Leila Gobi, la Perle de Ménaka

Les voix de la musique malienne sont diverses et particulières. Parmi elles, celle de Leila Gobi, artiste native de Ménaka qui, après avoir conquis le public local, charme  désormais les  publics au-delà du Mali. Elle rentre d’une tournée internationale et a accepté de parler de son parcours et ses ambitions.

3 albums, chacun d’une dizaine des titres. Des tournées en Afrique, Europe, et  aux États-Unis. Leila Gobi a fait son chemin dans la musique.  Après l’obtention de son Diplôme d’Etude Fondamentale (DEF)  en 2000, elle  rentre à l’Institut Nationale des Arts (INA). Quatre ans après, elle termine ses études en musique.

Flash back. En 1997, elle participe à la semaine scolaire régionale de Gao. Ce fut le déclic.  « Je suis devenue première de la région dans la rubrique soliste. J’ai chanté ‘’Il faut éduquer les enfants’’ », se rappelle encore l’artiste trentenaire. A son retour à Ménaka, elle est repérée par une organisation internationale pour prêter son talent à une campagne de sensibilisation sur la malnutrition. Son destin est alors déjà tracé.

Transmettre des valeurs. C’est en 2010, qu’elle rentre véritablement dans le monde avec son premier album, ‘’ Minika’’, le nom de sa ville. En 12 morceaux, Leila Gobi y  évoquait la cohésion sociale, la noblesse des gens de Ménaka, l’éducation des enfants et prodigue aussi des  conseils  entre autres. Avec ‘’Aiyitma’’ ‘’Mes frères’’, un de ses  morceaux culte, qui appelle à l’entente et l’amour entre tous les  frères,  c’est une  voix berceuse qui a conquis la population de Ménaka. Peu à peu, son écho se propage au-delà. « Nos ancêtres nous ont laissé des valeurs et ce sont ces valeurs que je cite dans ce morceau pour ne pas que les gens les oublient », souligne celle dont le père s’oppose à son métier. En 2012, alors que le pays tombe dans la crise elle sort son deuxième album sur la paix. L’unité et la fraternité étaient mises en avant.  En 2017, un troisième vient marquer sa maturité musicale. Il s’intitule ‘’Adounia’’, ‘’La vie’’, où elle parle d’elle-même  et invite chacun à s’interroger sur soi. 

Avec son groupe ‘’Leila Gobi’’, elle  a entrepris une tournée d’une dizaine de jours en Europe au mois de juin  dernier. « On avait fait deux concerts très importants  dans chacune de ces deux villes (Lyon, France et Genève, Suisse,ndlr). Ils nous avaient bien accueilli et on a passé par beaucoup des villes », dit-elle, satisfaite. Elle vient d’être invitée à Ménaka pour l’inauguration de la maison des jeunes.

Fatoumata Diawara, la princesse Soninké

C’’est sa tante Djénéba Diawara, une grande actrice malienne, qui l’élève. A 14 ans, la petite Fatoumata accompagne sa tante sur le tournage du long métrage « Tafé fanga » du réalisateur Adama Drabo. Ce dernier lui propose immédiatement un rôle dans le film. C’’était en 1996. Sur ce même plateau, se préparait « La genèse » de Cheick Oumar Sissoko. Fatoumata Diawara est d’emblée sélectionnée pour figurer dans ce film. Là , elle fera la rencontre de Balla Moussa Keita, Salif Keita, et Sotigui Kouyaté. Ensemble, ils vont se concerter pour écrire, une adaptation de la pièce de Jean Anouilh « Antigone » et dont le rôle principal sera joué par Fatoumata Diawara. La voici lancée dans le monde du cinéma. Un succès en continu… En 2001, Sotigui Kouyaté prépare le film de son fils Dani « le rêve du python ». Fatoumata se verra attribuer le premier rôle du film. La princesse soninké Sia Yatabaré. Un film qui la fera connaà®tre au-delà  des frontières africaines et qui tournera pendant deux ans. En 2002, l’illustre compagnie de théâtre française Royal de Lux fait une tournée à  Bamako pour sélectionner de jeunes talents. Fatoumata Diawara passe l’audition avec succès. « Ils ont tout de suite craqué sur moi », précise-t-elle. Commence alors une tournée qui va durer six ans en Asie , en Corée, Viêtnam), aux Etats Unis et en Europe. Fatoumata revient en 2007 à  Bamako pour l’Opéra du Sahel. La même année, elle est récompensée pour son rôle dans « Il va pleuvoir sue Conakry » du guinéen Cheikh Fantamady Camara et qui remporte le Prix RFI du public au Fespaco 2007. Après toutes ces expériences, Fatoumata Diawara se lance dans la réalisation. Elle veut aussi produire son propre film qu’elle est entrain d’écrire. Et qui devrait bientôt sortir… Du cinéma à  la musique… Il y a cinq ans la princesse soninké se découvrait également un talent de musicienne. ‘La musique est venue à  moi naturellement’,.explique t-elle. Au début, elle jouait à  la guitare dans les bars et les petits restos tous les soirs avec des amis. De là , elle s’est fait un public et a écrit son propre répertoire. Le public français est très friand de sa musique car il vient à  ses concerts, notamment au Baiser Salé, une salle parisienne mythique dans le quartier des Halles. Lors d’une tournée au Mexique, Fatoumata Diawara fait la rencontre de la chanteuse américaine D.D. Bridgewater. Elle figurera ensuite sur l’album de la diva du jazz. Entre 2007 et 2008, Cheick Tidiane Seck lui propose d’être sa choriste, car il est littéralement tombé sous le charme de sa voix. Après cette tournée, il l’envoie auprès de Oumou Sangaré, avec qui elle signe quelques titres sur le dernier album. Une artiste engagée Fatoumata écrit elle même ses textes. Elle évoque la situation des enfants victimes d’exploitation, la violence faites aux femmes marginalisées, qui selon elle, sont le pilier de la société malienne… Présente à  Bamako pour le festival Dahoula 2009, initié par la styliste Awa Meité, elle y représentait la diaspora française. C’’est Cheick Tidiane Seck qui lui a proposé de venir montrer ses talents musicaux au public malien, un talent trop exploité par les occidentaux selon le roi du Mandingroove. Fatoumata Diawara vit aujourd’hui France.