l’ hebdomadaire malien « le Procès verbal », le procureur de la commune 3 dont relève le dossier des bérets a témoigné avoir été menacé par des individus non identifiés. Le procureur général reconnaà®t que la perspective de libérer les bérets rouges ne fait pas plaisir à  tout le monde; il confirme que dans la nuit du vendredi 18 janvier, des inconnus, à  travers des numéros cryptés, l’ont personnellement menacé de mort en lui disant: « Si vous libérez ces assassins de bérets rouges, on aura votre peau ! ». Daniel Tessougué révèle même que des hommes politiques l’ont appelé pour exprimer leur désaccord avec la libération des bérets rouges. Il déclare cependant ne pas craindre les menaces : « Je suis au service de la loi, donc je n’ai pas peur de mourir. Des fils de ce pays sont en train de mourir pour libérer le pays; pourquoi pas moi ? ».

Opération militaire : Sanogo hors jeu?

En attaquant les troupes maliennes sur la ligne de front à  Konna, les islamistes déclenchaient une opération militaire depuis longtemps programmée et sans cesse repoussée. En effet, les pronostics les plus favorables prévoyaient le début de l’offensive armée au plus tôt au mois d’avril. Et voila, qu’en quelque heures, force a été donnée aux armes pour mettre fin à  la situation de ni-paix-ni-guerre qui durait depuis des mois. Les militaires maliens sont donc au front. Mais ils ne sont pas seuls. A leurs côtés, des soldats français dont l’effectif est graduellement monté à  plus d’un millier d’hommes ces derniers jours. Hélicoptères, blindés de la Licorne, forces spéciales, les troupes étrangères sont là . Les chefs d’état major africains sont réunis depuis deux jours maintenant pour peaufiner l’arrivée de troupes d’un peu partout sur le continent. Car, il est clair que seule, notre armée ne peut faire face à  des islamistes puissamment armés et prêts à  tout pour imposer leur régime de terreur. Mais alors, se demandent de nombreux maliens, pourquoi la hiérarchie militaire malienne a-t-elle autant tergiversé ? Surtout le plus en vue, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, qui il y a quelques semaines encore demandait «juste un soutien logistique » pour monter au front ? Quelle marge d’action pour le Capitaine ? Malheureusement, la suite ne lui a pas donné raison. Le tombeur d’ATT se voit ainsi dans l’obligation de revoir sa copie face à  la précipitation des événements depuis le jeudi dernier. Il a d’ailleurs fait un pas dans ce sens en remerciant la France pour son intervention salvatrice auprès des militaires maliens pour endiguer la percée islamiste. Le capitaine est d’autant plus gêné que les porteurs d’uniforme non-Maliens qui auront en charge la sécurisation de la capitale pourraient marcher sur ses plates bandes et réduire du coup son ‘’pouvoir ». Ce qui n’est guère à  son gout. Avec la nouvelle donne, l’on est en droit de se poser des questions. Quelle est aujourd’hui la marge de manœuvre réelle du président du comité de suivi et de la réforme de l’armée ? Est-il en train de perdre la main ? Les militaires interrogés n’ont pas souhaité faire de commentaires, se contentant juste de déclarer que seule la patrie compte. Nombreux sont les maliens qui attendaient l’annonce de son départ au front. « Cela nous aurait confirmé tout ce qu’il nous a dit au matin du 22 mars » affirme un bamakois, sous couvert d’anonymat. Pour l’instant ce n’est pas la cas… En attendant, pour ne pas disparaà®tre de la carte qui se joue actuellement autant sur le plan politique que militaire, le capitaine tente, tant bien que mal, de marquer son territoire. En atteste sa visite aux militaires blessés dans les hôpitaux avant même le ministre de la Défense et le Président par intérim. Sans oublier sa visite éclair à  Sévaré pour remonter le moral de la troupe. Une visite mise à  profit pour élever certains militaires au grade supérieur.

