Centrafrique : la Misca devient Minusca

Une cérémonie solennelle à  eu lieu en début d’après-midi à  la base de l’aéroport de Bangui. Elle marque le transfert de responsabilités et le passage officiel de témoin de la force africaine de maintien de la paix en Centrafrique à  la mission multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en Centrafrique. La Minusca a été créée en Avril dernier par la résolution 2149 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Le premier déploiement concerne 7600 hommes, la plupart sont des soldats africains, et sera mené avec l’appui de l’opération française Sangaris et de la force européenne Eufor-RCA. Selon le général Babacar Gaye, chef de la Minusca, la « mission peut se résumer en un triptyque : protéger la population, appuyer le processus politique et contribuer à  la restauration de l’autorité de l’Etat ». Pour Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations Unies, la Musca a « réussi son mandat. Mais il est tant que la Minusca prenne la relève surtout que jusqu’à  présent il y a une forte violence communautaire ». Le secrétaire général appelle les protagonistes du conflit à  « cesser immédiatement les violences » et à  faire progresser la transition politique. La Centrafrique détient le triste record des interventions internationales sur son sol, plus d’une dizaine en vingt ans, de la Misab à  la Fomuc en passant par la Bonuca et autre Micopax, … Jusqu’à  présent, aucune n’a pu faire sortir durablement le pays du chaos. La crise actuelle a commencé en mars 2013, après le renversement du régime de François Bozizé par la rébellion Séléka. Selon un rapport récent de l’International Crisis Group (ICG), la réponse internationale s’est toujours «limitée à  trois facteurs importants mais insuffisants». Il faut revoir le fondement de l’Etat. Les précédentes missions de paix ont toutes échoué parce qu’elles ont ignorés cet aspect dispensable pour résoudre le problème. La Minusca devra relever ce défi pour aider la Centrafrique à  tourner le dos à  la violence et prendre le chemin du développement.

RCA: une nouvelle opération de l’ONU, pour quoi faire?

Une énième mission de l’ONU se déploie officiellement dans deux semaines en Centrafrique: dans un pays que la crise armée ouverte en 2013 a achevé de réduire en lambeaux. La plupart des 7.600 Casques Bleus sont déjà  présents sur le sol centrafricain dans le cadre de la force africaine Misca, qui passera sous pavillon ONU. A terme, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine) doit compter 12.000 hommes à  effectif plein. Misab, Minurca, Bonuca, Fomuc, Micopax, etc. : conséquence de son histoire mouvementée, la Centrafrique est championne des interventions militaires internationales en tout genre sur son sol – plus d’une dizaine. Sous le drapeau de l’ONU, de l’Union africaine ou d’organisations régionales, aucune n’a permis de sortir durablement le pays du marasme. Comment faire pour que la nouvelle force attendue ne soit pas, comme les précédentes, un échec? Selon son mandat, la Minusca aura pour mission de protéger les populations, soutenir la transition politique, désarmer les ex-combattants, aider à  la distribution de l’aide humanitaire et à  la protection des droits de l’homme. Mais pour beaucoup d’observateurs, il faut cette fois aller plus loin, alors que la communauté internationale s’engage une nouvelle fois à  contreC’œur. Car après des décennies d’incurie politique, puis le désastreux passage aux affaires de l’ex-rébellion Séléka (mars 2013-janvier 2014) qui a mis le pays à  feu et à  sang, la Centrafrique est aujourd’hui en ruines. Début 2014, le diplomate français Didier Niewiadowski, longtemps en poste à  Bangui, dressait dans une étude un constat accablant: la Centrafrique n’est même plus un Etat fantôme, elle est devenue « un Etat fictif ». « L’Etat n’existe plus dans ce pays. On est face au néant », renchérit un autre diplomate occidental. « Il va falloir tout repenser, tout reconstruire. Et les Centrafricains n’ont pas les capacités pour cela, disons-le clairement ». Ressusciter l’Etat Face aux crises successives, la réponse internationale s’est à  chaque fois « limitée à  trois éléments importants mais insuffisants: une présence militaire, une forte assistance humanitaire et une aide budgétaire pour assurer la survie de l’administration », explique dans un récent rapport l’International Crisis group (ICG). De même, l’intervention actuelle des 6.000 soldats de la Misca et de 2.000 militaires français « pare au plus pressé et continue d’appréhender la crise à  travers un prisme sécuritaire ». « La protection des civils est certes importante », mais cette attitude condamne la communauté internationale à  l’échec en « répétant des interventions superficielles qui ne traitent pas la principale cause de la crise: la prédation structurelle », écrit l’ICG. « Les précédentes interventions ont toutes échoué car elles ont ignoré ce problème structurel de la prédation comme mécanisme de pouvoir, sous sa forme étatique (banditisme d’Etat à  travers la corruption, les pillages et la +mise en coupe réglée du Trésor public+ notamment) comme contre-étatique (les groupes armés) », détaille le rapport. Il faut donc aujourd’hui une intervention internationale à  la hauteur de l’enjeu, selon l’ICG: « Il est indispensable de ressusciter l’Etat centrafricain comme acteur », qui devra « poser des actes effectifs aux yeux de la population ». Partenariat, cogestion, curatelle, mise sous tutelle… Ce nouveau partenariat reste à  définir entre les dirigeants de la transition et la communauté internationale, lasse de cette interminable crise. Pour M. Niewiadowski, les vieilles recettes ne marcheront pas et il faudra faire preuve d’imagination. Il sera même crucial de « reconsidérer le cadre de l’Etat unitaire centralisé », en travaillant plutôt sur une forte décentralisation et des régions plus autonomes, tout en prenant en compte la dimension transfrontalière de la crise. Et surtout, il faut éviter de « s’en remettre à  des échéances électorales » précipitées qui « donneraient certes bonne conscience (…) mais risqueraient de remettre en selle les politiciens qui ont participé au désastre actuel », souligne le diplomate. La transition actuelle doit s’achever d’ici février 2015, avec l’organisation d’élections présidentielle et législatives. « Ces élections ne sont clairement pas la priorité. D’ailleurs, personne n’en parle à  Bangui », observe un analyste régional. « L’organisation des élections n’équivaut pas à  une sortie de crise », rappelle ICG, qui avertit: « une opération de maintien de la paix n’est pas une stratégie mais un outil ».

SBM : de la grande muette à la RCA

S’il y a bien deux choses qui lient le Mali et la Centrafrique, ce sont les rebelles et maintenant Soumeylou Boubèye Maiga. L’ancien ministre de la défense malien, limogé à  la suite du fiasco de Kidal le 21 Mai dernier, vient d’être nommé vice médiateur dans la crise centrafricaine par l’Union Africaine. A défaut donc de servir le Mali et l’aider à  sortir de la crise en poursuivant la réforme des forces armées, Soumeylou Boubèye Maiga va tenter d’offrir ses bons offices à  ce pays frère qu’est la Centrafrique et o๠vivait une forte communauté malienne avant l’escalade de violence perpétrée par les rebelles de la Séléka : ‘C’est à  la fois un honneur et un immense défi à  relever pour aider ce pays frère dans la phase actuelle de son processus politique et de réconciliation nationale », a déclaré l’intéressé. Politique affûté, ancien chef des renseignements, l’homme, après l’échec de l’armée malienne à  Kidal et pour lequel il a perdu son poste de ministre, devra désormais exercer ses talents sur un front tout aussi sensible que le Nord du Mali. Mais pour certains observateurs de la scène politique, cette nomination impromptue est un moyen d’éloigner Soumeylou Boubèye Maiga du landernau politique malien. En effet, suite à  sa démission, SBM avait laissé entendre que chacun devait prendre ses responsabilités, faisant sans doute allusion aux déclarations du Premier Ministre Mara lors de sa visite à  Kidal le 17 Mai 2014 et durant laquelle, 8 fonctionnaires maliens avaient été assassinés. Cette nomination est-elle un soulagement pour SBM qui s’éloignera un temps du Mali ? N’empêche, SBM reste un fin connaisseur du champ diplomatique algérien. Son expérience aurait-elle été utile dans les pourparlers inclusifs qui s’ouvrent mardi à  Alger entre le Mali et les groupes armés du Nord ? Une expérience qui aurait pu aider les parties à  la négociation ? Trop tard désormais. Le vieux renard de la politique va prendre le chemin de la Centrafrique.

Les Centrafricains interdits de SMS

Sur instruction du Premier ministre, André Nzapayéké, le ministère des télécommunications et des postes de la Centrafrique a décidé de suspendre les SMS jusqu’à  nouvel ordre. Dans une correspondance envoyée aux directeurs des entreprises de téléphonie, le ministère a indiqué que « l’utilisation de SMS pour tous les abonnés de la téléphonie mobile est désormais suspendue à  compter du lundi 2 juin 2014 jusqu’à  nouvel ordre ». Selon le Premier ministre, cette décision vise à  contribuer à  la restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire, alors que les SMS avaient été utilisés pour des appels à  la grève ces derniers jours. Les SMS font craindre aux autorités une montée de violence dans la capitale paralysée depuis plusieurs jours suite à  un appel à  la grève des travailleurs. Dernièrement, la présidente centrafricaine avait annoncé dans les colonnes de Jeune Afrique que la flambée de violence professionnelle dans le pays était le fait d’agitateurs qui essaient de manipuler les jeunes à  des fins purement politiques. Samba Panza déplore que les avancées pour la sortie de crise ne soient pas partagés par tous. Aujourd’hui, il est impossible d’envoyer des textos à  partir de Centrafrique. Quand on essaye d’envoyer un texto, on obtient le message suivant : »votre message n’a pas été envoyé » ! Certains centrafricains pensent que cette action gouvernement est une atteinte aux libertés fondamentales des citoyens. Cette interdiction vient s’ajouter à  la longue liste des difficultés quotidiennes que vivent les centrafricains. La crise Centrafricaine qui perdure depuis mars 2013 depuis la prise du pouvoir du président Michel Djotodia soutenu par la rébellion Séléka a viré vers un conflit interconfessionnel. Ecarté du pouvoir par la milice Séléka, après une intervention militaire de l’armée française, Djotodia a été remplacé par Samba Panza qui peine à  trouver une issue aux violences dont sont victimes de nombreux centrafricains.

