Cheytan : l’homme, le Diable et l’argent

Longtemps annoncée, la première projection du film Cheytan  au Mali aura lieu, enfin, en janvier 2022. Réalisé par le défunt cinéaste malien Assane Kouyaté, idécrit les conséquences du désir d’un homme d’à tout prix gagner de l’argent. Quitte à signer un pacte avec le Diable.

Presque devenu une Arlésienne, le long métrage de fiction Cheytan sera projeté pour la première fois au Mali en janvier prochain. C’est ce qu’affirme le Centre national de cinématographie du Mali (CNCM), son producteur. Cette projection intervient après celle au Burkina Faso lors du FESPACO, en octobre 2021, où le film n’était pas en compétition. La production n’a pas fait l’unanimité, certains lui reprochant un manque de rythme. Selon une source, ceci serait dû à la post-production, durant laquelle le film a été amputé de plusieurs minutes. Mais le CNCM fonde de grands espoirs sur Cheytan, qui, comme il est de coutume dans le monde du cinéma, sera d’abord projeté devant des professionnels (réalisateurs, acteurs) pour avis avant la diffusion commerciale. Le film raconte l’histoire de Cheick qui, « du fond de sa galère », finit par signer un pacte avec Cheytan, un vieil homme qui l’écoute parler avec Moussa dans un bus qui relie une banlieue paumée au centre ville de Bamako. Cheick espère ainsi faire disparaître définitivement toutes les aspérités de sa misère de vie et échapper à toutes les contraintes de son cachot existentiel. « Pouvons-nous tant soit peu dévier nos pas de l’épineux sentier de l’existence en jouissant à profusion des poussières délicieuses sur terre et ne perdre la moindre portion de notre âme ? », c’était l’inquiétude du réalisateur Assane Kouyaté, décédé en avril dernier avant que le film ne soit finalisé.

Financé à hauteur de 800 millions de francs CFA par le Budget national du Mali, Cheytan « à l’instar de Yeleen de Souleymane Cissé ou encore de Tafé Fanga de Adama Drabo, qui traitaient de thématiques engagées d’une certaine époque, dénonce la misère, le chômage des jeunes, la cupidité et la boulimie des hommes pour s’enrichir à tout prix. », s’exclamait au premier clap du film à Siby la ministre de la Culture d’alors, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. Avec ce financement et la loi n°2017-068 du 18 décembre 2017 portant création du Fonds d’appui à l’Industrie cinématographique, l’État avait la « forte volonté » et le « degré de détermination » pour faire de la renaissance du cinéma malien une réalité. Une ambition qui tarde à se matérialiser.

Aly Asmane Ascofaré