Alimentation : du changement dans nos assiettes

Les changements climatiques, les nouvelles pratiques alimentaires véhiculées sur nos écrans et les lieux d’habitation sont autant de facteurs responsables de nos nouvelles habitudes alimentaires.

Hippocrate disait « que ton aliment soit ton médicament », d’emblée, Niono Sira Coulibaly commence ses propos par cette citation. Pour l’ingénieur nutritionniste, le Mali est vulnérable, compte tenu des perturbations liées aux changements climatiques. « La sécheresse, les inondations fréquentes et la dégradation de nos forêts menacent les moyens de subsistance d’une population dont la majorité dépend de l’agriculture pour survivre », explique-t-elle. S’ajoute à cela, l’aspect financier. En effet, « les prix des denrées ont une influence dans ce changement alimentaire et cela est dû à la non disponibilité des céréales, qui ont diminué en raison de la stagnation de la production, de l’accroissement de la population et de la cherté de la vie », déclare-t-elle.

Que l’on vive en milieu urbain ou rural, les changements alimentaires sont certes présents, mais ils n’ont pas la même origine. Comme l’explique Fady Touré, nutritionniste. « Les Maliens, aujourd’hui, à travers les réseaux sociaux et les publicités, ont tendance à se conformer aux produits véhiculés par ces moyens de communication. Ils leur accordent plus d’importance qu’aux produits locaux, qu’ils ont tendance à délaisser carrément alors qu’à mon avis ils sont bien meilleurs. » D’un côté, le monde rural subit ces changements et de l’autre la population citadine les choisit. « En milieu rural, la question renvoie fortement aux situations d’insécurité alimentaire, caractérisées par la prise des repas en groupes, en famille, alors que les urbains souhaitent des aliments faciles à préparer et à consommer, en vue de d’économiser du temps », atteste Madame Coulibaly. D’autant que le milieu urbain favorise la sédentarité, l’obésité et l’embonpoint, car, contrairement aux activités pratiquées dans les champs, le citadin n’a pas besoin de fournir d’efforts physiques pour se nourrir.

La sensibilisation est un élément primordial pour Fady Touré qui insiste, d’autant que le pays dispose d’une École de nutrition rattachée à la Faculté de médecine. « Il faut une implication de l’État et une volonté politique pour développer cette filière, afin que le Mali se dote de plus de nutritionnistes pour conscientiser la population. Sans informations, elle ne peut pas adopter les bons réflexes et avoir une bonne hygiène alimentaire ».

Une bonne alimentation va de pair avec la santé. « Les pathologies liées à une mauvaise alimentation sont multiples : maladies cardio-vasculaires, cancer, cholestérol, diabète, obésité », avertit Niono Sira Coulibaly.

 

PGRNCC : pour une gestion intelligente des ressources naturelles

Pour faire aux phénomènes que sont la baisse de la pluviométrie ces dernières années, la sécheresse persistante dans le Sahel, mais aussi les mauvaises pratiques agricoles tels que les feux de brousse ou le surpaturage qui affectent les équilibres écologiques et la fertilité des sols en dégradant les ressources naturelles, le Mali a initié un projet de gestion des ressources naturelles, financé par la Banque Mondiale, d’un montant total de 21,4 millions de dollars US. Les domaines visés par ce projet (PGRNCC) sont notamment la gestion durable des terres, la diversité biologique et les changements climatiques. un projet qui s’inscrit en droite ligne d’une politique de réduction de la pauvreté et appuiera par ailleurs l’initiative de la Grande Muraille verte. Le projet s’étale sur une durée de 5 ans( 2014-2018) et couvre 14 communes sensibles des deux régions de Kayes et Koulikoro). Kadiaba Kadiel, Yéréré, Guetema pour le cercle de Nioro et Dilly, Koronga, Dabo, Guire, Fallou, Ouagadou, Niamana pour le cercle de Nara. Boron, Sebete, Toubakoro, Kiban pour le cercle de Banamba sont les communes visés par le proget de gestion durable des terres. Il s’agit d’ancrer dans les pratiques quotidiennes des communautés conernées, la gestion durable des terres, d’améliorer le couvert végétal fortement menacé et de sensibiliser ces communes aux risques et dangers des changements climatiques au Mali. Le projet est piloté aussi bien par le ministère de l’environnement et de l’eau que l’agence pour l’environnement et le développement durable(AEDD) et plusieurs autres ONG et associations de la société civile malienne, tout comme avec l’appui des Partenaires techniques et financiers.

