Enablis : l’entreprenariat made in Canada

Des yeux bleus pétillants. Charles Sirois, la soixantaine radieuse, nous vient tout droit de Chicoutimi, au Québec. Mais en 2004, lors qu’il lance Enablis, ce réseau d’affaires destiné à  créer une plateforme d’entrepreneurs à  travers le monde, bien du chemin a été fait. 2500 membres accrédités Enablis aujourd’hui à  travers 12 campus ! Un vaste réseau parrainé à  l’époque par le sommet du G8 de 2002 et qui veut révolutionner la face de la pauvreté mondiale. Mais que veut dire Enablis ? Il s’agit surtout de mentorer des entrepreneurs car, il y a « ceux qui voient la piscine et n’ont pas forcément envie de sauter », explique Charles Sirois de passage à  Bamako pour lancer Enablis Mali. Des Télécoms à  la philanthropie Petit retour en arrière. Après une belle carrière dans les Télécoms ( Charles Sirois a été Président du conseil de Telesystem, une société de Télécommunications et Associé fondateur du Fonds Tandem Expansion) il décide en 2004 de prendre une nouvelle direction dans sa carrière. l’idée a pour nom Enablis, un Réseau entrepreneurial, financé à  l’époque grâce au Ministre Jean Chrétien et au cabinet de conseil Accenture. Charles Sirois est membre fondateur et président du conseil d’ Enablis, un organisme à  but non lucratif qui vise à  développer l’entrepreneuriat, notamment en Afrique. Le premier réseau donc débute à  Cape Town en Afrique du Sud avec 5 ou 6 sociétés. Oui quel meilleur endroit que le continent africain pour stimuler l’entrepreneuriat et réduire la pauvreté. « En entreprenant, le premier emploi que vous créez, C’’est le votre. Ensuite vous créez un deuxième emploi, puis un troisième et ainsi de suite. Dans le réseau Enablis, nos entrepreneurs peuvent créer jusqu’à  8 emplois. Chaque salaire ramené à  la maison permet de faire vivre, de nourrir, près de 10 personnes en Afrique», explique Charles Sirois, ajoutant que pour chaque entrepreneur développé, ce sont 80 personnes qui sont sorties de la pauvreté. ». D’ailleurs Charles Sirois ne plaint pas tant que ça l’Afrique. Pour lui, l’Inde est plus dramatique en terme de pauvreté. Alors comment sortir des clichés misérabilistes qui collent à  la peau du vieux continent ? En prenant des risques. La plateforme Enablis(qui vient du mot anglais, To Enable) va donc financer plusieurs types d’entrepreneurs(Bronze, Gold ou Argent) qu’elle va accompagner dans son développement. Petites et moyennes entreprises, il y a là  tout ce qu’il faut à  condition que l’idée soit géniale et prometteuse. Car le succès, C’’est bien 1% de talent et 99% de travail. A Bamako, le réseau Enablis compte bien s’implanter, avant Dakar au Sénégal. « l’initiative n’en est qu’à  ses débuts et il y a un potentiel incroyable dans le secteur des mines mais aussi de agro-alimentaire », précise Charles Sirois, qui a visité l’Office du Niger avec curiosité et intérêt. « J’apprécie ce pays o๠Enablis était quasiment prêt à  être lancé n’eut été le Coup d’Etat en 2012», rappelle l’homme d’affaires canadien. Mais pour lui, le business, C’’est la vision à  long terme, pas la satisfaction immédiate de besoins, mais le développement et la reconnaissance. Et le Mali aujourd’hui constitue l’étape ouest-africaine pour le réseau Enablis.