Camille Lepage, passionnée des « causes oubliées »

, dans l’ouest de la Centrafrique, près de la frontière avec le Cameroun, a annoncé mardi 13 mai l’Elysée. C’’est à  24 ans que la jeune Angevine s’est lancée dans le photojournalisme, après des études effectuées notamment en Angleterre. Malgré son jeune âge, Camille Lepage avait déjà  une riche expérience de reporter photographe. Elle a couvert la Révolution égyptienne en 2011 avant d’aller au Soudan du Sud, et en Centrafrique o๠elle est arrivée trois mois avant l’opération Sangaris. En 2010, à  Rue89, o๠elle est stagiaire, elle explique vouloir s’orienter vers le journalisme indépendant car il est, selon elle, « le seul digne de ce nom ». Il y a de cela six mois, deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont trouvé la mort à  Kidal au Mali. Habitués de l’Afrique et surtout des terrains sensibles, ils ont payé, eux aussi, de leur vie leur volonté de nous servir l’information. Combien sommes-nous sur le continent africain à  s’illustrer en allant au devant de l’action, au contact des parties belligérantes ? Même si on accuse souvent les médias occidentaux de parti pris, de donner une mauvaise image de l’Afrique, C’’est leurs informations que nous avons l’habitude d’exploiter. N’est-il pas temps de suivre leur exemple en allant sur le terrain afin d’écrire notre propre histoire?

Centrafrique: l’exode des musulmans continue

C’’est un convoi de dix-huit semi-remorques qui a quitté Bangui, la capitale centrafricaine, ce dimanche en milieu de journée. Escorté par des éléments de la MISCA,la force africaine déployée dans le pays depuis quelques mois. Partir pour survivre Les camions étaient chargés de meubles, bétails et autres biens, en plus de leurs propriétaires. Au total 1300 musulmans ont quitté la capitale, avec pour destination le nord de la Centrafrique. Ils avaient été contraints de rester tout le temps chez eux après s’être retrouvés piégés il y a cinq mois dans le Point kilométrique 12 (PK-12), cet étroit couloir sur la route menant vers le nord du pays, régulièrement victimes d’attaques d’anti-balaka. Ils vivront désormais à  proximité de la frontière de la Centrafrique avec le Tchad. Juste après leur départ, des centaines de jeunes, qui guettaient à  quelques dizaines de mètres des camions bondés, ont afflué sur le PK-12, o๠vivaient les musulmans, pour une scène de pillage sans précédent. Ils ne vont rien laisser, à  part les murs, car même les portes des maisons vont être démontées avant la tombée de la nuit. Pour le moment, ils sont quelques milliers de musulmans a tenter de survivre encore à  Bangui. Ils sont dans le quartier PK-5 o๠ils ne doivent leur salut qu’aux soldats burundais de la force africaine MISCA.

L’ONU approuve l’envoi de casques bleus en Centrafrique

De passage à  Bangui, samedi 5 avril, alors qu’il se rendait à  Kigali pour la célébration du 20e anniversaire du génocide rwandais, Ban Ki-moon avait dénoncé une « épuration ethnico-religieuse » et exhorté la communauté internationale à  ne pas répéter les erreurs du passé. La Centrafrique vit dans le chaos depuis le coup d’Etat de mars 2013 et connaà®t ces derniers mois une recrudescence des violences entre les milices chrétiennes anti-balaka, fidèles au président déchu François Bozizé, et les ex-rebelles de la Séléka, majoritairement musulmans. Selon les estimations, plusieurs milliers de personnes ont été tuées et 2,2 millions de Centrafricains, soit environ la moitié de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Opération extrêmement complexe La résolution, présentée par la France, donne naissance à  la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en RCA). Avec ses 12 000 hommes, cette nouvelle opération de maintien de la paix de l’ONU fait passer le nombre de casques bleus déployés dans le monde au-dessus de la barre des 120 000, un chiffre record. Ses effectifs militaires ne seront toutefois opérationnels qu’au 15 septembre. La plupart des 6 000 soldats de la Misca, la force déployée en décembre dernier par l’Union africaine, qui œuvre aux côtés des 2 000 Français de la force « Sangaris », devraient passer sous mandat de l’ONU. A l’exception des 850 militaires tchadiens, dont N’Djamena a annoncé le retrait après un incident meurtrier impliquant plusieurs d’entre eux. Dans l’immédiat, seule la composante civile de la Minusca (génie, moyens de transport, administrateurs, ingénieurs, juristes), à  même d’apporter un soutien logistique, sera déployée. La mission de ces quelque 500 personnes sera de rétablir un minimum d’Etat et d’administration, et de préparer les élections pour février 2015. « C’est un nouveau défi et une opération extrêmement complexe », explique le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, qui rappelle que « toutes les infrastructures ont été rendues inopérationnelles » et souligne la difficulté d’agir dans un pays totalement enclavé, sans accès à  la mer, avec peu ou pas de réseau routier, alors qu’approche la saison des pluies. Des compétences inédites Caractère exceptionnel de la Minusca, elle sera « évolutive », avec un mandat s’adaptant aux circonstances sur le terrain. Dans un premier temps, les priorités seront la protection des civils, l’appui au désarmement des combattants, le soutien au processus de transition politique. Et, à  terme, la reconstruction de l’Etat. « Nous ne pourrons tout faire, il y a de la place pour tout le monde : pour les acteurs des Nations unies, mais aussi pour les institutions financières internationales », précise une source à  l’ONU. En matière de maintien de l’ordre, les compétences de la mission seront inédites. La résolution l’autorise en effet à  titre exceptionnel à  adopter « des mesures temporaires urgentes » si les autorités de RCA en font la demande, « autrement dit, d’exercer les pouvoirs exécutifs de police et de justice », résume un diplomate. Ce vote intervient alors que les premiers éléments de l’Eufor-RCA, la mission militaire européenne, dont les 800 hommes seront déployés fin mai, sont arrivés sur le terrain. Mercredi, 55 gendarmes mobiles français, armés de fusils automatiques, ont commencé à  patrouiller dans certains quartiers sensibles de Bangui, notamment des enclaves musulmanes, encadrés par des soldats de « Sangaris ». L’Eufor aura pour rôle de sécuriser l’aéroport et certains quartiers de la capitale, et de former des gendarmes locaux.

La presse malienne soutient sa consoeur de la RCA

Le lancement a été fait samedi 5 mars à  la Maison de la presse à  Bamako, en présence du chef de cabinet du ministre de la communication, Sékou Traoré, des leaders religieux, du représentant de la communauté centrafricaine au Mali, Aristide Beckhodro et de nombreuses personnalités. L’objectif, d’une part, est de contribuer à  la réduction du conflit en Centrafrique, en jouant sur son segment religieux qui l’a rendu davantage complexe. D’autre part, il s’agit de partager avec les Centrafricains, l’expérience malienne du dialogue inter-religieux et de la coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans. Le GRCPRC veut aussi apporter son soutien, en procurant ordinateurs, dictaphones et appareils photos, sans fermer les yeux sur la crise qui continue de plus belle. Coexistence pacifique « Il existe chez nous au Mali, un produit précieux. C’’est un Islam tolérant, C’’est une coexistence pacifique entre frères Chrétiens et Musulmans. Nous avons des Koné musulmans et des Koné chrétiens ressortissants de la même région, pour ne citer que ce cas. Veillons sur ce tissu religieux formidable que nous pouvons exporter en Centrafrique. Si nous réussissons notre mission, notre contribution sera celle du Mali. Sinon, elle restera confinée, celle du GRCPRC. Nous avons tous intérêt à  ce qu’elle soit celle du Mali » a déclaré Boukary Daou, président du GRCPRC. « Les politiques cherchent un bouc émissaire dès qu’ils échouent. Tout le problème africain est dû à  la mauvaise gouvernance. La crise centrafricaine n’est pas une crise religieuse. Il y a des mains invisibles derrière tout ça » a affirmé pour sa part, l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali. Un bureau provisoire de neuf membres a été présenté au public au cours de cette cérémonie.

Que deviennent les Maliens rentrés de Centrafrique?

C’’est une cour immense, qui, depuis plus d’un mois, fait office de gà®te pour ces Maliens ayant fui la Centrafrique, devenue l’un des points chauds du continent. Il s’agit de celle de la Direction Générale de la Protection Civile, sise à  Sogoniko, un quartier populaire de Bamako. A l’ouest, sont dressés à  l’aide de bâches des hangars de fortune o๠trouvent refuges homme, femmes et enfants pour…fuir le soleil aussi. Les bagages sont éparpillés çà  et là . Ils sont assis, qui sur une natte, qui sur une chaise, promenant un regard abattu sur les alentours. « J’étais commerçant à  Bouguera, une ville située à  200 km de Bangui. Les anti-balakas ont attaqué la ville à  3 h du matin, tuant plus de 100 personnes parmi les Arabes tchadiens et les peuls, tous musulmans. Ils ont mis le feu aux maisons, aux mosquées. Ils ne touchaient pas aux Maliens parce que nous, on ne s’est jamais impliqués dans la politique. Mais quand la situation s’est davantage détériorée, ils ont commencé à  menacer de mort nous les Maliens aussi. ». Ces propos ne sont pas extraits d’un mauvais film, ils sont de Seyba Konaté, Malien vivant en RCA depuis 1999, mais qui a tout abandonné pour rentrer au bercail. Car depuis bientôt deux ans, la Centrafrique est entrée dans une période d’instabilité, avec le coup d’Etat contre François Bozizé par les rebelles de la coalition Seleka sous la direction de Michel Djotodia. Il y a deux mois, Djotodia, ne contrôlant plus rien ni personne, a été évincé de son poste de président pour installer la Transition dirigée par Catherine Samba Panza. Mais les Centrafricains sont loin de voir le bout du tunnel, les violences font encore rage, malgré les efforts des forces africaines et françaises déployées sur place. A la question de savoir ce qu’il pense de cette crise, Soumaà¯la Diarra, né en Centrafrique d’une mère centrafricaine, qui y a pris femme et a 4 enfants, ne passe pas par quatre chemins :« C’’est une guerre de l’ignorance et non de religion entre chrétiens et musulmans. » Pas d’autre choix que partir Ceux qui ont quitté la RCA l’ont fait faute d’autre choix. Partir, C’’est une solution, même si d’autres pensent que le départ est un aveu d’écheC’…Aà¯chétou a 27 ans. Teint clair, cheveux gominés, elle est née en RCA de parents Sarakolés. Elle n’a pas été à  l’école, faisait des petits commerces. Elle dit avoir perdu tous ses biens. « Je suis venue au Mali à  cause de la guerre. Je remercie beaucoup le gouvernement malien pour ce qu’il a fait pour nous. Non, je n’ai plus envie de retourner en RCA. Je n’ai plus rien là  bas. », a-t-elle dit en lançant un regard ému vers sa maman qui partage un plat avec 3 petites filles. A ce jour, quatre convois de Maliens ont été acheminés vers le Mali. Mais, dans ces convois, il se trouvait aussi des centrafricains qui n’ont pas hésité à  sauter dans le premier avion leur permettant de s’éloigner de l’enfer. Adossé à  un véhicule de la Protection Civile, MBringa Cherubin, banguissois, se fait photographier par son compatriote, Isa௠Sylver. Ils sont Centrafricains, chrétiens. Ils préfèrent laisser la parole à  Lewis Sambia . « J’ai quitté la RCA malgré que je sois chrétien, je n’étais même pas menacé là  o๠J’étais à  Bangui. Je ne voulais pas être dans un parti pris, m’aligner derrière les chrétiens. Mais comme ma vie commençait à  être menacée par les musulmans, le mieux C’’était de quitter. Je ne suis ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Si la RCA retrouve la stabilité, je vais y retourner. J’ai mes parents là  bas, d’autres ont été tués dans les évènements. La maison de mon père a aussi été incendiée. J’étais étudiant en Génie Civile, 2 e année. Je voulais devenir ingénieur. Je veux continuer dans la même filière au Mali. On est encore sous couvert du HCR et on cherche le statut de refugié. Pour arriver ici, ça n’a pas été facile, on a même pris des noms maliens», raconte-t-il. A l’inverse de Lewis, Nzas Nakaba Abdelaziz, musulman, lui, préfère pousser un coup de gueule. « Nous vivons dans une situation très pénible, en ce sens qu’on n’est pas nourris, protégés. Nous nous soignons nous-mêmes. Quand on part au niveau de l’infirmerie, on nous donne de l’ordonnance tout en sachant qu’on n’a pas un rond. On ne reçoit vraiment pas le traitement dû aux refugiés. Les gens HCR viennent, nous rendent visite, nous enregistrent, nous disent d’attendre les statuts. Mais on va attendre ça jusqu’à  quand ? C’’est pourquoi je tiens à  dire aux organismes internationaux et à  l’opinion publique de jeter un œil sur nous, parce que nous souffrons. La situation est vraiment difficile. »