2012, un cauchemar à la malienne

Le millésime 2012 n’aura pas été le meilleur pour les Maliens et les Maliennes. Jamais dans son histoire contemporaine, le pays n’avait connu d’épisodes aussi douloureux, fragilisant sa stabilité, et mettant à  mal le rôle de pays-modèle qu’il jouait dans la sous-région et en Afrique. Le mauvais rêve a commencé avec l’attaque de la garnison de Ménaka le 17 janvier. Elle portait la signature des indépendantistes touarègues du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA). Quelques jours plus tard les images atroces de militaires ligotés et abattus d’une balle dans la tête, font froid dans le dos des Maliens. Ces images qui ont fait le tour du monde via internet provoquent l’indignation dans le monde. Au camp militaire de Kati, les femmes se soulèvent et battent le pavé pour fustiger un pouvoir qui envoie leurs maris sans armes adéquates à  la boucherie. Reçues à  la présidence ce 29 janvier, les femmes, très remontées, ont rencontré le président Amadou Toumani Touré, pour lui demander des comptes. Cette marche des femmes était l’expression du moral en berne et l’exaspération de la troupe face à  la gestion de ce que l’on appelait déjà  la « crise au nord ». Le siège de Tessalit vient exacerber ce sentiment. Et les conséquences ne se font guère attendre. Le 22 mars, soit moins d’un mois après la marche des femmes, les militaires passent à  la vitesse supérieure en balayant le régime ATT. l’incurie du régime dans la gestion du nord est pointée du doigt. Le Mali connaà®t son troisième coup d’Etat, œuvre d’une junte basée au camp de Kati et emmenée par le jeune capitaine Amadou Haya Sanogo. Dissoutes, les institutions laissent la place au Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat(CNRDRE). Des dizaines de leaders politiques et de cadres de l’administration se retrouvent dans les geôles de Kati, pour «garantir leur sécurité », selon la junte. Conséquence immédiate du putsch, la faillite de la chaà®ne du commandement de l’armée qui favorise la chute, une à  une, des trois régions septentrionales du pays. Après Kidal le 30 mars Gao et Tombouctou tombent les jours suivants aux mains des rebelles touarègues du MNLA aidés par les islamistes. Désormais les 2/3 du territoire national échappent au contrôle du gouvernement malien. Sous la pression de la communauté internationale surtout de la CEDEAO par l’entremise de ses médiateurs (le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Michel Bassolé et Adama Bictogo, ancien ministre ivoirien de l’intégration africaine), le capitaine Sanogo lâche du lest début avril en rétablissant les institutions. Le même jour les Maliens apprenaient la déclaration l’indépendance de l’Azawad par le MNLA. La partition de fait du pays est désormais consommée. Accord Cadre l’accord cadre du 6 avril signé entre la junte militaire et la CEDEAO décante provisoirement la situation. ATT transmet sa démission à  la Cour Constitutionnelle qui peut désormais investir le Président par intérim. Chose faite le 12 avril avec la prise de fonction officielle du Président de l’Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré. Ce dernier nomme le 18 avril Cheick Modibo Diarra, Premier ministre de pleins pouvoirs. Avec la formation du gouvernement un jour plus tard, le Mali entame son retour dans la communauté des Nations dont il était au ban depuis le coup d’Etat. Les maigres avancées du mois d’avril sont malheureusement remises en question par la tentative du contre coup d’Etat des Bérets rouges du 30 avril. La guerre des Bérets est sanglante, divise et affaiblit une armée déjà  mal en point. 4 mai 2012 à  Dakar. Le sommet de la CEDEAO fixe la durée de la transition malienne à  12 mois. Tollé à  Bamako o๠les partisans de la junte, le front pro-putsch manifestent leur mécontentement. Des marchent sont organisées dont celles du 21 mai qui finira par l’agression au sein même du Palais Présidentiel du président Dioncounda Traoré. Les manifestants entendaient le démettre par la force de ses fonctions qui selon, eux, devaient prendre fin avec la fin de la période d’intérim de 40 jours. M. Traoré sera finalement évacué à  Paris (France) le 24 mai pour des soins. Il ne rentrera au Mali que le 27 juillet. Le mois de juin verra la dissolution du CNRDRE et la fin de l’alliance entre le MNLA et les islamistes. Ces derniers prennent définitivement le contrôle des régions conquises aux côtés des rebelles touareg. s’en suivra l’application stricte de la charia avec la destruction des mausolées de Tombouctou, mais surtout les amputations, les flagellations, la destruction de mausolées, viol et autres actes inhumains et dégradants. Ces actes sont posés par les islamistes de Ançar Dine d’Iyad Ag Ghaly et du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest(MUJAO). Critiquer les nouveaux maà®tres du Mali n’est pas sans risque. Plusieurs journalistes l’apprendront à  leurs dépens. Une énième agression commise sur la personne du directeur de publication du journal l’Indépendant Saouti Haà¯dara, fait exploser la colère de la presse qui descend dans les rues et observe une journée sans presse le 17 juillet. Mobilisation de masse Face à  la crispation de la situation politique, le Haut conseil islamique organise un méga meeting, le 12 août au stade du 26 mars, pour arrondir les angles mais surtout apporter son soutien au Premier ministre Cheick Modibo Diarra, déjà  fortement contesté. Pour arrondir les angles et tendre la main à  ses opposants du front anti-putsch, M. Diarra ouvre son équipe et forme un gouvernement « d’union nationale» fin aout. La chute de Douentza, dans la région de Mopti le 2 septembre, rapproche un peu plus les islamistes armés de la « zone non occupée » dont la frontière est la ville de Mopti. Les Maliens appellent de plus en plus à  une intervention rapide au nord pour libérer les populations dont la situation humanitaire se dégradent cheque jour un peu plus. Bamako accueille en novembre une réunion du groupe de soutien de l’Union africaine qui soutient l’option de l’intervention mais appelle également à  l’organisation d’élections dans les plus brefs délais afin d’avoir un pouvoir légitime à  Bamako. Pierre Buyoya est nommé haut représentant de l’UA pour le Mali. Il rejoint la pléiade de personnalités qui se bousculent au chevet du Mali pour l’aider à  trouver des solutions à  la crise qu’il traverse. Une note d’espoir ? 2012 s’achève pour beaucoup sur une note d’espoir. l’arrivée de l’équipement militaire bloqué en Guinée depuis des mois, la démission forcée de Cheick Modibo Diarra et son remplacement par Diango Cissoko, personnalité beaucoup plus consensuelle, autant de signaux positifs pour les observateurs. Le début de négociations avec les groupes armés qui sévissent au nord du pays est également positif pour ceux qui préfèrent que l’option militaire soit le dernier recours, afin d’épargner les populations. Enfin, après des mois de tergiversations, la communauté internationale s’est mise d’accord pour voter une résolution qui donne quitus aux forces africaines pour intervenir au nord Mali. La résolution 2085 est pourtant accueillie avec peu d’enthousiasme à  Bamako. Les barbus d’Ançar Dine ont d’ailleurs prouvé le peu de poids qu’ils lui accordaient en procédant le dimanche 23 décembre à  la destruction de mausolées à  Tombouctou. Les yeux à  présent tournés vers 2013, les Maliens espèrent qu’elle apportera avec elle les solutions pour définitivement tourner la page. Une intervention dans les six mois au nord du pays, un redémarrage de l’économie en berne, et un retour « à  la normale », tout en retenant les leçons de ces mois passés. Les bénédictions et souhaits seront certainement unanimes en ce 31 décembre, au Mali.

Les dernières vérités du capitaine Sanogo

Après sa sortie médiatique à  la télévision nationale, son intervention dans le débat a fricain sur RFI, le capitaine, Amadou Aya Sanogo a animé mardi 18 septembre 2012, une conférence de presse pour cracher ses vérités. ‘’Nous n’avons reçu aucun soutien du gouvernement de transition pour aider l’armée ‘’ a déclaré le capitaine. Lors de cette rencontre, le président du comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité a déploré le manque de soutien du gouvernement de transition, mis en place pour aider les forces de défense et de sécurité. Or poursuit –il , il est de son devoir d’équiper ses hommes, de les former et de proposer les solutions concrètes pour aider la chaine hiérarchique. Le soldat Sanogo d’ajouter : ‘’Si ma personne est nécessaire pour aller combattre pour libérer le Mali, je le ferais avec mes hommes. Le Capitaine est un malien comme les autres. Et en tant qu’officier, on prête le serment de sauver le pays quelque soit l’origine de la menace. Et également le Capitaine ne peut faire de ce pays ce que les Maliens veulent que le Mali soit. Le moral des troupes Aussi, il a révélé que les frais relatifs aux armes bloquées dans les ports ont été payés et que ces matériels doivent être débarqués. ‘’Si on les reçoit, nous allons nous battre. Sans problème », assure t-il. s’agissant d’envoie d’une force internationale, il précise : ‘’Il y a des armes dont nous avons besoin pour le combat de proximité, de profondeur et pour le soutien aérien. Si tous ces moyens ne sont pas disponibles au Mali, nous avons l’obligation de les demander à  un pays partenaire. Mais, il ne faudra pas qu’on nous impose des choses que nous n’avons pas besoins » a-t-il conclu. Sur le moral des troupes, le capitaine s’est voulu rassurant : « Nous avons rehaussé la prime de guerre qui est passée de 6 000 à  50 000 FCFA. Voilà  pourquoi nous avons plus de volontaires à  Sévaré et dans les autres régions qu’à  Bamako. Ils sont prêts et ont le moral. Ils ne sont plus à  Savaré, ils ont fait des avancées avec la manière tout en consolidant nos acquis. J’ai rarement vu les soldats maliens aussi déterminés qu’aujourd’hui ».