Politique : les vérités de Amadou Aya

Selon Amadou Aya, le secrétaire politique du parti Yéléma (Changement), le parti créé seulement en 2009 a aujourd’hui un député à  l’Assemblée, et figure dans le groupe APM (Alliance pour le Mali), deuxième force du parlement avec 27 députés. Communales en vue Par rapport aux élections communales d’octobre prochain, Amadou Aya indique que son parti est déjà  dans une dynamique de préparation et sera prêt pour les dates indiquées par les autorités. « Lors des élections législatives passées, le parti était présent dans 30 circonscriptions électorales. Pour les communales, beaucoup de communes du pays ont manifesté leur volonté de participer aux joutes électorales », lance le secrétaire politique avec fierté. Amadou Aya table sur une prestation encore plus honorable du parti du changement pour le scrutin d’octobre. Un challenge que le parti compter bien relever. Et d’ailleurs, l’absence d’un membre du parti dans le gouvernement n’offusque point les membres de Yéléma. l’essentiel, assure notre interlocuteur, est que les hommes et les femmes du gouvernement puissent œuvrer dans le sens de la réussite du projet d’Etat, à  savoir sortir le Mali de la crise de façon durable. Kidal… Abordant la visite de Moussa Mara à  Kidal avec près d’une dizaine de ministres, il martèle qu’elle était loin d’être inopinée dans la mesure o๠il l’annoncée devant l’Assemblée nationale lors de sa déclaration de politique générale. La visite s’inscrivait, explique Amadou Aya, dans un cadre précis à  savoir, s’enquérir des conditions de vie des populations et du redéploiement de l’Administration dans ces villes qui ont beaucoup souffert de la crise. ‘’Ceux qui jugent la visite inopportune pouvaient le dire à  l’Assemblée dès son annonce, mais ils ne l’ont pas fait. En réalité le premier ministres a bien ce droit de se déplacer dans les régions du Mali dans la mesure o๠les Accords (de Ouagadougou) reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali », plaide-t-il. Et d’ironiser ceux qui demandent le départ de Mara : « je pense qu’ils doivent avoir un autre agenda différent de celui du Mali qui est de ramener la paix en vue du développement. Ils appartiennent à  une opposition stérile. Pour les contrarier, un sondage crédible paru aujourd’hui dans la presse indique que plus de 90% des Maliens sont contre la démission du premier ministre Moussa Mara ». l’homme préfère se garder de tout commentaire sur la démission de Soumeylou Boubèye Maà¯ga du Ministère de la Défense et des Anciens combattants.

