Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 4

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 3

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 2

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Interview Chérif Ousmane Madani Haïdara 1

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en ce mois de carême.

Ousmane Madani Haïdara : « Nous assistons à l’islamisation politique de notre pays »

Seid Ousmane Madani Haïdara est l’une des figures emblématiques de l’islam au Mali. Religion, gestion du pays et de la chose publique, péril extrémiste, le leader incontesté d’Ansar Dine International et Président du tout nouveau Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, a livré sa vision préoccupée du monde à Journal du Mali (en langue bambara), en plein cœur de ce mois de carême.

Vous êtes l’une des personnalités les plus populaires au Mali aujourd’hui, mais peu vous connaissent vraiment. Qui est Ousmane Madani Haïdara ?

Je suis né en 1955 à Tamani, cercle de Baraouéli, dans la région de Ségou. J’y ai commencé les études coraniques. Je n’ai fréquenté l’école occidentale que pendant une année parce qu’elle était obligatoire. Mais mon père s’est arrangé avec le directeur de l’école et on m’a envoyé à Ségou à la médersa d’Oumar Touré. À la fin de mon parcours, j’ai été prêcher d’abord en Côte d’Ivoire, avant de venir m’installer au Mali où j’ai commencé d’abord à Sofara et à Mopti. C’est en 1984 que je me suis définitivement installé à Bamako.

Comment financez-vous vos nombreuses œuvres sociales ?

Le social et la religion vont de paire. Toute personne qui aime Dieu et qui a une portion de bonheur, a le devoir de partager avec les autres. Partager le peu que vous avez afin que tout le monde soit content, c’est ce qui est le plus important, en plus du fait de prier, de faire des bénédictions, de s’adonner à la lecture du Coran. Ce n’est rien d’autre que le comportement de tous les jours d’un bon musulman. Il faut toujours partager le peu qu’on a avec son prochain. Dieu n’a pas donné la chance à tout le monde de devenir riche, alors ce que j’ai, je le partage. De nombreuses personnes participent à cet effort et m’aident à financer ce que je fais. Les riches doivent se mettre en tête que Dieu leur a donné la part de plusieurs personnes et qu’ils ont le devoir de partager avec les autres.

Vous avez créé en avril dernier le Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali (GLSM). Parlez-nous de ses objectifs.

Le groupement n’a d’autre objectif que la promotion d’une société paisible et prospère au bénéfice de tous les musulmans. Seules l’union et l’entente entre les leaders religieux permettront à l’islam de faire face à l’obscurantisme et aux mauvaises interprétations de ses ennemis. L’islam tel que nous l’avons appris auprès de nos grands-parents, n’est pas cette religion de violence où l’on tue son prochain parce qu’il n’est pas du même avis que soi. Nous étions habitués au vivre ensemble dans la diversité religieuse et culturelle. Moi, je pense que c’est l’islam qui peut me sauver. Si l’autre pense que c’est le christianisme qui peut le sauver, il n’y a pas de problème, c’est Dieu qui va nous départager. C’est aussi simple que ça et personne n’a le droit de verser du sang au nom de la religion. Il appartient donc aux leaders de rétablir l’image de l’islam, aujourd’hui écornée par les pratiques terroristes qui ne font que détruire les valeurs qui ont fait le rayonnement de cette religion pendant des siècles. On constate aujourd’hui qu’ils sont en train d’instrumentaliser les jeunes un peu partout dans notre pays. On leur donne de l’argent, on leur tient des discours haineux. Il y a des mouvements qui reçoivent des financements pour endoctriner la jeunesse. Ils ne reculent devant rien, ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Pour lutter contre cela, nous avons été voir le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de la Défense et cela bien avant l’arrivée de ce gouvernement. Mais jusqu’à présent, il y a des prêches qui se font dans certaines mosquées, sur certaines radios privées de la place, au point que l’on se demande s’il y a un gouvernement dans ce pays. Notre groupement depuis sa création ne fait que la promotion de la solidarité et de la cohésion entre les Maliens.

On vous accuse de vouloir supplanter le Haut Conseil islamique ?

Je suis le premier vice-président du Haut Conseil islamique (HCI), ce qui signifie que moi-même je suis du Haut conseil. Il est clair cependant, qu’il y a une différence entre le Haut conseil et le Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali. Le Haut Conseil est une structure mise en place par le gouvernement pour être une interface entre lui et les musulmans. Donc ce n’est pas une  association musulmane et c’est ce que beaucoup ne comprennent pas. Mais Dicko (le président du HCI) et moi, on travaille main dans la main, même si parfois il y a divergence d’idées sur un certain nombre de choses. Ce qui ne signifie pas que le GLSM va supplanter le Haut Conseil. Seulement les deux entités ne font pas le même travail. Le Haut Conseil travaille pour le gouvernement alors que le GLSM mène une action citoyenne. Nous sommes un rempart contre l’extrémisme et la radicalisation des jeunes.