Vidéo: le Capitaine Sanogo s’adresse aux Maliens

Le capitaine Amadou Aya Sanogo s’est adressé à  ses compatriotes ce lundi 10 septembre 2012 sur les ondes de la télévision nationale ORTM. Il a évoqué les rumeurs sur les mésententes entre les militaires à  Kati et appeler les Maliens à  faire bloc autour de leur armée qui a besoin de leur soutien. Il a également parlé de la demande faite par le Président de la transition, Dioncounda Traoré, à  la CEDEAO pour lui demander d’aider le Mali à  libérer le nord de son territoire.

Le CNRDRE devient le CMSRFDS !

Le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE) n’existe plus. Le vendredi 29 juin, les députés ont en effet voté une loi portant création du Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité (CMSRFDS). Le projet de loi, défendu par le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Yamoussa Camara, a été voté à  l’unanimité des députés présents, soit 132 voix pour contre zéro abstention et zéro non. Cette structure a pour objectif la refonte du CNRDRE du Capitaine Amadou Haya Sanogo. C’’est la solution trouvée par le gouvernement pour « caser » les ex-putschistes, toujours très présent dans la vie politique du pays. Il faut signaler que cette mesure était prévue dans l’accord cadre du 1er avril entre l’ex-junte et la médiation de la CEDEAO. Pas tous d’accord Le vote à  l’unanimité de cette loi ne veut pas cependant pas dire qu’elle satisfasse tout le monde. Au sein même de l’Hémicycle, l’honorable Kassoum Tapo, par ailleurs membre du FDR la discute. Pour lui il faut associer le « CNRDRE au processus de reformes ». Il soutient que « ceux qui ont vécu ce mouvement insurrectionnel, ou cette mutinerie se souviennent, ce n’était pas un coup d’Etat. C’’est une mutinerie pour protester contre les conditions de travail de l’Armée». Au FDR, front des anti-putschistes, on pense au contraire qu’il faut mettre hors jeu ceux qui ont renversé le Président ATT. A quoi va servir le CMSRFDS ? Le Comité participera à  l’élaboration du programme de reforme des forces de défense et de sécurité, en collaboration avec les ministres en charge de la défense, et de la sécurité. Une fois le document prêt, il sera chargé du suivi des reformes et procédera à  leur évaluation. Le coup d’Etat du 22 mars, avait suivi une mutinerie de la garnison de Kati. Le Capitaine Amadou Haya Sanogo et ses camarades du CNRDRE reprochaient à  l’ex-régime d’avoir laissé l’armée s’effondrer face aux attaques des rebelles touaregs et leurs alliés. Le CMSRFDS sera l’occasion de corriger cet état de choses et de redonner au Mali, une armée digne de ce nom. Outre cette loi, les députés ont également voté à  l’unanimité, la loi d’indemnisation des victimes de guerre et du mouvement insurrectionnel du 22 mars dernier. Cependant, pour le moment, aucun montant n’a été avancé. Le projet de loi a été défendu par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Malick Coulibaly, pour qui cette loi s’inscrit « dans une droite ligne de l’apaisement. Il s’agit d’un sujet lié à  la sauvegarde de l’unité et la cohésion sociale ».

Sanogo dos au mur

Combien de temps tiendra-t-il encore le coup ? Arrivé au pouvoir le 22 mars par un coup de force, le capitaine Amadou Haya Sanogo reprochait au régime d’Amadou Toumani Touré «Â l’incompétence » dans la gestion de la rébellion au Nord du pays. Comme une ironie du sort, deux semaines après le coup d’Etat la junte militaire doit se résoudre à  constater l’avancée remarquable des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des groupes islamistes d’Ansar Dine. La semaine dernière, les trois villes principales villes sont tombées sous le contrôle des assaillants. Face à  cette déroute de l’armée nationale, le capitaine est aux abois. Ses nombreuses offres de dialogue à  l’endroit des rebelles n’ont pas eu gain de cause. Et la communauté internationale, dont il sollicite l’aide, demande mordicus son départ. Les sanctions économiques et diplomatiques décrétées la semaine à  Dakar par la CEDEAO et entérinées par l’ONU, ne laissent point de chance à  la junte militaire de rester au pouvoir. Mission infructueuse à  Abuja La délégation de leaders religieux (composée du président du Haut conseil islamique et de Monseigneur Jean Zerbo), dépêchée lundi dernier à  Ouaga, n’a pu convaincre le médiateur Blaise Compaoré de revoir auprès de ses pairs les sanctions contre le Mali. De sources proches de la junte, nous apprenons que rien n’a filtré de cet entretien avec le président du Faso. A Abuja, au Nigéria, o๠la junte avait envoyé le colonel Blonkôrô Samaké (chef d’Etat-major du chef de la junte) auprès du président Jonathan, les nouvelles ne sont pas bonnes non plus. Et dans l’entourage du capitaine Sanogo, on se refuse à  tout commentaire sur les conclusions de cette mission. «Â Si la junte n’a pas communiqué sur cette mission, il faut en déduire que les résultats n’ont pas fructueux », analyse cet observateur politique. Comme si cela ne suffisait pas, la Convention nationale annoncée par le capitaine n’aura finalement pas lieu ce jeudi. Face au refus d’une importante partie de la classe politique (réunie au sein du Front uni pour la Sauvegarde de la démocratie FDR ), la crise politique s’accentue au Mali. Sur le plan économique, malgré les assurances de la junte sur les conséquences de l’embargo, la population reste inquiète. Cette convention, devrait donc réunir toutes forces vives de la nation, et adopter le schéma de mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Avec le report de ces assises à  une date ultérieure, une la junte rate l’occasion de réconcilier les positions de la classe politique. Le temps presse donc pour le capitaine, qui est pris désormais entre plusieurs feux : la pression de la communauté internationale, l’avancée de la rébellion, l’opposition d’une partie de la classe. «Â Il faut aider Moussa Dadis Camara », avait recommandé ATT aux pires moments de crise guinéenne. Faudra-t-il «Â aider » le capitaine Amadou Haya Sanogo ?