Doha, scepticisme de mise

Ce qu’il est maintenant convenu d’appeler les « négociations sur le climat » rentre cette semaine dans un round décisif. Et pourtant, alors même que le fameux protocole de Kyoto mourra de sa belle mort à  la fin du mois de décembre prochain, les puissances de ce monde et les pays les plus vulnérables, dont la plupart sont africains, sont loin d’un accord pour lui donner suite. Depuis maintenant 4 ans, les COP comme on les appelle sont le lieu de minces, voire très minces avancées sur la question du climat. Les organisations non gouvernementales étaient montées au créneau à  Copenhague en 2009 pour demander des engagements fermes en faveur de la réduction de gaz à  effet de serre et de l’appui à  l’avènement d’une économie plus verte et plus équitable. En 2011, à  Durban en Afrique du Sud, on avait vu le voile tombé sur les espoirs de voir un nouvel accord succéder à  Kyoto. Doha, en plein désert, accueille à  partir de ce 26 novembre la conférence de toutes les réponses. Et si l’on en croit les différents acteurs, on est loin du compte. Dans un monde en pleine crise économique, la question des changements climatiques n’est plus si fédératrice que cela, alors que les dangers sont on ne peut plus présents. Sandy, anti climato-scepticisme Aux Etats Unis, la survenue d’un ouragan dévastateur sur la côte est du pays en plein mois de novembre a remis au goût du jour la question des changements climatiques. Le pays était parmi les plus réticents à  des engagements fermes en faveur de la réduction des émissions de gaz à  effet de serre, dont il reste le deuxième émetteur mondial. 9 Américains sur 10 s’estiment informés sur le changement climatique mais seule la moitié de la population considère ce phénomène comme «une menace» (sondage Gallup 2011). Après le passage de Sandy, début novembre dernier, les mentalités ont quelque peu évoluées et les changements climatiques sont réapparus, cette fois-ci avec un peu moins de scepticisme dans le discours. Même si la question n’est pas devenue brusquement cause nationale numéro un, le fait que le président américain Barack Obama l’ait évoquée au soir de sa réélection le 06 novembre dernier, en promettant d’en « discuter (…) très largement avec les scientifiques, les ingénieurs et les élus pour voir ce que nous pouvons faire de plus, à  court terme, pour réduire les émissions de carbone ». Un signal fort. Mais du signal à  l’action, il restera certainement des obstacles à  lever, trop lourd pour que Doha soit une réussite. Climat et développement : la quadrature du cercle Pourtant, la question des changements climatiques et de leurs effets négatifs sur la vie, le développement de l’homme est plus que jamais d’actualité. La Banque Mondiale s’est immiscée dans le débat, en publiant un rapport alarmant, quelques jours avant le début de la COP de Doha. Selon l’économiste Stéphane Hallegatte qui travaille pour l’institution, ce rapport a été commandé à  l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Postdam car les tendances actuelles ne permettent pas de limiter le changement climatique à  2°C supplémentaires en moyenne planétaire annuelle. La Banque se demande donc si, et comment, un changement climatique plus important peut rendre impossible à  atteindre ses objectifs de lutte contre la pauvreté et pour le développement. Ce rapport dresse une liste des conséquences d’une hausse des températures à  4°C d’ici un siècle, la tendance actuelle résultant des émissions. Et dit clairement, preuves à  l’appui que les populations des pays pauvres, les plus exposées à  ces transformations alors qu’elles en sont les moins responsables, ne pourront pas faire face à  ces transformations. Pour Stéphane Hallegatte, l’existence du problème climatique ainsi que la nécessité d’une action pour l’atténuer ne fait plus l’objet de contestation. Et pourtant, au bout de quatre années de discussions, les négociations internationales sont bloquées. Les raisons en sont simples. D’abord, les engagements des pays en termes d’émission de gaz à  effet de serre ne sont pas cohérents avec l’objectif des 2°C. Ensuite, les politiques publiques mises en place ne permettent même pas d’atteindre cet objectif. Enfin, les désaccords persistent sur la répartition des efforts entre pays et les avis divergent sur la possibilité d’infléchir la tendance des émissions. Or pour atteindre l’objectif des 2°C, il faut un pic des émissions mondiales entre 2020 et 2025. Il suppose d’inverser la pente, alors que le dernier rapport du PNUE montre que l’écart entre cet objectif et les émissions croà®t chaque année, malgré la crise économique. La teneur de l’atmosphère en gaz carbonique a augmenté de près de 20% depuis l’an 2000. Pour débloquer ces négociations, il est indispensable de passer maintenant à  des actions locales, régionales, nationales, impliquant la société civile ou des entreprises, qui vont dans le bon sens. l’ « économie verte », C’’est la piste la plus sérieuse sur laquelle insiste la Banque Mondiale. Un rapport a mis par le passé l’accent sur le très fort potentiel de ce type de développement, sobre en énergie et fondé sur les énergies renouvelables dans les pays en voie de développement. Dans une dizaine de jours, on saura si Doha, capitale d’un Qatar à  l’économie dopée au pétrodollars, aura réussie à  faire passer le message…

France-Afrique : la rupture ?