Founé Diarra chante la détresse en Centrafrique

Une des passions de Founé Diarra est le chant lyrique, elle poursuit en ce moment sa formation au conservatoire. Quand elle a commencé à  chanter elle a bien voulu s’investir pour des causes nobles. Utiliser sa voix, la mettre au service des organismes, des associations qui œuvrent pour la paix dans le monde. Si sa voix permet d’apporter un petit plus elle est heureuse de le faire. C’’est ainsi qu’elle a été contactée par Mme Marie Christine Bissengue, la présidente de l’Association, Parfum d’Afrique France. Laquelle soutient toutes les initiatives des femmes en République Centrafricaine dans le domaine agricole, de la couture, le maraà®chage, toutes les activités génératrices de revenus. La jeune malienne a précisé qu’elle avait à  C’œur de chanter pour ce type de cause. Bien que son programme ne soit pas facile, elle s’est arrangée pour être présente à  la journée d’échanges et de débats organisée par l’association. «Je me suis dite que je pouvais apporter quelque chose à  travers ma voix » a-t-elle confié. En quoi votre voix peut-elle contribuer à  apaiser les ranC’œurs et les tensions? Déjà , je suis engagée au niveau associatif auprès de l’association Collectif des Amis de l’Afrique (C.A.A) domiciliée à  Champigny sur Marne. Nous avons organisés des événements pour la cause du Mali, qui a aussi connu la crise. A travers l’élément nous avons récolté des fonds, également des médicaments que nous avons acheminé au Mali, jusqu’aux villages les plus touchés. Quand on m’a sollicité pour la Centrafrique, J’ai voulu intervenir à  ce niveau-là . Je sais qu’il y a des gens qui font des appels aux dons, des denrées, des fonds. Si ma voix peut permettre de s’enliser par rapport au conflit, contribuer à  la réussite des événements de collecte, C’’est comme cela que J’apporterais ma pierre à  l’édifice. Votre mot pour les artistes centrafricains, touchés de près ou de loin Mon message est pour tous les artistes de manière générale, que ce soit en Afrique ou dans le monde. Qu’ils s’investissent pour les causes africaines. l’Afrique est le berceau de l’humanité, il faut se battre pour sauver le berceau de l’humanité pour que nous soyons dans le monde.

Centrafrique: les religieux s’en mêlent

Les chefs de l’Eglise catholique et de la communauté musulmane centrafricaines ont appelé vendredi à  désarmer les civils « infiltrés » dans les églises et les mosquées pour neutraliser miliciens et pillards qui terrorisent le pays malgré le déploiement de forces internationales. Face à  la persistance de violences à  grande échelle, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a quant à  lui appelé hier jeudi au déploiement rapide de 3.000 hommes en renfort des forces française Sangaris et africaine Misca,pour secourir des populations livrées aux crimes de bandes armées, particulièrement dans les zones o๠aucune force de l’ordre ni administration n’est présente. Appel œcuménique à  la paix Un appel salué par l’archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, et l’imam de la capitale centrafricaine, Oumar Kobine Layama, côte à  côte, ont conjuré tous les Centrafricains de déposer les armes. »Que tous nos frères qui ont des armes les remettent. Les militaires doivent désarmer tout le monde, dans les églises et les mosquées », a lancé l’archevêque lors d’une conférence de presse. Les deux hommes appellent en vain depuis des mois à  la fin des tueries entre chrétiens et musulmans, qui ont plongé le pays dans une crise humanitaire dans précédent avec près d’un million de déplacés sur une population totale de 4,6 millions d’habitants et un exode de la minorité musulmane de régions entières. Ce cycle infernal des tueries a été déclenché par des mois d’exactions en toute impunité contre les chrétiens perpétrées par des combattants majoritairement musulmans de la Séléka qui avaient pris le pouvoir à  Bangui en mars 2013. En réaction des milices d’auto-défense majoritairement chrétienne, les anti-balaka, se sont formées.

Martin Ziguélé, regard croisé sur le Mali et la Centrafrique

C’’est en marge du Forum de Bamako que Martin Ziguélé, nous a accordé cet entretien. Le président de l’Alliance des forces démocratiques de la transition (AFDT) jette un regard croisé sur les crises malienne et centrafricaine. s’il a lui-même été aux affaires et Premier ministre de Centrafrique entre Avril 2001 et Mars 2003 , il estime que ces crises sont le fait de ceux qui veulent saper les institutions. Son mouvement entend jouer son rôle pour que la transition centrafricaine réussisse. Journaldumali.com : La Centrafrique connaà®t une instabilité qui n’est pas sans rappeler celle que nous avons vécu au Mali ? Quel regard portez-vous sur la sortie de crise malienne ? Martin Ziguélé : Vous savez les crises qui frappent nos Etats ont deux caractéristiques : elles surviennent soudainement, mais en réalité, elles ont commencé il y a longtemps en amont. Pour le Mali, nous avons vu la crise atteindre son sommet avec le coup d’Etat de Mars 2012 et peu de temps après, la tentative djihadiste de s’emparer du pays. Quelques temps après en Centrafrique, l’Etat s’est effondré par une avancée de coalitions et de mouvements de rébellions. Le Mali a puisé en ses propres ressources pour sortir de cette situation. Aussi bien les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur et J’en ai été témoin, ont tout fait pour garder le pays au C’œur de l’agenda de la communauté internationale, en se mobilisant et grâce à  un plaidoyer intense jusqu’à  l’intervention salvatrice des Français. En Centrafrique aussi, nous nous battons pour mobiliser les forces républicaines et démocratiques en interne afin que notre pays ne sombre pas. La leçon à  tirer de tout cela, C’’est que la tolérance et le savoir-vivre ensemble sont le fondement de ces nations que nous sommes entrain de vouloir créer. Il ya eu les interventions « Serval » au Mali et « Sangaris » en Centrafrique, des interventions ponctuelles qui ont prévenu le chaos, malgré tout, on a vu les résurgences djihadistes au Nord Mali avec le Mujao ces derniers jours. A Bangui, la situation est loin d’être apaisée. Que font les forces africaines ? Vous savez, lorsqu’on parle de l’effondrement d’un Etat, il ne s’agit pas d’un mouvement isolé, mais cela veut dire que les institutions centrales sont faibles et l’institution centrale, ce sont quand mêmes les forces de défense et de sécurité. Ces forces en général n’ont jamais reçu, ni l’équipement, ni la formation, ni même la confiance nécessaire pour assumer leur mission. Et C’’est pourquoi la population sent qu’il n’y a pas une armée au profit des ennemis de la république. Cela montre qu’il y a un problème dans l’armée et dans d’autres institutions du pays sans légitimité, crédibilité, ni contenus. Au final, l’état s’effondre et toutes les digues tombent successivement. Vous qui avez été aux affaires, estimez-vous que Catherine Samba Panza, qui dirige la transition, sera à  la hauteur ? Madame Samba Panza est une femme très forte, sur le plan mental. Elle s’est toujours battue jusquÂ‘à  être cadre dans le secteur privé et dans d’autres postes de direction. Ensuite, elle a crée sa propre entreprise, s’est investie dans le champ social en participant à  plusieurs reprises dans les mécanismes de suivi du dialogue en Centrafrique. Elle a été présidente de l’association des femmes juristes en Centrafrique, défenseur des droits de l’homme avant d’être maire de Bangui jusquÂ‘à  la présidence de la transition. Je lui fais confiance et il faut qu’elle réussisse sa mission. Si elle échoue, C’’est le pays qui va sombrer. Si elle échouait, ce serait aussi l’échec de la classe politique centrafricaine dont vous faà®tes partie ? Non Madame, C’’est toute la nation qui échouerait! Nous devons tous la soutenir parce qu’elle représente la dernière chance pour notre pays. Vous voyez les atrocités, tous les jours et les déchirures de la société centrafricaine, alors comme femme et comme mère, comme celle qui donne la vie ou a donné la vie, J’espère qu’elle va redonner de l’espoir à  notre pays et je vous assure, que ce soit moi, ou mon parti politique, l’alliance des forces démocratiques pour la transition, qui est l’ancienne opposition, que je dirige, nous la soutenons de manière inconditionnelle. Vous pensez que le retour à  la stabilité politique va se faire rapidement comme la transition malienne ? Je pense que la lecture qui est faà®te de la situation en Centrafrique commence à  devenir réaliste. Maintenant, les uns et les autres ont compris que les milices qu’on qualifiait de milices chrétiennes sont en fait des milices militaro-politiques et qui voulaient déstabiliser durablement la transition. Maintenant, cela a été compris. On a voulu donner un aspect religieux au conflit ? La RCA comme le Mali, le Burkina, le Niger, la Côte d’Ivoire, comme tous les pays africains ont des communautés de différence de religion et d’origines et s’il fallait faire la guerre parce que vous êtes chrétien et que je suis musulman, il n’y aurait aucun pays en Afrique, qui serait en paix. Pourquoi est-ce en Centrafrique seulement qu’on voit cela, C’’est parce qu’il y a une instrumentalisation, une indexation de communautés, par des gens qui ont perdu le pouvoir et qui pensent revenir aux affaires par ce biais. Est-ce que les médias internationaux n’exacerbent pas ce côté? Non, les médias ne relatent que ce qu’ils voient. Ils cherchent à  comprendre et à  faire comprendre. Mais je vous le concède, les médias ont utilisé un terme impropre, C’’est de dire que ces milices sont des milices chrétiennes ; Moi je suis chrétien et le premier message des chrétiens, C’’est aime ton prochain comme toi-même ! Aucune religion au monde n’enseigne de tuer son prochain. Si Dieu qui nous a crée, et qu’il nous a donné diverses voies de le prier, il ne peut pas nous demander de nous entretuer. Ceux qui utilisent la religion blasphèment. Et je crois que la sagesse prévaudra, la paix reviendra et on saura qui sont les vrais coupables, et il faudra que justice se fasse. Je me réjouis de l’appel de Mme Bensouda de la CPI sur l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les crimes commis en RCA. Parce que C’’est l’impunité qui est à  la source de ce qui se passe en Centrafrique ? Comment jugez-vous la médiation au Nord du Mali et la reprise du dialogue avec les groupes armés ? Je suis un républicain et je pense qu’il ne faut jamais faire l’économie du dialogue, même quand l’adversaire n’est pas de bonne foi. La solution est politique ; La vie en société est politique. Et la politique vient du mot latin qui veut dire la cité. Il faut toujours dialoguer. Un homme de bonne volonté ne se décourage jamais et le message qui peut germer comme un grain apportera la paix.