Bienvenue dans le SANOGO SHOW

JT de 20h, mercredi 4 avril au soir. Ndèye Sissoko, charmante présentatrice du paysage audiovisuel malien, annonce l’annulation, ou plutôt le report de la convention Nationale, qu’avait annoncé la junte mardi soir. Plus tôt dans la journée du 4 Avril, le Front Uni pour la sauvegarde de la démocratie, se réunissait et décidait de ne pas participer à  cette concertation qualifiée de «Â piège », par un membre du Front. Du côté des pro-putschistes, on tape sur la Cédéao qui menace d‘intervenir militairement. A Kati, la junte doit s’interroger… Et les journalistes de se demander o๠va se tenir cette rencontre de «Â haut niveau »Â… Dans les stations services, les Bamakois dépités font le plein d’essence. A l’ACI 2000, quartier d’affaires, on évoque les dernières frasques du capitaine Sanogo, alors qu’une coupure EDM, paralyse la cité des affaires à  Bamako. «Â  Mais vous avez noté que son teint est devenu lisse en dix jours de pouvoir ? », fait remarquer Céline, une expatrié à  Bamako. «Â  Eh, il a même changé son canapé, pour recevoir ses visiteurs, vous avez pas fait attention au JT de l’ORTM ? », ajoute Leila. Oui, en dix jours, le capitaine Sanogo a pris de l’assurance. Déclaration sur déclaration, face à  la meute de journalistes nationaux et étrangers pendus à  chacune de ses sorties, il distille avec éloquence ses dernières décisions qu‘il remettra aussitôt en cause le lendemain . Oublié la voix éraillée et cassée de la première interview accordée à  nos confrères d’Africable, quand le chef de la junte tombait dans l’escarcelle du pouvoir, un 22 Mars, à  la faveur d’un coup d’état inattendu. Histoire d’un putschiste qui s’ignorait… Le capitaine Sanogo prend peu à  peu la mesure du pouvoir et semble y prendre goût, sans pour autant en maà®triser les ressorts ni les subtilités. D’abord en retrait, derrière son porte parole, le lieutenant Amadou Konaré, qui distillait les communiqués les un après les autres, à  la télévision, désormais, le chef de la junte convoque les médias au fief de Kati, entouré de ses généraux. Béret vert sur le crane, l’œil brillant, il en appelle à  l’aide internationale, convoque les parties politiques et tape sur ATT, qu’il menace de poursuite et de sanctions. Le chef de la junte, est un roublard qui joue avec la Cédéao, les Maliens et même les journalistes à  qui il dit tout et son contraire. Son bâton magique à  la main, il se donne une contenance qui laisse masquer un côté brouillon, comme témoigne un journaliste qui l’interviewé. « Le capitaine est sympa mais on le sent confus… » Confusion au sommet de l’état, Sanogo a dans les mains, un pouvoir qui lui échappe. Cerné de toutes parts, affirmant détenir des informations compromettantes pour les anciens affidés du général décu, le capitaine fait son show, donne de l’espoir aux Maliens comme lorsqu’il déclarait restaurer la constitution, après avoir dérouté la CEDEAO, en empêchant 5 chefs de l’état d’atterrir à  Bamako. Excuses internationales, Sanogo crée l’espoir puis l’angoisse chez le peuple. Comme dirait un homme politique célèbre, le feuilleton Sanogo nous réserve chaque jour que Dieu fait, son lot de mauvaise surprises. Le Sanogo Show, C’’est du 24h sur 24 en prime time national ! Dernier rebondissement du feuilleton Sanogo qui en appelle à  l‘intervention militaire étrangère au Mali : le report d’une convention nationale boycotté par une grande partie de la classe politique. Motif de la junte : impréparation, définition des angles et contours floues en filigrane… Ils vont y plancher. Et cette fois, ce n’est pas le capitaine qui a parlé, mais l’un de ses obscurs lieutenants ! A suivre…

La lettre d’Alioune Ifra Ndiaye au capitaine Sanogo

Bonjour mon capitaine, Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte parce que je vois que mon pays s’enfonce dans l’aventure et que je ne peux pas me taire. Mon capitaine, vous avez pris le pouvoir parce que vous étiez mécontent, comme beaucoup, mais surtout parce que vous aviez des armes. Ce qui est d’ailleurs le cas des rebelles du Nord. Ils étaient mécontents et ils ont des armes. Ils les ont retournées contre leur pays. Aujourd’hui, leur mécontentement est devenu une revendication politique : la partition du Mali. Mon capitaine, votre mécontentement est malheureusement en train de changer de nature. Il provoque une confusion politique qui coupe le Mali du reste du monde. Mon capitaine, J’observe que, pro ou anti coup d’Etat, tout le monde est unanime pour dire que vous n’êtes pas une mauvaise personne. Mais ça ne donne ni la légitimité, ni les connaissances qui permettent, au XXIe siècle, de diriger le pays. Mon capitaine, la plupart des gens qu’on entend très fort, qu’ils soient pro ou anti coup d’Etat, ne cherchent qu’une chose : attirer votre attention et se positionner pour le « partage du gâteau ». Il ya quelques mois, beaucoup d’entre eux qualifiaient ATT de messie. Certains lui ont même proposé un troisième mandat. D’autres sont mécontents, parce qu’on leur a pris leur strapontin. C’est malheureusement une réalité de notre pays, une réalité que nous vivons tous, que vous vivez comme nous. Et quand les événements tourneront mal – il y a toujours un moment o๠ça tourne mal – ces mêmes personnes qui aujourd’hui vous encensent diront : « On l’avait bien dit, il n’écoute pas les gens ». Mon capitaine, je ne crois pas qu’un seul Malien soit fier de ce qui se passe aujourd’hui. Mais nous sommes tous responsables de la situation. ATT, vous, le citoyen lambda, moi…. J’imagine la pression sociale que vous devez subir. « C’’est notre tour maintenant » vous diront la famille, les amis, les anciens proches et les nouveaux proches, tous les opportunistes que toujours le pouvoir attire. Ces sentiments destructeurs ont déjà  dérouté du droit chemin des milliers de cadres compétents. Les liens familiaux et les passe-droits priment sur la compétence. La société elle-même n’a pas pris la mesure du chantier. La preuve. Nous tolérons la corruption quand elle est le fait d’un parent qui nous en fait profiter. Beaucoup d’associations et de partis politiques vous soutiennent aujourd’hui espérant tirer de ce soutien un maroquin, un strapontin, un avantage. l’impasse dans laquelle la situation nous met, les dangers qu’elle fait courir à  la patrie, à  nous tous, à  vous même, C’’est le dernier de leur souci. Mon capitaine, des centaines de milliers de personnes comme moi n’ont pas besoin d’être ministres, députés, directeurs généraux, conseillers municipaux, ect… Nous savons travailler. Nous nous sommes assumés en créant les moyens de notre activité, des associations, des ateliers, des exploitations agricoles, des PME, des PMI. Nous sommes le C’œur du dynamisme du Mali d’aujourd’hui. Nous sommes la vraie société civile. Nous appartenons à  des familles politiques différentes ou même à  aucune. Aux élections prochaines, nous ne voterons pas pour les mêmes candidats. Nous sommes souvent maltraités par le système. Mais nous n’avons pas souhaité le coup d’Etat. Nous voulons un Mali stable avec des repères intouchables quel que soit le problème. Le Sénégal vient de nous donner une leçon qu’aujourd’hui nous méditons tous dans la tristesse et l’angoisse du lendemain. Mon capitaine, imaginez un homme qui change constamment de nom de famille. Pensez-vous que ses voisins lui feront confiance ? Sa propre famille lui fera-t-elle confiance ? Un ami me disait hier, « l’eau versée ne peut être ramassée ». C’’est vrai. Mais nous pouvons sortir de cette impasse par le haut. Et la CEDEAO nous tend une perche. Elle n’est pas géniale comme solution, mais elle nous permettra de sortir rapidement de cette impasse. Vous. Nous. Le pays. Beaucoup de citoyens maliens de ma génération ou plus jeunes sont décidés à  tout faire pour que le laisser-aller, la corruption, les injustices, le mépris de l’intérêt général n’aient plus droit de cité dans notre patrie. Là  est la vraie force des idées que vous affirmez vouloir mettre en œuvre, pas dans la peur, ni dans les fusils. Alioune Ifra Ndiaye Opérateur culturel