La présence du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, en France le jour de l’élection présidentielle, le 6 mai dernier, pour une visite d’Etat et celle du candidat socialiste sénégalais au siège du Parti Socialiste le soir de la victoire de François Hollande, témoignent de la nature des rapports entre la France et les pays africains, notamment ses ex-colonies. Battu ce soir du 6 mai, le président sortant Nicolas Sarkozy était le candidat mal-aimé des Africains. Cependant, faut-il se réjouir de ce retour de la gauche au pouvoir? Aucun changement fondamental ! Pour Dr Etienne Oumar Sissoko, la réponse C’’est oui, si on est homme de gauche. Pour ce professeur d’économie à  l’Université internationale « Sup-Management » de Bamako, la nouvelle fait plaisir, car il consacre « la fin d’une politique catastrophique qui a régné pendant cinq ans ». Cependant, prévient l’universitaire, il ne faut pas céder à  l’euphorie. Car, dit-il, pour l’Afrique, un Français en vaut un autre, et sera préoccupé par la sauvegarde des intérêts français en Afrique. « Que les Africains ne se fassent pas d’illusions, cette politique ne changera absolument rien aux politiques françaises en Afrique et ne contribuera nullement à  améliorer les conditions de vie des Africains, ni même amorcer un processus de développement », nous déclare le Dr Sissoko. « Il ne sera donc pas étonnant de voir que la libération des Français détenus au nord Mali soit plus au centre des débats, coté français, que la libération du nord de notre pays et le recouvrement de notre souveraineté », tranche l’économiste qui ajoute que les Africains, surtout de l’Afrique subsaharienne, doivent être très attentifs aux orientations que le nouveau Président donnera à  sa politique vis-à -vis des pays africains. « Hollande est élu pour les Français, et non pour les Africains ! » Beaucoup d’Africains reprochent à  Sarkozy son comportement vis-à -vis du continent. Et le tollé suscité par les déclarations de Dakar, faisant croire que « l’Afrique n’a pas d’histoire » a ajouté à  la colère des ex-colonies. Pour d’autres, C’’est la pilule du durcissement des conditions d’immigration qui ne passe pas. En général, C’’est surtout « le style Sarkozy agace. Et si Hollande veut se démarquer, il doit d’abord supprimer la cellule Afrique de l’Elysée. On doit refonder les relations entre l’Afrique et la France. Le problème sous Sarkozy C’’est une politique à  géométrie variable. Et cela a été perceptible au Niger avec Tandia, au Cameroun avec Paul Biya, en République démocratique du Congo avec la réélection de Joseph Kabila, en Libye sous Kadhafi, etc. », analyse un conseiller d’un ministère sous le couvert de l’anonymat. Mais notre interlocuteur est formel : « Hollande est élu par et pour le français et non pour les Maliens ». Un visage humain à  l’immigration Si cet avis est largement partagé par de nombreux observateurs, ils attendent du nouveau président français « une coopération normale entre la France et l’Afrique basée sur le principe de respect des Droits de l’homme ». En ce sens, expliquent-ils, il doit donner un visage humain à  notre coopération notamment dans le domaine de l’immigration en renonçant à  la politique d’ « immigration choisie » de son successeur. « Le tout nouveau président a bien les moyens de le faire, car l’Afrique compte pour lui et il comptera pour l’Afrique s’il parvient à  recoller un continent divisé et déstabilisé par Sarkozy », martèle un ancien expulsé de France, aujourd’hui militant de l’Association malienne des expulsés (AME). La fin du supposé soutien français au MNLA Adama Coulibaly, spécialiste en sciences politiques (ancien étudiant de la Sorbonne à  Paris), s’attarde lui sur l’implication de la France dans la crise au nord du Mali. Selon lui, parmi les aspects de la coopération Afrique–France qui vont changer, il y aura la fin du «soutien au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dont les responsables ont été reçus en grande pompe par Sarkozy ». Ce qui va aussi changer, ce sont les conditionnalités démocratiques dans les Etats africains. « Hollande, comme l’a fait Mitterrand, va sans doute se montrer plus exigeant envers les démocraties africaines avant de les soutenir », analyse-t-il. Pour cet assistant parlementaire à  l’Assemblé nationale, « l’Aide publique au développement allouée par la France, devrait augmenter, notamment en direction du Mali, dans le cadre du programme socialiste de lutte contre l’immigration. « Je crois que Hollande va mettre l’accent les aspects du développement local. Car cela va constituer une réponse à  l’immigration, en permettant de fixer le potentiel migratoire », conclut notre interlocuteur.