Charles Taylor, de nouveau condamné

Un tribunal ad hoc soutenu par l’ONU a confirmé jeudi en appel la condamnation à  cinquante ans de prison de l’ex-président du Liberia Charles Taylor pour des crimes contre l’humanité commis lors de la guerre civile en Sierra Leone (1991-2002). «La chambre d’appel est d’avis que la peine imposée en première instance est juste à  la lumière de la totalité des crimes commis», a déclaré le juge George King lors d’une audience publique à  Leidschendam, dans la banlieue de La Haye (Pays-Bas). Ce jugement rendu par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone marque la fin de cette procédure marathon qui dure depuis plus de sept ans contre l’ancien homme fort de l’Afrique de l’ouest. La guerre en Sierra Leone est l’une des plus atroces de l’histoire africaine récente, avec 120 000 morts et des milliers de civils mutilés. Charles Taylor avait, selon les juges, fourni armes, munitions, médicaments, cigarettes, alcool et autres aides logistiques au rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) en échange de diamants. Souvent drogués, les rebelles se sont rendus tristement célèbres pour des meurtres, viols systématiques, enlèvements et amputations. Ils ont en outre kidnappé des milliers d’enfants, obligés de combattre dans leurs rangs. Arrêté et transféré à  La Haye en 2006, Charles a aidé à  planifier «certains des crimes les plus haineux de l’histoire de l’humanité» sans pour autant avoir le contrôle direct des rebelles du RUF, avaient estimé les juges en première instance. Dernier round pour Taylor Charles Taylor, 65 ans, avait été reconnu coupable en avril 2012 d’avoir aidé et encouragé une campagne de terreur visant à  obtenir le contrôle de la Sierra Leone. Sa peine avait ensuite été fixée à  50 ans de prison alors que l’accusation en réclamait 80. C’’est certainement le dernier jugement du TSSL, qui siège pour les autres procès à  Freetown, en Sierra Leone : un seul suspect reste en fuite mais des rumeurs, jamais vérifiées, ont annoncé son décès. Le procès de Charles Taylor avait été délocalisé de Freetown à  La Haye pour des raisons de sécurité.«C’’est un jour extrêmement décevant pour nous et nous sommes profondément déçus après ce jugement», a pour sa part regretté l’avocat de Charles Taylor, Morris Anyah. Le jugement en première instance était le premier rendu par la justice pénale internationale contre un ancien chef d’à‰tat depuis celui prononcé en 1946 par le tribunal militaire international de Nuremberg qui jugea 24 des principaux responsables nazis. Le procès en première instance de Charles Taylor, terminé en mars 2011, avait notamment été marqué par le témoignage de l’ancien mannequin Naomi Campbell, qui avait dit avoir reçu des diamants bruts, selon elle envoyés par Charles Taylor après un dà®ner organisé en 1997 en Afrique du Sud.

