Avion de la drogue: le Mali ne cédera pas aux pressions

Il y a notamment des pressions pour obtenir la libération des deux principaux suspects arrêtés. Ces pressions ne marcheront pas. Le chef de l’Etat (Amadou Toumani Touré) nous a donné cette semaine le feu vert pour faire toute la lumière sur l’affaire, a déclaré un responsable du ministère. Une autre source proche de l’enquête a également affirmé que ces pressions étaient inutiles. Ils peuvent même menacer la République, mais l’enquête suit son cours et la vérité doit éclater, a-t-elle dit en soulignant que la coopération judiciaire, en particulier avec le Maroc, a permis de faire un grand bond dans l’enquête. Aucune indication sur la provenance des pressions exercées n’a été fournie, mais des personnes liées aux deux principaux suspects ont menacé de s’en prendre à  l’Etat du Mali par la violence s’ils n’étaient pas libérés, selon une source des services maliens de sécurité. Ces deux suspects sont Didi Ould Mohamed, originaire du Sahara occidental qui se prétend Malien mais dont la nationalité est contestée par les enquêteurs, et Mohamed Ould Sidi Hamed, Malien. La personnalité de Didi Ould Mohamed, intéresse particulièrement les enquêteurs: natif de Lâayoune au Sahara occidental, il vit entre les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (extrême sud-ouest de l’Algérie) et le Mali, o๠il a de la famille. Il maà®trise parfaitement l’espagnol, langue parlée par les trafiquants sud-américains. On est à  deux doigts de savoir si, effectivement, Didi Ould Mohamed a bel et bien servi d’interprète entre trafiquants latino-américains et ressortissants d’Afrique de l’Ouest, pour que l’avion de cocaà¯ne se pose dans le Sahel malien, a affirmé une source proche de l’enquête. Début novembre 2009, un Boeing 727 venant du Venezuela et transportant de la cocaà¯ne et d’autres produits illicites, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), avait atterri dans la région de Gao. Après avoir déchargé son contenu, les trafiquants avaient incendié l’appareil. Depuis, une dizaine de personnes ont été arrêtées au Mali. Parmi elles figure un pilote français, appréhendé le 7 mars et soupçonné d’être impliqué dans divers trafics de drogue. L’Afrique de l’Ouest est considérée par les agences internationales de la lutte contre la drogue comme un point de transit important dans le commerce de stupéfiants venant d’Amérique latine et destinés à  l’Europe. Plusieurs bandes de trafiquants, certaines liées à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), sévissent dans le Sahara, de l’Algérie à  la Mauritanie en passant par le Mali et le Niger.

Affaire du cargo de la drogue, Eric Vernay soutenu par la France

l’on se souvient des ces photos des morceaux de la carlingue calcinée de l’avion, surnommé «Â Air Cocaine », retrouvés dans le désert malien près de Gao, avec sa cargaison illicite mystérieusement disparue. Et sans que l’on puisse faire la lumière sur ce qui s’était réellement passé. Aujourd’hui, de nouveaux éléments viennent étayer l’affaire. Cette fois, C’’est Eric Vernay, un français qui est en cause. Interpellé le 8 mars dernier près de son domicile sis à  Torokorobougou par la Sécurité d’Etat, et remis à  Interpol-Mali, le cerveau présumé de cette affaire de trafic international de drogue a été déféré à  la prison centrale de Bamako le lendemain mercredi, informe l’Indépendant de ce lundi. Une interpellation, qui a aussitôt provoqué des réactions du côté français. Selon Bernard Valero, porte-parole du Quai D’Orsay, Bernard Valero « le dossier d’Eric Vernay, qui réside depuis plusieurs années au Mali, était suivi par le consulat de France à  Bamako dans le cadre de l’exercice normal de la protection consulaire « . Le contenu de cette protection consulaire ferait actuellement l’objet de discussions de haut niveau entre les autorités françaises et maliennes. Eric Vernet, est le DG de la société « AAA » Africa Air Assistance, une société spécialisée dans la maintenance et le trafic aérien, qui a été interdit de vols sur le territoire sénégalais pour opérations illicites, liées au trafic de drogue Mais elle continuait d’opérer des vols sur le territoire malien, et sans surveillance particulière, ce qui fait croire aux autorités qu’elle serait au coeur du trafic de drogue au Mali avec l’affaire du cargo. On cite également dans cette affaire, l’agence « Go-Voyages », victime collatérale, puisque AAA aurait obtenu des autorisations de l’ANAC (L’agence nationale pour l’aviation civile ), en usurpant ses documents. Des complices hauts placé? En interrogeant la directrice de l’ANAC, Mme Issabré, Interpol entend faire la lumière sur cette affaire et mesurer le degré d’implication de cet organisme chargé de délivrer les autorisations pour opérer et survoler le territoire malien. Selon lMme Hissabré, sa responsabilité se limiterait à  signer des documents, sur suggestion de ses services techniques. Selon certaines sources, elle aurait reçu un mot d’ordre « d’en haut » pour autoriser cet avion… Au-delà  des complicités à  établir et des coupables à  sanctionner, l’affaire Air Cocaine révèle surtout l’implication du Mali dans un trafic de drogue qui dépasse ses frontières, et s’étend à  la sous-région.