Le Vétiver, pour sauver nos berges

Le Niger est en danger. Le sable l’étouffe. Par endroits, ce sont de vrais ilots qui surgissent dans le lit du fleuve. Ces amoncellements de terre prennent chaque année de l’envergure et menacent d’étouffer le cours d’eau. A Bamako, le phénomène est très visible au niveau de la Cité administrative et le phénomène a tendance à  empirer. l’ensablement du fleuve est dû à  l’avancée du désert, mais aussi à  l’érosion des berges. En règle générale, l’érosion est le résultat de l’action de l’eau et du vent, chacun provoquant une perte importante de sol chaque année. Selon Djiriba Traoré, ingénieur forestier en service à  l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable (AEDD), les facteurs d’érosion sont le climat, un relief en pente, l’absence ou non de couverture végétale et la nature des végétaux et l’action de l’homme. En ce qui concerne le fleuve Niger, les variations climatiques avec leurs colloraires de trop forte ou trop faible pluviométrie contribuent grandement au phénomène. Les précipitations trop importantes lessivent les sols qui ne sont plus protégés par le couvert végétal et tous les sédiments se retrouvent dans le fleuve. Le peu de pluies, paradoxalement, produit le même effet avec des vents qui soufflent librement et emportent la terre vers le lit du fleuve. Ces contraintes climatiques sont aggravées par le facteur humain. En effet, de mauvaises pratiques agricoles comme l’arrachage des arbres pour installer des plantations le long des berges sont encore monnaie courane. Des berges qui se retrouvent à  nu donc plus vulnérables. Ou encore l’urbanisation qui met une pression considérable sur le cours d’eau et ses ressources, par exemple, à  travers l’extraction de sable ou encore l’installation d’ouvrages qui modifient le débit de l’eau. Pour atténuer l’effet de l’érosion hydrique des berges et tenter d’inverser cette tendance néfaste qui menace tout simplement de faire disparaitre le fleuve mais aussi la vie des populations riveraines, il existe des mesures mécaniques et biologiques que l’on met peut mettre en œuvre. La construction d’ouvrages avec des pierres et de la terre le long de la berge permet de canaliser le sol qui ne descend plus systématiquement dans le cours d’eau. La fixation biologique quant à  elle, consiste à  faire des plantations d’arbres le long des berges ou le repiquage des boutures de bourgou ou d’une plante dénommée vétiver et qu’on appelle en bambara « babi » ou « gongondili ». Selon, M. Balla Moussa Drabo de l’Institut ouest-africain de protection de l’environnement (IOAPE) , ce procédé très utilisé en Asie et dans certains pays voisins, consiste à  creuser des tranchées dans lesquelles on plante du vétiver. Cette plante permet dans une zone d’érosion, de retenir tout ce qui est solide et de laisser couler l’eau. « C’est une technique très facile, moins coûteuse et facile à  vulgariser auprès des populations. Il suffit seulement d’avoir une pépinière ou de planter des pousses du vétiver, les entretenir pendant seulement un mois pour obtenir une jeune plante » explique-t-il. « Nous pensons que, vue la faiblesse des ressources de notre pays, cette plante doit être vulgarisée pour sauver le fleuve » ajoute M. Drabo. Le vétiver est donc l’une des armes pour lutter contre certains effets néfastes des changments climatiques. Sa plantation qui ne coûte quasiment rien devra permettre dans un court terme de restaurer ou tout au moins de protéger ce qui reste des berges et freiner l’ensablement. Par ailleurs, le vétiver est utilisé pour de nombreux usages comme la purification de l’eau de boisson ou encore en pharmacopée traditionnelle. C’’est donc également une source de revenus non négligeable pour les populations qui le plantent.