Unicef demande 46 millions de dollars pour les enfants de Bangui

L’UNICEF a distribué des fournitures médicales d’urgence aux hôpitaux de Bangui après les affrontements de ces derniers jours, qui ont fait des centaines de morts et obligé des milliers de personnes à  se déplacer. « Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, les enfants de la République centrafricaine ne sont pas en sécurité. Ils risquent d’être blessés ou tués dans leurs foyers, dans leurs communautés, et même sur les sites o๠ils ont été déplacés. Cela est totalement inacceptable » a déclaré un responsable de l’UNICEF. La Croix-Rouge locale a déclaré que, de jeudi dernier à  lundi matin, près de 400 personnes avaient été tuées, dont trois enfants. Les informations préliminaires recueillies par l’UNICEF font état d’une trentaine d’enfants blessés par balles ou à  coups de machette et qui sont pris en charge à  l’Hôpital communautaire et au Centre de pédiatrie, à  Bangui. Deux jours après le début des affrontements à  Bangui, l’UNICEF a distribué des fournitures médicales essentielles en quantité suffisante pour 3 000 personnes à  l’Hôpital communautaire, o๠la plupart des gens blessés sont soignés. Dimanche dernier, les équipes de l’UNICEF ont donné des fournitures médicales d’urgence, permettant de soigner 1 000 enfants, au Centre pédiatrique de Bangui, le seul hôpital pour enfants du pays, qui a accueilli beaucoup d’enfants victimes de violences. Des vêtements ont été donnés aux enfants rescapés et les chambres ont été équipées de ventilateurs électroniques avec l’appui de l’UNICEF. Partout o๠la sécurité et les conditions d’accès le permettent, à  Bangui et ailleurs dans le pays, l’UNICEF et ses partenaires humanitaires intensifient leurs activités pour fournir aux familles touchées par la violence une aide d’urgence. Un avion-cargo rempli de fournitures humanitaires – trousses médicales d’urgence, fournitures nutritionnelles et autres articles indispensables – pour 3 000 familles devrait atterrir à  Bangui dans les prochains jours. Comme l’UNICEF avait reçu, à  la fin novembre, moins de la moitié des fonds nécessaires aux financements des besoins humanitaires pour 2013, l’organisation demande quelque 46 millions de dollars pour secourir les enfants touchés par la crise en République centrafricaine en 2014. Pour sa part depuis 2012, l’UNICEF France a en transféré plus de 1,6 million d’euros pour financer les programmes de terrain en RCA en faveur des enfants et de leurs familles. Des milliers de familles déplacées ont encore besoin de toute urgence d’accéder à  un logement, à  de l’eau salubre, à  des moyens d’assainissement, à  de la nourriture, à  une protection et à  des services de santé d’urgence. Elles courent un grand risque de contracter des maladies mortelles, ont noté les équipes de l’UNICEF sur le terrain.

Paix en Centrafrique: « les artistes ont leur mot à dire »

Les artistes ont « leur mot à  dire », a affirmé le chanteur sénégalais à  l’AFP lors de l’enregistrement de la chanson. « Quand il y a des événements (comme les violences en Centrafrique) (…) la musique nous permet de prendre des raccourcis » pour parler à  un large public, poursuit-il. « Nous pouvons participer à  amener la paix dans ce pays qui nous est si cher, (…) la population là -bas va écouter et nous sommes prêts aussi à  aller leur parler » en cas de besoin, a-t-il déclaré. « Je n’arrive même plus à  en parler tellement je suis meurtrie, a affirmé Idylle Mamba. C’’est vrai que je vis depuis un moment déjà  à  Douala [Cameroun], mais J’ai toute ma famille qui est restée là -bas. Je suis née là -bas, J’ai grandi là -bas et je n’ai jamais vu ça. On avait des voisins musulmans. Moi, dans ma famille, ma sœur est mariée à  un musulman. Et C’’est important, C’’est nécessaire, que l’on essaye de se pardonner » a t-elle indiqué. Par ailleurs, l’ancien ministre sénégalais de la culture s’est dit affligé par les images de Centrafrique qu’il a vues montrant « des musulmans et des chrétiens se battre dans un même pays, (sur) une même terre ». S’adressant aux Centrafricains, il tient à  dire que « ce n’est pas un obstacle d’avoir des religions différentes, c’est plutôt une richesse ». Il s’est également dit prêt à  se rendre dans le pays.

Bamako: les réfugiés centrafricains appellent à l’aide

Un groupe de jeunes hommes, deux femmes et quelques enfants sont regroupés sur la terrasse dans la cour de la Direction Générale de la protection civile. C’’est ici que ces Centrafricains sont logés depuis leur arrivée à  Bamako, fuyant les hostilités à  Bangui. ‘’Nous recevons les trois repas dans la journée, nous bénéficions également de soins gratuits. Toutefois, quand ce sont des médicaments qui manquent, le médecin nous donne une ordonnance, or nous n’avons pas les moyens de nous les payer » explique Fodéba Kaba, âgé d’une cinquantaine d’années, il est là  avec son épouse et trois enfants. Ils sont arrivés au Mali grâce à  des vols affrétés spécialement par le gouvernement malien en collaboration avec l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). Assis sur un bac à  côté d’autres jeunes hommes, M. Kaba scrute l’horizon tout en se tâtant le menton, comme à  la recherche d’une éventuelle solution pour sortir de là  tout de suite ‘’nous ne connaissons personne ici, C’’est le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui devrait venir à  notre secours car nous sommes des Centrafricains, donc des réfugiés au Mali » scande-t-il. ‘’En ce qui concerne la prise en charge par le HCR, ils doivent faire une demande adressée au ministère de l’administration territoriale. Le circuit sera suivi pour que le HCR puisse les prendre en charge ensuite. Ces demandes seront rassemblées et envoyées lundi » explique Lt Nouhoum Coulibaly, directeur du centre d’accueil. Lewis Sambia, un mètre 70, teint noir, avec une barbe, vêtu d’un tee-shirt bleu et d’un jean de même couleur s’avance les mains dans les poches. Cet étudiant en 2e année de ‘’Génie civile » à  Bangui, voudrait accéder à  l’université de Bamako : ‘’Les cours étaient arrêtés à  Bangui à  cause des hostilités, nous avons fui pour venir ici avec l’espoir de reprendre l’école. Je ne connais pas la ville, je ne sais pas comment faire pour m’inscrire. D’ailleurs je n’ai même pas d’argent » lance-t-il tout en sollicitant l’aide du HCR à  son tour. ‘’Je suis venue avec 10 enfants. Cinq sont les miens et les cinq autres sont ceux de mon frère. Nous sommes bien logés ici à  la protection civile mais le problème est que nous ne disposons pas de moustiquaires ni de couvertures » affirme Mberreti Nadine, réfugiée centrafricaine à  Bamako. ‘’C’’est vrai qu’ils n’ont pas de moustiquaires mais nous sommes en train de chercher une solution pour cela. Cependant, ils ont tous des couvertures » soutient Lt Nouhoum Coulibaly, directeur du centre d’accueil de la protection civile à  Sogoniko. Un millier de Maliens et d’autres nationalités d’Afrique ont quitté Bangui pour Bamako au début de mois de janvier. Ils ont été pris en charge par la protection civile. Plus de 80 % ont pu être accueillies dans des familles au Mali. Les Sénégalais, Gambiens et Guinéens qui étaient dans le groupe ont été pris en charge par leurs représentations diplomatiques et rapatriés dans leurs pays respectifs.

RCA: Catherine Samba Panza élue présidente de transition

Elle aura pour mission première de ramener la paix dans un pays déchiré par des tueries interreligieuses. Depuis le début de la crise, elle n’a eu de cesse de dénoncer les exactions et d’appeler toutes les parties du conflit à  déposer les armes. La nouvelle présidente centrafricaine a recueilli au second tour de scrutin 75 voix, devançant l’autre candidat, Désiré Kolingba, fils d’un ancien chef de l’Etat, qui a obtenu 53 suffrages, selon les résultats lus dans la salle et suivis d’applaudissements de l’assistance qui a entonné l’hymne national centrafricain. Aucun des huit candidats au poste de président de transition n’avait obtenu la majorité absolue au premier tour. Lors de sa prise de fonctions en juin dernier, Catherine Samba-Panza avait indiqué avoir trouvé une « ville en état de délabrement total, avec des besoins importants en termes d’eau, d’assainissement, de santé, d’éducation ». Elle succède à  l’ex-président Michel Djotodia, contraint à  la démission le 10 janvier pour son incapacité à  mettre fin aux tueries interreligieuses. A Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont approuvé lundi le lancement d’une opération militaire de l’Union européenne (UE) en Centrafrique, en appui aux forces africaine et française, avec des soldats – leur nombre pourrait s’élever à  500 – qui seraient chargés d’aider à  la sécurisation de Bangui, a-t-on indiqué de source officielle. Toujours à  Bruxelles, les pays donateurs se sont engagés à  débloquer près de 500 millions de dollars pour la Centrafrique en 2014, ont indiqué l’UE et l’ONU. Ils « se mobilisent totalement pour tenter de mettre fin à  la grave crise » humanitaire de la Centrafrique, qui « a été si longtemps oubliée », a déclaré la commissaire européenne à  l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva. à‰lections générales prévues au plus tard au premier semestre 2015 La nouvelle élue va prêter serment devant la Cour constitutionnelle provisoire avant la formation d’un nouveau gouvernement. Elle aura peu de temps pour arrêter l’implosion du pays: selon le calendrier de la transition, des élections générales doivent être organisées au plus tard au premier semestre 2015, la France souhaitant pour sa part qu’elles se tiennent en 2014.

