Etre Chrétien au Mali : Défi ou responsabilité ?

Ce jeudi 29 mars démarre le Tridum pascal. Trois jours de communion au cours desquels les Chrétiens du monde entier se remémoreront le sacrifice du Christ et au terme desquels sera célébrée la fête de Pâques, la résurrection de Jésus. Les Chrétiens du Mali termineront eux aussi 40 jours de carême marqués surtout par des prières pour la paix et la stabilité du pays. Être Chrétien au Mali aujourd’hui, un défi ou une responsabilité ?

Cathédrale bondée en ce dimanche des Rameaux. A une semaine de la fête de Pâques, il s’agit d’une « solennité » du calendrier catholique et les fidèles ont fait nombreux le déplacement. Mais ce que remarquent ceux qui passent devant le lieu de culte, ce sont les agents de sécurité postés à toutes les entrées, qui fouillent toute personne désireuse d’entrer sur le site. Même scénario devant le temple protestant de Bamako Coura. Depuis quelques années maintenant, la question de la sécurité est importante, même s’il n’y a pas de menaces directes contre les Chrétiens de Bamako. « Il est vrai qu’il y a eu des situations difficiles au nord et au centre du pays. Des prêtres ont dû prendre la fuite et se réfugier dans d’autres paroisses parce que leur vie était menacée. Mais ce n’est pas une situation généralisée. Les Chrétiens du Mali vivent en bonne intelligence avec les autres communautés. Ils sont partie intégrante de la vie sociale », explique l’Abbé Alexandre Denou, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali (CEM).

Citoyens dans la cité Le religieux reçoit dans son bureau à l’immeuble Monseigneur Jean-Marie Cissé, à l’ACI 2000. Le bâtiment abrite, entre autres, les locaux de la CEM qui « représente l’Église, à travers le collège des évêques. Elle a pour rôles la gestion de la vie de l’Église et des fidèles et d’être un veilleur pour la communauté et pour la Nation malienne tout entière. C’est un rôle pastoral, missionnaire ». La moitié des 4% de la population chrétienne du Mali est catholique. On les appelle laïc, c’est-à-dire « celui qui n’est pas consacré uniquement à l’église catholique, à la différence des prêtres et des religieuses. C’est après le Concile Vatican 2 (1962 – 1965) que l’église a donné un  statut au laïc. Le laïcat est donc partie intégrante de l’architecture de l’église. Ils sont chargés d’annoncer Jésus-Christ dans le monde : famille, milieu professionnel, médias, dans les espaces politiques ou associatifs etc… », explique Jean de Dieu Dembélé, anthropologue et gestionnaire, Président du Conseil national du laïcat du Mali. Ce statut est le même dans l’église protestante, même si les dénominations ne sont pas les mêmes. Pour le Pasteur Kalane Djibril Touré, Secrétaire général de l’Association des groupements d’églises et missions évangéliques protestantes au Mali (AGEMPEM, 52 membres), le Chrétien du Mali est avant tout un citoyen. « Ce sont des personnes dont le comportement se remarque. Ce sont des personnes pieuses, qui disent la vérité, inspirent confiance. Il n’est pas rare de voir ceux qui emploient des Chrétiens leur confier des responsabilités, parce qu’ils travaillent bien, dans le respect d’eux-mêmes et de la chose publique », décrit M. Dembélé. « Le Chrétien, c’est quelqu’un qui est digne de confiance », confirme Abdoulaye Diakité, commerçant. « Je n’ai jamais eu de différent financier avec mes clients chrétiens. Celui qui a des difficultés vient te voir et te demande un sursis. Il ne te fuit pas», poursuit-il en riant. « C’est une position qui n’est pas toujours facile à tenir », nuance Simon, baptisé depuis quelques années et vivant à Mopti. « La société est souvent dure avec nous ».

La vie de Chrétien au Mali n’est en effet pas un long fleuve tranquille. « On n’en parle pas beaucoup, mais il y a des cas de persécutions », révèle le Pasteur Kalane Touré, lui-même converti depuis un quart de siècle. « Chaque fois que quelqu’un quitte l’Islam, il y a des persécutions de la part de la famille ou de la Ouma islamique, qui n’accepte plus cet apostat », explique-t-il. Il dirige d’ailleurs une organisation qui porte secours et assistance aux personnes dans cette situation. Si ces cas extrêmes sont rares, il y a quand même bien des difficultés. « La pression sociale est très forte. Un exemple est la difficulté d’obtenir la permission d’aller au culte les jours de solennités chrétiennes, dont la grande majorité n’est pas fériée au Mali.  Il y a aussi des cas où des bailleurs refusent de louer leurs maisons à des Chrétiens ou encore des employeurs qui n’embauchent pas de Chrétiens», affirme Jean de Dieu Dembélé. Ce qui a marqué Anne, Catholique mariée à un Musulman depuis une dizaine d’années, c’est l’intolérance des familles. « Avec mon mari, au départ, ma foi n’était pas du tout un problème. Il me déposait à l’Église et il n’était pas rare qu’il m’y accompagne, sans que cela n’ait aucune incidence sur sa foi à lui. Puis ma belle-famille s’en est mêlée …», raconte-t-elle.