Le Capitaine Sanogo présente des excuses à la CEDEAO et demande le soutien extérieur

La situation est actuellement critique dans le nord du Mali en raison de l’avancée de rebelles touareg et d’islamistes armés, face auxquels l’armée a besoin du soutien extérieur, a affirmé vendredi le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo. « Les rebelles continuent à  agresser notre pays et terroriser nos populations (…). La situation est à  cette heure critique, notre armée a besoin du soutien des amis du Mali pour sauver les populations civiles et sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali ». Voilà  ce qu’a déclaré en substance le capitaine Amadou Sanogo qui s’adressait à  la presse au camp militaire de Kati, qui lui sert de quartier général. Ce vendredi, aux environs de 10h30, la ville stratégique de Kidal, située au nord-est du Mali est tombée aux mains des rebelles et des islamistes, qui mènent une offensive dans le nord depuis le 17 janvier. Des excuses à  la CEDEAO Le capitaine Sanogo est également revenu sur l’annulation ce 29 mars de la visite d’une délégation de chefs d’Etat de la CEDEAO à  Bamako. Il a déploré un incident malheureux « indépendant de notre volonté » faisant référence à  la manifestation pro-junte qui s’est déroulée sur le tarmac de l’aéroport. Il a présenté des excuses à  la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et aux partenaires du Mali. Les chefs d’Etat se qui se sont retrouvés à  Abidjan dans l’après-midi du jeudi autour du président ivoirien Alassane Ouattara ont menacé la junte d’un embargo diplomatique et financier faute d’un retour à  l’ordre constitutionnel d’ici le 02 avril. Le chef de la junte s’est félicité « félicitons surtout de la volonté de part et d’autre de continuer à  privilégier le dialogue » et a dit comprendre la position de la CEDEAO. « Nous réitérons notre invitation à  la CEDEAO d’approfondir davantage son analyse de la situation du Mali », a-t-il poursuivi, évoquant le mal dont souffre la démocratie malienne et la rébellion au nord. Le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat, dirigé par le Capitaine Sanogo, a renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars dernier. Il lui reproche la mauvaise gestion de la crise au Nord, dans laquelle, selon le CNRDR, il a fait preuve « d’incapacité ». Le capitaine Sanogo a également parlé dans son adresse aux journalistes des autres axes de travail du Comité que sont l’organisation d’élections libres et transparentes, la restauration de l’Etat, et a demandé aux Etats de la CEDEAO et la communauté internationale en général à  soutenir les populations maliennes et la junte.

Soutien à la junte: Naissance du MP 22

Quelques heures après l’annonce de la nouvelle du renversement du régime Amadou Toumani Touré, une cinquantaine de partis politiques et d’organisations de la société civile a décidé de constituer un mouvement de soutien à  l’action de la junte militaire réunie au sein du Comité National de Redressement de la Démocratie et de la Restauration de l’Etat (CNRDRE). Le « Mouvement populaire du 22 mars » (MP22), qui se veut opposante au Front uni pour la restauration de la démocratie (favorable au régime ATT), est composé, entre autres, des partis SADI, BARA, l’Association malienne des expulsées (AME), l’Observatoire de l’Etat de droit, l’Association de soutien aux idéaux d’Oumar Mariko, le Syndicat des paysans du Mali, l’Association des rapatriés de Libye, l’AJDP, l’Association « Alternative Mariko 2012 », la Communauté arabe à  Bamako, le Club Ahmed Sékou Touré, le Forum des organisation de la société civile, etc. Face à  la presse ce lundi 26 mars, les responsables ont réitéré leur adhésion à  l’action du groupe d’officiers et de sous-officiers. Avant de déclarer que ce coup d’Etat est « un courageux sursaut politique et militaire salutaire pour annuler les projets illégaux et illégitimes de référendum constitutionnel et élections sous occupation et sans issues du régime sortant ». « Situation prévisible » Selon le chef de fil du mouvement, Dr Oumar Mariko, cette situation était d’autant plus prévisible, qu’elle intervient dans un contexte d’abandon de souveraineté du régime sortant avec la signature de l’Accord d’Alger, le 4 juillet 2006 qui autorise le retrait de l’armée des régions du Nord et les interventions militaires franco-mauritaniennes sur le territoire malien. « La bienveillance face à  l’implantation de AQMI, des narcotrafiquants dont il fait libérer une personne impliquée au plus haut niveau, Mohamed Ould Awainatt, l’autorisation de laisser entrer sur notre territoire des combattants venant de Libye avec toutes leurs armes, l’absence de soutien logistique aux militaires envoyés sur le front, provoquant la mort de certaines de militaires, le manque de volonté de protéger les populations civiles, etc. sont autant de faits, selon lui, qui présageaient un renversement de régime. A ce tableau sombre, dépeint par le député de l’opposition, s’ajoutent, selon lui, le refus par l’ancien régime de constituer un fichier électoral fiable pour des élections libres, transparentes et crédibles, l’incapacité à  faire face aux différentes crises : l’école, l’emploi, la famine, la corruption, la cherté de la vie, l’insécurité… En clair, si l’on croit au secrétaire général du parti SADI, le coup de force du 22 mars témoigne « la faillite des partis politiques consensuels, et l’unique moyen dont dispose le peuple malien pour reconquérir sa dignité et son honneur perdu, rétablir son unité nationale, son intégrité territoriale, sa cohésion et sa prospérité sociale et rénover sa démocratie sur la base de ses intérêts ». « Sauver la démocratie » Comme un hasard du calendrier, la naissance du « MP 22 » intervient à  quelques jours de la célébration du 26 mars 1991, date anniversaire de la chute du régime Moussa Traoré et qui consacre l’avènement de la démocratie dans notre pays. Selon Oumar Mariko, les évènements du 22 mars dernier viennent parachever ce combat. Car, estime-t-il, les idéaux ont été trahis au profit de la corruption, du népotisme, du clientélisme, de la faillite de l’école, du système de santé, etc. « Ce coup d’Etat n’est autre que la réponse militaire à  des revendications politiques », a déclaré l’opposant au régime sortant. Le Mouvement Populaire du 22 mars se propose donc d’accompagner le CNRDRE pour « combler ces insuffisances de notre démocratie ». Il souhaite ainsi à  veiller à  l’approfondissement du processus démocratique, à  appuyer la junte dans toutes ses actions d’assainissement de l’administration nationale, de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite et la gestion définitive de la question du Nord. Ce qui fera dire à  Mohamed Tabouré, que la dynamique ainsi amorcée doit permettre l’approfondissement qualitatif de la révolution du 26 Mars 1991 pour laquelle de nombreux Maliens ont laissé leurs vies. Le MP 22 attire, à  cet effet, l’attention du CNRDRE et du peuple malien contre la volte-face de ces mêmes forces qui ont accompagné le régime défunt jusqu’aux évènements du 22 mars 2012.