CEDEAO: Charles Koffi Diby plaide pour les APE

M. Charles Koffi Diby, a appelé les Etats membres de la CEDEAO à  trouver un accord régional en matière commerciale afin de pouvoir enfin conclure les accords de partenariat économique (APE), qui se négocie depuis dix ans avec l’Union européenne (UE). C’était lors de son adresse d’ouverture à  l’occasion de la 70ème session ordinaire du Conseil des ministres de la CEDEAO. M. Diby, ministre ivoirien des Affaires Etrangères a indiqué avoir participé, le 16 mai 2013 à  Bruxelles, en compagnie du président de la Commission de la CEDEAO, à  la 19ème réunion ministérielle sur le dialogue politique entre l’UE et la CEDEAO. «A cette occasion, nous avons pu convenir avec nos partenaires européens de la nécessité pour nous de conclure, d’ici à  la fin de cette année, nos négociations engagées depuis 2003 sur l’accord de partenariat économique qui constitue l’un des points essentiels de notre coopération», a-t-il déclaré. M. Diby, qui s’exprimait en sa qualité de président du Conseil des ministres de la CEDEAO, a appelé ses pairs des autres Etats membres prenant part à  la rencontre d’Abidjan à  «trouver à  cet égard un accord régional devant satisfaire toutes les parties et mettre (ainsi) fin à  la juxtaposition des différents régimes commerciaux». «Toute situation contraire aura un impact négatif sur nos efforts d’intégration», a averti le ministre d’Etat ivoirien, insistant sur la nécessité, au regard des enjeux et des délais et tenant compte du rapport du président de la Commission sur la question, de s’accorder sur «un schéma de compromis minimum» pour sortir de l’impasse et bénéficier des avantages qui s’offrent dans le prochain cycle de négociations avec les partenaires européens. à‰conomie au beau fixe dans la sous-région Le président de la Commission de la CEDEAO, Désiré Kadré Ouedraogo, s’est par ailleurs réjoui des performances économiques régionales consolidées au cours de ce premier semestre ainsi que des avancées considérables réalisées dans l’approfondissement des chantiers clé du processus d’intégration dans la région, aspects sur lesquels il devrait revenir au cours du rapport intérimaire qu’il présentera au Conseil. Il a cependant tenu à  souligner «le tournant décisif, voire historique» que l’organisation est en train d’amorcer avec la finalisation du processus de mise en place de son tarif extérieur commun (TEC/CEDEAO). «Je voudrais me féliciter de ce processus participatif avec les Etats membres et l’UEMOA qui a permis, à  travers la réunion des ministres des Finances de Praia, en mars dernier, de s’accorder sur les grandes lignes de cet instrument nécessaire à  la consolidation de notre marché commun», a-t-il dit. Il en a appelé au «soutien politique unanime» des membres du Conseil des ministres pour «faire du TEC une réalité et franchir ainsi une étape importante de notre processus d’intégration régionale». Insistant lui aussi sur la nécessité d’un régime commercial unique pour la région si l’on veut asseoir les conditions optimales de l’accroissement des échanges intracommunautaires, de la consolidation du tissu productif et de l’amélioration de la compétitivité régionale, M. Ouédraogo a évoqué à  son tour les négociations de l’accord de partenariat économique avec l’UE. Un agenda très chargé Au cours de cette 70ème session ordinaire, le Conseil des ministres examinera, outre le rapport intérimaire 2013 du président de la Commission, l’état d’exécution des tâches assignées à  la Commission par leur précédente session ainsi que le rapport du contrôleur financier portant sur l’exercice 2012, le rapport du comité d’audit et le projet d’ordre du jour de la 43ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, prévue les 17 et 18 juillet 2013 à  Abuja, au Nigéria. Plusieurs autres points figurent au menu des ministres pour endossement, notamment le rapport des ministres des Finances sur le TEC/CEDEAO, celui sur l’état d’avancement des négociations APE et le rapport sur l’Autorité régionale de la concurrence de l’organisation. Le rapport de la réunion des ministres du Travail, de l’Emploi et des Affaires sociales, celui des ministres chargés des Infrastructures, du Transport, des TIC et des Ressources en eau, de même que celui sur les conclusions de la 10ème réunion des ministres de l’Energie seront aussi examinés. Le Conseil se penchera encore sur des dossiers tels que le mémorandum sur les textes réglementaires concernant le Centre régional pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO (CEREEC), le rapport des ministres de la Sécurité et le mémorandum du président de la Commission sur l’élargissement de neuf à  quinze du nombre de commissaires.

