Burkina Faso: le parti de Compaoré suspendu

Le grand nettoyage continue et le nouveau régime semble vouloir mettre au placard tous les symboles et représentants de l’ancien pouvoir. Le ministère de l’Administration territoriale a ainsi annoncé la suspension du CDP, le parti de Blaise Compaoré. La Fedap-BC, une association de soutien à  l’ancien président, et l’ADF-RDA, formation qui avait pris position en faveur du projet de modification consitutionnelle, sont aussi suspendues. Et ce, après le limogeage de patrons de sociétés publiques, accusés d’être trop proches du clan Compaoré, et la nationalisation d’une entreprise immobilière appartenant à  l’ancienne « belle-mère nationale », Alizéta Ouédraogo. « Trouble à  l’ordre public » L’arrêté pris par le ministre Auguste Denise Barry, bras droit du Premier ministre Yacouba Isacc Zida, reproche au CDP des « activités incompatibles avec la loi portant charte des partis et formations politiques au Burkina Faso ». Selon ce texte, « en cas de violation des lois et règlements de la république par un parti ou une formation politique et en cas d’urgence ou de trouble de l’ordre public », le Ministre chargé des libertés publiques « peut prendre un arrêté de suspension de toutes activités du parti concerné et ordonner la fermeture de son siège ». Il en est de même pour la Fedap-BC, accusée d’avoir mené des « activités incompatibles avec la loi portant liberté d’association au Burkina Faso ». Le leader du CDP, Assimi Kouanda, et celui de la Fedap-BC, Adama Zongo, sont internés depuis le 5 novembre au camp de gendarmerie Paspanga de Ouagadougou. Ils sont accusés d’avoir publiquement tenu des propos pouvant causer des troubles à  l’ordre publique – Kouanda avait appelé ses troupes à  se défendre en cas d’attaque -, et ont été interpellés et « placés en sécurité » par les militaires en charge de la transition. ———————

Burkina Faso: qui pour faire la médiation au CDP ?

Par une lettre ouverte datée du 4 janvier 2014, le conseiller politique du CDP et d’autres de ses camarades membres du Bureau politique national ont signifié leur désapprobation face à  la gestion du parti. Les cadres ainsi que de nombreux militants ont démissionné en accusant le parti d’avoir fait « disparaà®tre » la démocratie de son fonctionnement, et dénoncent les tentatives du pouvoir « d’imposer » la mise en place d’un Sénat dans le but de réviser l’article 37 de la Constitution qui limite à  deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs. Ce qui empêche actuellement le président Compaoré de se représenter en 2015. « La démocratie ayant disparu au sein du parti au pouvoir, elle ne peut qu’être menacée au niveau national (…) Au lieu d’engager un débat préalable sur des questions controversées, nous sommes en train d’assister à  des tentatives de la mise en place du Sénat aux forceps et à  des velléités de réviser la Constitution en vue de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels dans un contexte o๠le peuple est profondément divisé » ont déclaré ces cadres. Parmi les démissionnaires, il y a l’ancien président du parti et de l’Assemblée nationale, également ex-Premier ministre (de 1994 à  1996), Roch Marc Christian Kaboré, mais aussi l’ancien maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, ainsi que l’ex vice-président du CDP et ancien ministre et conseiller spécial du président, Salif Diallo. Tous ces ténors ont été écartés de la direction du parti lors du cinquième congrès du CDP, en mars 2012. Ils ambitionnent de se regrouper sous la bannière d’un nouveau parti politique. Au pouvoir depuis 1987, Blaise Compaoré a joué le rôle de médiateur au Togo, en Côte d’Ivoire, au Mali. Pourra t-il faire bénéficier son expérience de médiateur à  son parti?