Amadou Haya Sanogo, un putschiste qui s’ignorait…

« La mort vaut mieux que la honte ! » aime à  répéter le capitaine Sanogo à  ces collègues en référence à  la déroute de l’armée malienne face aux rebelles du nord. Le nouvel homme fort du Mali et président du Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNR est de l’ethnie Senoufo, celle des braves cultivateurs du Sud. Mais Amadou Aya Sanogo n’a pas opté pour la « daba » mais l’armée afin de défendre le pays. Athlétique, et aimant le sport, le fooball, l’armée était le cadre idéal pour canaliser ses ambitions. Passage au Prytanée de Kati Ils sont nombreux ces militaires à  connaitre ce jeune officier peu bavard à  Kati comme à  Koulikoro, villes d’académies militaires au Mali. Ils affirment tous l’avoir côtoyé sur le terrain, son bâton à  la main, alors que l’homme laisse apparaitre une certaine discrétion dans les actes, « même s’il doit en mourir, il te dira toujours la vérité », témoigne une jeune dame militaire. Originaire de Ségou, le tombeur du président Amadou Toumani Touré est issu du Prytanée de Kati, l’école militaire située à  une quinzaine de kilomètres de la capitale, et dont le camp est devenu le QG du nouveau pouvoir. Là  sont même retenus les membres du gouvernement déchu d’ATT, et peut être le président déchu dont le sort reste flou. Audacieux mais pas fou Quatrième fils d’un infirmier à  la retraite à  Ségou, ses amis d’enfances disent de Sanogo, qu’il est un être d’une grande maà®trise. Son père avait pour l’habitude de dire que parmi ses enfant, le capitaine est le plus imperturbable de tous. Faut-il se méfier de l’eau qui dort ? Ses dernières apparitions le montrent un bâton à  la main et des « gris gris » à  la poignée, censés protéger sa personne. Ne se lève qui veut pour orchestrer un putsch militaire… Populaire à  Kati, le capitaine Amadou Aya Sanogo a été professeur d’anglais au Prytanée militaire de Kati et de Koulikoro. Il en a ensuite été renvoyé, puis a suivi plusieurs formations aux Etats-Unis notamment à  la base des Marines de Quantico en Virginie. Le badge accroché à  son uniforme témoigne de son séjour américain. Cela qui n’a pas empêché Washington de condamner le coup de force perpétré au Mali. l’affaire du bizutage de l’EMIA de Koulikoro o๠il était instructeur reste une part d’ombre dans sa carrière. Pour rappel, cinq élèves officiers ont trouvé la mort à  l’école militaire Interarmes de Koulikoro(EMIA) des suites de sévices corporels brutaux. Sanogo n’a pas directement été impliqué dans les faits, mais il figure parmi les militaires qui ont été renvoyés puisque tout le personnel d‘encadrement, dont il faisait partie, a été sanctionné. Personnalité multiple… Ses collaborateurs et ses proches militaires lui imputent une grande sociabilité. Tandis que d’autre le décrivent séducteur et fougueux… Est-ce pour cela qu’il laisse son lieutenant Amadou Konaré, faire le porte-parole sur les antennes nationales à  la lecture de chaque communiqué du CNRDR de peur de laisser apparaà®tre sa véritable nature ? l’Adudjant Astan Doumbia, qui sillonnait ce dimanche la capitale malienne pour restituer des véhicules réquisitionnés par les militaires le jour du coup d’état, affirme que le putschiste est un homme qui écoute les autres Certaines personnalités qui l’ont rencontré depuis sa prise du pouvoir, le décrivent toutefois “attentif” aux propos de ses interlocuteurs. Un diplomate estime par ailleurs qu’il ne prend jamais de décision seul, préférant consulter son entourage. A la question de savoir si ce coup d’Etat était préparé, le capitaine répond non, C’’est juste un coup du hasard : « Je n’ai jamais pensé à  un coup d’Etat ! ». Faut-il le croire ? Si le capitaine affirme ne pas s’éterniser au pouvoir, à  défaut de sauver le nord du pays en proie à  la rébellion, on l’accuse de vouloir régler des comptes avec le pouvoir. De nombreuses personnalités ont été arrêtées en marge le 22 Mars dont l’ancien premier ministre Modibo Sidibé ou encore l’opérateur économique Jeamille Bittar et d’autres proches têtes de l’ancien pouvoir. Le capitaine est marié et père de trois enfants.

Le capitaine SANOGO : « Nous ne sommes pas venus nous éterniser au pouvoir ».

l’on sait encore peu de choses sur le capitaine Sanogo, nouvel homme fort du Mali. lui-même évoque une carrière militaire au Prytanée militaire de Kati et de formateur dans diverses académies militaires d’Afrique. Le Capitaine Amadou Aya Sanogo est l’homme qui a retiré le pouvoir à  ATT et le président du Comité National pour Redressement, la Démocratie et la Restauration de l’Etat. Interrogé par nos confrères d’Africable, le capitaine se veut un homme avec un idéal, une mission pour le peuple malien, d‘o๠le nom du CNRDR, le Comité National pour le Redressement, la Démocratie et la Restauration de l‘Etat. Marié et père de trois filles, il dit avoir agi au nom de l’intérêt du peuple malien : «Â  La situation était critique… l’idée auparavant ne m’est jamais venu de faire un coup d’état… mais il fallait agir », se justifie le capitaine sur le coup d’état du 21 Mars 2012. Rendant hommage aux soldats enrôlés au nord, le capitaine explique que tout est parti de requêtes non satisfaites des militaires maliens. « Il fallait donc s’imposer, même si C’’est par la voie des armes. Trop, C’’est trop », affirme Sanogo. Sur le nord, le capitaine revient sur le manque d’informations, le silence sur le sort des soldats, la désinformation orchestrée par l’ancien pouvoir et qui a conduit à  ce ras-le-bol généralisé…  » Nos troupes n’ont pas de secours, pas d’armements! C’’est-ce qui a conduit à  ce ras-le-bol généralisé ! » Evoquant les recrutements illégaux dans l’armée, les mauvaises conditions de travail, le manque de compétence des militaires, Sanogo, affirme vouloir restaurer la dignité des soldats : «Â  On veut de bonnes conditions de travail, de formation, de travail, ces hommes ont des familles, et sont traités comme de pauvres citoyens…» La rencontre avec le ministre Gassama au camp de Kati dans la matinée du 21 mars a conduit les officiers à  prendre la décision de faire le coup d’état. «Â  La situation était favorable et les sous-officiers nous ont fait confiance… ». A la question de savoir s’ils rendront le pouvoir, le capitaine déclare :  » Nous ne sommes pas là  pour nous éterniser ! Je promets cela au peuple malien, 3, 6 ou 9 mois, tout va dépendre de la transition ». D’ores et déjà , la classe politique a commencé à  rencontrer les membres du CNRDR, après l’appel du capitaine Sanogo, à  rencontrer toutes les forces vives de la nation pour restaurer la démocratie et gérer la transition. Sur la question de la sécurité au nord, le capitaine déclare que le nécessaire sera fait pour circonscrire la menace des rebelles. Pour l’instant, le capitaine Sanogo ne dit rien sur la stratégie pour contrer la rébellion. Autre point : la sécurité des citoyens maliens sous le coup d’un couvre-feu. Le capitaine évoque ses forces spéciales pour sécuriser les quartiers en proie aux pillages et dénotations d’armes continuelles. Un peu fougueux dans le verbe, le capitaine Sanogo, face à  notre confrère d’Africable a terminé l’interview en lançant un nouvel appel aux Maliens pas pour autant rassurés : «Â  Nous ne sommes pas venus pour casser. Que cessent les actes de vandalisme ! »Â « Alors que le sort du président ATT demeure incertain, Sanogo est clair : «Â On ne tue personne ! Au moment opportun, chacun répondra de ses actes devant une juridiction compétente ».