Liberia : 50 ans ferme pour Charles Taylor

Le procès aura duré six ans. C’’est au cours d’une audience publique ce mercredi à  Leidschendam, que le juge samoan Richard Lussick a déclaré l’accusé est responsable d’avoir aidé et encouragé, ainsi que d’avoir planifié, certains des crimes les plus haineux de l’histoire de l’humanité. l’ancien président du Liberia Charles Taylor, est condamné ainsi à  50 ans de prison pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Sierra Leone. Des massacres, viols et mutilations sur un demi-million de personnes, sont également des faits qui lui sont reprochés et que le tribunal de La Haye dit compter parmi les pires de l’Histoire. l’accusation avait requis 80 ans de prison le 03 mai dernier et finalement, il a écopé de 50 ans car les juges jugeaient la peine excessive. Signifiant que, le 26 avril dernier, Charles Taylor avait été reconnu coupable d’avoir eu un rôle crucial dans l’exécution des crimes sans pour autant avoir eu le contrôle «effectif» des rebelles sierra-léonais qui les ont commis ; les juges ont toutefois retenu comme circonstances aggravantes le fait qu’il avait «trahi», selon eux, la position de «confiance publique» que lui valait la présidence. Pour l’avocat de la défense, Courtenay Griffiths, cette sentence n’est rien d’autre qu’une condamnation à  vie de son client et a annoncé sa décision de faire appel. Interrogé par RFI, l’ancien ministre français de la Justice, garde des Sceaux, Robert Badinter, souligne que la décision du TSSL prouve dorénavant que les chefs d’Etat qui ne sont pas eux-mêmes directement les auteurs des crimes sont les premiers responsables et doivent être condamnés. Aujourd’hui âgé de 64 ans, Charles Taylor, aura été le président du Liberia de 1997 à  2003. Le 26 avril 2012, des onze chefs d’accusation, dont il devait répondre : Viol, meurtre et pillage notamment, commis entre 1996 et 2002 en Sierra Leone, il plaidait non coupable. Ce 30 avril à  la Haye, ses juges ont estimé qu’en échange de diamants, l’ancien président a fourni armes et munitions aux rebelles sierra-léonais du RUF, jouant donc un rôle «crucial» dans les crimes commis par ces derniers. A titre de rappel, la guerre civile, marquée par de nombreux actes de cannibalisme et mutilations, a fait 120 000 morts entre 1991 et 2001. Charles T. devra purger sa peine au Royaume-Uni qui s’est engagé à  l’accueillir ; il est le premier ex-chef d’Etat condamné par la justice internationale depuis le tribunal militaire de Nuremberg qui jugea les dignitaires nazis.

Procès Charles Taylor : verdict ce mercredi !

Il est le premier ex-chef d’Etat condamné par la justice internationale depuis le tribunal militaire international de Nuremberg, qui a jugé les dirigeants nazis. La sentence sera prononcée à  partir de 09H00 GMT mercredi 30 mai, lors d’une audience publique à  Leidschendam, près de La Haye. La seule chose dont l’on est sûr est que Charles Taylor purgera sa peine en Grande-Bretagne, en vertu d’un accord trouvé préalablement avec les Pays-Bas qui ont accueilli le procès pour des raisons de sécurité. Le 3 mai, l’accusation avait « recommandé » une peine de 80 ans de prison contre Taylor, justifiée par « le rôle essentiel qu’il a joué dans des crimes d’une portée et d’une gravité extrêmes ». La défense avait de son côté estimé cette peine « disproportionnée et excessive ». Si elles souhaitent interjeter appel du jugement ou bien de la peine infligée, la défense comme l’accusation peuvent le faire au plus tard 14 jours après le prononcé de la peine – c’est-à -dire le 13 juin. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), chargé de juger les responsables des « atrocités » commises en Sierra Leone après le 30 novembre 1996, ne prononce pas de peine de prison à  vie ou de condamnation à  mort mais fixe un certain nombre d’années de prison. L’ex chef de guerre est le dernier sur le banc des accusés du TSSL. Huit responsables ont déjà  été condamnés à  des peines de 15 à  52 ans de prison. Coupable des 11 chefs d’accusations Président de la Sierra Leone de 1997 à  2003, Charles Taylor avait été reconnu coupable le 26 avril dernier – après un an de délibéré – des onze chefs d’accusation dont il devait répondre, viol, meurtre et pillage notamment (voir encadré en colonne de droite). Ces actes ont été commis entre 1996 et 2002 en Sierra Leone. Arrêté en 2006 au Nigeria, il a selon les juges « aidé et encouragé » une campagne de terreur visant à  obtenir le contrôle de la Sierra Leone, cela dans le but d’exploiter ses mines de diamants. Taylor a agit pendant une guerre civile qui a fait 120 000 morts entre 1991 et 2001, guerre marquée par de nombreuses atrocités : mutilations, cannibalisme et utilisation d’enfants-soldats. En fournissant aux combattants du Front révolutionnaire uni (RUF) armes et munitions en échange des désormais célèbres « diamants du sang », l’ex-président libérien a joué, selon les juges, un rôle « crucial » dans les crimes commis par ces rebelles. Autorisé une dernière fois à  prendre la parole devant le tribunal, Charles Taylor a été fidèle à  sa ligne de défense – il a plaidé non coupable et a toujours qualifié le procès de « supercherie ». Le 16 mai dernier, il a donc assuré avoir « tout fait pour la paix » en Sierra Leone, accusant le bureau du procureur d’avoir acheté et menacé des témoins. Renouveau démocratique en Sierra Leone ? Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU était le 23 mai dernier en Sierra Leone, pour y discuter des progrès enregistrés depuis la fin de la guerre civile ainsi que de la préparation des élections générales prévues en novembre. « Les élections (de novembre) sont considérées par la communauté internationale comme une épreuve de vérité » sur la solidité du processus de paix, a déclaré à  cette occasion Ibrahim Kargbo, ministre sierra-léonais de l’Information. Dix ans après la fin de la guerre et en dépit de ses importantes richesses minières, la majorité des Sierra-Léonais vivent toujours dans la pauvreté.

