CEDEAO: la monnaie unique au menu

La Task Force présidentielle en charge du dossier de la monnaie unique de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en conclave ce 24 octobre à Niamey (Niger). Composée de cinq chefs d’Etat, elle a pour mission pour l’accélération de ce projet qui date de près de deux décennies. Le mini-sommet porte sur le processus de la mise en place de la monnaie unique de la CEDEAO. L’organisation sous-régionale qui comprend désormais 16 pays d’Afrique, avec l’admission du Maroc. Il a lieu en prélude à la seconde conférence ordinaire des chefs d’Etats et de gouvernement de l’organisation prévue pour se tenir en décembre prochain au Togo. Alassane Ouattara, grand défenseur du Franc CFA, participe à la rencontre et milite pour un élargissement de la monnaie commune de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) à toute la sous-région. Première sortie internationale depuis son retour de soins pour Muhammadu Buhari, président de la première puissance économique de la sous-région.

Les cinq chefs d’Etat examineront les résultats du groupe de travail mis en place depuis 3 ans pour l’objectif « monnaie unique », un groupe réunissant, entre autres, les ministres des finances des pays concernés, les gouverneurs de banques centrales. Le projet a déjà connu 4 reports, notamment en 2003, 2005, 2009 et 2015. La nouvelle échéance de 2020 n’est d’ailleurs plus de mise.

Kémi Seba, devant le juge mardi 29 août à Dakar

L’activiste Franco-Béninois sera jugé mardi 29 août pour avoir publiquement brûlé un billet de 5000 francs CFA, le 19 août 2017 lors d’un rassemblement contre la Françafrique. Arrêté le 25 août 2017, à son domicile à Dakar, Kemi Seba se définit comme un résistant africain au 21ème siècle.

« Même si nous ne sommes pas riches, mieux vaut vivre la liberté dans l’incertitude, que l’esclavage dans l’allégresse et l’opulence », a déclaré Kémi Seba pour expliquer sa décision de brûler un billet de 5000 francs CFA. Ajoutant qu’il « savait qu’en effectuant cet acte purement symbolique, la BECEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) sans doute sur commande de la Banque de France engagerait une procédure visant à me mettre en prison. (…) Je suis prêt à en payer le prix du plus profond de mon âme. »

Le code pénal sénégalais prévoit que « Quiconque aura volontairement brûlé ou détruit d’une manière quelconque, des registres, minutes ou actes originaux, de l’autorité publique, des titres, billets, lettres de Change, effets de commerce, (…) si les pièces détruites sont des actes de l’autorité publique, ou des effets de commerce ou de banque, la peine sera de cinq ans à dix ans d’emprisonnement ».

Vivant au Sénégal depuis 2011, l’activiste était à la tête d’un groupuscule suprémaciste , la tribu Ka, dissous par le gouvernement français en 2006. Critiqué par certains pour des positions racistes, il reste également soutenu par de nombreux autres.

Pour marquer leur soutien à l’activiste panafricain président de l’ONG Urgences Panafricanistes, et exigez sa libération, plusieurs internautes lui ont emboîté le pas en brûlant ou en faisant mine de brûler à leur tour des billets de francs CFA.

CFA : 3 Questions à Etienne Fakaba Sissoko, Docteur en économie

Mettre fin à l’arrimage CFA-Euro, est-ce un choix économique ou politique ?

Quoi qu’il en soit, iI y a un choix politique à faire. Il s’agit de dire si nous allons rester dans le franc CFA ou pas. Si c’est le cas, nous devrons choisir entre la parité fixe actuelle et le fait de pouvoir convertir notre monnaie, indépendamment du cours de l’euro. L’autre alternative, c’est sortir totalement. Aujourd’hui, la question est beaucoup plus politique qu’économique, et ce sont les questions de souveraineté qui pèsent le plus dans le débat.

Quelle est selon vous la meilleure option ? 

Selon moi, il faut privilégier les monnaies sous-régionales et l’UEMOA est sur une très bonne voie, malgré tout ce qu’on en dit. La CEMAC a des problèmes, mais qui sont surmontables. Si nous décidons de partir de ce mécanisme-là, il y a de très fortes chances que nous puissions y arriver. Parce qu’on ira de façon séquentielle. On décidera des pays qui vont expérimenter la monnaie commune en premier, et progressivement on essayera d’inclure les autres.

