Quand l’or chute…

L’or est l’une des principales richesses du Mali, qui est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana. L’exploitation de ce minerai génère des ressources non négligeables pour le budget de l’à‰tat, en moyenne 250 milliards de francs CFA de recettes fiscales, pour une production d’environ 50 tonnes. Mais cette industrie est quelque peu menacée par la chute continue sur les marchés mondiaux des cours des matières premières, à  commencer par l’or. Depuis le deuxième semestre 2015, le métal jaune a perdu 10,7% de sa valeur, avec une chute sous la barre symbolique de 1 000 dollars américains l’once (entre 24 et 33 grammes d’or selon les pays, ndlr) en fin d’année. En ce début février 2016, il s’échange autour de 1 060 dollars l’once, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis 2010. Sa faible performance sur les marchés entraà®ne, de fait, un ralentissement de l’industrie minière, notamment des nouveaux projets d’exploration. Cette situation, qui pourrait cependant s’inverser dans les mois à  venir selon les experts, suscite des inquiétudes auprès des miniers maliens. Les opérateurs du secteur emploient chacun des dizaines de sous-traitants, à  leur tour pourvoyeurs de centaines d’emplois, et qui pâtissent au premier chef de cette chute des cours. « Les activités risquent de ralentir et les miniers vont vouloir eux aussi freiner. Il y a même un risque de plans sociaux, de licenciements pour raison économique, afin de minimiser les charges en attendant des jours meilleurs », explique un opérateur malien. Autre incidence de ce ralentissement de l’activité minière, la baisse des ressources que l’à‰tat perçoit, à  travers les impôts et taxes, alors que le budget 2016 table sur un record de 2 000 milliards de francs CFA. L’or étant moins cher, on pourrait penser que les consommateurs maliens seraient pris d’une fièvre « jaune ». « Ce n’est pas du tout le cas », explique pourtant Mohamed Sow dit Mambé, bijoutier à  l’Artisanat. « Les gens n’ont pas d’argent et bien que le prix de l’or baisse, nous ne vendons presque rien. Fin 2015, nous avons même cassé les prix pour doper les ventes mais sans trop de résultats », poursuit-il. Selon Malamine Diarra, également bijoutier, l’or se vend aujourd’hui un peu plus cher qu’en fin 2015, 19 000 francs CFA le gramme de 18 carats travaillé, contre 18 500 en décembre dernier. « La baisse ne dépasse jamais 1 000 francs CFA, alors que l’argent ne coûte que 900 francs CFA le gramme. La crise a donc fini de détourner les clients de l’or », ajoute-t-il. Mais pour Fousseyni Diakité, consultant, il ne faut pas être pessimiste. Alors que la Banque mondiale prévoit un recul des prix des métaux précieux de 8 % en 2016, l’expert estime que l’on peut espérer une légère mais constante remontée du cours de l’or. Selon lui, les facteurs essentiels de cette tendance à  la hausse seront le taux d’intérêt de la FED, la banque centrale américaine, mais surtout une demande plus accrue de métal jaune.

Mali-Liberté de presse : la dégringolade !

