Lutte contre le terrorisme : Nouveau départ pour le CEMOC ?

«Â La situation dans la bande sahélo-saharienne nous préoccupe de plus en plus. C’’était déjà  une région faible avec ses multiples difficultés, mais aujourd’hui, il y a une nouvelle donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et lourdement armés à  la suite des derniers évènements survenus en Libye. Nous partageons cette vision de la question ». C’’est en ces termes que le président malien, Amadou Toumani Touré, s’exprimait le 29 octobre dernier devant la presse algérienne sur la question du terrorisme dans le sahel. C’’était en marge de sa visite chez son homologue Abdel Aziz Bouteflika. Moins d’un mois moins après cette visite, les choses semblent s’accélérer dans la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité et AQMI au Maghreb islamique. Car depuis ce lundi 21 novembre à  l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondène Beye, une rencontre des chefs d’états-majors du CEMOC se tient à  Bamako. Créé en avril 2010, et regroupant la Mauritanie, le Niger, l’Algérie et le Mali, ce Comité d’état-major opérationnel ambitionnait de lutter contre l’insécurité, et particulièrement contre AQMI dans le Sahel. Mais depuis sa création, cette structure, dont le siège est en Algérie, n’est toujours pas opérationnelle sur le terrain, au moment o๠les islamistes s’installent de plus en plus dans cette zone, et menacent la stabilité desdits Etats. Nécessité d’actions conjointes l’enjeu de la rencontre de Bamako présente des enjeux de taille pour les quatre pays dans leur stratégie de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, comme l’a expliqué le ministre malien de la défense et des anciens combattants à  la cérémonie d’ouverture des travaux. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, qui a ses racines en Algérie, dispose également de bases au Mali d’o๠elle opère dans plusieurs pays du Sahel (Niger et Mauritanie en particulier). Elle ratisse par des attentats, procède à  des enlèvements (essentiellement d’Occidentaux). Comment mettre en place une stratégie commune, efficace pour contrer la menace ? La rencontre des chefs d’état-majors (qui s’achève ce mardi), a pour but de parvenir à  cette solution, en rendant opérationnel le Comité d’état major opérationnel. Car depuis sa création, cette organisation n’existe que de nom, si l’on sait qu’aucune patrouille commune, ni une opération militaire commune contre Al-Qaà¯da, n’a été organisée. «Â Certes, il y a le quartier général de l’organisation basé dans le sud algérien, mais sans troupes d’opérations. Il y a également un centre de renseignements basé à  Alger, des communiqués, en réalité des catalogues de vœux pieu. Il y a aussi des rencontres, comme celle qui se tient actuellement à  Bamako. Mais toujours pas d’opérations militaires coordonnées des quatre pays sur le terrain », reconnaissent les pays membres. «Â Il y a des obstacles à  lever et les pays ont du mal à  accorder leurs violons », expliquent les spécialistes de la question. Du côté malien, on ne cache pas que pour vaincre Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, il faut des opérations communes d’envergure, coordonnées sur la durée, dans tout le Sahel. l’Algérie, pour sa part, rechigne à  sortir ses troupes hors de ses frontières, et veut toujours faire de la lutte contre AQMI l’affaire des seuls pays du Sahel. En attendant, les combattants d’AQMI sont de plus en plus nombreux sur le terrain, notamment depuis l’éclatement de la crise libyenne. De nombreux ex-combattants ont en effet installé leurs quartiers dans le Nord du Mali avec une quantité importante d’armes. Aujourd’hui pour faire face la menace terroriste dans cette zone, les quatre pays ont véritablement du pain sur la planche. Et leur salut passe par une coopération militaire digne du nom.