RCA: Djotodia parti, retour mitigé de l’espoir

Vendredi 10 janvier. Après avoir démenti quelques heures plus tôt la rumeur faisant état de sa démission, le président de la transition centrafricaine annonce qu’il renonce » au pouvoir pour permettre à  son pays de sortir de la crise qui dure depuis quelques semaines et a déjà  fait des milliers de morts. Dès la fin du sommet de N’Djamena (Tchad) Djotodia a pris la direction du Bénin, dans un avion affrété par la présidence tchadienne. Dans ce pays, il ne sera guère dépaysé, y ayant vécu des années et épousé une béninoise. Après la fête, les interrogations Quelques minutes après l’annonce par RFI de l’information, c’est d’abord la peur , le sentiment le mieux partagé à  Bangui. C’est la débandade, les commerçants ferment boutique, les parents ramènent leurs enfants à  l’intérieur des maisons. Mais ce sentiment est de courte durée. S’en suivront rapidement des scènes de liesse, mais elles ne sont pas très nombreuses. Pour la plupart des centrafricains, « tant que la Séléka est en ville et armée, ce n’est pas encore la joie. C’est juste le soulagement… » dira Hippolyte à  un journaliste de l’AFP. Pas vraiment entendu parler de la Séléka, même si quelques exactions ont encore eu lieu ça et là . On se surprend donc, dans les rues de Bangui, de Bossangoa et d’ailleurs, à  espérer. Un nouveau président dans 15 jours, situation encore tendue Pour mener les consultations et doter le pays d’un nouvel exécutif, un homme aura la tâche difficile. Il s’agit de Alexandre-Ferdinand Nguendet, président du Conseil national de transition, qui assure l’intérim. Les parlementaires disposeront de quinze jours pour trouver un successeur à  Michel Djotodia, mais les parrains de la région et la France les poussent à  choisir au plus vite. Plusieurs noms circulent à  Bangui, mais il est encore trop tôt pour déterminer celui qui sera chargé de mener le pays à  de nouvelles élections. En attendant, il faut trouver une solution au problème sécuritaire. De nouvelles violences et des pillages ont eu lieu ce week-end en plusieurs points de la capitale. Les ressortissants étrangers, et particulièrement ceux de confession musulmane, continuent de fuir le pays, o๠ils continuent d’être pris à  partie par les populations. Les chrétiens ne sont pas non plus à  l’abri. Dans l’église évangélique des Frères, devenue un camp de réfugiés, Pierrot, lui, ne veut plus entendre parler de cohabitation. « Ils viennent nous demander pardon avec des armes dans le dos. Les musulmans balancent des grenades dans les maisons. Ils ont incendié ce matin mon domicile », grogne ce diplômé en linguistique recyclé en couturier. Dans le centre de santé qui jouxte le site de l’église, à  16 heures, le personnel avait déjà  recensé 36 blessés et 8 morts, certains touchés par des éclats de grenade dans l’enceinte même de l’hôpital. Le président par intérim Nguendet semble vouloir faire évoluer la situation. Il a prononcé le soir même de son retour de N’Djamena, un discours solennel à  la Nation, appelant chacun à  déposer les armes. Il s’est ensuite rendu dimanche au tribunal de grande instance de Bangui, o๠la Cour constitutionnelle de transition en manteaux d’hermine a pris acte de la démission de son prédécesseur et l’a chargé de procéder à  la nomination de son successeur. Puis, il a rendu visite aux 150.000 déplacés entassés depuis un mois à  l’aéroport M’Poko, leur garantissant la sécurité et les appelant à  rentrer chez eux.

Centrafrique : démission du président Michel Djotodia

Le Président de la transition centrafricaine, Michel Djotodia ne démissionnera pas, avait démenti la présidence par la voix de son porte-parole, Kodegue Guy Simplice, lorsque l’info circulait il y a quelques jours. Annoncé pour hier, c’est finalement aujourd’hui que les premiers responsables de la RCA ont présenté leur démission. Les chefs d’Etat de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique Centrale (CEEAC) étaient réunis depuis hier en sommet extraordinaire à  N’Djamena pour évoquer son départ. Les tractations se sont tenues jusqu’à  4 heures, entre les membres du Conseil national de transition centrafricain (CNT), des proches du chef de l’Etat centrafricain issus de l’ex-rebellion Séléka qui a pris le pouvoir à  Bangui en mars, et des représentants de milices antibalaka, hostiles à  Michel Djotodia, président par intérim auto-proclamé depuis le 24 mars 2013. La communauté internationale reproche au président de ne pas avoir mis fin aux violences inter religieuses et aux exactions dans son pays. Aujourd’hui, l’objectif est de rétablir l’ordre dans le pays et d’organiser le plus rapidement possible des élections qui permettront de rétablir la paix. Aux cris de « Djotodia démission », plusieurs milliers d’habitants de Bangui manifestaient vendredi aux abords du quartier de Boy-Rabe, non loin de l’aéroport, sous la surveillance de soldats français et de la force africaine (Misca). En début d’après-midi, au moins quatre chars français de type Sagaie ont pris position près du palais présidentiel à  Bangui. Le camp De Roux, o๠est cantonnée la garde de M. Djotodia depuis le début de l’opération française Sangaris le 5 décembre, se trouve non loin du palais présidentiel et de nombreuses armes lourdes y sont entreposées.

CEAC: un sommet pour sauver la Centrafrique

Cette nouvelle rencontre se tiendra ce jeudi 09 janvier, à  l’initiative du chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, président en exercice de l’organisation et dont l’armée joue un rôle majeur dans la Misca. Les dix pays d’Afrique centrale se retrouveront à  N’Djamena sur la crise en Centrafrique, au moment o๠la France pousse pour une montée en puissance au plus vite de la force africaine. Aucun ordre du jour n’a été rendu public pour ce sommet, dont la convocation, selon une source diplomatique, « n’est pas étrangère » à  la tournée dans la région la semaine dernière – notamment à  N’Djamena o๠il s’est entretenu avec le président Déby – du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. L’UA, comme la France, cherche toujours plus de troupes pour la Misca, forte actuellement d’environ 4.000 hommes. Or le Tchad, puissant voisin tutélaire de la Centrafrique, possède l’une des armées les plus aguerries de la région. Mardi M. Le Drian a estimé que la France n’avait pas « dans l’état actuel des choses » de raisons « particulières » d’envoyer des renforts. A Bangui, la situation sécuritaire s’est sensiblement améliorée et les tueries à  grande échelle de ces dernières semaines ont progressivement cessé. La ville a retrouvé une activité quasi-normale mais des exactions et des tirs sporadiques sont encore signalés presque toutes les nuits, comme de mardi à  mercredi, malgré le déploiement massif des soldats français de l’opération Sangaris et de ceux de la force africaine (Misca). Le président congolais, et médiateur africain dans la crise, Denis Sassou Nguesso, et Idriss Déby « voudraient rebattre les cartes car ça ne marche pas bien et il faut prévoir un plan B », a commenté une source diplomatique occidentale. Depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à  dominante musulmane, la Séléka, dirigée par Michel Djotodia, la Centrafrique a été emportée dans une spirale de violences communautaires et inter-religieuses. Les accords politiques actuels interdisent à  tous ceux qui gèrent la transition d’être candidat aux futures élections. Donc tous les chefs de partis refusent de participer à  la transition en cours, ce qui bloque toute tentative d' »union nationale ».

Centrafrique : rapatriements en cascade

Il faut fuir, quitter Bangui à  tout prix. C’est le mot d’ordre pour les nombreux ressortissants étrangers installés dans la capitale centrafricaine en proie à  la violence la plus extrême. D’après les derniers, les milices chrétiennes d’autodéfense anti-balakas [anti-machettes en langue Sango], formées après la prise du pouvoir par les rebelles de la Séléka, s’en prennent désormais à  tous les musulmans présents en Centrafrique. D’o๠l’urgence de partir. Après les Français, les Sénégalais, les Tchadiens qui ont déjà  rapatrié leurs ressortissants, au tour des Maliens, avec 500 âmes attendues à  Bamako ce lundi. Leur arrivée initialement prévue dimanche 5 janvier a été finalement reportée. A l’ambassade du Mali à  Bangui, c’est l’espoir mêlé à  la peur : « Je suis née ici, je n’ai jamais mis les pieds au Mali, C’’est la première fois que J’y vais », explique Aissatou Sissoko, qui attend le dernier appel dans la cour de l’ambassade avant d’être acheminée vers l’aéroport. Comme elle, la plupart des Maliens de Centrafrique dans l’attente de leur rapatriement laissent tout derrière eux. « Je ne pense pas revenir un jour, affirme Asmaou Isilla sur le chemin de l’aéroport. Ils ont détruit nos maisons, brûlé nos camions… Je suis très triste de laisser mon pays », un témoignage recueilli par France 24. Depuis début décembre, les violences entre musulmans et les chrétiens anti-balakas ont provoqué la mort de plus d’un millier de personnes, malgré le déploiement de 1 600 soldats français et de près de 4 000 soldats de la paix africains. Le nombre de déplacés s’élèverait, selon l’ONU à  quelque 935 000 personnes, provoquant une crise humanitaire de grande ampleur.