Justement, quelles sont vos relations avec le ministère du Culte ?

Rien ne nous oppose au ministère du Culte. On peut même dire que nous avons de bonnes relations. Le problème, ce n’est pas le ministère du Culte. C’est le gouvernement même qui est en train de croiser les bras face aux problèmes que le pays connait. Rien n’est fait aujourd’hui par le gouvernement pour lutter contre le fléau de l’extrémisme. Nous ne sommes pas contre une religion, mais il faut admettre que tout ce qui peut amener les jeunes au radicalisme doit être empêché. La création même du département a soulagé les musulmans, mais le problème est qu’il n’a pas suffisamment de poids pour interdire par exemple un prêcheur de ne pas tenir tels ou tels propos.

On vous sent plutôt critique envers le gouvernement… Que lui reprochez-vous dans la gestion actuelle du pays ?

Il serait difficile de me prononcer sur la gestion du pays qui relève de la tâche des hommes politiques. Je suis religieux, c’est la religion que je connais un peu. Mais du constat général dans le pays, nous assistons à un mélange de la politique et de l’islam. Autrement dit, nous assistons impuissants à l’islamisation politique dans notre pays, encouragée et bénie par certains leaders religieux, dans un silence effroyable. Ce qui est très dangereux. Pour notre part, nous faisons de notre mieux pour sensibiliser ceux qui nous écoutent et qu’ils ne tombent pas dans cette situation qui peut être une bombe à retardement. Partout où je prêche, je demande aux leaders religieux de se retirer du terrain politique pour plutôt jouer un rôle d’arbitre. Nous ne baissons pas les bras. À la prochaine élection présidentielle, nous ne nous laisserons plus faire car nous allons montrer que la religion a sa place dans la vie démocratique. C’est inacceptable de laisser le pays plonger dans l’abîme sans faire quelque chose. On parle de la paix mais rien ne bouge dans ce sens. Nous ne laisserons personne décider à notre place. Le Mali n’appartient pas seulement aux dirigeants. Le Mali appartient au peuple.

Vous êtes d’ailleurs particulièrement efficace quand il s’agit de vous faire entendre. On se souvient de l’épisode du Maouloud dernier. Vous aviez menacé de faire élire un imam président de la République ?

Il faut savoir replacer les mots dans leur contexte. Je pense que vous avez été témoins lors du Maouloud 2015, des difficultés auxquelles nous avons été confrontés. Imaginez : pendant que nous étions en pleine organisation de notre célébration, nous apprenions à la télé que l’état d’urgence était décrété ! Du coup, nous nous sommes sentis visés par l’État qui voulait par là interdire la fête du Maouloud, qui est une tradition. En tant que patriotes, nous nous sommes pliés à leur décision car il faut respecter les textes de son pays. Après une réunion de la commission d’organisation, nous avons accepté de faire la célébration le jour et le gouvernement a promis de nous envoyer de 200 policiers pour la sécurité. Telle ne fut pas notre surprise, le jour du Maouloud, de ne voir aucun agent de sécurité sur place. Du coup j’ai compris que l’État ne respectait pas du tout son engagement ou bien que les activités religieuses étaient prises à la légère. C’est dans ce contexte que j’ai déclaré que nous allions élire un imam qui allait s’occuper des affaires des musulmans au Mali. Sinon loin de moi l’idée de politiser la religion. Cela ne m’est jamais venu à l’esprit. Mais mon propos a été interprété de telle sorte que des ambassadeurs des pays occidentaux se sont déplacés jusque chez moi pour demander des précisions. Je les ai rassurés. Peu m’importe la religion de celui qui dirige ce pays. Qu’il soit chrétien, musulman, animiste ou même athée ! L’important, c’est qu’il aime ce pays et se batte pour que les Maliens vivent dans la paix et mangent à leur faim.

Revenons à votre lutte contre l’extrémisme. Que faut-il faire, que faites-vous contre certains prêches extrémistes ?

L’islam est une religion de paix et de tolérance. Même le prophète (PSL) a été solidaire envers les mécréants. D’ailleurs, le Coran nous enseigne que le musulman peut manifester sa solidarité envers un non croyant qui ne le gêne pas dans sa pratique religieuse. Dieu nous a créés dans nos diversités. Chacun suit son chemin. C’est pour dire que le prophète n’a jamais imposé l’islam aux gens. On parle des guerres qu’il a livrées, mais ce qu’on ne dit pas c’est que c’était pour se défendre. Il était menacé et Dieu lui-même lui a donné l’ordre de se défendre. Une fois de plus l’islam n’est pas une religion de violence comme on le montre à nos enfants. Une image qui la dessert d’ailleurs, puisqu’aujourd’hui ce sont les musulmans qui sont montrés du doigt dans le monde comme des assassins, comme des sauvages. C’est cette vérité crue que j’ai toujours transmise à mes fidèles. Malheureusement, cette vérité dérange les islamistes. Ma tête est mise à prix depuis 2013. J’ai reçu des menaces de mort par écrit et par téléphone. Il existe même une vidéo réalisée par les islamistes dans laquelle mon nom est cité et on me désigne comme une cible à abattre. Je suis aujourd’hui protégé par des gendarmes et des policiers déployés par le gouvernement. Cela ne fait que me réconforter dans ma mission d’édifier l’opinion publique sur un islam modéré. Je fais tout cela pour mon pays.