Si ce scénario n’est pas choisi, quelles seraient les conséquences ? 

Le gros risque serait alors que la sortie se fasse sans négociation avec les partenaires commerciaux. Le premier problème sera donc la convertibilité de notre nouvelle monnaie avec les autres. Or, nous importons tout. Des pénuries de biens et de services se poseront, et la base de l’économie étant la loi de l’offre et de la demande, cela aboutira à une forte inflation et une perte de contrôle au niveau des prix. Tout cela peut entraîner les populations vers la précarité et provoquer des conflits sociaux.

 

Franc CFA-Euro : faut-il couper le cordon ?

Le Franc de la Communauté Financière d’Afrique, ou Franc CFA, est officiellement né en 1945, quand la France a ratifié les accords de Bretton Woods. Cette monnaie, qui signifiait alors « Franc des colonies françaises d’Afrique », est aujourd’hui commune à  14 pays d’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Ouest (UEMOA). Selon les économistes, sa stabilité et sa crédibilité a permis de maà®triser l’inflation, qui s’est établie en moyenne à  2% par an sur la période 2004-2014. Pourtant, la question d’abolir la parité entre le franc CFA et l’euro est de plus en plus posée. Les avis divergent sur le sujet et les considérations politiques le disputent à  celles économiques. « Pour avoir sa propre monnaie, un à‰tat doit être stable », explique Amadou Sangaré, économiste et expert comptable. « l’insécurité physique génère l’insécurité économique. l’arrimage du franc CFA nous permet de garder une certaine sécurité, quelque soit ce qui se passe dans nos pays. Les pays africains sont confrontés à  des difficultés aussi bien politiques qu’économiques et une monnaie non-arrimée risque de chuter brusquement », explique M. Sangaré. « l’autre élément, C’’est la prise en compte du fonctionnement des économies. Les pays qui ont une économie tournée vers les exploitations comme la Côte d’Ivoire pour le cacao et dans une moindre mesure le Mali pour le coton, ont intérêt à  une dévaluation qui leur permet d’exporter à  meilleur coût. Sortir de l’euro, cela devrait aussi aider l’industrie », poursuit-il. Et de poser la question de l’absence de fluctuation entre les pays, puisque les économies ne sont pas au même niveau. Pas du tout du même avis, l’économiste togolais Kako Nubukpo, s’exprimait début octobre sur le sujet. Rappelant que la Banque des à‰tats de l’Afrique centrale (BEAC) et celle des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), disposaient en 2005 de plus de 3 600 milliards de francs CFA de réserves auprès du Trésor français, il estime que la monnaie doit être au service de la croissance et du développement africains, au lieu de dormir dans des coffres. « Il est quasiment impossible pour nos pays de rattraper les économies émergentes si le franc CFA reste arrimé à  l’euro », déclarait-il. Pour lui, il est tout à  fait possible de quitter cette parité. « Nous pouvons au moins procéder par étapes, en redéfinissant les objectifs des deux banques centrales et leur capacité à  financer la croissance économique, puis en évaluant la qualité de leur gestion monétaire ». Qu’est-ce qui empêche d’ouvrir ce débat ?, s’interroge l’ancien ministre togolais de la prospective, qui conclu qu’« on ne peut pas revendiquer notre indépendance et attendre que l’ancien colonisateur nous donne l’autorisation d’agir ». Ibrahima Sory Makanera, juriste, assure quant à  lui que « l’appartenance à  une zone monétaire ne remet pas en cause la souveraineté d’un à‰tat, et que le choix de l’ancrage nominal du franc CFA à  l’euro peut être remis en cause à  tout moment ». Iront-ils jusque là , et en ont-ils les moyens ? La question reste pour l’instant posée.

Pourquoi un billet de 500 FCFA ?