Condamnation de Taylor : Pourquoi tout ce bruit ?

Ce 26 avril 2012 est sans nul doute un jour important dans l’histoire de la justice internationale. Depuis Nuremberg, à  la fin de la seconde guerre mondiale, aucun chef d’Etat n’avait comparu devant un tribunal pour répondre de crimes de guerre. Le tristement célèbre ex-président du Libéria, Charles Taylor, vient de rouvrir, du moins l’espère-t-on, la liste. l’ex-homme fort arrêté en 2006 au Nigéria, rapatrié dans son pays puis transféré au Tribunal Spécial pour la Sierra Leone qui l’a jugé coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il avait en effet apporté un soutien actifs à  des groupes rebelles de ce pays. Le déploiement médiatique autour de cet événement a permis au monde entier d’être au courant de ce qui se passait dans ce tribunal ou des années durant, des centaines de témoins, plus de 50 000 pages d’enquête ont été écouté, examiné, pour faire la lumière sur le passé criminel de M. Taylor. Les défenseurs des droits de l’homme se disent satisfaits du verdict. Pour elles, C’’est la fin du règne de l’impunité. Pour Elise Keppler, juriste senior au programme Justice internationale de Human Rights Watch, « les dirigeants puissants vivent confortablement depuis trop longtemps en pensant être au-dessus de la loi », «la condamnation de Taylor envoie un message aux détenteurs du pouvoir, les avertissant qu’ils risquent de devoir rendre des comptes pour des crimes graves». Les chefs de guerre ont-ils vraiment du souci à  se faire? Les regards se sont bien entendu tournés vers le prochain sur la liste, l’ivoirien Laurent Gbagbo, incarcéré lui à  la Haye pour crimes contre l’humanité pendant la crise postélectorale dans son pays. Ce qui est reproché à  Charles Taylor a encore cours dans de nombreux pays c’est-à -dire des meurtres, des atteintes à  la dignité de la personne, des traitements cruels, des pillages, et recrutement et exploitation d’enfants soldats, etC’… Le Soudanais Omar-el Béchir continue de se soustraire à  la justice et se promène dans le monde entier malgré un mandat d’arrêt international. Faut-il donc vraiment être satisfait de la condamnation de Taylor ? Enverra-t-elle réellement un signal fort à  ceux qui comme lui usent de la violence et de la mort pour arriver à  leur fins ? Rien n’est moins sur. Les seules peut-être à  souffler aujourd’hui, ce sont les familles des milliers de victimes et un motif d’espoir pour celles qui, de par le monde réclament que justice leur soient rendues, quelles soient chiliennes, tchétchènes ou de la République démocratique du Congo. Pour elles, « il s’agit d’une victoire pour les victimes sierra-léonaises qui ont subi les crimes atroces perpétrés par Taylor, et pour tous ceux qui cherchent à  obtenir justice lorsque les exactions les plus graves sont commises». Pour revenir au procès, l’équipe de la défense dispose d’un délai de 14 jours à  compter de la réception de l’intégralité du jugement pour notifier à  la cour son intention d’interjeter appel. La peine retenue contre Taylor sera prononcée le 30 mai prochain. Toute peine de prison sera purgée au Royaume-Uni conformément à  un accord conclu avec les Pays-Bas.