Longtemps présenté comme un bon élève sur le continent en matière de démocratie et de liberté de la presse, le Mali a connu la plus forte chute au niveau mondial selon le dernier classement de RSF. Il a donc perdu 74 places et occupe le 99ème rang. Cette chute est due à  la situation dans laquelle le pays a sombré en 2012. Il s’agit du putsch militaire du 22 marsà  Bamako qui a précipité la prise du nord du pays par les islamistes. Cette situation a exposé les médias à  la censure et aux exactions. De nombreuses radios du Nord ont alors interrompu leurs programmes tandis que plusieurs journalistes, maliens ou étrangers, ont été agressés dans la capitale. Parlant des prédateurs de la liberté d’information dans le monde, le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire a déclaré que “ces prédateurs de la liberté de l’information sont responsables des pires exactions contre les médias et leurs représentants. Leurs actions sont de plus en plus efficaces : 2012 a été une année historiquement violente pour les acteurs de l’information, avec un nombre record de journalistes tués”.La Journée mondiale de la liberté de la presse, instaurée à  l’initiative de Reporters sans frontières, doit être l’occasion de rendre hommage à  tous les journalistes, professionnels et amateurs, qui payent leur engagement de leur vie, leur intégrité physique ou leur liberté, et de dénoncer l’impunité dont bénéficient ces prédateurs.” Pour l’ONG, les agressions et assassinats de journalistes se soldent généralement par une impunité totale des responsables. C’’est pour les prédateurs un encouragement à  poursuivre les violations des droits de l’homme et de la liberté d’information. Par ailleurs, RSF dénonce le silence coupable de la communauté internationale et l’appelle à  ne plus se cacher derrière les intérêts économiques et géopolitiques. Impunité malgré l’existence des mesures de protection Selon RSF, la persistance d’un haut niveau d’impunité ne s’explique pas par l’existence d’un vide juridique. Des normes et des mécanismes existent pour protéger les journalistes dans l’exercice de leur profession. La protection des journalistes et autres acteurs médiatiques incombe en premier lieu aux à‰tats comme le rappelle la résolution 1738 relative à  la sécurité des journalistes, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en 2006. Pourtant, les Etats sont trop souvent défaillants, soit par manque de volonté politique de réprimer de telles exactions, soit parce que leur appareil judiciaire est inexistant ou affaibli, soit encore parce que les autorités sont responsables de ces exactions. Au niveau international, la protection juridique des journalistes est également garantie par la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les Conventions de Genève entre autres textes. A cela s’ajoute la récente publication des Nations unies du Plan d’Action sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité. Précisons qu’au Mali, des exactions ont été relevées par RSF avant l’intervention militaire de janvier 2013.

De la Nasa à Kati, la chute de Cheick Modibo Diarra

De la planète Mars à  la planète Terre, la chute aura été rapide et surtout brutale pour le désormais ancien premier ministre, Cheick Modibo Diarra. l’astrophysicien a dû présenter sa démission ainsi que celle de son équipe dans la nuit du lundi dernier après avoir été arrêté par des militaires sur ordre du capitaine Sanogo. Ironie du l’histoire, M. Diarra est contraint à  démissionner par ceux la même qui l’ont mis sur le piédestal après le coup d’Etat du 22 mars. l’homme cristallisait à  lui seul toutes les critiques, même de celles de ceux qui lui vouaient estime et admiration. En quelques mois à  la primature, il a progressivement dilapidé son capital sympathie. On lui a reproché de s’être emmurer dans sa tour d’ivoire avec gestion en solo des affaires. Conséquence, il est devenu la tête de Turc d’une bonne partie de l’opinion nationale, voire internationale. Comme l’attestent les propos du capitaine Sanogo ce mardi à  la télévision nationale, selon lesquels, Cheick Modibo Diarra « n’avait aucun égard pour le peuple, ne reconnait pas l’autorité du président de la République, voyage sans rendre de compte à  personne». Selon le chef de l’ex-junte, beaucoup de Maliens se sont rendus à  Kati, o๠se trouve ses quartiers, pour exprimer leur ras-le -bol face aux errements de l’ex- PM. C’’est le cas du groupe Yèrèwolo ton qui, selon des indiscrétions, lui en voulait à  mort ces derniers jours tout comme le collectif des patriotes qui était, avec d’autres regroupements comme les commerçants détaillants de la tendance Jeamile Bittar, à  l’aéroport de Bamako-Sénou le lundi dernier pour l’empêcher de voyager. « Cheick Modibo Diarra voulait fuir. Les Américains ont filé beaucoup d’informations à  Kati sur ses manœuvres malsaines », affirme sur un ton amer, un responsable du collectif des patriotes, très introduit auprès des militaires. Les organisations pro putsch sont restées de marbre après sa démission. Un signe sans doute révélateur de leur divorce d’avec l’ancien premier ministre de « pleins pouvoirs ». Le fait que Cheick Modibo Diarra n’ait pas entrepris cette démarche de plein gré n’a apparemment eu aucun impact négatif sur la suite des événements. Les Maliens ont paisiblement vaqué à  leurs occupations depuis 48heures sans que personne ne s’exprime réellement contre ce départ forcé. A l’international également, la démission de M. Diarra n’a pas semblé émouvoir outre mesure. La France, les Etats-Unis, l’Union africaine etc. ont implicitement exprimé leur satisfaction à  travers des déclarations de principe tout en condamnant la manière. La CEDEAO, par exemple qui n’était pas en de très bons termes avec l’homme de la Nasa. l’organisation sous-régionale, à  l’issue de son dernier sommet à  Abuja, avait réitéré dans ses recommandations l’interdiction faite aux dirigeants de la transition de se présenter à  l’élection présidentielle à  venir. Un avertissement à  peine voilé à  Cheick Modibo Diarra qui avait affiché ses ambitions. Ainsi se referme sur un échec la première manche sur terre pour Cheick Modibo Diarra. Jouera-t-il une seconde manche pour sauver la face ?