267 Maliens de Centrafrique arrivent à Bamako

Les Maliens venus de Bangui étaient accompagnés par l’ambassadeur du Mali au Gabon. « Nous sommes heureux d’accompagner ces Maliens, qui pour la plupart ne connaissent que la Centrafrique comme pays d’accueil. Aujourd’hui ils sont comme des réfugiés au Mali, dans cet avion il y a trois générations, ils sont âgés de 1 à  102 ans » révèle Diadié Yacouba Dagnoko, ambassadeur du Mali au Gabon. Maà¯mouna Diallo vêtue d’un ensemble wax, s’avançait avec ses deux petites filles, les yeux hagards, la dame semble pensive. « Je vis à  Bangui il y a de cela trente ans, nous n’avons jamais eu de problème là  bas. Aujourd’hui, la guerre nous a obligés à  quitter ce pays. A ma connaissance, un Malien a perdu la vie, il a été tué par les anti-balakas » témoigne-t-elle. Les 267 personnes ont quitté l’avion d’Ethiopian Airlines affrété pour l’occasion. Essentiellement des femmes et des enfants étaient dans ce vol. Ils sont maintenant arrêtés sur le tarmac et attendent les instructions. Des fiches en main, avec mention des civilités, une photo collée dessus et un tampon qui marque la date du 5 janvier. Deux cars les attendent pour les amener à  la protection civile afin qu’ils puissent s’y reposer et recevoir de quoi manger jusqu’au lendemain. Dès ce mardi, « des dispositions seront prises pour les accompagner dans leurs villages d’origine ou encore chez leurs parents respectifs selon les lieux o๠ces derniers se trouveront » explique Abdramane Sylla, ministre des Maliens de l’extérieur. Ce rapatriement a été organisé par le ministère des Maliens de l’extérieur en collaboration avec l’ambassade du Mali au Gabon qui s’est occupé du recensement et du rassemblement des personnes concernées. Il est à  signaler que le Mali ne possède pas de représentation diplomatique en Centrafrique, les Maliens vivant là  bas relèvent donc de l’ambassade du Mali au Gabon. Un autre avion devrait atterrir mardi 07 janvier 2014 à  Bamako transportant 267 autres Maliens. Environ 2 000 (deux mille) autres Maliens se trouvent aujourd’hui en Centrafrique, selon le ministre des Maliens de l’extérieur, Abdramane Sylla, « d’autres avions après celui de mardi seront affrétés pour pouvoir rapatrier le plus de Maliens de Bangui qui le souhaitent ». Les services de la protection civile ainsi qu’une équipe médicale étaient présents à  l’aéroport. Ils sont prêt à  évacuer les personnes qui auraient besoin de soins immédiats « C’’est la règle en cas de rapatriement, nous venons nous assurer de la bonne santé des arrivants. s’il y a des personnes dont létat nécessite des soins, nous les évacuons ou nous leur donnons les premiers soins sur place » raconte le médecin chef. à‚gée d’une quarantaine d’années, Hawa Cissé a atterri avec ses trois garçons. Ils ont entre 8 et 3 ans. « Je suis venue avec mes petits garçons. Leur père est resté là  bas, il a préféré nous faire sortir en premier, il viendra peut-être par un autre convoi. J’ai ma grande sœur ici, J’irai chez elle » confie-t-elle. Quant à  Ibrahima Sylla, visiblement touché par les conflits à  Bangui, il exprime son amertume « je suis dégoûté, les anti-balaka sont en train de tuer les gens en désordre, cela n’est pas pardonnable, ils sont cruels vraiment. De nombreuses personnes ont perdu la vie, les musulmans sont persécutés. Nous remercions le gouvernement malien d’avoir organisé ce rapatriement. Mais d’autres Maliens sont encore là  bas et souffrent beaucoup. Personne n’a nulle part o๠aller encore ». Ibrahima discute avec sa sœur, ils sont arrivés dans leur pays le Mali, leur pays d’origine. La plupart d’entre eux sont nés et ont grandi en Centrafrique, ils parlent la langue locale du pays et ne savent pas tous s’exprimer en bamanan, langue locale du Mali.

500 Maliens vont être rapatriés de Centrafrique

Les vols seront assurés par la compagnie Ethiopian Airlines et l’accueil par le ministère des Maliens de l’extérieur, avec l’appui des départements en charge des finances, de la protection civile et des Affaires étrangères. Ces opérations seront les premières à  être organisées par le gouvernement malien depuis le début de la crise centrafricaine. Les vols seront assurés par la compagnie Ethiopian Airlines et l’accueil par le ministère des Maliens de l’extérieur, avec l’appui des départements en charge des finances, de la protection civile et des Affaires étrangères. Ces opérations seront les premières à  être organisées par le gouvernement malien depuis le début de la crise centrafricaine.

Centrafrique: intervention française « immédiate »

«Vu l’urgence, j’ai décidé d’agir immédiatement, c’est-à -dire dès ce soir, en coordination avec les Africains et avec le soutien des partenaires européens». A l’issue d’un conseil restreint de défense à  l’Elysée, le président François Hollande a lancé dans l’urgence jeudi soir l’opération «Sangaris» en République centrafricaine. Quelques heures plus tôt, l’ONU donnait son feu vert, via une résolution adoptée à  l’unanimité, pour intervenir dans ce pays livré au chaos. Cette résolution autorise les soldats français à  «prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca (force africaine en RCA) dans l’accomplissement de son mandat». L’objectif: rétablir la sécurité. Le secrétaire général de l’ONU s’est félicité de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2127 qu’il considère comme « une étape importante et opportune ». Ban-ki-Moon « salue les efforts des forces françaises » et souligne l’importance « d’un déploiement rapide de la Mission internationale de soutien à  la République centrafricaine sous conduite africaine (Misca) » pour protéger les civils. La France en attendant l’Afrique La force africaine doit compter jusqu’à  3.600 hommes, mais n’en rassemble pour l’instant que 2.500, mal équipés et entraà®nés. Paris dispose déjà  sur place d’environ 650 hommes, mais ces effectifs seront «doublés d’ici quelques jours pour ne pas dire quelques heures», a promis François Hollande. Près de 350 militaires français stationnent actuellement au Cameroun, dont une partie devrait franchir la frontière centrafricaine par la route. L’UE examine dès à  présent les moyens d’assister cette force, avec «plusieurs options», principalement «financières», tandis que la Grande-Bretagne a déjà  proposé une «aide logistique limitée» à  la France Violents combats ce jeudi en RCA La journée du jeudi 5 décembre a été marquée par de nouvelles violences. Dès l’aube, des tirs assez fournis d’armes automatiques, de mitrailleuses et de mortiers ont été entendus dans plusieurs quartiers de Bangui, la capitale de Centrafrique. « Les premiers tirs ont été entendus vers 4h du matin. D’abord au nord de la ville puis peu de temps après au sud de la ville, essentiellement dans les quartiers de Kassa௠et de Boy-Rab », rapporte un journaliste de France 24. « Il semblerait qu’il s’agisse d’attaques de milices anti-Balaka (« anti-machettes », en langue sango) sur des cantonnements des forces armées centrafricaines et notamment le camp militaire de Kassaà¯. Ces milices soutiennent l’ancien président Bozizé et s’opposent à  l’ex-Séléka, l’alliance qui a pris lele journaliste Matthieu Mabin, qui a pu observer « des mouvements de troupes dites ex-Séléka, donc aujourd’hui forces armées centrafricaines, vers le nord de la ville ». Au fil des heures, les tirs ont diminué d’intensité. De son côté, le président centrafricain de transition Michel Djotodia a annoncé l’extension immédiate de quatre heures du couvre-feu, imposé désormais de 18H à  6H. Comme les jours précédents, les militaires français du détachement stationné à  l’aéroport ont mené des patrouilles dans la ville.

Centrafrique: Djotodia d’accord avec la CEEAC

Ce jeudi matin, M. Djotodia a reçu à  Bangui une délégation composée des ministres des Affaires étrangères des pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et de représentants de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la francophonie. Le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, a déclaré approuver la mise en place d’un processus de transition démocratique prévoyant la désignation d’un président pour moins de 18 mois. Les chefs d’à‰tat d’Afrique Centrale avaient tracé la veille les grandes lignes de la transition lors d’un sommet extraordinaire de la CEEAC à  N’Djamena, la capitale tchadienne. à‰lections dans 18 mois, Djotodia pas reconnu « président » Selon l’annonce faite par le président tchadien Idriss Deby, un Conseil national de transition (CNT) formé par toutes les composantes de la société centrafricaine désignerait un président pour une période qui ne devrait pas excéder 18 mois. Cet organe serait chargé de rédiger une nouvelle Constitution et jouerait également le rôle législatif d’une Assemblée. « J’en ai discuté avec le chef de l’Etat qui a marqué son accord pour que cette solution soit retenue », a affirmé jeudi le Premier ministre Nicolas Tiangaye. « Dès l’instant o๠toutes les composantes de la société feront partie de cette institution, c’est un gage de légitimité et de légalité qui permettrait de donner plus de poids à  nos institutions », a-t-il dit, jugeant que la Centrafrique éviterait ainsi « d’être mise au ban de la communauté internationale ». Le Séléka avait renversé le 24 mars le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans. Puis, le 30 mars, M. Djotodia s’était autoproclamé président en annonçant qu’il « remettrait le pouvoir » en 2016, au terme transition de trois ans. Mais le président du Tchad, très influent en ce qui concerne la Centrafrique, a conclu mercredi: « En l’état actuel des choses, il est impossible de reconnaà®tre un président autoproclamé ». Djotodia toujours maà®tre du jeu Ces schémas pourrait en fait permettre à  M. Djotodia de rester au centre du jeu s’il devenait le président désigné, des élections n’étant prévues qu’en 2015. « On peut penser que sera M. Djotodia » qui accédera à  la présidence, a estimé l’ambassadeur de l’Union européenne à  Bangui, Guy Samzun. Celui-ci « n’est pas du tout rejeté du processus, au contraire », a estimé le diplomate. Pour un ancien proche du régime Bozizé ayant requis l’anonymat, le « Séléka a gagné et on ne peut pas le faire disparaà®tre comme ça ». « Raccourcir le délai de transition est une bonne chose également. Si on voit que ce n’est pas réalisable, on peut prolonger ». L’ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, présent au sommet, a également réagi positivement: « La décision des chefs d’Etat est (…) un moyen de donner une légitimité à  un homme ou une femme qui aura la redoutable tâche de mener cette transition ». Exil béninois pour Bozizé Le président sud-africain Jacob Zuma, invité au sommet de N’Djamena, y avait annoncé le retrait des troupes sud-africaines de Centrafrique. Officiellement, ces militaires sud-africains étaient à  Bangui dans le cadre d’un accord de coopération bilatérale portant sur la formation de l’armée centrafricaine. L’autre annonce phare de ce sommet a été l’exil accordé par le Bénin à  l’ex-président François Bozizé. Ce dernier réfugié au Cameroun depuis le coup d’à‰tat avait envoyé une requête à  Yayi Boni qui était restée lettre morte. Présent au sommet, le chef de l’à‰tat béninois s’est dit prêt à  accueillir le président centrafricain déchu. Les chefs d’Etat d’Afrique centrale avaient appelé le président Thomas Yayi Boni à  accueillir François Bozizé « en tant que frère ».