Minorité agissante. En minorité donc dans la société malienne, mais pas silencieux, les Chrétiens du Mali participent à tous les niveaux à la vie de la Nation. « L’Église du Mali accompagne les pouvoirs publics par sa présence dans les institutions, les organisations où on discute de la vie de la Nation et elle y donne sa parole, sa vision», explique l’Abbé Alexandre. Toutes les obédiences chrétiennes sont ainsi consultées et ont leur mot à dire dans la gestion du pays. A « chaque moment important de la vie du pays, les Chrétiens ont pris la parole », se souvient Mamadou Samaké dit Voltaire, acteur de la société civile qui collabore avec eux depuis des années. « Je peux donner l’exemple de la Lettre pastorale que les évêques catholiques adressent à l’ensemble des Maliens à chaque élection. C’est une parole qui généralement écoutée, même si on a l’impression que cette parole n’a pas beaucoup d’effets. Le travail qui est fait est en général discret. Des personnalités vont régulièrement consulter les responsables de l’église pour avoir des conseils, des orientations ».

Entre les différentes « églises », « c’est le respect, la collaboration positive entre nous. Nous nous retrouvons aux différentes rencontres de la société civile, nous menons des actions ensemble, nous prenons la parole ensemble souvent, nous nous sentons du même côté.  Il y a comme un esprit de solidarité chrétienne entre tous ceux qui confessent le nom de Jésus », explique le Pasteur Touré. « Ce que j’aime, c’est que, malgré nos différences, nous sommes unis. Lors des fêtes chrétiennes, nous nous retrouvons pour célébrer. C’est cela notre force aussi », se réjouit Sylvia, Protestante du Congo, qui vit au Mali et y est active dans la vie de sa communauté de foi. Sa crainte, ce ne sont pas les djihadistes, « ce sont ces nouvelles églises qui se créent et que personne ne contrôle. Elles viennent s’enrichir sur le dos des pauvres fidèles, qui se cherchent. Ce sont elles le vrai danger, avec leurs pratiques qui laissent à désirer ». Il n’existe pas de textes régissant le fonctionnement des églises au Mali. La seule disposition légale concerne leur création, qui doit être entérinée par le ministère de l’Administration territoriale. « Le ministère des Affaires religieuses et du culte, avec qui nous travaillons, essaie de réguler, mais ce n’est pas facile », explique le Pasteur Touré de l’AGEMPEM.

Malgré les difficultés, la foi chrétienne grandit au Mali. « Aujourd’hui, pas un cercle, pas une grande ville où il n’y ait deux ou trois églises. Même dans les villages, il y a de petites églises. Avec les campagnes d’évangélisation, la médiatisation et les nouvelles technologies, l’Évangile va partout.  Il y a dix ou vingt ans, ce n’était pas comme cela », se réjouit le Pasteur Touré. La création d’un Cardinal, en 2017, première historique au Mali, est la preuve que « l’Église du Mali gagne en  crédibilité et en visibilité, avec une confiance des Chrétiens en eux-mêmes et des autres en l’Église. C’est le signe que l’Église du Mali est reconnue », souligne l’Abbé Alexandre Denou. « Nous sommes petits, mais nous ne sommes pas oubliés…».