Des diplomates annoncent la mort de Blé Goudé

«On n’entendra plus jamais parler de Charles Blé Goudé.» Cette confidence d’un colonel ouest-africain, en poste à  l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), sonne comme une messe de requiem pour le leader des Jeunes patriotes, fidèle parmi les fidèles de Laurent Gbagbo. Le «général de la rue», tombé entre les mains des Forces pro-Ouattara après l’arrestation de Gbagbo le 11 avril 2011, aurait été torturé à  mort et enterré dans un lieu tenu secret. Une information confirmée par un diplomate de l’Onuci qui a requis l’anonymat: «Dès qu’il est tombé entre leurs mains, les FRCI [Forces républicaines de Côte d’Ivoire, ndlr] se sont particulièrement acharnées sur lui. Ils l’ont littéralement massacré.» Ces révélations corroborent les rumeurs insistantes et inquiétantes qui avaient circulé au sujet de Blé Goudé après la chute de son mentor. l’on avait noté alors un cafouillage en règle dans le camp des pro-Ouattara. Patrick Achi, porte-parole du gouvernement, avait déclaré à  la presse que Blé Goudé avait été «appréhendé» et qu’il se trouvait en «résidence surveillée», mais il s’était rétracté peu après. Alain Toussaint, conseiller de Laurent Gbagbo à  Paris, avait déclaré après sa capture: «Charles Blé Goudé est entre la vie et la mort.» «Il a été arrêté par l’Onuci et cette dernière l’a remis aux forces d’Alassane Ouattara», avait-t-il déclaré à  Reuters à  Paris. Si cette mort venait à  être confirmée, elle n’étonnerait pas grand monde. Charles Blé Goudé était depuis longtemps une cible et ne se déplaçait qu’avec une armada de gardes du corps. D’autres farouches partisans de Gbagbo, dont on n’aurait pas donné cher de la peau, ont pu eux échapper à  la vindicte des FRCI. C’’est le cas notamment du général Bruno Dogbo Blé, chef de la garde républicaine dont les troupes sont accusées d’avoir commis plusieurs exactions sur les populations civiles, et notamment le meurtre de six femmes après une marche de partisans d’Alassane Ouattara. De même, le chef des miliciens pro-Gbagbo «Maguy-le-tocard», capturé par des éléments du «commando invisible» d’Ibrahim Coulibaly, avait eu la vie sauve. Syndicaliste et tribun de choc Né le 1er janvier 1972 à  Niagbrahio, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé était une des figures de proue de l’ancien régime. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1991, il entre à  l’Université d’Abidjan o๠il milite activement à  la fameuse Fédération des étudiants et scolaires de Côte d’Ivoire (Fesci), matrice syndicale de bon nombre de leaders ivoiriens dont un certain… Guillaume Soro aujourd’hui Premier ministre d’Alassane Ouattara. Très entreprenant, Blé Goudé occupe des postes à  différents niveaux. En 1996, il devient le Secrétaire national à  l’organisation au bureau national, et en 1998 succède à  Soro en tant que Secrétaire général de la Fesci pour un mandat de deux ans. Adepte des méthodes musclées, il «règne» par la terreur à  la Fesci en introduisant les machettes dans le campus universitaire. Après l’insurrection militaire nordiste du 19 septembre 2002, il fonde l’Alliance des jeunes patriotes pour le sursaut national. Une organisation nationaliste qui sera le fer de lance des manifestations anti-françaises qui feront plusieurs dizaines de morts. «Si c’est gâté, à  chacun son blanc», avait-il lancé à  ses jeunes partisans. Tribun hors pair, Blé Goudé était devenu un des piliers du régime. Le «général de la rue», avec ses petites phrases choc, pouvait faire descendre dans la rue des milliers de partisans de Gbagbo chauffés à  blanc par ses discours incendiaires.