Il y a un an, Simone et Laurent…

Aujourd’hui, lui dort dans une prison à  des milliers de kilomètres de cette Côte d’Ivoire qu’il a pourtant aimé, à  sa façon. Il ne veut plus entendre parler d’elle, dit-on et réclame la « seconde », Nadia. Elle, Simone, vit et prie à  Odienné, vile de la maman du nouvel homme fort. Elle y est en résidence surveillée, avec un cercle d’amis qui essaie de lui rendre la vie la moins difficile que possible. Possible qu’elle aille le rejoindre à  La Haye. Même si Alassane Ouattara a dit que ce ne serait pas le cas, les juges aimeraient bien l’entendre. Impossible de parler du sort de l’un sans évoquer celui de l’autre… Déjà  un an, que cette image a fait le tour du monde. Leurs partisans ont pleuré, leurs adversaires, jubilé. Mais une chose est sûre, ce jour là , 11 avril 2011, une page se tournait. Fini, le couple fort qui dirigeait la Côte d’Ivoire. Lui au Palais présidentiel, elle à  l’Assemblée Nationale. A deux, ils ont tenu face à  la rébellion des Forces Nouvelles, les attaques de la France, les enquêtes de l’affaire Kieffer…bref à  tout et à  tous ceux qui voulaient se mettre en travers de la voie qui pour eux était tracée par le « Ciel ». Ils y croyaient, ils en étaient convaincus, les pasteurs évangélistes le leur répétaient tous les matins pendant la prière au Palais. Finie, l’aventure politique commencée ensemble dans les années 90 o๠ensemble ils réclamaient la démocratie au vieil Houphouà«t. Le Front Populaire Ivoirien (FPI), leur bébé, leur parti se déchire. Il annonce qu’il participera aux élections législatives puis y renonce et se perd dans des querelles intestines. Il ne fait entendre parler de lui que dans la rubrique nécrologique o๠les photos de ses cadres se succèdent. Depuis sa cellule de Scheveningen, aux Pays-Bas, Laurent Gbagbo essaie de sonner le rassemblement des troupes, sans trop de succès pour le moment. Simone elle, semble ne plus trop s’en préoccuper même si d’aucuns pensent qu’elle garde son influence. Un an après, le pays retrouve sa place économique, politique dans le concert des Nations. Mais tous les ivoiriens n’ont pas tourné la page. Ils sont nombreux à  garder encore dans leur C’œur la plaie que représente cette image de « Koudou » humilié, de la puissante Simone, jetée à  terre par de jeunes soldats pro-Ouattara. Cette douleur s’est ajoutée aux privations, aux morts, aux souffrances multiples vécues pour certaines depuis 2002. « Y a rien en face » disait le slogan de campagne de Laurent Gbagbo, président-candidat en 2010. Si, pourtant ! En face il y avait des ivoiriens, des frères, des sœurs, des cousins, des amis. Avec cette même douleur, ces mêmes pertes, ces mêmes souffrances. Un an déjà , et il le faut, il faut tourner cette page. Pour cela, il faut que la justice se fasse. Pour le couple Gbagbo, mais aussi pour tous ceux, quelque soit leur bord, qui ont sur les mains le sang de leurs frères. Il faut surtout le pardon. Au-delà  des shows lacrymaux des politiciens à  genoux, il faut que les frères ivoiriens acceptent de pardonner. Oublier sera difficile, sera long. Et d’ailleurs faut-il oublier ? Se souvenir plutôt, avec la promesse partagée de tout faire pour que plus jamais cela ne se produise. De redonner de la couleur, de la vigueur à  cet orange-blanc-vert, à  l’éléphant de l’Afrique.