Nous sommes à la moitié du mois de carême. Cette année est particulièrement difficile à cause de la hausse des prix des produits de première nécessité. Que pensez-vous de cette situation ?

Ce mois est difficile parce que certains font en sorte qu’il le soit. Ils ont créé les conditions pour que les prix augmentent, alors que les gens souffrent. Il est vrai que le Malien est habitué à faire face à la dureté de la vie. Mais il faut le dire, c’est surtout à cause de l’État qui ne respecte pas ses propres engagements. Comment on peut comprendre que le ministre affirme à la télé que toutes les mesures ont été prises pour stabiliser le prix de viande, que les bouchers sont subventionnés pour que la viande soit accessible et que malgré cela, le prix flambe ?

Vous revendiquez plus de deux millions de fidèles au Mali, en Afrique et au-delà. Quel est votre secret?

Je n’ai aucun secret. Les gens ont besoin de la vérité, qu’ils soient religieux ou non, même s’ils ne peuvent pas la pratiquer. J’ai toujours dit que c’est Dieu qui est la vérité. Même quand on n’est pas instruit, tout le monde sait ce qui est bien ou mauvais. Dieu a donné à chacun un esprit d’analyse et de compréhension pour distinguer la vérité du mensonge. Tout ce que je peux vous dire comme secret est que les paroles que je prononce appartiennent à Dieu. Tout ce que je fais a été soutenu par Dieu.

Mercredi des cendres: début du carême chrétien

Le mercredi des cendres est un jour spécial sur le calendrier liturgique chrétien. Il est marqué par la cérémonie d’imposition des cendres, d’o๠son nom. Par cet acte, le chrétien reconnait avec humilité qu’il n’est que poussière et que c’est le souffle divin qui fait de lui un homme. C’est ce jour-là  que démarre le temps de carême qui s’étend sur quarante jours. Quelle différence entre Carême chrétien et Ramadan? Selon le site Croire.com, une chose est claire, »le Ramadan n’est pas le Carême des musulmans et le Carême n’est pas le Ramadan des Chrétiens ». Ils ont certes des points communs : ce sont des temps de jeûne, de prière et de partage et plus profondément des temps pour revenir à  Dieu. Mais leur sens est très différent. Le Carême est un temps de préparation à  la fête de Pâques et le mémorial des 40 années des hébreux dans le désert et des 40 jours de Jésus dans le désert. Le Ramadan n’est pas la préparation d’une fête ni le souvenir d’un évènement. Le Ramadan est un mois de jeûne. De plus, la pratique du jeûne est différente. Pour les chrétiens, le jeûne qui avait beaucoup d’importance jadis, en a beaucoup moins actuellement, car l’accent est mis sur la conversion intérieure et le partage. Les musulmans jeûnent d’une manière très rigoureuse. C’est la pratique principale par laquelle le musulman exprime son attachement à  la communauté musulmane et sa fidélité à  la loi de Dieu. Le Carême n’a pas la même importance pour le chrétien. 80 % des musulmans assurent respecter le jeûne, même s’ils ne pratiquent pas leur religion le reste de l’année. Feu Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran, en Algérie affirmait que c’était une « erreur d’appeler le Ramadan : Carême musulman », comme on l’entend souvent. Selon lui, le Ramadan « est le mois sacré de la révélation : le jeûne est d’abord destiné à  disposer les croyants à  recevoir la totalité du Coran récité chaque soir jusqu’à  la nuit du Destin. C’’est aussi un mois d’action de grâce et de fête pour ce don de Dieu qui rassemble la communauté musulmane. Cette loi divine est à  observer avec rigueur. Le Carême chrétien est, quant à  lui, une préparation à  recevoir la vie nouvelle que Dieu donne aux croyants par la mort et la résurrection de Jésus ». Il ne s’agit donc pas d’abord d’obéir à  une loi, mais de se disposer à  recevoir la loi intérieure de l’Esprit Saint. Le « Carême est donc un temps pour se rendre disponible, attentif et accueillant à  la présence et aux appels de Dieu afin de nous laisser transformer par Lui » conclut-il. Aimer et aider les plus pauvres Dans son message de Carême 2014, le pape François a invité les chrétiens à  contempler la pauvreté du Christ et à  voir dans les pauvres le visage du Christ. « En les aimant et en les aidant, nous aimons et servons le Christ », déclare-t-il. Il attire également l’attention des chrétiens sur la misère morale et la misère spirituelle, « qui nous frappe lorsque nous nous éloignons de Dieu et refusons son amour ». « l’à‰vangile est l’antidote véritable contre la misère spirituelle », ajoute-t-il.