Modibo Sidibé, le candidat du changement dans la continuité

C’’est une candidature annoncée. Même si elle ne l’est pas encore officiellement à  l’heure à  laquelle J’écris ces lignes. Mais son retrait de la primature, le 30 mars 2011, à  un an de la prochaine présidentielle (prévue pour le 29 avril 2012), ne laissait pas de doute : Modibo Sidibé sera candidat. Ses partisans, déjà , se rassemblent et s’organisent et une déclaration officielle de l’ancien premier ministre est attendue dans les heures qui viennent. Il est vrai que Sidibé résume, à  lui seul, l’histoire contemporaine du Mali, militaire et politique. Ce qui, bien sûr, n’est pas suffisant pour assurer une victoire électorale mais pèse, cependant, dans la balance. Au début, il y a le père, Mamadou Sidibé, officier de l’armée française ; il sera, dit-on, le premier capitaine du Mali indépendant. Officier supérieur, il était aussi un érudit. Il y a ensuite la fratrie : six enfants. Dont Mandé qui après une carrière d’économiste (FMI, BCEAO) s’est retrouvé premier ministre (2000-2002) de Alpha Oumar Konaré dont il avait été le conseiller spécial. En mars 2002, il démissionnera de la primature pour se présenter à  la présidentielle mais n’obtiendra pas l’investiture de son parti : l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema). Il avait alors passé le cap de la soixantaine et allait se consacrer à  finance (il a été président d’Ecobank à  compter de 2006). Mandé est mort le 25 août 2009 à  l’âge de 69 ans. Modibo, lui, est né à  Bamako ; mais C’’est un Peul du Wasoulou (actuelle Guinée), le fief de Samori dont l’Almany fera sa base arrière en vue de ce que l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo qualifie de « Drang ach Osten » (Poussée vers l’Est) qui lui permettra de conquérir Bamako mais le verra échouer devant Sikasso. Si ses frères et sa sœur ont choisi les études médicales et para-médicales, Modibo, lui, a fait le choix de la police. A sa sortie de l’Ecole nationale de police de Bamako, il va se perfectionner en Europe, en Italie et en France, décrocher un doctorat en criminologie avant de rejoindre la Brigade d’investigations criminelles et d’être nommé, en 1984, commissaire de police de l’aéroport international de Bamako-Sénou. Quand éclatera la « guerre des pauvres » entre le Mali et le Burkina Faso, il sera affecté à  la rédaction des communiqués de l’état-major et, à  cette occasion, sera au contact avec Amadou Toumani Touré (ATT) dont il avait fait la connaissance, à  la fin des années 1970, alors qu’il se trouvait déjà  sous ses ordres à  l’occasion d’un stage de parachutiste. Quand ATT va prendre le pouvoir à  la suite des événements de 1991, il confiera la direction de son cabinet (avec rang de ministre) à  Modibo Sidibé et quand Alpha Oumar Konaré formera son premier gouvernement à  la suite de son élection à  la présidence de la République, le « commandant » Modibo Sidibé sera nommé ministre de la Santé, de la Solidarité et des Personnes âgées ; un portefeuille (Santé publique, action sociale et promotion féminine) que sa sœur Sy Oumou Louise Sidibé avait détenu du 5 avril au 16 juillet 1991. Le 16 septembre 1997, alors que Konaré entame son second mandat, Sidibé sera nommé ministre des Affaires étrangères et des Maliens de l’extérieur ; il conservera ce portefeuille jusqu’à  l’alternance qui, en 2002, permettra à  ATT de revenir au pouvoir, par la voie des urnes cette fois. ATT ne fera pas l’impasse sur Sidibé. Il le nommera secrétaire général à  la présidence avec, cette fois encore, rang de ministre. C’’était confirmer, dix ans après leur première collaboration, que Sidibé est un homme discret, travailleur ayant le sens de l’organisation ; un parfait collaborateur pour un chef d’Etat. En quelque sorte ce que Claude Guéant – l’un et l’autre ayant été formaté au sein de la police – est à  Nicolas Sarkozy ; avec la même apparente froideur, la même volonté de rigueur ; un homme de dossiers peu préoccupé de mondanités. En septembre 2007, ATT le fait premier ministre. Dans un pays o๠l’Etat a été illustré par des personnalités majeures, de dimension continentale, Sidibé pourrait apparaà®tre terne. Mais il est l’homme qu‘il faut à  la place qu’il faut. Le Mali n’est pas au mieux de sa forme. Les acquis des années passées sont volatiles et les défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires nombreux dans une conjoncture mondiale et sous-régionale détériorée. On reprochera cependant à  Sidibé, homme de dossier, de n’être pas homme de décision rapide (ceci expliquant cela, on le dit perfectionniste) : nommé premier ministre le 29 septembre 2007, il formera son gouvernement le 3 octobre 2007, mais ce n’est que le 14 décembre 2007 qu’il présentera sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Sidibé ne donne jamais l’impression de vouloir aller « trop vite, trop loin ». Deux mois après sa nomination à  la primature, il expliquait à  Chérilf Elvalide Sèye (Les Afriques du 6 décembre 2007) : « Nous avons un programme de développement économique et social qui est celui du candidat Amadou Toumani Touré à  l’élection présidentielle. Il a été largement élu sur cette base. Il a indiqué ses objectifs politiques et stratégiques que mon gouvernement est appelé à  mettre en œuvre. Il nous a condensé cela dans une lettre de cadrage, une lettre d’orientation d’axes stratégiques et d’objectifs qu’il nous revient maintenant de détailler. Nous l’avons fait déjà , lors d’un séminaire gouvernemental, la semaine dernière. Nous nous sommes appropriés en tant que gouvernement à  la fois le programme de développement économique et la lettre de cadrage. Nous allons faire une feuille de route gouvernementale qui va nous permettre d’élaborer un plan d’action gouvernemental de mise en œuvre du programme de développement économique et social pour la période 2007-2012 ». La vraie nature de Sidibé, C’’est cela : « laisser le temps au temps » ; enfin, le temps qu’il faut. Mais ceux qui pensent que ce n’est que cela se trompent. Dans le même temps, il avait mis en place un « bouclier » pour faire face au renchérissement des cours du pétrole et des prix des denrées de grande consommation (riz, farine, etc.) : subventions et réduction des recettes fiscales, accompagnées d’une hausse des salaires dans le public et para-public. Pour compenser la baisse des recettes, il s’efforcera d’améliorer la productivité et de généraliser la bonne gouvernance. Un challenge financièrement coûteux mais qui a sans doute évité au Mali une confrontation sociale qui aurait été délicate dans le contexte « d’insécurité » qui caractérise le pays et qui a détruit l’image du Mali et refroidi l’enthousiasme des bailleurs de fonds internationaux. A moins d’un an de la présidentielle et après avoir quitté la primature (cf. LDD Mali 009/Mardi 5 avril 2011), Sidibé apparaà®t comme le seul homme ayant une connaissance « intime » des arcanes du pouvoir depuis vingt ans : directeur de cabinet du président de la République, secrétaire général de la présidence de la République, ministre, premier ministre ; le tout sous Konaré comme sous ATT. On ne peut pas rêver mieux en matière de « connaissance » des dossiers. Sauf que Sidibé est, pour l’essentiel, un homme de l’ombre et n’a jamais affronté aucun scrutin électoral. Il s’agit donc de savoir si le Mali, aujourd’hui – et surtout demain -, a besoin d’un manager raisonnable qui a la confiance des hommes qui ont été au pouvoir ou d’un homme de pouvoir suffisamment déraisonnable pour susciter l’enthousiasme des populations mais également l’adhésion de la classe politique et la motivation des acteurs économiques. La présidentielle 2012 sera une présidentielle ouverte, sans sortant et sans figure historique ; mais non sans une flopée de prétendants. C’’est dire que tout est possible.