Sommet: la CEEAC au chevet de la Centrafrique

Plusieurs chefs d’Etat participent à  ce sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) dans la capitale Tchad. Le président Zuma a fait le déplacement avec trois de ses ministres (Relations internationales et Coopération, Défense, Sécurité d’Etat), signe de l’importance de cette épineuse affaire pour l’Afrique du Sud. Sont également sur place les chefs d’Etat congolais Denis Sassou Nguesso, béninois Thomas Yayi Boni, gabonais Ali Bongo Ondimba et équato-guinéen Téodoro Obiang Nguema. Retour à  l’ordre constitutionnel Il sera notamment question de « l’habillage constitutionnel » qui devra donner un semblant de légitimité au nouveau régime centrafricain que la communauté internationale n’a pas reconnu. Une des idées est de revenir, avec quelques aménagements, à  la Constitution suspendue par le nouvel homme fort de la Centrafrique, Michel Djotodia. Il s’agirait de « refuser la présidence de la République au président de l’Assemblée nationale à  qui elle revient » normalement en cas de vacance du pouvoir, pour créer à  la place « un Conseil national de transition dirigé par Michel Djotodia » et ainsi « retrouver un peu de légalité internationale », selon une source diplomatique. La communauté internationale, à  qui la Centrafrique a demandé une aide d’urgence, devrait presser M. Djotodia et exiger des garanties quant à  son départ du pouvoir, annoncé pour 2016, voire accélérer la transition censée mener à  des élections libres et transparentes. Un exercice qui a ses limites. « Il ne faudrait pas qu’on déshabille ou humilie M. Djotodia. Il ne faut pas oublier qu’il y a 3.000 (rebelles de la coalition) Séléka en ville », dit une source proche du gouvernement. M. Djotodia, sauf surprise, ne devrait pas être présent à  ce sommet, contrairement au Premier ministre Nicolas Tiangaye, avocat issu de l’ancienne opposition au régime de Bozizé et, pour le moment, seule personnalité « légitime » aux yeux de la communauté internationale. Le Tchad impliqué dans le putsch? Le puissant voisin tchadien devrait « donner son feu vert » aux décisions prises au cours du sommet qui n’a pas lieu par hasard à  N’Djamena. Depuis quelques jours, le rôle du Tchad dans la chute du président centrafricain se confirme. Et l’on prête au régime d’Idriss Deby Itno la volonté de renforcer son influence au sein du Séléka en soutenant certains groupes dont il est proche. François Bozizé lui-même a accusé mardi le Tchad de l’avoir lâché. Ce sont « les forces spéciales des forces armées tchadiennes qui ont mené l’opération du dimanche (24 mars) dans la matinée puis ont attaqué la base des Sud-africains », a-t-il affirmé à  la BBC Afrique.

Centrafrique: L’opposition veut plus de postes…

C’’est ainsi que cette opposition centrafricaine a décidé de suspendre sa participation au nouveau gouvernement d’union nationale, dévoilé dimanche par le Premier ministre Nicolas Tiangaye. Elle réclame aussi un réaménagement du gouvernement afin de pouvoir gérer des ministères plus importants. En plus «on n’a pas du tout été consulté», s’insurge Jean Edouard Koyambounou, porte-parole du collectif de l’oppositon démocratique. «On a appris par la voix des ondes la liste du gouvernement. à‡a a été un grand étonnement pour nous, surtout que le Premier ministre est issu de nos rangs», a-t-il ajouté. La nouvelle équipe formée essentiellement des membres de la rébellion de la Seleka et de la société civile, compte 34 ministres. La Seleka s’est adjugée les postes clés Le gouvernement comprend ainsi 9 ministres issus de la coalition rebelle Séléka, 8 issus de l’ancienne opposition et un ex-proche du président déchu François Bozizé, Claude Lenga, nommé ministre délégué à  l’enseignement professionnel et fondamental. Les autres portefeuilles sont répartis entre la société civile et différentes mouvances politiques. Dans les rangs de la Séléka, les ministres du précédent GUNT ont été reconduits. C’est ainsi que Gontran Djono s’occupe du portefeuille du pétrole, Nouredine Adam, chef du mouvement rebelle de la Convention des patriotes pour la justice et la Paix CPJP, est en charge de la sécurité. Le portefeuille stratégique de la défense est détenu par le président auto proclamé, Michel Djotodia, nouvel homme fort du pays. Rappelons que l’ancien premier ministre, Nicolas Tiangaye, nommé à  la suite des accords de Libreville, a été reconduit dans ses fonctions, il garde également son poste de ministre des Finances et du Budget. Le régime de Bozizé a été renversé par un putsch conduit par la coalition rebelle de la Seleka qui lui reprochait le non-respect des termes des accords de Libreville. Le nouvel homme fort de la république centrafricaine a appelé lors de la messe de pâques, ses compatriotes à  la cohésion nationale en tournant le dos aux conflits communautaires. De confession musulmane, Michel Djotodia a assisté à  cette célébration pour rassurer la communauté chrétienne dont une bonne partie a dénoncé des exactions imputées à  des membres de la rébellion.

Les putschs ne seront jamais la solution

Chinua Achebe vient de s’éteindre. Toute sa vie, il a rêvé, combattu à  travers son œuvre littéraire monumentale, pour l’avènement d’une Afrique libre, démocratique, unie et prospère. Son roman le plus connu, Le monde s’effondre, décrit la fin tragique d’un monde incarné par le suicide de son viril personnage, Okonkwo. Il y a une similitude frappante entre la tragédie qui frappe Okonkwo (ascension, exil et suicide) et la chute politique de François Bozizé. Malgré l’apparence de robustesse qu’offrait, à  première vue, le régime Bozizé, il a suffi de quelques heures de «combats» avec les rebelles de la Séléka, pour que le monde du dictateur putschiste, démocrate de façade, s’effondre. On avait vite compris, après le report de la visite du médiateur, Sassou Nguesso, et de son homologue du Tchad, Idriss Déby, à  Bangui, que le glas avait sonné pour Bozizé. Les fameux accords de Libreville se révèlent finalement comme un compromis politique pourri qui a tenté de maintenir en place le système dictatorial de Bozizé. Ces accords politiquement pathogènes sont devenus mortels pour la Centrafrique elle-même. Et Bozizé a voulu se servir de ces accords pour se protéger, au lieu de les utiliser pour servir la cause de la paix et de la démocratie. Un pays maudit A l’origine de l’histoire politique centrafricaine, il y a cet étrange sentiment d’un pays maudit. Et le peuple centrafricain fait ici figure de peuple déchu. Comme si ce pays avait inscrit sa propre existence dans une histoire immuable, pour ne pas dire immobile. Comment comprendre que depuis son indépendance en 1960, ce pays soit en proie à  des rébellions sporadiques qui se terminent toujours par des coups d’Etat? A tel point que ce pays est devenu, de nos jours, un objet d’effroi et de dégoût. On a même l’impression qu’ici, politique rime avec satanisme, C’’est-à -dire qu’elle équivaut à  une violence démonologique permanente. Car la société centrafricaine est une société o๠les individus, de manière hobbienne, se font la guerre en permanence. Quant à  Bozizé, un homme plat, sans intelligence et talent politiques sérieux, sa conception de la politique est primaire elle se réduit à  l’art de duper. Il a oublié que, comme l’a si bien vu Sunzi, «le bon stratège soumet l’ennemi sans combattre». Bozizé a été victime de sa propre sclérose intellectuelle et politique, basée sur une systématisation pathologique du mensonge, ce qui lui a masqué la vérité profonde sur la nature réelle de son régime. Depuis les accords de Libreville, il se débattait dans le vide, avant de se rendre compte, mais très tardivement, de sa propre fragilité et vulnérabilité politiques. Cet homme avait une mentalité sectaire, ce qui lui faisait nier l’évidence, et lui interdisait de voir la «Lumière». Croyait-il que le peuple centrafricain duquel son régime était complètement coupé, allait continuer à  rester à  ses côtés jusqu’au sacrifice suprême? Il faut être un imbécile ou un sodomasochiste pour mourir pour un tel régime, surtout que, comme C’’est devenu une coutume en Afrique, son principal inspirateur a pris la fuite et mis sa famille à  l’abri. Qui a dit que les dictateurs n’aiment pas la vie? Ceux qui pensaient que pour défendre son fauteuil, Bozizé allait choisir de se «bunkériser» comme Gbagbo, doivent, tout bonnement revoir leur copie. Le régime Bozizé, C’’était juste un régime de jouissance et de dilapidation, corrompu et reposant sur une conception patrimonialiste de l’Etat. Cela dit, après avoir assisté au spectacle du terrassement militaire de Bozizé, faut-il en déduire que la Centrafrique, avec la Séléka, va emprunter un chemin politique nouveau? Soulignons que, quoi qu’il en soit, ce coup d’Etat ne peut que contribuer à  noircir encore l’image de ce pays sur la scène internationale. Il traduit la médiocrité des élites politiques et intellectuelles du pays de Boganda. Le putsch, une mauvaise réponse A l’heure actuelle, rien n’indique qu’avec la Séléka, la Centrafrique se mettra en marche vers une conquête collective de la démocratie. Certes, les rebelles, en prenant Bangui, n’ont ni pillé, ni violé. Et leurs actions n’ont pas abouti au déclenchement d’une guerre civile. Mais ils ont tout de même emprunté, en ayant recours à  la voie des armes, le chemin le plus court pour prendre en main l’Etat, donc de la richesse matérielle. Soyons clairs: les coups d’Etat ne peuvent apporter aucune solution ou réponse durables aux maux qui minent les sociétés africaines. En Afrique, cette méthode de conquête du pouvoir d’Etat, a fini par acquérir une valeur à  proprement parler initiatique. Au XXIe siècle, la démocratie, parce qu’elle institue des sociétés ouvertes, doit être érigée en comportement moral et social dans nos pays. La Centrafrique représente à  la fois une négation de l’idée démocratique en Afrique et son expression la plus caricaturale. Or, bien appliquée et adaptée à  l’humus local, la démocratie apporte la sécurité et la paix, deux exigences capitales, et elle empêche que chaque citoyen se mette à  agir en dictateur. Agir en dictateur, en se fondant sur la force comme seul moyen de régulation politique et sociale, C’’est alimenter les coups d’Etat et les guerres civiles. La démocratie repose sur la transparence, que les dictateurs tels que Bozizé, considèrent comme d’ignobles inventions pour les empêcher de poursuivre le saccage politique de nos pays. La transparence démocratique révèle la vulnérabilité politique et humaine des dictateurs, et porte atteinte à  leur capacité de régner à  vie. Bozizé, l’ange centrafricain déchu, dans sa fuite et dans son exil, finira par méditer sur cette transparence et admettre son incontournable et essentielle puissance. Ainsi, il comprendra, enfin, les raisons de son suicide politique, après avoir refusé, d’appliquer intégralement, les accords de Libreville. Et qu’il sache qu’aucun Centrafricain n’est né pour souffrir éternellement. La chute de Bozizé signe la fin des politiques de résignation présomptive en Afrique, à  savoir que, par crainte d’être mouillés par la pluie, certains dirigeants africains finissent par se jeter dans la rivière. A l’arrivée, rien ne change à  leur étrange condition. Et de nouveau, le peuple leur tourne le dos, et leur «monde s’effondre». Adieu Achebe. l’Afrique entière te pleure et ne t’oubliera jamais.