Mercredi des cendres: début du carême chrétien

Le mercredi des cendres est un jour spécial sur le calendrier liturgique chrétien. Il est marqué par la cérémonie d’imposition des cendres, d’o๠son nom. Par cet acte, le chrétien reconnait avec humilité qu’il n’est que poussière et que c’est le souffle divin qui fait de lui un homme. C’est ce jour-là  que démarre le temps de carême qui s’étend sur quarante jours. Quelle différence entre Carême chrétien et Ramadan? Selon le site Croire.com, une chose est claire, »le Ramadan n’est pas le Carême des musulmans et le Carême n’est pas le Ramadan des Chrétiens ». Ils ont certes des points communs : ce sont des temps de jeûne, de prière et de partage et plus profondément des temps pour revenir à  Dieu. Mais leur sens est très différent. Le Carême est un temps de préparation à  la fête de Pâques et le mémorial des 40 années des hébreux dans le désert et des 40 jours de Jésus dans le désert. Le Ramadan n’est pas la préparation d’une fête ni le souvenir d’un évènement. Le Ramadan est un mois de jeûne. De plus, la pratique du jeûne est différente. Pour les chrétiens, le jeûne qui avait beaucoup d’importance jadis, en a beaucoup moins actuellement, car l’accent est mis sur la conversion intérieure et le partage. Les musulmans jeûnent d’une manière très rigoureuse. C’est la pratique principale par laquelle le musulman exprime son attachement à  la communauté musulmane et sa fidélité à  la loi de Dieu. Le Carême n’a pas la même importance pour le chrétien. 80 % des musulmans assurent respecter le jeûne, même s’ils ne pratiquent pas leur religion le reste de l’année. Feu Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran, en Algérie affirmait que c’était une « erreur d’appeler le Ramadan : Carême musulman », comme on l’entend souvent. Selon lui, le Ramadan « est le mois sacré de la révélation : le jeûne est d’abord destiné à  disposer les croyants à  recevoir la totalité du Coran récité chaque soir jusqu’à  la nuit du Destin. C’’est aussi un mois d’action de grâce et de fête pour ce don de Dieu qui rassemble la communauté musulmane. Cette loi divine est à  observer avec rigueur. Le Carême chrétien est, quant à  lui, une préparation à  recevoir la vie nouvelle que Dieu donne aux croyants par la mort et la résurrection de Jésus ». Il ne s’agit donc pas d’abord d’obéir à  une loi, mais de se disposer à  recevoir la loi intérieure de l’Esprit Saint. Le « Carême est donc un temps pour se rendre disponible, attentif et accueillant à  la présence et aux appels de Dieu afin de nous laisser transformer par Lui » conclut-il. Aimer et aider les plus pauvres Dans son message de Carême 2014, le pape François a invité les chrétiens à  contempler la pauvreté du Christ et à  voir dans les pauvres le visage du Christ. « En les aimant et en les aidant, nous aimons et servons le Christ », déclare-t-il. Il attire également l’attention des chrétiens sur la misère morale et la misère spirituelle, « qui nous frappe lorsque nous nous éloignons de Dieu et refusons son amour ». « l’à‰vangile est l’antidote véritable contre la misère spirituelle », ajoute-t-il.

Centrafrique: les religieux s’en mêlent

Les chefs de l’Eglise catholique et de la communauté musulmane centrafricaines ont appelé vendredi à  désarmer les civils « infiltrés » dans les églises et les mosquées pour neutraliser miliciens et pillards qui terrorisent le pays malgré le déploiement de forces internationales. Face à  la persistance de violences à  grande échelle, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a quant à  lui appelé hier jeudi au déploiement rapide de 3.000 hommes en renfort des forces française Sangaris et africaine Misca,pour secourir des populations livrées aux crimes de bandes armées, particulièrement dans les zones o๠aucune force de l’ordre ni administration n’est présente. Appel œcuménique à  la paix Un appel salué par l’archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, et l’imam de la capitale centrafricaine, Oumar Kobine Layama, côte à  côte, ont conjuré tous les Centrafricains de déposer les armes. »Que tous nos frères qui ont des armes les remettent. Les militaires doivent désarmer tout le monde, dans les églises et les mosquées », a lancé l’archevêque lors d’une conférence de presse. Les deux hommes appellent en vain depuis des mois à  la fin des tueries entre chrétiens et musulmans, qui ont plongé le pays dans une crise humanitaire dans précédent avec près d’un million de déplacés sur une population totale de 4,6 millions d’habitants et un exode de la minorité musulmane de régions entières. Ce cycle infernal des tueries a été déclenché par des mois d’exactions en toute impunité contre les chrétiens perpétrées par des combattants majoritairement musulmans de la Séléka qui avaient pris le pouvoir à  Bangui en mars 2013. En réaction des milices d’auto-défense majoritairement chrétienne, les anti-balaka, se sont formées.