Début du carême: les chrétiens du Mali intercéderont pour la paix

Ce mercredi 13 février débute le carême chrétien dans le monde entier avec la prise des cendres. Dérivé du grec « quaresma » (quarante), le carême est une période de 40 jours qui correspond au voyage du peuple d’Israà«l qui a marché durant quarante ans dans le désert. Les chrétiens catholiques, à  travers jeûnes et prières chercheront à  se rapprocher de leur Dieu et de leur prochain. Quarante jours durant, hormis les dimanches, les fidèles catholiques du monde entier se consacreront à  la prière, au partage et au jeûne. Le début de ce carême est marqué par une période festive célébrée hier mardi, avec des réjouissances et carnavals à  travers le monde. Mercredi des cendres Pour entrer dans le temps de carême, les chrétiens participent à  un office particulier célébré le premier jour et dénommé « imposition des cendres ». Le « mercredi des cendres » est institué pour rappeler à  chacun qu’il «est poussière et qu’il redeviendra poussière», leçon d’humilité et rappel de notre condition de mortel et de la nécessité de suivre le chemin de Dieu pendant le passage terrestre. Les chrétiens qui prendront part à  la messe ce mercredi se verront tracer sur le front une croix accompagné des paroles du célébrant «convertissez-vous et croyez en l’à‰vangile ». Durant le temps de carême, l’Eglise invite ses fidèles à  la prière, au jeûne et à  la conversion, pour se préparer à  la grande fête de Pâques, commémorant la Résurrection de Jésus-Christ. Le carême, C’’est aussi le chemin de la réconciliation. Prière pour la paix au Mali Si les chrétiens du Mali n’ont pas attendus le temps de carême pour prier pour le retour de la paix et la stabilité dans le pays, cette période particulière sera mise à  profit pour intercéder davantage. A la cathédrale de Bamako, les fidèles seront nombreux à  prendre part aux différents offices et prières en faveur de la paix, à  l’image de Georges Dembélé, un jeune catholique qui entend pour la première fois jeûner et surtout prier pour son pays. Appel est également fait à  la générosité et à  l’esprit de solidarité des chrétiens. Il y a quelques jours, le Président de la Conférence des à‰vêques du Mali, Monseigneur Jean-Baptiste Tiema, invitait tous les fidèles à  mobiliser des ressources financières et matérielles afin de venir en aide aux personnes en situation difficile. Toute la communauté chrétienne est invitée à  la vigilance pour aider nos plus hautes autorités à  assurer la sécurité de leurs concitoyens. « Nous devons réaffirmer notre foi en Dieu en posant des actions qui vont dans le sens de l’amour du prochain comme Jésus Christ à  demandé d’aimer ton prochain comme soi-même » avait ajouté Mgr Tiema. C’était à  l’issue d’une session extraordinaire des évêques du Mali tenue dans la salle de conférence de l’archevêché de Bamako, du 21 au 23 janvier dernier.

Santé et carême : pourquoi il est bien de jeûner

Le jeûne est pratiqué dans les trois grandes religions monothéistes que sont l’islam, le christianisme et le judaà¯sme. Même si sa pratique diffère d’une religion à  une autre, il constitue un instant cardinal dans la vie de tout croyant. La question de santé se pose alors puisque toutes ces religions ont en partage la privation en nourriture. Nettoyer l’organisme Les nutritionnistes et les médecins ne sont pas avares en conseil pendant le carême. Ils rappellent ainsi les avantages et les risques du jeûne pour l’organisme humain. Selon les nutritionnistes, au cours du jeûne, le corps humain consomme le sucre qui est dans le foie et dans les muscles. Et ce sont les graisses qui vont être utilisées comme source d’énergie et se fondre jusqu’à  ce qu’à  la rupture du jeûn. La perte de poids est donc inévitable. Un amaigrissement perçu comme la conséquence normale du jeûne et qui devra permettre de nettoyer l’organisme des toxines emmagasinées. Selon le Dr Assan Diallo, nutritionniste, la perte de poids n’a aucune conséquence dangereuse en ce sens que les tissus vitaux ne sont pas concernés. Les substances superflues que sont les graisses et les déchets sont brûlées. «Â Le tissu gras du corps est la réserve d’énergie de notre organisme et s’adapte en fonction des besoins de la journée », indique-t-elle. Vertiges Pour Jacob Drabo, médecin généraliste à  Kalaban-coro, les risques sanitaires sont minimes en matière de jeûne. «Â Le seul inconvénient de santé qui puisse arriver, est que vous sentiez une certaine faiblesse en énergie. ». Toujours selon les spécialistes en nutrition, jeuner peut entrainer de petits inconvénients sans gravité. «Â La personne va s’épuiser au fil du temps. Outre les vertiges, elle pourrait somnoler les après midi. Mais si elle est bien portante, elle ne souffrira d’aucune maladie. Mais tous ces désagréments vont disparaà®tre après la rupture du jeun », précise-t-il. Par conséquent, il se trouve que le jeûne peut être bénéfique pour le corps humain. «Â Celui-ci va déclencher le mécanisme qui consiste à  brûler des graisses. Ce sont des graisses profondes, des réserves inutiles qui encombrent le corps ». Après la rupture du jeûne, certains spécialistes conseillent de boire beaucoup d’eau et des jus de fruits naturels. Trop manger est également déconseillé. «Â Il faut s’arrêter lorsque la sensation de faim est surmontée », conseillent-ils.

