Mokobé décoré Chevalier de l’ordre National du Mali

Le ministre de la culture, Mr Mohamed El Moctar, a décoré le petit prince soninké de l’ordre de Chevalier de l’ordre National du Mali. La plus haute distinction du pays. Ambassadeur du Mali Mokobé incarne aujourd’hui, le modèle de l’africanité au sens large du terme. Issu d’un père malien et d’une mère sénégalo-mauritanien, ce panafricaniste né, a su profiter des richesses de sa multiplicité. Tout ému, Mokobé a remercié les maliens pour leur soutien incontestable. « C’’est important pour moi de montrer et prouver mon amour pour le Mali. », a t-il déclaré. Il a remercié Abba Samassékou, l’animateur vedette de l’émission de RAP G21 sur la chaà®ne national ORTM. « C’’est un très grand moment pour lui qui m’a toujours accompagné. Mokobé confesse avoir reçu beaucoup de trophées, mais aucun ne vaut cette distinction, ce trophée là , cette médaille. Abba précise que Mokobé place son aventure artistique sur la fusion de mélanges qui, il faut le dire, lui ont d’ailleurs bien réussi jusque là . « Je suis content que les autorités du Mali remercient, distinguent et reconnaissent l’artiste pour son talent et son amour envers son pays, malgré la distance qui le sépare de celui-ci. » Mr Mohamed El Moctar se dit fier que le Mali enfante de telles valeurs. « Quand vous réçevez un malien, il oublie l’objet de sa visite. C’’est ça la valeur de la culture malienne. La culture est notre matière première, notre identité. », a t-il ajouté avant de conclure «On est ensemble !» Les artistes maliens au diapason Signalons que le ministère de la culture a reçu une soixantaine de médailles au cours de cette année 2009. Le record des médailles décernées. Ce qui réjouit fortement le ministre qui ne cache pas sa satisfaction.

L’ interview : Mokobé le Malien :  » Les Africains doivent s’unir pour avancer ! « 

Fondateur du groupe de rap français 113, Mokobe Traoré de son vrai nom s’est longtemps caché de ses parents pour faire de la musique. Avec  » Mon Afrique » son premier album solo, il cartonne depuis trois ans maintenant et enchaà®ne les tournées sur le continent. Sorti en 2007 et fruit d’une collaboration avec de grands noms tels que Salif Keita, Sékouba Bambino ou Youssou Ndour, Mokobé puise dans les genres et mélange les influences, esquisse un trait d’union entre l’Afrique et l’europe, le rap, le hip-hop étant ses bases. De passage à  Bamako pour y recevoir une médaille et partager le Ramadan avec les siens, Mokobé se livre à  JournalduMali.com, évoque ses origines, le temps d’une interview et juste avant la coupure du jeune. Ambiance décontractée! Les origines, le rap, la musique JournalduMali.com : Mokobé, tu es au Mali depuis quelque semaines, comment te sens-tu ? Mokobé : Je suis là  pour me reposer après une très grosse tournée en Europe et en Afrique et en même temps, J’avais envie de faire un peu le carême au mali. J’ai aussi été heureux d’apprendre que je vais être décoré Chevalier de l’Ordre National du Mali, donc je suis venu récupérer ma médaille en tout bien tout honneur. JournalduMali.com : Es-tu satisfait des retombées de l’album « Mon Afrique » et qui a été un vrai succès depuis sa sortie ? Mokobé : Oui je suis très satisfait, parce que l’espérance de vie d’un album tourne en général entre 6 mois et un an et cela fait trois ans que je tourne avec cet album. Pour moi, C’’était un grand défi de mélanger le hip hop avec la musique africaine et de rendre hommage à  cette musique. C’’était un vrai challenge de faire ces collaborations avec des grands artistes et réaliser ce concept jusqu’au bout mais Dieu m’a donné la force de réaliser cet album. JournalduMalicom : l’album est sorti en 2007 et tu as travaillé avec de très grandes pointures de la musique africaine ? Mokobé : Oui de grands noms comme Youssou Ndour et Salif Keita, Sékouba Bambino, et pour moi, ils font partie des plus belles voix d’Afrique et même du monde et C’’était un rêve d’enfant de travailler avec eux. l’album est très personnel en fait, C’’est un album qui s’adresse un peu à  tout le monde! C’’est un album trans-générationnel mais aussi un voyage sans passeport, sans visa. On y passe du rire au larme, de l’utile à  l’agréable et J’avais envie de puiser dans ce patrimoine africain qui est riche. JournalduMali.com : Tu es le