Début du carême: les chrétiens du Mali intercéderont pour la paix

Ce mercredi 13 février débute le carême chrétien dans le monde entier avec la prise des cendres. Dérivé du grec « quaresma » (quarante), le carême est une période de 40 jours qui correspond au voyage du peuple d’Israà«l qui a marché durant quarante ans dans le désert. Les chrétiens catholiques, à  travers jeûnes et prières chercheront à  se rapprocher de leur Dieu et de leur prochain. Quarante jours durant, hormis les dimanches, les fidèles catholiques du monde entier se consacreront à  la prière, au partage et au jeûne. Le début de ce carême est marqué par une période festive célébrée hier mardi, avec des réjouissances et carnavals à  travers le monde. Mercredi des cendres Pour entrer dans le temps de carême, les chrétiens participent à  un office particulier célébré le premier jour et dénommé « imposition des cendres ». Le « mercredi des cendres » est institué pour rappeler à  chacun qu’il «est poussière et qu’il redeviendra poussière», leçon d’humilité et rappel de notre condition de mortel et de la nécessité de suivre le chemin de Dieu pendant le passage terrestre. Les chrétiens qui prendront part à  la messe ce mercredi se verront tracer sur le front une croix accompagné des paroles du célébrant «convertissez-vous et croyez en l’à‰vangile ». Durant le temps de carême, l’Eglise invite ses fidèles à  la prière, au jeûne et à  la conversion, pour se préparer à  la grande fête de Pâques, commémorant la Résurrection de Jésus-Christ. Le carême, C’’est aussi le chemin de la réconciliation. Prière pour la paix au Mali Si les chrétiens du Mali n’ont pas attendus le temps de carême pour prier pour le retour de la paix et la stabilité dans le pays, cette période particulière sera mise à  profit pour intercéder davantage. A la cathédrale de Bamako, les fidèles seront nombreux à  prendre part aux différents offices et prières en faveur de la paix, à  l’image de Georges Dembélé, un jeune catholique qui entend pour la première fois jeûner et surtout prier pour son pays. Appel est également fait à  la générosité et à  l’esprit de solidarité des chrétiens. Il y a quelques jours, le Président de la Conférence des à‰vêques du Mali, Monseigneur Jean-Baptiste Tiema, invitait tous les fidèles à  mobiliser des ressources financières et matérielles afin de venir en aide aux personnes en situation difficile. Toute la communauté chrétienne est invitée à  la vigilance pour aider nos plus hautes autorités à  assurer la sécurité de leurs concitoyens. « Nous devons réaffirmer notre foi en Dieu en posant des actions qui vont dans le sens de l’amour du prochain comme Jésus Christ à  demandé d’aimer ton prochain comme soi-même » avait ajouté Mgr Tiema. C’était à  l’issue d’une session extraordinaire des évêques du Mali tenue dans la salle de conférence de l’archevêché de Bamako, du 21 au 23 janvier dernier.

Religion: Temps de carême, chemin de réconciliation

C’est par l’imposition des cendres, ce mercredi 09 mars, qu’a commencé le carême chrétien. En recevant les cendres sur son front lors de la cérémonie de ce mercredi à  l’église, le fidèle se reconnaà®t pécheur et s’engage à  une introspection en vue d’une vie plus conforme à  la volonté divine. Ce mercredi des cendres est un jour particulièrement pénitentiel, dans lequel le chrétien manifeste son désir personnel de conversion à  Dieu. l’imposition des cendres est obligatoire pour toute la communauté chrétienne depuis le Xème siècle. Le carême chrétien, temps de jeûne de 40 jours (excluant les dimanches) culminera avec la célébration de Pâques, la plus importante fête chrétienne, prévue, cette année, le dimanche 24 avril. Temps de jeûne, de prière plus intense et d’aumône, le carême chrétien est, pour l’Eglise, le temps de la conversion pour se réconcilier avec Dieu. Les 40 jours du carême chrétien font pendant aux 40 jours de jeûne du Christ au désert et aux 40 ans d’errance du peuple hébreu fuyant l’esclavage en Egypte avant son entrée dans la Terre Promise. Prière, pénitence, partage Ce sont les maà®tres mots du temps de carême. La pénitence n’est pas une fin en soi, mais la recherche d’une plus grande disponibilité intérieure. Le partage peut prendre différentes formes, notamment celle du don. Le jeûne a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa parole. Il n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à  l’aumône. « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Evêques, sera observée chaque Vendredi de l’année, à  moins qu’il ne tombe l’un des jours marqués comme solennité ; mais l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le vendredi de la Passion et de la Mort et de notre Seigneur Jésus Christ. » Can.1251, code de droit canonique. Sont dispensés du jeûne, les personnes de plus de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes enceintes. A la Cathédrale de Bamako, la messe a été dite par l’Abbé Thimotée, curé de la paroisse. Il a exhorté les fidèles à  se concentrer sur les vries valeur de la vie et à  vivre pleinemet ce temps qui est une avant tout une préparation à  la joie de Paques et non un tps de tristesse comme beaucoup le pensent. Les prières en ce premier jour de carême sont allées en faveur de la Côte d’Ivoire qui traverse des moments difficiles avec la menace d’une guerre civile qui plane sur le pays. La Libye, l’Egypte et tous les autres foyers de tension ont été évoqués.