Religion: Temps de carême, chemin de réconciliation

C’est par l’imposition des cendres, ce mercredi 09 mars, qu’a commencé le carême chrétien. En recevant les cendres sur son front lors de la cérémonie de ce mercredi à  l’église, le fidèle se reconnaà®t pécheur et s’engage à  une introspection en vue d’une vie plus conforme à  la volonté divine. Ce mercredi des cendres est un jour particulièrement pénitentiel, dans lequel le chrétien manifeste son désir personnel de conversion à  Dieu. l’imposition des cendres est obligatoire pour toute la communauté chrétienne depuis le Xème siècle. Le carême chrétien, temps de jeûne de 40 jours (excluant les dimanches) culminera avec la célébration de Pâques, la plus importante fête chrétienne, prévue, cette année, le dimanche 24 avril. Temps de jeûne, de prière plus intense et d’aumône, le carême chrétien est, pour l’Eglise, le temps de la conversion pour se réconcilier avec Dieu. Les 40 jours du carême chrétien font pendant aux 40 jours de jeûne du Christ au désert et aux 40 ans d’errance du peuple hébreu fuyant l’esclavage en Egypte avant son entrée dans la Terre Promise. Prière, pénitence, partage Ce sont les maà®tres mots du temps de carême. La pénitence n’est pas une fin en soi, mais la recherche d’une plus grande disponibilité intérieure. Le partage peut prendre différentes formes, notamment celle du don. Le jeûne a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa parole. Il n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à  l’aumône. « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Evêques, sera observée chaque Vendredi de l’année, à  moins qu’il ne tombe l’un des jours marqués comme solennité ; mais l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le vendredi de la Passion et de la Mort et de notre Seigneur Jésus Christ. » Can.1251, code de droit canonique. Sont dispensés du jeûne, les personnes de plus de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes enceintes. A la Cathédrale de Bamako, la messe a été dite par l’Abbé Thimotée, curé de la paroisse. Il a exhorté les fidèles à  se concentrer sur les vries valeur de la vie et à  vivre pleinemet ce temps qui est une avant tout une préparation à  la joie de Paques et non un tps de tristesse comme beaucoup le pensent. Les prières en ce premier jour de carême sont allées en faveur de la Côte d’Ivoire qui traverse des moments difficiles avec la menace d’une guerre civile qui plane sur le pays. La Libye, l’Egypte et tous les autres foyers de tension ont été évoqués.

Baisse du prix du sucre : le gouvernement a tenu parole

Le sac du sucre baisse de 27500F à  26000 FCFA A la veille du mois de carême, le ministre Amadou Abdoulaye Diallo avait promis à  la communauté musulmane, la mise en place du dispositif d’approvisionnement du marché en sucre pour éviter toute rupture et flambée des prix. C’’est pourquoi les fidèles musulmans, n’ont pas subi cette hausse grâce à  la volonté du gouvernement de stocker plus de 15 tonnes sans compter celles importées par les commerçants. Sur le terrain, le constat est réel. Vendu à  27 500 FCFA au début du ramadan, le sac de 50 kg de sucre en poudre est vendu entre 24000 et 22500 F CFA aujourd’hui. La chute des prix, au grand bonheur des consommateurs, serait consécutive à  un approvisionnement correct du marché et à  une concurrence entre les gros importateurs de la place. Les gros importateurs ont importé des dizaines de milliers de tonnes en prévision du mois de ramadan. Pour un commerçant détaillant de Niamakoro, le marché regorge plus de 50000 tonnes de sucre. Le PDG du Grand grenier du bonheur (GGB), Bakoré Sylla, également président du Conseil national des prix (CNP), aurait à  lui seul, plus de 20 000 tonnes en stocks. Les commerçants détaillants qui ont fait des provisions en vue des jours de pénurie sont confrontés à  des difficultés de marge bénéficiaire. Ils sont contraints de suivre la loi du marché en vendant moins cher un stock acheté plus cher. La baisse des prix va se poursuivre, aux dires du même détaillant. Stocks prévus Au-delà  des concurrences des commerçants, un important stock emmagasiné à  l’entreprise Sukala SA, a été mis sur le marché. La disponibilité de 12 000 tonnes auprès des deux unités qui ont une capacité totale annuelle de 36 000 tonnes. Ainsi, cette importante quantité, a pu couvrir les besoins du pays pendant au moins un mois. Et puis 13 000 tonnes ont été ajoutées au stock déjà  disponible sur le marché et dans les magasins de certains gros importateurs. Avec ce stock logiquement, il n’y pas eu de rupture du sucre sur le marché. A partir de là , on peut dire que le gouvernement est en mesure de contrôler les prix. Chose qui prouve que le gouvernement a été laxiste avec les opérateurs économiques pour la hausse vertigineuse du prix des produits de première nécessité. Sinon au Mali, C’’était devenu une tradition, que les produits de nécessité connaissent une hausse pendant le mois sacré du ramadan. Exceptionnellement, cette année, les prix des produits ont été revus à  la baisse.