Les motifs proposés pour cette monnaie fiduciaire sont inspirés du thème «Â les nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC). A l’image de tous les autres billets de la gamme, il comporte au recto comme motif principal, le poisson-scie (logo de la BCEAO). Au verso, la thématique retenue est un couple d’hippopotames. Pénurie de pièces En fait, depuis quelques années les économies des huit pays de l’Union sont incontestablement confrontées à  une pénurie de pièces et de petites coupures de billet. La simple observation empirique corrobore cet état de fait. En réalité, combien de petites transactions échouent, faute de petites monnaies pour les remboursements ? Par exemple, lorsque le consommateur qui dispose d’un billet de 1000 francs souhaite payer un pastèque qui vaut 800 francs, le plus souvent le vendeur n’a guère les 200 francs à  lui rendre pour équilibrer l’échange. Dans le même temps l’acheteur a besoin de ses 200 francs, ne serait-ce que pour payer du pain. Par finir, l’échange n’a pas lieu faute de pièce de monnaie. Aussi, bien souvent lorsque l’on paie ses médicaments en pharmacie, la compensation monétaire est plutôt faite en chewing-gum et bonbons, car le pharmacien n’a pas de petites monnaies. La Conférence des Chefs d’Etat de l’UEMOA, le Conseil des Ministres de la même institution, le Gouverneur de la BCEAO et leurs collaborateurs ont dû comprendre qu’une telle situation de manque de pièces divisionnaires et de petites coupures de billets (1000 et 2000 francs) empêche une régulation optimum des économies de l’Union et par dévers, pose un frein à  la croissance (agrandissement en volume des richesses produites). Or, il n ya point de développement (amélioration du bien-être des populations) sans croissance. En fait, un petit commerçant détaillant peut perdre entre 10 et 20% de ses clients par jour, en raison du manque de petites monnaies. Or, si les biens et les services ne trouvent pas un débouché croissant, leur production s’estompera naturellement. Lorsque l’on sait l’apport de l’économie informelle au PIB de nos pays africains, il va s’en dire que la pénurie de ces petites monnaies est un sérieux handicap au fonctionnement du secteur réel de nos économies. Au-delà , nous savons que les pauvres sont les plus nombreux d’entre nous, et que par ailleurs, ils ont plus besoin de pièces et de petites coupures que de billets de 5000 ou 10 000 francs. Qui plus est, leurs revenus, qu’ils soient nominaux ou réels sont faibles. Mais, une autre question non moins importante est la suivante. Qu’est ce qui explique la pénurie des pièces de monnaie et des billets de petite coupure ? La réponse à  cette question est que C’’est le Gouverneur de la BCEAO qui commande ces pièces et billets et les fait confectionner à  Chamalières à  2 km de Clermont-Ferrand en France. Une fois cette monnaie fiduciaire confectionnée, il faut payer le coût de la frappe et de l’émission, et celui du transport jusqu’à  Dakar au siège de la BCEAO. Ainsi, en passant la commande, dans le cadre même de la rationalité économique, le Gouverneur exprime sa préférence pour les grosses coupures (5000 et 10 000 francs) car ces billets se comptent plus facilement et plus rapidement que les petites coupures. Cela est d’autant plus vrai que si l’on dispose par exemple de 10 millions de francs en coupures de 10 000 francs à  compter, l’opération prendra entre 20 et 30 minutes. En pièces (5, 10, 25, 50, 100, 200 francs…) cette même opération est susceptible de prendre 10 heures de temps et plus. Par ailleurs, le coût de la frappe des pièces et de la confection des billets de 500 et 1000 francs est certainement plus onéreux que celui de grosses coupures, car la quantité est plus importante. Coût fiduciaire Enfin, naturellement le coût du transport du lieu de production jusqu’à  Dakar, lieu de l’utilisation est plus onéreux, lorsqu’il s’agit de ces petites monnaies, que quand il s’agit de grosses coupures. Donc, le choix est vite fait par le Gouverneur. Si par exemple il doit commander 400 milliards, il voudra alors 80% (320 milliards) en grosses coupures, et seulement 20% (80 milliards) en petites monnaies. C’’est certainement un choix rationnel en termes de coût à  supporter, mais malheureusement un choix irrationnel lorsqu’on sait que les pauvres -les plus nombreux- ont