Les 100 ans de l’ANC

La célébration du centenaire de l’ANC aura tout d’abord confirmé le caractère fortement sacré et superstitieux de la société sud-africaine. C’’est ainsi qu’au programme des festivités, il y a eu des sacrifices de poulets, de chèvres et de taureaux dont la viande, vidée des viscères, aura reçu des traitements curieux. l’idée était de recourir à  ces procédés exotiques pour implorer la clémence et le soutien de l’esprit des anciens. Une approche certes irrationnelle mais à  laquelle de nombreux Sud-africains attribuent le glorieux cheminement du plus grand parti politique du pays. Un parcours dont les héros sont, entre autres, Oliver Tambo, l’archevêque Desmond Tutu, Nelson Mandela et Miriam Makeba. Si les deux premiers étaient encore là  pour se voir congratuler par la nouvelle génération et les milliers d’invités, le troisième, bien que vivant est trop âgé pour effectuer le déplacement, tandis que la dernière, elle, est d’ores et déjà , dans le monde de l’invisible. l’ANC est le symbole et l’incarnation des partis politiques qui participent à  la libération de leurs peuples et au développement de leurs pays. Maltraités et persécutés, le parti n’aura pas reculé jusqu’à  ce que l’objectif de la déracialisation de la société sud-africaine soit atteint. Une issue rendue possible grâce à  la sagesse et au sens de responsabilité dont Nelson Mandela et ses camarades avaient fait montre à  la faveur de leur accession au pouvoir au début des années 90. Un ensemble d’attitudes qui avaient notamment évité que les Noirs longtemps chosifiés ne cèdent à  la tentation vengeresse. Seulement, avec le recul et au regard de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, on est bien obligé de reconnaà®tre que la victoire n’aura été que très relative. Si du point de vue politique, Noirs et Blancs sont désormais égaux, il n’en est pas ainsi pour ce qui est du pouvoir économique. Dans ce dernier domaine, ce sont encore les Blancs qui trônent au sommet de la pyramide. Un déséquilibre socio-économique qui est justement le nouveau chantier qui s’offre à  l’ANC et à  ses responsables. Un chantier auquel s’ajoutent la paupérisation sans cesse accrue des populations et les scandales de corruption et de mal gouvernance qui accablent l’élite sud-africaine, et autour duquel se dessine un clivage générationnel au sein de la direction du parti centenaire. Une divergence dont Julius Malema est en quelque sorte l’incarnation.