Secret de femme : Carême et hygiène

La religion recommande aux gens de porter des vêtements qui, sans être clinquants, soient propres et soignés. Il est blâmé de s’habiller avec des vêtements sales. Il est donc déconseillé de porter des habits sales ou qui dégagent de mauvaises odeurs. Il est préférable de porter des habits propres pour se rendre dans les lieux de prière au risque d’aller indisposer les autres croyants. En effet, l’effet de fatigue, l’affaiblissement des personnes après la rupture du jeun les rendent plus vulnérables aux senteurs. Souvent, certaines personnes vont jusqu’à  vomir après avoir senti ces mauvaises odeurs. Les femmes peuvent utiliser des déodorants qui vont leur permettre de ne pas sentir mauvais après avoir sué. «Et le parfum qu’utiliseront les femmes est ce dont la couleur est visible mais dont l’odeur est discrète” (rapporté par At-Tirmidhà®, n° 2238, An-Nassaà¯, Abû Dâoûd). “Parfum discret” signifie “parfum qui n’est pas ressenti par ceux à  proximité de qui on passe “, comme l’explicite un autre Hadà®th bien connu rapporté par At-Tirmidhà® (n° 2786). La religion recommande la propreté à  ses fidèles qui peuvent se tailler les moustaches, garder la barbe, se brosser les dents, se rincer les narines, se tailler les ongles, se laver les articulations des doigts, s’enlever les poils des aisselles, d’utiliser de l’eau après avoir fait ses besoins. La pratique de l’hygiène se retrouve chez les ménagères. Elles doivent prendre soin de leur lieu de cuisine. En effet, il est déconseillé de faire bouillir ses tisanes (kinkeliba) dans une marmite ayant servi à  cuire une sauce. Pour éviter de retrouver de l’huile sur ses tasses de café ou sur les cuillères, il est conseillé de les laver en premier lieu dans votre eau de vaisselle. Il n’est pas très esthétique que votre mari vous voit toute couverte de farine ou de sucre devant vos fourneaux. Il est également déconseillé d’utiliser un cure dent dont vous cracherez les restes ou crachez vos salives à  côté de votre plat et fourneau. N’étalez pas vos ustensiles de cuisine en désordre dans la cour de votre maison ou ne versez pas dans votre cour votre eau sale de la vaisselle. D’autre part, pendant la période de carême, certaines personnes indisposent les autres avec leur salive. En effet, les piétons crachent sur les trottoirs ; les passagers de voitures, motos et sotramas aspergent les passants sans faire attention à  leur crachat. Les cures dents sont jetés partout à  travers la ville, sur les pare-brises. Les lieux de travail sont dans des états débraillés à  cause de la paresse de ceux qui devraient assurer l’entretien et qui ne le font plus à  cause du fait qu’ils sont en jeun. Eviter de servir les membres de votre famille avec un visage peu avenant pour leur démontrer votre fatigue. Il s’agit d’un mois de sacrifice et le sacrifice de la femme est plus ce qui fait qu’elle ne manquerait d’avoir plus de bénédictions.

Père Jean Bolomey à propos du carême chrétien : « l’eau ne rompt pas le jeune ! »