plutôt besoin de pièces et de petites coupures que du reste. Combien de pauvres ont besoin de billets de 10 000 francs ? Pour quel type de transactions ? Non, cela ne fait pas partie des préoccupations du pauvre. Politique monétaire Les autorités monétaires au plus haut niveau et les politiques ont ainsi donc conscience de l’erreur qui consiste à  doter la société de grosses coupures, certes faciles à  manipuler et à  transporter, mais n’entretenant pas une grande vitesse circulation de la monnaie. Celles-ci ont de surcroà®t un impact négatif sur la croissance. Voici les raisons du retour au billet de 500 francs. Personnellement, je pense que les anciens billets de 500 francs qui doivent être détenus pendant des années encore dans les coffres de la BCEAO, dans les archives et pour les besoins de justification comptable, auraient pu être mis à  nouveau dans la circulation avec peut-être une commande du complément, plutôt d’opérer la confection de nouveaux. La BCEAO économiserait ainsi sur les coûts à  supporter. Qu’à  cela ne tienne, l’essentiel est que chacun de nous aura bientôt ses billets de 500 francs, qui vont lui permettre subsidiairement de s’enrichir, car jusque là  on est sûrement gêné de donner une pièce de 500 francs à  un parent qui nous est cher. Cela ressemble à  de l’aumône. Du coup, on lui fait un cadeau d’un billet de 1000 francs. Désormais, en en offrant un billet de 500 francs au lieu de 1000 francs, ce qui n’est vraiment pas gênant, on s’enrichira incontestablement. Derrière, il y a lieu d’admettre qu’il subsiste aussi toute une satisfaction d’ordre psychologique. Par ailleurs, il y aura une amélioration dans les transactions. Mais attention, il ne faut pas vite manifester sa joie en accueillant ce nouveau billet de 500 francs, sans réellement cerner tous les contours de sa mise en circulation. D’autres questions encore importantes se posent. Quelle quantité de ces billets la BCEAO va t-elle mettre en circulation (C’’est ce qu’on appelle la création monétaire qu’il ne faut pas confondre avec l’émission monétaire qui correspond plutôt à  sa confection) ? En contrepartie de quoi, de quelles richesses créées elle va les mettre en circulation ? Ces questions sont posées, parce qu’en réalité ces nouveaux billets vont s’ajouter à  la masse monétaire (la quantité qui circule dans un pays, une zone à  un moment donné) déjà  existante. Donc, incontestablement la masse monétaire va augmenter. Je ne puis cependant préciser dans quelle proportion. Mais, si dans le temps la production de richesses ne suit pas, cela provoquerait inévitablement une tension inflationniste, C’’est-à -dire que le rapport suivant va augmenter : Masse monétaire/PNB. C’’est ce qui a été observé en 1929 au moment de la crise, o๠il y avait plus de monnaie en circulation qu’il n y avait de biens et services. On avait une inflation monétaire ou par la demande. l’inflation, C’’est la hausse généralisée, cumulative et auto-entretenue des prix. Nous savons surtout, que dans le contexte actuel du Mali, nous avons à  faire à  une économie en crise, en récession (-3,1 %, source : Délégation de l’Union européenne au Mali). Il y a lieu dans ce cas qu’il y ait un recours discret ou affiché à  la planche à  billet. Si tel était le cas, et si la quantité de nouveaux billets mise en circulation était importante, on assisterait alors malheureusement à  une amplification du phénomène inflationniste qui existe déjà . La masse monétaire évoluera alors plus rapidement qu’un PIB qui non seulement ne croà®t, mais diminue. Pour l’instant, l’inflation des pays de l’UMOA est une inflation par les coûts ; elle est rampante et donc lente. Si une inflation monétaire venait par malheur s’y ajouter, le dérapage économique se ferait alors avec une forte intensité. Ce qui ne serait pas de nature à  atténuer la pauvreté déjà  grandissante. Mais, ne soyons ni alarmistes, ni pessimistes. Les autorités monétaires de l’UMOA le savent et ont dû peut-être prendre des dispositions, ne serait-ce qu’au niveau comptable. Cela consisterait simplement à  retirer progressivement, dans un délai relativement court, les pièces de 500 francs et de les remplacer par les nouveaux billets. Cette mesure fera en sorte que la masse monétaire reste stable. Pr Abdrahamane Sanogo Professeur titulaire FSEG.