Centrafrique : un autre régime africain à terre

François Bozizé, le désormais président déchu de la Centrafrique fuit son palais présidentiel dimanche, traqué par les rebelles de la coalition Séléka. François Bozizé était au pouvoir depuis dix ans et demeurait introuvable dans la soirée de dimanche. Les rebelles centrafricains de la coalition Séléka ont pris Bangui dimanche matin, après une rapide offensive. Ils avaient lancé une première offensive le 10 décembre 2012 dans le nord du pays et enchaà®né victoire sur victoire face aux forces gouvernementales. La rébellion avait stoppé sa progression sous la pression internationale à  75 km au nord de Bangui. Des accords à  Libreville avaient débouché sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les rebelles ont déclenché à  nouveau les hostilités vendredi et déclaré vouloir mettre en place un gouvernement de transition s’ils prenaient Bangui. Ils annonçaient le non respect des accords de Libreville. Débandade… Les échanges de tirs ont été très intenses dimanche vers 08H00 (07H00 GMT) puis sporadiques, a constaté l’AFP dans le centre de Bangui. « On a entendu des tirs partout dans le centre ville, et c’était la débandade. Tout le monde s’est mis à  courir dans tous les sens », a relaté une femme partie à  la messe à  la cathédrale, proche du palais présidentiel. « On vient d’abattre quelqu’un. Je ne sais pas si c’était un militaire ou un civil, mais il essayait de fuir sur sa moto ». Dans le centre, les sociétés de téléphonie Orange et Télécel ont été saccagées, a constaté l’AFP. Les pillards ont presque tout emporté, repartant avec des ordinateurs, des bureaux et même des chaises. Les bâtiments institutionnels n’ont pas non plus été épargnés. Les rebelles ont attaqué le bureau de l’Unicef, et certains ont commencé à  circuler au volant de véhicules estampillés Nations unies. Dispositif militaire français renforcé La situation a conduit le président Déby à  appeler la Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale), dont le Tchad fait partie, à  aider à  sécuriser la ville. Paris a annoncé avoir « renforcé » son dispositif pour assurer la sécurité des Français. Quelque 300 soldats ont été envoyés en renfort à  Bangui au cours du week-end, a indiqué l’état-major des armées françaises, portant à  quelque 550 soldats les effectifs en Centrafrique o๠vivent environ 1.200 Français. Aucun combat n’est mené dans la capitale centrafricaine par les forces françaises. l’objectif premier est la sécurité des Français. D’autres forces africaines sont présentes dans la capitale centrafricaine telle que l’armée sud africaine. Un éternel recommencement La Centrafrique, dont le sous-sol regorge de richesses minières, est enclavée entre le Tchad, le Soudan, la République démocratique du Congo (RDC), le Congo et le Cameroun. Dans ce pays, la peur de la démocratie érode toute possibilité de compromis politiques durables. La gouvernance du régime Bozizé était donc vide de sens puisqu’elle a toujours refusé tout dialogue avec l’opposition politique civile. Après leur coups de force, les rebelles de la Séléka ont affirmé vouloir organiser des élections, mais dans les trois prochaines années… Michel Djotodja est le nouvel homme fort de la Centrafrique, et dimanche 24 Mars, il s’est autoproclamé Président de la République. C’’est le début d’une longue marche entamée en Centrafrique. Jusque là , sur cinq présidents depuis l’indépendance de ce pays, trois ont le pris le pouvoir par les armes. On se souvient que feu le président Ange-Félix Patassé [1993-2003] avait eu recours aux miliciens du Congolais Jean-Pierre Bemba pour arrêter l’avancée de l’ex-chef rebelle, François Bozizé, qui vient à  son tour d’être renversé par les rebelles. L’ex président Centrafricain serait en fuite au Cameroun et sa famille réfugiée en République démocratique du Congo…

Centrafrique : trêve et négociations

« J’ai demandé à  nos forces de ne pas bouger de leurs positions à  partir d’aujourd’hui parce que nous voulons participer aux discussions de Libreville au Gabon pour trouver une solution politique ». Cette déclaration a été faite il y a quelques heures ce mercredi 2 janvier par Eric Massi, le porte-parole à  Paris, de la coalition Séléka, engeance rebelle qui menace depuis début décembre, le pouvoir de François Bozizé. Annonçant ainsi la suspension de l’offensive de la rébellion en direction de la capitale, Bangui. M. Massi a ajouté que des discussions étaient en cours avec leurs « partenaires pour avancer des propositions afin de mettre fin à  la crise mais une solution pourrait être une transition politique dont le président François Bozizé serait exclu ». Des soutiens pour Bozizé Quelques heures auparavant, le lundi 31 janvier, la coalition Séléka avait menacé de prendre la ville de Damara, dernier verrou à  75 kilomètres de la capitale centrafricaine, puissamment gardée par les troupes loyalistes, appuyées par des renforts tchadiens. Le général Jean-Félix Akaga, commandant de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) déployée en Centrafrique, avait averti la rébellion centrafricaine que toute tentative de prendre cette localité serait considérée comme une déclaration de guerre. « Si les rebelles attaquent Damara, cela veut dire qu’ils ont pris la résolution d’engager les dix à‰tats d’Afrique centrale. Je ne pense pas sincèrement qu’ils en arriveront là  », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à  Bangui. « La ligne rouge est valable pour les Faca (les forces régulières centrafricaines) et pour les rebelles, a-t-il ajouté. Nous empêchons dans les deux sens de franchir la ligne rouge». Les effectifs en Centrafrique de la Force multinationale d’Afrique centrale devraient compter environ 760 hommes dans les prochains jours. Un premier groupe de 120 soldats gabonais est arrivé mardi matin dans la ville. Un autre contingent de 120 militaires du Congo-Brazzaville est arrivé lundi, tandis que 120 Camerounais doivent débarqués d’ici la fin de la semaine. Ces nouvelles troupes vont compléter les 400 soldats tchadiens déjà  en place à  Damara, ultime verrou avant Bangui, à  75 kilomètres au sud de la capitale. Pour la rébellion, la seule solution au conflit armé est le départ de François Bozizé, au pouvoir depuis 2003. Ce dernier, lors de son message de vœux du Nouvel an diffusé lundi à  la télévision nationale, avait fait des concessions en envisageant des pourparlers. Jeunes patriotes centrafricains A Bangui, même si la situation s’est quelque peu calmée ces dernières heures, la tension en tre pro et anti-Bozizé ne cesse d’augmenter. Des jeunes gens installent des barricades dans les rues de la capitale pour arrêter ceux qu’ils soupçonnent d’être des rebelles infiltrés parmi la population. Leur coordination s’appelle Coalition citoyenne opposée aux rebelles armés. « Nous sommes unis et nous sommes nombreux. Notre force, C’’est le groupe » a déclaré l’un de leurs leaders à  l’AFP. Tous assurent que leur action est légale. « On le fait à  l’amiable, sans agressivité », dit l’un. Pour ces « bénévoles », dont beaucoup sont au chômage, « le prix (la récompense), C’’est la paix ».

Centrafrique: la voie étroite de Bozizé

« Flou et fluide »: voilà  comment un analyste français, familier du marigot banguissois, dépeint l’état des lieux en République centrafricaine, théâtre depuis le 10 décembre d’une vigoureuse offensive de la coalition rebelle du Séléka. A ses yeux, la chute de François Bozizé n’a rien pour l’heure d’inéluctable, mais la marge de manoeuvre du général-président apparaà®t plus étroite que jamais. « Les pays de la région ne se sentent pas tenus de le soutenir à  tout prix ou de lui sauver la peau, avance-t-il. Ils souhaitent favoriser un processus de négociation qui pourrait le cas échéant permettre à  Bozizé d’aller au bout de son mandat. Mais à  condition d’entreprendre des réformes de fond et d’ouvrir son gouvernement à  toutes les familles de l’échiquier politique. En clair, il lui faut consentir à  diriger autrement et à  partager le pouvoir ». Le Tchad, un parrain ambigu… Thèse professée notamment par le Tchad, parrain traditionnel du tombeur d’Ange-Félix Patassé, parvenu au pouvoir en 2003 au prix d’un coup d’Etat. Un parrain irritable au demeurant, voire ambigu: N’Djamena ne fait pas mystère de l’exaspération que lui inspirent son protégé et son incapacité à  sécuriser son territoire, base arrière de quelques factions insurgées hostiles au chef d’Etat tchadien Idriss Déby Itno. Les renforts dépêchés par ce dernier aux abords de Bangui ont d’ailleurs reçu pour instruction de ne pas intervenir. De même, le contingent additionnel de la Fomac -Force multinationale d’Afrique centrale-, qui devrait être déployé sous peu, a vocation à  s’interposer entre les belligérants, non à  épauler les Forces armées locales, ou Faca. Il s’agit dans l’idéal de figer le paysage militaire, histoire de donner quelque chance de succès aux négociations « sans délai ni conditions » censées s’ouvrir sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). On en est encore loin : hier, d’intenses combats ont opposé les Faca aux Séléka à  Bambari, ville située à  300 km au nord-est de la capitale et conquise le 23 décembre par la rébellion. A l’évidence, « Boz » peine à  actualiser son logiciel politico-militaire. Il table encore, à  titre d’exemples, sur le concours de troupes congolaises ou la livraison d’hélicoptères de combat angolais. De même, son appel au secours lancé aux  » cousins  » français dénote de la persistance, chez lui, d’une lecture un rien anachronique du paysage postcolonial. « Le vent a tourné » pour Bozizé Jeudi après-midi, lorsque le patron du Quai d’Orsay Laurent Fabius l’a joint par téléphone, sans doute espérait-il un tout autre discours que celui auquel il eut droit: un ferme rappel à  l’ordre relatif, notamment, à  l’assaut sur l’ambassade de France par des  » patriotes  » acheminés et payés par le régime. « Il faudra bien qu’il comprenne que le vent a tourné », insiste un diplomate de haut-rang. La compagnie parachutiste -soit 150 soldats- arrivée hier de Libreville (Gabon) n’a d’autre mission, insiste-t-on à  Paris, que d’épauler les 250 hommes stationnés sur la base M’Poko de l’aéroport de Bangui, appelés si besoin à  assurer la protection des ressortissants français. Sur les bords de Seine, on veut croire que le Séléka n’envisage pas d’attaquer la capitale, mais plutôt de l’encercler afin de fragiliser, par le jeu des défections, l’ossature sécuritaire du clan Bozizé. « Cela posé, admet un expert, nous manquons de renseignements sur cette insurrection. Même si, à  en croire les témoignages recueillis sur place, la plupart d’entre eux ne parlent ni le français ni le sango -langue dominante en RCA-, mais l’arabe. » De quoi étayer la rumeur selon laquelle des supplétifs étrangers, notamment soudanais, combattraient au côté des opposants centrafricains. Joint ce samedi, un colonel de gendarmerie centrafricain soutient que « le calme règne à  Bangui ». « Les gens vaquent à  leurs occupations et les commerces fonctionnent, précise-t-il. Il y a même des mariages célébrés tout à  fait normalement ». Il n’empêche : comme l’atteste une dépêche de l’AFP, le prix des denrées de base tend à  flamber au marché central, et la peur s’instille dans les esprits.