Oh Simone!

Quand il y a à  peine quelques mois encore, tu es venue à  Bamako faire la promotion de ton livre « Paroles d’honneur », C’’est avec un sentiment confus que J’ai suivi ton intervention face à  la presse. Les journalistes ont, après quelques questions sur ton ouvrage, rapidement focalisé leur attention sur le sujet qui nous intéressait tous, l’élection présidentielle. En tant qu’acteur à  part entière de la vie politique de ton pays et bien sûr en épouse, tu as déclaré avec la fougue qui a toujours été tienne, « il y aura des élections, inch’Allah. Laurent Gbagbo va gagner, je ne dis même pas inch’Allah !». Je me rappelle que contrairement aux confrères qui étaient choqués, J’ai souri et je me suis dit que tu étais quand même « gonflée » ! Et C’’est sans doute l’un des aspects de ta personnalité. Jamais tu n’as voulu te cantonner dans le rôle traditionnel de faire-valoir, assigné aux premières dames. Depuis que ton mari est entré en politique, ou plutôt depuis que tous les deux, vous êtes entrés en politique, tu n’as cessé de faire parler de toi, de ton volontarisme, de ta poigne. Même ton physique montrait que tu « en voulais » : mâchoire forte, regard perçant qui sans que tu n’ouvres la bouche dit à  celui que tu as en face tout ce que tu penses de lui… C’’est vrai que née dans une fratrie de 19 enfants, il fallait s’affirmer pour s’en sortir. Après des études poussées d’histoire et de linguistique, tu t’es passionnée pour le syndicalisme et la politique. Le vieux Houphouet te fera mettre en prison à  plusieurs reprises dans les années 1970, puis 1990, parce que tu avais osé dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas. En 1982, Laurent et toi avez fondé ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI, socialiste) dont tu seras députée en 1995, représentante de la commune abidjanaise d’Abobo. Le 19 janvier 1989, tu acceptes de devenir l’épouse, en secondes noces, de ton «camarade de combat» et tu deviens Simone Ehivet Gbagbo. Et tu es restée aux côtés de cet homme jusqu’au bout. Quelles que soient les circonstances de cette fin, je salue ta loyauté, Simone ! Tu es devenue Première dame de la Côte d’Ivoire, le pays que tu aimes avec tes tripes, le 26 octobre 2000. Ce fut pour toi, le début de la fin. Le coup d’état manqué puis la rébellion de 2002 t’ont fait basculer du côté obscur de la force. Toute puissante présidente, tu as toujours voulu tenir avec Laurent les rênes de la Côte d’Ivoire. D’aucuns disaient même que le Gbagbo qui dirigeait la Côte d’Ivoire n’était pas celui qu’on croit ! C’’est vrai que tu as été citée dans de nombreuses affaires dont celles des escadrons de la mort ou celle de la disparition toujours inexpliquée de mon confrère Guy André Kieffer. Usant de ton pouvoir dans ton parti et surtout sur ton mari, Simone ou « Maman », comme t’appellent tes admirateurs, tu a tout fais pour que le pays ne flanche pas face aux « diables » Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, et leur « chef bandit » Alassane Ouattara. Ta foi en Dieu que tu as dit avoir rencontré après avoir survécu à  un accident de la route, est l’une de tes forces. Je me souviens que tu avais dit début décembre dernier « Dieu a donné la victoire à  Laurent ». Quand on t’a montré à  la télé ce lundi 11 avril alors que des hommes armés faisaient irruption dans votre refuge, tu semblais encore en train de prier. Mais alors, Simone, au nom de ce Dieu auquel tu t’es accrochée jusqu’au bout, pourquoi n’as-tu pas usé de ton pouvoir pour faire arrêter ce gâchis quand il en était encore temps ? Tu aurais pu ainsi rentrer dans l’histoire par la grande porte… Certainement que tu es restée convaincue jusqu’au bout de la justesse de ton combat. Mais alors, tu aurais dû te souvenir de cette parole sage qui dit que tous les combats ne valent pas la peine d’être livrés. Surtout quand on voit le prix que le pays a payé au nom de ce combat. Simone, puisse la Côte d’Ivoire te pardonner. Tu as toujours été digne, J’espère que tu auras le courage de t’expliquer, de nous expliquer ce qui t’es arrivé, nous dire pourquoi tu es passée de Simone la combattante, luttant pour la liberté et la démocratie dans les années 90, à  l’initiatrice des escadrons de la mort dans les années 2000, pour finir en bête traquée cachée sous terre… Simone, nous voulons comprendre.