Dans la mouvance du carême chrétien qui a démarré il y’a 4 semaine, nous avons tendu notre micro au Père Jean Bolomey de la paroisse Sainte Monique de Badalabougou, qui a bien voulu nous entretenir sur le sens profond de cet évènement hautement symbolique dans communauté catholique. Aux sources du Carême Le mot carême est un vocable typiquement latin, désignant (quadragesima – une période longue de 40 jours). Il est symbolique, à  plus d’un titre, dans la religion chrétienne. « Moise a passé 40 jours et 40 nuits sur le mont Sinaà¯, le peuple de Dieu a passé 40 années dans le désert sans manger ni boire, Jésus a inauguré son ministère par un séjour de 40 jours et 40 nuits dans le désert…) Voici, entre autres, les raisons qui ont fait que le jeun chrétien dure 40 jours. Une autre particularité du carême chrétien est que moment exclut le « mercredi des cendres », et les dimanches. Autrement dit, le dimanche est le jour ou Dieu s’est reposé après avoir crée le monde et son contenu. « C’’est pourquoi nous ne jeûnons pas les dimanches ». « l’être humain a toujours besoin d’un moment de ressourcement. La vie courante est le lieu d’exercice de la foi. Et le véritable moment de ressourcement pour le chrétien C’’est le carême ». Le jeun, selon le Père Bolomey, devient une obligation, dès lors que le sujet atteint la majorité. « Je pense qu’un mineur n’a aucun intérêt à  jeûner. Et, il faut s’arrêter de jeûner à  partir du moment l’organisme ne peut plus endurer la faim, et en cas de maladie grave ». « l’eau ne rompt pas le jeune » Contrairement à  d’autres types de jeun, une grande liberté est laissée à  chaque chrétien pour organiser son jeun au moment du carême. Parce que, explique le père Bollomey, l’institution de règles strictes peu finir par engendrer l’hypocrisie. Le jeun chrétien ne porte pas sur la boisson de l’eau. Autrement dit, en temps de carême, « le chrétien peut boire autant qu’il peut ».Mais, on peut se priver de tabac (cigarette) et d’alcool, de sucrerie, de télévision, de relation sexuelle… « Toutes ces privations n’ont de valeur que par leur signification spirituelle. C’est-à -dire, le désir de revenir à  Dieu, et de laisser plus de place à  lui dans notre vie ». La marche des chrétiens A propos de la traditionnelle « marche de carême » organisée tous les ans par la jeunesse de l’Eglise catholique, le Prêtre a indiqué que cette activité s’inscrit en droite ligne de l’idéal recherché par le carême. En effet, dit-t-il, « les jeunes marcheront de Bamako à  Kati, soit une vingtaine de kilomètres. Ils seront exposés à  la chaleur intense, à  la soif et la faim, au soleil, à  la fatigue. Durant leur parcours, ils méditent et échangent sur certains passages de la bible. Cette marche est bien une sorte de jeun Le carême chrétien étant l’ultime étape pour les festivités pascales, le Père Bolomey, indique que cette période est indissociable de Pâques. « l’on ne saurait séparer la préparation du but. Le but C’’est de parvenir à  la fête de Paque avec un C’œur régénéré. Ceux qui ne jeûnent pas sont invités à  la fête comme tout le monde. La fête de Pâques est une joie universelle qui transcende tous les efforts spirituels consentis ». A la question de savoir, la différence existant entre le carême chrétien et celui musulman, le père Bolomey reconnaà®t qu’il y a des points de ressemblances tels que la privation de nourriture corporelle, la prière, le partage, la solidarité. Il n’y a pas un plan standard fixant le début et la rupture du jeun. Et pour cause, dit-il, « On fait beaucoup appel à  la conscience de chacun. Prioritairement la privation de nourriture, de minuit à  minuit, le mercredi des cendres (c’est-à -dire, le premier jour du carême) et le vendredi saint (le jour commémoratif de la mort de jésus sur la croix, le dernier jour du carême ». « Toutes les religions sont bonnes, en ce sens qu’elles sont toutes des chemins vers dieu », prechera-t-il. Une autre règle de la communauté catholique voudrait que tous les vendredis du carême, le fidèle se prive de viande rouge.

« Yokôro » en temps de carême

Ainsi, nombreux sont-ils, à  affluer chaque année au rendez-vous vespéral très animés, et qui par delà  des appréciations, arbore un certain rattachement aux valeurs culturelles. Vivement le Yokôro! Sitôt la moitié du mois de Ramadan sonné, une foule d’enfants (filles et garçons) surgit nuitamment de tous les coins et recoins du pays. Les garçons sont munis de bâtons ou de baguettes, de vieille boites de tomate en guise d’instruments à  percussion. Quant aux filles, elles ont à  porté de main des calebasses et autres instruments ménagers pour battre la cadence. Les enfants sillonnent tout le quartier en faisant du porte à  porte pour exhiber leurs impressionnants talents en danses et chants. Même la frayeur nocturne ne les inquiète pas. La quintessence de ce vaste mouvement d’ensemble tient au fait qu’elle est héritée d’une longue et riche tradition. Pour la circonstance, ce sont toutes les contrées du pays et quartiers de la ville, qui vibrent au rythme d’une pratique léguée par les ancêtres. De quartiers en pâtés de maisons Au starting block, ils sont regroupés soit par affinité parentale ou par groupes d’amis. Une fois la prière commune du soir terminée, une multitude d’enfants prennent d’assaut les rues. C’’est la ruée dans les familles du voisinage. Ils font le porte à  porte, mais pas en qualité de mendiants, mais plutôt pour exhiber un savoir faire dans ce que les aà¯euls ont laissé. Libre à  chacun de leur donner une ou deux pièces, s’ils se sont laissés séduire par l’enthousiasme des gamins. Danses et haillons Drapé de haillons et de peinture de la tête au pied, au cours de leurs prestations musicales, ils accrochent leur auditoire en dansant de toute leur force et en chantant à  gorge déployée. Généralement les spectateurs mettent la main à  la poche, car ils résistent difficilement à  la tentation de contribuer à  l’effort déployé par ces bambins qui ne font qu’apporter leur pierre à  la continuité d’une pratique ancestrale. C’est quoi ton butin ? Ainsi, la moisson varie selon les nuits. La chasse est le plus souvent fructueuse à  Baco Djikoroni, pour le groupe de Sidiki qui n’a jamais eu en dessous de 6000 F CFA par nuit. Bravo ! Par contre, Nènè et ses copines n’ont gagné que 2000 F CFA et 1 kilo de petit mil, la nuit dernière. Le butin récolté est généralement partagé entre les « chasseurs ». Souvent les visiteurs se heurtent à  la mauvaise humeur dans certaines familles, ce qui les pousse du coup à  rebourser chemin. Comme quoi, ils ne sont pas les bienvenus partout. Et parfois les ardeurs des enfants sont émoussés face à  des gens qui méconnaissent cette tradition.