Lutte anti AQMI : les états renforcent la coopération

C’’est l’une des principales recommandations de leur rencontre de Bamako tenue ce vendredi 20 mai à  Bamako. Réunis pour une séance de travail d’une journée autour de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, les quatre ministres des Affaires étrangères, ayant en commun le Comité d’Etat Major Opérationnel Conjoint (CEMOC, regroupant lesdits pays), ont débattu d’une thématique aussi d’actualité que «Â La Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transnationale Organisée ». Au cours de cette journée, les patrons de la diplomatie des quatre pays ont, en effet, passé en revue les points de discussions inscrits à  l’ordre du jour : il s’agit notamment du point de la situation sécuritaire dans le Sahel et de la coopération régionale, l’examen de l’impact de la crise libyenne sur la sécurité et la stabilité du Sahel, la mise en œuvre d’une convention des modalités du dialogue sécuritaire entre les pays concernés ainsi qu’avec leurs partenaires extrarégionaux. Au sortir de la réunion, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, ne cachait pas sa satisfaction : «Â Nous sommes d’autant plus satisfaits, que la cette réunion confirme notre prise de conscience collective que le terrorisme constitue un danger réel, actuel et transfrontalier. Il ne s’agira pas pour nous d’entreprendre des actions qui pourront nous coûter le scénario à  l’irakienne, celui de l’Afghanistan. Il s’agit de coordonner nos actions pour une lutte plus efficace ». l’appel de Bamako Afin de faire face à  la menace du terrorisme dans la régionale, une coopération étroite, concertée et coordonnée est plus que jamais indispensable entre les pays du champ : Algérie, Mali, Mauritanie et Niger. A l’issue de leurs travaux, les participants ont convenu que la coopération doit être renforcée et multidimensionnelle, en alliant engagement politique et action opérationnelle. Elle sera axée, précise le communiqué finale, sur une approche sécuritaire collective, impliquant des mesures politiques, militaires et économiques visant à  renforcer la coopération, l’assistance mutuelle et les efforts communs pour combattre le terrorisme et éradiquer tous les facteurs liés à  la subversion et à  l’instabilité. Bref, la nouvelle approche vise à  réunir les conditions propices à  la préservation de la paix et de la sécurité dans la région. Dans leur déclaration, les ministres encouragent les institutions et mécanismes engagés dans cette coopération à  poursuivre leurs efforts d’adaptation aux nouvelles formes de menace. Pour eux, la responsabilité de chaque Etat de la région dans la lutte contre ce phénomène, dans le cadre d’une approche régionale solidaire et coordonnée des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), est indispensable. D’autre part, la Déclaration des diplomates a souligné l’importance cardinale qu’accordent leurs pays au développement, notamment dans les régions frontalières o๠se sont tissés les liens séculaires entre leurs peuples, pour fonder une réalité historique faite d’échanges et de solidarité. « Les efforts nationaux, conjugués à  une coopération bilatérale, sont une réponse aux besoins légitimes des populations et aux impératifs de développement durable et harmonieux de tous les pays de la région » explique le Communiqué final de la réunion. Qui rappelle l’interdépendance entre la paix, la sécurité et le développement. Les ministres des quatre pays participants à  la réunion de Bamako ont également retenu le principe d’une fréquence plus soutenue de leurs consultations. C’’est ainsi qu’ils ont ainsi convenu d’une réunion ministérielle tous les six mois, dont la prochaine se tiendra à  Nouakchott, selon la règle de la rotation. l’institutionnalisation de ce cadre de concertation et d’action, précise le communiqué, ira de pair avec la mise en place de nouveaux espaces de dialogue et de coopération, dans tous les domaines qui pourront donner une impulsion aux projets de développement et d’intégration dans la région. Notamment dans les secteurs en charge de l’intérieur et des collectivités locales, des travaux publics, des transports, de l’agriculture, de l’hydraulique, du commerce, des finances, de la justice et enfin de la culture. Les conclusions de cette réunion ministérielle de Bamako seront en effet remises au président de la République du Mali. Lequel, selon nos sources, est attendu dans les prochains jours chez son homologue de l’Algérie, Abdel Aziz Bouteflika.

Conclave ministériel sous haute sécurité à Bamako

La rencontre de Bamako, qui a eu pour thème central «Â La Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transnationale Organisée », a réuni les pays ayant en commun le Comité d’Etat Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) regroupant lesdits pays. D’entrée de jeu, le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maà¯ga a estimé que la situation sécuritaire dans la région du Sahel «Â demeure grave et préoccupante ». Pour lui, elle nécessite que «Â nous conjuguions encore plus nos efforts afin de trouver les réponses les plus adéquates à  cette situation ». Le ministre Maà¯ga a souligné dans son intervention que dans le contexte actuel, l’urgence recommande «Â d’instaurer une sécurité immédiate dans la région, mais aussi une stabilité plus globale et plus durable ». « Il ne s’agit de faire des actions ad hoc sporadiques, mais d’adopter ensemble une approche commune pour faire face à  la menace », a déclaré le chef de la diplomatie malienne. Volonté commune Ses homologues n’en diront moins. Au cours de leurs interventions respectives les ministres des autres pays ( Niger, Mauritanie et Algérie ) ont mis l’accent sur les conséquences de la menace terroriste sur la stabilité dans la bande sahélo-saharienne, et la nécessité de conjuguer les efforts. «Nous devons convenir de consolider les mécanismes qui régissent les relations entre nos pays pour que des avancées substantielles soient enregistrées durant l’année 2011 en matière de coopération sécuritaire sur la zone frontalière, de consultations et de coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme», a souligné le ministre le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad MEDELCI, dont le pays a été longtemps en froid avec le Mali dans la gestion de la crise. Bamako a eu des différences d’approche avec ses voisins (notamment Alger et Nouakchott) dans la lutte contre la branche maghrébine d’Al Qaà®da. Et qui reprochaient par le passé au Mali «sa passivité» dans ce domaine, surtout après la libération des prisonniers d’AQMI contre celle du français Pierre Camatte. Les récentes visites du ministre Maà¯ga ont donc permis de vider «ce contentieux» et de repartir sur de nouvelles bases de coopération sécuritaire. Pour le ministre mauritanien, Mme Naha Mint Mouknass, C’’est un symbole. «Nous pourrons aboutir ensemble à  l’instauration progressive d’une sécurité dans l’espace commun de manière à  assurer une stabilité plus globale et durable à  travers l’harmonisation de nos évaluations, approches et méthodes d’action » ,a mentionné pour sa part la patronne de la diplomatie mauritanien. Quant au représentant nigérien, il retient que cette rencontre constitue une volonté de  rompre avec le discours de victimisation qui a prévalu jusqu’à  présent autour de la question. Selon Mohamed BAZOUM, ministre des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine et des Nigériens de l’extérieur, l’aboutissement la lutte contre le terrorisme passe par une nécessité d’actions convergentes ». La Libye s’invite dans les débats Au cours de cette journée de travail, les patrons de la diplomatie des quatre pays (appartenant à  la bande sahélo-saharienne) ont fait le point de la situation sécuritaire dans le Sahel et de la coopération régionale. La réunion de Bamako intervient un an après celle d’Alger tenue le 16 mars 2010. Elle a été, en outre, l’occasion pour les participants d’examiner l’impact de la crise libyenne sur la sécurité et la stabilité du Sahel. La rencontre a aussi permis de convenir des modalités du dialogue sécuritaire entre les pays concernés ainsi qu’avec leurs partenaires extrarégionaux. Pour les observateurs, la réunion de Bamako revêt un symbole, et un pas important dans la lutte contre le terroriste dans la bande sahélo-saharienne.