Chute de Gbgabo, ce qu’en pensent les maliens

Adama Sanogo enseignant: Je suis très content d’avoir appris cette bonne nouvelle, Gbagbo avait terrifié les ivoiriens et surtout les étrangers. J’espère que la paix va revenir en Côte d’Ivoire ». Nastou Koné commerçante : J’espère qu’avec l’arrestation de Laurent Gbagbo, le pays va finalement retrouver la paix, le Mali et la Cote d’Ivoire ont des histoires communes. Idrissa Sidibé : l’arrestation de Gbagbo par la France confirme encore le poids du colonisateur sur ses colonies. Gbagbo n’est forcément un sanguinaire comme beaucoup pensent, il est l’un des digne fils qui a le courage de dire non à  la France. Je suis étonné de voir certains éclater de joie pour l’arrestation de Laurent Gbagbo. Adjaratou Kouyaté, vendeuse de fruits et légumes : Je suis contente, J’espère maintenant qu’il sera jugé pour tous les crimes qu’il a commis. Salimata Dansogo étudiante : C’’est la fin de l’enfer en Côte d’Ivoire. C’’était horrible de voir les corps déchiquetés jetés dans la rue comme des animaux. Avec l’arrestation de ce diable, un nouveau vent soufflera sur Côte d’Ivoire. Selon moi, ils ont pris trop de temps pour procéder à  cette arrestation. Samba Diarra, commerçant : J’ai peur pour la Cote d’Ivoire car les partisans de Gbagbo sont toujours là  et n’ont pas encore dit leur dernier mot. C’’est vrai Gbagbo est arrêté, mais il faut désarmer ses partisans. Sinon le sang continuera à  couler en Côte d’Ivoire. Je connais l’ethnie de Gbagbo, ils sont rancuniers. Laurent Gbagbo n’avait pas pitié de son peuple. Sinon comment comprendre qu’il veuille s’accrocher au pouvoir malgré sa défaite aux élections. Fatoumata Coulibaly, comptable : On doit avoir pitié à  Gbagbo, car il s’est rendu. C’’est sa femme et ses amis qui l’ont conduit dans l’erreur. Alamamy Simpara, commerçant : C’’était la fête chez nous, car nous avons perdu beaucoup de nos compatriotes en Côte d’Ivoire à  cause de ce farfelu. Secundo, nous, les commerçants on a eu tous les problèmes en ce moment en Côte d’ivoire. Ramata Djiré : Je suis ivoirienne, C’’est à  cause de la guerre que nous avons fui le pays en 2003. Je souhaite du fond du C’œur que la paix revienne en Côte d’Ivoire. J’ai grandi là -bas et J’ai toujours mes parents en Côte d’Ivoire. En réalité la Côte d’Ivoire et le Mali, C’’est la même chose pour moi. « . Youssouf Touré professeur d’histoire Géo : l’Afrique vient de s’exposer à  la honte des occidentaux encore avec l’arrestation de Laurent Gbagbo. Il a payé le prix de son attitude anti-française. Tous les dirigeants africains qui ont tenu tête aux français ont été assassinés ou humiliés. Ouvrons un peu les yeux. Honnêtement parlant je déçu par l’ingérence française en Côte d’Ivoire. Mme Françoise Dembélé : Il a fait tuer de milliers de gens pour rien. Pour un homme, C’’est triste, C’’est triste… son arrestation était impatiemment attendue. C’’est fini, C’’est fini toute cette histoire. Pour la vanité d’un homme, C’’est vraiment trop cher payé ». Mohamed Sissoko vendeur ambulant : Je loue Dieu pour l’arrestation de ce Satan Gbagbo qui a plongé les ivoiriens dans l’enfer pendant des années. Il doit être jugé devant tous les ivoiriens pour répondre ses crimes. Realisé par Modibo Fofana