Aux sources du jeûne musulman : la nuit du Destin

La Nuit du Destin Lors des dix derniers jours, les musulmans intensifient leur jeûne par la pratique du Zikr, ou récitation du Coran et cela dans le but de recueillir des bénédiictions divines. On dit que la Nuit du Destin ou « Layla Tul Qadr », durant laquelle le Coran a été révélé, est une nuit bénie entre milles. Les anges descendent au ciel le plus bas pour recueillir les prières des mortels et celui qui prie jusqu’à  l’aubre verra ses péchés pardonnés et ses voeux exaucés. Les fidèles veillent alors en prière et avec ferveur. Cette nuit se trouverait entre les dix dernières du Mois de Ramadan et particulièrement les nuits impaires. Généralement située à  la 27è nuit, l’heure est au recueillement et au pardon. Don de soi Instauré par le Coran et la Souna, le jeûne, élément central du Mois Saint, relève de l’exercice physique et mental pour ceux qui se livrent au rituel. Certaines personnes en sont exemptées telles que les enfants, les personnes âgées, les malades chroniques ou mentaux, les femmes enceintes, en période de menstruation ou d’allaitement, ou encore certains voyageurs. Le jeûne musulman comporte une dimension purificatrice et expiatoire symbolisée par l’acte de renoncer à  manger, à  boire, à  avoir des relations sexuelles de l’aube au coucher du soleil. Il relève aussi de l’ascèse spirituelle. Le Ramadan est en effet une période d’intense recueillement et d’adoration profonde d’Allah. Don à  Dieu Par la prière, le fidèle se plonge dans l’ascèse qui le purge de ses pêchés. Ces instants doivent le rapprocher de Dieu et des préceptes coraniques. Cinq fois par jour, le jeûneur (Soumbaka) rend gloire à  Dieu et à  son prophète Mahomet. Vers quatre heures du matin, la communauté des fidèles s’éveille pour la première coupure du jeûne. Elle sera accompagnée une heure plus tard d’un instant de recueillement, jusqu’à  6 heures du matin. Cette prière ouvre le bal des suivantes, scandant quotidiennement la vie du fidèle pendant un mois lunaire. « A 6 heures, tu te lèves deux fois, à  14 heures, tu te lèves quatre fois, à  16h, tu te lèves quatre fois, à  18h, tu te lèves deux fois, à  20h, quatre fois », explique Aboubacar. A 18h30, lorsque la nuit tombe, le jeûne est rompu jusqu’à  4 heures. Mais le partage spirituel se poursuit. Après 20 heures, durant la « Nafla », ou grande prière du soir, le fidèle s’inclinera dix-sept fois. Certains se retrouvent à  la mosquée pour l’accomplir et réciter des prières correspondant chacune à  un trentième du Livre. La lecture intégrale, individuelle ou collective du Coran se pratique donc tout au long du Mois Saint. Une façon de renouer avec les enseignements de l’Islam. Don et partage Les autres actions menées par les jeûneurs durant le Mois saint se font dans un esprit de don et de partage. Les opérations de charité menées par la communauté musulmane s’intensifient : distribution de repas par les femmes aux abords des mosquées, don de vivres et de denrées alimentaires (riz, sucre principalement). Le Ramadan est aussi l’occasion de faire des cadeaux à  la famille ou aux amis, d’offrir des vêtements ou des chaussures aux plus démunis. Le mois de jeûne permet donc aux musulmans du Mali de renouer avec autrui dans le respect de valeurs très fortes telles que l’entraide et la solidarité. En famille, la pratique consiste à  distribuer du sucre à  ses parents. On va ainsi de maison en maison avec un ou deux kilos de la précieuse denrée pour contenter les siens. On peut aussi donner de l’argent oou des fruits, apporter des repas lors de la coupure. C’est une forme de rapprochement et de partage entre membres d’une famille élargie.