fondateur du groupe de rap 113, le Hip-Hop vient d’o๠alors ? Mokobé : Tout est parti de l’Afrique, prends les Ron DMC, Gran Master Flash, Public Ennemy ou même Africa Bambata, ils ne savent pas d’o๠ils viennent, quelles langues leur ancêtres parlaient, mais leur musique vient d’Afrique! Et nous, on a cette chance d’être baigné dans la culture, alors, il faut en profiter. JournalduMali.com : Au-delà  des origines, tu aimes mélanger les influences, est-ce que cet album a été un retour aux sources pour Mokobé ? Mokobé : Oui bien sûr! J’ai été tellement baigné dans le Hip Hop en France et en 1992, je fais un premier voyage au Mali, C’’a été un choc mas mon C’œur s’est ouvert. Avant la culture malienne ne me disait rien mais en 1992, je reste un mois à  Kayes et je commence à  tomber amoureux du Mali, de l’Afrique, pusique J’ai beaucoup voyagé, grâce à  l’album sorti en 1999 et cela m’a permis de connaà®tre ce continent extraordinaire. JournalduMali.com : Tu es aussi mauritanien d’origine , connais-tu ce pays ? Mokobé : Oui je m’y suis rendu il y a trois mois pour faire un gros concert dans un stade de 40 000 personnes et C’’est tout juste incroyable, parce que J’ai aussi retrouvé ma faille là  bas. Figurez vous que J’y ai rencontré une grande cousine à  moi, qui m’a serré fort dans ces bras, au milieu d’un marché de poisson et cela m’a vraiment ému. Mokobé et le Mali, une belle histoire d’Amour… JournalduMali.com : Mokobé, tu es partagé entre la France, le Mali, le Sénégal, qu’est-cela fait d’avoir cette triple culture ? Mokobé : : C’’est aussi une grande responsabilité, notre musique sert d’espoir à  la jeunesse. Là  je reviens du Congo, du Bénin, de la Guinée, de la Mauritanie, du Sénégal et je vais bientôt partir au Tchad, je pense que notre musique sert à  passer un message, à  susciter l’espoir chez les jeunes. Donc nous sommes des sortes de , notre musique sert aussi à  adoucir les mœurs, à  apporter de la joie dans le C’œur des gens, et ma musique se veut aussi festive ! J’aime m’amuser, être léger et il faut montrer à  l’Europe que l’Afrique est un continent qui créé, qui vibre, mais qui souffre aussi. Or en Europe, on ne montre que le côté négatif ! C’’est dommage parce que beaucoup de jeunes maliens de France n’ont encore jamais mis les pieds ici au Mali JournalduMali.com : Justement es-tu proche de cette communauté malienne en France ou es-tu ouvert à  tous les milieux ? Mokobé : Moi je suis dans un milieu très mélangé mais pendant les cérémonies, je suis là . Par exemple, l’affaire des Sans-papiers à  la Bourse du travail m’a beaucoup afffecté et je ne veux pas seulement prêcher dans la parole, mais être sur le terrain. Je ne suis pas un révolutionnaire de studio, J’aime être avec les associations etC’… Je suis aussi bien à  l’aise avec les congolais, les français, les sénégalais etC’… Voilà  je suis un caméléon. JournalduMali.com : Comment ta musique est-elle reçue ici au Mali, on est dans la culture « djéli », celle des griots ? Et tes collaborations avec des artistes locaux ? Mokobé : J’ ai fait un morceau avec Oumou Sangaré. Cela a été ma première rencontre avec le public malien, qui a apprécié cette chanson, qui est presque devenue un hymne. J’ai aussi collaboré avec Babani Koné, Sira Kouyaté, Amadou et Mariam. Je suis pas un griot, parce que je n’avais pas le droit de chanter, à  cause de mes origines soninké, nobles et C’’est le jour des Victoires de la Musique, que mon père a découvert que je chantais. Mais avec l’album , il était très fier de moi et le fait de savoir que je vais être décoré Chevalier National de l’Ordre du Mali, cela l’a beaucoup touché ! JournalduMali.com: Qu’est-ce que tu penses pouvoir apporter au Mali ? Mokobé : Beaucoup ! Je le fais déjà  à  travers ma musique, mes chansons, des actions en France et mon fan club ici à  Bamako est très actif. Moi il y a deux choses qui me touchent, ce sont les fournitures scolaires et les soins de santé ! Et je compte à  travers une fondation, apporter des fournitures scolaires et à  ce niveau, il faut agir ! JournalduMali.com : Mokobé, que penses-tu du code de la famille et qui fait polémique ici au Mali ? Mokobé : Je vois ça d’un peu loin avec une certaine distance, mais je crois qu’il est important qu’il y ait un vrai dialogue. Le Mali a toujours été un pays