Côte d’Ivoire : Et maintenant ?

[Liesse à  Abidjan…] “Gbagbo s’en va”, “C’’est vraiment une immense joie, vraiment immense, dit un homme qui porte un t-shirt à  l’effigie de Ouattara, parce qu’il y a eu 10 ans de crise, sans avancée, sans développement, mais grâce à  Dieu et grâce à  Alassane, on peut vraiment exprimer notre joie.” C’’est une foule en liesse qui a envahi les rues de Yopougon et d’autres quartiers populaires de la capitale économique ivoirienne. “Vraiment, on remercie Alassane Ouattara, on remercie le bon Dieu, on remercie Ouattara !” crie une femme. Mais cette fête, d’autres Ivoiriens ne veulent pas la faire encore. Beaucoup de gens sont morts, et dans des dizaines de familles, C’’est l’heure du deuil. Certains sont sans nouvelles de leurs proches depuis plusieurs jours et le décompte de toutes les victimes « collatérales » des deux camps va désormais commencer. Des témoins ont en effet fait état de nombreuses bavures des belligérants qui ont tiré des obus sur des maisons ou encore des balles qui sont allées foudroyer des paisibles citoyens cachés dans leurs chambres. Et puis, il y a encore des milices et des mercenaires pro-Gbagbo en ville… [ b A l’ouest, on retient son souffle] Laurent Gbagbo a souhaité lundi soir « qu`on arrête les armes » et « qu`on rentre dans la partie civile de la crise » dans une déclaration diffusée après son arrestation sur la télévision TCI du nouveau président Alassane Ouattara. L`annonce de ce dénouement de la saga « Laurent et Simone Gbagbo », a été accueillie par un silence prudent à  Duékoué, fief pro-Gbagbo, o๠s`entassent 30.000 personnes fuyant des violences dans cette région, selon des témoins. Seules quelques dizaines de personnes, essentiellement allogènes (non originaires de la région), ont aussi exprimé leur joie dans la rue à  l`annonce de l`arrestation de M. Gbagbo. Mais dans la mission catholique de la ville, o๠sont réfugiés la plupart des personnes déplacées par les violences et craignant des représailles, la nouvelle a été accueillie « dans le calme, dans le silence », a dit Chantale Gueà¯, qui vit au camp et jointe depuis Monrovia. « Tout ce que nous voulons aujourd`hui, est que le président reconnu par la communauté internationale nous donne une certaine protection, de sorte qu`on n`ait plus en face de nous des gens qui veulent nous tuer. La politique, c`est comme un jeu, il faut un vainqueur et un vaincu. Et je crois que le vainqueur, cette fois, c`est Alassane Ouattara », a-t-elle ajouté. Et maintenant ? Alassane Ouattara hérite d’un pays à  genoux, à  l’économie en panne et à  la population divisée. Sur le plan économique, l’encéphalogramme est à  plat. Le batà®ment ne construit plus, les grands groupes étrangers se sont repliés à  l’étranger, et les PME sont à  court de trésorerie. L’exportation de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, est stoppée depuis fin janvier à  cause de l’interdiction faite aux bateaux européens de relâcher dans les ports ivoiriens. Ouattara l’économiste pourrait en outre relancer la confiance et faire jouer ses contacts dans le monde des affaires pour créer des entreprises employant une nombreuse main-d’œuvre, afin de donner un espoir aux Ivoiriens aujourd’hui sans travail. Mais il lui faudra d’abord rétablir l’ordre en récupérant des milliers d’armes illégales. La Côte d’Ivoire possède de facto deux armées depuis la tentative de coup d’à‰tat de 2002, suivie de l’assaut des rebelles venus du Nord. Fusionner les deux forces n’ira pas sans mal. Les ivoiriens ont besoin de réconciliation. Un défi pour Ouattara, étant donné la façon dont il sera arrivé à  la présidence, élu mais soutenu par des militaires. Il ne devra pas oublier que c’est d’abord le peuple qui l’a porté au pouvoir. Il devra éviter d’être l’otage des militaires. Alassane Ouattara se retrouve aussi à  la tête d’un pays hanté par dix ans de violences, commises par tous les côtés: émeutes sanglantes du général Gue௠quand celui-ci avait voulu annuler l’élection présidentielle de 2000, assassinats d’opposants par des escadrons de la mort sous Gbagbo et charniers découverts récemment dans des villes conquises par les troupes d’Ouattara. La Côte d’Ivoire ne pourra se passer d’une commission vérité, justice et réconciliation indépendante menée par la société civile pour faire la lumière sur ces heures sombres de son histoire et enfin, tourner la page ouverte un certain 19 septembre 2002. Pour qu’enfin, l’éléphant se remette debout !