Agriculture : La nécessaire adaptation aux changements climatiques

Face aux multiples changements liés au climat dans notre pays, il parait plus qu’évident de s’attendre à  long terme, à  ce que le développement du Mali soit fortement influencé par plusieurs facteurs. Entre autres impacts, nous avons des précipitations à  la fois insuffisantes et imprévisibles, les fréquentes inondations et des manifestations de vents violents impactant sur le sol et le couvert végétal. Le ministre de l’environnement et de l’assainissement, Agatham Ag Alhassane informe que selon des évaluations scientifiques réalisées par la communication nationale initiale (CNI) et du PANA, le changement climatique causera très probablement d’importantes pertes à  la production agricole. Le coût global du projet s’élève à  5,5 milliards de FCFA et s’étend sur une période de quatre ans. Une réponse s’impose aux effets dévastateurs du changement climatique Il parait très clair qu’en l’absence de réponses immédiates s’inscrivant dans la durabilité, ce problème entrainera le Mali dans le précipice. Le ministre malien de l’agriculture indique que « notre pays risque de basculer dans une catastrophe écologique sans précédant qui pourrait de manière irréversible, faire reculer le pays de manière drastique. Il envenimera tous les efforts déployés pour l’atteinte de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Appuis techniques et financiers C’’est cette situation alarmante qui a fait selon Mr Agatham, que le Mali s’est doté de l’appui de ses partenaires techniques et financiers. En plus d’une politique nationale de protection de l’environnement et du projet PANA. Ce projet porte sur le développement d’une stratégie de communication et de sensibilisation, en vue de parvenir aux changements de comportements des acteurs. Cela se fait dans le cadre de l’intégration de la dimension environnementale dans le champ d’exercice des différentes activités socio-économiques. Le ministre précise que, C’’est dans le souci de réduire les risques liés aux changements climatiques, que le gouvernement du Mali, avec l’appui financier du programme des Nations-Unies pour le développement et le fond mondial pour l’environnement, a mis ce projet sur pieds. Il s’agit particulièrement d’améliorer la capacité d’adaptation et la résilience face aux changements climatiques dans le secteur agricole au Mali. Le projet concerne six communes tests. Celles-ci ont été choisies sur la base des critères de vulnérabilité et de sécurité alimentaire. Il s’agit notamment de Massantola (Koulikoro), M’Pessoba (Sikasso), Cinzana (Ségou), Mondoro (Mopti) et Taboye (Gao).