Guinée : Moussa Dadis désormais hors-jeu ?

Une balle dans le crâne Dadis a reçu une balle sur la boite crânienne, ce qui n’est pas anodin et risque de laisser de lourdes séquelles. Son rétablissement prendra donc sans doute du temps. Cet épisode contribue à  son effacement du jeu politique guinéen pour un moment, ce qui provoque l’interrogation suivante : qui pourra diriger la Guinée en son absence? Tout semble montrer que le nouvel homme fort du régime est le ministre de la défense et numéro 3 de la junte, le général Sékouba Konaté, devenu chef de l’Etat par intérim depuis quelques jours. Notons que ce dernier avait été l’homme clé du coup d’Etat, au lendemain de la mort du général Lansana Conté. Certains pensent même que Dadis n’a été qu’un pion dans le jeu du CNDD et qu’à  long terme, il aurait été éliminé de l’échiquier politique par ses compagnons. Mais cela arrange t-il pour l’autant l’opposition qui devra maintenant s’adresser à  un général populaire, réputé intelligent et qui a de nombreux faits d’armes à  son actif? Soutien International Ancien commandant du bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA, l’unité d’élite de l’armée guinéenne), le général Konaté est devenu le vrai patron grâce au fait que le numéro 2 de la junte, le général Mamadou Bah Toto Camara, qui devait diriger le pays en l’absence de Dadis, est sous traitement au Maroc depuis plusieurs semaines. Il est donc hors-jeu comme Dadis. A peine arrivé à  la tête du pays, le général reçoit le soutien de la communauté internationale (Etats-Unis, France et certains pays africains), qui le juge plus fiable. La crédibilité du général tient au fait qu’il était absent de Conakry lors du massacre de plus de 150 opposants le 28 septembre dernier. Certaines sources expliquent que les relations entre Dadis et Konaté étaient assez froides, le général ayant reproché à  Dadis de se laisser manipuler par certains membres du CNDD afin de se maintenir au pouvoir, et de ne pas respecter ses engagements de départ. Konaté laissera-t-il Dadis revenir ? Vu les tensions existant entre les deux hommes, et l’aura dont bénéficie Konaté, de nombreux observateurs se demandent si ce dernier rendra le pouvoir à  Dadis. Mercredi 9 septembre, il a effectué une tournée générale dans tous les camps militaires de la capitale Conakry, en demandant aux soldats de se ressaisir et de revenir à  toute discipline requise. «l’armée est indivisible, nous sommes une famille », a t-il martelé aux soldats. Le général semble maitriser la situation dans un pays sous haute tension et il jouit d’une certaine stature qui le ferait respecter des hommes de la junte, à  l’inverse d’un Dadis, colérique et imprévisible.

Présidentielle guinéenne : l’imprévisible Capitaine Dadis défie l’opposition

Vive le général, A bas le général ! Sa venue au pouvoir avait suscité une lueur d’espoir au sein de la population guinéenne. Société civile, classe politique, syndicats, tous avaient applaudi le putsch perpétré par le généralissime Dadis au lendemain de la mort de Lassana Konté. Il s’était engagé vis-à -vis du peuple de Guinée et vis-à -vis de la communauté internationale, à  rétablir très rapidement l’ordre constitutionnel, à  organiser des élections avant la fin de l’année et repartir tranquillement. « Le pouvoir ne m’intéresse pas ! », avait-il déclaré. Quelques mois à  peine, Dadis avait relevé tous les anciens généraux de l’armée qu’il a remplacé par des ses hommes, des ‘jeunes’. , clamait-il. Il a mené une lutte acharnée contre les dealers, en traquant sans cesse, les trafiquants de drogue. Il a même mis sous les verrous, l’un des fils de Lassana Konté qui serait, à  la tête d’un vaste réseau de trafiquant de drogue. Ces grands coups de gueule avaient amené bon nombre de personnes à  vouer une admiration sans faille au général Dadis. Seulement, les dérapages ont commencé lorsqu’il s’est mis à  jouer au juge et à  l’arbitre en même temps. l’armée se confond à  la justice et prend parfois des décisions allant à  l’encontre des textes juridiques préétablis. Des fonctionnaires de l’Etat, des juges, des enseignants et même de simples citoyens sont arbitrairement arrêtés et incarcérés sans jugement. La population est maintenant au bord de l’exaspération. Des campagnes sont régulièrement menées par des dirigeants politiques pour dénoncer ce qu’ils appellent, une main mise de Dadis sur le pouvoir. Toutes les décisions passent désormais par le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD). Dadis est soutenu d’une part par les syndicats, et l’Assemblée nationale, et décrié d’un autre part par les politiques qui voient en lui, une menace. Petit à  petit, la résistance s’organise. Elections : que vaut la parole de l’homme ? Dès son accession au pouvoir, Dadis s’était engagé à  ne pas se présenter aux élections et à  rendre le pouvoir aux civils. Il avait fait ces engagements face au peuple guinéen et à  la communauté internationale. Le 18 septembre dernier, le conseil de sécurité de l’union africaine (UA), a demandé à  Dadis de ne pas se présenter aux futures élections, au risque de se voir infliger des sanctions. La France a exprimé cette même volonté. Le Sénégal n’est pas en reste dans l’affaire. La semaine dernière, le ministre sénégalais de la communication a expliqué que le président du CNDD ne devrait pas se présenter. , expliquait mardi dernier, le Ministre Moustapha Guirassy. Ces déclarations font suite à  la vague de visites effectuées par le président sénégalais Abdoulaye Wade en Guinée. Il affirme être le père spirituel de Dadis qui en retour est en admiration devant lui. Revirements et manifestations se multiplient Wade lui déclarait lors de sa récente visite en Guinée, . En réalité, le chef de la junte a presque forcé la main à  ses hôtes Abdoulaye Wade et Hélène Johnson Silrleaf du Libéria, à  assister au meeting de soutien des femmes pour lui à  Conakry. Mais Wade qui souhaitait diffuser cette vidéo au Conseil de sécurité de l’UA, a déclaré la semaine dernière, que De récentes manifestations anti-Dadis se sont tenues cette semaine à  Labé, deuxième ville du pays et fief de de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, candidat à  l’élection présidentielle et leader de lUnion des forces démocratiques de Guinée (UDFG, opposition). Près de 20000 personnes avaient décrié le Capitaine Dadis et ces manifestations visaient à  empêcher la venue du Capitaine prévue samedi. Lors de cette visite, Dadis a pourtant défié l’opposition et maintenu les déclarations choc : a-t-il lancé à  la foule. L’Union Africaine met la pression Dans un discours, la porte-parole des femmes de Labé a évoqué sa possible candidature en janvier 2010: « Nous, femmes de Labé, nous souhaitons que vous continuiez votre oeuvre et nous sommes prêtes à  vous soutenir, à  vous plébisciter en janvier 2010. » Mais le chef des putschistes a laconiquement répondu: « J’ai compris le message des femmes de Labé. » Le chef de la junte est soumis à  de fortes pressions internationales pour ne pas se présenter et laisser ainsi le pouvoir aux civils, comme il s’y était engagé à  sa prise de pouvoir lors du coup d’Etat du 23 décembre 2008, peu après la mort du « général-président » Lansana Conté (1984-2008). Le 18 septembre, l’Union africaine (UA) l’a menacé de sanctions s’il ne renonçait pas, dans un délai d’un mois et par écrit, à  la présidentielle. Les Guinéens déçus et amers Fatoumata Yari Camara est une jeune étudiante Guinéenne : « Au départ, J’appréciais vraiment Dadis parce C’’est un jeune qui incarnait l’espoir pour notre pays. Mais aujourd’hui, je souhaite qu’il quitte le pouvoir de gré ou de force parce qu’il fait la honte de tous les Guinéens. C’’est un narcotrafiquant qui prétend lutter contre le trafic de drogue. Or, il lui-même le premier drogué du pays. Il ne fait que mettre notre pays plus en retard qu’il n’est déjà  ! » Djibril Mambi Barry, agent de police dans l’Armée guinéenne : « Le général est un homme de qui vit sur des nuages à  mon avis. Il pense qu’on peut entamer et terminer une lutte du jour au lendemain. On ne construit pas un Etat en si peu de temps. Il faut des années pour cela. Je pense que le peuple l’applaudit quand il est présent, et le décrie en son absence. Personne n’est sincère avec lui. Il vit donc sur du faux. Ce qui est vraiment dommage pour lui et pour le peuple guinéen qui est son souffre douleur. Ce n’est pas toute l’armée qui est derrière lui. Il n’y a qu’une petite poignée d’hommes qui le suit dans sa dérive. » Bon nombre de guinéens refusent de se prononcer sur le sujet, de peur d’être pris à  parti par les hommes de Dadis. Rendez-vous en Janvier 2010. Le Dadis SHOW continue