de paix et il ne faut pas que les choses soient mal interprétées et que cela flambe. Et le président l’a compris. Jusqu’à  aujourd’hui, ce code n’a pas été appliqué, parce que tout le monde a envie qu’il y ait la paix. C’’est le plus important. Mokobé Intime… JournalduMali.com : Tu touches aussi au cinéma. Est-ce que Mokobé a d’autres cordes à  son arc ? Mokobé : Vous savez moi je suis un 4X4, le cinéma me tente énormément, J’ai déjà  tourné dans un petit film, J’ai aussi coréalisé un film avec mon groupe le 113 qui s’appelle et je viens de tourner dans un autre film en France. Il faut prendre des risques et là  je suis en préparation d’un vrai projet de long métrage. JournalduMali.com : Qu’est-ce que tu aimes faire d’autre à  part la musique ? Mokobé : M’amuser. Vivre. Je suis très famille. Comme je le dis dans le morceau avec Salif Keita, J’ai plus de cousins et de cousines que les taxis jaunes à  Bamako, , alors imaginez tous les taxis jaunes qu’il y a à  Bamako ? J’aspire aussi à  fonder une famille, avoir une femme… J’aime beaucoup les femmes africaines, elles sont belles, m’inspirent… JournalduMali.com : Donc Mokobé est encore un C’œur à  prendre, tu côtoies beaucoup de belles chanteuses ? Mokobé : Oui en tout cas, Mokobé n’est pas marié, Mokobé n’a pas d’enfants, n’a pas de femme. Avec Viviane Ndour, les gens ont raconté qu’on était ensemble juste parce qu’on a fait un clip. JournalduMali.com : Qu’est-ce que tu détestes le plus ? Mokobé : La jalousie. On a un vrai problème ici. Les gens sont trop jaloux les uns des autres. C’’est fou de voir à  quel point, on empêche les autres de réussir. C’’est pourquoi je dis que . J’ai même créée une ligne de ti-shirt spécialement pour ça. Franchement, la jalousie C’’est un vrai fléau à  combattre ! JournalduMali.com : Parlons du Ramadan, tu es aussi venu pour partager cet élan avec les tiens. Comment cela se passe ? Est-ce différent d’avec la France ? Mokobé : Ici, il y une vrai convivialité. Chaque soir, on coupe le jeûne dans des familles différentes. J’étais dernièrement à  côté de mon hôtel à  l’ACI 2000 et quelqu’un m’a spontanément invité à  venir couper le jeune avec sa famille. Et J’y suis allé. Ses enfants voulaient me rencontrer et étaient très heureux de partager ce repas, donc C’’est ça le Mali, l’hospitalité, la convivialité etC’… En France, C’’est plutôt triste à  vivre. JournalduMali.com ; Ya t-il des choses que tu n’as pas pu faire, réaliser ? Mokobé : Oui rien que pour le rap, C’’est très dur, on se bat pour que cette musique soit reconnue. Depuis les années 90, on se bat avec mon groupe le 113 pour que les médias français nous reconnaissent. Et ici au Mali, il y a un vrai problème. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi, un grand musicien comme Ali Farka Touré, n’a pas eu l’hommage qu’il méritait. On a perdu un grand monsieur de la musique africaine. Un type hors pair et il apportait beaucoup à  son village et C’’était un monsieur que J’aurai voulu rencontrer. Et je compte lors d’un prochain album, faire quelque chose là -dessus. Ici au Mali, on ne valorise pas assez les artistes, qui sont obligés d’aller ailleurs. Tiens, quand je vais au Bénin, on me propose des contrats publicitaires, des spots, des partenariats mais ici au Mali, C’’est un peu lent. Je trouve cela dommage. JournalduMali.com : Le Marketing des artistes n’est pas assez valorisé ? Mokobé : Non pas assez ! Je devrais faire des pubs, des concerts, des sponsors avec les grandes marques du Mali, mais C’’est au Congo ailleurs, au Bénin, qu’on me propose des contrats publicitaires. JournalduMali.com : Alors le prochain album ? Tu es là  dessus ? Mokobé : Oui, je suis aussi venu pour ça. Je planche depuis un bon moment sur des titres et vous savez, le deuxième album solo est toujours plus sensible. On va m’attendre au tournant mais je sais que l’Afrique y sera toujours présente. JournalduMali : Pour finir Mokobé, o๠te vois-tu dans 10 ans ? Mokobé : Au Mali, je l’espère. Pour l’instant, je suis entre la France et le Mali, mais je sais que d’ici 10 ans, je reviendrai vivre ici. C’’est important parce que la France est une terre d’accueil assez ingrate envers nos parents, envers nos ancêtres, envers ceux qui ont construit la France, envers l’histoire, donc je sais que je n’y resterai pas toute ma vie !