Le 9 Novembre 1989, un mur tombait à Berlin

Dans le capitalisme démocratique, disait Karl Marx, les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. Le marxisme a inspiré les jeunes idéalistes depuis plus d’un siècle. La révolution de Lénine en Russie en 1917 a été saluée comme une aube nouvelle. Les conquêtes de Staline ont introduit le communisme en Europe de l’Est. Les gouvernements communistes s’y sont engagés à  créer un paradis pour les travailleurs, qui seraient libérés de l’exploitation des capitalistes et travailleraient ainsi pour l’à‰tat, ce qui leur apporterait plein d’emploi et bien-être. l’auteur tchèque Milan Kundera dit des communistes « ils avaient un plan grandiose, un plan pour un nouveau monde dans lequel chacun trouvera sa place : la création d’une idylle de justice pour tous. Les gens ont toujours aspiré à  une idylle, un jardin o๠les rossignols chantent, un monde d’harmonie o๠la société n’est pas hostile à  l’égard de l’homme, ni l’homme à  l’égard d’autres hommes ». Problème : ce paradis supposé a été imposé à  la pointe du fusil. Néanmoins les gauchistes applaudissaient, écartant les opposants comme les élitistes capitalistes. Ces élitistes seraient justement décimés, mais les masses accéderaient à  l’égalité et à  des avantages fabuleux au paradis. Hélas, cette égalité était un trompe-l’œil: l’égalité n’est pas possible entre ceux qui imposent les règles et ceux qui les subissent. Les Européens de l’Est ont constaté que le paradis supposé a été en réalité une cage dans laquelle ils ont été alimentés et abreuvés, mais privés des libertés fondamentales de parler, d’agir ou de bouger. Des masses de jeunes commencèrent à  émigrer des paradis communistes vers l’enfer supposé de l’Occident. La migration a été plus facile de l’Allemagne de l’Est vers l’Allemagne de l’Ouest. La migration officielle a atteint 197.000 en 1950, 165.000 en 1951, 182.000 en 1952 et 331.000 en 1953. Il était impossible de prétendre que tous ces jeunes étaient tous de cupides capitalistes réactionnaires. Ainsi, les pays communistes ont fermé leurs frontières et incarcéré ceux cherchant à  s’échapper. Kundera dit que le paradis communiste était censé être un endroit « o๠chaque homme est une note dans une fugue magnifique de Bach, mais toute personne qui refuse sa note est un simple point noir, inutile et vide de sens, facile à  attraper et à  écraser entre les doigts comme une mouche. à‰tant donné que par définition (communiste), une idylle est un monde pour tous, les personnes souhaitant émigrer niaient implicitement sa validité. Alors, au lieu d’aller à  l’étranger ils ont été mis derrière les barreaux ». La fuite du Paradis était bannie : elle pourrait conduire à  la notion impensable que le communisme n’était pas, après tout, le paradis. Le dilemme communiste était pire dans la ville de Berlin, divisée entre un Est communiste et un Ouest démocratique. La fuite était plus facile et plus massive ici. Ainsi, en 1961, les communistes construisirent le mur de Berlin sur toute la frontière de la ville. Contrairement à  la plupart des murs de sécurité, cela ne visait pas à  éloigner les étrangers, mais à  enfermer les citoyens à  l’intérieur d’une cage. Néanmoins, des milliers de Berlinois de l’Est ont cherché à  traverser, et des centaines ont été abattus. La Doctrine Brejnev de l’Union soviétique stipulait qu’une fois qu’un pays est devenu communiste, les armes soviétiques le maintiendraient communiste. Les chars soviétiques ont écrasé les soulèvements en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968. La même doctrine a conduit les chars soviétiques en Afghanistan en 1979. Mais ils y ont subi un revers humiliant. Lorsque Gorbatchev est devenu Président de l’Union Soviétique, il retira ses troupes de l’Afghanistan, mettant fin à  la doctrine Brejnev. En 1989, il dit aux dirigeants communistes d’Europe de l’Est qu’ils ne pouvaient plus compter sur les chars soviétiques pour contrecarrer les soulèvements populaires. Dans les trois mois qui suivirent, les soulèvements populaires renversaient les régimes communistes de toute l’Europe de l’Est. En août 1989, la Hongrie démantelait les barrières aux frontières avec l’Autriche. En quelques jours, des hordes d’Européens de l’Est, dont 13.000 Allemands de l’Est, ont fui en Autriche. Des manifestations de masse contre le régime communiste ont éclaté à  travers l’Europe de l’Est. Pour apaiser la colère du public, les communistes ont ouvert les portes du mur de Berlin le 9 Novembre. En quelques jours, les Berlinois ont ébréché et détruit le mur, au milieu d’acclamations délirantes. Peu après, le gouvernement communiste est tombé. Partout les communistes et les socialistes étaient consternés. Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi les Allemands de l’Est bénéficiant del’égalité des revenus, de l’aide sociale gratuite et du plein emploi devaient fuir vers l’Ouest très inégalitaire, hérissé de chômage et depérils sociaux. Une réponse est venue d’une lettre envoyée à  un directeur de journal. « Le Hamster de ma fille (une souris blanche de compagnie) a de la nourriture, de l’eau, un abri et même des soins médicaux, et une cage pleine de tubes de jeu. Le hamster répond en essayant constamment de ronger la cage, perçant son chemin vers la liberté. Je pense que nous comprenons tous ce qu’est la liberté, et ce n’est pas une cage dorée ».