Economie : Il y a seize ans, le Franc CFA était dévalué

Un chantage de la France? Le 11 janvier 1994 à  Dakar au Sénégal, les 14 pays de la zone franc ont accepté de dévaluer le CFA. Une mesure historique. Qui a touché huit pays d’Afrique de l’Ouest et six pays d’Afrique centrale rattachés depuis 1948 au Franc français par une parité fixe. La dévaluation, décidée sous la pression du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale et annoncée par la France, avait été présentée aux pays concernés, comme une solution parfaite pour sortir d’une situation économique jugée catastrophique. Le contexte du moment est en effet difficile. Les taux de croissance et le niveau de vie sont faibles, il y a une fuite massive des capitaux (les opérateurs économiques nationaux déposent leurs fonds en CFA dans les banques françaises au détriment des banques nationales), les termes de l’échange se sont détériorés. Le 2 août 1993, Paris a suspendu le change de billets de francs CFA. Un mois plus tard, les transferts bancaires ont été soumis à  un contrôle préalable. Les pays africains se sont résignés. La dévaluation qu’ils se refusaient à  effectuer depuis 1988 était devenue inévitable. Une mesure pourtant présentée comme salutaire C’’est le Camerounais Antoine Ntsimi, alors ministre des finances à  cette période, qui lira la déclaration. Les partisans de la dévaluation, la France en tête, disaient qu’elle aiderait à  relancer la compétitivité des produits africains sur le marché international, réduire les déficits budgétaires, et permettre à  la croissance de reprendre. Un début d’amélioration de la situation économique s’est fait ressentir. Il est certain que plusieurs filières d’exportation (café, cacao, coton) ont bénéficié en 1994 à  la fois de la hausse conjoncturelle des cours mondiaux de ces produits et de la dévaluation du franc CFA. Ces filières ont aussi pendant un certain temps dégagé des excédents financiers qui ont davantage profité aux Etats plus qu’aux producteurs. Quant aux productions céréalières locales, elles ont vu leurs prix rester stables, leur progression en volume s’expliquant principalement par les conditions pluviométriques particulièrement favorables dont ont bénéficié la majeure partie des pays de la zone franc au cours de cette période-là . Un bilan très mitigé Mais aujourd’hui, personne n’est fier du bilan actuel de la dévaluation. Les dirigeants et hommes politiques des pays de la zone Franc habitués à  utiliser toute situation favorable à  des fin de propagande propre semblent tous vouloir oublier cette page de leur histoire et de leurs bilans politiques. Du jour au lendemain, les prix à  la consommation sont passés du simple au double. l’inflation n’a plus jamais été maitrisée. La plupart des pays concernés sont devenus des pays très pauvres et très endettés. Le revenu par habitant a chuté. Pour le cas du Cameroun, 30% de la population vivent avec 1 dollars par jour, et jusqu’à  58% vivent avec un peu plus de Dollars par jour. Aujourd’hui, les experts s’interrogent sur le genre de partenariat que la France offre à  ses «amis» africains. Absence des mesures d’accompagnement Les avantages de la dévaluation ne pourront provenir que de mesures d’accompagnement qui sont prises, tant par les Etats africains que par les bailleurs de fonds. Ces mesures doivent garantir la stabilisation de l’environnement économique et créer les conditions par une reprise de l’investissement intérieur. Dans ce nouveau contexte économique, existe-t-il des politiques de coopération originales? Des mesures d’annulation de dettes et de soutien aux budgets des Etats ont effectivement été prises, avec une intensité différente selon les pays africains. Des mesures sociales ont aussi été prises, mais d’une ampleur nettement moindre ; quant aux mesures d’accompagnement permettant de relancer l’investissement, de mettre en place des projets réellement novateurs, ils ne sont que très récents et portent sur des domaines qui ne profitent pas directement aux populations. Les besoins des populations sont énormes ; ne peuvent-ils être satisfaits par des productions locales qui sont maintenant protégées du fait de la dévaluation? A-t-on réellement cherché, dans les différents secteurs, toutes les opportunités d’activité? Autant de questions demeurées sans réponses.