Copenhague : le Mali présente des idées novatrices contre le changement climatique

Charte Africaine de compensation volontaire et solidaire Le Réseau Carbone et le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement, ont présenté « La Charte africaine de compensation volontaire et solidaire » qui dans les années à  venir pourrait être une véritable feuille de route pour les pays africains. C’’était à  l’occasion d’une Journée du Mali placée sous la présidence du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré qui avait à  ses côtés, en plus du ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, le Professeur Tiémoko Sangaré, les ministres nigériens et congolais en charge de l’Environnement et plusieurs autres personnalités. « La Charte africaine de compensation volontaire et solidaire », était d’une grande originalité. Parlant au nom des organisateurs, le Réseau Carbone, M. Housseyni Nafo a d’emblée donné le contexte de l’évènement : une initiative de la jeunesse africaine qui veut montrer que l’Afrique n’est pas en marge dans la recherche de la solution au réchauffement climatique. Il n’a pas manqué de remercier le président Amadou Toumani Touré dont l’engagement pour la défense de l’environnement ne date pas d’aujourd’hui. Le célèbre photographe Arthus Bertrand s’est adressé au public en manifestant sa sympathie pour le Mali, ce pays du Sahel qui a retenu son attention professionnelle et qui mérite un clin d’œil. C’’est pourquoi, la fondation qu’il dirige n’a pas hésité un seul instant à  donner une fenêtre au Mali. Après, ce fut le ministre nigérien de l’Environnement qui a pris la parole pour reconnaà®tre tout le rôle que doit jouer la séquestration du carbone dans un cadre global. Il a à  l’appui de ses propos, cité un exemple probant de son pays sur la gomme arabique, le seul projet à  ce jour bénéficiant du financement du Mécanisme pour un développement propre (MDP). Le président ATT, présent à  Copenhague, a fait un lien avec sa propre expérience pour caractériser les changements climatiques dont les manifestations les plus courantes sont l’ensablement des cours d’eau, la disparition des terres cultivables, la perte des pâturages…. Le réseau Carbone l’initiative proposée par le Réseau Carbone mérite l’attention de tous les décideurs africains, a dit en substance le chef de l’Etat qui en reconnaissant le rôle des multinationales étrangères dans la dégradation des ressources naturelles du continent n’a pas manqué d’insister sur la responsabilité des Africains dont la principale source d’énergie continue de provenir du bois et du charbon de bois. « O๠est la justice, o๠est la démocratie quand C’’est nous qui subissons les effets d’une dégradation dont nous ne sommes pas les principaux acteurs », s’est interrogé le chef de l’Etat. « Il faut nous engager dans l’inversion des tendances à  la dégradation des ressources par l’instauration d’un vigoureux programme de formation qui partira des écoles pour atteindre toutes les communautés », a t-il ajouté.  » Plantons des arbres Il nous faut nous engager dans cette voie pour faire en sorte que désormais, toutes les actions de développement comportent un volet environnemental, a encore insisté le chef de l’Etat qui a enfin manifesté toute sa disponibilité à  soutenir et à  faire connaà®tre la « Charte de compensation volontaire et solidaire ». Plantons des arbres, protégeons nos forêts, tissons de relations de complémentarité avec les pays développés et ce sera mieux pour tous les citoyens de la planète. Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement a conclu la séance en soulignant que les jeunes viennent de prouver qu’ils constituent un espoir tel que voulu par le président de la République, à  travers son « Projet de développement économique et social ». Pour le ministre Sangaré, la gomme arabique constitue une chance et il faut la saisir en même temps que toutes les initiatives en faveur de la séquestration du carbone. La cérémonie a été agrémentée par une prestation du chanteur Salif Keita qui, dans son style, a fait dégouliner des sonorités malinkés qui ont fait trémousser plus d’un dans la cinémathèque.