Coton, à quand le paiement des producteurs ?

Depuis le mois de mai dernier, l’Etat malien (à  travers le Ministère de l’Economie) avait promis aux bailleurs de fonds d’assurer le paiement aux producteurs de coton dans un délai très bref. Mais jusqu’à  présent, l’heureuse promesse tarde à  se concrétiser. En effet, sur les 13,4 milliards prévus pour le paiement du coton aux producteurs, le département de l’Economie avait promis à  la Banque Mondiale de débloquer 9 milliards de FCFA avant juillet 2009 pour solder le paiement du coton graine. Mais la précieuse manne financière n’est pas tombée à  l’échéance prévue. Selon une source proche du ministère de l’Economie, le retard accusé dans la mobilisation des fonds est imputable aux membres du cabinet du ministre Traoré, qui auraient maille à  partir avec certains acteurs du monde agricole. Le montant dû est ainsi resté sur papier. L’état reste redevable aux producteurs locaux Au 31 juillet 2009, à  peine 70% de la production a été payée, contre 90% pour la campagne précédente à  la même période. Le manque à  payer aux producteurs se chiffre aujourd’hui à  102 milliards de F CFA pour la Compagnie malienne de développement textile (CMDT). Or, si l’Etat venait à  verser les 9 milliards de F CFA, la CMDT devrait pouvoir boucler la campagne. l’autre défi tient au fait que les comptes 2008 de la CMDT, sous forme filialisée, ne sont toujours pas produits.