Guinée : Le Capitaine Dadis reçoit un Oscar au Palais du Peuple

Conakry est le point de mire d’une cérémonie très spéciale. En effet, le CIMA, en la personne du sénégalais, Sidi Abdallah Sy, a organisé la remise d’un oscar du mérite et de l’excellence au Capitaine Moussa Dadis Camara, président du CNDD, le parti de la junte militaire au pouvoir en Guinée. Un oscar? Certains haut diplomates se demandent à  quoi correspond cette récompense. Un ambassadeur sur place, affirme que C’’est là  un nouvel épisode du Dadis Show. Toujours est-il que le président sénégalais Abdoulaye Wade a fait le déplacement pour remettre son prix au Capitaine Dadis lors de la cérémonie. Une cérémonie qui fait suite au « Forum de l’Afrique qui gagne », tenu à  Paris, du 9 au 11 juillet 2009 et durant laquelle, deux prix ont été décernés au Capitaine Dadis Camara : le Grand Trophée de l’Afrique et l’Oscar du mérite économique pour la lutte contre les narcotrafiquants et dont Dadis s’est fait le maà®tre. Cheval de bataille du CNDD(le conseil national pour la démocratie et le développement)en Guinée. « Papa » Wade a donc remis à  son « fils » Dadis, vêtu de son treillis sa récompense sous les applaudissement de la salle du Palais des Peuples de Conakry ce samedi 8 juillet. A son tour, Dadis offre à  Wade un boubou peul indigo et la toque du sage d’ Afrique. Après la cérémonie, le spectacle a continué avec les magnifiques prestations des Ballets Africains de Guinée, la troupe Keita Fodé Bah, l’orchestre qui a repris des morceaux du Bembeya Jazz. Féerique, magique, le spectacle a ravi les yeux. Le comité d’organisation n’ a pas fait les choses en petit. Une cohorte de journalistes internationaux ont été invités pour couvrir l’évènement Le président du CIMA, a salué la présence du président sénégalais Wade.  » Dadis est un homme d’espoir pour l’Afrique ». Le Cima a porté son choix sur lui pour soutenir son action, pour les valeurs de justice, de solidarité et saluer des actes courageux dans un combat dangereux contre le trafic de drogue et la corruption. Il faut rendre hommage à  la Guinée et à  son peuple, depuis le NON de 1958. C’est là  un pari sur l’ avenir et la jeunesse continentale Le président du CNDD, incarne les vertus patriotiques pour tirer l’Afrique vers le haut, a ajouté Mr Sy, et qui encourage en même temps les opérateurs économiques à  s’intéresser à  la Guinée. Beaucoup d’opérateurs économiques ont donc fait le déplacement pour assister à  cette cérémonie, ainsi que d’éminents patrons et personnalités du monde des affaires africains. Pour Abdoulaye Wade, le chef de l’état sénégalais, « Les militaires de guinée n’ont pas fait de coup d’ état, ils ont ramassé le pouvoir dans la rue. Ce ne sont pas des assoiffés de pouvoir, car la place des militaires est à  la caserne. Et cocasse,il promet de revenir passer ses vacances en guinée… La conférence de presse : le Mali évoqué Autre point fort de cette journée, le Capitaine Dadis a tenu recevor la presse internationale, qu’il a invité à  cette remise de prix. Au menu des questions, la tenue des élections, la lutte contre le trafic de drogue, la politique du CNDD, les relations avec les voisins africains, l’Union Africaine et le Maroc. Dadis n’a pas manqué de louer les efforts du président malien ATT, pour développer son pays :  » ATT est un aà®né, souvent j’aime à  m’inspirer de son enseignement « , a dit Dadis, content d’avoir en face de lui une délégation malienne. La conférence de presse a duré 3h 30, durant lesquelles, Dadis a fait son plaidoyer pour la Guinée libre, une Guinée nettoyée de la corruption, du népotisme, de l’ethnocentrisme etc… ; Tantôt calme, tantot emporté, on a reconnu le phénomène Dadis qui intrigue et fascine aussi les journalistes du continent. A suivre…